Histoire des occupants de la Chaslerie

Le château de la Forêt-Auvray (61)
La famille de Vassy, dit-on issue de Rollon, fut propriétaire de la terre de la Forêt-Auvray, du XIe siècle au XIXe siècle.
La construction du château au XVIe siècle, est attribuée à Louis de Vassy et son fils Jacques, premier Marquis de la Forêt, qui épousa en 1614, la petite-fille de Gabriel de Montgomery.
Jusqu'à la régence, les de Vassy se firent enterrer dans l'une des tours du château, dite tour des morts.
Incendié à la révolution, un nouveau logis fut édifié au XIXe siècle, par les héritiers des Vassy, la famille de Costard de Bursard.
Le domaine connut par la suite de nombreux propriétaires, les familles de Gruel, de Moutis, Forichon, et aujourd'hui Maître Guibert.
Pendant la conquête de la Normandie, le Roi Henri IV séjourna au château.
🇬🇧🏰


N.D.L.R. : Louis-Marie de VASSY, propriétaire de la Chaslerie à la Révolution, était le gendre du dernier LEDIN. Il était également, entre autres, le seigneur de La Forêt-Auvray.
L'ancien château de la Forêt-Auvray, dont il ne reste qu'une partie de l'enceinte, avait eu pour architecte un membre de l'illustre famille GABRIEL.
Le duc de Vendôme accuse le maréchal de Bassompierre de comploter contre Richelieu :

- Vous serez sans doute du parti de monsieur de Guise car vous baisez sa sœur, madame de Conti.

- Cela n’y fait rien. J’ai baisé toutes vos tantes et je ne vous aime pas plus pour cela :


N.D.L.R. : BASSOMPIERRE, contemporain de la Chaslerie et apparenté aux LEDIN. Tout un programme assurément !

P.S. (du 17 avril 2023 à 10 heures) : BASSOMPIERRE, allié aux LEDIN.
Reçu hier après-midi la visite de C. I., cousin germain de mon vendeur, François LEVÊQUE. Il voulait revoir la chapelle et se recueillir sur la tombe de ses grands-parents. Je ne le connaissais pas encore mais avais rencontré son frère quand il était en poste à Caen et avais eu comme élève à l'E.N.A. (à l'époque où j'y enseignais les "Problèmes budgétaires et fiscaux") le neveu de ce dernier, un garçon que je trouvais sympathique et qui, d'après ce que je vois, poursuit une belle carrière dans la finance. En fait, toutes ces personnes me paraissent avoir très bien réussi dans la vie, un beau tir groupé qui me laisse rêveur.

Carole me dit que je parle trop et n'écoute pas assez ni n'interroge suffisamment mes interlocuteurs. C'est vrai, c'est encore un autre de mes défauts, un de mes anciens adjoints me l'avait déjà signalé à juste titre dès 1987.

Le fait est que mes visiteurs étaient heureux de revoir la Chaslerie dans son état présent. Je leur en ai montré de grandes parts, y compris le fournil du manoir, l'intérieur de la tour Sud-Ouest, les combles de l'aile Ouest, etc... Le cousin germain et son cousin J. B. qui l'accompagnait avec leurs épouses avaient là des souvenirs d'enfance ou de jeunes adultes, datant des années 1950 pour l'un ou 1960 pour l'autre, jusqu'aux années 1970. Le cousin germain se rappelait l'usage des pièces que je leur ai montrées, la présence d'une cloison ici, d'une baignoire-sabot là, le fait qu'à ces époques, le bâtiment Nord était inhabitable etc...

Ils se sont déclarés emballés par la restauration de l'allée principale qu'ils ne pouvaient pas ne pas voir en l'état du chantier et m'ont dit que, dès ces époques, c'était un projet porté par leur famille. Ils se souvenaient de la mare, devant le manoir et l'un d'eux m'a même, suite à leur visite, immédiatement communiqué la photo d'un document qu'il conserve :


En fait, je connaissais déjà cette gravure et je crois même qu'on en retrouverait un tirage quelque part dans mon bazar ici.

