(Début de citation)
De : Pierre-Paul Fourcade <penadomf@msn.com>
Envoyé : mercredi 5 février 2025 05:47
À : anne@les-liens-de-la-memoire.fr
Cc : C. F.
Objet : RE: Devis N°DE00000474
Madame,
Merci beaucoup pour vos deux devis détaillés.
Serait-il possible (et à quel prix) :
- d'ajouter des titres, idéalement sur les couvertures :
. sur le grand ouvrage : Arnaud PAQUIN / Etude de diagnostic d'ensemble du manoir de la Chaslerie / septembre 2024
. sur le petit : Le manoir de la Chaslerie / Aspects historiques et perspectives d'avenir / Extraits de l'étude d'Arnaud PAQUIN / décembre 2024
- si cela vous semble esthétique, de prévoir des nerfs sur la tranche du grand ouvrage ?
Bien cordialement,
PPF
__________________________________________________________________________________
De : anne@les-liens-de-la-memoire.fr
Envoyé : mardi 4 février 2025 17:58
À : 'Pierre-Paul FOURCADE' <penadomf@msn.com>
Objet : Devis N°DE00000474
Bonsoir Monsieur Fourcade,
Veuillez trouver ci-joint le devis concernant votre demande de travaux de reliure.
Si vous avez des questions, ou souhaitez faire modifier le devis, n'hésitez pas à me contacter.
Je vous confirme la mise en œuvre pour le mois de mai 2025.
Vous souhaitant bonne réception de ce présent mail,
Respectueusement,
Anne Liégard
Les Liens de la Mémoire
Maître Artisan d'Art
-
Reliure et dorure traditionnelle
Conservation Préventive
-
4, chemin des petites bruyères
14210 BARON-SUR-ODON
-
06 26 46 55 98
(Fin de citation)
Transmission du patrimoine
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mercredi 5 Février 2025
Vers un bouquin ? - Désultoirement vôtre ! - Transmission du patrimoine - Vie des associations
rédigé le Mercredi 5 Février 2025
Vers un bouquin ? - Désultoirement vôtre ! - Transmission du patrimoine - Vie des associations
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Lundi 24 Février 2025
Journal du chantier - Architecture-M.O. - Administration - Maçonnerie-carrelage - Charpente-couverture - Plomberie-chauffage - Electricité - Ferronnerie - Menuiserie - Peinture - Terrassement - Abords, Avenue, terrasse - Logis - Bâtiment Nord - Tour Louis XIII - Aile "de la belle-mère" - Fournil du manoir - Chapelle - Charretterie - Cave - Ferme et son fournil - Murs divers - Vie des associations - La SVAADE - La SVAADE (travaux) - La SVAADE (anecdotes) - Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Pour l'étude de diagnostic - Idées de travaux à venir - Transmission du patrimoine - Pouvoirs publics, élus locaux - "Projet MORIN"
rédigé le Lundi 24 Février 2025
Journal du chantier - Architecture-M.O. - Administration - Maçonnerie-carrelage - Charpente-couverture - Plomberie-chauffage - Electricité - Ferronnerie - Menuiserie - Peinture - Terrassement - Abords, Avenue, terrasse - Logis - Bâtiment Nord - Tour Louis XIII - Aile "de la belle-mère" - Fournil du manoir - Chapelle - Charretterie - Cave - Ferme et son fournil - Murs divers - Vie des associations - La SVAADE - La SVAADE (travaux) - La SVAADE (anecdotes) - Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Pour l'étude de diagnostic - Idées de travaux à venir - Transmission du patrimoine - Pouvoirs publics, élus locaux - "Projet MORIN"
(Début de citation)
De : Jacques BROCHARD
Envoyé : lundi 24 février 2025 19:29
À : Pierre-Paul Fourcade <penadomf@msn.com>
Cc : arnaudpaquin architecte <arnaudpaquin.architecte@gmail.com> ; C. F.
Objet : RE: Orne, Domfront, La Chaslerie
Compte rendu réaliste et très bonne réponse, également en ce qui concerne le rôle de La SVAADE.
Amitiés
JB
______________________________________________________________________________________
De : Pierre-Paul Fourcade <penadomf@msn.com>
Envoyé : lundi 24 février 2025 18:15
À : (...)@culture.gouv.fr>
Cc : arnaudpaquin architecte <arnaudpaquin.architecte@gmail.com> ; C. F.
Objet : RE: Orne, Domfront, La Chaslerie
Monsieur,
Soyez vivement remercié pour ce premier retour sur le fond de ce dossier.
S'agissant des autorisations administratives, j'ai la chance de travailler désormais en confiance avec un architecte du patrimoine dont j'apprécie hautement la compétence technique et les qualités humaines. De ce fait, le principal obstacle que j'ai rencontré depuis que je restaure la Chaslerie se trouve levé. J'ai donc prié M. PAQUIN de préparer en temps utile les demandes d'autorisation de travaux et de permis de construire requis par la réglementation. Dans le prolongement de ce qu'a été ma politique depuis 1991, je souhaite qu'éclairés par l'"étude de diagnostic d'ensemble" de M. PAQUIN, nous puissions donner la priorité à la restauration des menuiseries extérieures des bâtiments sur cour (y compris l'aile ouest pour des raisons esthétiques évidentes) et à un programme complet sur les intérieurs en commençant, en la matière, par la moitié nord du logis. Mon intention serait de poursuivre par la moitié sud du logis (y compris la cage d'escalier pour ce qui concerne notamment les enduits, question qui avait été abordée du temps de M. TIERCELIN).
Vous évoquez à très juste titre la question du chauffage des bâtiments, lancinante et délicate de mon point de vue, d'autant que je considère que sa résolution est un préalable à beaucoup de choses ici. J'ai cru comprendre, lors de votre visite, que vous pourriez me conseiller à ce sujet. N'ayez, je vous en prie, aucun doute sur le fait que je ne demanderais pas mieux, y compris de façon informelle. Il s'agit en effet de coûts très importants à mon échelle, il convient de faire les bons choix et je ne connais guère de chauffagistes de confiance et capables d'intervenir sans biais (le dernier avec qui j'avais été en contact il y a quelques années, un certain M. BURIN des ROZIERS, que m'avait recommandé "La Demeure Historique", a hélas quitté la région). Je continue à réfléchir à ces questions. Vu que la chaudière au fuel du bâtiment nord présente différents défauts, ma dernière idée serait de chauffer par aérothermie (et par le sol) le bâtiment nord et la moitié nord du logis, quitte à transférer ladite pompe à chaleur à la cave quand le chantier y aurait été suffisamment avancé pour que mon épouse et moi puissions y emménager, "libérant" ainsi les bâtiments sur cour.
Pour ce qui concerne les questions fiscales, elles ont toujours fait l'objet de ma part de soins des plus attentifs. Il se trouve que j'ai moi-même enseigné la fiscalité à l'E.N.A. et que j'ai la chance d'être, comme vous avez pu le comprendre à la lecture de sa préface, l'ami du meilleur spécialiste en France de la fiscalité des monuments historiques (je l'ai connu il y a quelques lustres, alors qu'il était en charge de la législation fiscale au ministère des finances et moi jeune fonctionnaire de ce même ministère, ce qui ne nous rajeunit guère).
En ce qui concerne le contrat de "délégation de maîtrise d'ouvrage" consenti à une association, il s'agissait de donner suite à des réflexions informelles menées en liaison avec les services de la Région. En fait, l'association en question n'a jamais, du moins à ce jour, rencontré de succès dans ses efforts de recherche de financements extérieurs du chantier. Par voie de conséquence, ledit contrat est resté, si l'on peut dire, "dans les limbes", ceci nonobstant la mention figurant à ma demande sur la couverture et des pieds de page de l'"étude PAQUIN", mention que l'on pourrait donc, à la limite, qualifier de "cosmétique" en l'état du dossier.
Enfin, s'agissant d'une quelconque recherche de rentabilité pour un monument tel que la Chaslerie, elle me semble louable dans le principe - du moins je l'imagine - mais totalement dépourvue de la moindre once de réalisme tant pour ce qui concerne mes 34 premières années de présence dans le lieu que pour les années qu'il me reste à vivre et que je souhaiterais consacrer à la poursuite du programme de restauration "dans l'intérêt du monument" (expression très importante pour moi et qui résume mon engagement constant). Si cela peut vous être utile, je ne verrais que des avantages à expliciter, factures ou déclarations de revenus en mains, tout ce que je persiste à affirmer à ce sujet. Il est clair que mon successeur, quel qu'il soit s'il y en a un, se trouvera placé devant une équation à résoudre totalement différente de celle à laquelle je me suis trouvé confronté. Chaque fois que j'interviens sur la Chaslerie, je me donne en effet (et j'indique aux entreprises) un horizon de 150 ans. La recherche d'excellence est donc constante et, du fond de la tombe que je me suis réservée dans la chapelle, j'entends veiller au grain et ne jamais en rabattre sur mes exigences de qualité. Je fais l'hypothèse qu'on pourra compter sur moi. En tout cas, l'"étude" de M. PAQUIN sera, sur toutes ces questions et au moins dans mon esprit, mon "testament".
A ce dernier propos, je tiens à remercier très chaleureusement la D.R.A.C. et la région Normandie qui, par leurs subventions pour cette étude, nous ont permis d'atteindre un niveau de qualité de cet ouvrage d'essence administrative que je considère pour ma part comme exceptionnel.
Je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de mes salutations distinguées et, si vous voulez bien le permettre, volontiers cordiales.
Pierre-Paul FOURCADE
______________________________________________________________________________________
De : (...)@culture.gouv.fr>
Envoyé : lundi 24 février 2025 16:51
À : Pierre-Paul Fourcade <penadomf@msn.com>
Objet : Orne, Domfront, La Chaslerie
Monsieur Fourcade,
Afin de conclure sur notre rencontre, veuillez, trouver ci-dessous mon compte-rendu.
Il n’engage que le technicien que je suis et ne peut être considéré comme le compte-rendu de la DRAC.
