Transmission du patrimoine

Carole est toujours très impatiente que je commence enfin sérieusement les travaux d'habitabilité dans le bâtiment Nord. J'ai tâché de lui expliquer que mon calendrier était commandé par (1) la limitation de mon épargne, (2) le fait que je dois supporter, en tout état de cause et en l'état du dossier, les salaires et charges d'Igor et Valentin, ce qui m'amène à privilégier la maçonnerie, (3) les contraintes administratives, notamment celles gérées par la D.R.A.C., les plus complexes assurément.

Je ne suis pas sûr qu'elle m'ait bien compris, notamment à cause de la troisième contrainte qu'elle ignore totalement et bien à tort. Elle pense en effet que c'est par pur caprice que j'en suis toujours à donner la priorité aux murs des douves.

Or, si j'arrive enfin à décrocher les subventions nécessaires, promises pour partie mais toujours attendues, je serais bien bête d'y renoncer en privilégiant le chauffage, la plomberie, l'électricité et que sais-je encore ? Pas facile de le faire admettre par ma chère et tendre. Mais, si je n'y arrive pas, je ne vois pas comment, de mon vivant, pourrait être menée à bien la fin de la restauration des extérieurs de la Chaslerie, celle qui conditionne la pérennité et la beauté des lieux.

Car j'ai dans l'idée que, si je réussis à mener à bien ce projet, c'est autant de moins qui incombera à mes fils et/ou successeurs, qui pourraient, eux, se borner à financer les travaux intérieurs, plus classiques sinon plus aisés.

Après vingt et un ans d'efforts continus et longtemps incompris, ce dernier pari, le plus important à mes yeux (et celui où ma valeur ajoutée me paraitrait la plus déterminante), n'est peut-être pas encore perdu.

C'est du moins mon espoir.

Belle synergie ce matin entre les membres de ma fine équipe :

- Claude MARTIN dégage le fossé de ses ronces :

8 mars 2012, Claude MARTIN au fond du fossé.

- Bernard le suit de près et tronçonne les saules les plus envahissants :

8 mars 2012, Bernard à la tronçonneuse.

- puis Valentin émonde les saules tombés :

8 mars 2012, Valentin charge le

- enfin, Igor (que l'on ne voit pas sur la photo) range les branches coupées :

8 mars 2012, le travail d'Igor.

C'est ainsi que, petit à petit, nous arrivons à reprendre le contrôle de l'orée du petit bois et à remettre en ordre son chemin de ronde.

Bernard m'a fait remarquer que les saules avaient une trentaine d'années. Il a raison, c'est à peu près il y a 30 ans que François LEVÊQUE a dû arrêter de s'occuper des terres de la Chaslerie. J'imagine qu'il serait heureux, s'il revenait sur Terre, de voir que nous avons bien pris son relais.

Je profite de mes premiers jours de vacances universitaires pour classer tous les papiers échangés à propos des travaux à la Chaslerie (courriers avec le S.D.A.P. d'Alençon et la D.R.A.C. de Caen, courriers avec les architectes et les entreprises) que j'accumulais dans un coin d'armoire depuis des années. Ce faisant, j'ai notamment le souci de permettre à mes fils de pouvoir enfin prendre mon relais un jour prochain. J'espère seulement que la difficulté, la complexité et la densité de ces échanges ne les en dissuaderont pas.

Or, quand je découvre la liste des monuments protégés de Basse-Normandie, j'imagine qu'il doit falloir des kilomètres de rayonnages pour stocker tous les documents réputés pertinents. Et je suis submergé d'empathie pour les fonctionnaires chargés de suivre, du mieux possible, une masse aussi considérable d'informations. Donc, aussi rébarbatifs que m'apparaissent, vus de ma fenêtre, les dossiers de la Chaslerie, je me demande comment arriver à en faire partager, ou du moins comprendre, les sévères contraintes de terrain à des contrôleurs éloignés en raison de la nature des choses. C'est un vrai problème, assurément, et je suis loin d'être assuré de parvenir à le résoudre aussi bien que je le souhaiterais ou que ce serait nécessaire.

