Transmission du patrimoine

Renaud Camus, écrivain des crépuscules

Renaud CAMUS

On se trouve devant la centaine de volumes publiés par Renaud Camus – journaux intimes, romans, essais politiques, abécédaires, mélanges – comme l’alpiniste devant certaines montagnes : l’œuvre est si riche de sujets, de genres, de tons qu’elle intimide, si tendue par un style unique, ferme et ferré, qu’elle force à l’humilité. – En désespoir de cause, on prend au hasard un de ces livres, en pensant qu’on en dira assez qu’on donne envie d’en lire davantage. On est tombé sur Kråkmo, un des volumes du journal que publiait Fayard, du temps que Fayard était éditeur ; nous sommes en 2009.

C’est le sentiment d’avoir été défait, et d’abord sur le plan de la « carrière littéraire », qui frappe d’emblée. Cet échec tourne, pour ce volume, autour de l’Académie française : on échoue à obtenir le Grand Prix du roman, et surtout à se faire élire sous la Coupole – et c’est toute une vie d’écrivain que cet échec noircit : « Jamais un succès, jamais : qu’est-ce que c’est que cette malédiction ? […] Quelle griserie ce doit être que quelque chose réussisse, pour une fois (ou régulièrement) ! Il est écrit, décidément, que ce ne sera pas mon lot. » Un jour qu’une promenade le mène dans un bois où, des années durant, il a dégagé des voies de passage, Camus découvre que ses sentiers ont disparu, recouverts par la repousse des branches et des feuillages. Ainsi ses efforts de débroussailleur n’auront servi à rien : tout est revenu à l’état antérieur, sauvage et naturel. C’est exactement le mouvement qui voit l’écrivain piétiner, sinon reculer dans sa propre voie, où toujours domine le sentiment de la perte : « Je sais que je n’aurai pas la force, ni l’envie, ni le temps de tout recommencer », dit-il de ce bois autant que de sa candidature. « Du coup ce sont toutes ces années qui me semblent perdues – celles au cours desquelles je suis passé de neuf à trois voix, à l’Académie française. » Si cet échec affecte réellement l’auteur, c’est qu’il le ramène au fiasco de ses ambitions. Très jeune, il était convaincu qu’il mènerait la vie mythique d’un écrivain d’importance. Or « ce n’est pas arrivé, et maintenant cela n’arrivera plus […]. Serait-ce arrivé, il me semble que ma vie, et certainement mon “œuvre”, auraient été beaucoup plus intéressantes. »

Un écrivain appartient à un art mort ; et cela n’entre pas pour rien dans l’impression d’une défaite plus générale, et qui va s’élargissant. Un épisode qui est anecdotique en apparence seulement en donne une image significative. On vend la bibliothèque d’un homme qui vient de mourir. Camus, qui en rachète une partie, prend conscience, et le lecteur avec lui, que si le livre a une valeur à l’achat, quelques années plus tard à peine, ou seulement quelques mois, il n’en a plus aucune ; et l’auteur de confesser sa gêne, sa honte, d’avoir payé quelques dizaines d’euros des livres qui, à leur propriétaire, avaient dû coûter une somme cinquante ou cent fois supérieure – et pour rendre la situation plus dérisoire encore, plus amère et plus triste, il rapporte que, pour l’achat du lit, dans cette maison, c’est toute la bibliothèque qu’il aurait pu emporter. Le livre ne vaut rien, du point de vue marchand ; il ne vaut pas davantage « physiquement », sur le plan de la qualité matérielle, de la robustesse par exemple (il se dégrade aujourd’hui infiniment plus vite que jadis, et même que naguère) ; mais il vaudra moins encore sur le plan esthétique : c’est ce que suggèrent à notre auteur les effarantes lettres électroniques qu’il reçoit d’aspirants littérateurs, messages sans ponctuation ni syntaxe, écrits dans une orthographe d’enfant diminué. « Nous nous sommes vu une fois, vous pouvé pas vous souvenir », lui précise un correspondant qui, comment en douter, veut devenir écrivain. C’est un idiome nouveau qui se parle et s’écrit désormais, non seulement chez les Français, mais aussi chez ceux qui aspirent à écrire des livres, au point qu’un jour, prédit Camus, les éditeurs seront las de traduire dans une langue académique ce néo-français, si lointainement inspiré de l’ancien. Ils cèderont, ils cèdent, ils ont cédé. (On le constate de plus en plus fréquemment : les c’est de lui dont il s’agit prolifèrent dans les livres d’aujourd’hui, parmi les avérer faux, les dilemnes, les après qu’il soit parti, les pallier à, et quantités d’autres mauvaises herbes. On a parfois le sentiment que les correcteurs ont cédé, d’épuisement peut-être. On garde par exemple un souvenir effaré de l’édition de La Cuisine des prix (Journal 1980-1993), de Jacques Brenner.) Le livre a rejoint, irréparablement, les autres objets de consommation courante, où lui est garanti un avenir de produit industriel : médiocre du point de vue esthétique, triomphant sur le plan commercial. Ainsi, la mort de la littérature française n’implique pas la mort du livre ni celle du français, bien au contraire : ce type de français et ce type de livre, la dégradation de celui-là croissant à proportion de la démonétisation de celui-ci, ne crèveront pas ; ils prospèreront, ils prospèrent.

En effet, les nouveaux auteurs auront de nouveaux lecteurs, et ceux-ci, pour qui le français traditionnel sera toujours trop difficile, trop riche, trop classique, feront le succès de ceux-là : « Aux nouveaux lecteurs, formés à la rude école des SMS, tout ce qui est écrit comme j’écris, en français officiel, en français tel qu’on l’enseignait et qu’on ne l’enseigne plus, paraîtra “trop bien écrit”, et donc ne pas s’adresser à eux. Vocabulaire, syntaxe, tout cela leur sera indifférent. J’allais ajouter le mot style, mais un scrupule m’a retenu. Non, ils pourront parfaitement apprécier le style de quelqu’un qui écrit “nous nous somme vu une fois, vous pouvé pas vous souvenir…”. Et peut-être cet auteur en aura-t-il en effet, du style. Mais ce sera dans une autre langue, qui naît tandis que la mienne meurt. » Cette langue qui meurt, c’était celle de la classe cultivée, essentiellement bourgeoise et aristocratique, également morte ; elles étaient nées l’une de l’autre, ensemble elles ont été vaincues. La langue qui naît, qui a défait la précédente, qui est née de ce crime, c’est celle de la petite bourgeoisie, dont le néo-français s’impose, comme triomphe sa néo-culture, qu’il n’est plus convenable d’appeler sous-culture d’analphabètes : les bandes dessinées, les chansons populaires, les romans de gare, et tout ce qui autrefois était considéré comme la version, médiocre et grotesque, de la peinture, de la musique, de la littérature. Il y avait Leroy, Ligeti et Bonnefoy ; il y a Enki Bilal, Abd al Malik et Fred Vargas – et c’est désormais à ceux-ci que l’on consacre des émissions, des colloques, des thèses. Dans ce retournement des valeurs culturelles, et des valeurs morales concomitantes, l’inculture d’aujourd’hui, c’est-à-dire la sous-culture des classes populaires, est devenue la culture ; quand la culture d’autrefois, les plus hautes œuvres de l’esprit produites par la classe cultivée, est l’objet d’un mépris sans équivoque.

