Message #58306

Pierre de LAUZUN (via son blog)
rédigé le Dimanche 28 Janvier 2024
Désultoirement vôtre ! - Pouvoirs publics, élus locaux - Références culturelles
Censure de la loi immigration : un tournant dans le régime

Cette censure, venant après un débat délirant, est un tournant majeur. Indépendamment même du sujet, qui est l’immigration.

L’essentiel des dispositions issues de la négociation entre les macroniens et LR, votés par le RN sont censurées. Pour la plupart pour des raisons de forme : ce seraient des ‘cavaliers’ budgétaires ; mais la définition qui en est retenue en est la plus stricte qui soit : est un cavalier et par là est exclu tout amendement significatif au texte gouvernemental et notamment toute innovation - même s’ils sont manifestement dans le champ de la loi.

Un tournant majeur à deux titres.

D’un côté, sur le fond, le pouvoir des juges devient étouffant, voire délirant en régime démocratique, puisque la traduction par le Parlement par un vote nettement majoritaire de la volonté indéniable des Français se trouve censurée. En outre, la décision tue pour l’avenir toute initiative parlementaire, tout débat réel constructif au Parlement, qui ne pourra désormais que voter le texte du gouvernement à peine amendé, ou le refuser.

Conclusion : il faut désormais de façon urgente une réforme constitutionnelle pour s’affranchir du pouvoir des juges. Et mettre des professionnels du droit au Conseil constitutionnel.

D’un autre côté, sur la plan de la vie politique, c’est une victoire à la Pyrrhus pour Macron. Plus aucun accord n’est possible sur un texte significatif avec LR ou avec qui que ce soit. Il nous reste donc 3 ans avant les présidentielles sans majorité possible, même cas par cas.

Je retrouve ici les conclusions de mon article de l’an dernier Macron, le Parlement et la Constitution : le mode de gouvernement personnel de Macron conduit à une impasse totale.

Quant à l’immigration, il est désormais clair que toute action efficace dans ce domaine suppose là aussi une modification conditionnelle. Presque un autre régime…

N.D.L.R. : Je ne saisis pas le sens du mot "conditionnelle" dans le dernier paragraphe.

Sur Macron, je suis totalement d'accord : depuis le début de ses mandats présidentiels, cet homme est, quoi qu'il touche, une catastrophe ambulante hélas, ce qui n'était, au moins selon moi, que trop prévisible.
Mais essayons de penser au-delà de cet individu.

Mes doutes tiennent à l'existence d'une possibilité de faire entendre raison à un électorat dont trop de performances ne vont pas, me semble-t-il, dans le bon sens : la capacité d'analyse et de réflexion par effondrement de l'école, la capacité de se reprendre et de se relancer par éloignement avec une représentation qui laisse perplexe et, de façon plus fondamentale, l'existence d'un cap par implosion de normes éthiques se voulant porteuses de sens.

Me fais-je bien comprendre ?

Pas sûr, c'est quand même un curieux jargon qui essaye de s'extraire de ma plume.

Commentaires