Désultoirement vôtre !

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Lundi 10 Juin 2013
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation
0
Afin de montrer ici ce qu'est, selon moi, une restauration d'ouvertures ratée, je recherchais, via Google, ce château féodal dont j'avais oublié le nom et qui est repassé plusieurs fois dans le marché depuis 25 ans.

Je l'ai retrouvé : il s'agit de Montbrun...

Le château de Montbrun.

Rigolo de voir qui cela attire et à quel prix !

P.S. : En surfant un peu plus, je découvre ceci, je me suis donc bien fait prendre ! Mais, à un prix pareil, il ne doit en effet rester que des zlataneurs parmi les prospects.

La photo suivante vous aidera peut-être à comprendre ce que je suis en train de fabriquer avec cette ouverture réduite :

10 juin 2013, l'ouverture réduite vue de l'intérieur.

En fait, le plancher du 1er étage des écuries devant être relevé, il arrivera au niveau de l'appui intérieur de cette ouverture. Pour le linteau intérieur, j'avais d'abord pensé à une épaisse planche de chêne, posée obliquement, comme nous avions fait, par exemple, dans le fournil de la ferme.

Mais, imaginant sur place cette ouverture au ras du futur (?) plancher, je me dis qu'il vaudrait mieux rapprocher de la verticale l'oblique en question. Donc on va mettre en place des pierres, et non plus du bois, pour former la partie haute de cette ouverture.

P.S. : J'ai mis un point d'interrogation car j'en arrive à douter que l'aménagement intérieur des écuries soit réalisé avant longtemps. Mais ceci est une autre histoire...

Le chantier se déplace vers la seconde fenêtre à reboucher sur la façade Ouest des écuries :

11 juin 2013, l'état du chantier de la façade Ouest.

Comme on le voit, il ne reste plus qu'à jointoyer les pierres au niveau de l'ancienne première ouverture. La taille de l'ouverture résiduelle y est comparable à celle des trous d'ope de la tour Louis XIII ; il est ainsi confirmé qu'on ne pouvait pas positionner cette ouverture plus près de la sablière ; plus bas, elle aurait donné dans le vide sanitaire, donc n'aurait servi à rien.

Je suis donc très satisfait de ce travail, tel que vu extérieurement.

Voici la première ouverture réduite, vue de l'intérieur :

11 juin 2013, la première ouverture réduite de la façade Ouest, vue de l'intérieur.

Pour le linteau, Jonathan devait trouver des pierres :
- de la bonne couleur,
- dont une face soit rectangulaire, de la bonne épaisseur et perpendiculaire aux faces voisines ;
- si possible de la bonne profondeur, de manière à mettre en place le dégradé de pierres que j'avais demandé ;
- si possible, de la bonne largeur pour ne pas avoir à juxtaposer des pierres horizontalement.

Cela faisait beaucoup. Il n'a pu respecter que les deux premières contraintes. La qualité du linteau, vu de l'intérieur, s'en ressent.

Nous en serons quittes pour enduire ce linteau de chaux, de manière à en rattraper les défauts.

Quand j'ai exposé à Mr T. que, lors du bouchage de fenêtres de la façade Ouest, j'ajouterais aux plans de Lucyna ce que j'appelle des "ouvertures résiduelles", il m'a fait part de ses vives réserves quant à cette initiative.

Il me semble cependant que l'idée de créer un effet stéréo de lumières naturelles dans le futur 1er étage des écuries est une très bonne idée. Donc je persiste dans mes errements.

Voici ce que cela devrait donner, vu extérieurement :

11 juin 2013, les travaux supplémentaires que j'envisage à ce stade sur la façade Ouest.

L'ouverture 1 est celle que nous venons de créer.

La 2 sera la même à la place de la deuxième fenêtre actuelle du premier étage des écuries.

La 3 sera conservée mais réduite en hauteur ; l'appui en sera relevé car, dans les plans actuels de Lucyna, il contrarie la 2ème volée du futur escalier comme le montre le dessin suivant :

11 juin 2013, coupe longitudinale après travaux, vue vers l'Ouest.

Mais, sur la 3, le linteau sera également abaissé ; actuellement, c'est en effet la sablière qui sert de linteau, ce qui est très laid ; il est temps de corriger cette erreur.