« Le pire, ajoute notre auteur, est l’incroyable sérieux de tout cela », car ces amateurs d’« art populaire » (on a bien vu l’oxymoron : rien de ce qui est populaire n’est artistique, il n’est d’art que bourgeois) se voient « comme des savants, de grands érudits, des chercheurs. […] Jamais l’imbécillité n’a été entourée d’un tel faste, ni la niaiserie de pareils égards. » L’inversion morale à laquelle nous assistons (la bêtise et la paresse transformée en intelligence et en curiosité), parallèlement à l’inversion culturelle (l’inculture changée en art), rien ne l’atteste mieux que la mort de la honte (auquel Renaud Camus a consacré un Éloge, aux éditions P.O.L., en 2004). L’auteur remarque d’abord la stupéfiante grossièreté sans vergogne des anonymes interrogés par des journalistes lors des micros-trottoirs ; sans parler de celle des personnages publics, le Président de la République au premier chef ; mais c’est surtout le téléphone qui découvre le mieux la disparition du sur-moi : « Dans la librairie une femme a bien dû parler vingt minutes sur son téléphone portable. J’ai du mal à comprendre que les gens, s’ils ne sont pas retenus par la politesse, par la discrétion […], ne le soient pas par la peur du ridicule, ou par la honte, tout simplement – ma bonne vieille amie la honte, ce pilier de la civilisation. » (Curieusement, mais curieusement en apparence seulement, cette volonté de s’exprimer le plus fort qu’il se peut, et si possible aux oreilles de tous, s’accompagne, notamment sur Internet, d’une épidémie d’anonymes et de pseudonymes. Ici, on n’a pas honte de crier sa vie au plus grand nombre ; là, on aurait honte (c’est une hypothèse, et elle n’est pas celle de Renaud Camus) des « commentaires » qu’on laisse sur les sites et les blogs. Anyway, la grossièreté règne également ici et là.)

Andersen, fils d’un cordonnier et d’une servante d’Odense, est devenu un représentant éminent des lettres danoises, quand rien, socialement, culturellement, ne l’y prédisposait. Cette prouesse ne fut rendue possible que grâce aux bourgeois cultivés (à Odense d’abord, puis à Copenhague) qui acceptèrent de l’enseigner et de former son goût. C’est ce que constate Camus, qui prépare une de ses Demeures de l’esprit consacrée au Danemark et à la Norvège. C’est précisément ce lien incontestable entre classe sociale et culture – le niveau culturel croissant et décroissant à proportion du niveau social, l’art et la culture n’ont jamais été les produits du peuple mais toujours ceux de la classe aisée – que l’on conteste aujourd’hui. Cette négation s’accompagne d’une idéologisation des rapports sociaux : la classe populaire est autant entêtée par la célébration de ses vertus que par la volonté de ridiculiser la classe supérieure (ou l’idée qu’elle s’en fait, et qui se réduit le plus souvent à une classe populaire enrichie). Les petits bourgeois, tout en ayant vaincu, sont toujours animés par un fort ressentiment de classe à l’égard des bourgeois et des aristocrates. Ce complexe d’infériorité, volontiers haineux, est très clair, et clairement assumé, chez un certain nombre de figures du Paris « littéraire », Josyane Savigneau e.g.

Cette lecture idéologique des classes sociales, et de leurs rapports, est également nette dans Neuilly sa mère !, une comédie à succès (Camus tombe sur une émission de télévision qui l’évoque). « Sami Benboudaoud, 14 ans », vit « heureux avec ses potes dans sa cité de Châlon » ; or « le destin l’arrache un jour à son paradis, et le propulse dans l’enfer de… Neuilly-sur- seine ! » Dans un hôtel particulier, l’adolescent devra « partager le quotidien de Charles, son cousin du même âge, plein de préjugés racistes et obsédé par son ambition de devenir un jour… Président de la République ! » (Je dois ce résumé au site AlloCiné.) La banlieue est un « paradis », Neuilly un « enfer », le Français de souche « raciste » comme le jeune Samir doit être lui-même tolérant, imagine-t-on : on voit bien que l’inversion morale et culturelle s’accompagne fatalement, sous couvert d’antiphrase, d’une inversion idéologique.

S’il est certain désormais que l’on ne mènera pas la vie d’un grand écrivain d’autrefois, que l’on pratique un art mort dans une langue morte, tandis que triomphent des valeurs morales et culturelles que l’on nous avait appris à mépriser, si la civilisation entière a échoué à se maintenir (Je maintiendrai, la devise de Guillaume d’Orange est d’ailleurs la maxime préférée de la mère de l’auteur : or, précisément, cette mère meurt pendant la rédaction de ce volume du journal, et c’est aussi l’image de la fin d’une civilisation) – que reste-t-il ? D’autres crépuscules, sans doute, ceux du septembre déclinant, dans le Gers, où le soleil fait du ciel le cœur vivant d’une forge ; les voyages, qui seront l’occasion d’autres livres ; l’amour, avec certain Pierre. Il reste à persévérer dans son être, dans son œuvre, et dans la solitude qui seule est rédemptrice, puisque, de tous les instincts, celui qui fait le plus défaut à Camus est l’instinct de la meute : « J’aimerais bien savoir comment se nomme l’instinct inverse, l’instinct du sanglier, l’instinct singulier. J’y songeais lorsque j’ai croisé […] un groupe de marcheurs sous la houlette d’un guide qui leur montrait ce qu’il fallait regarder en tendant son bâton. Il me semble aussi stupéfiant de s’agréger pour marcher dans la montagne que d’aller visiter les monuments historiques lors des Journées du Patrimoine […]. Mais qu’est-ce qui peut bien pousser à se joindre au troupeau quand on pourrait très bien s’en dispenser ? Mieux, quand toute la jouissance (sur la lande, dans le jardin ou la galerie d’un château) a pour source et pour condition (de mon point de vue) la solitude ? »

En arrivant au bout de ces lignes, on se rend compte que l’on n’a rien dit encore, de cette œuvre, de son humour, par exemple, du rire ravageur qu’elle provoque souvent ; ni de ce style unique, tenu, ennemi de tout relâchement. On a seulement insisté sur le sentiment crépusculaire qui la traverse, comme il traverse, quand il ne les habite pas, celle des écrivains les plus intéressants d’aujourd’hui, qui tous décrivent la fin d’un monde, avec la victoire du nouveau ; c’est, parmi d’autres, le mérite de Renaud Camus que de donner les accents les plus déchirants à ce soleil finissant.