Excellents échanges aujourd'hui avec Mr T. à qui je racontais ma réunion hier à la D.R.A.C. Il commence à mieux comprendre que, lorsqu'on restaure de vieilles pierres, il y a des procédures lourdes à respecter. J'ai l'impression que le projet le tente néanmoins. J'essaye de ne rien lui dissimuler des difficultés de la tâche. Lorsqu'il reviendra à la Chaslerie, il pourra ainsi se plonger dans les dossiers que j'ai remis en ordre afin, notamment, de lui en faciliter la lecture.

Carole désire ardemment que l'habitabilité de la Chaslerie soit rapidement améliorée. Vaste programme ! Elle s'imagine que, d'ici deux semaines, nous aurons déblayé la pièce dévastée au-dessus du salon du logis. Compte tenu des autres travaux programmés (à commencer par la poursuite de la restauration du mur Ouest de la douve Nord), je pense que, si nous avons restauré le gros-oeuvre en argile du plancher de cette pièce pour la fin juillet, nous aurons beaucoup de chance. Autant dire que je ne suis plus sûr que nous pourrons être prêts, cette année, à nous replier à l'intérieur du logis pour la Sainte Anne en cas de pluie, ce qui risque fort de compromettre l'édition 2012 de nos festivités.

En attendant, Mr T. et moi avons été durement mis à contribution ce week-end pour faire place nette au salon, afin que l'argile, s'infiltrant entre les solives du plafond, ne continue pas à en maculer les meubles :

29 avril 2012, la tornade blanche à l'oeuvre.

Vivement le retour à Paris de ma chère et tendre tout à l'heure pour qu'enfin, Mr T. et moi, on puisse récupérer à notre rythme !

P.S. du 19 juillet 2012 : Fin juillet, avais-je écrit ? Ce n'était pas mal vu...

M. DELTA, le plombier, vient de me préciser qu'il n'y a pas moyen d'abaisser les tuyaux déjà en place au rez-de-chaussée de la tour Louis XIII. Sinon, il faudrait les couder, ce qui provoquerait l'apparition de bulles d'air bloquant les fluides.

Pour le chauffage à mettre en place à terme, M. DELTA pense que la géothermie serait moins adaptée à la Chaslerie que les copeaux de bois. Puisque j'exclus désormais le chauffage par le sol dont le caractère "consommable" me semble difficilement compatible avec un monument historique, le plombier fait en effet remarquer que la géothermie nécessiterait d'énormes radiateurs, forcément disgracieux.

Nous avons également évoqué la question du passage des tuyaux de chauffage pour desservir à terme le logis et l'"aile de la belle-mère". Pour le logis, nous n'éviterons pas de défoncer le macadam de la cour. Pour l'aile de la belle-mère, j'attends que Mr T. y voie plus clair dans ses projets et vais sans doute laisser des tubes en attente sous le sol de la future chaufferie.

Denis DUVEAU est passé ce matin à la Chaslerie pour qu'on examine la suite des travaux de menuiserie que je lui ai commandés.

Pour l'entrée du bâtiment Nord, il me confirme que le placo est incompatible avec la chaux, de sorte qu'il faudrait peut-être envisager de revêtir les murs de cette pièce de boiseries. Je lui demande cependant d'en faire accepter le dessin, de même que celui des rangements sous l'escalier et celui de la porte sur cour par Lucyna GAUTIER. Il est donc prévu qu'il la convie à venir le visiter dans son atelier.

1er mai 2012, Denis DUVEAU dans l'entrée du bâtiment Nord.

Il faudra cependant nous donner le temps de la réflexion car les boiseries coûtent cher, sont susceptibles de se démoder et occuperaient une place non négligeable dans une pièce déjà exigüe. Mr T. serait plutôt d'avis de laisser Carole décider s'il ne serait pas préférable de peindre les murs de cette entrée ou bien de les revêtir de tissus d'ameublement.

Pour le fournil de la ferme, Denis DUVEAU va également se rapprocher de Lucyna pour faire approuver son projet de porte d'entrée.

Pour l'appentis de la cave, il fournira trois fenêtres dormantes avant qu'Igor (et son nouveau collègue) n'habillent le bâtiment de torchis.

