Désultoirement vôtre !

Savez-vous qu'il existe une note de 10 pages rédigée par L. Blanchetière en 1852 sur La Chaslerie. Il y a un dessin du manoir depuis la porte cochère ainsi qu'un plan "aérien" de l'ensemble. On y trouve également des propos sur l'architecture et la famille Ledin (apparentée aux Cormier et Coupel).

Je peux vous l'adresser!

P.S. : serait-il possible de modifier cet espace d'échanges en y ajoutant la possibilité d'adresser des pièces jointes, du type photo en format JPG ?
@ Sébastien Weil :

Je ne pense pas que j'aie eu l'ouvrage que vous citez entre les mains, car je me souviendrais d'une vue du logis prise de la porte cochère et antérieure à l'incendie de 1884. Je serais très curieux de voir ce dessin, ne serait-ce que pour vérifier si, comme je le subodore, les fenêtres du 1er étage du logis étaient surmontées de lucarnes ; en outre, je serais très intéressé de voir la couverture originale du logis, avant qu'elle ne soit rebâtie 60 cm plus bas...

Je vous serais donc très reconnaissant de me transmettre le document évoqué (dessin et texte), par mail à penadomf@msn.com (pena comme La Haute Pénas, nom patois de La Haute Chapelle, et domf comme Domfront).

A ce propos, il faudrait certainement adjoindre une bibliographie à ce site. Je vais m'y employer, quitte à la compléter dès que de nouvelles infos me parviendront.

Quant à la suggestion que vous faites à la fin de votre message, j'en souligne l'intérêt à Thomas. A lui de jouer ! Dans l'immédiat, vous pouvez également m'adresser toute photo à l'adresse mail indiquée.

Incidemment, j'ai connu M. Jacques COUPPEL du LUDE, un homme d'affaires parisien apparenté aux COUPPEL et DURAND de SAINT-FRONT (donc à Marin Marie), qui s'intéressait à cette propriété parce que des "oncles" à lui (comme il disait) y avaient été élevés au début du 17ème siècle. Ceux-ci s'étaient alliés aux LEDIN de manière à conserver la charge de vicomte de Domfront. Par exemple, Brice COUPPEL, écuyer, Sieur de LESPINAY, vicomte de Domfront de 1615 à 1623 avait épousé en premières noces Marquise LEDIN, décédée prématurément, puis Nicole de MARGUERIT qui, devenue veuve en 1623, avait épousé en secondes noces en 1628 François LEDIN, écuyer, seigneur de la Chaslerie ; ce François LEDIN, dont Marquise LEDIN était la soeur, était lui-même le fils de René LEDIN qui fit construire - plus vraisemblablement reconstruire - en 1598 le logis du manoir. Par ce jeu d'alliances, François LEDIN fut vicomte de Domfront de 1628 à 1639, date à laquelle il démissionna de ces fonctions en faveur de son beau-fils, Siméon COUPPEL, etc.
@ Sébastien Weil :

L'illustration que vous venez de me transmettre par courriel est très intéressante et constitue, à ce jour, la seule représentation antérieure à l'incendie de 1884 que je connaisse.
Elle montre à quel point les anciens épis de faîtage du logis et des tours rondes étaient volumineux ; de la sorte, elle constitue une remarquable confirmation des déductions et choix (audacieux) que Dominique RONSSERAY, A.C.M.H., et moi-même avions faits lors de la restauration de ces éléments décoratifs typiques du Domfrontais.
Par ailleurs, elle donne une idée précieuse du caractère massif des combles d'origine du logis ; on y voit que la cheminée centrale, que l'on connaît aujourd'hui dégagée de la toiture, était à l'époque engoncée dans celle-ci ; ainsi, la "lecture" que nous avions faite des deux jets d'eau (voir le laïus du site) est pleinement confirmée.
Enfin, elle montre à quoi pouvait ressembler l'une des lucarnes à mi-hauteur de la couverture du logis, ce qui est pour moi une information inédite et très précieuse pour la suite des travaux.

En revanche, le plan que vous m'avez communiqué n'apporte pas d'information supplémentaire par rapport à ce que nous savions grâce aux vieux plans cadastraux déposés aux Archives de l'Orne : forme des douves y compris à gauche de l'allée principale en arrivant sur place, position du ruisseau amont, du ruisseau aval, division du "Pournouët" en deux parcelles.

Quoi qu'il en soit, merci pour cet envoi, très remarquable et qui fournit un très bel exemple de l'utilité d'un tel livre d'or.