Lundi 21 août 2017

N.D.L.R. : Voici pourquoi, en dépit (ou à cause ?) de son caractère sulfureux, je suis un "ami Facebook" de Renaud CAMUS.

Je trouve des résonances fortes entre sa démarche et la mienne. Lui accumule les ouvrages qu'il édite désormais seul. Moi, j'ai restauré de vieilles pierres, avec le même sentiment qu'après mon passage sur Terre, les mauvaises herbes finiraient par reprendre le dessus. Lui continue d'écrire. Pour moi, la carrière de restaurateur de vieilles pierres est terminée, faute de carburant. Le mieux que je puisse faire désormais est de tenter de passer le relais. En aurai-je la force (ou la constance) ? That is the question.
Histoires de famille :

Le "cousin éloigné de Carole" m'a communiqué le document suivant...

... avec ce commentaire : "annonce relative à la vente de la propriété de Guillaume Sauzet et de son épouse à Ste Foy les Lyon, ancienne propriété de Jean-Pierre Sauzet et d’Antoinette Ballyat. Le couple (...) possédait assurément une peu d’argent ainsi qu’une campagne près de Lyon (ils ne dotèrent pourtant pas Guillaume à son mariage, lui qui ne fait état que de sa qualité de médecin comme apport (!) tandis que son épouse apporte une jolie dot (tout en étant issue d’une famille de sept enfants à marier)…".

Le nom PERNETTY me dit quelque chose, mais quoi ?
Comme on le sait, la question de la transmission du patrimoine que constitue la Chaslerie me préoccupe depuis fort longtemps. J'y consacre d'ailleurs un onglet de notre site favori. Cet onglet a été ouvert en même temps que le site.

A ce jour, mon expérience est que la route est longue et riche de désillusions et autres frustrations. Peut-être m'y suis-je mal pris ? Pourtant, me semble-t-il, ce ne sera pas faute d'avoir multiplié les tentatives.

Il y a quelques années, mon épouse et moi avons ainsi donné à notre aîné la pleine propriété de la cave. Il s'est borné à m'observer en commencer la restauration. Puis nous lui avons donné la nue-propriété des écuries et du colombier. Là, il a financé la restauration des charpentes et couvertures mais semble avoir renoncé à l'ambition de rendre habitable cette ancienne "aile de la belle-mère". Deux projets architecturaux ont pourtant été imaginés mais, d'hésitations en manques de motivation, ces deux projets sont restés lettre morte.

Plus récemment, j'ai proposé à mon aîné de prendre en charge, sous le contrôle d'un architecte du patrimoine (afin de limiter les fautes de goût prévisibles), la restauration du logis, réputée des plus simples à mettre en œuvre. Il a posé pour condition que la plus grande partie du rez-de-chaussée du bâtiment Nord soit consacrée à une cuisine, là où je rêvais d'installer un bureau-bibliothèque. J'ai précisé que la restauration du logis devait s'effectuer dans un cadre juridique et fiscal sûr et, de plus, non préjudiciable à mon cadet. Autrement dit, s'il y avait lieu qu'à tout le moins, la nue-propriété du logis soit détenue par mon aîné, celui-ci devrait, pour une fois, nous en payer le juste prix.

Mon aîné a alors fait valoir que certains préalables qui lui sont propres devaient être levés, sujet sur lequel je me suis gardé de faire des remarques, quoi que j'en pense. Puis, me plaçant paradoxalement dans l'obligation d'être son banquier, il a ajouté que le paiement du prix devait faire l'objet d'un échéancier qu'il s'est gardé de préciser. On voudra bien admettre qu'à l'âge où j'avais moi-même acheté le manoir et commencé sa restauration, mon aîné continue face à moi à manifester une certaine propension (et un certain talent) à botter en touche et à attendre que tout lui tombe du ciel, aussi cuit que possible.

A un mois du début de l'année prévue pour la réalisation de la première tranche de ces derniers travaux, je constate ainsi que, malgré des rappels verbaux puis écrits dont on peut imaginer le caractère souvent humiliant pour moi, la base juridique de ce chantier n'existe toujours pas.

En l'état du dossier et dans les circonstances de l'espèce, je réfléchis donc à un plan B.

J'envisage ainsi de garder la pleine maîtrise d'ouvrage du chantier du logis (et évidemment du bâtiment Nord), ce qui signifie que je devrais trouver les ressources appropriées. En l'état de mon analyse, compte tenu de la chute de revenus consécutive à la mise à la retraite de ses parents, cela nécessitera que mon aîné nous rende rapidement la jouissance de logement qu'il occupe à Paris. Par ailleurs, il semblerait normal qu'il transfère à son frère, si celui-ci le souhaite, la propriété de la cave dont lui-même n'a jamais rien fait (ce qui aura au moins permis qu'il ne la défigure pas) si ce n'est, ici comme en divers autres endroits, y compris chez moi, y entreposer durablement une partie de son binz, de ce fait livrée par sa seule indifférence aux souris et autres volatiles chiants puis crevants qui n'attendent pas son autorisation pour le maculer.
Coup de fil avant-hier de notre ami Igor. Il m'a semblé très heureux. Comme ils en avaient le projet, son épouse et lui sont en train d'acheter une maison dans un lotissement du côté de Laval. Il me demandait les coordonnées de mon électricien car il doute que son installation soit à la terre. Il m'a promis de repasser nous voir et, à l'occasion, de nous donner un coup de main.

Cela pourrait être bienvenu, notamment si j'installe le bureau-bibliothèque de mes rêves dans le bâtiment Nord, c'est-à-dire si le dernier avatar de la "transmission de patrimoine" que j'avais cru bon d'imaginer échoue à son tour.

En l'état du dossier, il n'y a plus, en la matière, la moindre image utile (ni même d'aucune sorte) sur mon radar.
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"Tout passe. Tout finit. Tout disparaît."

En effet.

Les derniers mots écrits par Jean d’Ormesson.

(Avec une belle faute d'orthographe, semble-t-il, mais "nobody is perfect", n'est-ce pas ?)

P.S. : Il y a quand même des trucs curieux.

"Mais cela ne sera pas encore pour cette fois: «toutes les tentatives pour extraire l'ADN des échantillons d'ambre se sont révélées infructueuses», précise dans un communiqué le musée d'histoire naturelle de l'université d'Oxford."
Comme on le sait, l'évolution de notre chantier favori me préoccupe tant qu'en cette période où les revenus de mon foyer fiscal ont commencé à fortement chuter, il m'est apparu souhaitable de transmettre la maîtrise d'ouvrage à la personne qui, dans mon entourage, me paraissait le plus à même de l'assumer sur le plan financier.

