Message #4032

Il n'est que temps, je pense, que j'expose les tenants et les aboutissants de la position que l'"Association pour la restauration et l'animation du manoir de la Chaslerie" défend dans le cadre de la consultation, encore en cours pour quelques jours à peine, à propos du schéma régional éolien.

Ce sera l'objet de la troisième et dernière partie de ma lettre recommandée au président et aux membres du conseil de la communauté de communes du Domfrontais.

Bien entendu, après avoir appelé ces élus à ne pas manquer de répondre à cette consultation au nom de l'ensemble du territoire de la communauté de communes et de ses habitants, je vais maintenant m'exprimer à propos des seules communes de Lonlay-l'Abbaye et de La Haute Chapelle, en exposant pourquoi l'association réclame le retrait pur et simple des noms de ces deux communes des listes annexées au SRE.

Dans cette partie de la lettre, je ferai référence à des "villages" (c'est-à-dire des lieux-dits voisins). Pour vous permettre de me suivre, voici un extrait de la carte au 1/25 000ème de l'I.G.N. relatif aux abords de la Chaslerie :

(troisième et dernière partie de la lettre)

J'en arrive à la troisième et dernière partie de mon courrier, où je voudrais vous faire part des inquiétudes particulières et des recommandations précises de l'"association pour la restauration et l'animation du manoir de la Chaslerie". Cette association a été créée il y a plus de vingt ans pour "veiller et aider à la conservation et à la sauvegarde du manoir, de ses dépendances et de leurs abords ; à cet effet, prendre toute initiative, y compris, le cas échéant, ester en justice". Cette association s'est réunie en assemblée générale le 17 août dernier afin d'examiner en détail le projet de schéma régional aérien et les conséquences qu'il pourrait avoir sur ce monument historique classé (inscrit pour ses dépendances non classées et pour son avenue) qui reçoit une moyenne de 100 visites par jour, soit physiquement, soit virtuellement par l'intermédiaire d'un site internet en plein essor et unique en France pour un monument historique privé.

L'association a constaté que, tel qu'il était rédigé, le projet de schéma régional éolien de Basse-Normandie était lourd de menaces intolérables pour ce manoir. Certes, il y est écrit (page 59) que "La conservation des immeubles protégés au titre des monuments historiques est reconnue d'intérêt public au point de vue de l'histoire ou de l'art. Le législateur a étendu cette protection à l'environnement du monument historique, considérant que la préservation du caractère et de la qualité de ses abords était indissociable de sa mise en valeur. En fonction de sa nature et de sa situation, un monument entretient avec le paysage naturel ou bâti des relations étroites. Elles s'apprécient visuellement à la fois depuis et vers l'édifice. Ainsi une place forte ne peut se concevoir sans contrôle visuel de son environnement". Mais, dès qu'il s'agit de donner des indications précises sur le périmètre en question, le SRE s'en tient aux 500 mètres habituels prévus par le code du patrimoine. La Chaslerie ayant été construite dans un creux du terrain et pour assurer la défense du confluent entre le Choisel, qui la traverse, et l'Egrenne, qui la longe, l'interdiction d'édifier des éoliennes devrait pourtant, pour "assurer le contrôle visuel de son environnement" porter sur tout le secteur englobant les crêtes environnantes, à savoir :
- sur le territoire de Lonlay-l'Abbaye, la Gaumondière, la Gérardière, la Barthelière,
- sur le territoire de La Haute Chapelle, le Tertre Marigny, la Guyardière, la Foucherie,
- et tout le territoire compris entre ces "villages", y compris ceux qu'une étude plus fine révèlerait, notamment sur la rive droite de l'Egrenne ou même, vers l'Est du manoir, sur le territoire de Saint-Bômer-les-Forges.

L'association a relevé la grande ambiguïté de la rédaction du SRE sur des points essentiels, comme la possibilité d'édifier des éoliennes de 30 mètres de mât selon des modalités qui paraissent irréductiblement incompatibles avec le "contrôle visuel de son environnement". Elle a noté le caractère très choquant d'une consultation organisée dans la torpeur de l'été et dont les points cruciaux sont contenus dans une annexe mal paginée d'un "SRCAE" lui-même considérable, la rédaction de cette annexe n'ayant pas évité l'utilisation de qualificatifs délibérément trompeurs. L'association a compris que, dans un débat à ce point biaisé, tous les arguments qu'elle peut invoquer sont susceptibles d'être minorés en ayant recours à des contre-arguments aberrants, voire en changeant la réglementation, qu'il s'agisse :
- de la nécessité évidente pour le bocage domfrontais de protéger son patrimoine historique, paysager (la "poirée du Domfrontais", ce "paysage de reconquête") et faunistique (je pense ici, notamment, aux précieux chiroptères dont tout indique que la survie est incompatible avec les éoliennes) afin de maintenir une activité touristique et une base artisanale indispensables à sa survie ; à cet égard, elle déplore au passage l'abattage systématique des haies et l'arasement des talus dictés par de simples convenances particulières au mépris de l'intérêt général ; elle salue néanmoins les efforts de la communauté de communes du Domfrontais pour restaurer les haies et l'encourage à poursuivre et à développer ce genre de politique ;
- du bouclier qu'offre actuellement, contre la prolifération d'éoliennes, l'existence du réseau "RTBA" dont le plancher au-dessus de la Chaslerie et des communes voisines est situé à environ 250 mètres d'altitude (l'expérience montrant cependant que les avions militaires n'hésitent pas à descendre sous ce plancher pour parfaire leur indispensable entraînement) ;
- et, plus généralement, tous les autres arguments que l'on pourrait tirer d'une observation respectueuse de la nature, des cycles de la vie ou des réalités économiques.

Face à ces enjeux et devant ces risques, la structure-même du SRE (qui méconnaît la réalité infra-communale en mettant en exergue des listes de communes qui constituent son couronnement opérationnel) oblige à préconiser des mesures radicales. C'est pourquoi l'"association pour la restauration et l'animation du manoir de la Chaslerie" demande le retrait pur et simple des listes annexées au rapport des noms des communes de Lonlay-l'Abbaye et La Haute Chapelle. S'agissant de Saint-Bômer-les-Forges, elle réserve son attitude dans l'attente d'un examen plus fin de la réalité topographique à laquelle elle n'a pu procéder dans les délais impartis.

(Arrivé à ce stade de ma rédaction, je vais laisser la pâte reposer avant de rassembler les morceaux de mon texte, conclure, imprimer et envoyer. Mais, dans l'immédiat, je vais chercher à rencontrer M. Marcel BRIONNE maire de Saint-Bômer-les-Forges, un homme dont j'ai déjà pu apprécier, sur une autre affaire, toute l'astuce et le savoir-faire.)

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