Je veillerai à mettre une reproduction du dessin en ligne. Pour cela, il serait cependant préférable, pour la précision de l'image, que je puisse scanner votre document. Soyez gentil de me prêter l'original, si vous le pouvez.

Et encore mille fois merci !
Reçu ce matin, par la poste, la photo d'un article transmise par Sébastien WEIL que j'en remercie.

Il s'agit de "Notes recueillies sur l'arrondissement de Domfront, au mois d'avril 1852, par M. BLANCHETIERE, Membre de la Société Française", article publié en 1853 dans le "bulletin monumental ou collection de mémoires et de renseignements sur la statistique monumentale de la France ; 2è série, tome 9è, 19è vol. de la collection, par les Membres de la Société Française pour la Conservation des Monuments, publié par M. de CAUMONT" à Paris.

Louis BLANCHETIERE relate dans ces notes une excursion qu'il a faite dans l'arrondissement de Domfront en avril 1852. D'emblée, ces notes témoignent des préoccupations et des compétences géologiques de leur auteur, ainsi que de son intérêt pour les routes ; on peut donc se demander si ce n'était pas une sorte d'ingénieur des Ponts ou des T.P.E., comme l'on dit aujourd'hui.

Les notes relatives à la "Châlerie" occupent 10 pages du document et sont agrémentées de la reproduction de deux croquis qui doivent être de la main de Louis BLANCHETIERE. J'ai déjà commenté ces croquis hier, notamment l'un des deux, fort instructif quant à l'état du logis avant l'incendie de 1884.

Quant au texte lui-même, il est également riche d'enseignements, même si j'y relève une erreur de date, Louis BLANCHETIERE ayant cru que le logis datait de 1558, alors qu'il date de l'année de l'édit de Nantes.

On y apprend que les épis du logis étaient en terre cuite, ce que ne permettait pas de comprendre le croquis. A cet égard, la prudence manifestée par M. RONSSERAY dans son article annexé à ce site internet ne peut qu'être louée ; il a en effet pris ses distances avec les affirmations de VIOLLET-LE-DUC pour qui une couverture en ardoise devait s'accompagner d'épis en métal. C'est sans doute la proximité géographique de GER, lieu où étaient modelés ces épis, d'ailleurs avec une argile de LA HAUTE CHAPELLE, qui a permis à M. RONSSERAY de comprendre que cette industrie locale ne pouvait qu'inonder le pays de ses productions, poussant ainsi à une sorte de sur-consommation locale de ses "grès".

Louis BLANCHETIERE donne d'utiles informations sur l'occupation des bâtiments. Le "château" est "inhabité depuis la Révolution", servant "à peine à déposer des fourrages et bois" (pas étonnant que la foudre ait pu y mettre le feu en 1884...). En revanche, l'"aile gauche est aujourd'hui à peu près toute occupée par des fermiers", écrit-il.
"Presque tout le château" est recouvert d'ardoises, ce qui confirme qu'il y avait aussi de la tuile sur certains bâtiments sur cour (on le sait aussi grâce à une photo ancienne des écuries et du colombier).
Le logis comporte une "cuisine à très-grandes dimensions", sans doute la salle-à-manger actuelle puisqu'un four est toujours visible dans sa cheminée.
Le rez-de-chaussée et le "premier étage" (il y en avait donc un second, ce qui confirme la présence de grandes lucarnes) du logis sont "pavés en briques carrées", revêtement qui a aujourd'hui totalement disparu (sauf dans un coin de la cage d'escalier).

