Transmission du patrimoine

Hello Dad,

Comme d'hab, je regarde le site entre midi et 2 h.
Plusieurs questions me viennent :
Quel est l'objet du tuyau de PVC sur le mur de la ferme ?
Pourquoi insérer dans la maçonnerie ce tuyau d'évacuation ?
Si le tuyau fatigue (e.g. gèle, s'obstrue, se perce), comment le remplacer ?

Pour mémoire, la qualité des travaux et de la réflexion ne pourra s'évaluer que dans une centaine d'année mais à J+1 je me pose déjà des questions.

Le Centre Pompidou ne me semble pas une référence pour la Chaslerie, mais de là à tout insérer dans les murs...

En attendant tes lumières.

@ W.F. :

Tu poses là des questions délicates.

J'ai prévu d'incorporer à la maçonnerie un maximum de tuyaux car je trouve très moche la vision de tuyaux à l'intérieur des pièces d'habitation. On peut certes toujours les coffrer dans des menuiseries mais je n'aime guère les verrues correspondantes.

Ces tuyaux sont en PVC et non en fonte car tel est le matériau actuel, qu'on trouve chez les fournisseurs habituels du chantier.

Ils ont deux rôles : soit descendre les eaux pluviales, soit descendre les eaux ménagères (salles de bains, cuisine, w.-c.) et on n'a pas le droit de mélanger les deux, il faut des circuits et des évacuations indépendants (je rappelle qu'on est à la campagne et qu'il n'y a pas de tout-à-l'égoût).

Afin de parer à tout problème, je demande à Pascal de prévoir, si nécessaire, des trappes de visite, au moins pour les eaux pluviales (pour les eaux ménagères, il y a déjà des siphons). J'essaye de m'assurer en temps utile qu'il applique mes instructions. Les tuyaux d'eaux pluviales peuvent être bouchés par des feuilles mortes, par exemple, mais on peut toujours grillager leur entrée afin d'en faciliter l'entretien (ce qui suppose qu'il soit effectué de temps à autre). Or, pour le moment, il n'y a pas d'arbre à proximité immédiate de la ferme. On essaye néanmoins de prendre suffisamment de précautions, et plutôt trop que pas assez.

Quoi qu'il en soit, il est de fait que toute installation d'électricité ou de plomberie (ce qu'on appelle "les fluides") est raisonnablement obsolète au bout d'une cinquantaine d'années. Donc je ne peux garantir un usage impeccable pour, disons, 150 ans. En outre, on ne sait pas ce que nous réservent les prétendus progrès à venir de la "domotique". Mais à chaque génération d'y pourvoir. Je fais les choses au mieux mais ça ne veut pas dire que je peux régler tous les problèmes possibles, et même davantage, pour l'éternité.

Donc, il faudra bien qu'un jour tu interviennes positivement dans la gestion du chantier. D'ici là, je ne crois pas qu'il soit aisé pour toi d'adopter une autre attitude que de me faire confiance.

P.S. 1 : Sur la photo suivante, prise en fin de ce vendredi, tu peux voir une entrée de descente pluviale en PVC. Ma main donne l'échelle du tuyau. Tu aperçois Pascal à l'arrière-plan, dans le bâtiment, ce qui te montre que, comme je m'y attendais hier, le mur n'est pas fini ce soir. Surtout, cette photo te prouve que Pascal a prévu de gainer le tuyau d'un isolant phonique, afin que ta tranquillité ne soit pas troublée par d'intempestifs glouglous les jours de pluie...

20 mai 2011, une entrée provisoire de descente pluviale.

Tu vois donc bien qu'on n'oublie pas de te traiter comme un coq en pâte !

P.S. 2 : Comme tu le sais, la ferme est le seul bâtiment de la Chaslerie à être doté de gouttières. La multiplication de lucarnes traversant les sablières (comme prévu au permis de construire) oblige à prévoir de nombreuses descentes d'eaux pluviales. J'ai cherché à ce qu'il y en ait un nombre minimum en façade. Ne trouves-tu pas que c'était là une bonne idée ?

Lorsque je rédige des messages pour ce site, je dois faire des choix entre les photos, de manière à ne pas surcharger la machine, ainsi que me le recommande mon jeune "webmaster".

Ce matin à l'aube, avant la reprise du chantier, je ne sais pas faire le tri et j'en suis désolé pour Thomas. La lumière est belle et les 7 photos que j'ai prises me plaisent toutes. Donc tant pis pour l'ordinateur et tant pis pour Tom, je les mets toutes en ligne ! Pour simplifier ma tâche, je me contente même de les présenter dans l'ordre où je les ai prises.