Il est important pour moi de recevoir de telles marques de satisfaction et des encouragements devant le résultat bien imparfait de mes efforts depuis 31 ans. J'ai tant d'occasions de douter de tant de choses, à commencer par mon utilité sur Terre ou la pérennité des traces que j'y laisserai...
Chère Madame Cher Monsieur,
Ce fut un immense plaisir pour nous de revoir la Chaslerie et nous vous remercions très vivement de l’accueil si amical que vous nous avez réservé en nous faisant tout visiter.
Nous avons été impressionnés par les travaux titanesques que vous avez entrepris ainsi que par la qualité de cette restauration et vous souhaitons de pouvoir mener à bien tous vos projets.
Je vais m’efforcer de retrouver des photos des années 60 et ne manquerai pas de vous les adresser.
Vous trouverez dès à présent une photo d’une gravure du manoir avant que mon grand-père ne le reprenne, avec la mare que vous évoquiez l’autre jour :


Encore mille mercis pour nous avoir ouvert les portes du souvenir de mon enfance.

N.D.L.R. : Cher Monsieur,
Un grand merci pour votre message.
N'hésitez surtout pas à revenir !
Bien cordialement,
PPF
A l'office de tourisme de Domfront, se vend au prix de 10 € un excellent petit ouvrage...

... dont la rédaction a bénéficié des conseils des meilleurs érudits locaux, au premier rang desquels figure légitimement le nom de Jean-Philippe CORMIER, président de l'A.R.C.D. ("Association pour la restauration du château de Domfront") :

L'illustration de la première page de ce texte est consacrée à l'évolution, au fil des siècles, du blason de Domfront, ce qui me paraît une excellente idée :


Ceux qui ont étudié un tant soit peu l'histoire locale et qui ne colportent pas n'importe quelle ânerie à son sujet auront reconnu, au titre du XIVème siècle, époque médiévale s'il en est, le blason des LEDIN apposé sur la tour figurant le donjon de Domfront. La chose n'est pas contestable.

Il y a quelques jours, avait lieu, au même office de tourisme de Domfront, devant quelques élus locaux dont Bernard DAVY, maire-adjoint chargé de l'élaboration d'une part du "projet MORIN", et Jean Paul LEROY-TULLIE, "Référent Culture" au sein du conseil municipal et fondateur, à tout le moins, de "Domfront-Patrimoine", ...

... ainsi que devant les représentants de la presse locale, comme toujours attentive à juste titre, ...

... par l'auteur de l'opuscule lui-même, l'excellent Jean-Philippe CORMIER, ...

... la présentation de la seconde édition d'un remarquable petit guide...

... vendu au prix modique de 6 € et permettant dans la citadelle, à Notre-Dame-sur-l'Eau et aux alentours, bref dans les principaux lieux où se développe et doit continuer de se développer, grâce au fameux "Projet MORIN", ...

... la pratique d'un "tourisme médiéval" de qualité.

Relatant cet événement comme j'ai pensé devoir le faire ici, je craindrais toutefois de manquer à ma réputation d'emmerdeur si je ne relevais pas que, dans cette seconde édition, le texte consacré aux LEDIN, anciens seigneurs de la Chaslerie, ...

... est légèrement différent de celui de la première édition.

A l'occasion, j'aurai donc à demander à l'ami Jean-Philippe quelle découverte scientifique, inédite pour moi, aurait justifié cet écart de plume. Comme le mode d'impression de cette seconde édition est, d'après l'auteur lui-même, des plus souples, il devrait être facile, au moins sur le plan technique, d'amender le paragraphe litigieux.
(Début de citation)

De : Pierre-Paul Fourcade <penadomf@msn.com>
Envoyé : lundi 10 avril 2023 02:34
À : Jean-Philippe CORMIER ; Membres du bureau de "La SVAADE"
Cc : C. F. ; Bernard DAVY ; Jean Paul LEROY-TULLIE
Objet : RE: A propos du "domfrontais médiéval"...

Cher Monsieur CORMIER,

Merci pour cette longue réponse, rédigée avec soin mais qui ne me paraît pas épuiser le sujet, même si je ne puis faire état, en matière historique du moins, des mêmes "credentials" que vous.