Louis BLANCHETIERE s'est beaucoup intéressé à la chapelle et à son décor intérieur. Il écrit en particulier : "Sur les murs se trouvent des fragments de peintures à fresque" (erreur, ce ne sont pas des fresques mais des peintures murales, obéissant à une autre technique ; les fresques sont peintes quand l'enduit n'est pas encore sec, contrairement aux peintures murales) "d'un fort bon style ; mais dont il est impossible de reconnaître les sujets, tant elles ont été détériorées par le temps et par le choc des fagots que les fermiers y déposent" (comme si le logis ne leur avait pas suffi, hélas !). S'ensuit une description de ces décors qui montre que, durant le siècle et demi suivant, les dégradations se sont poursuivies, Louis BLANCHETIERE ayant d'ailleurs compris que "Ce qui a malheureusement hâté la destruction de ces intéressantes décorations, c'est le peu de solidité de l'enduit qui les supporte. En effet, il n'est formé que d'une mince couche d'argile recouverte d'une pellicule de chaux, le tout cédant au moindre choc. Il est probable que cet enduit n'avait pas été fait en vue d'y appliquer des peintures, mais que l'artiste officieux, hôte du châtelain, aura, sans préparation, jeté à l'improviste ses heureuses conceptions sur les murs tels qu'il les a trouvés" (ici, je précise que cet artiste était en fait tombé amoureux de la servante du manoir qu'il a fini par épouser, un LEDIN lui servant même de témoin).
A la fin de ses notes sur la chapelle, Louis BLANCHETIERE s'intéresse aux noms peints sur les sablières intérieures de la chapelle, notamment ACHARD, LEVERRIER, FORTIN et de COURCELLES, CORMIER, COUPEL, ainsi qu'à Pierre IV LEDIN (à qui, s'étant trompé de dates comme on l'a dit, il attribue à tort la reconstruction du logis), Charles-Claude LEDIN et Pierre-François LEDIN.

En fin d'article, Louis BLANCHETIERE complète sa description du site de la Chaslerie et précise que les douves avaient "au moins 10 mètres de largeur et 2 mètres de profondeur" (il négligeait leur envasement, voir photothèque jointe), que "les fermes" (sans doute la ferme et la cave, pour reprendre ma terminologie) voisinaient un verger, et que des "charmilles alignées ombrageaient le jardin" (ce sont ces dernières remarques, que j'avais déjà lues, rapportées par un autre érudit local, qui m'avaient conduit à faire replanter un verger et des charmilles alignées à la Chaslerie).
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 15 Aout 2009
Entretien du site - Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Anecdotes - Vie du site
0
En préparant la bibliographie du site, je retrouve les dédicaces dont Bernard DESGRIPPES m'avait honoré à l'occasion de la parution de ses ouvrages consacrés au "Vocabulaire normand du bocage domfrontais".

Sur le tome I : "V'là pourquoi que l'Pieurre-Paul est t'un vreu Parisien ! Quand qu'i chercheut un chatiau, i saveut pas où i s'retrouv'reut ! A la Haute Penas, i savent pas qu'il teut tombeu cheu les vreus Normands ! Comme il a pousseu loin amont l'z'eutudes, notre horsain s'inteureusse à tout et mîn-me au patouès et, du coup, i va bé vite comprendre qu'un Normand vaut touès Beurtons ! Bien amicalement, Domfront le 13/12/03, B.D." A propos de cette première citation, je me dois quand même de signaler que la présidente de l'"Association pour la restauration et l'animation du manoir de la Chaslerie" s'inscrit en faux contre la dernière affirmation. Je rappelle cependant, à toutes fins utiles, qu'elle s'appelle Marie-Annick de SAINT MELOIR, née de GOUVELLO. Et elle n'a peut-être pas tort, puisque je suis moi-même né à RENNES...

Sur le tome II : "J'peux vous z'aceurteuneu qu'c'est pas la faute au gars Pieurre-Paul si les crapiaux n'ont pas d'queue !
Et pis, tu seus, l'pus bin, c'est pas toujours l'causeu ! C'est queuque fas l'sieu qu'eucoute ! Bien amicalement. Domfront le 13/12/03, B. DESGRIPPES."

Sur le tome III : "Je seus pas si c'est bé vreu, mais à c'qu'i paraît, à la Haute Pénas, au moment des deubords, les taupes, o montent dans le haut des teurgeots d'choux pou pas eute neuyées ! A mon ami Pierre-Paul. Domfront le 13/12/03, B.DESGRIPPES."

Pas de dédicace sur le tome IV. Mais, au tome III, à "Pournouët, n.m., Oublié : La Haute Chapelle", je relève l'exemple suivant : "Paul-Pieurre s'pourmeune, tout seu, dans l'pournouët d'la Châl'rie, à La Haute Penas".

Et, puisque j'en suis à citer Bernard, ma citation préférée de lui est le suivante (parue dans "Le Publicateur Libre" du 25 septembre 2003, dans la rubrique "C'est bin histouère de bavasseu un p'tit qua !", sous le titre "I fut d'la r'vue !" :
"- Eucoute-ma bin : ya un chât'lain d'La Haute Penas qui vient d'Paris. I creuyeut qu'l'heurbe, eune fas coupeue, o ne r'pousseut pas d'l'année ! Eh bin, i fut d'la r'vue ! Et i fut bin n'obyigeu de s'rende à l'euvidence et d'coupeu son gazon tous les quinze jous, comme tout l'monde. Tu t'rends compte de d'yoù qui z'en sont les siens qui vieunnent de Paris ?
- Tu vés, mon gars Victor, en toutes choses, faut aveu eune connaissance du meutieu !"