Enfin, il doit poser deux fenêtres dormantes sur le pignon Est de la cave, ce qui en achèvera enfin la mise hors d'eau, et une troisième au rez-de-chaussée du colombier.

Il me semble que, cette fois-ci, Mr T. envisage sérieusement de prendre mon relais dans la restauration de l'"aile de la belle-mère", c'est-à-dire le colombier et les écuries. Il m'a fait part de ses idées ; ainsi, il prévoit, une fois la charpente et la couverture des écuries restaurées par mes soins, de poursuivre par le colombier, y compris l'intérieur de celui-ci ; il conserverait les deux chambres, celle du premier étage destinée à ses amis et celle du deuxième qu'il garderait pour lui ; au-dessus de cette dernière, il conserverait une pièce qui lui servirait de bureau-bibliothèque-salle de projection ; au rez-de-chaussée, dans la cuisine provisoire actuelle, il s'interroge sur les niveaux du sol et du plafond. Attenante à sa chambre, il aménagerait une vaste salle de bains, sans doute séparée par un vide sanitaire du salon actuel dont il conserverait le volume et la cheminée. C'est de ces vues préalables qu'il entend débattre avec Lucyna GAUTIER le 19 mai prochain.

Il va donc falloir que, de mon côté, j'étudie comment lui transférer cet immeuble, peut-être en lui vendant une S.C.I. qui aurait préalablement acquis la nue-propriété de cette partie du manoir. Sans doute conviendra-t-il de commencer par faire délimiter un nouveau lot par un géomètre ; je vais donc interroger un notaire à ces sujets.

Lucyna GAUTIER n'est nullement affolée par l'état des planches découvertes hier. Nous allons cependant finir de retirer l'argile pour voir combien de celles-ci il y aurait lieu de changer. Pour la suite, Lucyna recommande qu'à défaut d'argile (qui aurait sa préférence), nous coulions sur ces planches un béton allégé contenant du chanvre qu'une toupie viendrait livrer. Pour le plafond, elle suggère de garder l'horrible canevas de sapin implanté par mes prédécesseurs mais de le dissimuler derrière un décor de style 17ème ; j'attends de voir ses dessins pour me prononcer à ce sujet. J'ai fait part de ma préférence pour que cette pièce d'environ 60 m2 ne soit pas divisée (ce qui n'est pas l'avis de Carole) et Lucyna va présenter un projet de compartimentage auquel elle a, paraît-il, déjà réfléchi.

19 mai 2012, Philippe JARRY (de passage pour nous prêter son niveau à laser), Lucyna et Mr T.

Puis Lucyna est entrée en conclave avec Carole et, surtout, Mr T., afin d'avoir une première discussion sérieuse sur les travaux envisagés dans l'"aile de la belle-mère". Comme je l'avais promis, je me suis alors retiré ; d'ailleurs, ainsi que je l'ai déjà expliqué sous cet onglet, je n'ai pas la moindre idée sur la meilleure façon de réparer les dégats occasionnés, dans ces volumes, par les initiatives aberrantes du père de mon vendeur.

19 mai 2012, conférence au sommet dans la cuisine provisoire, au rez-de-chaussée du colombier.

P.S. : En fait, Lucyna proposerait, si j'ai bien compris, d'implanter la cuisine et l'escalier de l'aile de la belle-mère dans l'écurie actuelle. Cela nécessiterait sans doute l'ouverture d'une fenêtre sur cour. Il s'agit là d'un parti auquel, de notre côté, nous n'avions pas réfléchi mais cela paraît astucieux. Par de telles suggestions, l'architecte démontre à mes yeux sa valeur ajoutée. Deux autres domaines où son expérience est précieuse sont le phasage des travaux et tout ce qui concerne les fluides (eau, électricité, chauffage), c'est-à-dire des questions pratiques qui m'ont toujours paru fastidieuses...

Maurice VERRON, géomètre du cabinet ZUBER-MAILLARD (successeurs du cabinet DELAHOUSSE de Mayenne) est passé ce matin préparer les modifications du plan cadastral nécessitées par la prochaine vente à une S.C.I. familiale à créer de la nue-propriété de l'"aile de la belle-mère".