En effet, trois types d'autres données factuelles au moins me paraîtraient devoir être prises en considération au moins autant que celles dont vous faites état :

1 - Le chartrier de la Chaslerie a été saisi lors des événements de la Révolution, période au cours de laquelle les anciens propriétaires ont été expropriés pour être remplacés comme tels, au moins pour partie, par leur ancien régisseur ou homme de confiance, un dénommé GOUPIL, qui avait pris soin, semble-t-il, lors de l'"inventaire révolutionnaire" précédant cette vente, de faire disparaître tout élément susceptible d'accroître la valeur dudit bien. J'ai, de mon modeste côté (modeste par les moyens matériels disponibles), entrepris une recherche sur ce GOUPIL, y compris pour savoir s'il y avait un lien familial entre lui et les GOUPIL, aventuriers romanesques qui bâtirent une fortune considérable comme fournisseurs aux armées pendant les guerres napoléoniennes et, par voie de conséquence, édifièrent le château de Tessé-la-Madelaine avec une tour de plus qu'au château de Couterne. Feu le marquis Edouard de FROTTE m'avait raconté que ces GOUPIL-ci avaient souhaité qu'un des leurs épousât l'une de ses tantes mais avaient été rapidement éconduits, d'où cet acte de vengeance architectural, assez amusant en l'espèce. Je raconte ceci car j'ai perdu la trace du (ou des) propriétaire(s) de la Chaslerie entre sa vente comme Bien National et une date, de mémoire vers 1820, où la Chaslerie commença à appartenir à la famille LEVÊQUE, apparentée, elle, avec certitude, aux GOUPIL de Tessé. Curieusement, je n'ai rien trouvé de probant sur cette période intermédiaire, si ce n'est qu'on voit réapparaître des éléments du chartrier de la Chaslerie vers 1820, entre les mains d'un membre de la famille CAILLEBOTTE, bien connue à Domfront, famille qui s'enrichit elle aussi aux mêmes époques et dans les mêmes activités un peu troubles, de sorte que l'un des leurs fut à même de jouer un rôle de mécène pour ses amis les peintres impressionnistes. Le problème me paraît tenir au fait que ce premier CAILLEBOTTE professait, paraît-il, des idées pro-révolutionnaires, de sorte que l'on peut se demander si la méthodologie de ce premier érudit local auto-proclamé répondait en quoi que ce soit à ce qui constitue aujourd'hui les normes de la recherche scientifique en matière historique. Il est de fait également, qu'avant même l'invention du traitement de textes qui n’apparaîtrait que beaucoup plus tard, nombre d'érudits locaux auto-proclamés ont fait du copier-coller des assertions de ce CAILLEBOTTE sans que, jamais, il ne soit apparu possible de tirer l'affaire au clair. J'ai moi-même proposé au célèbre professeur MORICEAU, de l'université de Caen, de financer une bourse en faveur de l'un de ses étudiants pour faire avancer la recherche sur ces intéressants problèmes méthodologiques et il m'en a dissuadé. J'ai financé une étude d'Eric YVARD, spécialisé dans l'étude des grimoires relatifs aux familles nobles du Perche, mais il n'en est rien ressorti de probant, du moins selon moi. En fait, ce qui resterait du chartrier de la famille LEDIN serait entreposé et dormirait dans les altitudes des Archives de l'Orne où personne n'aurait encore cherché à l'exploiter après qu'un certain DURAND de SAINT-FRONT, marchand de vieux papiers à Paris (et apparenté au peintre MARIN-MARIE), a dispersé en les vendant à son bénéfice les documents passés entre ses mains et pour lesquels il avait trouvé preneurs.

2 - Le chartrier de la Chaslerie, ainsi malmené, ne suffit pas à clore le chapitre des sources envisageables lors d'une recherche sur l'ancienneté de la famille LEDIN. Dans la mesure où, en termes de féodalité, les LEDIN avaient pour supérieur hiérarchique l'abbé de Lonlay, jouissant d'une certaine indépendance par rapport au seigneur de Domfront, et ceci depuis la nuit des temps, il aurait été intéressant de rechercher, dans les archives de l'abbaye ou de tel ou tel de ses abbés, le reflet des pièces les plus importantes du chartrier de la Chaslerie. Hélas les archives en question ont eu l'occasion de brûler ou d'être pillées maintes fois au cours des siècles et, à ma connaissance, il n'en resterait plus d'aisément accessible qu'un résidu de l'ancien fonds DURAND de SAINT-FRONT, conservé, à défaut d'être exploité, aux Archives de l'Orne. Parmi les éléments nous étant ainsi accessibles, figure un inventaire du chartrier de l'abbaye qui, par sa nature-même, se borne à fournir une liste datée d'anciens documents mais sans que lesdits documents, supposés originaux, ne soient joints à la liasse. Tout cela apparaît bien fâcheux pour qui prétendrait, par des affirmations basées sur des sources matérielles à ce point mitées, clore le débat.

