Histoire des bâtiments de la Chaslerie

Bonsoir cher M. Jacques BROCHARD !

Je viens de retrouver le document qui provoqua votre émoi, et votre article mémorable du "Publicateur libre" (copié ici le 23 novembre dernier), à savoir l'extrait suivant du manuscrit que, dans les "Repères bibliographiques" de ce site, je désigne comme le "Manuscrit en dépôt de la mairie de La Haute Chapelle", rédigé de la main de Louis GRAVELLE, ancien instituteur à La Haute Chapelle.

Voici un extrait de ce manuscrit, et plus précisément de la retranscription qu'en fit faire Henri LEVEQUE au milieu du siècle dernier. Bien sûr, je suis désolé si ce document heurte une nouvelle fois votre bonne conscience. Remarquez bien les annotations au stylo rouge, portées en marge de cette pelure ; elles l'ont été par Henri LEVEQUE lui-même :

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Vous ne me croyez pas quand j'écris qu'Henri LEVEQUE eut en mains ce document et l'annota en rouge ?

En voici la preuve formelle, ce qui reste de la page 8 d'un autre passage de l'exemplaire d'Henri LEVEQUE une fois qu'il l'eut découpée pour en extraire la partie qui lui convenait, afin de tenter d'abaisser les LEDIN. Comparez donc l'extrait suivant de cette page 8 au brouillon du brillant discours que fit votre parent en 1956 devant les "archéologues" du Pays d'Auge : c'est la même frappe, les découpes du document se correspondent, de même que les annotations au stylo rouge :

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Il est heureux, cher M. Jacques BROCHARD, que nous dialoguions ainsi. Car vous allez certainement avoir à coeur de m'expliquer pourquoi votre cher parent, cette "grande figure du Domfrontais" comme vous l'appelez si finement, passa totalement sous silence, devant son auditoire de soi-disant "archéologues", les extraits suivants du même document :

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

La page suivante (page 5) manque à l'exemplaire d'Henri LEVEQUE, tel qu'il m'est parvenu. Voici toutefois la photocopie du texte correspondant, que j'ai faite en 1991 sur l'original du manuscrit, alors conservé à la mairie de La Haute Chapelle :

Photocopie du passage du manuscrit de Louis GRAVELLE correspondant à la page 5 de l'exemplaire d'Henri LEVEQUE.

Photocopie du passage du manuscrit de Louis GRAVELLE correspondant à la page 5 de l'exemplaire d'Henri LEVEQUE.

Photocopie du passage du manuscrit de Louis GRAVELLE correspondant à la page 5 de l'exemplaire d'Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

C'est ici que se situe le passage qu'Henri LEVEQUE a inséré dans son discours. Je vous renvoie donc à son brouillon pour que vous puissiez consulter ce passage, amplement "caviardé" par votre chère "grande figure".

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Pour conclure, cher M. Jacques BROCHARD, maintenant que je vous ai démontré, preuves en mains, comment Henri LEVEQUE "travaillait" les documents pour réécrire l'Histoire à sa façon, je voudrais bien savoir si vous oserez toujours parler, à son sujet, d'"intelligence des choses du passé".

Comme il commence à se faire tard ce soir, je vous laisse méditer ces faits précis, divulgués d'une façon qui, je l'espère, ne vous semblera plus cette fois-ci trop hâtive ni trop péremptoire.

Je lirai avec l'intérêt que vous imaginez votre réponse argumentée et vous adresse, en attendant, mon salut normand le plus goguenard.
Voici dans quel état Henri LEVEQUE, avocat parisien et conseiller général de l'Orne, dut trouver la Chaslerie lorsqu'à peu près à l'époque où je naissais, il hérita de sa tante Marie :

La Chaslerie à la fin de la première moitié du siècle dernier.

A l'évidence, cette propriété était alors "dans son jus" et il y avait un gros travail de remise en ordre à entreprendre.

Certainement, si l'électrification des campagnes avait déjà atteint la Chaslerie, de bonnes évacuations des eaux usées étaient à prévoir. On peut imaginer que le confort intérieur était des plus spartiates. Le colombier était encore, à la couverture récemment refaite près, dans son état du XVIIIème siècle, avec un logement sur les deux premiers niveaux et les trous de boulins dans les murs au-dessus de ce logement. L'écurie était encore utilisée comme telle. La tour Louis XIII venait de s'écrouler à la suite de trop longues négligences des propriétaires. Les portes de la cour étaient, l'une disparue, l'autre mal en point. L'enduit des murs du logis finissait de se décomposer par manque total de soins. Il y avait encore une mare dans l'avant-cour du manoir où plongeaient les canards, et un bâtiment en colombages, à côté de cette mare, où ferrer les chevaux. L'avenue arrivant du Tertre Linot s'incurvait devant la chapelle pour contourner la mare, ainsi que le pressoir.

Bref, un siècle et demi à peine après la vente de la Chaslerie comme Bien National, les nouveaux propriétaires n'avaient, à l'évidence, pas su se montrer à la hauteur de leur facile acquisition.

Le logis ayant brûlé une soixantaine d'années plus tôt, on peut comprendre qu'Henri LEVEQUE et son épouse jetèrent leur dévolu sur le colombier et l'écurie afin d'y implanter leur nouvelle résidence secondaire. Mais c'est la façon dont ce "chef d'orchestre" (comme il décrivait son rôle) conçut ce chantier et le mena à bien (si l'on peut dire...) qui pose encore problème. C'est ce que nous allons maintenant étudier, bien entendu pièces en mains.
Il fallait apparemment qu'Henri LEVEQUE soulignât, sur ses plans et sur sa correspondance, qu'il était conseiller général de l'Orne pour que ses projets abracadabrantesques de percement des façades de la Chaslerie eussent une chance de recevoir l'agrément de l'administration des affaires culturelles (ou de ce qui en tenait lieu, à l'époque). Mais qui oserait certifier que les passe-droits n'existent plus de nos jours ?

En tout cas, le "chef d'orchestre" savait mettre le paquet quand un projet lui tenait à cœur comme celui-ci. Voici le courrier qu'il adressa au président du conseil général de l'époque pour le convier à des agapes en vue de fêter le succès de son lobbying :

Lettre du 4 novembre 1952 d'Henri LEVEQUE au président du conseil général de l'époque.