Je confirme hélas l'exactitude de cette dernière anecdote. On comprendra mieux, ainsi, comment j'ai pu penser que ma première "tondeuse auto-portée" (cf la photo sur le site) me suffirait !

Bernard, à très bientôt, j'ess'peureu !


Serais-je un incorrigible graphomane ? En tout cas, je ne tarde pas à reprendre la plume pour évoquer un point d'histoire.

Nous sommes le 17 août 2009. Donc il y a aujourd'hui exactement 125 ans que le logis et les tours rondes ont brûlé.

C'est dans le "manuscrit déposé à la mairie de La Haute Chapelle" (voir la bibliographie du site) que j'ai trouvé des informations sur cet incendie. Voir page 507 de ce document : la foudre a frappé sur "le pavillon, à l'entrée" (sans doute la tour Sud-Ouest). Les pompiers de Domfront sont arrivés le lendemain à 10 heures du matin (?!) alors que "dès 5 heures, toute crainte nouvelle d'extension du sinistre avait disparu". Le propriétaire était alors "M. Levêque, président du tribunal de Mayenne" et le fermier s'appelait M. Pommier. Ce manuscrit évoque l'état "délabré" du manoir avant l'incendie et, particulièrement, les "gracieux épis en plomb qui couronnaient si avantageusement les tourelles et les extrémités du toit principal" (il y a là une contradiction avec le témoignage de BLANCHETIERE en 1852 que j'ai analysé sur un autre "post" de ce Livre d'Or); à propos de ces épis, ce manuscrit précise que "très endommagées par l'incendie, elles (sic) n'ont pas été replacées".
Sébastien WEIL
rédigé le Mardi 22 Septembre 2009
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation
0
La pierre et la plume !
Bonjour, je viens de vous adresser par courriel un contrat de bail entre Charles Claude de Ledin et Pierre Grippon, laboureur à Lonlay, daté du 3 janvier 1740. Il est intéressant pour y avoir la signature du seigneur. A bientôt. Sébastien
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mardi 22 Septembre 2009
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation
0
@ Sébastien WEIL

Merci pour votre envoi. Je peine pour déchiffrer ce document, n'ayant pas votre oeil d'expert. En particulier, je serais intéressé de savoir de quelles parcelles il s'agit.

Quant au nom de GRIPPON, il demeure bien connu dans le pays ! ;-))
La paléographie est un art difficile d'autant plus que chaque siècle a ses codes. Le XVIIIe n"'est pas le plus ardu.
L'"acte notarié (Domfront) que je vous ai transmis concerne « une petite terre et un marée » situés au lieu de la Burelière. En fait c"'est un ensemble consistant en « maisons, jardins, vergers, terre labourable et préalle » pour la somme de 25 livres, 4 poulets et un coin de beurre.
Il faut se méfier de l'"expression « maisons, jardins, etc » car les notaires ont tendance à employer à cette époque des formules types (ce qu'"ils font toujours d'"ailleurs) qui n"'expriment pas forcément la réalité (ce qu'"ils ne font plus, du moins j'"espèreÂ…). La somme relativement peu onéreuse du bail dit clairement qu"'il ne faut pas y voir un ensemble du type « village ». Le « s » à maisons signale la présence d"'une maison habitable (on trouve aussi les termes de « demeurable » ou de « manable ») avec un ou deux bâtiments agricoles.
Le terme préalle est simple à comprendre : pré.
Le bien baillé est donc modeste.
Il est difficile pour ne pas dire impossible de localiser les parcelles. Peut-on seulement avoir une vue assez large. La toponymie est une méthode par laquelle vous pouvez localiser l'"emplacement de la Burelière. Si cette localité, ou village, n"existe plus, vous pouvez regarder dans le cadastre napoléonien du début du XIXe.
Un mot sur la profession du preneur : laboureur. Les laboureurs devaient constituer le niveau supérieur des ruraux. Détenteurs des instruments de labours, ils étaient en petit nombre. Sur ce point je ne peux en dire plus car je m"'intéresse seulement maintenant aux « catégories socio-professionnelles » dirions-nous aujourd"hui.
On trouve quantité de GRIPPON sur le secteur de la Haute Chapelle dès le XVIIIe. On parlerait d"'une vieille famille ancrée dans le Domfrontais.
Un mot enfin sur les inventaires après décès. Les inventaires sont une source précieuse car ils révèlent la richesse du défunt. La méthode est assez simple : en connaissant les dates des décès des nobles propriétaires vous pouvez feuilleter les archives notariales de Domfront à ces périodes. Il est possible que cela soit dans d"'autres fonds notariés mais j'"en douteÂ…. Pièce par pièce l'"inventaire reconstitue le décor de l'"habitat au décès (parfois des jours après) de l"'individu.
Beaucoup de nouvelles depuis une semaine.