3 - Il existe une troisième source possible d'informations pertinentes sur ce si important sujet, le manoir de la Chaslerie lui-même (je plaisante, faut-il le préciser ?). Ce manoir fut en effet bâti à 500 mètres environ du Guéviel (vieux gué, si je traduis) qui permettait aux pèlerins se rendant à l'Abbaye de franchir à pied l'Egrenne, à une époque où les routes, les voitures et les camions n'existaient pas encore, de sorte qu'il a été bâti en utilisant les pierres de deux carrières situées elles aussi, à 500 mètres du manoir, l'une à côté du Guéviel, et l'autre, dont le fonds m'appartient aujourd'hui, en haut de l'"allée principale" que j'ai fait restaurer il y a quelques mois. Il n'est pas difficile d'imaginer qu'une famille de costauds se serait établie à proximité du gué pour prélever un péage sur les pèlerins fatigués du voyage. Le filon étant bon, ils auraient bâti une maison-forte pour garder la rente. Face à une telle hypothèse, on se heurte vite à deux problèmes méthodologiques. D'une part, la Chaslerie a été montée à la terre et non à la chaux, ce qui lui a donné une grande plasticité dans ses volumes, apparents aujourd'hui comme une série de bâtiments autour d'une cour fermée, plan-masse peu fréquent dans le secteur. Ainsi, quand les LEDIN avaient des sous, ils construisaient ; et quand ils étaient fauchés, ils laissaient tel ou tel bâtiment s'écrouler, comme c'est arrivé, par exemple, pour une "aile en retour", sans doute au début du XVIIIème siècle. D'autre part, il est arrivé que la foudre tombât sur ces vieilles pierres, y compris quand un locataire aux préoccupations principalement agricoles et peu scrupuleux entreposait des fagots dans leurs combles : on a vu le résultat, le logis ayant par exemple perdu en une telle occasion une soixantaine de centimètres de sa hauteur. Un tel résumé de l'histoire des constructions-destructions des bâtiments explique qu'il n'y apparaisse guère possible d'y mener une analyse dendrochronologique qui eût paru intéressante, au moins dans son principe. Mais il reste diverses pierres lourdes de sens, comme, par exemple, les fondations des deux tours flanquant ce logis ou bien des pierres sculptées qu'on a eu l'occasion de retrouver lors de la campagne de restauration en cours (bien que freinée, hélas, du moins tant que la manne du "projet MORIN" n'aura pu l'irriguer de sa bienveillance légitime). J'abrège par crainte de lasser.

Donc vous voyez, cher professeur, cher Jean-Philippe, il existe encore beaucoup de choses passionnantes à raconter sur l'ancienneté de la famille LEDIN et j'ose espérer que, stimulé par les éléments de fait que je viens de rappeler si sommairement, vous-même ou tout autre érudit aura à cœur ("Coeur de la Chaslerie", astuce) d'explorer plus complètement la matière.

Bien cordialement,

PPF

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De : Jean-Philippe CORMIER
Envoyé : dimanche 9 avril 2023 22:29
À : Pierre-Paul Fourcade <penadomf@msn.com>; Membres du bureau de "La SVAADE"
Cc : C. F. ; Bernard DAVY ; Jean Paul LEROY-TULLIE
Objet : RE: A propos du "domfrontais médiéval"...

Ma messagerie m'envoie une indication peu claire comme quoi ma réponse n'aurait peut-être pas été transmise. Je réitère donc et vous prie de bien vouloir m'excuser si vous avez reçu deux fois de suite le même message (mais celui-ci est heureusement corrigé des fautes de frappe qui entachaient la première version).