J'imagine également de créer une ouverture 0 dans la future salle de bains du bout du couloir du 1er étage de l'écurie :

11 juin 2013, voir les modifications suggérées dans la salle de bains de la chambre 2.

La réalisation de celle-ci est cependant plus compliquée. Elle suppose sans doute que cette salle de bains soit agrandie au détriment du couloir, ce qui ne devrait pas poser de problème. Mais, compte tenu du positionnement de cette nouvelle ouverture 0 au ras du plancher du 1er étage (ou pas loin, en trichant un peu, ce qui est envisageable), elle ne serait pas optimale pour la baignoire ; tant qu'à faire, il vaudrait mieux qu'elle soit proche de la tête du baigneur, ce qui supposerait d'utiliser à cet endroit le vide sanitaire pour encastrer la baignoire dans le plancher. On peut y réfléchir.

Igor et Jonathan ont commencé à démonter la deuxième fenêtre du 1er étage des écurires :

11 juin 2013.

A cette occasion, Igor vient de faire une drôle de découverte dans l'épaisseur du mur :

11 juin 2013.

Un nid à propos duquel on se demande comment il a pu être construit à cet endroit :

11 juin 2013, le nid dans le mur des écuries.

Mais toujours pas de trésor...

Jean-Pierre ARBON
rédigé le Mercredi 12 Juin 2013
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales - Anecdotes
0
Sautillements mortuaires

Maman est à l'hôpital. Dimanche, quand nous venons la voir, c'est la finale de Roland Garros. Tout en discutant, nous regardons la télé du coin de l'oeil. Cela n'échappe pas à Maman qui dit:

- S'il y a une veillée mortuaire dans quelque temps, je ne voudrais pas qu'on s'y occupe uniquement des sautillements de Rafael Nadal.

N.D.L.R. : Je connais aussi ce sentiment, mon père s'est envolé dans la nuit qui a suivi la victoire de Yannick NOAH à Roland Garros, il y a 30 ans déjà...

J'ai reçu, dès ce matin, la réponse du conservateur régional des monuments historiques à mon récent courriel à M. TIERCELIN :

Lettre de la D.R.A.C. du 11 juin 2013.

Je trouve le ton de ce courrier particulièrement courtois et le fond de la réponse aussi positif que possible dans le contexte de restrictions budgétaires que nous connaissons tous.

En fin de courrier, il est fait état de subventions attribuées et non entièrement consommées à ce jour. En fait, il y en a deux :
- celle relative à la cage d'escalier du logis, qui a été réglée d'avance ; là, je continue à collationner les devis d'entreprises ayant pignon sur rue ; pas plus tard que ce matin, j'ai discuté avec l'une de ces entreprises pour lui demander de tronçonner son devis, de manière à me permettre d'expérimenter son intervention afin de pouvoir y mettre fin à tout moment sans drame si les premiers résultats ne me convenaient pas ;
- celle relative à la charpente et à la couverture des écuries ; j'ai parlé ce matin à Roland BOUSSIN qui, pour des raisons que je n'admets pas, ne m'a toujours pas adressé la facture du second lot de tuiles et ardoises dont je l'ai chargé de nous approvisionner, matériaux que, depuis plusieurs mois, il conserve contre mon gré par devers lui ; par ailleurs, une autre entreprise spécialisée est en train de préparer un devis concurrent, de manière à éclairer ma décision de confier les travaux à l'un ou l'autre.

23
Le latin et le grec ne sont pas simplement des "disciplines d'ouverture". Ils sont indispensables à l'autonomie intellectuelle des jeunes, à leur faculté de raisonner et créer, et non de seulement reproduire. Veut-on des citoyens-moutons? Veut-on réserver l'autonomie intellectuelle aux enfants de riches?
Je pense qu'il faut viser 10 à 20% de bénéficiaires de ces deux enseignements, et ajouter des langues anciennes plus rares en option selon les établissements: sanscrit, hébreu, norrois, sumérien. Savez-vous que depuis une quinzaine d'années on applique directement en robotique industrielle les techniques de raisonnement géométrique basées sur les axiomatiques développées par Euclide il y a 2500 ans et récemment enfouies par notre Education Nationale au nom de l'efficacité? Vous souvenez-vous que les fonctionnaires du ministère chargé de la Recherche ont déclaré en 1971 que le laser était un "jouet inutile pour chercheurs" et "une solution à la recherche d'un problème" (sic) sans application pratique envisageable? Cela devrait enseigner la modestie aux gouvernants et redonner la parole aux spécialistes universitaires, qui habituellement savent de quoi ils parlent.