Certes, sur le papier, son projet paraissait raisonnable. Cela prouve seulement que rien ne vaut un bon plan pour comprendre un "projet architectural".

14 octobre 1952, descriptif des travaux envisagés par Henri LEVEQUE sur le colombier et l'écurie de la Chaslerie, page 1.

14 octobre 1952, descriptif des travaux envisagés par Henri LEVEQUE sur le colombier et l'écurie de la Chaslerie, page 2.

14 octobre 1952, descriptif des travaux envisagés par Henri LEVEQUE sur le colombier et l'écurie de la Chaslerie, page 2.

Sur les plans, hélas, le projet se révélait plus problématique.

Les façades se retrouvaient percées de multiples ouvertures nouvelles, souvent mal dessinées ou mal positionnées :

- 2 au niveau du 1er étage de la façade Est du colombier, particulièrement ratées selon moi car trop proches des sablières et déséquilibrant cette façade :

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (le colombier percé de deux nouvelles fenêtres au 1er étage sur sa façade Est).

- 5 (excusez du peu !) sur la façade Est de l'écurie (au niveau du rez-de-chaussée) :

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (l'écurie percé de deux nouvelles portes et de trois nouvelles fenêtres sur sa façade Est).

- et encore 5 autres sur la façade Ouest :

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (le colombier percé de quatre nouvelles fenêtres et l'écurie d'une nouvelle sur leur façade Ouest).

Donc, au total, c'était rien de moins que 12 nouvelles ouvertures dont Henri LEVEQUE entendait affliger quelques mètres de façade de ces malheureux bâtiments !

Le projet était particulièrement bancal, ainsi que le démontrent, à elles seules, les implantations prévues pour les escaliers : un véritable plat de spaghettis, ça sort de partout, ça va n'importe où :

- dans la "salle à manger", un bizarre effet de seuil avec deux marches arrondies pour descendre et un escalier droit pour monter

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (le rez-de-chaussée).

- au niveau du 1er étage, un véritable dédale, absolument sans queue ni tête :

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (le 1er étage).

- au 2ème étage, un nouvel escalier coincé sous le brisis, donc peu praticable :

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (le 2ème étage).

Bref, ces plans étaient nullissimes, de quelque point de vue que l'on se place, celui du style comme celui du confort.

La réalité des travaux n'a pas tout à fait correspondu au projet... elle l'a encore dégradé. Ainsi :
- dans la salle à manger, les dalles de pierre prévues au sol ont été remplacées par des tomettes riquiquis, de surcroît jointoyées au ciment ; un mur prévu en pierres a été remplacé par une cloison de parpaings ;
- les fameux escaliers du genre spaghetti ont été fabriqués sur un modèle bas de gamme ;
- les salles d'eaux ont toutes été ratées, etc...

Mon problème est que tout cela semble tellement foireux qu'au bout de 20 ans de chantier à la Chaslerie, je ne sais toujours pas par quoi remplacer ces trucs, notamment pour ce qui concerne les escaliers. Pour les ouvertures, j'en ai pris mon parti ; ce serait d'ailleurs très difficile d'en reboucher car les cicatrices se verraient comme le nez au milieu de la figure.

Rappelez-moi ce qu'écrivait M. Jacques BROCHARD à propos de son illustre (?) parent ! Ah, oui, il vantait "son goût et son intelligence des choses du passé" !

Qui donc, dans les parages, savait que nous avions un voisin doté d'un tel sens de l'"understatement" ?

P.S. (du 26 juin 2020) : Lorsque j'ai rédigé ce message, il y a déjà 10 ans, j'avais omis de relever que tous les enduits intérieurs, qui devaient être réalisés en plâtre, l'avait été en ciment. Un ciment très dur, d'ailleurs.

Depuis lors, je me suis évertué à faire disparaître un maximum des traces du passage sur terre du père de mon vendeur. Par exception, j'ai conservé dans le colombier les quatre ouvertures percées au niveau du 2ème étage ; ce n'est pas la difficulté de dissimuler la cicatrice qui m'a finalement retenu, mais la prise en compte de la lumière qu'apportent ces percements audit étage (ma future "chambre des tourtereaux"). Il n'empêche que jamais je ne me serais permis des percements de cette taille et si carrés au ras des sablières. Et jamais, si j'avais été fonctionnaire de la D.R.A.C. (ou de ce qui en tenait lieu à l'époque), je n'aurais autorisé de telles incongruités.
Deux ans après le décès de sa mère, François LEVÊQUE écrivit au conservateur régional des monuments historiques pour présenter son programme de "remise en état" de la Chaslerie :

Lettre du 3 septembre 1972 de François LEVÊQUE, page 1.

Lettre du 3 septembre 1972 de François LEVÊQUE, page 2.

Comme cela avait déjà été le cas avec sa signature, je suis frappé par son écriture, si introvertie, si appliquée, que je trouve aux antipodes de celle de son père, qui me paraissait à la fois tonique et désordonnée (ne témoignait-elle pas, sous toutes réserves quant à mes aptitudes de graphologue, d'un tempérament, disons, de bon vivant, exubérant et peut-être même hâbleur ?).

Je n'ai retrouvé que deux factures qui corroborent plus ou moins ce courrier :

Facture du peintre en 1973.

Facture du charpentier-couvreur vers 1973, page 1.

Facture du charpentier-couvreur vers 1973, page 2.

A la lecture de ces documents, je comprends que c'est François LEVÊQUE qui fit restaurer le pavillon Louis XIII où se trouve mon bureau. Les tomettes en ont été choisies avec goût ; il y a là une boiserie sympathique, à défaut d'être parfaite, loin s'en faut. Mais c'est au niveau de la charpente que le choix du lamellé-collé, sans doute par souci d'économie, paraît le plus contestable. Et le granite qui fut sculpté pour servir de linteau à la lucarne Est n'est pas une réussite, même s'il est probable que les précédents propriétaires en étaient fiers (puisqu'il orne un article sur la Chaslerie dans un ouvrage paru, à leur époque, à la "Sélection du Reader's Digest", sous la référence donnée en "repères bibliographiques").