Vous avez fait réaliser une étude pour la restauration complète du manoir de la Chaslerie situé à Domfront-en-Poiraie. Pour rappel, ce manoir est inscrit en totalité depuis le 2 novembre 1926. Cette première protection a été interprétée de façon à intégrer les bâtiments annexes dont la ferme, la charretterie et la Cave. Le porche, les façades et les toitures du manoir, des bâtiments autour de la cour, la cour avec ses murs et son bassin, la chapelle en totalité, la terrasse, les douves et le bief sont classés au titre des monuments historiques en date du 4 juillet 1995.
Succédant dans ces missions de CST à Monsieur Tiercelin, je me suis rendu sur place le 21 janvier dernier, afin de prendre connaissance du site et de la situation globale des bâtiments.
J’ai pu constater que de nombreux travaux ont été réalisés sans autorisation. En effet, comme vous en avez connaissance, dès que vous envisagez de réaliser des travaux sur les parties mentionnées ci-dessus, vous devez déposer soit un permis de construire, s’agissant des parties inscrites intérieures ou extérieures, soit une demande d’autorisation de travaux pour les parties classées.
Ainsi, les aménagements intérieurs et extérieurs de la ferme, de la cave, de la charretterie doivent faire l’objet d’une demande et d’obtenir un accord.
En conséquence, à ce jour, la mise en place de drains, de dalles béton et plus généralement tous les aménagements que vous avez réalisés sur les bâtiments inscrits apparaissent pour certains ne pas avoir fait l’objet d’accord de la part du préfet de région ou du maire. Le même constat s’impose s’agissant de la dépose de la cheminée du premier étage du logis que cela soit ou non justifié. Il conviendrait en conséquence que vous régularisiez ceux-ci et que vous anticipiez à l’avenir les demandes d’autorisation pour vos projets à venir à court ou moyen terme.
Vous avez signifié le fait que vous désiriez défiscaliser des travaux de façon annuelle au profit de l’amélioration de l’état sanitaire du manoir et de ses communs. La Direction régionale des affaires culturelles peut vous accompagner tant pour des travaux de faible ampleur que pour des travaux d’investissement. Il convient toutefois que vous ayez obtenu préalablement les accords administratifs, que des lignes budgétaires soient disponibles et que les conditions d’obtention de subvention soient réunies. A noter que le second œuvre est rarement subventionné.
Depuis 1991, date de l’acquisition du bien, vous avez majoritairement réalisé des travaux de clos et de couvert. Depuis peu, vous avez souhaité déléguer la maîtrise d’ouvrage à une association afin d’obtenir davantage de subvention et d’intéresser de nouveaux partenaires financiers. Cette stratégie ne permet pas à ce jour, d’envisager un investissement conséquent sur le site. En effet, la SVAADE organise des concerts certes qualitatifs mais qui ne sont pas de nature à dégager des moyens suffisants. Par ailleurs, elle n’est pas adaptée pour permettre la défiscalisation qui vous tient à cœur. Il semblerait plus cohérent de concentrer son action dans le domaine culturel.
Par ailleurs, au regard de mon expérience sur la transmission des monuments historiques, la capacité d’autofinancement reste le point crucial. Le programme de Monsieur Paquin ne semble pas structuré pour obtenir un retour sur investissement rapide, de créer de nouvelles recettes pour l’association ou vous-même. Il n’appartient pas à la DRAC de se positionner sur ce sujet. C’est pourquoi je vous invite à prendre conseil auprès d’associations patrimoniales telles que Demeures historiques ou Vieilles maisons françaises.
La question du chauffage de l’ensemble des bâtiments, abordée dans l’étude peut paraître inadaptée. En effet, l’activité touristique reste majoritairement estivale. L’activité en hiver, moins importante se cantonnerait plutôt sur quelques pièces chauffées. Un réexamen de ce point serait susceptible de permettre de réduire le coût de la restauration.
En conséquence, serait peut-être préférable de mieux optimiser le programme de travaux sur le manoir, ses communs, la ferme, la cave… pour vous permettre d’atteindre votre objectif de restauration globale tout en favorisant un meilleur autofinancement.
L’ensemble de ces remarques ne constitue pas les observations et recommandations de la Direction régionale des Affaires Culturelles de Normandie sur l’étude réalisée. Celles-ci, en cours de rédaction, vous seront communiquées après consultation des différents services concernés.
Veuillez, Monsieur Fourcade, recevoir mes salutations respectueuses.
(...)
Technicien des bâtiments de France
Conservation régionale des monuments historiques
Direction régionale des affaires culturelles de Normandie
13 bis rue st Ouen 14052 Caen cedex4
Tél. : 02 31 38 39 (...)
Port : 06 (...)
www.culture.gouv.fr
(Fin de citation)
De : Jacques BROCHARD
Envoyé : lundi 24 février 2025 19:29
À : Pierre-Paul Fourcade <penadomf@msn.com>
Cc : arnaudpaquin architecte <arnaudpaquin.architecte@gmail.com> ; C. F.
Objet : RE: Orne, Domfront, La Chaslerie
Compte rendu réaliste et très bonne réponse, également en ce qui concerne le rôle de La SVAADE.
Amitiés
JB
______________________________________________________________________________________
De : Pierre-Paul Fourcade <penadomf@msn.com>
Envoyé : lundi 24 février 2025 18:15
À : (...)@culture.gouv.fr>
Cc : arnaudpaquin architecte <arnaudpaquin.architecte@gmail.com> ; C. F.
Objet : RE: Orne, Domfront, La Chaslerie
Monsieur,
Soyez vivement remercié pour ce premier retour sur le fond de ce dossier.
S'agissant des autorisations administratives, j'ai la chance de travailler désormais en confiance avec un architecte du patrimoine dont j'apprécie hautement la compétence technique et les qualités humaines. De ce fait, le principal obstacle que j'ai rencontré depuis que je restaure la Chaslerie se trouve levé. J'ai donc prié M. PAQUIN de préparer en temps utile les demandes d'autorisation de travaux et de permis de construire requis par la réglementation. Dans le prolongement de ce qu'a été ma politique depuis 1991, je souhaite qu'éclairés par l'"étude de diagnostic d'ensemble" de M. PAQUIN, nous puissions donner la priorité à la restauration des menuiseries extérieures des bâtiments sur cour (y compris l'aile ouest pour des raisons esthétiques évidentes) et à un programme complet sur les intérieurs en commençant, en la matière, par la moitié nord du logis. Mon intention serait de poursuivre par la moitié sud du logis (y compris la cage d'escalier pour ce qui concerne notamment les enduits, question qui avait été abordée du temps de M. TIERCELIN).
Vous évoquez à très juste titre la question du chauffage des bâtiments, lancinante et délicate de mon point de vue, d'autant que je considère que sa résolution est un préalable à beaucoup de choses ici. J'ai cru comprendre, lors de votre visite, que vous pourriez me conseiller à ce sujet. N'ayez, je vous en prie, aucun doute sur le fait que je ne demanderais pas mieux, y compris de façon informelle. Il s'agit en effet de coûts très importants à mon échelle, il convient de faire les bons choix et je ne connais guère de chauffagistes de confiance et capables d'intervenir sans biais (le dernier avec qui j'avais été en contact il y a quelques années, un certain M. BURIN des ROZIERS, que m'avait recommandé "La Demeure Historique", a hélas quitté la région). Je continue à réfléchir à ces questions. Vu que la chaudière au fuel du bâtiment nord présente différents défauts, ma dernière idée serait de chauffer par aérothermie (et par le sol) le bâtiment nord et la moitié nord du logis, quitte à transférer ladite pompe à chaleur à la cave quand le chantier y aurait été suffisamment avancé pour que mon épouse et moi puissions y emménager, "libérant" ainsi les bâtiments sur cour.
Pour ce qui concerne les questions fiscales, elles ont toujours fait l'objet de ma part de soins des plus attentifs. Il se trouve que j'ai moi-même enseigné la fiscalité à l'E.N.A. et que j'ai la chance d'être, comme vous avez pu le comprendre à la lecture de sa préface, l'ami du meilleur spécialiste en France de la fiscalité des monuments historiques (je l'ai connu il y a quelques lustres, alors qu'il était en charge de la législation fiscale au ministère des finances et moi jeune fonctionnaire de ce même ministère, ce qui ne nous rajeunit guère).
En ce qui concerne le contrat de "délégation de maîtrise d'ouvrage" consenti à une association, il s'agissait de donner suite à des réflexions informelles menées en liaison avec les services de la Région. En fait, l'association en question n'a jamais, du moins à ce jour, rencontré de succès dans ses efforts de recherche de financements extérieurs du chantier. Par voie de conséquence, ledit contrat est resté, si l'on peut dire, "dans les limbes", ceci nonobstant la mention figurant à ma demande sur la couverture et des pieds de page de l'"étude PAQUIN", mention que l'on pourrait donc, à la limite, qualifier de "cosmétique" en l'état du dossier.
Enfin, s'agissant d'une quelconque recherche de rentabilité pour un monument tel que la Chaslerie, elle me semble louable dans le principe - du moins je l'imagine - mais totalement dépourvue de la moindre once de réalisme tant pour ce qui concerne mes 34 premières années de présence dans le lieu que pour les années qu'il me reste à vivre et que je souhaiterais consacrer à la poursuite du programme de restauration "dans l'intérêt du monument" (expression très importante pour moi et qui résume mon engagement constant). Si cela peut vous être utile, je ne verrais que des avantages à expliciter, factures ou déclarations de revenus en mains, tout ce que je persiste à affirmer à ce sujet. Il est clair que mon successeur, quel qu'il soit s'il y en a un, se trouvera placé devant une équation à résoudre totalement différente de celle à laquelle je me suis trouvé confronté. Chaque fois que j'interviens sur la Chaslerie, je me donne en effet (et j'indique aux entreprises) un horizon de 150 ans. La recherche d'excellence est donc constante et, du fond de la tombe que je me suis réservée dans la chapelle, j'entends veiller au grain et ne jamais en rabattre sur mes exigences de qualité. Je fais l'hypothèse qu'on pourra compter sur moi. En tout cas, l'"étude" de M. PAQUIN sera, sur toutes ces questions et au moins dans mon esprit, mon "testament".