23 mai 2012, M. VERRON en train de prendre des mesures.

Je rappelle que l'"aile de la belle-mère" désigne, depuis l'époque où vivait encore la mère de mon vendeur, décédée en 1970, le sous-ensemble des bâtiments sur cour constitué du colombier et des écuries ; c'est en effet la dénomination qui figurait sur la clé du colombier lorsque, en 1991, j'ai acheté la Chaslerie.

Comme je l'ai récemment expliqué, je prépare le transfert progressif à mon aîné (qui préfère garder l'anonymat sur ce site, de sorte que je l'y dénomme Mr T.) des volumes en question ; il accepte d'en prendre en charge les travaux très prochainement, c'est-à-dire une fois que j'aurai mené à bien la restauration de la charpente et de la couverture des écuries ; cette restriction tient au fait que l'arrêté de subvention de cette tranche de travaux est libellé à mon nom de sorte que, paraît-il, il serait pratiquement impossible d'y substituer le prénom du fiston ; bien entendu, le prix de cession des parts de la S.C.I. (ou, selon le calendrier, celui de la nue-propriété de ladite aile) tiendra compte de cette particularité.

Je signale que, depuis le remembrement de La Haute Chapelle, les bâtiments de la Chaslerie sont cadastrés en "terres agricoles". C'est évidemment absurde et cela semblerait démontrer une fois de plus les abus d'un monde paysan en pleine dérive productiviste, à qui la bride serait laissée beaucoup trop lâche sur le cou et qui imposerait des thèses stupides, ainsi qu'on le voit dans le voisinage de la Chaslerie où un jeune abruti ratiboise les haies et talus avec une impunité inacceptable. En pratique, un classement en terres agricoles interdit, une fois le remembrement passé, de créer ou de recréer des droits de passage ; si l'on ne respecte pas cette règle, on risque ni plus ni moins que l'annulation des actes notariaux pris en contravention ; dans le cadre de ses diligences normales, le géomètre a donc dû tirer les conséquences d'une pareille ânerie, ce qui l'a conduit à délimiter bizarrement le nouveau lot ; j'ai essayé de faire en sorte que cela ne soit pas la source de litiges à terme mais il reste à espérer que le classement de la Chaslerie parmi les monuments historiques nous en préserve, autrement dit qu'il y ait toujours des fonctionnaires des affaires culturelles en charge du respect d'un tel lieu, y compris par les imbéciles les plus nocifs, ceux qui sont incultes et insensibles à la beauté et que les aléas de l'histoire ou des modes pourraient mettre en situation d'interférer.

P.S. : Me relisant, je me pose la question : est-ce le monde paysan qui débloque ou ne sont-ce pas plutôt des individus qui, à Bruxelles ou je ne sais où, distordraient les règlementations dans un sens qui incite les agriculteurs à dénaturer le bocage comme on le voit trop souvent ? Je crois quand même qu'il y a de l'abus manifeste chez certains jeunes qu'il serait urgent de mieux encadrer ; c'est là, me semble-t-il au premier chef, le rôle des élus des communes rurales, tenons-les pour responsables et demandons-leur des comptes à la première occasion !

Pour la fête des pères, mes fistons m'ont offert trois excellents bouquins qui témoignent, si nécessaire, de leur souci que les travaux avancent plus vite :
- "Aide-mémoire - Mécanique des sols - Concepts - Applications" d'Yves BERTHAUD, Patrick de BUHAN et Nicolas SCHMITT chez Dunod. Il se trouve que Patrick de BUHAN, prof à l'E.N.P.C., est un de mes copains de promo de l'X ; je pourrai toujours, j'imagine, lui demander des leçons particulières...
- "Traité pratique de charpente" par E. BARBEROT, réédition d'un ouvrage de 1911, aux Editions J.C. Godefroy ;
- "Architecture et construction des escaliers en bois" par Ephrem LONGEPE, aux Editions H. VIAL.