Cher Monsieur Fourcade,

in cauda venenum (il m'arrive aussi de recourir à ma teinture de latin).
La constance des efforts dont vous faites preuve pour restaurer le manoir de la Chaslerie, le promouvoir et y développer des spectacles culturels de qualité est éminemment louable et nous vous en félicitons. Cela ne nous autorise cependant pas à manipuler l'histoire à notre gré.

Faisant preuve d'une infinie patience, je vais rappeler les éléments suivants :

nulle part, dans aucun des centaines de documents médiévaux que j'ai pu consulter, lire et analyser sur Domfront et ses environs, il n'est question d'un fief de la Saucerie avant l'extrême fin du XVIe siècle (à la différence de La Saucerie, Montchauveau, La Ferrière, Quincé, etc.). Même l'hypothèse d'un fief tenu de l'abbaye de Lonlay et non du pouvoir châtelain ne peut être attestée
de même, la fonction de "gouverneur de Domfront" n'existe pas avant le XVIe siècle. Il est donc impossible de l'attribuer au prétendu Pierre Ier Ledin
le vitrail "de la chapelle du château" n'est pas mentionné avant le XVIIe siècle ; il ne représente pas plus que cela les armoiries de Domfront, qui, si on les connait, doivent plutôt être celles, à l'époque de la guerre de Cent ans (je ne m'avancerais pas avant) qui figurent sur le sceau des obligations de la vicomté, en 1449 (article dans le Domfrontais médiéval 16 et image en couverture)
pour ce qui est des Ledin, on ne peut que reprendre ce qu'en dit F. MAUGER (Une vicomté normande à l'aube des temps modernes (1450-1525), Domfront, Le Pays Bas-normand, 2010, p.18) :
Les érudits locaux, afin de combler à bon compte le vide documentaire sur cette période, ont accrédité les assertions fantaisistes de la généalogie des Ledin de la Chaslerie, notamment l'existence chimérique d'un Pierre Ledin "gouverneur de Domfront" qui, en remerciement de ses services, aurait reçu du comte d'Alençon, en 1382, l'autorisation de surcharger de son blason les armes de Domfront devant figurer sur la verrière de la chapelle Sainte-Catherine [du château]. Allégué par les Ledin comme preuve de ces dires devant les généalogistes du roi, le "procès-verbal disparu de la visite du château" avant sa destruction est un faux, comme l'est aussi le "gisant de Pierre Ledin de la Chaslerie", réalisé au XVIIe siècle avec un parti-pris d'archaïsme et placé dans l'église Notre-Dame-sur-l'Eau pour accréditer l'ancienneté du lignage. D'Hozier [le grand généalogiste du roi Louis XIV] ne s'y était d'ailleurs pas trompé, censurant sévèrement la fausse généalogie d'une famille locale qui, au vrai, m'émergea socialement que dans la seconde moitié du XVIe par la ministérialité, un heureux mariage et l'acquisition d'offices comptables.
J'ajoute que, ayant vu personnellement les "Carrés d'Hozier" à la Bnf, j'ai pu y lire que d'Hozier qualifiait de "monstrueuses chimères" les assertions des Ledin.
et que dans sa monumentale thèse sur l'apanage d'Alençon, malgré des recherches prosopographiques poussées, le même F. Mauger n'a pas rencontré de Ledin, ni parmi les détenteurs d'offices dans la vicomté de Domfront, ni, évidemment, dans l'entourage princier, au sein de leurs hôtels ou parmi les officiers des organes centraux de l'apanage, et ce au moins jusqu'en 1525, terme de son étude.

Le manoir de la Chaslerie a du cachet, il est beau, il est patiemment restauré. Il n'est nul besoin d'imiter l'attitude de ses seigneurs à l'époque moderne, pour lesquels il n'était de bonne noblesse qu'immémoriale et qui ont eu le souci de faire remonter leur noblesse aux temps les plus anciens qu'ils le purent. Ils ne furent d'ailleurs pas les seuls : les Achard et les La Ferrière firent de même à la même époque.

Vous me qualifiez aimablement de bon historien ; il me plait de vous suivre sur ce point. Alors croyez-moi, croyez F. Mauger et si cela ne suffit pas, croyez d'Hozier lui-même, qui devait bien connaître la question, mieux que nous-mêmes.