A ce dernier propos, je tiens à remercier très chaleureusement la D.R.A.C. et la région Normandie qui, par leurs subventions pour cette étude, nous ont permis d'atteindre un niveau de qualité de cet ouvrage d'essence administrative que je considère pour ma part comme exceptionnel.
Je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de mes salutations distinguées et, si vous voulez bien le permettre, volontiers cordiales.
Pierre-Paul FOURCADE
______________________________________________________________________________________
De : (...)@culture.gouv.fr>
Envoyé : lundi 24 février 2025 16:51
À : Pierre-Paul Fourcade <penadomf@msn.com>
Objet : Orne, Domfront, La Chaslerie
Monsieur Fourcade,
Afin de conclure sur notre rencontre, veuillez, trouver ci-dessous mon compte-rendu.
Il n’engage que le technicien que je suis et ne peut être considéré comme le compte-rendu de la DRAC.
Vous avez fait réaliser une étude pour la restauration complète du manoir de la Chaslerie situé à Domfront-en-Poiraie. Pour rappel, ce manoir est inscrit en totalité depuis le 2 novembre 1926. Cette première protection a été interprétée de façon à intégrer les bâtiments annexes dont la ferme, la charretterie et la Cave. Le porche, les façades et les toitures du manoir, des bâtiments autour de la cour, la cour avec ses murs et son bassin, la chapelle en totalité, la terrasse, les douves et le bief sont classés au titre des monuments historiques en date du 4 juillet 1995.
Succédant dans ces missions de CST à Monsieur Tiercelin, je me suis rendu sur place le 21 janvier dernier, afin de prendre connaissance du site et de la situation globale des bâtiments.
J’ai pu constater que de nombreux travaux ont été réalisés sans autorisation. En effet, comme vous en avez connaissance, dès que vous envisagez de réaliser des travaux sur les parties mentionnées ci-dessus, vous devez déposer soit un permis de construire, s’agissant des parties inscrites intérieures ou extérieures, soit une demande d’autorisation de travaux pour les parties classées.
Ainsi, les aménagements intérieurs et extérieurs de la ferme, de la cave, de la charretterie doivent faire l’objet d’une demande et d’obtenir un accord.
En conséquence, à ce jour, la mise en place de drains, de dalles béton et plus généralement tous les aménagements que vous avez réalisés sur les bâtiments inscrits apparaissent pour certains ne pas avoir fait l’objet d’accord de la part du préfet de région ou du maire. Le même constat s’impose s’agissant de la dépose de la cheminée du premier étage du logis que cela soit ou non justifié. Il conviendrait en conséquence que vous régularisiez ceux-ci et que vous anticipiez à l’avenir les demandes d’autorisation pour vos projets à venir à court ou moyen terme.
Vous avez signifié le fait que vous désiriez défiscaliser des travaux de façon annuelle au profit de l’amélioration de l’état sanitaire du manoir et de ses communs. La Direction régionale des affaires culturelles peut vous accompagner tant pour des travaux de faible ampleur que pour des travaux d’investissement. Il convient toutefois que vous ayez obtenu préalablement les accords administratifs, que des lignes budgétaires soient disponibles et que les conditions d’obtention de subvention soient réunies. A noter que le second œuvre est rarement subventionné.
Depuis 1991, date de l’acquisition du bien, vous avez majoritairement réalisé des travaux de clos et de couvert. Depuis peu, vous avez souhaité déléguer la maîtrise d’ouvrage à une association afin d’obtenir davantage de subvention et d’intéresser de nouveaux partenaires financiers. Cette stratégie ne permet pas à ce jour, d’envisager un investissement conséquent sur le site. En effet, la SVAADE organise des concerts certes qualitatifs mais qui ne sont pas de nature à dégager des moyens suffisants. Par ailleurs, elle n’est pas adaptée pour permettre la défiscalisation qui vous tient à cœur. Il semblerait plus cohérent de concentrer son action dans le domaine culturel.
Par ailleurs, au regard de mon expérience sur la transmission des monuments historiques, la capacité d’autofinancement reste le point crucial. Le programme de Monsieur Paquin ne semble pas structuré pour obtenir un retour sur investissement rapide, de créer de nouvelles recettes pour l’association ou vous-même. Il n’appartient pas à la DRAC de se positionner sur ce sujet. C’est pourquoi je vous invite à prendre conseil auprès d’associations patrimoniales telles que Demeures historiques ou Vieilles maisons françaises.
La question du chauffage de l’ensemble des bâtiments, abordée dans l’étude peut paraître inadaptée. En effet, l’activité touristique reste majoritairement estivale. L’activité en hiver, moins importante se cantonnerait plutôt sur quelques pièces chauffées. Un réexamen de ce point serait susceptible de permettre de réduire le coût de la restauration.
En conséquence, serait peut-être préférable de mieux optimiser le programme de travaux sur le manoir, ses communs, la ferme, la cave… pour vous permettre d’atteindre votre objectif de restauration globale tout en favorisant un meilleur autofinancement.
L’ensemble de ces remarques ne constitue pas les observations et recommandations de la Direction régionale des Affaires Culturelles de Normandie sur l’étude réalisée. Celles-ci, en cours de rédaction, vous seront communiquées après consultation des différents services concernés.
Veuillez, Monsieur Fourcade, recevoir mes salutations respectueuses.
(...)
Technicien des bâtiments de France
Conservation régionale des monuments historiques
Direction régionale des affaires culturelles de Normandie
13 bis rue st Ouen 14052 Caen cedex4
Tél. : 02 31 38 39 (...)
Port : 06 (...)
www.culture.gouv.fr
(Fin de citation)
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mercredi 26 Février 2025
Vie des associations - La SVAADE - La SVAADE (animations et visites) - Vers un bouquin ? - Désultoirement vôtre ! - Pour l'étude de diagnostic - Histoire de la Chaslerie - Histoire des occupants de la Chaslerie - Généalogie et sagas familiales - Transmission du patrimoine - Archives, histoire, documentation
rédigé le Mercredi 26 Février 2025
Vie des associations - La SVAADE - La SVAADE (animations et visites) - Vers un bouquin ? - Désultoirement vôtre ! - Pour l'étude de diagnostic - Histoire de la Chaslerie - Histoire des occupants de la Chaslerie - Généalogie et sagas familiales - Transmission du patrimoine - Archives, histoire, documentation
(Début de citation)
De : Pierre-Paul Fourcade <penadomf@msn.com>
Envoyé : mercredi 26 février 2025 21:52
À : Guillaume BEESAU
Cc : Jean THUAUDET ; C. F.
Objet : RE: Deuxième édition de l'"ouvrage THUAUDET"
Cher Guillaume,
Bravo pour le résultat de votre recherche.
Il ne répond toutefois pas encore à la question du lien de parenté entre le GOUPIL acheteur de la Chaslerie, Bien National, et les GOUPIL de Tessé-la-Madeleine.
Mais l'on se rapproche peut-être du résultat pressenti, sait-on jamais ?
Amicalement,
PPF
___________________________________________________________________________________
De : Guillaume BEESAU
Envoyé : mercredi 26 février 2025 21:42
À : Pierre-Paul Fourcade <penadomf@msn.com>
Cc : Jean THUAUDET ; C. F.
Objet : Re: Deuxième édition de l'"ouvrage THUAUDET"
Cher Jean, cher Pierre-Paul,
je suis parti à la recherche du roman de Paul Féval évoqué par la note 62 de notre première édition. Dans un message de votre blog, Pierre-Paul, j'ai vu qu'il s'agissait des Habits noirs et de La Rue de Jérusalem, mais que la diffamation des Goupil ne vous y sautait pas aux yeux. La pièce jointe va peut-être nous éclairer un peu...
Amicalement.
Guillaume
(Fin de citation)
De : Pierre-Paul Fourcade <penadomf@msn.com>
Envoyé : mercredi 26 février 2025 21:52
À : Guillaume BEESAU
Cc : Jean THUAUDET ; C. F.
Objet : RE: Deuxième édition de l'"ouvrage THUAUDET"
Cher Guillaume,
Bravo pour le résultat de votre recherche.
Il ne répond toutefois pas encore à la question du lien de parenté entre le GOUPIL acheteur de la Chaslerie, Bien National, et les GOUPIL de Tessé-la-Madeleine.
Mais l'on se rapproche peut-être du résultat pressenti, sait-on jamais ?
Amicalement,
PPF
___________________________________________________________________________________
De : Guillaume BEESAU
Envoyé : mercredi 26 février 2025 21:42
À : Pierre-Paul Fourcade <penadomf@msn.com>
Cc : Jean THUAUDET ; C. F.
Objet : Re: Deuxième édition de l'"ouvrage THUAUDET"
Cher Jean, cher Pierre-Paul,
je suis parti à la recherche du roman de Paul Féval évoqué par la note 62 de notre première édition. Dans un message de votre blog, Pierre-Paul, j'ai vu qu'il s'agissait des Habits noirs et de La Rue de Jérusalem, mais que la diffamation des Goupil ne vous y sautait pas aux yeux. La pièce jointe va peut-être nous éclairer un peu...
Amicalement.
Guillaume
(Fin de citation)
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Jeudi 27 Février 2025
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales - Transmission du patrimoine - Références culturelles
rédigé le Jeudi 27 Février 2025
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales - Transmission du patrimoine - Références culturelles
Un traducteur trouvé en ligne me répond "Ego feci quod potui sed non omnia" quand je lui soumets "J'ai fait ce que j'ai pu mais ne pouvais pas tout".
Il faudrait que je demande à Guillaume si l'on ne pourrait pas trouver une formule encore plus ramassée pour la graver sur ma tombe. Déjà j'aimerais bien me passer du "Ego" puisqu'il n'y aurait pas ambiguïté sur la bête.
Il faudrait que je demande à Guillaume si l'on ne pourrait pas trouver une formule encore plus ramassée pour la graver sur ma tombe. Déjà j'aimerais bien me passer du "Ego" puisqu'il n'y aurait pas ambiguïté sur la bête.