François LEVÊQUE partagea sans doute la décision du choix des coloris des menuiseries de l'ensemble des bâtiments et des carrelages du bâtiment Nord. Le blanc des fenêtres était une erreur (si j'en crois les propos d'un expert en la matière, Jean-Jacques ROUCHERAY, du château de Pont-Rilly, près de Valognes), d'ailleurs très répandue mais heureusement réversible. Le bleu méditerranéen (andalou ?) de l'entrée, de la cuisine et du cabinet de toilettes du bâtiment Nord ainsi que de la chambre du logis témoignait d'un goût qui n'est pas du tout le mien. J'ai donc fait sauter tout cela dès que j'ai pu, y compris au marteau-piqueur :

Septembre 1993, Sont-ce ces bleus qui me donnaient l'air morose, et même accablé, dans la cuisine du bâtiment Nord ?

Il est vraisemblable que l'intervention la moins heureuse, et de loin, de François LEVEQUE ait consisté dans l'aménagement du bâtiment Nord. Est-ce lui qui fut à l'origine du percement de toutes les horribles fenêtres carrées que j'y ai connues ? Certes, elles donnaient de la lumière à l'intérieur du bâtiment, mais quel désastre pour les façades, notamment celle sur cour. Comme l'on sait, j'ai cherché à corriger ce que j'ai trouvé, et cela n'a pas été facile. Mais le plus problématique était à l'intérieur de ce bâtiment : selon moi, c'était particulièrement mal conçu et mal réalisé ; j'ai donc estimé devoir tout reprendre, presqu'à zéro. (Je dis presque car, parfois, je me demande si je n'aurais pas dû supprimer l'ancien plancher en béton du cabinet de toilettes du premier étage, ou bien déplacer vers le logis la porte d'entrée de ce bâtiment Nord ; mais ceci est une autre histoire, dont je reparlerai peut-être plus tard) :

14 mai 2008, grand nettoyage de printemps en cours dans le bâtiment Nord !

De François LEVEQUE, je pense ne disposer d'aucune photo. Est-ce lui, toutefois, qu'on aperçoit dans la cour, vers le milieu des années 1970, alors qu'il était peut-être encore en bonne santé et fier de sa Chaslerie ?

vue de la cour de la Chaslerie, sans doute au milieu des années 1970.

On sait qu'Henri LEVEQUE, conseiller général de l'Orne, fit redresser l'arrivée de l'avenue sur le manoir. Il fit même goudronner les premières centaines de mètres de cette avenue.

Je serais curieux de retrouver trace des factures et des paiements correspondants car la réalisation, de très médiocre qualité, n'a pas résisté au temps. Il vaudrait donc mieux qu'à l'occasion, j'évite de m'adresser au même fournisseur.

Et, tant qu'on y est, passant ô combien innocemment du coq à l'âne, j'aimerais aussi découvrir si Henri LEVEQUE était membre d'une commission du conseil général qui engageait des dépenses de travaux publics...
Dans mon second message du 21 novembre dernier sous cet onglet, j'ai relevé, dans un "inventaire révolutionnaire" de la Chalerie (le troisième cité là), la mention de l'existence d'un ancien étang à l'Est du manoir. Bien sûr, cette information m'intéresse car j'y vois, entre autres, une justification de l'existence des douves de la Chaslerie et, en particulier, du mur d'escarpe. Or l'on sait que j'envisage (à un horizon encore indéfini) de restaurer ces douves et ce mur.

D'après la conformation du terrain, je comprends que cet étang devait avoir au moins 500 mètres de diamètre et se situer, "grosso modo", entre la Chaslerie, la Josselinière et la Thierrière. A cet endroit, le terrain demeure en effet quelque peu marécageux et les joncs se plaisent manifestement.

Je recherche donc toute information relative à cet ancien étang. Voici ce que j'ai trouvé dans le cahier de Jean DURAND de SAINT FRONT, conservé aux archives départementales de l'Orne. Ces documents sont tirés de la retranscription du chartrier de la Chaslerie : [img:700]2010_12_01_25 - Copieb.jpg, 1ère page du cahier de Jean DURAND de SAINT FRONT.[/img]La 17ème liasse de cet inventaire est relative aux servitudes d'eau entre la Chaslerie, la Renaudière et la Thierrière. On serait donc là assez près de notre sujet...[img:700]2010_12_01_37 - Copie.jpg,Le contenu de la 17ème liasse de l'inventaire des biens du dernier LEDIN.[/img]Les 31ème et 33ème liasses paraissent également traiter de questions analogues au même endroit :[img:700]2010_12_01_41 - Copieb.jpg[/img][img:700]2010_12_01_42 - Copie.jpg[/img]Il est regrettable que les originaux de ces documents aient été dispersés, depuis près de deux siècles, par de prétendus érudits locaux et des marchands de vieux papiers. Mais on ne sait jamais, il ne faut pas perdre l'espoir de les voir réapparaître un jour...
Voici quelques vues de l'histoire de la grange de la ferme (j'utilise l'article défini singulier comme s'il n'y en avait jamais eu qu'une ; en réalité, il y en a eu au moins trois, dont le plan cadastral en vigueur avant celui issu du dernier remembrement porte témoignage ; mais, deux de ces trois granges avaient déjà été démontées il y a 20 ans, lorsque j'ai découvert la Chaslerie, et elles n'ont jamais été remontées depuis).

D'abord, deux photos de 1997 montrant l'état de la grange quand je l'ai achetée avec la ferme, l'une prise de l'Ouest-Nord-Ouest...

Avril 1997, la grange de la ferme avant restauration.

... l'autre du Sud-Ouest :

Avril 1997, la grange de la ferme avant restauration.

Ensuite, une photo postérieure à la restauration, en 1998, par Roland BOUSSIN :

9 juin 1998, la grange de la ferme après restauration, vue de l'Est-Sud-Est.

Enfin, deux vues consécutives à la tempête de 1999, la première prise du Nord-Est...

27 décembre 1999, la grange de la ferme juste après la tempête.

...la seconde, de l'Ouest-Nord-Ouest :

27 décembre 1999, la grange après la tempête.