En espérant que le printemps apaisera nos passions érudites,

J-Ph CORMIER
ARCD


J-Ph CORMIER

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De : Jean-Philippe CORMIER
Envoyé : dimanche 9 avril 2023 20:58
À : Pierre-Paul Fourcade <penadomf@msn.com>; Membres du bureau de "La SVAADE"
Cc : C. F. ; Bernard DAVY ; Jean Paul LEROY-TULLIE
Objet : RE: A propos du "domfrontais médiéval"...

Cher Monsieur Fourcade,

in cauda venenum (il m'arrive aussi de recourir à ma teinture de latin).
La constance des efforts dont vous faites preuve pour restaurer le manoir de la Chaslerie, le promouvoir et y développer des spectacles culturels de qualité est éminemment louable et nous vous en félicitons. Cela ne nous autorise cependant pas à manipuler l'histoire à notre gré.

Faisant preuve d'une infinie patience, je vais rappeler les éléments suivants :

- nulle part, dans aucun des centaines de documents médiévaux que j'ai pu consulter, lire et analyser sur Domfront et ses environs, il n'est question d'un fief de la Saucerie avant l'extrême fin du XVIe siècle (à la différence de La Saucerie, Montchauveau, La Ferrière, Quincé, etc.). Même l'hypothèse d'un fief tenu de l'abbaye de Lonlay et non du pouvoir châtelain ne peut être attestée
- de même, la fonction de "gouverneur de Domfront" n'existe pas avant le XVIe siècle. Il est donc impossible de l'attribuer au prétendu Pierre Ier Ledin
- le vitrail "de la chapelle du château" n'est pas mentionné avant le XVIIe siècle ; il ne représente pas plus que cela les armoiries de Domfront, qui, si on les connait, doivent plutôt être celles, à l'époque de la guerre de Cent ans (je ne m'avancerais pas vant) qui figurent sur le sceau des obligations de la vicomté, en 1449 (article dans le Domfrontais médiéval 16 et image en couverture)
- pour ce qui est des Ledin, on ne peut que reprendre ce qu'en dit F. MAUGER (Une vicomté normande à l'aube des temps modernes (1450-1525), Domfront, Le Pays Bas-normand, 2010, p.18) :
x Les érudits locaux, afin de combler à bon compte le vide documentaire sur cette période, ont accrédité les assertions fantaisistes de la généalogie des Ledin de la Chaslerie, notamment l'existence chimérique d'un Pierre Ledin"gouverneur de Domfront" qui, en remerciement de ses services, aurait reçu du comte d'Alençon, en 1382, l'autorisation de surcharger de son blason les armes de Domfront devant figurer sur la verrière de la chapelle Sainte-Catherine [du château]. Allégué par les Ledin comme preuve de ces dires devant les généalogistes du roi, le "procès-verbal disparu de la visite du château" avant sa destruction est un faux, comme l'est aussi le "gisant de Pierre Ledin de la Chaslerie", réalisé au XVIIe siècle avec un parti-pris d'archaïsme et placé dans l'église Notre-Dame-sur-l'Eau pour accréditer l'ancienneté du lignage. D'Hozier [le grand généaliste du roi Louis XIV] ne s'y était d'ailleurs pas trompé, censurant sévèrement la fausse généalogie d'une famille locale qui, au vrai, m'émergea socialement que dans la seconde moitié du XVIe par la ministérialité, un heureux mariage et l'acquisition d'offices comptables.
J'ajoute que, ayant vu personnellement les "Carrés d'Hozier" à la Bnf, j'ai pu y lire que d'Hozier qualifiait de "monstrueuses chimères" les assertions des Ledin.
J'ajoute que dans sa monumentale thèse sur l'apanage d'Alençon, malgré des recherches prosopographiques poussées, le même F. Mauger n'a pas rencontré de Ledin, ni parmi les détenteurs d'offices dans la vicomté de Domfront, ni, évidemment, dans l'entourage princier, au sein de leurs hôtels ou parmi les officiers des organes centraux de l'apanage, et ce au moisn jusqu'en 1525, terme de son étude.