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Jeudi 20 Mars 2025
Les amis de la Chaslerie - La SVAADE (animations et visites) - Vers un bouquin ? - Généalogie et sagas familiales - Transmission du patrimoine - Vie des associations - Désultoirement vôtre ! - La SVAADE
rédigé le Jeudi 20 Mars 2025
Les amis de la Chaslerie - La SVAADE (animations et visites) - Vers un bouquin ? - Généalogie et sagas familiales - Transmission du patrimoine - Vie des associations - Désultoirement vôtre ! - La SVAADE
Quatre heures du matin et quelques améliorations formelles à l'"Annexe 4".
"Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage : Polissez-le sans cesse et le repolissez ; Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.".
J'efface peu et aurais plutôt tendance à allonger la sauce, c'est mon péché mignon, d'où des phrases souvent trop longues.
"Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage : Polissez-le sans cesse et le repolissez ; Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.".
J'efface peu et aurais plutôt tendance à allonger la sauce, c'est mon péché mignon, d'où des phrases souvent trop longues.
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Lundi 12 Mai 2025
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales - Transmission du patrimoine - Garance - Chez l'aîné
rédigé le Lundi 12 Mai 2025
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales - Transmission du patrimoine - Garance - Chez l'aîné
On n'arrête pas le progrès ! Après m'avoir demandé l'âge de Garance (10 ans), "Cambérabéro" me transmet en ce début d'après-midi cette lettre générée par son système d'intelligence artificielle favori :
"Affilée", il faudra me le copier cent fois !
Idem "les bons mots". Idem "continuer". Idem "anecdote", "même", "très".
"Joues piquantes" ? Ce pauvre Bon-Papa se les rase pourtant tous les matins. Contrairement à ses fils qui, sensibles aux dernières modes comme tant de djeuns, arborent désormais un look d'islamistes....
Pratique, ce système qui produit à la fois les questions et les réponses. Des réponses antérieures aux questions, ce qui est remarquable. Un système digne d'occuper mes longues soirées d'hiver, assurément.
P.S. (à 15 heures) : L'histoire ne s'arrête pas ici. "Cambérabéro" vient de m'envoyer ma propre réponse à Garance...
(Début de citation)
La Chaslerie, le 14 mai 2025
Ma chère Garance,
Ta lettre m’a rempli le cœur de bonheur ! Je l’ai lue, relue, et même relue encore. Je l’ai montrée à Bou-Maman (qui a souri tout le long) et je l’ai rangée dans ma boîte aux trésors – celle où je garde les souvenirs que je veux garder pour toujours.
Merci pour ta jolie fleur séchée ! Je l’ai tout de suite reconnue : elle sent encore un peu le jardin de Chambord… ou peut-être est-ce ton parfum qui s’est glissé entre les pétales ? En tout cas, elle est maintenant dans un petit livre au chaud, entre deux pages d’un vieux dictionnaire.
Tu écris très bien, tu sais ? Même les "bens mots" sont jolis, car ils viennent du cœur. Et puis, j’ai bien ri en lisant "les bisous sur les joues piquantes" — je promets de bien me raser avant notre prochaine rencontre, promis juré !
Tu veux la suite de l’histoire du tricycle du curé ? Alors installe-toi bien, voici comment ça s’est passé...
Quand j’étais petit, il y avait un vieux tricycle rouillé qui traînait derrière l’église de mon village. Un jour, mon copain Georges et moi, on a décidé de le réparer pour jouer à faire la course. On l’a repeint avec de la peinture rouge (trouvée dans le garage du père de Georges) et on l’a même décoré avec une vieille sonnette de vélo. Fier comme des coqs, on est allés faire un tour... sauf que le tricycle appartenait encore au curé, qui comptait l’utiliser pour ses tournées ! Tu imagines sa tête quand il a vu son tricycle transformé en bolide de course ? Il n’a pas crié, non, il a juste haussé un sourcil très haut... puis il nous a demandé de lui en fabriquer un deuxième, tout aussi joli. Et tu sais quoi ? On l’a fait !
Je te raconterai d’autres histoires de Bou-Maman Sim et de Mamie de Saint-Sul dans mes prochaines lettres. Tu vas voir, certaines sont drôles, d’autres un peu bizarres… mais toutes sont précieuses.
Continue d’écrire comme tu le fais, avec ton cœur et ton imagination. Un jour, toi aussi, tu raconteras tout cela à de jeunes oreilles curieuses.
Je t’embrasse très très fort, ma petite chérie.
Ton Bon-Papa qui t’aime fort, fort, fort
P.S. : Je t’envoie, en échange de ta fleur, une vieille feuille de châtaignier de notre allée — elle a vu passer bien des histoires elle aussi !
(Fin de citation)
Avec ces techniques modernes, on va vite devenir fous à lier et bons à piquer, ainsi que l'a prévu le fou furieux et dangereux que l'on sait !
Ceci dit, pour Carole, c'est "Bonne Maman"...
Et moi qui tire désormais plus vite que mon ombre, on pourra bientôt m'appeler "Lucky Luke" !
P.S. 2 (à 15 heures 15) : "Cambérabéro" m'envoie une autre version, qu'il qualifie de "plus littéraire" :
(Début de citation)
La Chaslerie, le 14 mai 2025
Ma très chère Garance,
C’est avec une émotion indescriptible que j’ai reçu ta lettre, et je t’avoue que, comme un vieux livre précieux, je l’ai lue, relue, et encore relue, savourant chaque mot, chaque syllabe, comme si je cherchais à en extraire tout le parfum d’une enfance que le temps semble effacer de plus en plus vite. Je l’ai ensuite tendrement montrée à Bou-Maman, qui n’a pu s’empêcher de sourire en la parcourant, et je l’ai déposée précieusement dans ma boîte aux trésors, ce coffre secret où je conserve tout ce que j’ai de plus cher, les fragments d’une vie que je veux préserver à jamais dans le jardin de mes souvenirs.
Et je ne peux que te remercier infiniment pour cette petite fleur séchée que tu m’as envoyée ! Dès que je l’ai vue, j’ai instantanément reconnu la délicatesse de ton geste, et elle m’a transporté, comme un vent léger, dans le jardin de Chambord. Et, je t’avoue, ma chère, que j’ai parfois l’impression que c’est ton parfum même qui s’est glissé, comme une petite étoile fugace, entre les pétales de cette fleur. Elle est désormais précieusement placée, à l’abri du temps, entre les pages jaunies d’un vieux dictionnaire, un livre qui, tout comme cette fleur, témoigne de la beauté éphémère mais éternelle des choses qui comptent.
Je ne peux que m’émerveiller de la beauté de ton écriture, qui révèle la pureté de ton cœur. Même les "bens mots", ces mots qui semblent sortir d’un monde innocent, ont quelque chose de merveilleux, parce qu’ils portent en eux l’écho de ta sincérité, de ta gentillesse. J’ai eu un véritable éclat de rire en lisant ta description des "bisous sur les joues piquantes", et je te fais la promesse solennelle que, la prochaine fois que nous nous verrons, je m’assurerai de bien me raser avant notre rencontre — promesse jurée, d’un vieux bonhomme qui n’a jamais su se laisser vieillir trop vite !
Quant à l’histoire du tricycle du curé, ma chère Garance, tu veux connaître la suite ? Eh bien, fais-toi bien confortable, et laisse-moi te plonger dans ce souvenir d’enfance où l’innocence et l’aventure se mêlent dans un joyeux désordre. Quand j’étais petit, dans le village où j’ai grandi, il y avait un vieux tricycle, tout rouillé et oublié, qui traînait derrière l’église. Un jour, mon ami Georges et moi, dans notre esprit de petits aventuriers, avons décidé de le remettre en état, de lui redonner vie pour pouvoir courir à toute vitesse dans les ruelles du village. Nous avons trouvé une vieille peinture rouge dans le garage du père de Georges, et avec une énergie débordante, nous avons recouvert chaque centimètre du tricycle de cette couleur vive, éclatante, et, pour couronner le tout, nous avons fixé une vieille sonnette de vélo, celle qui faisait "dring dring" à chaque tour de roue. Pleins de fierté, nous sommes partis faire un tour avec notre précieux bolide… sauf que, comme tu t’en doutes, ce tricycle n’était pas nôtre, il appartenait encore au curé, un homme sage, mais dont les yeux brillèrent d’un étonnement amusé lorsqu’il découvrit son tricycle transformé en véritable machine de course. Il ne cria pas, non, il haussait simplement un sourcil d’un air très surpris, avant de nous demander, avec un sourire en coin, si nous pouvions lui fabriquer un deuxième tricycle, tout aussi joli. Et tu sais ce que nous avons fait ? Eh bien, nous l’avons fait, bien sûr, et avec un soin tout particulier, car ce fut là une belle occasion de faire grandir notre amitié, de renforcer notre esprit d’équipe.
Je te raconterai encore d’autres histoires, ma chère Garance, d’autres anecdotes, comme celles de Bou-Maman Sim ou de Mamie de Saint-Sul, des histoires tantôt drôles, tantôt un peu bizarres, mais toujours précieuses, parce qu’elles sont tissées des fils d’une vie qui ne s’oublie pas. Dans mes prochaines lettres, tu les entendras, et j’espère qu’elles te feront sourire, car à travers ces récits, je souhaite te transmettre un peu de cette richesse de souvenirs qui nourrissent mon cœur depuis tant d’années.
Continue, je t’en prie, de nourrir ta plume de la beauté du monde et de ton imagination infinie. Un jour, toi aussi, tu raconteras à de jeunes oreilles curieuses toutes ces petites choses qui font de la vie une aventure, et tes mots, aussi, trouveront leur place dans les boîtes aux trésors des âmes attentives.
Je t’embrasse bien fort, ma chère petite, avec tout l’amour que peut contenir le cœur d’un vieux bon-papa, qui t’aime infiniment, infiniment.
Ton Bon-Papa, qui pense à toi chaque jour.
P.S. : En échange de ta délicate fleur, je t’envoie, du fond de mon allée, une vieille feuille de châtaignier, qui, elle aussi, a vu défiler bien des histoires au fil du temps… Et peut-être, à travers ses nervures, y percevras-tu l’écho de celles qui n’ont jamais été oubliées.