Or, à moins de deux semaines de la fin de l'année 2017, alors que la fiscalité des monuments historiques est entrée dans une zone de turbulence à propos de laquelle je me suis exprimé par ailleurs, je constate que le successeur pressenti reste sourd à mes demandes. Pour être clair, je n'en ai plus reçu de nouvelle depuis plusieurs semaines.

Constatant la persistance de cette carence et prenant pour argument les conséquences prévisibles dommageables d'une telle incurie, je me considère comme tenu de reprendre immédiatement le commandement de la restauration du logis de notre manoir favori.

A ce titre, je prends, pour commencer, un certain nombre de décisions immédiates et de mesures conservatoires :
- je demande à Sébastien LEBOISNE, le menuisier choisi par le relais défaillant, de me transmettre avant Noël une facture d'acompte pour chacune des menuiseries que ce dernier s'était, si j'ai bien compris, engagé à réaliser au titre de la tranche 1 de restauration des menuiseries extérieures du logis ; avec, je l'espère, l'aide de Carole ou, à défaut, par la mise en place d'une ligne de trésorerie que je viens de solliciter, je lui réglerai cet acompte avant le 31 décembre 2017 ;
- je procède de même avec le maçon et le forgeron désignés de même, si j'ai bien compris, par le relais défaillant, à savoir l'entreprise BODIN et Roland FORNARI ;
- le relais défaillant devra admettre que le projet d'aménagement d'une cuisine dans le bâtiment Nord est désormais caduc ; à lui d'en tirer toutes conséquences, notamment en réglant le (ou les) intermédiaire(s) qu'il aurait mandaté(s) pour en dresser les plans, s'il en existe ;
- je réserve l'emplacement d'une cuisine au rez-de-chaussée de la tour Nord-Est.
Courriel envoyé à mon aîné la nuit dernière (j'ai juste occulté la phrase où j'évoquais la confidence qu'il venait de me faire sur sa situation fiscale) ; ce texte éclaire différentes facettes des débats familiaux qui peuvent exister chaque fois que le propriétaire d'un monument historique essaye d'organiser sa succession dans de bonnes conditions :

(Début de citation)

De : Pierre-Paul Fourcade
Envoyé : mercredi 20 décembre 2017 01:15
À : T.F.
Objet : RE: Chaslerie

Il est heureux qu'après tant de semaines à rester silencieux tu t'exprimes enfin. Je dis ceci sans ironie car je connais tes autres charges d'emploi du temps.

Je réponds à tes questions :

1 - Sur la non-spoliation de ton frère :
- je comprends que nous sommes d'accord pour reconnaître qu'il est exclus que tu interviennes sur le logis sans y être fondé juridiquement, y compris aux yeux de ton frère et même si, par extraordinaire, il ne comprenait pas la situation ;
- ce que je fais de l'argent que tu règles le jour J n'est pas de ton ressort ni de celui de ton frère : si je décède à J+1 sans avoir dépensé cet argent, il vous revient selon les règles applicables ; si je survis et le claque au jeu ou de quelque façon que ce soit, c'est de ma seule responsabilité, sauf à me mettre sous tutelle, ce qu'il faudrait justifier.

2 - Sur l'étalement dans le temps du paiement du prix de la nue-propriété en question :
- je me déclare amusé que tu feignes d'oublier que, pour parer à des situations de trésorerie tendues, il existe pour les débiteurs solvables (dont, à ma connaissance, tu fais partie) un procédé classique qui s'appelle le crédit bancaire ;
- en tant que salariés de banques, toi et ton épouse bénéficiez certainement de conditions avantageuses ;
- je suppose que vous avez remarqué que, au moins dans un proche avenir, les taux fixes sont bas ; au demeurant, les intérêts seraient déductibles (ce qui renforcerait l'attrait de crédits en cas de taux élevés) ;
- enfin, je puis mettre à ta disposition une partie des droits à prêts d'épargne-logement dont mon foyer fiscal dispose (y compris, peut-être, à ton nom et suite à mon épargne).
Dans ces conditions, je ne vois nulle raison pour que je te serve de banquier pour cette opération en te consentant des délais de paiement.

3 - Sur la prise en charge d'un salarié :
- je t'adresserai d'ici à la fin de l'année (afin que tu puisses te prévaloir du règlement au titre de ta déclaration de revenus 2017) une facture de l'APIJOMM libellée au nom de la S.C.I. de la cave ; (...) ;
- puisque cette facture sera établie après que tu auras pu constater que Benjamin ne te fait courir aucun risque de responsabilité au jour en question, je pense que tu veilleras à ne pas en retarder le règlement ;
- bien entendu, une telle facture te sera adressée à la fin de chacune des prochaines années dans des conditions et pour des motifs analogues.

4 - Sur la possibilité de dialoguer dans la durée :
- il ne me semble pas qu'au moins cette fois-ci, ce soit moi qui aie fui le dialogue ; ta mère, par exemple, me reprocherait plutôt, si j'ai bien compris, d'être trop bavard en général ;
- pour l'avenir, il t'appartient de mesurer ton risque (mesurer les risques, je crois me souvenir que c'est d'ailleurs une pratique de banquier, ta profession) ;
- le fait est que je compte bien te faire bénéficier, autant que ma santé me le permettra, de mes 26 ans d'expérience (durée à parfaire) dans l'intérêt du monument.

5 - Sur le rythme des travaux :
- j'ai d'ores et déjà pris des dispositions nécessaires pour que l'essentiel de la tranche 1 des menuiseries du logis puisse être réglé, donc rendu déductible, avant le 31/12/17 ; comme Patrice Cahart et moi te l'avons expliqué, il y avait urgence puisque, toutes choses égales par ailleurs, les "droits à déduction" de 2018 seront, en l'état du débat budgétaire devant le Parlement, deux fois moindres que les autres années ;
- au-delà de cette tranche 1, la priorité me semblerait de mettre en place un chauffage astucieux, si possible central, ceci nécessitant tout d'abord une étude du genre de celle que je t'ai recommandée il y a longtemps déjà ;
- au-delà du chauffage, la priorité suivante me paraîtrait concerner la moitié Nord du logis, sans oublier les chambres d'enfant, salles d'eaux et cuisine à prévoir ; il vous revient de savoir combien de temps vous accepterez de loger dans le fournil de la ferme en attendant.

6 - Sur le suivi du chantier :
- je comprends fort bien que tu n'aies pas le temps de t'occuper des parties les plus astreignantes de la vie du chantier ;
- je t'ai proposé de t'épauler dans ces tâches.

7 - Enfin, sur la "tournure charmante et enlevée" de mon courriel de ce soir :
- je me borne à te remercier pour ce compliment auquel je suis sensible, même s'il "m'en touche une sans faire bouger l'autre" selon l'expression consacrée.

Je demeure à ta disposition pour répondre à tes questions éventuelles.

K du B-P

P.S. : Je crois que j'avais oublié de t'informer que le volume de l'ancienne cuisine du bâtiment Nord sera dévolu à mon bureau-bibliothèque.