1 - L'effet est saississant dès qu'on descend vers la Chaslerie : la nouvelle peinture rouge sang de boeuf est - du moins d'après moi - du meilleur effet. Elle tend à donner à la cour un aspect plus intime, je ressens physiquement à quel point cette couleur est celle qu'appelaient et attendaient ces bâtiments. Il ne fait pas de doute, toujours selon moi, que le blanc précédent, s'il était digne de la revue "Maisons et Jardins" des années 50, était tout simplement une aberration.

Plutôt qu'un rouge quasi vermillon comme lors du premier essai sur la lucarne du logis, j'ai choisi cette fois-ci un ton sombre (rouge Baïgorry, teinte 7822 en peinture micro-poreuse de Levis, Duol Satin), et je pense que j'ai eu raison. Attendons cependant les réactions de ma famille, du public...

2 - Afin de m'aider à opérer de bons choix en matière de chauffage à la Chaslerie, j'ai chargé M. Thierry BURIN des ROZIERS, d'I3E France, de me faire rapport sur ses diagnostics et préconisations. J'ai rencontré ce spécialiste grâce à "La Demeure Historique", fin août lors de la réunion régionale annuelle. Nous avons d'ores et déjà pris contact de concert avec le Conseil régional de Basse Normandie et il semble que notre dossier pourrait jouer un rôle pilote dans le contexte des réflexions des pouvoirs publics quant au chauffage et à l'isolation thermique des monuments historiques.

3 - Après-demain, devant Me GOUBEAUX, notaire à Domfront, je signerai la cession par Carole et moi de la nue-propriété de la cave de la Chaslerie à une S.C.I. détenue en quasi-totalité par notre fils aîné, Thibaud. Il s'agit de la "S.C.I. 4 de la cave de la Chaslerie". Je cite ici ce fait car il ne devrait pas être sans effet sur le rythme des travaux à la Chaslerie.

L'idée est pour Carole et moi de commencer à préparer notre succession tout en renforçant l'attrait immédiat de la Chaslerie pour nos fils (un schéma parallèle est encore à l'étude à propos de la ferme de la Chaslerie et de notre cadet, Walter).

Ainsi, Thibaud pourra dès les prochains jours prendre en charge la poursuite de la restauration de la cave où tout reste d'ailleurs à faire à l'intérieur et aux abords. Compte tenu de ma disponibilité, c'est moi qui continuerai à gérer le chantier, en parallèle à celui du manoir, et en ayant recours à des artisans éprouvés.

Sur ces bases, on peut estimer que le chantier de la cave durera encore une dizaine d'années (dans l'hypothèse où son travail n'entraînera pas Thibaud à l'étranger), en suivant les plans établis il y a une dizaine d'années par M. Nicolas GAUTIER, A.B.F. Ces plans n'avaient bien entendu pas manqué de donner lieu à un permis de construire.

L'acte de propriété présentera deux caractéristiques destinées à préserver malgré tout l'unité de la Chaslerie :
- d'une part l'allée qui relie le manoir à la D22 sera désormais placée en indivision entre les propriétaires du manoir, de la cave et de la ferme ;
- d'autre part, j'ai prévu que les propriétaires du manoir et de la ferme auront un droit de préemption sur la cave au cas où elle serait revendue.