Devant ces dernières photos, on comprend sans doute que je ne souhaite plus exposer l'ouverture de la future grange aux vents dominants et que j'envisage, avant de remonter éventuellement cette dépendance au même endroit, une rotation d'un quart de tour dans le sens des aiguilles d'un montre...
J'ai retrouvé des photos des deux dépendances de la ferme, deux autres granges, qui ont dû être démontées voici 25 ans environ, à l'initiative sans doute des précédents propriétaires de la ferme, les VANNIER.

C'étaient des granges du modèle traditionnel dans le Domfrontais, avec un soubassement de pierres et des murs à colombage en torchis. L'une était située au Sud de la ferme, et même au Sud de la mare que j'ai fait combler, sur un terrain qui appartient actuellement au fonds VINCENT :

La grange Sud de la ferme vers 1985 ; au premier plan, assis en tenue Adidas, M. VANNIER.

A l'arrière-plan de cette première photo, on aperçoit la 3ème grange de la ferme, celle que j'avais fait restaurer mais que la tempête de 1999 a ruinée.

La grange Sud de la ferme était un bâtiment profond.

La deuxième, implantée à l'Est de la ferme, là où se trouve aujourd'hui le gadage, était d'un modèle moins imposant :

L'ancienne grange Est de la ferme.

Je ne sais quand ces granges avaient pu être édifiées, sans doute dans le courant du XIXème siècle.

Alors que les bâtiments de pierres de la Chaslerie respectent un plan-masse à angles droits, les granges paraissent avoir été positionnées au petit bonheur la chance, sans que l'on comprenne la logique de leurs implantations.
Je m'aperçois que cet onglet "Journal du chantier" est mal dénommé puisque j'ai pris l'habitude d'y montrer également d'anciennes vues de la Chaslerie ou encore mes projets de restauration, même quand ils en sont à un stade très préliminaire.

Quoi qu'il en soit, le présent message porte sur les anciennes dépendances du manoir, du moins celles dont j'ai connaissance, qui ont été démontées par mes prédécesseurs ou moi-même et que je n'envisage pas de restaurer.

Dans l'avant-cour du manoir, il y avait, m'a-t-on dit, une forge qui servait à ferrer les chevaux. Le fait est que, lorsque j'ai acheté la Chaslerie, nombre de fers à cheval étaient fichés dans ses murs, peut-être pour servir de tuteurs à des plantes grimpantes disparues. La forge, dont on aperçoit juste un bout de pignon sur la carte postale suivante, jouxtait une mare :

Aperçu de l'ancienne forge dans l'avant-cour.

L'étendue de la mare variait bien sûr selon les saisons. Au Nord de l'avant-cour, un édicule servait sans doute de toilettes et je n'ose imaginer où coulaient les eaux usées :

L'ancienne mare de l'avant-cour.

En tout cas, cette mare n'a pas résisté aux travaux entrepris par Henri LEVEQUE au milieu du XXème siècle, pour extraire la Chaslerie de sa gangue de crasse et commencer à lui donner l'allure d'une belle résidence secondaire :

L'avant-cour vers 1960.

Au fond de la cour, côté Nord-Ouest, les clapiers pour les lapins ont longtemps été mieux entretenus que la tour Louis XIII...

Les clapiers de la cour avant l'effondrement de la tour Louis XIII.

... comme la photo suivante le démontre :

Les clapiers de la cour ont survécu à la tour Louis XIII.

Apparemment, il y avait d'autres clapiers côté Nord-Est ; on note également l'existence d'une construction de bois à l'intérieur de la même cour mais du côté Sud et qui condamnait la porte piétonnière :

D'autres constructions précaires dans la cour.

Dans l'arrière-cour, il y avait, en juin 1991, lorsque j'ai acheté la Chaslerie, une ancienne porcherie à colombage et qui était alors utilisée comme bûcher. On la voit à gauche de la photo suivante, devant le fournil du manoir, tel qu'il se présentait alors. Cette photo a été prise juste après que j'ai fait arracher les ronces qui obstruaient toute l'arrière-cour. A noter qu'un goupil nichait là, qui a détalé définitivement dès qu'il a aperçu les nouveaux propriétaires...

Juillet 1991, l'arrière-cour du manoir débarrassée de ses ronces.

A la même époque, il y avait, à l'extérieur de la cour, le long de l'écurie, une sorte d'abri où étaient entreposés un escalier démonté, des poutres et diverses horreurs ; on pourra remarquer l'état d'entretien de la végétation dans lequel nous avons trouvé les abords immédiats du manoir ; bien sûr, un poteau électrique, parallèle à une cheminée, ne manquait pas d'agrémenter l'ensemble...

Juin 1991, un capharnaüm le long de l'écurie.

Avec tous ces bâtiments annexes, j'imagine que le lecteur commence à s'y perdre. Donc récapitulons :
- dans l'avant-cour, l'ancienne forge et l'édicule,
- dans la cour, deux séries de clapiers et une construction précaire,
- dans l'arrière-cour, un bûcher,
- le long de l'écurie, un abri.
Soit 7 constructions qui ont désormais disparu.

On n'oublie pas les 3 granges de la ferme évoquées dans mes deux précédents messages. La suite de la description, car ce n'est pas fini, viendra dans le suivant.
Chaque fois que je regarde d'anciennes photos de la Chaslerie, je me dis qu'il fallait être fou pour se lancer dans sa restauration il y a 20 ans.

Revenons en effet sur l'exemple du bûcher de l'arrière-cour et jetons un coup d'œil sur les photos que j'en ai prises avant son démontage.

La première que je conserve est juste consécutive au débroussaillage de juillet 1991 :

Août 1991, le bûcher débarrassé des ronces qui empêchaient de le voir.

La photo suivante atteste que son état était irrattrapable, tant les pièces de bois étaient abîmées, de même que les soubassements, les sablières ou les pannes ; seules les bûches qu'il abritait le maintenaient encore debout :

Mars 1993, le bûcher en cours de démontage.

Rapidement, la place fut nettoyée :

2 avril 1993, le bûcher est démonté.

A cette époque, le fournil du manoir avait été sauvé. Mais alors, le mur entre le manoir et le fournil appelait des soins urgents...