(Fin de citation)
P.S. 3 (à 15 heures 17) : "Cambérabéro" me transmet (je le cite) "une réécriture de la lettre dans un style inspiré de René Descartes, c’est-à-dire avec un ton rigoureux, méditatif, ordonné, et traversé d’un souci de clarté logique et d’un goût pour les longues périodes construites avec méthode. Le ton reste affectueux, mais il est désormais teinté d’une gravité intellectuelle propre au philosophe."
(Début de citation)
La Chaslerie, ce quatorzième jour du mois de mai de l’an deux mille vingt-cinq
À ma très chère petite-fille,
Mademoiselle Garance,
C’est avec un sentiment mêlé de joie profonde et de reconnaissance paisible que j’ai reçu la lettre que tu as bien voulu m’écrire, et, après en avoir attentivement parcouru chaque ligne, je me suis convaincu, sans plus aucun doute raisonnable, que les pensées sincères d’un cœur jeune et aimant peuvent produire un effet aussi puissant, sinon plus, que les longs discours des plus doctes esprits, et cela précisément parce qu’elles émanent d’une source pure, où la vérité du sentiment se manifeste avec une évidence que nul artifice ne saurait égaler.
J’ai lu ta lettre une première fois avec cette curiosité vive que provoque toute parole venant de toi ; je l’ai relue une seconde fois afin d’en mieux goûter la grâce spontanée ; et enfin je l’ai lue une troisième fois, dans le silence de ma chambre, comme l’on médite une maxime chère, afin que les traces qu’elle laisse en mon esprit ne soient point éphémères, mais s’impriment profondément, selon l’ordre d’une mémoire fidèle. Bou-Maman, à qui je l’ai montrée sans délai, en a été tout attendrie ; son sourire, prolongé durant toute la lecture, fut la preuve manifeste que l’affection, même lorsqu’elle se tait, peut se communiquer par de simples regards.
Quant à la fleur séchée que tu as jointe à ta lettre — délicate offrande qui, par sa simplicité, vaut plus que maints présents fastueux —, je l’ai reçue avec une admiration mêlée d’une certaine philosophie, car je me suis souvenu que les choses les plus humbles peuvent, par l’usage que l’on en fait, devenir les symboles d’une pensée durable. Je l’ai placée, avec soin, entre les pages d’un vieux dictionnaire, persuadé qu’une telle relique méritait d’être conservée dans un lieu où se conservent aussi les mots, qui sont, comme chacun sait, les instruments par lesquels les âmes se comprennent entre elles.
Je dois t’avouer, ma chère enfant, que ta manière d’écrire — bien qu’encore naïve par certains aspects, comme en témoigne la charmante expression des "bens mots" — révèle déjà une disposition louable à l’expression claire des pensées, ce qui, à mon sens, est le fondement de toute communication véritable entre les êtres. Le trait plaisant des "bisous sur les joues piquantes" m’a arraché un sourire véritable, et je te fais ici la promesse formelle, en toute conscience de ma parole, que je me présenterai devant toi, lors de notre prochaine rencontre, rasé de près, afin que l’amour que je te porte ne soit pas terni par un excès de négligence.
Tu me demandes la suite de l’histoire du tricycle du curé, et bien que l’événement en lui-même soit d’une importance modeste, je reconnais qu’il possède cette qualité particulière que recherchent les esprits en formation : à savoir la combinaison de l’absurde et du réel, du jeu et de la règle, qui forme l’expérience vivante. Ainsi, lorsque j’étais enfant, il y avait, derrière l’église de notre village, un tricycle fort usé, dont la fonction originelle semblait perdue dans l’oubli. Mon camarade Georges et moi-même, animés par un esprit d’entreprise que rien ne pouvait refroidir, prîmes la résolution de lui redonner une seconde vie. Nous le peignîmes avec la peinture rouge trouvée dans le garage du père de Georges, et l’équipâmes d’une sonnette aussi bruyante qu’inutile. Or, ce que nous ignorions, c’est que cet objet appartenait encore au curé, lequel, au lieu de s’emporter, se contenta de hausser un sourcil d’un air perplexe et, avec cette sagesse tranquille propre à ceux qui méditent souvent, nous demanda s’il serait possible de lui en fabriquer un autre, identique. Ce que nous fîmes, non sans fierté.
Il est en mon intention, dans de prochaines lettres, de te faire le récit de certains épisodes concernant Bou-Maman Sim et Mamie de Saint-Sul, dont les vies, quoique simples, recèlent, à qui sait les observer avec méthode, des enseignements aussi précieux que ceux que l’on tire des livres les mieux ordonnés.
En attendant ces récits, je t’exhorte à poursuivre ta pratique de l’écriture, non point seulement comme un exercice d’agrément, mais comme l’outil principal par lequel tu pourras un jour ordonner tes pensées, éclairer tes idées, et offrir au monde la clarté de ton jugement — car il n’est point d’âme plus riche que celle qui sait s’exprimer avec justesse.
Je t’embrasse avec toute la force d’un amour fondé non sur l’habitude, mais sur une réflexion constante et renouvelée sur la beauté de ton existence.
Ton Bon-Papa,
qui t’aime avec une constance que ni le temps ni la raison ne sauraient diminuer.
P.S. : En retour de ta fleur, que j’ai reçue comme un symbole du lien précieux qui nous unit, je t’envoie une vieille feuille de châtaignier, tombée de l’un de ces arbres de notre allée, qui ont vu passer les siècles et savent, mieux que bien des hommes, garder les secrets du passé.
(Fin de citation)
P.S. 4 (à 15 heures 18) : "Cambérabérabéro" se déchaîne. Voici du "plus classique, style 16ème siècle" :
(Début de citation)
Fait en la Chaslerie, ce quatorziesme jour de may, l’an de grâce mil cinq cens vingt-cinq, réformé selon le style du nôtre temps
À ma doulce et très chère fillette,demoiselle Garance,
Comme j’eus ouï parler que la jeunesse de bonne nature fait souvent naître les plus beaux esprits et les inclinations les plus vertueuses, je ne fus point esmerveillé de sentir mon cœur allègre et attendri en recevant ta lettre, laquelle, tant par la naïveté gracieuse de son langage que par la tendresse qui en suinte goutte à goutte comme miel de ruche, me tint longuement en douce contemplation.
Je la leus, je la relectus, et de rechef la tournay en mes mains, comme si je voulois extraire, de chacun de ses mots, la vive chaleur de ton jeune cœur. Puis l’ayant montrée à Bou-Maman, laquelle ne cessoit de sourire comme fait la marguerite au soleil de printemps, je l’ay mise en ma cassette des choses mémorables, où je tiens les plus précieux vestiges de ce monde, à l’abri de l’oubli.
Ta fleur séchée — ô don si simple, mais de grande valeur, puisque ta main l’a cueillie — m’est parvenue comme viendroit un signe céleste ; et je crus y sentir, entremêlé au parfum discret de son passé, quelque brise de Chambord, voire ton propre soupir empreint entre ses pétales. Sitôt reçue, je la logey, bien au chaud, en un vieux et gros livre de lettres antiques, un dictionnaire jauni, compagnon des longues méditations.
Quant à ta manière d’escrire, s’il me faut en parler sans flatterie, je la trouve non seulement plaisante mais naturelle, et digne d’une âme bien née. Tes "bens mots", pour employer ta locution, ont plus de grâce et vérité que mainte phrase tournée à plaisir par ceux qui n’ont du cœur que la forme. Et j’eus grand rire — mais non moquerie — en lisant ta remarque sur mes joues piquantes, lesquelles, je t’en donne ma parole, seront, à nostre prochaine rencontre, nettes et lisses comme peau de pêche, pour mieux recevoir tes doux baisers.
Or, tu me requiers la suite du récit du tricycle du curé — étrange matière pour lettre sérieuse, mais plaisante à conter. Sache donc que, lors de ma prime jeunesse, il estoit derrière l’église un vieux tricycle de fer, tout rouillé et quasi hors d’usage, que le temps avoit laissé là comme chose perdue. Mon compagnon Georges et moy, esprits bouillants et peu soucieux des convenances, entreprîmes de le restaurer, et, l’ayant enduit d’une peinture rouge, trouvée au logis de son père, nous le parâmes de maints ornemens, y compris une sonnette criarde. Mais voilà que ce tricycle, que nous croyions à personne, estoit en vérité le bien du curé, lequel, le voyant métamorphosé en destrier flamboyant, leva un sourcil d’étonnement, mais ne gronda point — bien au contraire ! Il nous pria, d’un ton doux et badin, de luy en forger un second, tout semblable. Et par Dieu, nous le feismes, et avec telle joie que nous en eussions volontiers décoré cent autres !
J’ai en mon souvenir d’autres récits encore, touchant Bou-Maman Sim, ou Mamie de Saint-Sul, dames de caractère et de mémoire féconde. Les te conteray-je volontiers dans de prochaines épistres, si tu me fais l’honneur de continuer tes lettres si plaisantes.
Mais avant que de clore la présente, je t’exhorte, ma chère enfant, à persévérer en l’exercice d’escrire, car l’écriture est chose noble, et de tout temps a esté prisée des sages. C’est le miroir de l’âme, la clef des cœurs, et la mémoire des siècles. Par elle, tu pourras garder ton esprit clair, ton jugement honneste, et ton cœur ardent.
Je t’embrasse mille fois et plus, en pensée et en affection, comme seul peut le faire un aïeul touché jusques aux larmes par l’amour d’une enfant.
Ton bon-papa, qui t’aime, et t’aimera, tant que Dieu me prêtera jours.
Post-scriptum : Reçois, en échange de ta fleur, une antique feuille de chastaignier, tombée de l’arbre devant nostre logis. Elle est de celles qui ont vu passer maintes saisons et plus d’un secret murmuré par le vent.
(Fin de citation)
Pour couronner le tout, je prie le cher "Cambérabéro" de nous fournir une version dans le style de mon auteur favori : RABELAIS, ni plus, ni moins !