Le manoir de la Chaslerie a du cachet, il est beau, il est patiemment restauré. Il n'est nul besoin d'imiter l'attitude de ses seigneurs à l'époque moderne, pour lesquels il n'était de bonne noblesse qu'immémoriale et qui ont eu le souci de faire remonter leur noblesse aux temps les plus anciens qu'ils le purent. Ils ne furent d'ailleurs pas les seuls : les Achard et les La Ferrière firent de même à la même époque.

Vous me qualifiez aimablement de bon historien ; il me plaît de vous suivre sur ce point. Alors croyez-moi, croyez F. Mauger et si cela ne suffit pas, croyez d'Hozier lui-même, qui devait bien connaître la question, mieux que nous-même.

En espérant que le printemps apaisera nos passions érudites,

J-Ph CORMIER
ARCD

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De : Pierre-Paul Fourcade <penadomf@msn.com>
Envoyé : dimanche 9 avril 2023 18:14
À : Membres du bureau de "La SVAADE" ; C. F. ; Jean-Philippe CORMIER ; Bernard DAVY ; Jean Paul LEROY-TULLIE
Objet : A propos du "domfrontais médiéval"...

Chers amis,

Comme l'a dit le poète, "nulla dies sine linea" !

Bonne fête de Pâques si je ne vous l'ai déjà souhaitée !

Bien cordialement,

PPF

(Fin de citation)
Xavier MEYER, que j'en remercie, vient de me communiquer, sous la référence "Bulletin monumental - Société française d'archéologie - Google Livres", le lien d'une publication dont j'extrais le passage suivant :



Si mes souvenirs sont bons, ce BLANCHETIERE était un fonctionnaire de l'équipement qui consacrait ses loisirs à des recherches historiques.

Il cite CAILLEBOTTE, non sans signaler toutefois que certains documents-papier (comme on dirait aujourd'hui) étaient, au milieu du XIXème siècle, en risque de disparaître. Comprenne qui voudra !

Et que tous les érudits, locaux ou pas, auto-proclamés ou diplômés, qui ne semblent pas, du moins certains, avoir toujours pour méthode de travail de commencer par s'interroger sur la qualité des sources veuillent bien, pour une fois, suivre mon regard...
Anne d'Autriche reproche au maréchal de Bassompierre :

- N'avez-vous pas honte, à votre âge, de faire encore la cour aux jeunes femmes ? Regardez comme vos cheveux sont blancs...

- Je suis comme les poireaux : la tête blanche mais la queue verte.


N.D.L.R. : BASSOMPIERRE, apparenté aux LEDIN.

N.D.L.R. 2 (à 23 heures 30) : Où, deux jours après le sacre de King Charles III, l'on commence à comprendre certaines choses :

Ce voyage en Autriche était organisé pour le "Bottin Mondain" par Armand de FOUCAULT, remarquable par sa bonne humeur, sa décontraction, son aptitude à régler tous problèmes pratiques, ses contacts dans le Gotha, son érudition historique, sa culture artistique et son goût des exposés synthétiques et clairs, pour ne citer ici que ses qualités les plus évidentes.

J'avais souvent du mal à suivre le rythme et terminais les journées lessivé. Mais j'aurais grand plaisir, si je le peux toujours, à crapahuter derrière un tel guide à tout autre endroit où il peut témoigner de tant de savoir-faire, de l'Angleterre au Rajasthan en passant par l’Égypte.

P.S. (à 22 h 45) : Par courtoisie, j'ai signalé à Armand que je parlais de lui sur le site favori.

Et voici le dialogue qui s'en est suivi via "WhatsApp" :

Lui : Je ne savais pas que la Chaslerie était à vous !
Moi (pensant qu'il blaguait en citant ainsi la Chaslerie, comme si c'était un lieu connu de lui) : 😄
Lui (me transmettant les trois photos suivantes) : J'ai fait toute une étude sur les Foucault de Domfront qui je pense sont parents des nôtres dans l'Orne :


Moi : Alors j'ai envoyé mon emoji trop vite !
Le monde est petit !

Lui : Oui, c'est amusant ! Je viendrai vous voir !
Moi : Super ! On a même de quoi vous loger !
Lui : Avec grand plaisir, merci beaucoup !
Moi : De préférence avant octobre ou après avril, pour le chauffage...
Lui : Absolument ! Je vous préviendrai...
Moi : On vous attend !
Lui : Merci ! OK !!