N.D.L.R. : Je crois que tu rêves un peu, camarade.
Ceci dit, je ne suis pas expert. D'ailleurs, notre prof Lecarme (te souviens-tu de ce fin lettré, un peu stalinien sur les bords ?) avait écrit sur une de mes copies de thème latin : "Comme disait ce prince d'Este à L'Arioste..." ; suivait une citation en italien qui, d'après ce que j'ai pu comprendre, devait à peu près vouloir dire "comment peut-on écrire tant de conneries en si peu de lignes ?"

N.D.L.R. 2 : En surfant sur la toile, j'ai retrouvé cette photo de Louis-le-Grand où figurent Lecarme (le prof) et Louchet (3ème rang, le dernier à droite) :

1ère C2 à Louis-le-Grand en 1967-1968.

Je suis absent de cette photo ; cette année-là, j'étais en terminale que j'ai redoublée, ce qui m'a donné l'avantage de fréquenter, dès 1968-1969, plusieurs de ces jeunes gens :
- Jean-Marc OURY, au 1er rang à gauche ; après avoir obtenu 18,625 de moyenne au bac (ce qui était un grand exploit à l'époque), il a été reçu major à Normale Sup, a bifurqué vers le corps des mines, a coulé la Compagnie Générale des Eaux (devenue Vivendi) grâce à ses opérations immobilières hasardeuses ; je l'ai revu lors du pot de GERLL et on ne s'est pas parlé, n'ayant rien à nous dire ;
- Vincent WORMS, 3ème à gauche au 1er rang (mais est-ce bien lui ici ?) ; mon camarade de promo à l'X a, je crois, fait fortune dans la "Silicon Valley" ; il n'a jamais répondu à mes demandes de reprise de contact ;
- Michel BERA, 4ème à gauche au 1er rang, à côté de LECARME ; normalien de père en fils depuis plusieurs générations (son père enseignait l'anglais à l'X), lui-même prof au C.N.A.M. ; expert incontesté en bandes dessinées (et, comme tel, fondateur du "B.D.M.") ainsi qu'en chants des "Beatles", ce fin gourmet a pris, depuis notre jeunesse, quelques kilos qui ne sont pas que de muscles ; "ami Facebook", il intervient de temps à autre sur notre site favori ; pourrait passer un de ces jours à la Chaslerie ;
- Bruno RACINE, dernier à droite au 1er rang ; littéraire formé à la dure école de GERLL ; Normale Sup, E.N.A., actuellement président de la Très Grande Bibliothèque ; humour pince-sans-rire très british, individu sans doute assez imbu de lui-même (heureusement, c'est assez rare dans ce milieu, n'est-ce pas ?); je n'ai pas lu tous ses romans, loin s'en faut, mais il me semble faire partie de ces forts en thème qui rédigent, dans un style très pur, des ouvrages complètement asexués ;
- François JOUAILLEC, 1er à gauche au 2ème rang ; X, ingénieur général de l'armement en retraite ; est intervenu sur notre site favori ; m'a rendu visite à la Chaslerie ;
- Jean-Charles URVOY, 4ème à gauche au 2ème rang, "ami Facebook" ;
- Bernard LIROLA, 2ème à gauche au 3ème rang ; le play-boy de la classe, complétait notre éducation en nous comptant ses exploits y afférents par le menu ; X, il a fait carrière comme banquier d'affaires à Wall Street (quand on s'y était croisés, m'avait traité d'"emmerdeur de fonctionnaire" et je me demande encore, offusqué comme vous l'imaginez, comment l'on ose proférer de telles insanités); "ami Facebook", réseau où il nous entretient de ses derniers goûts en matière de chansons de variétés américaines ;
- Antoine PITTI-FERRANDI ; il a fait l'E.N.A. plusieurs années après moi ;
- un membre de la famille SCHLUMBERGER, 1er à gauche au dernier rang ; bien que nous ayons passé une année entière assis côte à côte, j'ai oublié son prénom, ce qui ne doit pas avoir grande importance quand on porte ce nom ; X ; je crois que nous sommes voisins à Paris ;
- Pierre Van der CRUISE de WAZIERS, 4ème à droite au dernier rang ; mon major à l'X où sa principale activité a consisté à améliorer son handicap au golf ; surnommé "le Cruse" (= Crusader) en raison de sa dextérité, au moins pendant notre séjour commun dans la Royale et lors des escales, pour apponter, crosse déployée, sur les plus accueillantes jeunes filles en fleurs ; tour de tête de 64, il fallait lui faire ses képis et casquettes sur mesures, l'intendance n'en possédait pas de si larges (je faisais du 60, ce qui était déjà haut de gamme et je crois que ma tête a encore enflé depuis lors) ; on s'est revus au mariage d'une de ses filles avec le fils aîné d'un de mes anciens adjoints et amis ; plus grand chose à nous dire, trop de timidité (mais oui, mais oui) de part et d'autre peut-être.