P. S. 5 (à 15 heures 45) : "Cambérabéro" me répond : "N'étant pas spécialement fan, je ne sais pas si ce style est très rabelaisien" :
(Début de citation)
La Chaslerie, le quatorzième jour de mai, en l’an de grâce 2025, au beau pays des merveilles de la mémoire et des doux souvenirs
Ma chère et très précieuse Garance,
Ton épître m’a envahi d’un bonheur que n’eût pas même la plus opulente des réjouissances d’antan, lorsque les rois festoyaient et que les philosophes philosophaient sur les cieux ! Je l’ai lue, je l’ai relue, et j’ai même relu encore une fois, en ricanant joyeusement, jusqu’à ce que mes yeux soient aussi éblouis que la lune en sa plus belle nuit. Bou-Maman, cette douce étoile qui éclaire mes jours, en a souri de toutes ses dents, et voilà que la lettre, aussi précieuse qu’un diamant brut, a été déposée dans ma boîte aux trésors — celle où je garde, telles des reliques vénérées, les objets et les souvenirs qui défient le temps.
Quelle magnificence, cette fleur que tu m’as envoyée ! Elle sent encore un peu le jardin de Chambord, ce jardin enchanté où le vent semble murmurer des secrets, ou peut-être est-ce ton doux parfum qui se cache entre ses pétales, et qui m’enivre tel un breuvage sacré ! Je l’ai posée avec un soin tout particulier dans les pages jaunies d’un vieux dictionnaire, là où elle restera à l’abri, comme une relique oubliée dans un tombeau antique. O toi, fleur de la jeunesse, tu m’offres un parfum qui semble défier les lois du temps !
Ah ! Mais quelle plume tu as, petite fille ! Ta lettre est une tapisserie de mots, une fresque d’émotions, un chef-d’œuvre qui ferait rougir même les plus grands poètes de la Grèce antique ! Je m’esclaffe encore, tout à fait ravi, en pensant à tes "bisous sur les joues piquantes", comme une flèche de Cupidon qui, au lieu de percer le cœur, me chatouille la peau ! Je promets solennellement, par tous les saints et par tous les vieux livres du monde, de me raser de près avant que nos joues se rencontrent à nouveau ! Je ne veux pas que mes barbes te fassent souffrir comme une brise glacée.
Et maintenant, la suite de l’histoire du tricycle du curé, que tu réclames avec tant d’ardeur, comme un assoiffé qui réclame son vin ! Tiens-toi bien, car voici la continuation d’un récit qui marqua les annales de notre village !
Lorsque j’étais un jeune fripon, tout joyeux et farceur, un vieux tricycle, aussi rouillé qu’un navire abandonné, traînait derrière l’église du village. Il appartenait au curé, ce pauvre homme aux yeux aussi sages que deux étoiles perdus dans l’immensité céleste. Mais, comme souvent dans les campagnes, les choses de l’église se mêlent aux choses des hommes et des enfants ! Un jour, mon compère Georges et moi, tel le grand Phaéton voulant conduire le char du soleil, décidâmes de réparer ce vieux destrier de fer. Nous le repeignîmes en rouge écarlate, plus éclatant que le soleil levant, et le décorâmes de la plus étrange sonnette, celle d’un vélo qui n’avait jamais vu de route autre que celle de la dérision. Nous l’appelâmes notre "bolide", et, tout fiers, nous nous élancâmes à l’assaut du village, comme des chevaliers en quête de gloire ! Mais voilà que le curé, d’un œil tout perçant, nous aperçut. Il ne cria point, non ! Il se contenta de hausser un sourcil, plus haut que la tour de l’horloge, et, d’une voix calme comme l’eau d’un lac sans vagues, il nous dit : "Mes enfants, vous m’avez fait là une merveille, un engin digne de mon austérité. Faites-moi en un autre, et qu’il soit tout aussi majestueux !" Et nous, dans notre générosité sans borne, nous avons obéi, bien entendu ! Le second tricycle fut aussi splendide qu’un char de triomphe, décoré avec soin comme un roi pour sa procession.
Je t’écrirai d’autres récits de Bou-Maman Sim, qui, avec sa sagesse infinie, savait répondre aux caprices du destin, et de Mamie de Saint-Sul, dont les histoires sont plus déconcertantes que les nuages d’un ciel capricieux. Quelques-unes te feront rire, d’autres te laisseront songeuse… mais toutes, je te le promets, sont plus précieuses que l’or des alchimistes.
Continue à écrire ainsi, avec ton cœur de lionne et ton esprit d’artiste. Un jour, toi aussi, tu raconteras tes histoires à des oreilles avides, et ces récits auront la force des vagues, la douceur des vents, et la lumière des étoiles !
Je t’embrasse plus fort que le vent qui souffle sur la mer, plus chaudement que le soleil d’été, ma tendre Garance. Que tes rêves soient aussi vastes que l’horizon et aussi doux que le chant des oiseaux.
Ton Bon-Papa, qui t’aime plus que la mer n’aime le rivage, plus que le vent n’aime l’arbre.
P.S. : En retour de ta fleur, je t’envoie une vieille feuille de châtaignier, héritière d’innombrables récits d’antan. Elle a vu tant de choses et entendra sans doute tes histoires à venir, qui s’ajouteront à la grande tapisserie du monde.
(Fin de citation)
En effet, la dernière transcription est loin d'être top. On sent que cette culture se perd, hélas !
"Affilée", il faudra me le copier cent fois !
Idem "les bons mots". Idem "continuer". Idem "anecdote", "même", "très".
"Joues piquantes" ? Ce pauvre Bon-Papa se les rase pourtant tous les matins. Contrairement à ses fils qui, sensibles aux dernières modes comme tant de djeuns, arborent désormais un look d'islamistes....
Pratique, ce système qui produit à la fois les questions et les réponses. Des réponses antérieures aux questions, ce qui est remarquable. Un système digne d'occuper mes longues soirées d'hiver, assurément.
P.S. (à 15 heures) : L'histoire ne s'arrête pas ici. "Cambérabéro" vient de m'envoyer ma propre réponse à Garance...
(Début de citation)
La Chaslerie, le 14 mai 2025
Ma chère Garance,
Ta lettre m’a rempli le cœur de bonheur ! Je l’ai lue, relue, et même relue encore. Je l’ai montrée à Bou-Maman (qui a souri tout le long) et je l’ai rangée dans ma boîte aux trésors – celle où je garde les souvenirs que je veux garder pour toujours.
Merci pour ta jolie fleur séchée ! Je l’ai tout de suite reconnue : elle sent encore un peu le jardin de Chambord… ou peut-être est-ce ton parfum qui s’est glissé entre les pétales ? En tout cas, elle est maintenant dans un petit livre au chaud, entre deux pages d’un vieux dictionnaire.
Tu écris très bien, tu sais ? Même les "bens mots" sont jolis, car ils viennent du cœur. Et puis, j’ai bien ri en lisant "les bisous sur les joues piquantes" — je promets de bien me raser avant notre prochaine rencontre, promis juré !
Tu veux la suite de l’histoire du tricycle du curé ? Alors installe-toi bien, voici comment ça s’est passé...
Quand j’étais petit, il y avait un vieux tricycle rouillé qui traînait derrière l’église de mon village. Un jour, mon copain Georges et moi, on a décidé de le réparer pour jouer à faire la course. On l’a repeint avec de la peinture rouge (trouvée dans le garage du père de Georges) et on l’a même décoré avec une vieille sonnette de vélo. Fier comme des coqs, on est allés faire un tour... sauf que le tricycle appartenait encore au curé, qui comptait l’utiliser pour ses tournées ! Tu imagines sa tête quand il a vu son tricycle transformé en bolide de course ? Il n’a pas crié, non, il a juste haussé un sourcil très haut... puis il nous a demandé de lui en fabriquer un deuxième, tout aussi joli. Et tu sais quoi ? On l’a fait !
Je te raconterai d’autres histoires de Bou-Maman Sim et de Mamie de Saint-Sul dans mes prochaines lettres. Tu vas voir, certaines sont drôles, d’autres un peu bizarres… mais toutes sont précieuses.
Continue d’écrire comme tu le fais, avec ton cœur et ton imagination. Un jour, toi aussi, tu raconteras tout cela à de jeunes oreilles curieuses.
Je t’embrasse très très fort, ma petite chérie.
Ton Bon-Papa qui t’aime fort, fort, fort
P.S. : Je t’envoie, en échange de ta fleur, une vieille feuille de châtaignier de notre allée — elle a vu passer bien des histoires elle aussi !
(Fin de citation)
Avec ces techniques modernes, on va vite devenir fous à lier et bons à piquer, ainsi que l'a prévu le fou furieux et dangereux que l'on sait !
Ceci dit, pour Carole, c'est "Bonne Maman"...
Et moi qui tire désormais plus vite que mon ombre, on pourra bientôt m'appeler "Lucky Luke" !
P.S. 2 (à 15 heures 15) : "Cambérabéro" m'envoie une autre version, qu'il qualifie de "plus littéraire" :
(Début de citation)
La Chaslerie, le 14 mai 2025
Ma très chère Garance,
C’est avec une émotion indescriptible que j’ai reçu ta lettre, et je t’avoue que, comme un vieux livre précieux, je l’ai lue, relue, et encore relue, savourant chaque mot, chaque syllabe, comme si je cherchais à en extraire tout le parfum d’une enfance que le temps semble effacer de plus en plus vite. Je l’ai ensuite tendrement montrée à Bou-Maman, qui n’a pu s’empêcher de sourire en la parcourant, et je l’ai déposée précieusement dans ma boîte aux trésors, ce coffre secret où je conserve tout ce que j’ai de plus cher, les fragments d’une vie que je veux préserver à jamais dans le jardin de mes souvenirs.
Et je ne peux que te remercier infiniment pour cette petite fleur séchée que tu m’as envoyée ! Dès que je l’ai vue, j’ai instantanément reconnu la délicatesse de ton geste, et elle m’a transporté, comme un vent léger, dans le jardin de Chambord. Et, je t’avoue, ma chère, que j’ai parfois l’impression que c’est ton parfum même qui s’est glissé, comme une petite étoile fugace, entre les pétales de cette fleur. Elle est désormais précieusement placée, à l’abri du temps, entre les pages jaunies d’un vieux dictionnaire, un livre qui, tout comme cette fleur, témoigne de la beauté éphémère mais éternelle des choses qui comptent.