2 avril 1993, l'état de l'arrière-cour après le sauvetage du fournil.

Poursuivons notre promenade parmi les anciennes dépendances aujourd'hui disparues.

Il y avait ainsi, à gauche de l'allée qui descend de la D 22, une grange qui avait été construite en trois morceaux, à trois époques différentes sans doute (au moins deux). La photo suivante, prise de l'arrière-cour et où l'on aperçoit Walter (à droite, à côté de son cousin William), permet de comprendre où elle se trouvait :

Juillet 1991, Walter et William explorent la Chaslerie, alors en cours de débroussaillage.

Si l'on préfère, voici une autre idée de son emplacement :

30 janvier 1993, vue de l'arrière-cour vers la ferme.

Sur la photo précédente, on reconnaît à gauche la tour Louis XIII, à droite le bûcher désormais démonté ; on aperçoit aussi dans le lointain la grange de la ferme qui a été détruite par la tempête de 1999.

La grange en trois tronçons que nous évoquons n'était pas laide, de prime abord :

Juillet 1991, la grange en trois tronçons, telle que je l'ai connue.

Mais le tronçon de gauche était totalement vermoulu, donc dangereux, et il fallut vite l'éliminer :

Juillet 1991, très vite un tiers de cette grange fut démonté.

En réalité, cette grange était inrestaurable ainsi qu'en témoigne aussi la photo suivante :

28 février 1993, la grange en trois (deux) tronçons sous la neige.

Elle fut donc démontée :

2 avril 1993, la grange en trois (deux) tronçons entièrement démontée.

Quelques années plus tard, les terrassiers effacèrent même toute trace du terre-plein où cette grange avait un jour été bâtie :

22 novembre 1997, toute trace de la grange en trois tronçons a désormais disparu.

Ce message et le suivant seront consacrés à deux dépendances que, par exception avec une grange de la ferme, j'ai choisi de restaurer. Il s'agit aujourd'hui de deux dépendances de la cave, son appentis et l'abri de jardin que j'appelle la "maison de Toutou". A l'origine en effet, cette "maison de Toutou" était une dépendance de la ferme.

Commençons par l'appentis de la cave. Voici un peu plus de 20 ans, c'était un poulailler qui avait été édifié sommairement contre le pignon Ouest de ce bâtiment. On l'aperçoit au fond de la photo suivante, émergeant difficilement des ronces qui avaient colonisé le terrain qui me fut vendu en 1991 ; au premier plan, l'herbe est coupée normalement : en effet, ce terrain-ci appartenait alors aux VANNIER et non aux LEVEQUE...

Avant 1991, aperçu du poulailler jouxtant la cave.

Dès 1991, je fis démonter ce poulailler qui avait été bricolé là de façon ingénieuse puisqu'il était possible d'envoyer des graines aux poules sans sortir de la cave :

Juillet 1998, vue du pignon Ouest de la cave après le démontage du poulailler et juste avant les premiers travaux de l'appentis.

Les fondations de béton du nouvel appentis furent coulées en juillet 1998 :

Juillet 1998, les fondations de l'appentis de la cave.

Puis le maçon d'alors et son employé commencèrent à édifier les soubassements...

9 juillet 1998, le soubassement de l'appentis de la cave en cours de remontage.

... avant d'interrompre leur ouvrage pour permettre au charpentier-couvreur d'intervenir...

24 juillet 1998, les soubassements de l'appentis de la cave en attente de l'intervention du charpentier.

... ce qui fut fait dans les mois suivants :

19 novembre 1998, l'entreprise BOUSSIN à l’œuvre sur l'appentis de la cave.

Fin 2009, le bois des colombes fut enfin protégé des intempéries :

13 octobre 2009, l'entreprise DUBOURG de Flers en train de lasurer les colombes de l'appentis de la cave.

A ce jour, il a enfin été porté remède aux infiltrations d'eau qui, depuis plus de 10 ans, pénétraient dans cet appentis tous les hivers. On sait en effet que Pascal a drainé la cave et son appentis à l'automne dernier (il en a été rendu compte sous cet onglet). Ce n'était certes pas du luxe :

19 mars 1999, infiltrations d'eau dans l'appentis de la cave.

On sait également qu'il reste à poser prioritairement du torchis entre les pièces de bois de cet appentis avant qu'enfin il soit hors d'eaux. A terme, cette dépendance devrait abriter la chaufferie de la cave et son électro-ménager bruyant ou volumineux. Du moins, si Thibaud prend effectivement mon relais, ce qui reste à voir.

Voici en tout cas l'une des dernières photos de cet appentis :[img:700]2010_08_10_04 - Copie - Copie.jpg,10 août 2010, l'appentis de la cave dans son état juste avant le drainage.[/img]
Examinons maintenant comment a été restaurée, à ce stade, la "maison de Toutou", cette nouvelle dépendance de la cave.

A l'origine, cette construction se trouvait à l'angle Nord-Est de la parcelle de la ferme...

30 janvier 1993, la "maison de Toutou" devant la ferme.

... où elle servait d'abri aux moutons de mes voisins Jean-Paul et Christine VANNIER :

8 juillet 1998, la "maison de Toutou" devant la ferme.

Dès mon achat de la ferme, en 1993, je fus convaincu de l'impossibilité de la restaurer sur place mais aussi de l'opportunité de la transplanter à côté de la cave. Il fallut donc la démonter :

9 juillet 1998, démontage de l'ancienne "maison de Toutou".

Nous eûmes ainsi confirmation qu'il n'y avait rien à récupérer...

10 juillet 1998, suite du démontage de l'ancienne "maison de Toutou".

... de sorte qu'elle fut finalement rasée :

18 juillet 1998, fin du démontage de l'ancienne "maison de Toutou".

Avec l'accord de l'administration des affaires culturelles, j'entrepris de la rebâtir une centaine de mètres plus au Sud. Le maçon auquel je recourais alors creusa des fossés pour les fondations du nouvel édicule...

24 juillet 1998, le tracé des fondations de la nouvelle "maison de Toutou".

... mais choisit ce moment pour disparaître définitivement du chantier. Roland BOUSSIN ne voulut pas attendre que je lui trouve un successeur, donc que les soubassements soient réalisés, avant de me livrer la superstructure :

11 mars 1999, la superstructure de la nouvelle "maison de Toutou".