D'abord, le fournil de la ferme vu par le Nord-Est...

31 mai 2011, le fournil de la ferme vu par le Nord-Est.

... puis par le Sud-Est :

31 mai 2011, le fournil de la ferme vu par le Sud-Est.

Au seuil du bâtiment, une vue vers le ciel et les pannes en cours de pose :

31 mai 2011,

De l'angle Sud-Est de la pièce à vivre du fournil, de manière à constater, pour répondre à Guy HEDOUIN, que la panne faîtière n'est pas encore fixée au pignon de la cheminée mais que deux mortaises y sont en attente...

31 mai 2011,

Je rêve que, prenant ma douche dans le futur cabinet de toilettes de ce bâtiment, je lève les yeux au ciel...

31 mai 2011,

Repassant devant la ferme, j'observe la vue qui s'offrira à moi lorsque j'irai prendre - bientôt, peut-être ? - mon petit-déjeuner chez le jeune W.F. :

31 mai 2011,

Enfin, pour clore cette rêverie, un aperçu des caresses du soleil levant dans le futur petit salon de la ferme :

31 mai 2011,

Là, Wally pourrait réciter à sa belle :

"Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
A l'âme en secret
Sa douce langue natale.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté."

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Sur le chantier de la Chaslerie, la vedette du jour est Denis DUVEAU, le menuisier-ébéniste "meilleur ouvrier de France", venu travailler sur l'abri de jardin (ou "maison de Toutou") de la cave :

31 mai 2011, l'enseigne de Denis DUVEAU.

Voici Denis en train de préparer la pose de la porte de cet édicule :

31 mai 2011, Denis DUVEAU au travail sur la maison de Toutou.

Voici la porte posée ; elle est en châtaignier et chêne (le chêne pour les pièces horizontales) ; le travail est très précis (par exemple, on aperçoit à peine les butées) :

31 mai 2011, la porte de la maison de Toutou.

Avec l'aide de Florian dont il me dit qu'il suivra dorénavant tous les chantiers de la Chaslerie, Denis a posé les deux fenêtres de la maison de Toutou, chacune protégée par trois barreaux de chêne :

31 mai 2011, une fenêtre de la maison de Toutou.

J'ai demandé à Denis de réfléchir à l'inclusion de nichoirs entre les colombages de cet abri de jardin. En effet, Carole m'a récemment demandé de prévoir des nichoirs à la Chaslerie ; compte tenu de ce que j'ai vu chez Marc CHALUFOUR, la maison de Toutou me paraitrait un bon endroit pour abriter les volatiles chers à Carole.

Surtout, j'ai chargé Denis DUVEAU de préparer un devis pour un pigeonnier d'un modèle inspiré de celui que j'ai récemment observé dans les communs du château de la Motte-Fouquet :

26 mai 2011, le pigeonnier de la Motte-Fouquet.

Il me semble qu'un tel ouvrage complèterait agréablement la ferme d'où l'on pourrait donc entendre les pigeons roucouler, n'est-ce pas Wally ?

Lucyna et Nicolas GAUTIER sont venus passer une partie de l'après-midi à la Chaslerie.

2 juin 2011, Nicolas et Lucyna GAUTIER avec Carole contre le mur de terrasse.

Nous avons pris le thé en devisant des chars "Tigre" et de leurs blindages et chenilles, après avoir commencé à réfléchir au mur Ouest de la douve Nord ou, avec Mr T., à la restauration de l'"aile de la belle-mère".

Je reparlerai de ces sujets importants pour la suite du chantier quand ils auront continué à mûrir...

J'en suis à concevoir le programme du chantier pour les prochaines semaines.

Dans l'immédiat, Pascal s'occupe du rampannage du fournil de la ferme. Roland BOUSSIN m'a indiqué qu'il reviendrait dans une dizaine de jours pour poser les tuiles sur ce bâtiment. Philippe JARRY devrait installer la fosse septique début juillet. Il restera à planifier le travail du plombier et de l'électricien. En tout état de cause, j'aimerais pouvoir passer l'hiver prochain dans ce bâtiment enfin restauré et... chauffé. Ce serait alors, en l'état du chantier, le local le plus confortable de l'ensemble de la Chaslerie.