(Fin de citation)

A ce stade de nos échanges, il me semble que le point pratique à régler de toute urgence est de savoir si, oui ou non, mon aîné souhaite pouvoir se prévaloir des "droits à détaxation" de la tranche 1 au titre de 2017. A ce sujet, il ne lui reste que quelques jours, moins d'une semaine, pour se décider.
Je viens de dialoguer avec mon correspondant à la D.R.A.C.

D'après ce que j'ai retenu, il n'y aurait pas de problème de principe pour que je règle les factures d'acomptes que l'on sait avant le 31 décembre prochain et bénéficie dans la foulée des subventions prévues initialement en faveur de mon aîné.

Cela me paraissait ne pas faire un pli mais j'ai préféré m'en assurer en temps utile.

P.S. (du 8 janvier 2018) : Les choses semblent s'être compliquées depuis cet échange téléphonique, au moins au niveau des modalités. Je m'emploie à essayer d'aplanir les difficultés.

Il est de fait que j'ai réglé en temps utile, avant la fin de l'exercice 2017, les devis d'acomptes dont j'avais parlé à mon interlocuteur sans toutefois lui préciser qu'il y avait eu un changement de menuisier par rapport à une phase antérieure de réflexion.
Là et au moment où j'espérais passer enfin le relais, il convient donc que je change mes plans du tout au tout, c'est-à-dire réfléchisse au programme de travaux qu'il me reviendra de mener à bien au cours des prochaines années, en définissant mes priorités et en veillant aux financements.

En toute logique, il faudrait commencer par le chauffage. Mais le contact avec l'expert qui aurait pu me conseiller a été perdu par incurie, là aussi, du relais pressenti, de sorte qu'il va me falloir me mettre en chasse d'un nouveau professionnel. Il aurait été souhaitable de calibrer un chauffage central pour tous les bâtiments sur cour. Toutefois mes limites financières m'obligeront à me cantonner à une "bulle" qui devra, en tout état de cause, englober le bâtiment Nord et le rez-de-chaussée de la moitié Nord du logis.

Quant aux pièces que j'essayerai d'aménager, ce seront prioritairement les suivantes :
- mon bureau-bibliothèque au rez-de-chaussée du bâtiment Nord ; la préséance donnée à cette pièce tient à deux facteurs : d'une part, ce sera celle où je séjournerai de loin le plus de temps, c'est-à-dire la majeure partie de mes journées quelque chose comme 350 jours par an ; d'autre part, à la Chaslerie et de mon vivant, j'entends que les livres passent avant les casseroles : si mes petits-enfants ont quelque chose à retenir de moi, que ce soit cette leçon ;
- une cuisine au rez-de-chaussée de la tour Nord-Est, c'est-à-dire attenante à la salle à manger ; après 26 ans de chantier et Carole ayant vocation à passer dorénavant une plus grande partie de l'année en ma compagnie, il est en effet nécessaire de nous doter enfin d'un tel confort ; son aménagement sera soigné, l'évacuation de la hotte de cuisson pouvant se faire par la cheminée de cette tour ; il reste à déterminer si une arrière-cuisine pourra, comme je le souhaiterais, être aménagée à la place de la chaufferie actuelle du bâtiment Nord ;
- la salle-à-manger du logis dont on doit faire sauter ce qui reste d'enduits au ciment sur les murs ; les linteaux des passages vers la cuisine et le bâtiment Nord devront être rehaussés. Cette pièce devrait enfin nous permettre de convier à déjeuner ou à dîner des invités tout au long de l'année, chose incommode actuellement (avec la cuisine de l'autre côté de la cour) et, de surcroît, impossible l'hiver.

Dans ce contexte, l'aménagement du cabinet de toilettes du rez-de-chaussée du bâtiment Nord est repoussé à une phase ultérieure (lorsque notre état de santé ne nous permettra plus de monter à l'étage). En attendant, l'accès au cabinet de toilettes du 1er étage du même bâtiment sera réservé à Carole et à moi, les visiteurs, quels qu'ils soient, devant dorénavant, pour leurs ablutions, se satisfaire d'un fournil. Ces dépendances ont été restaurées dans ce but et il n'est que temps qu'elles y concourent en tant que de besoin.

Quant aux financements, je devrai avoir massivement recours à l'emprunt, d'autant que j'aurai à faire face, parallèlement, à d'importants frais de remise en état de notre domicile parisien, parties communes incluses qui vont à vau-l'eau depuis que j'ai livré l'immeuble, et plus particulièrement depuis que Carole a fait en sorte que la gérance soit confiée au copropriétaire minoritaire. La priorité sera donnée à cette dernière propriété dans la mesure où elle produira des revenus locatifs en phase avec le marché.

J'ai déjà commencé à me renseigner sur les meilleurs financements disponibles sur la place. On a compris que, dans ce domaine également, je ne peux compter sur aucune assistance, y compris de gens dont c'est, paraît-il, le métier et qui, toute honte bue, n'hésitent pas à se proclamer - du moins tant qu'ils estiment que ce ne sera pas répété - incompétents en la matière.

P.S. : Discussion ce matin avec Carole :

- à la Chaslerie, il lui faut une salle-de-bains avec baignoire ; j'observe que ce ne pourrait être qu'une salle-de-bains au 1er étage de la tour Nord-Est (donc au-dessus de la future cuisine), ce qui obligerait à restaurer et chauffer la chambre attenante (donc à en changer rapidement la poutre pourrie au plafond) ;
- à Paris, il lui faut un appartement proche de ses petits-enfants, ce qui, en l'état de l'occupation de notre immeuble, me paraît incompatible avec les orientations précédentes qui obligent à rentabiliser les lieux au mieux et dans les meilleurs délais ;
- elle exclut que les travaux, quels qu'ils soient, soient financés à nos âges par emprunt ;
- elle exclut de même qu'ils le soient par son épargne (si elle en a, ce que j'ignore puisque, depuis bientôt deux ans, je lui réclame en vain sa comptabilité).

Ainsi, avec toute cette suraccumulation de contraintes, à un mois du départ en retraite de Carole, l'histoire s'accélère tout d'un coup. Nous approchons de l'heure de vérité. Toutes mes tentatives pour trouver des solutions ont échoué. Je ne vois plus d'issue, sauf à prendre les décisions draconiennes et irréversibles qui, seules, restent sur la table comme je l'ai signalé.