Il me poussa donc à prendre le risque d'une installation on ne peut plus précaire :

19 mars 1999, la superstructure de la future "maison de Toutou" en équilibre précaire.

La tempête de 1999, quelques mois plus tard, démontra que le pari avait été mauvais. Elle prouva également que le travail de Roland BOUSSIN avait été là de médiocre qualité, puisqu'au lieu de cheviller les pièces de bois, il s'était bien trop souvent contenté de les clouer. Bref, la tempête ravagea l'édicule :

27 décembre 1999, juste après la tempête...

Inutile de préciser que je ne félicitai pas Roland BOUSSIN. Le recrutement d'un maçon salarié permit, avec plusieurs années de retard, de régler la question des soubassements :

13 juillet 2009, Roland BOUSSIN en train de réparer la couverture de la "future maison de Toutou".

Je fis appel à un charpentier tiers pour reprendre convenablement les pièces de bois, cette fois en les chevillant :

19 février 2010, Hervé BESNIER au travail.

Pour conclure, je précise qu'après que je lui ai battu froid pendant quelque temps, je me suis réconclilié avec Roland BOUSSIN. Il est maintenant convaincu qu'à la Chaslerie, on ne cherche pas à réaliser des décors de théâtre mais des constructions solides et traditionnelles. La leçon n'a donc pas été perdue, je pense.

Comme sur l'appentis de la cave, il reste à poser le torchis entre les pièces de bois. Mais il faudrait également penser vite à la porte et aux deux fenêtres de ce petit abri de jardin, désormais drainé comme l'on sait.
Terminons-en avec cette promenade parmi les anciennes dépendances de la Chaslerie, ici celles de la ferme. En ce qui concerne ces dernières, nous avons déjà évoqué les trois granges (dans des messages, sous cet onglet, en dates des 31 décembre et 2 janvier derniers) ainsi que le garage (dans un message du 3 octobre dernier ; j'ai alors expliqué pourquoi j'avais supprimé cette adjonction de parpaings et de schingle). De même, depuis le 6 février 2010, j'ai rendu compte ici de la restauration des maçonneries du fournil de la ferme ; comme Roland BOUSSIN m'a promis d'en reposer la charpente dès ce mois-ci, on reparlera très prochainement de ce bâtiment.

Pour que le tour soit complet, il me reste à évoquer les trois anciens poulaillers de la ferme. Ils étaient contigus et avaient été implantés au Sud et à proximité immédiate de ce bâtiment. Voici comment ils se présentaient vus du Sud-Ouest :

Septembre 1993, les poulaillers de la fermes, vus du Sud-Ouest.

et les voici vus du Sud-Est (avec, au premier plan, le fournil dans l'état qui était le sien avant le début de la restauration en cours) :

2 mai 1998, les poulaillers de la ferme derrière le fournil, vus du Sud-Est.

Ils furent démontés en 1999...

Juin 1999, début du démontage des poulaillers.

ce qui fit vite apparaître que rien ne pouvait en être conservé :

Juin 1999, démontage des trois poulaillers.

Juin 1999, démontage des trois poulaillers.

Juin 1999, démontage des trois poulaillers.

Pour finir cette promenade, récapitulons ce que nous avons vu ici depuis le 29 décembre 2010 :

- dans la cour et à proximité immédiate du manoir, 7 dépendances aujourd'hui démontées et que je n'envisage pas de remonter après restauration ;

- dans la descente de la départementale au manoir, une grange en trois tronçons, démontée et que je ne remonterai pas davantage ;

- à proximité de la cave, deux dépendances, un poulailler devenu appentis et la "maison de Toutou" déplacée de la ferme, tous deux en cours de restauration ;

- à proximité de la ferme, trois granges désormais démontées (dont l'une dont je n'exclus pas une prochaine seconde restauration après que la tempête de 1999 l'a abattue), un garage supprimé, trois poulaillers démontés et un fournil en cours de restauration.

Au total, ceci représentait donc, dans l'environnement immédiat du manoir, 18 dépendances construites légèrement. Seules 3 ou 4 seront donc conservées au terme de la campagne de restauration en cours. Pour bien faire, j'aurais dû citer également les vestiges d'un fournil à proximité de la cave (dont les dernières traces ont disparu lors du débroussaillage de l'été 1991) et, à 500 mètres au Sud du manoir, une dernière grange qui ne tient plus debout que grâce aux bûches qu'elle abrite et que je devrais démonter si j'entends poursuivre l'exploitation de l'ancienne carrière qui se trouve là. Cela fait donc un total général de 20 constructions légères.

Certes, toutes ces anciennes dépendances étaient disparates dans leurs formes ou leurs usages mais elles arrivaient encore, malgré le poids des ans et leur décrépitude avancée, à démontrer le charme de volumes très simples, même bricolés, dès lors qu'ils avaient été bâtis avec des matériaux du terroir, grès, chêne, torchis et tuiles.

A l'époque en effet, les Lafarge, Saint Gobain, Lapeyre et autres multinationales de la laideur n'avaient pas encore atteint nos campagnes ni poussé au hideux champignonnage de lotissements vulgairement disparates qui tendent à envahir artificiellement des pans entiers de l'horizon. Mais on a compris que ceci est une autre histoire...
Profitant d'une insomnie, j'ai voulu lire le début de la dernière publication du "Pays Bas-Normand", association d'érudits locaux qui vient d'éditer le mémoire de maîtrise datant de 1993 de M. Franck MAUGER intitulé "Une vicomté normande à l'aube des temps modernes - Domfront (1450-1525)".

L'ouvrage est volumineux (384 pages) et la couverture est ornée de la reproduction d'une magnifique tapisserie que j'ignorais et qui m'a mis en appétit ("tapisserie mille-fleurs aux armes de Jean de Daillon, seigneur du Lude, capitaine et gouverneur de Domfront de 1474 à 1483, Montacute House, Yeovil, Grande-Bretagne").

Tapisserie mille-fleurs aux armes de Jean de Daillon, seigneur du Lude, capitaine et gouverneur de Domfront de 1474 à 1483.