Sur la "maison de Toutou", j'attends pour la fin de cette semaine-ci la livraison des nichoirs par Denis DUVEAU. Il n'y aura donc plus d'obstacle pour que Pascal pose le torchis. Dans la foulée, nous en ferons sans doute de même sur l'appentis de la cave.

Lucyna GAUTIER devrait déposer aujourd'hui la demande de permis nécessaire (eh oui, incroyable mais vrai !) pour le mur Ouest de la douve Nord. Nous nous sommes finalement mis d'accord pour des grilles en fer et j'ai même commencé à évoquer le sujet dès ce matin avec Roland FORNARI. Dès que possible, Pascal attaquera la restauration de ce mur.

Roland FORNERI devrait livrer rapidement un certain nombre de ses oeuvres et lancer la fabrication de la grille pour le mur entre le manoir et la chapelle.

La poursuite de la restauration de la ferme pâtira nécessairement de la charge de ce programme. La prochaine tâche est d'y relever le linteau de la porte de séparation entre la future cuisine-salle à manger et le futur petit salon. J'ai demandé, il y a plusieurs semaines, à Sébastien LEBOISNE un devis pour le linteau de la cheminée ; ne voyant rien venir de sa part, je vais interroger Denis DUVEAU.

A ce stade, le chantier de la ferme est cependant à un tournant : devons-nous achever la restauration de la partie Sud, de manière à y rendre utilisable l'équivalent d'un logement de deux ou trois pièces (au rez-de-chaussée et au 1er étage, après avoir restitué l'aspect initial de longère) ou bien devons-nous continuer vers le Nord les travaux, en cherchant à nous limiter pendant une bonne année à la seule maçonnerie ? Quoi qu'il en soit, le jeune W.F. est très content de ce qu'il a pu inspecter ce week-end, c'est déjà une bonne chose.

Sur le bâtiment Nord, le test de dilatation est toujours en cours et se passe bien. Il faudrait que Carole décide enfin quelles tomettes poser au sol et choisisse l'équipement du cabinet de toilettes. En attendant, nous marquons le pas. Pour ce qui concerne la restauration des boiseries de ce que j'appelle (malgré les vives protestations de Carole) ma future "chambre mortuaire", Sébastien LEBOISNE ne l'a toujours pas commencée ; il m'a parlé du second semestre 2011, ce qui est bien long.

Sur l'"aile de la belle-mère", Lucyna devrait revenir vers Mr T. en septembre prochain. Je crois que c'est une excellente idée de la laisser désembrouiller les escaliers invraisemblables d'Henri LEVEQUE. Lucyna va aussi réfléchir à la distribution des pièces et, le cas échéant, faire des propositions pour modifier les ouvertures extérieures.

Quant à la cave, Nicolas GAUTIER et Lucyna ont redit à Mr T. l'incongruïté qu'il y aurait à percer les ouvertures auxquelles il pense à ce stade. Je n'exclus pas de mener à ma main le chantier de ce bâtiment, avec l'idée de démontrer à mon aîné qu'il est possible de le restaurer en veillant au confort et à la lumière mais sans dénaturer les volumes.

Bref, on le voit, ce ne sont ni le travail ni les projets qui manquent. Et ceci sans même évoquer l'allée principale, dont la restauration est reportée à plus tard.

J'ai reçu ce matin la lettre de démission que j'attendais. Je ne commenterai pas ce courrier ici, si ce n'est pour noter que le salarié en question n'entend pas, apparemment, respecter la période conventionnelle de préavis. Il va donc me falloir, avec l'aide de Bernard si possible, mettre à l'abri les matériels et matériaux de chantier encore présents à la Chaslerie.

Dans les prochaines semaines, le chantier du fournil de la ferme et celui de la ferme vont donc se trouver interrompus à mon grand regret. Je vais devoir me mettre rapidement en quête d'un nouveau collaborateur.

Malgré cette expérience finalement malheureuse, je n'oublie pas les bons souvenirs dont ce site témoigne surabondamment. Surtout, je conserve la volonté d'employer un maçon à temps plein, en qualité de salarié.