Car il est clair que, de mon côté, s'il y a une chose dont j'exclue de me séparer, c'est de la Chaslerie.
Je viens d'adresser à la D.R.A.C. de Normandie le courriel suivant :

(Début de citation)

De : Pierre-Paul Fourcade
Envoyé : mardi 26 décembre 2017 10:05
À : (...)@culture.gouv.fr
Objet : Chaslerie - Programme 2018 de travaux subventionnés

Cher Monsieur,

D'après ce que je comprends, mon aîné, suivant en cela mes recommandations, avait prévu que le programme subventionné de travaux sur les menuiseries extérieures du logis de la Chaslerie concerne :
- les deux fenêtres de la tour Sud-Ouest,
- les quatre fenêtres de la pièce du 1er étage du logis au-dessus du salon (que j'appelle "la pièce dévastée", sous-entendu par l'incendie de 1884),
- les fenêtres et la porte principale de la cage d'escalier (j'ai un doute sur l'inclusion de la porte d'entrée en question dans son programme).

Est-ce que, en l'état de l'arrêté de subvention (dont je vous serais reconnaissant de bien vouloir m'adresser une copie), il serait possible de modifier ce programme :
- en substituant à la tour Sud-Ouest les deux fenêtres du rez-de-chaussée de la tour Nord-Est (il y en a une troisième, à l'étage de cette dernière tour, qui ne serait pas englobée dans le programme 2018 révisé) ;
- en conservant dans la "salle dévastée" la fenêtre Sud (qui est la plus délabrée) mais en substituant aux trois autres les trois de la salle-manger du logis ?

Le programme 2018 subventionné de restauration de menuiseries couvrirait ainsi, si vous le permettez, les pièces suivantes du logis :
- le rez-de-chaussée de la tour Nord-Est,
- la fenêtre Sud de la pièce du 1er étage au-dessus du salon,
- la salle-à-manger,
- la cage d'escalier (sans changement).

Ce changement de programme résulte de la modification de perspectives qu'induit pour moi le retrait de mon fils dont je vous ai informé. Puisque mes ressources sont limitées à mes moyens de retraité, il me paraît en effet nécessaire de donner la priorité, toutes choses égales par ailleurs, aux menuiseries extérieures des pièces à la restauration intérieure desquelles j'entends donner la priorité.

Pour autant, je ne renonce pas à la restauration des autres menuiseries extérieures. Je me réserve donc de solliciter pour celle-ci une nouvelle subvention le moment venu, idéalement au titre de 2019, sous réserve de vérification que j'aurais les moyens, sans doute par emprunt à long terme, de couvrir le solde.

Bien cordialement,

PPF

(Fin de citation)
Par lettres recommandées A.R. de ce jour, j'ai adressé à Sébastien LEBOISNE (menuisier), à l'entreprise BODIN (maçon) et à Roland FORNARI (forgeron) les chèques d'acomptes convenus pour leurs travaux de 2018.

Ce formalisme est destiné à couper court à toute interrogation éventuelle du fisc. Il ne me reste plus qu'à espérer que la ligne de trésorerie pour laquelle j'ai signé un contrat la semaine dernière soit en place à temps.

P.S. du 2 janvier 2018 : La B.P.O. m'annonce que " le prêt travaux a bien été débloqué sur (mon) compte en date du 29 décembre."
Depuis l'aube, j'ai passé la matinée à préparer un certain nombre de simulations financières de manière à déterminer, entre autres, l'ampleur du programme de travaux que nous pourrions entreprendre en rythme de croisière.

Cette analyse est complexe et n'est pas terminée mais quelques orientations importantes me paraissent se dégager d'ores et déjà.

Je soumets ces premiers résultats et les réflexions qu'ils m'inspirent aux membres de ma famille afin qu'ils puissent se concerter le cas échéant et, en tout état de cause, me faire part de leur remarques et recommandations.

P.S. : J'ai complété mes calculs pour éclairer les mesures qui me semblent à prendre d'urgence en l'état du dossier.
Voici les photos que je viens de prendre du dégât des eaux.

Igor a commencé à passer une serpillière sur le sol :

4 janvier 2018.

D'après lui, le problème ne provient pas du regard dans le passage entre la cuisine et le salon, où il ne décèle rien d'anormal...

4 janvier 2018.

... ni, comme je l'avais cru au départ, d'une entrée des eaux par une porte extérieure ou une fenêtre

4 janvier 2018.

... mais de deux trous dans la maçonnerie, au ras du sol mais en-dessous du terrain qui se trouve à l'Ouest du bâtiment :

4 janvier 2018.

4 janvier 2018.

Si Igor dit vrai, il faudra boucher ces trous et drainer le terrain extérieur tout le long de la façade.

En attendant, voici quelques photos du capharnaüm entreposé là :

4 janvier 2018.

4 janvier 2018.

4 janvier 2018.

4 janvier 2018.

Mon cadet a réagi et m'a informé qu'un sous-ensemble du bazar lui appartenait. Il pourra se rendre compte, grâce à ces photos, d'une partie du problème.

Quant à l'aîné, sans doute trop absorbé par son travail (ce que je peux comprendre), il reste vis-à-vis de moi en plongée profonde.

Bien entendu et dès hier, j'avais commencé à retirer les sacs et objets les plus fragiles qui baignaient là-dedans ; hélas, par capillarité, le contenu des sacs en papier était déjà gâté.

P.S. (à 17 h 30) : Carole vient de m'apprendre que mon aîné et son épouse passeront samedi afin de constater les dégâts sur leurs biens.

P.S. (du 5 janvier 2018) : Igor m'a communiqué les photos qu'il a prises hier, à ma demande, avec son téléphone, alors qu'il venait de commencer à intervenir :

4 janvier 2018.

4 janvier 2018.

4 janvier 2018.

4 janvier 2018.

4 janvier 2018.

4 janvier 2018.

4 janvier 2018.

4 janvier 2018.

... "Les monomaniaques de tout poil, les gens qui sont possédés par une seule idée m'ont toujours spécialement intrigué, car plus un esprit se limite, plus il touche par ailleurs à l'infini. Ces gens-là, qui vivent solitaires en apparence, construisent avec leurs matériaux particuliers et à la manière des termites, des mondes en raccourci d'un caractère tout à fait remarquable."

A méditer ??

(extrait de "Le joueur d'échecs", Stefan Zweig)

N.D.L.R. : Merci, la suite paraît moins plaisante, on dirait...
(Début de citation)

De : Pierre-Paul Fourcade
Envoyé : lundi 8 janvier 2018 17:47
À : (...)
Cc : Th.F.
Objet : RE: Chaslerie - Programme 2018 de travaux subventionnés

Cher Monsieur,

Je vous remercie pour votre célérité remarquable après mon appel de tout à l'heure mais me déclare particulièrement étonné par ce que vous m'écrivez.

En effet, selon le seul document en ma possession à ce jour, au timbre de la préfète de Région, que m'a communiqué mon aîné hier (...), je suis bien le "bénéficiaire" de la subvention. Il est en outre précisé, à l'article 1er de ladite "convention", que celle-ci porte sur les "menuiseries du 1er étage du logis et de la tour attenante".