Désolé pour les autres grosses têtes dont j'ai oublié le nom.

En donnant à Igor et Jonathan mes instructions pour les prochains jours, je viens d'avoir une révélation...

14 juin 2013, l'installation du chantier de l'"ouverture 0".

C'est à propos de la différence de couleurs entre le bas et le haut du mur de la façade Ouest des écuries.

Jusqu'à présent, je pensais que la partie basse était plus ancienne et que la partie haute avait été construite avec un lot de pierres plus conforme à ce qui se voit ailleurs à la Chaslerie. Cette théorie ne me plaisait pas trop. En particulier, elle n'expliquait pourquoi les pierres blanches montaient, à gauche de l'horrible porte, plus haut qu'à droite. En outre, j'avais vaguement l'idée que les pierres blanches venaient de Domfront alors que les rousses sont plus locales ; dès lors, il paraissait curieux qu'un ancien approvisionnement du chantier ait fait appel là, et nulle part ailleurs, à des pierres d'une nature différente, venant de plus loin à une époque où les transports étaient plus difficiles.

J'ai demandé à Igor et Jonathan de faire tomber le parement intérieur des écuries, du côté Nord, c'est-à-dire près de la tour Louis XIII (à gauche des écuries sur la photo précédente). La raison en est que, en observant des photos prises à la saison des pluies (hum), j'ai remarqué que le mur paraissait beaucoup plus mouillé à cet endroit qu'ailleurs, comme s'il y avait des infiltrations à la jonction entre la tour Louis XIII et les écuries, et surtout du côté des écuries. On va donc faire tomber ce parement intérieur à cet endroit pour le remonter à la chaux et non à la terre, comme il l'avait été par nos lointains prédécesseurs. Ce sera nettement plus costaud, je pense, et résistant à la flotte.

Donc j'ai inspecté, comme je ne l'avais jamais fait, le parement intérieur correspondant et là, j'ai constaté qu'il avait été monté entièrement en pierres rousses et qu'on n'y voyait pas l'ombre d'une pierre blanche.

D'où ma nouvelle théorie : l'emploi des pierres blanches serait postérieur à celui des rousses ; les prédécesseurs auraient fait tomber le bas du parement extérieur, sans doute trop détérioré, pour le remplacer par des pierres blanches, plus solides. Ils auraient pu procéder de la sorte au moment du percement d'une première porte qui se serait trouvée à l'emplacement de l'actuelle.

Pourquoi cette idée de deux portes successives ? Parce que l'actuelle, particulièrement moche, tant en raison de ses proportions que de ses matériaux, comme du béton des années 1950 à son linteau, a été mal montée (ce qui signe la contribution de la "grande âme du Domfrontais", j'ai nommé l'illustrissime Tonton que l'on sait), de sorte qu'on voit de nombreuses marques de reprise ratée de maçonnerie à son pourtour.

Tout cela me paraît coller nickel chrome.

Pas con, le mec, hein ?

P.S. (du 9 octobre 2021) : Les hypothèses émises dans ce message me paraissent toujours des plus pertinentes.

A la dernière près, peut-être (le "Pas con, le mec")...
Malgré mes multiples demandes, je n'ai toujours pas reçu de Roland BOUSSIN la copie promise d'anciens devis que j'ai peut-être égarés ni la dernière facture des matériaux commandés sur la base des prix antérieurs à leur hausse, paraît-il forte et brutale. Il conserve chez lui ces ardoises et tuiles, comme d'autres qui pourtant lui ont déjà été réglées il y a plusieurs mois.