Parmi les prochains travaux importants pour lesquels j'ai besoin d'un professionnel, il y a en effet, outre la ferme sur laquelle on n'en est qu'au tout début du programme :
- la pose de torchis sur l'appentis de la cave et sur l'abri de jardin (ou "maison de Toutou") correspondant ;
- la restauration du mur Ouest de la douve Nord, pour laquelle une demande de permis de construire est en cours d'instruction ;
- la poursuite de la restauration intérieure du bâtiment Nord ;
- la restauration de l'intérieur du logis (qui se trouve toujours dans l'état où je l'ai acheté, donc où il y a encore beaucoup à entreprendre) ;
- la restauration du mur d'escarpe des douves et des biefs (il s'agit là d'un travail qui durera, à lui seul, deux ou trois ans, si j'en juge par mon expérience des murs que nous avons déjà restaurés) ; une étude préalable est en cours à ce sujet ;
- la restauration de l'intérieur de l'"aile de la belle-mère" ; aux dernières nouvelles, Mr T pourrait ne pas exclure de financer ces travaux-ci, sur la base d'une étude préalable qui, évoquant la distribution intérieure, aurait nécessairement des conséquences sur la forme et le positionnement des ouvertures.

En dépit de quelques vicissitudes, le moral se veut délibérément au beau fixe. "Mépriser les hauts, repriser les bas", cette ligne de conduite s'applique ici aussi. Car, malgré sa taille impressionnante à mon échelle, le projet conserve tout d'un petit bonheur, on tâche en tout cas de ne pas l'oublier.

Pour sa première journée de retour sur le chantier, on ne pourra pas dire que l'équipe de Roland BOUSSIN a chômé :

21 juillet 2011, le pignon Ouest du fournil de la ferme.

Mais j'entends déjà mes fils me dire que l'ambiance est sépulchrale là-dedans :

21 juillet 2011, le pignon Est du fournil de la ferme.

Effectivement, il va peut-être falloir que je songe à faire un jour enduire de chaux l'intérieur...

J'avais, comme l'on sait, l'intention de confier à Igor la construction d'un muret à une vingtaine de mètres à l'Ouest de la ferme. Mais, après m'être concerté avec W.F., il m'a semblé préférable de commencer par un muret plus petit, en limite du gravier disposé sur quelques mètres à l'Ouest de ce bâtiment.

Igor a donc commencé à en creuser les fondations...

11 août 2011, le creusement des fondations d'un premier muret à l'Ouest de la ferme.

... mais, très vite, la mini-pelleteuse est tombée en panne. En attendant que Maxime vienne la réparer, j'ai demandé à Igor de se livrer à quelques travaux de jardinage, sous le contrôle de Bernard et en liaison avec Lucien.

Quant à Valentin, il achève le rejointoiement du pignon Sud de la ferme :

11 août 2011, Valentin sur le pignon Sud de la ferme.

P.S. : Maxime est passé ce soir, après son travail, constater que la panne de la mini-pelleteuse était vénielle. Il en a profité pour achever le creusement du fossé commencé par Igor.

Merci Maxime, tu es très sympa !

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 24 Septembre 2011
Journal du chantier - Maçonnerie-carrelage - Bâtiment Nord - Transmission du patrimoine - Désultoirement vôtre !
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Claude PRUNIER, le carreleur, a nettoyé les tomettes au kärcher dans la cour ; les traces de chaux sur le gravier témoignent de ce travail :

24 septembre 2011, traces de chaux dans la cour du manoir.

Il a ensuite entreposé les tomettes ainsi récurées dans la future "salle de jeux des petits-enfants" (s'il m'est donné un jour d'en avoir...) :

24 septembre 2011, une partie du stock de tomettes qui sera utilisé au rez-de-chaussée du bâtiment Nord.

Ce matin, nous discutons du calepinage que je souhaite avant qu'il ne commence à carreler l'entrée du bâtiment Nord :

24 septembre 2011, essais de calepinage dans l'entrée du bâtiment Nord.

Voici le courriel que j'ai adressé à la responsable du service des bâtiments de France à Alençon. Je le cite ici car il est bon que les tiers qui consulteraient éventuellement ce site aient, sur la question de la protection de la Chaslerie au titre de la législation sur les monuments historiques, toutes les données du dossier. Je précise que ce rappel ici aura également pour avantage - et ce n'est pas le moindre - de permettre à tous ceux qui en auraient besoin (et pour commencer, moi, mes fils, mes successeurs) de retrouver ces documents importants dispersés dans diverses chemises pas toujours bien rangées, en tout cas à la Chaslerie.

(début de citation)

Madame,

Comme je vous l'ai signalé vendredi, il ressort de contacts avec vos collaborateurs qu'il semble exister un débat quant à la bonne compréhension de l'extension de la protection au titre des M.H. sur le manoir de la Chaslerie. Cette question est bien entendu très importante pour la poursuite du programme de restauration du manoir puisqu'elle emporterait des conséquences négatives si l'interprétation restrictive était fondée.