L'avant-propos et l'introduction générale sont plus facilement lisibles que je ne l'aurais craint, tant je redoute, d'expérience, la propension au verbiage auto-satisfait et parfaitement indigeste de trop nombreux érudits locaux. Je suis donc d'autant plus encouragé à poursuivre que j'ai aperçu, page 6, une remarque judicieuse sur la faiblesse des sources historiques sur la période qui m'intéresse en l'occurence, le début de la guerre de cent ans. Je cite ce passage, relatif à l'ouvrage de l'érudit local Georges LASSEUR, "Histoire de la ville de Domfront", publié en deux volumes dans les années 1940 : "L'ambition monographique qui était la sienne se heurtait à la discontinuité et à l'hétérogénéité du matériau historique. En cause, le sort tragique des archives de l'apanage d'Alençon tôt dispersées puis victimes du terrible incendie qui, en 1737, ravagea la Chambre des comptes du royaume. Bien peu de choses, donc (sic), au regard des belles séries documentaires éclairant l'époque de la tutelle artésienne (1291-1332) ou l'occupation anglaise des années 1418-1450."

La première partie du travail d'étudiant de M. MAUGER est intitulée "Bilan et séquelle d'un siècle de chaos", celui de la guerre de cent ans. J'ai donc voulu y lire les pages consacrées à la première occupation anglaise du Domfrontais et, bien entendu, y retrouver l'évocation, si possible, des premiers LEDIN. Pour ceci, je me suis concentré sur le premier chapitre de l'ouvrage, "Occurrences de guerre au pays bas-normand (1346-1450).", et notamment sur ses pages 13 à 19 illustrées par la carte suivante :

Carte extraite de la thèse de maîtrise de M. Franck MAUGER.

Cette carte témoigne d'une chevauchée anglo-navarraise qui "dévasta" l'abbaye de Lonlay. Or l'on se souvient qu'en termes de féodalité, les LEDIN avaient pour suzerain l'abbé de Lonlay.

M. MAUGER évoque "l'impérieuse Marie d'Espagne, veuve du comte d'Alençon Charles II" et l'on sait que les écrits de cette dernière sont muets sur la Chaslerie. Je me suis toujours demandé si ce silence tenait à la subordination de la Chaslerie à l'abbaye de Lonlay, fief qui devait échapper à l'emprise effective de Marie d'Espagne, ou bien s'il ne résultait pas de la destruction d'un ancien manoir de la Chaslerie aux prémices de la guerre de cent ans, comme j'ai pu l'imaginer en redécouvrant de vieilles pierres sculptées lors de mes propres travaux de restauration. Sur cette question où je l'attendais pour apprécier la finesse de son travail, M. MAUGER ne pipe mot.

M. MAUGER renvoie clairement aux tensions entre les maisons d'Espagne et d'Evreux-Navarre. Il cite le rôle de Godefroy d'HARCOURT en des termes que j'approuve ("parangon d'une conscience normande qui mobilisait bien davantage sur le terrain de l'hostilité à la fiscalité royale que sur les sentiments identitaires"), pour autant que je sois habilité à distribuer les bons et les mauvais points. Il cite (page 15) les événements de 1356 qui conduisirent à l'exécution sans jugement de deux grands barons normands, Jean d'HARCOURT et Jean MALLET de GRAVILLE dont j'ai plaisir à fréquenter des descendants (ou en tout cas des parents). Il écrit (page 15 également) que "l'abbaye de Lonlay est incendiée dans des circonstances qui nous échappent mais qui sont liées à la guerre." Enfin il évoque Bertrand du GUESCLIN (dont on a déjà rappelé ici les liens familiaux allégués avec les LEDIN) qui combattit dans le secteur en 1361 et 1362.

Et c'est là, page 18, à l'occasion d'une note en bas de page, la note (39), qu'à mes yeux l'étudiant caennais de 1993 tombe le masque, me semble-t-il. Il vient en effet d'écrire qu'à la suite de la chute de Mortain et de Tinchebray, "L'importance militaire de Domfront s'en trouvait par là-même renforcée. C'est dans ce contexte qu'il convient de replacer les travaux réalisés au château et aux fortifications urbaines, sur lesquels ne planent rien d'autres que de vagues traditions".

Mais, plutôt que de recopier le texte en question, je préfère mettre en ligne l'intégralité de cette page où de nouveaux détails fort intéressants sont d'ailleurs fournis sur la mansuétude dont a fait l'objet, à l'époque, l'abbaye de Lonlay :

Page 18 d'une thèse de maîtrise d'un étudiant caennais de 1993.

Et voici comment, sans aucune justification alléguée de première main mais en termes virulents qui tranchent avec le ton docte et pondéré adopté jusque là, un étudiant caennais de 1993 se serait fait l'écho des prétendus érudits locaux qui, depuis belle lurette, s'emploient à tenter de rabaisser les LEDIN, en déconnectant curieusement leur sort de celui de l'abbaye de Lonlay.

Tout cela me laisse sur ma faim.

Sur quoi se serait donc appuyé d'HOZIER, dont on nous rebat les oreilles au mépris des originaux à son timbre conservés aux Archives départementales de l'Orne, comme on l'a démontré ici ? Pourquoi, au lieu d'étayer une thèse négative qui, à ce jour, me semble gratuite, ne pas se souvenir, quand il s'agit des LEDIN, que "L'extrême dispersion des sources documentaires interdit toute prétention d'exhaustivité" ainsi que le rappelait, dans un scrupule tardif (page 363...) mais bienvenu l'encore jeune Franck MAUGER ? Est-ce parce que les LEDIN relevaient d'une autre suzeraineté que les tabellions domfrontais que leurs prétentions, légitimes ou non, étaient ainsi combattues ? Pourquoi la mansuétude démontrée en faveur de l'abbaye de Lonlay ne semble-t-elle pas avoir été étendue à tous ses vassaux ? Ou bien doit-on imaginer que l'incontestable ascension sociale des LEDIN suscitait de fréquentes poussées d'urticaire dans un microcosme domfrontais dont le moins que l'on puisse dire est que, pratiquement depuis le XIVème siècle, il observe sans réaction significative utile les manifestations de son lent mais sûr déclin ?