De mon côté, j'ai profité de mon passage à Paris pour aller, boulevard Saint Germain, fureter dans les sous-sols de la librairie Eyrolles ; je me suis offert "Génie civil - Béton armé - Application de l'eurocode 2" par Ronan NICOT chez Ellipses.

On le voit, tout cela est très sérieux ! Aucune envie, en effet, de supporter des surcoûts inutiles quand je peux très bien, muni de ces manuels, concevoir et calibrer tout seul quelques travaux classiques (ici, je pense tout particulièrement aux fondations du mur d'escarpe...).

En regardant les croquis de Roland Fornari, je m'interroge sur la hauteur qu'il propose pour la grille de l'avant-cour. Outre le fait que je trouve bizarre d'arrêter une porte au milieu de son montant, je comprends que l'espèce d'ornement supérieur serait placée entre 2,30 m et 3,50 m du sol. Or, vu que le niveau du seuil est en réalité en dessous du niveau du sol de 50 bons centimetres, on se retrouverait avec un ornement à 1,80 m du sol... Autant dire juste à hauteur de vue, ce qui bloquerait complètement le panorama et, je trouve, aurait un côté un peu bas de plafond.

Ceci étant dit, vous avez le temps d'en discuter vu que ce type de projet n'est pas, comme je le comprends, considéré comme prioritaire par certains de vos proches.

N.D.L.R. : Dans son principe, votre remarque témoigne d'un certain sens de l'observation ; il y a un compromis à rechercher compte tenu du fait que, comme vous l'avez noté, le sol de l'avant-cour se situe 30 bons centimètres (ou 2 marches) au-dessus de celui de la terrasse (qui en serait séparée par le portail qui vous turlupine). Je vais répercuter votre observation sur Roland et vous tiendrai au courant de ses contre-arguments.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Lundi 25 Juin 2012
Journal du chantier - Ferronnerie - Murs divers - Transmission du patrimoine - Désultoirement vôtre !
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@ X. Y. Z. :

A la suite de votre message du 21 juin dernier, je vous avais promis que j'interrogerais Roland FORNARI en lui communiquant vos remarques et appréciations sur son projet de grille du mur de la chapelle au manoir (ou grille de l'avant-cour, ainsi que vous l'appelez). Roland n'a pas tardé à répondre. Son style inimitable vous garantira l'authenticité du document :

23 juin 2012, réponse de Roland FORNARI à X. Y. Z.

Si, après ce courrier, vous n'êtes toujours pas convaincu, le mieux serait de vous reporter à l'onglet "Travaux" (que je viens de mettre à jour), d'y rechercher les coordonnées téléphoniques pertinentes et d'appeler directement l'Artiste !

Bonsoir,

Voilà, voilà, j'arrive, alors cette rencontre fut-elle fructueuse ?

Avez-vous eu un interlocuteur de choix ou me trompé-je sur ses connaissances des châssis ?

Je retiens mon souffle, dépêchez-vous, on manque d'air par ici.

A l'occasion, si les châssis de fenêtres de la boulangerie ne sont pas posés, une photo d'un plan plus rapproché, me rendrait service.

Bonne soirée !

N.D.L.R. : Ah ! Enfin vous voilà !

Je commence par vous répondre sur les nouveaux châssis de fenêtres de M. DUVEAU. Ils sont désormais posés. Voici ce que cela donne pour le fournil de la ferme :

28 juin 2012, le fournil de la ferme vu du Nord.

28 juin  2012, le fournil de la ferme vu du Sud.

28 juin 2012, la fenêtre de la façade Nord du fournil de la ferme.

Il reste bien sûr à jointoyer et peindre tout cela. Compte tenu du fait qu'il s'agit, à ma demande, de doubles vitrages pour ce bâtiment destiné à être occupé l'hiver, je trouve que le résultat n'est pas mauvais. Qu'en dites-vous ?