Je ne peux que m’émerveiller de la beauté de ton écriture, qui révèle la pureté de ton cœur. Même les "bens mots", ces mots qui semblent sortir d’un monde innocent, ont quelque chose de merveilleux, parce qu’ils portent en eux l’écho de ta sincérité, de ta gentillesse. J’ai eu un véritable éclat de rire en lisant ta description des "bisous sur les joues piquantes", et je te fais la promesse solennelle que, la prochaine fois que nous nous verrons, je m’assurerai de bien me raser avant notre rencontre — promesse jurée, d’un vieux bonhomme qui n’a jamais su se laisser vieillir trop vite !
Quant à l’histoire du tricycle du curé, ma chère Garance, tu veux connaître la suite ? Eh bien, fais-toi bien confortable, et laisse-moi te plonger dans ce souvenir d’enfance où l’innocence et l’aventure se mêlent dans un joyeux désordre. Quand j’étais petit, dans le village où j’ai grandi, il y avait un vieux tricycle, tout rouillé et oublié, qui traînait derrière l’église. Un jour, mon ami Georges et moi, dans notre esprit de petits aventuriers, avons décidé de le remettre en état, de lui redonner vie pour pouvoir courir à toute vitesse dans les ruelles du village. Nous avons trouvé une vieille peinture rouge dans le garage du père de Georges, et avec une énergie débordante, nous avons recouvert chaque centimètre du tricycle de cette couleur vive, éclatante, et, pour couronner le tout, nous avons fixé une vieille sonnette de vélo, celle qui faisait "dring dring" à chaque tour de roue. Pleins de fierté, nous sommes partis faire un tour avec notre précieux bolide… sauf que, comme tu t’en doutes, ce tricycle n’était pas nôtre, il appartenait encore au curé, un homme sage, mais dont les yeux brillèrent d’un étonnement amusé lorsqu’il découvrit son tricycle transformé en véritable machine de course. Il ne cria pas, non, il haussait simplement un sourcil d’un air très surpris, avant de nous demander, avec un sourire en coin, si nous pouvions lui fabriquer un deuxième tricycle, tout aussi joli. Et tu sais ce que nous avons fait ? Eh bien, nous l’avons fait, bien sûr, et avec un soin tout particulier, car ce fut là une belle occasion de faire grandir notre amitié, de renforcer notre esprit d’équipe.
Je te raconterai encore d’autres histoires, ma chère Garance, d’autres anecdotes, comme celles de Bou-Maman Sim ou de Mamie de Saint-Sul, des histoires tantôt drôles, tantôt un peu bizarres, mais toujours précieuses, parce qu’elles sont tissées des fils d’une vie qui ne s’oublie pas. Dans mes prochaines lettres, tu les entendras, et j’espère qu’elles te feront sourire, car à travers ces récits, je souhaite te transmettre un peu de cette richesse de souvenirs qui nourrissent mon cœur depuis tant d’années.
Continue, je t’en prie, de nourrir ta plume de la beauté du monde et de ton imagination infinie. Un jour, toi aussi, tu raconteras à de jeunes oreilles curieuses toutes ces petites choses qui font de la vie une aventure, et tes mots, aussi, trouveront leur place dans les boîtes aux trésors des âmes attentives.
Je t’embrasse bien fort, ma chère petite, avec tout l’amour que peut contenir le cœur d’un vieux bon-papa, qui t’aime infiniment, infiniment.
Ton Bon-Papa, qui pense à toi chaque jour.
P.S. : En échange de ta délicate fleur, je t’envoie, du fond de mon allée, une vieille feuille de châtaignier, qui, elle aussi, a vu défiler bien des histoires au fil du temps… Et peut-être, à travers ses nervures, y percevras-tu l’écho de celles qui n’ont jamais été oubliées.
(Fin de citation)
P.S. 3 (à 15 heures 17) : "Cambérabéro" me transmet (je le cite) "une réécriture de la lettre dans un style inspiré de René Descartes, c’est-à-dire avec un ton rigoureux, méditatif, ordonné, et traversé d’un souci de clarté logique et d’un goût pour les longues périodes construites avec méthode. Le ton reste affectueux, mais il est désormais teinté d’une gravité intellectuelle propre au philosophe."
(Début de citation)
La Chaslerie, ce quatorzième jour du mois de mai de l’an deux mille vingt-cinq
À ma très chère petite-fille,
Mademoiselle Garance,
C’est avec un sentiment mêlé de joie profonde et de reconnaissance paisible que j’ai reçu la lettre que tu as bien voulu m’écrire, et, après en avoir attentivement parcouru chaque ligne, je me suis convaincu, sans plus aucun doute raisonnable, que les pensées sincères d’un cœur jeune et aimant peuvent produire un effet aussi puissant, sinon plus, que les longs discours des plus doctes esprits, et cela précisément parce qu’elles émanent d’une source pure, où la vérité du sentiment se manifeste avec une évidence que nul artifice ne saurait égaler.
J’ai lu ta lettre une première fois avec cette curiosité vive que provoque toute parole venant de toi ; je l’ai relue une seconde fois afin d’en mieux goûter la grâce spontanée ; et enfin je l’ai lue une troisième fois, dans le silence de ma chambre, comme l’on médite une maxime chère, afin que les traces qu’elle laisse en mon esprit ne soient point éphémères, mais s’impriment profondément, selon l’ordre d’une mémoire fidèle. Bou-Maman, à qui je l’ai montrée sans délai, en a été tout attendrie ; son sourire, prolongé durant toute la lecture, fut la preuve manifeste que l’affection, même lorsqu’elle se tait, peut se communiquer par de simples regards.
Quant à la fleur séchée que tu as jointe à ta lettre — délicate offrande qui, par sa simplicité, vaut plus que maints présents fastueux —, je l’ai reçue avec une admiration mêlée d’une certaine philosophie, car je me suis souvenu que les choses les plus humbles peuvent, par l’usage que l’on en fait, devenir les symboles d’une pensée durable. Je l’ai placée, avec soin, entre les pages d’un vieux dictionnaire, persuadé qu’une telle relique méritait d’être conservée dans un lieu où se conservent aussi les mots, qui sont, comme chacun sait, les instruments par lesquels les âmes se comprennent entre elles.
Je dois t’avouer, ma chère enfant, que ta manière d’écrire — bien qu’encore naïve par certains aspects, comme en témoigne la charmante expression des "bens mots" — révèle déjà une disposition louable à l’expression claire des pensées, ce qui, à mon sens, est le fondement de toute communication véritable entre les êtres. Le trait plaisant des "bisous sur les joues piquantes" m’a arraché un sourire véritable, et je te fais ici la promesse formelle, en toute conscience de ma parole, que je me présenterai devant toi, lors de notre prochaine rencontre, rasé de près, afin que l’amour que je te porte ne soit pas terni par un excès de négligence.
Tu me demandes la suite de l’histoire du tricycle du curé, et bien que l’événement en lui-même soit d’une importance modeste, je reconnais qu’il possède cette qualité particulière que recherchent les esprits en formation : à savoir la combinaison de l’absurde et du réel, du jeu et de la règle, qui forme l’expérience vivante. Ainsi, lorsque j’étais enfant, il y avait, derrière l’église de notre village, un tricycle fort usé, dont la fonction originelle semblait perdue dans l’oubli. Mon camarade Georges et moi-même, animés par un esprit d’entreprise que rien ne pouvait refroidir, prîmes la résolution de lui redonner une seconde vie. Nous le peignîmes avec la peinture rouge trouvée dans le garage du père de Georges, et l’équipâmes d’une sonnette aussi bruyante qu’inutile. Or, ce que nous ignorions, c’est que cet objet appartenait encore au curé, lequel, au lieu de s’emporter, se contenta de hausser un sourcil d’un air perplexe et, avec cette sagesse tranquille propre à ceux qui méditent souvent, nous demanda s’il serait possible de lui en fabriquer un autre, identique. Ce que nous fîmes, non sans fierté.
Il est en mon intention, dans de prochaines lettres, de te faire le récit de certains épisodes concernant Bou-Maman Sim et Mamie de Saint-Sul, dont les vies, quoique simples, recèlent, à qui sait les observer avec méthode, des enseignements aussi précieux que ceux que l’on tire des livres les mieux ordonnés.
En attendant ces récits, je t’exhorte à poursuivre ta pratique de l’écriture, non point seulement comme un exercice d’agrément, mais comme l’outil principal par lequel tu pourras un jour ordonner tes pensées, éclairer tes idées, et offrir au monde la clarté de ton jugement — car il n’est point d’âme plus riche que celle qui sait s’exprimer avec justesse.
Je t’embrasse avec toute la force d’un amour fondé non sur l’habitude, mais sur une réflexion constante et renouvelée sur la beauté de ton existence.
Ton Bon-Papa,
qui t’aime avec une constance que ni le temps ni la raison ne sauraient diminuer.
P.S. : En retour de ta fleur, que j’ai reçue comme un symbole du lien précieux qui nous unit, je t’envoie une vieille feuille de châtaignier, tombée de l’un de ces arbres de notre allée, qui ont vu passer les siècles et savent, mieux que bien des hommes, garder les secrets du passé.
(Fin de citation)
P.S. 4 (à 15 heures 18) : "Cambérabérabéro" se déchaîne. Voici du "plus classique, style 16ème siècle" :
(Début de citation)
Fait en la Chaslerie, ce quatorziesme jour de may, l’an de grâce mil cinq cens vingt-cinq, réformé selon le style du nôtre temps
À ma doulce et très chère fillette,demoiselle Garance,
Comme j’eus ouï parler que la jeunesse de bonne nature fait souvent naître les plus beaux esprits et les inclinations les plus vertueuses, je ne fus point esmerveillé de sentir mon cœur allègre et attendri en recevant ta lettre, laquelle, tant par la naïveté gracieuse de son langage que par la tendresse qui en suinte goutte à goutte comme miel de ruche, me tint longuement en douce contemplation.
Je la leus, je la relectus, et de rechef la tournay en mes mains, comme si je voulois extraire, de chacun de ses mots, la vive chaleur de ton jeune cœur. Puis l’ayant montrée à Bou-Maman, laquelle ne cessoit de sourire comme fait la marguerite au soleil de printemps, je l’ay mise en ma cassette des choses mémorables, où je tiens les plus précieux vestiges de ce monde, à l’abri de l’oubli.