Marie-Françoise Laurensou m'a signalé hier que les Archives départementales de l'Orne étaient consultables en ligne. Elle m'a même communiqué, et je l'en remercie, deux documents qu'elle a imprimés à partir de cette source. Ils sont relatifs au mariage, en 1701 de Marie Anne de Leydin (encore une autre orthographe !) avec Louis de Groult, écuyer, seigneur de Beaufort. Il s'agit d'une dispense de ban, rédigée en latin, accordée par Louis Antoine de Noailles, archevêque de Paris, et de l'acte de mariage correspondant. Dans la traduction du premier document que Marie-Françoise m'a également communiquée, je relève que cette Marie Anne de Leydin était la fille de Jacques et d'Anne-Marie de Caignoux (le nom Caignou figure bien sur une sablière de la chapelle de la Chaslerie, du côté des brus) , et surtout que cette dispense était adressée "à notre cher curé ou vicaire de l'église paroissiale de la Chalerie". Est-ce à dire que la chapelle du manoir était alors considérée comme une église paroissiale, ou bien s'agit-il d'un "lapsus calami" du secrétariat de l'archevêque susnommé ? Je l'ignore.

En tout cas, ces documents sont l'image 267 et l'image 17 du registre paroissial de La Haute Chapelle en ligne sous la cote 3NUMECRP201/EDPT32_22 (comme ça se prononce !). Autant dire qu'il fallait effectuer un travail de bénédictin, ou bien beaucoup de chance, pour tomber dessus. Il faudra que je demande à Marie-Françoise comment elle s'y est prise pour les trouver.

Quant à moi, je devrai peut-être attendre que Google mette en ligne un moteur de recherche couvrant les documents manuscrits déposés aux Archives de l'Orne avant de cliquer sur "Ledin", "Lesdain" ou "Leydin" pour explorer cette mine inédite. On y est presque, semble-t-il !
Sébastien WEIL
rédigé le Lundi 19 Octobre 2009
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation
0
La création de l'appareil photo numérique a été une révolution pour des chercheurs qui n'ont qu'une heure par jour à consacrer aux dépouillements des archives départementales !

Concernant Google, je crains que cela soit fort long...

En attendant il y a une méthode économique en temps: comme je le disais dans mon précédent message, à partir des dates marquant la vie de votre famille, vous pouvez commander les registres du notariat de Domfront couvrant celles-ci, vous aurez là une certaine chance ou une chance certaine de trouver l'acte de mariage ou l'inventaire après décès de votre honorable défunt!

C'est beaucoup quand vous imaginez que je cherche en dépouillant les registres comme ils me viennent...

Sébastien WEIL
rédigé le Vendredi 23 Octobre 2009
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation
0
Lapsus? cela serait étonnant ! Il est possible qu'on ait soufflé au secrétaire de l'archevêque une fausse information peut-être pour donner plus de prestige à la famille seigneuriale : vous imaginez l'église du seigneur étant celle de la paroisse, quelle puissance!

La Haute-Chapelle fait les grands titres des journaux cette semaine ! On ne parle plus que de la déviation. J'espère qu'à la suite des vives protestations de certains "riverains", un nouveau tracé ne viendra pas s'infiltrer dans vos terres ! Protégeons l'intégrité de la Chaslerie ! Amitiés !

Marie-Françoise LAURENSOU
rédigé le Dimanche 8 Novembre 2009
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Généalogie et sagas familiales
0
Soyez rassuré ! Je n'ai pas endossé l'habit des Bénédictines, mais dans le domaine de la généalogie, j'ai hérité leur patience et leur persévérance ! Cela dit, je ne repousse pas l'aide de la chance, mais je dois avouer qu'elle n'est pas très souvent au rendez-vous ! Sébastien Weil vous a-t-il indiqué comment procéder pour commander des registres du notariat ? Dans l'affirmative, auriez-vous la gentillesse de m'en faire part ? Je suis plus qu'intéressée. Merci et à bientôt.

@ Marie-Françoise LAURENSOU : Non, Sébastien WEIL ne m'a pas donné le "modus operandi" des archives notariales autrement que par son message du 19 octobre dernier sur ce livre d'or. Mais je suis persuadé que vous pourriez le contacter directement et qu'il serait heureux de vous faire partager son savoir.

Concernant la déviation de Domfront, j'ai lu avec intérêt les échos parus ces derniers temps dans notre "Publicateur Libre". J'ai ainsi appris que le conseil municipal de La Haute Chapelle venait de délibérer sur ce sujet et d'adopter, si j'ai bien compris, un compte rendu de délibération riche d'informations. Par ailleurs, j'ai lu dans le même numéro qu'il y avait eu débat sur le même sujet au conseil municipal de Domfront. Il semble que la balle soit dans le camp du préfet à qui il reviendrait d'arbitrer. Mais je ne suis guère entré à ce stade dans les détails des aspects techniques du dossier ; j'avais simplement noté que le dossier d'enquête publique était très épais et, m'avait-il semblé, de style approprié pour refroidir immédiatement mon ardeur à lui consacrer plus de deux minutes de mon temps.