S'agissant de la visite du représentant de la D.R.A.C., j'ai trouvé qu'elle s'est achevée dans un bien meilleur climat que celui que j'avais ressenti au départ. Alors qu'il faisait une chaleur torride, mon interlocuteur a en effet préféré commencer par une réunion dans mon bureau au cours de laquelle il a souhaité passer en revue les différents dossiers en suspens. Or il est de fait que ceux-ci sont nombreux. Manifestement, ma façon de rédiger des courriels (et, sans doute, des messages sur notre site favori) n'est pas ressentie par certains fonctionnaires comme une aide à ne pas mélanger les informations dont ils ont besoin dans le cadre de leurs procédures ; il faudrait que j'en tienne compte à l'avenir. Ainsi :
- pour la restauration de la charpente et de la couverture des écuries, j'ai rappelé que je faisais en sorte de lancer ces travaux au premier semestre 2013 mais que je devais attendre que mon fils aîné ait décidé, en liaison avec l'architecte, s'il y a lieu ou non de modifier les lucarnes, d'en ajouter ou d'en enlever ; je pense que mes explications ont convaincu que le problème était pris ici à bras le corps ;
- pour les travaux du menuisier et du forgeron sur diverses fenêtres du logis et du bâtiment Nord, mon interlocuteur savait que j'avais déjà encaissé les subventions correspondantes mais ignorait si les travaux avaient été effectués ; il paraît en effet que manque à ses dossiers de suivi une certification émanant du S.D.A.P. Il a néanmoins pu se rendre compte que tous ces travaux avaient bel et bien été réalisés ;
- puis il a abordé le dossier de la cage d'escalier du logis ; après que Lucyna GAUTIER a fourni, comme on le sait et suite à la demande de la D.R.A.C., son estimation du nombre d'heures de travail de mes employés, il semble qu'il faille désormais expliciter la nature précise des travaux que ces derniers réaliseront ; ceci ne me pose pas de problème ; j'espère seulement que ce nouveau document que je vais préparer sans délai sera le dernier qui me sera réclamé avant que le dossier de demande de subvention ne puisse être déclaré complet ; il m'a semblé en tout cas qu'à l'occasion de ce dossier, mon interlocuteur avait bien compris l'économie réalisable par rapport à un devis officiel, ce qui est un point essentiel à mes yeux ;
- pour le mur Ouest de la douve Nord, mon interlocuteur a souhaité de nouveaux justificatifs sur deux points : le nombre d'heures de travail de mes employés et l'utilité du poste "aléas" dans le chiffrage de Lucyna GAUTIER (d'autant que ce dernier date quasiment de la fin du chantier) ; sur le premier point, je suis en mesure de fournir toutes explications et même de nombreuses photos confirmant la réalité des travaux effectués (qualité des fondations, double parement du montage, soin des travaux, réalité des drainages, durée précise de chaque tâche, etc...) ; sur le second point, il nous reviendra, à l'architecte et à moi, d'exposer que le poste "aléas" a été conçu comme un fourre-tout destiné à parer à l'incertitude de postes non facturés par des tiers ; donc il me semble que tout cela est un petit peu fastidieux à détailler mais que nous devrions pouvoir fournir rapidement les explications attendues ;
- pour le mur d'escarpe, j'ai exposé les démarches en cours afin de détourner le filet d'eau au fond de la douve, ce qui a sans doute rassuré mon interlocuteur sur mon souci de respecter toutes les réglementations, même extérieures à son champ de compétence. Sur le fond, mon interlocuteur a estimé que je pourrais être autorisé très rapidement à démonter le mur existant mais qu'il lui faudrait davantage d'éléments avant d'autoriser le coulage des nouvelles fondations ; c'est, d'après moi, à ce moment-là de notre entretien que l'atmosphère s'est détendue et que le dialogue est clairement devenu constructif ; j'ai en effet exposé que je répugnais à faire intervenir un cabinet d'études coûteux pour des calculs de fondations que je saurais effectuer moi-même, s'agissant d'un mur de soutènement parfaitement classique, et mon interlocuteur, lui aussi ingénieur, l'a admis ; ceci était un point crucial pour moi. A partir de là, la conversation a porté librement sur les complexités des procédures et j'ai pris bonne note des références internet d'un document établi par les conservateurs régionaux des monuments historiques pour tâcher d'éclairer le public ; j'étudierai ce document.