Par conséquent, je vous prie, dans le prolongement de ma demande de communication de pièces du 26 décembre dernier, de bien vouloir me transmettre l'ensemble des pièces du dossier sur lesquelles vous pensez pouvoir vous fonder. Vous avez compris, je pense, que, dans les circonstances particulières que je vous ai dites, je cherche à éviter les conséquences très préjudiciables pour un monument classé ouvert au public d'une interprétation comme celle dont vous avez bien voulu me tenir informé.

En outre, j'appelle votre attention sur le fait qu'en liaison avec l'architecte du patrimoine qu'il avait mandaté, mon fils, qui agissait "par délégation" de ma part ainsi qu'il est précisé sur la convention préparée par vos services et qu'il avait signée, avait changé d'artisan pour un volet du dossier (ainsi que cela était arrivé précédemment, pour d'autres dossiers, sans que cela ne pose jamais de problème à la D.R.A.C.). Je vous prie donc de bien vouloir me confirmer que vous ne désavouez pas le travail ainsi effectué par l'architecte du patrimoine en cause. Vous savez que j'ai déjà réglé, à titre d'acompte et avec votre accord téléphonique, une fraction importante du devis de l'artisan ainsi préféré comme des deux autres et je ne voudrais pas qu'un revirement de la doctrine administrative rende impossible la poursuite du chantier.

Bien cordialement,

PPF

__________________________________________________

De : (...) <(...)@culture.gouv.fr>
Envoyé : lundi 8 janvier 2018 16:30
À : Pierre-Paul Fourcade
Cc : (...) ; (...)
Objet : Re: Chaslerie - Programme 2018 de travaux subventionnés

Monsieur,

Pour faire suite à votre message et à notre entretien de ce jour, j'ai le regret de vous informer que le bénéficiaire de la subvention ne peut être modifié au profit d'un autre. De la même façon, l'objet comme le contenu de votre programme subventionné ne peuvent être changés.

La seule solution serait d'annuler la subvention prise, mais vous ne pourriez prétendre ensuite à une autre subvention sur ces mêmes travaux. De plus, les crédits mobilisés seraient perdus pour la DRAC (nous ne pouvons récupérer les crédits une fois l'exercice budgétaire clos) et nous ne pouvons reprogrammer une nouvelle subvention cette année au manoir de la Chaslerie, les dossiers en attente étant trop nombreux.

Je vous rappelle que le bénéficiaire de la subvention a deux ans pour commencer les travaux. Il serait sans doute préférable de maintenir cette subvention et de rechercher une solution avec le bénéficiaire pour mettre en oeuvre les travaux dans un délai raisonnable.

Pour plus de détails sur le volet administratif de ce dossier, vous pouvez contacter Mme (...), responsable de la cellule programmation.

Je reste à votre disposition pour toute autre question.

Bien cordialement

(...)

__________________________________________________

Pierre-Paul Fourcade a écrit le 26 décembre 2017 :

Cher Monsieur,

D'après ce que je comprends, mon aîné, suivant en cela mes recommandations, avait prévu que le programme subventionné de travaux sur les menuiseries extérieures du logis de la Chaslerie concerne :
- les deux fenêtres de la tour Sud-Ouest,
- les quatre fenêtres de la pièce du 1er étage du logis au-dessus du salon (que j'appelle "la pièce dévastée", sous-entendu par l'incendie de 1884),
- les fenêtres et la porte principale de la cage d'escalier (j'ai un doute sur l'inclusion de la porte d'entrée en question dans son programme).

Est-ce que, en l'état de l'arrêté de subvention (dont je vous serais reconnaissant de bien vouloir m'adresser une copie), il serait possible de modifier ce programme :
- en substituant à la tour Sud-Ouest les deux fenêtres du rez-de-chaussée de la tour Nord-Est (il y en a une troisième, à l'étage de cette dernière tour, qui ne serait pas englobée dans le programme 2018 révisé) ;
- en conservant dans la "salle dévastée" la fenêtre Sud (qui est la plus délabrée) mais en substituant aux trois autres les trois de la salle-manger du logis ?

Le programme 2018 subventionné de restauration de menuiseries couvrirait ainsi, si vous le permettez, les pièces suivantes du logis :
- le rez-de-chaussée de la tour Nord-Est,
- la fenêtre Sud de la pièce du 1er étage au-dessus du salon,
- la salle-à-manger,
- la cage d'escalier (sans changement).

Ce changement de programme résulte de la modification de perspectives qu'induit pour moi le retrait de mon fils dont je vous ai informé. Puisque mes ressources sont limitées à mes moyens de retraité, il me paraît en effet nécessaire de donner la priorité, toutes choses égales par ailleurs, aux menuiseries extérieures des pièces à la restauration intérieure desquelles j'entends donner la priorité.

Pour autant, je ne renonce pas à la restauration des autres menuiseries extérieures. Je me réserve donc de solliciter pour celle-ci une nouvelle subvention le moment venu, idéalement au titre de 2019, sous réserve de vérification que j'aurais les moyens, sans doute par emprunt à long terme, de couvrir le solde.

Bien cordialement,

PPF

(Fin de citation)

A la réflexion, je me dis que la dernière phrase de mon courriel de ce jour (le 8 janvier 2018) est ambigüe en ce sens qu'elle pourrait donner à penser que, lors de la conversation téléphonique dont il est question, soit le 22 décembre 2017, j'avais donné les noms des artisans mandatés, dont celui de l'artisan changé, ce qui n'est pas le cas, notre conversation étant restée à ce sujet sur un plan général dans le contexte de l'instauration du prélèvement à la source alors, à ma connaissance, toujours pas promulgué.

Je voudrais ajouter une question que la communication des documents éclairera sans doute, à propos de la formulation que j'ai citée, à l'article 1er de la convention : pourquoi, par exemple, n'y est-il pas fait mention des menuiseries extérieures de la cage d'escalier, alors qu'il est rappelé qu'un reliquat de subventions pour les enduits de cette cage d'escalier reste à consommer, les raisons de cet état de fait ayant été exposées et admises, à ma connaissance, de longue date ? Le simple fait que soit cité en annexe de la Convention un devis du forgeron prouve pourtant que ces menuiseries doivent bien figurer dans le champ de la subvention de cette "1ère tranche de restauration des menuiseries extérieures du logis de la Chaslerie", formulation qui avait cours lorsque j'avais suivi ce dossier.
Intéressant, je trouve, ce message du 2 avril 2017, tel que je viens de le retrouver en parcourant les pages "Logis". Depuis lors, tant d'eau a coulé sur les ponts...

Dans une veine voisine, le message du 27 mai 2017.

Je suppose qu'il serait tout aussi instructif de surfer sur les pages "Privé" pour retrouver comment nous avons pu en arriver là. J'y transfère en effet, outre les photos de famille (principalement des petits-enfants), la plupart des courriels les plus importants échangés avec mon aîné.