Je m'interroge sur ce comportement qui me surprend et qui semble s'être modifié depuis qu'il s'est associé à son gendre.

Mais, à ce stade du moins (c'est-à-dire 3 semaines après la dernière venue de Roland BOUSSIN à la Chaslerie), je préfère penser que je me fais là des idées...

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 15 Juin 2013
Journal du chantier - Administration - Désultoirement vôtre !
0
Voici le dossier que je déposerai tout à l'heure chez le percepteur :

15 juin 2013.

Il s'agit des pièces justificatives de ma dernière déclaration de revenus, plus précisément des copies des factures que j'ai réglées en 2012.

Cela donne une idée de ce qu'il en coûte d'entretenir un monument historique. Ainsi que du temps qu'il faut sacrifier à brasser tant de paperasses...

En fait, rien ne n'oblige à déposer un tel dossier puisque j'effectue ma déclaration en ligne. Mais j'avais pris l'habitude de procéder ainsi depuis 22 ans et je me dis que cela donnera du grain à moudre aux gabelous avant qu'ils ne viennent me chercher des poux.

Donc, en attendant le plaisir de leur convocation éventuelle, je leur souhaite bon courage !

Mr T. a marqué son opposition à ce que je poursuive les travaux de maçonnerie dans les écuries avant qu'il ne dispose des dessins et devis utiles pour ses décisions et ne donne ses instructions.

Dans l'attente des matériaux nécessaires pour enduire les murs d'une première chambrette en soupente du bâtiment Nord, je n'ai pas d'autre tâche à confier dans l'immédiat à Igor et Jonathan. Je leur demande donc d'attendre chez eux.

Mr T., qui s'y connaît en gestion, me conseille de monter une activité d'auto-entrepreneur pour proposer leurs services à des tiers. Je ne vois pas comment je pourrais démarcher des clients et contrôler le travail pendant l'année universitaire. Mais j'ai sans doute tort.

Bien entendu, cela démontre que Mr T. entend être traité par moi comme un client extérieur, avec devis et tout le toutim. Je retiens la leçon.

Quant aux devis de tiers, il paraît logique que ce soit à lui, dorénavant, de se les procurer. Je me sens donc déchargé d'une corvée qui aurait fini par altérer mon tempérament primesautier et c'est bien agréable.

Dominique CHADAL
rédigé le Lundi 17 Juin 2013
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales
1
Un mariage sous l'uniforme

En attendant le prochain défi AZ promis pour 2014, Sophie Boudarel nous propose un thème par mois. En juin, le mariage. J'extrais donc de ma photothèque ce cliché, dont je n'avais tout d'abord pas perçu l'originalité. À gauche, mon père sergent dans l'Armée de l'air, à droite ma mère infirmière de la Croix rouge.

Si nous avons tous assisté au moins une fois à une cérémonie où le fiancé avait revêtu la tenue militaire, il n'en est pas de même pour la fiancée : ici point de tulle, de taffetas ni de pongé de soie, point de traîne ni de voile vaporeux ! Pour le comprendre, il faut replacer la photo dans son contexte. Elle a été prise le 13 janvier 1940, dans l'appartement de ma grand-mère Julia.

Quatre mois auparavant, la France a déclaré la guerre à l'Allemagne et décrété la mobilisation générale. Mon père, en déplacement à l'étranger, se présente au Consulat de France à Lausanne et rentre précipitamment à Paris. Il y trouve un télégramme adressé par le lieutenant-colonel commandant la base aérienne de Pau au sergent de réserve Chancé : "Rejoignez sans délai". Laconique et péremptoire. Mon père obtempéra et retrouva la base du Pont-Long, où il avait déjà effectué une période d'entraînement six ans auparavant.