Je me suis donc replongé dans mes dossiers et suis en mesure de vous communiquer la copie de documents officiels montrant que l'information de vos services semble incomplète et que, par voie de conséquence, leurs conclusions, telles qu'elles me parviennent, seraient à corriger.

Comme vous le savez, la protection de la Chaslerie est intervenue en trois étapes :

1 - Par arrêté ministériel du 2 novembre 1926, l'ensemble du manoir, de ses dépendances et des murs alentours a été inscrit à l'I.S.M.H. A l'époque, l'administration ne se livrait pas à une énumération ponctuelle des parties protégées ; elle se bornait le plus souvent à protéger un ensemble ; en particulier, il était entendu que, dans ce cadre et sauf mention contraire, toute protection relative aux extérieurs valait également pour les intérieurs ; seules les pièces préparatoires de l'arrêté explicitaient, dans la meilleure des hypothèses, l'extension de l'arrêté.

C'est ce qui s'est passé à la Chaslerie, à l'initiative d'Edouard HERRIOT, président du conseil, qui avait découvert le manoir lors d'une cure à Bagnoles et en a rendu compte dans son ouvrage "Dans la forêt normande". Je me suis procuré à Paris, dans les services de la direction du patrimoine, la "description sommaire du monument" datant d'août 1923, qui constitue la seule pièce explicative de l'arrêté de 1926, pièce dont je vous transmets ci-joint la copie :

Page 1 du rapport préparatoire à l'arrêté de 1926.

Page 2 du rapport préparatoire à l'arrêté de 1926.


On constate que :
- les dépendances situées à l'Ouest du manoir, qualifiées de "fermes" sont bien citées sur ce document ; à ce seul titre, on peut donc affirmer que les bâtiments de la ferme de la Chaslerie sont inscrits à l'I.S.M.H., tant pour leurs extérieurs que pour leurs intérieurs ;
- de même, le jardin est cité, donc protégé, étant entendu qu'il est décrit comme étant "circonscrit de trois côtés par un fossé de dix mètres de largeur et de deux à trois de profondeur" (il n'avait pas dû être curé depuis longtemps) ; à ce seul titre, ce que nous appelons aujourd'hui la terrasse et le "Pournouët" sont protégés, y compris les douves qui les entourent et les murs qui les délimitent.

2 - Par arrêté préfectoral du 26 octobre 1993, l'inscription à l'I.S.M.H. a été étendue à l'allée principale du manoir.

A l'occasion de cet arrêté, la D.R.A.C. de Caen a récapitulé sur un plan (dont copie jointe), qu'ils m'ont communiqué, l'implantation des protections au titre des deux premiers arrêtés :

Plan annexé à l'arrêté de 1993.


3 - Par arrêté ministériel du 4 juillet 1995, un certain nombre de parties inscrites à l'I.S.M.H. en 1926 ont vu leur degré de protection augmenté par classement parmi les monuments historiques ; à cette occasion, aucune des parties précédemment inscrites et qui n'ont pas été classées n'a vu sa protection diminuer.

Ainsi, "la terrasse située à l'est du manoir supportant l'ancien jardin avec ses murs de clôture et de soutènement, ses douves et le bief situé à l'angle nord-est ainsi que le bief amont" ont été classés parmi les monuments historiques. La ferme et ses dépendances n'étant pas évoqués dans ce dernier arrêté demeuraient donc inscrites au titre de l'arrêté de 1926 :

Page 1 de l'arrêté de classement de 1995.

Page 2 de l'arrêté de classement de 1995.


Comme la situation devenait complexe, Mme SINCE, qui avait instruit le classement, a récapitulé les niveaux de protection sur le plan joint (fourni ici, pour des raisons techniques, en deux pages mais mon original tient en une) :

Plan annexé à l'arrêté de 1995 (moitié gauche).

Plan annexé à l'arrêté de 1995, moitié droite.

Ce plan a d'ailleurs permis de corriger certaines imprécisions du plan de 1993. Tel qu'il se présente, il constitue un document officiel de la D.R.A.C. et montre sans ambiguïté que :
- la ferme et toutes ses dépendances (même celles en colombages qui avaient dû être démontées compte tenu de leur dangerosité suite à l'incurie de précédents occupants) sont inscrites à l'I.S.M.H.;
- le classement parmi les M.H. couvre la totalité de l'espace colorié en rouge sur le plan, à l'est du manoir, en particulier l'intégralité des fossés des douves et toutes les maçonneries attenantes (y compris celles dont l'existence n'était plus, à de minimes vestiges près, qu'un souvenir avant que je ne m'en préoccupe).