Il est de fait qu'en quelques mois, alors qu'il paraissait lumineux le 10 juin dernier et même le 5 septembre encore, le ciel a viré à l'orage par ici. Mon horizon s'est vite bouché sous la pression des chiffres et des éclairs l'ont zébré alors que les zéphyrs coutumiers repoussaient toujours plus loin les espoirs d'un traitement équitable.
Mon aîné, qui se trouve à 5 000 km d'ici, a néanmoins réussi à me transmettre ce matin le fichier "Excel" relatif aux travaux de la "1ère tranche de restauration des menuiseries extérieures du logis", ainsi que je l'appelle. La D.R.A.C. avait reçu communication de ce fichier à sa demande car, pour une raison qui tend à m'échapper, elle aurait voulu modifier des taux de T.V.A.

En outre, ce fichier démontre qu'en plus des travaux indiqués à l'article 1er de la "Convention" au timbre de la préfète de région ou encore en titre de l'Annexe 1 qui sous-tend cette convention, l'ensemble des travaux relatifs à la cage d'escalier du logis, y compris la porte d'entrée principale, a bien été inclus dans les travaux sommairement récapitulés à l'Annexe I. Le libellé de cet article 1er et celui du titre de cette annexe sont donc, à tout le moins, incomplets.

Il est possible que des informations importantes sur les pièces qui ont servi à étayer le dossier, tel qu'il paraît avoir été instruit, ne me soient pas encore connues. On sait que je n'ai pas manqué de réclamer ces dernières.
Mais, à ce stade du débat, et tout en restant ouvert à tous les arguments valables qui pourraient être invoqués, j'avoue que j'aurais plutôt tendance à en douter.

Le fait est que ce type de dossier est toujours complexe à maîtriser sous toutes ses facettes, de sorte que même des personnes dotées de la meilleure volonté pourraient y commettre des erreurs ou des abus d'interprétation. Donc, bien que me sentant fort de l'expérience qui est la mienne, je me garderai de jeter la moindre pierre à quiconque, soucieux que je suis que ce dossier avance dans l'ordre et la sérénité.
L'une des contre-propositions que j'avais imaginées et que mon aîné n'a jamais voulu entendre à ce jour consistait à rechercher un compromis entre la "priorité aux casseroles", telle qu'elle sous-tend une réflexion (isolation thermique incluse...) dont on avait bien voulu me fournir un avant-projet, ...

... et mes propres desiderata, tels que pris en compte par un excellent artisan :


Cette piste envisageable pour un compromis m'est apparue plus nettement lorsque je me suis penché sur un vieux plan :

Voyez-vous ce à quoi je pense ?

Peut-être pas si je ne vous explique pas comment lire les trois plans ci-dessus :

- le premier est orienté de façon telle que le Nord soit en haut ; il montre toute l'extension qu'aurait la cuisine pour mon aîné ; sur cet avant-projet, l'espace dévolu à la cuisine irait de l'entrée actuelle du bâtiment Nord à la chaufferie actuelle, soit une longueur de 2,5 travées entre les poutres du plafond ; il y aurait ainsi au Nord de cette pièce 2 fenêtres et un fenestrou (qu'aux dernières nouvelles il était question de transformer en 3ème fenêtre) ;

- sur le deuxième, le Nord est en bas du document ; le projet s'étend sur 2 travées et comporte deux fenêtres au Nord ; il correspond au volume d'une ancienne cuisine (celle de mes prédécesseurs immédiats) et va de l'entrée du bâtiment Nord à la chaufferie actuelle ; ce "projet pro-books" comporte des rayonnages sur trois côtés de la pièce mais aucun au Sud ;

- le troisième montre, si je comprends bien, l'état des lieux vers 1960 ; le Nord est à gauche ; l'intérêt de ce plan, du moins à mes yeux, consiste en la séparation qui y figure entre le volume dénommé "office" (en haut à gauche du plan) et celui qualifié de "cuisine salle de séjour du personnel agricole".

Retenons l'idée de cette cloison du troisième plan, elle va fonder ma contre-proposition. Avant d'indiquer cette dernière, je dois préciser qu'aujourd'hui, l'espace entre la tour Nord-Est et l'"office" du troisième plan a été couvert et abrite la chaudière actuelle.

Cette contre-proposition consiste à :

- limiter l'espace dévolu à mon bureau-bibliothèque à une travée (au lieu de deux), à savoir la plus proche de l'entrée actuelle du bâtiment Nord ;

- affecter à la "nouvelle cuisine" 1,5 au lieu de 2,5 travées du premier plan, c'est-à-dire tout le volume imaginé, y compris la chaufferie actuelle, jusqu'à la poutre qui barre le plafond au milieu du volume actuel ;

- installer ailleurs (dans la tour Sud-Ouest ?) la chaudière pour pouvoir ménager un passage entre cette "nouvelle cuisine" et la pièce du rez-de-chaussée de la tour Nord-Est où serait installée un petite salle-à-manger utilisable très agréablement pour les petits-déjeuners ou les repas à moins de six convives.

En d'autres termes, dans ma contre-proposition :

- je divise par deux l'espace dévolu à mon bureau-bibliothèque mais je préserve sa position privilégiée juste à côté de l'entrée du bâtiment Nord et sa vue sur ce qui se passe dans la cour ; il conserve ainsi les caractères de tour de garde et de P.-C. central auxquels je suis très attaché ; les inconvénients sont de réduire les panneaux disponibles pour les rayonnages de bouquins et d'empêcher la disposition d'une vraie table de réunion au milieu de la pièce ;

- j'empêche certes la grande perspective intérieure sur une cuisine conçue comme le centre du monde en enlevant l'équivalent d'une travée mais je redonne l'équivalent, sinon en surface, du moins en usage, dans la tour ; c'est beaucoup plus commode pour le maniement de la vaisselle, qui peut être ainsi mise en commun avec la grande salle-à-manger du logis ; je donne un sens à la porte actuelle entre la chaudière et l'arrière-cour qui devient l'accès pratique et discret de la cuisine à l'arrière-cour (on peut imaginer et je recommanderais une porte comportant une partie vitrée pour apporter la lumière du jour au passage) ; point important, le passage entre la cuisine et la grande salle-à-manger deviendrait très commode, dès lors que le linteau en aurait été relevé (comme j'en ai l'intention en tout état de cause).

Bref, la principale difficulté de cette contre-proposition est pour moi de voir comment je peux aménager un bureau-bibliothèque réduit de moitié en surface au sol. Je vais commencer à y réfléchir car, même si ma contre-proposition était rejetée par la jeunesse (je n'ose plus l'appeler la "jeune classe concernée" après ce qu'elle me fait endurer), il me semble qu'elle a tout pour séduire Carole. Et je crois que l'idée d'un coin repas dans la tour, bénéficiant ainsi du soleil du matin, serait particulièrement agréable à vivre pour des retraités désireux d'accueillir leurs petits-enfants.

Isn't it fu-fute ? What you say, what you say ?