Ta fleur séchée — ô don si simple, mais de grande valeur, puisque ta main l’a cueillie — m’est parvenue comme viendroit un signe céleste ; et je crus y sentir, entremêlé au parfum discret de son passé, quelque brise de Chambord, voire ton propre soupir empreint entre ses pétales. Sitôt reçue, je la logey, bien au chaud, en un vieux et gros livre de lettres antiques, un dictionnaire jauni, compagnon des longues méditations.
Quant à ta manière d’escrire, s’il me faut en parler sans flatterie, je la trouve non seulement plaisante mais naturelle, et digne d’une âme bien née. Tes "bens mots", pour employer ta locution, ont plus de grâce et vérité que mainte phrase tournée à plaisir par ceux qui n’ont du cœur que la forme. Et j’eus grand rire — mais non moquerie — en lisant ta remarque sur mes joues piquantes, lesquelles, je t’en donne ma parole, seront, à nostre prochaine rencontre, nettes et lisses comme peau de pêche, pour mieux recevoir tes doux baisers.
Or, tu me requiers la suite du récit du tricycle du curé — étrange matière pour lettre sérieuse, mais plaisante à conter. Sache donc que, lors de ma prime jeunesse, il estoit derrière l’église un vieux tricycle de fer, tout rouillé et quasi hors d’usage, que le temps avoit laissé là comme chose perdue. Mon compagnon Georges et moy, esprits bouillants et peu soucieux des convenances, entreprîmes de le restaurer, et, l’ayant enduit d’une peinture rouge, trouvée au logis de son père, nous le parâmes de maints ornemens, y compris une sonnette criarde. Mais voilà que ce tricycle, que nous croyions à personne, estoit en vérité le bien du curé, lequel, le voyant métamorphosé en destrier flamboyant, leva un sourcil d’étonnement, mais ne gronda point — bien au contraire ! Il nous pria, d’un ton doux et badin, de luy en forger un second, tout semblable. Et par Dieu, nous le feismes, et avec telle joie que nous en eussions volontiers décoré cent autres !
J’ai en mon souvenir d’autres récits encore, touchant Bou-Maman Sim, ou Mamie de Saint-Sul, dames de caractère et de mémoire féconde. Les te conteray-je volontiers dans de prochaines épistres, si tu me fais l’honneur de continuer tes lettres si plaisantes.
Mais avant que de clore la présente, je t’exhorte, ma chère enfant, à persévérer en l’exercice d’escrire, car l’écriture est chose noble, et de tout temps a esté prisée des sages. C’est le miroir de l’âme, la clef des cœurs, et la mémoire des siècles. Par elle, tu pourras garder ton esprit clair, ton jugement honneste, et ton cœur ardent.
Je t’embrasse mille fois et plus, en pensée et en affection, comme seul peut le faire un aïeul touché jusques aux larmes par l’amour d’une enfant.
Ton bon-papa, qui t’aime, et t’aimera, tant que Dieu me prêtera jours.
Post-scriptum : Reçois, en échange de ta fleur, une antique feuille de chastaignier, tombée de l’arbre devant nostre logis. Elle est de celles qui ont vu passer maintes saisons et plus d’un secret murmuré par le vent.
(Fin de citation)
Pour couronner le tout, je prie le cher "Cambérabéro" de nous fournir une version dans le style de mon auteur favori : RABELAIS, ni plus, ni moins !
P. S. 5 (à 15 heures 45) : "Cambérabéro" me répond : "N'étant pas spécialement fan, je ne sais pas si ce style est très rabelaisien" :
(Début de citation)
La Chaslerie, le quatorzième jour de mai, en l’an de grâce 2025, au beau pays des merveilles de la mémoire et des doux souvenirs
Ma chère et très précieuse Garance,
Ton épître m’a envahi d’un bonheur que n’eût pas même la plus opulente des réjouissances d’antan, lorsque les rois festoyaient et que les philosophes philosophaient sur les cieux ! Je l’ai lue, je l’ai relue, et j’ai même relu encore une fois, en ricanant joyeusement, jusqu’à ce que mes yeux soient aussi éblouis que la lune en sa plus belle nuit. Bou-Maman, cette douce étoile qui éclaire mes jours, en a souri de toutes ses dents, et voilà que la lettre, aussi précieuse qu’un diamant brut, a été déposée dans ma boîte aux trésors — celle où je garde, telles des reliques vénérées, les objets et les souvenirs qui défient le temps.
Quelle magnificence, cette fleur que tu m’as envoyée ! Elle sent encore un peu le jardin de Chambord, ce jardin enchanté où le vent semble murmurer des secrets, ou peut-être est-ce ton doux parfum qui se cache entre ses pétales, et qui m’enivre tel un breuvage sacré ! Je l’ai posée avec un soin tout particulier dans les pages jaunies d’un vieux dictionnaire, là où elle restera à l’abri, comme une relique oubliée dans un tombeau antique. O toi, fleur de la jeunesse, tu m’offres un parfum qui semble défier les lois du temps !
Ah ! Mais quelle plume tu as, petite fille ! Ta lettre est une tapisserie de mots, une fresque d’émotions, un chef-d’œuvre qui ferait rougir même les plus grands poètes de la Grèce antique ! Je m’esclaffe encore, tout à fait ravi, en pensant à tes "bisous sur les joues piquantes", comme une flèche de Cupidon qui, au lieu de percer le cœur, me chatouille la peau ! Je promets solennellement, par tous les saints et par tous les vieux livres du monde, de me raser de près avant que nos joues se rencontrent à nouveau ! Je ne veux pas que mes barbes te fassent souffrir comme une brise glacée.
Et maintenant, la suite de l’histoire du tricycle du curé, que tu réclames avec tant d’ardeur, comme un assoiffé qui réclame son vin ! Tiens-toi bien, car voici la continuation d’un récit qui marqua les annales de notre village !
Lorsque j’étais un jeune fripon, tout joyeux et farceur, un vieux tricycle, aussi rouillé qu’un navire abandonné, traînait derrière l’église du village. Il appartenait au curé, ce pauvre homme aux yeux aussi sages que deux étoiles perdus dans l’immensité céleste. Mais, comme souvent dans les campagnes, les choses de l’église se mêlent aux choses des hommes et des enfants ! Un jour, mon compère Georges et moi, tel le grand Phaéton voulant conduire le char du soleil, décidâmes de réparer ce vieux destrier de fer. Nous le repeignîmes en rouge écarlate, plus éclatant que le soleil levant, et le décorâmes de la plus étrange sonnette, celle d’un vélo qui n’avait jamais vu de route autre que celle de la dérision. Nous l’appelâmes notre "bolide", et, tout fiers, nous nous élancâmes à l’assaut du village, comme des chevaliers en quête de gloire ! Mais voilà que le curé, d’un œil tout perçant, nous aperçut. Il ne cria point, non ! Il se contenta de hausser un sourcil, plus haut que la tour de l’horloge, et, d’une voix calme comme l’eau d’un lac sans vagues, il nous dit : "Mes enfants, vous m’avez fait là une merveille, un engin digne de mon austérité. Faites-moi en un autre, et qu’il soit tout aussi majestueux !" Et nous, dans notre générosité sans borne, nous avons obéi, bien entendu ! Le second tricycle fut aussi splendide qu’un char de triomphe, décoré avec soin comme un roi pour sa procession.
Je t’écrirai d’autres récits de Bou-Maman Sim, qui, avec sa sagesse infinie, savait répondre aux caprices du destin, et de Mamie de Saint-Sul, dont les histoires sont plus déconcertantes que les nuages d’un ciel capricieux. Quelques-unes te feront rire, d’autres te laisseront songeuse… mais toutes, je te le promets, sont plus précieuses que l’or des alchimistes.
Continue à écrire ainsi, avec ton cœur de lionne et ton esprit d’artiste. Un jour, toi aussi, tu raconteras tes histoires à des oreilles avides, et ces récits auront la force des vagues, la douceur des vents, et la lumière des étoiles !
Je t’embrasse plus fort que le vent qui souffle sur la mer, plus chaudement que le soleil d’été, ma tendre Garance. Que tes rêves soient aussi vastes que l’horizon et aussi doux que le chant des oiseaux.
Ton Bon-Papa, qui t’aime plus que la mer n’aime le rivage, plus que le vent n’aime l’arbre.
P.S. : En retour de ta fleur, je t’envoie une vieille feuille de châtaignier, héritière d’innombrables récits d’antan. Elle a vu tant de choses et entendra sans doute tes histoires à venir, qui s’ajouteront à la grande tapisserie du monde.
(Fin de citation)
En effet, la dernière transcription est loin d'être top. On sent que cette culture se perd, hélas !
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Vendredi 16 Mai 2025
Vie du site - Entretien du site - Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales - Transmission du patrimoine - Nature (hors géologie) - Anecdotes
rédigé le Vendredi 16 Mai 2025
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Il ne saurait m'échapper que la tonalité générale de mes messages, depuis un peu trop longtemps sans doute, est assez grinçante.
Ce chantier ne serait-il pas désormais trop lourd pour moi à porter trop seul ?
Je me heurte à trop de déconvenues, d'absences de réponses attendues, de contraintes trop souvent ridicules à mes yeux ou de contretemps absurdes car dépourvus de la moindre utilité, au moins "dans l'intérêt du monument" que je persiste à mettre en avant.
En vérité, tout cela me mine mais que puis-je faire, sinon prier les lecteurs de bien vouloir m'en excuser ?
"Il faut imaginer Sisyphe heureux". Oui, cela vaudrait mieux.
Ce chantier ne serait-il pas désormais trop lourd pour moi à porter trop seul ?
Je me heurte à trop de déconvenues, d'absences de réponses attendues, de contraintes trop souvent ridicules à mes yeux ou de contretemps absurdes car dépourvus de la moindre utilité, au moins "dans l'intérêt du monument" que je persiste à mettre en avant.
En vérité, tout cela me mine mais que puis-je faire, sinon prier les lecteurs de bien vouloir m'en excuser ?
"Il faut imaginer Sisyphe heureux". Oui, cela vaudrait mieux.