Bonjour,

Je ne sais pas si je fais bien d'"aborder ce point sur le site de la Chaslerie, mais bon, pourquoi pas ! Ces propos n"'engagent que moi. J"'ai apporté ces précisions au Publicateur Libre car j'"estime que le rapport qui est fait dans le dernier numéro n'"est pas exact. Aussi je vous donne mon correctif.

"Je voudrais aussi préciser que lorsque je dis que le problème de la circulation existe depuis au moins deux siècles à Domfront, et dans le Bocage (et ailleurs aussi), je ne pense pas à la déviation. Certes cela fait longtemps qu'on en parle, mais je ne suis pas de Marseille ! Je veux dire que l'état des routes a toujours été jugé comme désastreux, et que depuis toujours à la qualité des voies de circulation est associé le développement économique. Ainsi, par exemple, l'Annuaire statistique, historique et administratif de l'Orne, de 1809, affirme, concernant Domfront, que "l'achèvement des grandes routes qui y aboutissent, en ouvrant d'utiles débouchés avec les départements de l'ouest et les côtes maritimes de la Manche et de l'Océan, vivifierait toute cette contrée, qui trouverait à la fois des moyens de développer son industrie, d'acquérir de l'aisance (...)". C'est dans ce cadre général que je situe mon propos, et on le voit très bien, la déviation est, malheureusement, un épisode supplémentaire...

Par ailleurs, je n'ai pas dit que le préfet n'ira pas à l'encontre du commissaire enquêteur. N'étant pas Préfet, j'aurais du mal à dire ce qu'il fera... J'ai dit simplement que si le préfet passait outre l'avis négatif du commissaire enquêteur, il faudrait s'attendre à des recours de riverains contre l'arrêté préfectoral et à l'appui de l'avis du commissaire enquêteur. Cela provoquera une procédure devant la juridiction administrative qui peut être très longue, trop longue, avec le danger que, finalement, le juge décide de « casser » l'arrêté préfectoral. Et dans ce cas, au bout de ce processus, on fera quoi ?

Aussi, dans le cas où le passage en force est un échec, l'"étude d"'un autre projet (plan B) devra forcément intervenir à un moment donnéÂ…"

Sans transition, abordons un sujet moins polémique: les actes notariés. Aucun problème pour en discuter. Nous pouvons même voir cela directement aux archives départementales d'"Alençon en semaine, « entre midi et deux »…
Les actes notariés sont une source incroyable, tant d"'un point de vue qualitatif que quantitatif.

Bien à vous.

Sébastien
Tout fier qu'"on y parle de la Chaslerie !", Pascal MAIZERAY, mon maçon, vient de me communiquer le numéro de novembre 2009 du journal de circonscription de M. Yves DENIAUD, député de la 1ère circonscription de l'Orne. Domfront et La Haute Chapelle font partie de cette circonscription, donc Yves DENIAUD est "notre député".

C'est avec attention que nous avons pris connaissance, notamment, de l'article où Yves DENIAUD nous fait la courtoisie de citer, photo à l'appui, la Chaslerie et son site internet.

Ce que cet élu écrit, dans l'article qui nous est consacré, dépasse le cas de notre seul monument. Je cite quelques passages de son texte : il est "important d'encourager celles et ceux qui, sans relâche, participent à la préservation de notre propre culture. Bien entendu, le bénévolat est la première ressource de cette dynamique. (...) Il y a également une dimension économique qu'il ne faut pas négliger au moment où l'Etat mobilise ses forces sur un vaste plan de relance". Yves DENIAUD termine son article en soulignant que, grâce aux monuments historiques, "de nombreux corps de métier (...) trouvent là une activité économique, en plus de participer à la sauvegarde d'un patrimoine collectif."

Pascal et moi aurions pu signer ce texte, mais aussi tous les artisans qui concourent aux travaux de la Chaslerie.

Il est à espérer que la netteté et la qualité de ce diagnostic conduiront à de bonnes décisions de la part de la représentation nationale et, plus généralement, de l'ensemble des élus avec lesquels Yves DENIAUD est amené à coopérer "pour rendre la vie commode et les gens heureux" (comme, de mémoire, l'avait recommandé BOSSUET).

A cet égard, je voudrais évoquer ici - je le fais ainsi pour la première fois sur ce site -, la question de la politique du conseil général de l'Orne en matière d'aide à la restauration et à l'entretien des monuments historiques privés de son ressort.