Voilà, je pense, l'essentiel de ce que nous nous sommes dits dans mon bureau. Nous sommes ensuite allés sur le terrain. J'ai commencé par montrer l'intérieur du bâtiment Nord et donné un aperçu de l'intérieur du logis. Mon interlocuteur a ainsi pu se rendre compte du fait, étonnant pour tout observateur sensé, que je fais passer la préservation du gros-œuvre de la Chaslerie avant le confort de ma petite famille ; à mon avis, il ne doit pas rencontrer souvent de zigotos de mon acabit ; il est même probable que tout fonctionnaire des affaires culturelles doit se réjouir du fait que, tel Bernard Palissy, je sacrifie énormément à l'intérêt du bâtiment. Mon interlocuteur a cependant noté la grande humidité de la première volée de la cage d'escalier (due, selon moi, au très brutal réchauffement de l'atmosphère au cours des dernières 24 heures ainsi qu'à l'usage abusif de ciment par mes prédécesseurs).

Ce n'est donc qu'à la fin de la visite que nous sommes allés examiner les douves. Nous sommes très rapidement passés à côté d'Igor et de Jonathan (il m'a semblé que la qualité de leur travail avait fortement impressionné). Mon interlocuteur s'est cependant étonné des joints creux ; je lui ai répondu que c'était habituel dans le Domfrontais, à la différence du Perche par exemple (je me suis cependant abstenu de lui signaler que les joints du châtelet d'entrée d'un manoir géographiquement voisin, le manoir de la G., étaient ainsi, à mes yeux, complètement ratés). Enfin, nous sommes descendus dans les douves et mon visiteur y a pris de nombreuses photos.

Au final, M. TIERCELIN m'a semblé tout à fait rassuré par les travaux réalisés ainsi que par la coïncidence entre mes déclarations sur le mur d'escarpe et ce qu'il a pu constater d'autant plus aisément que l'herbe avait été coupée à son intention. Je retiens également qu'il m'a assuré que les promesses de subventions seraient bien (sauf circonstance majeure exceptionnelle) tenues et que je n'ai pas non plus de souci à me faire à propos des subventions nécessaires pour la restauration du mur d'escarpe et des biefs. Nous sommes convenus de rester en contact si j'avais d'autres éclaircissements à demander sur les textes.

Nous n'avons guère parlé de la passion de mon interlocuteur pour les châssis anciens de fenêtres. J'espère bien que cela sera possible à notre prochaine rencontre.

P.S. (du 7 juin 2017) : Avec le recul de 5 ans supplémentaires de travaux (et de galères, administraaaâââtives et autres), je trouve que la lecture de ce compte rendu conserve quelque chose de réconfortant pour moi.

M. PEROTTE, menuisier basé dans le Perche et qui m'est recommandé par Roland FORNARI et la famille DESHAYES, passera en début d'après-midi pour prendre les dimensions des châssis de fenêtres ou de portes que je désirerais remplacer prioritairement en raison de leur vétusté ou de leur inadéquation. Il s'agit des 4 fenêtres de la "pièce dévastée" (au 1er étage du logis), de la fenêtre de la pièce qui se trouve dans la tour attenante, ainsi que des 4 fenêtres et des 2 portes extérieures de la cage d'escalier du logis.

Afin de préparer cette réunion, je vais me replonger dans le passionnant site d'Arnaud TIERCELIN. Le modèle auquel je pense serait inspiré d'un châssis du manoir de la Cour à Sainte-Croix-sur-Orne. Il me paraît en effet de la bonne époque et bien coller avec des ouvertures de la Chaslerie qui comportaient autrefois des meneaux de pierre dont il reste les cicatrices.

Bien entendu, ma famille va lever les bras au ciel et protester vigoureusement quand elle connaîtra ces projets. Mais je prends des vitamines pour affronter la tempête prévisible.

P.S. : Maintenant que je connais M. TIERCELIN, il faudrait que je lui montre les vestiges d'anciens châssis de fenêtres de la Chaslerie qui ont servi pour la restitution de la lucarne du logis. Le problème est que je ne sais plus où je les a mis. Mes prédécesseurs, toujours aussi doués, les avaient peints en orange ; donc ils devraient se voir...