Un mois plus tard, mon père est admis à l'hôpital militaire, installé dans l'ancien casino du parc Beaumont, réquisitionné durant la période des hostilités. Il souffre d'une simple angine, mais il semble que le spectre de la grippe espagnole, qui avait fait des ravages à la fin de la guerre précédente, hante encore les esprits en ce mois d'octobre 1939. Lors de son admission, on lui pose deux questions qui le faisaient encore sourire cinquante ans après : "Personne à prévenir en cas de décès ?" et "Dans quelle religion voulez-vous être enterré ?" De quoi remonter le moral de n'importe quel malade…

Il y retrouve l'infirmière en chef, une certaine Madame Dubreil (je ne suis pas sûre de l'orthographe), qu'il avait rencontrée à plusieurs reprises dans des circonstances plus festives, sur les hippodromes et les champs de courses dans les années trente. Cette dernière dépêche à son chevet une jeune infirmière de bonne famille : "Allez donc voir si le sergent Chancé n'a besoin de rien". Devant la clarté de ses réponses, ma mère racontait qu'elle s'était fait cette réflexion : "Tiens, en voilà un qui est moins bête que les autres" !

Quelques jours plus tard, mon père sort de l'hôpital amoureux et guéri. Le 21 octobre, de retour d'une permission consacrée à régler les affaires en suspens, il envoie une carte postale à ma mère. Il emploie le vouvoiement pour lui proposer respectueusement de déjeuner avec elle. J'ignore dans quel restaurant il l'invita, mais je sais que mes parents retirés à Pau fêtaient le 3 octobre, date anniversaire de leur première rencontre, chez Pierre, une bonne table de la rue Louis Barthou.

Les fiançailles sont célébrées le 10 décembre suivant. Au menu : consommé en tasse, turbot au gratin, foies de canard au porto, cèpes à la bordelaise, filet de bœuf, cresson, Mont-Blanc et fruits. Avec un vin différent pour chacun des plats : bordeaux en carafe, Pouilly fuissé 1926, Sauternes Raymond Lafon 1925, Moulin-à-Vent 1926 et champagne Roederer. Le carton bleu au nom d'Emmanuel figure dans les papiers de famille, mais non la liste des participants. Le caractère privé de cette fête la limite généralement au cercle strictement familial.

Mon père, qui ne détestait pas la plaisanterie, offrit d'abord à ma mère une affreuse chevalière en os avec une initiale improbable, avant de sortir de sa poche l'écrin de la véritable bague de fiançailles. Au grand soulagement de celle-ci, qui n'avait osé faire mauvaise figure, mais n'en pensait pas moins.

Malheureusement, mon grand-père Maurice, dont la santé s'était fortement dégradée, décède quelques jours après. Les obsèques ont lieu le 23 décembre, en l'église Saint-Jacques. Ma mère était donc en deuil au moment de son mariage, ce qui peut expliquer, autant que la période sombre de la guerre, le choix d'une tenue pour le moins inhabituelle.

Je regarde plus attentivement la photo et j'y reconnais le portrait de François Morel, lui aussi en uniforme. Je suppose que le petit cadre ovale contient sa médaille de chevalier de la Légion d'honneur, à moins que ce ne soit celle d'Achille Maitreau ; tous deux sont mes ancêtres du côté maternel. Je remarque aussi que le photographe, sans doute perché sur un escabeau, a fait preuve d'un certain amateurisme : on aperçoit le reflet de mon père dans le miroir au-dessus de la cheminée, ce qui n'est pas du meilleur effet !

N.D.L.R. : Du Moulin-à-Vent 1926 quatorze ans plus tard ? Etait-ce bien raisonnable ???

La nuit portant conseil, j'ai trouvé quel travail confier à Igor et Jonathan avant que Mr T. ne nous fasse part de ses décisions sur l'aile "de la belle-mère" ou qu'un maçon ayant pignon sur rue ne commence à restaurer les marches de granit du logis.

Je viens en effet de leur demander de poser un drain au pourtour du fournil de la ferme. Car j'ai décidé de lancer enfin les travaux d'habitabilité de cette dépendance. Or les graviers de son sol sont humides. Il faut donc régler ce problème avant d'envisager la pose éventuelle d'un chauffage électrique par le sol.

Cette fois-ci, et contrairement à ce que nous avions fait l'an dernier pour le fournil du manoir, nous allons appliquer les recommandations de Tiez Breiz sur les drains que nous avait communiquées Guy HEDOUIN.

18 juin 2013, la façade Sud du fournil de la ferme.

18 juin 2013, l'Ouest-Nord du fournil de la ferme.