A ma connaissance, aucune ligne de crédit n'est plus prévue depuis 1993, au niveau du conseil général de l'Orne, pour subventionner de tels travaux. L'Orne serait ainsi le seul département de Basse Normandie et, plus largement, de l'Ouest du pays (je pense ici aux régions limitrophes) à avoir opté si longtemps pour une telle abstinence, pour ne pas dire absence de politique.

Cette situation est évidemment préoccupante.

Ainsi, pour revenir au cas de la Chaslerie, l'Etat a d'ores et déjà promis, pour une certaine tranche nécessaire de travaux (sur la couverture des écuries, c'est-à-dire une petite partie du programme de travaux restant à effectuer) d'importantes subventions qui risquent fort de ne pouvoir être consommées, faute d'aide significative au financement des 60 % qui, à ce stade, restent à la charge des seuls propriétaires. La subvention réservée par l'Etat mais qui risque désormais d'être rapidement perdue s'élève à plus de 50 000 €€ ; la somme complémentaire à trouver avant la fin du premier trimestre 2010 est de plus de 75 000 €Â€ (cette dernière somme ne tient nullement compte de tous les autres travaux engagés par ailleurs ni des salaires et charges sociales des employés comme Pascal). Je souligne qu'à défaut de solution avant le printemps 2010, ces 50 000 €Â€ devront repartir à Paris et ne pourront nullement, la réglementation étant ce qu'elle est, être remobilisés ni dans l'Orne ni en Basse Normandie, ce qui serait particulièrement dommageable et, on peut le dire, absurde.

Il paraît indispensable que le conseil général de l'Orne modifie profondément sa politique en ce domaine, et aussi qu'il le fasse suffisamment tôt pour que les artisans ornais puissent ne pas perdre le bénéfice des crédits d'ores et déjà réservés par l'Etat.

En liaison avec la "Demeure Historique", j'ai eu, depuis le début de l'année, des échanges constructifs à ce sujet avec le président du conseil général de l'Orne et son directeur général des services. Je comprends que la question devrait être débattue dès le 30 novembre prochain par le conseil général et l'on nous laisse entendre que la réponse de principe pourrait y être favorable.

Pascal et moi formons le vœu qu'Yves DENIAUD relaye ces efforts de pédagogie et que, non seulement le département de l'Orne cesse de se démarquer négativement sur un tel sujet, mais le fasse assez vite pour ne pas risquer de perdre des fonds d'Etat promis, en fait, - et c'est bien là le point essentiel - aux artisans du département et de la circonscription.

J'apprends à l'instant que le conseil général de l'Orne a décidé hier d'élargir au patrimoine classé ou inscrit au titre des monuments historiques la gamme de ses interventions en faveur du patrimoine. En pratique, cela signifie que la majorité des conseillers généraux reconnaît la contribution des monuments historiques ornais à la promotion du tourisme et à la défense d'un emploi artisanal local de qualité. Cette assemblée est donc désormais disposée à subventionner (dans la limite de 15 % et de 15 000 €€ par dossier) les travaux extérieurs sur les monuments historiques privés.

C'est là une excellente nouvelle, et il convient d'en remercier au premier chef M. Alain LAMBERT, ancien ministre du budget, sénateur et président du conseil général de l'Orne, ainsi que M. Christophe de BALORRE, vice-président du conseil général. Sans leur soutien actif et éclairé, cette réforme n'aurait évidemment pu être adoptée.

J'observe que le "rapport du président" qui recommandait cette réforme au conseil général a eu comme "objectif opérationnel" de "contribuer à l'appropriation des biens culturels". Et c'est bien là, en effet, toute la portée d'une telle réforme. Car il ne s'agit pas tant d'alléger la lourde charge financière des propriétaires privés de monuments historiques que de leur donner un coup de chapeau officiel bienvenu pour leur action fondamentalement bénévole. Le patrimoine dont il s'agit ici est en effet, au-delà de ses propriétaires privés immédiats, une part significative de la culture profonde du terroir, un bien commun.

C'est bien ainsi qu'on le comprend à la Chaslerie et, j'en suis persuadé, chez les autres dépositaires temporaires de ces utiles vestiges d'un grand passé. Soyons donc fiers de nos monuments historiques, rendons-les accessibles et compréhensibles à tous, et notamment aux plus jeunes. Car tel est bien l'enjeu !