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mardi 24 Juillet 2012
Journal du chantier - Transmission du patrimoine - Anecdotes - Désultoirement vôtre !
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Béatrice GAREAU, tapissière à Briouze, m'a livré ce soir le matelas qu'elle a fabriqué sur mesures pour le lit à baldaquin de la tour Nord-Est. Ce meuble est placé provisoirement dans la pièce que je destine à être un jour la cuisine du logis. Grâce à cet investissement bienvenu, la Chaslerie est désormais équipée de trois lits en tout et pour tout. Je rappelle que nous disposons de surcroît d'un cabinet de toilettes avec douche, plus un w.-c. qui gèle l'hiver.

Bref, après 21 ans de travaux, on dirait bien que, cette fois-ci, la mollesse nous gagne !

En visitant hier, dans le Perche-Gouët, le château de Montmirail qui est à vendre, j'ai admiré, bien sûr, les superbes salon et salle-à-manger ainsi que les salles souterraines et j'ai envié l'excellent état d'entretien de cette magnifique demeure familiale. Plus prosaïquement, j'ai remarqué une rampe d'escalier simple et robuste dont je me suis dit qu'elle pourrait servir de modèle pour le prochain escalier du bâtiment Nord de la Chaslerie :

30 juillet 2012, une rampe de Montmirail.

Bien entendu, j'ai été stupéfait d'apprendre qu'aucun des enfants des propriétaires actuels n'accepte de reprendre une si belle demeure, ce qui va bientôt marquer le terme de trois siècles environ de détention dans la même famille. J'avoue avoir beaucoup de mal à comprendre cette attitude qui me navre.

P.S. du 1er août 2012 : Mais m'a-t-on dit la vraie raison de cette vente qui me semble si surprenante ? En surfant sur la toile, j'en arrive à me le demander.
J'aime beaucoup la nouvelle cloison en torchis du fournil de la ferme. Elle est loin d'être banale et a déjà beaucoup de "vécu" (on dirait qu'elle est là depuis au moins deux siècles).

3 août 2012, dans le fournil de la ferme.

Je pressens que toute ma petite famille va se battre pour occuper cette dépendance de préférence à tout autre local de la Chaslerie. Moi aussi, j'avoue caresser l'idée d'y passer quelques-uns des prochains hivers.

Je rappelle toutefois qu'il reste encore à :
- en drainer le sol puis le recouvrir de tomettes ;
- y effectuer tous les branchements électriques ;
- concevoir et y aménager tout le circuit de l'eau ;
- concevoir et aménager un coin-cuisine et un coin-toilettes, sans oublier le plafond correspondant ni la V.M.C. ; d'abord, décider où l'on implante ces deux "coins" ;
- prévoir une penderie suffisante et pratique ;
- faire fabriquer la porte extérieure et la (ou les) porte(s) intérieure(s) ainsi qu'un coffret pour les fusibles ;
- décider quel revêtement on prévoie pour les murs (je serais assez tenté de les laisser en l'état, c'est-à-dire juste jointoyés) ;
- le meubler ;
- et j'en oublie sans doute...

Donc, au mieux et au rythme où vont les choses, ce palace tant attendu pourrait être livrable pour l'hiver 2013-2014.

Je viens de profiter de la présence de la jeune classe, au complet pour quelques heures encore, et leur ai demandé leur avis sur le futur aménagement intérieur du fournil de la ferme.

Leur idée est que je conserve le coin cabinet de toilettes là où je l'avais envisagé (c'est-à-dire près du futur emplacement du lit), que je réduise au minimum le coin cuisine mais que je consacre l'espace ainsi gagné à un dressing. Sur le choix entre douche et petite baignoire, les avis sont partagés : Mr T. fait valoir qu'en hiver, un bain chaud serait le bienvenu, la demoiselle à l'écharpe blanche et W.F. préférant une douche. Enfin, la question du revêtement mural n'est pas réglée, Mr T. et la demoiselle à l'écharpe blanche appréciant la vue des pierres simplement jointoyées (comme actuellement), alors que W.F. préférerait un enduit à la chaux.

Bref, je crois que je vais devoir, encore une fois, décider tout seul et imposer mes choix...