Je promets qu'un tel travail trouverait ici le retentissement qu'il mériterait assurément.
@ Guy HEDOUIN :

Erreur, mon cher Watson ! La trace du meneau vertical est en effet très visible sur l'une des fenêtres du salon qui donnent sur le Pournouët (donc à l'Est). Mais, si vous observez bien les photos, il y avait aussi un meneau horizontal, à environ un tiers de la hauteur de la fenêtre en partant du haut : il y a dans les chambranles, à ce niveau-là, deux petits granites qui se font face et qui corroborent mon interprétation. Voici la confirmation de ce que j'écris, sur une des fenêtres sur cour du salon :

5 mars 2011, les traces du meneau horizontal sur une fenêtre sur cour du salon.

Comme expliqué par ailleurs, je pense que ces meneaux ont été enlevés lors de l'instauration de "l'impôt sur les portes et fenêtres", à une époque encore troublée...

Je vois donc que vous n'avez pas encore décelé l'omission de mon précédent message. Rentrez donc vite de Lisieux, il va vous falloir étudier mieux le dossier !

P.S. : Un courriel de Guy HEDOUIN, postérieur à ce message, m'oblige à en corriger la forme : il n'y a en fait de meneaux que verticaux, les pierres horizontales s'appellent en réalité des croisillons. Dont acte, encore une chose que je devrais copier cent fois.

Guy HEDOUIN m'a transmis, sur le vocabulaire de l'architecture et sur les grilles anciennes, une intéressante documentation que je ne peux mettre en ligne car elle n'a pas le format toléré par ce site (soit "jpg" ou "JPG" d'après ce que m'a dit mon jeune webmaster).
Sous l'onglet "Journal du chantier", j'ai encore écrit récemment que la suppression des meneaux et croisillons aux fenêtres des manoirs datait de 1798.

J'ai néanmoins été pris d'un doute car, ici, plusieurs indices me donneraient à penser que cette suppression est antérieure au Directoire. Ces indices tiennent à l'histoire des propriétaires successifs de la Chaslerie et aux dates des travaux, telles qu'on peut les reconstituer.

J'ai donc téléphoné hier à Patrice CAHART pour connaître son avis.

Pour lui, l'impôt sur les portes et fenêtres n'a rien à voir avec la disparition des meneaux. Il pense que cette dernière est intervenue parce que telle était la mode, sans doute dans le courant du XVIIIème siècle.

C'est cette interprétation que je retiendrai dorénavant.
Bien entendu, on a compris qu'une piste de recherches sans doute fertiles sur GOUPIL serait d'examiner comment tant d'appartements de la rue de l'Alboni à Paris (c'est-à-dire du quartier chic du Trocadéro) ont pu échoir à tant de ses héritiers.

Une autre interrogation que soulèverait ma récente compilation de documents notariaux consisterait à se demander comment lesdits héritiers de GOUPIL ont réussi à s'y prendre pour dilapider si vite une telle fortune. C'est tout à fait étonnant, même si on en avait déjà eu un aperçu à la Chaslerie.

Une troisième idée amènerait à préciser, à partir des anciens cadastres, les variations dans le temps de la propriété des divers lots de la Chaslerie, compte tenu du bizarre partage entre deux mains du Bien National correspondant.

Et la liste de questions ne s'arrête certainement pas ici.

P.S. : Je signale au passage que les boiseries du salon du logis de la Chaslerie proviennent d'un des appartements de la rue de l'Alboni, de même que l'ancien parquet, plus collé que chevillé hélas, de type Versailles, qui se trouve désormais dans le salon de mon logement à Paris... non loin de la rue de l'Alboni. Dans le salon de la Chaslerie, le sol est donc recouvert depuis 20 ans de simples plaques d'aggloméré ciré, en attendant la restauration de cette pièce.
J'ai évoqué hier un visiteur des "Journées du patrimoine 2011" qui a eu l'obligeance de me communiquer des photocopies de deux séries de documents.

Je citerai en premier un extrait de l'"Armorial monumental de la Mayenne" par l'abbé A. ANGOT, paru en 1913 à Laval.

Cet ouvrage reproduit deux écus qui m'intéressent.

D'abord, bien sûr, celui de la taque de la salle-à-manger de la Chaslerie, aux armes des LEDIN. L'abbé ANGOT a aperçu la même taque chez un notaire à Lignières-la-Doucelle mais, malgré toute son érudition locale, n'a pas su l'identifier, ce qui montre sans doute la limite de ce type d'érudition :

Extrait de la page 260 de l'"Armorial monumental de la Mayenne" de l'abbé ANGOT, Laval, 1913.

Cette seconde taque aux armes des LEDIN avait donc abouti non loin de Carrouges, comme la première que nous avons trouvée à Rânes. Comme elle, elle ressemble beaucoup à une taque du logis de Sainte-Marie-la-Robert (ancienne propriété de Marc CHALUFOUR). Tout cela conforte l'hypothèse que ces trois taques auraient été fondues dans l'une des forges de ce secteur, par exemple chez les LE VENEUR à Carrouges ou bien chez les anciens maîtres des forges du Champ-de-la-Pierre (actuelle propriété de la famille d'ANDIGNE). Ce point mériterait d'être creusé.

Je remarque aussi que l'abbé ANGOT estimait que la taque en question avait été fondue au 17ème siècle. J'avais pensé qu'elle était plus tardive car imaginé que la Révolution avait empêché sa livraison. Sur ce point, l'abbé ANGOT avait peut-être raison. Mais cela poserait la question de savoir comment deux taques aux armes des LEDIN auraient pu arriver à des endroits où, semble-t-il, il n'y avait pas de raison légitime liée aux LEDIN qu'elles se trouvent.

L'autre écu que mon visiteur d'hier m'a signalé, cité dans le même ouvrage, répond à la question que j'avais soulevée sous cet onglet-ci, le 27 mars dernier, à propos de son identification :

Extrait de la page 138 de l'"Armorial monumental de la Mayenne" de l'abbé ANGOT, Laval, 1913.

Extrait de la page 138 de l'"Armorial monumental de la Mayenne" de l'abbé ANGOT, Laval, 1913.