C'est dans le cadre de cette protection ainsi entendu que je veille à restaurer le manoir de la Chaslerie et l'ensemble de ses dépendances et maçonneries. Il est connu et, je pense, apprécié, que je le fasse de façon parfaitement transparente puisque tous détails sont fournis en temps réel sur un site internet ouvert au public.

C'est en particulier dans ce cadre que j'ai sollicité, à ce stade verbalement mais en obtenant un accord de principe de vos collaborateurs ("réservation de crédits"), des subventions de l'Etat pour :
- une étude préalable que je souhaite confier à Mme Lucyna GAUTIER et qui couvrirait, entre autres, la restauration de la ferme de manière à lui redonner son aspect initial de longère (j'attends encore le dernier devis de Mme GAUTIER qui a été freinée par les échos qu'elle entendait chez vous sur la protection de la ferme ainsi que de sa grange détruite, après restauration, par la tempête de 1999) ;
- la restauration de ce que j'appelle "le mur Ouest de la douve Nord" ; or il se trouve que je me suis rendu compte dernièrement du fait que le cubage de maçonnerie à restaurer sur ce mur serait très sensiblement supérieur à celui du mur Ouest de la douve Sud (sur la base de l'expérience duquel j'avais formulé ma première demande) ; j'ai donc recontacté vos services dès que je m'en suis aperçu, voici environ un mois, et, là encore, j'ai obtenu l'information qu'une seconde tranche de crédits serait programmée pour 2012.

Ceci étant, il n'est pas clair pour moi de savoir si la restauration du mur Ouest de la douve Nord est dispensée ou non de l'intervention d'un architecte. Lucyna GAUTIER, qui a pris l'attache de vos services, me dit que son intervention n'est pas nécessaire. Le fait est qu'il n'y a pas eu d'architecte pour la restauration du mur Ouest de la douve Sud, ni d'ailleurs pour la restauration du mur de terrasse ; pourtant, j'avais obtenu des subventions de l'Etat à l'époque.

Au total et en résumé, je vous prie de bien vouloir :
- me confirmer que les informations que je vous ai rappelées ont bien ôté de votre esprit tout doute sur l'extension de la protection de la Chaslerie, c'est-à-dire en particulier sur les faits que la ferme et inscrite et le mur classé ;
- m'indiquer si, pour la restauration du mur, je peux réglementairement me passer d'un architecte ;
- me confirmer que je peux vous adresser sans tarder, sur la base de nos derniers entretiens avec vos services, une demande de subvention pour la première tranche de restauration du mur Ouest de la douve Nord.

Je vous prie d'agréer, Madame, l'expression de mes salutations distinguées.

Pierre-Paul FOURCADE

(fin de citation)

N.D.L.R. : Pour la commodité de lecture de ce message, j'ai inséré les documents invoqués dans le corps du texte alors qu'ils sont simplement annexés à mon courriel.

Il faut enfin savoir qu'en plus des documents que j'ai reproduits ici, il y en a d'autres que je n'ai pas encore cités afin de ne pas allonger inconsidérément mon message.
Il ressort de ma dernière conversation téléphonique avec le service des bâtiments de France à Alençon qu'on n'y conteste pas (ou plus ?) que le mur Ouest de la douve Nord est classé. En revanche, on persiste à y dire que la ferme n'est pas protégée.

Voici donc les documents qui prouvent sans ambiguïté le contraire.

On notera que ces documents témoignent des faits, d'une part, que l'inscription de la ferme est ancienne et, d'autre part, qu'elle n'a nullement été affectée, d'une manière ou d'une autre, par l'arrêté de 1995 :

Lettre du 27 juin 2006 de la D.R.A.C.

Lettre du 14 juin 1999 de la D.R.A.C.

Lettre du 20 janvier 1998 de la D.R.A.C.

Vous observerez qu'à ce stade, je me suis borné à ramener à la surface des documents tirés de deux des dossiers que j'ai constitués sur la Chaslerie, à savoir, le premier, sur les arrêtés de protection et, cette fois-ci, sur les permis de construire ou de démolir.

Or je conserve deux autres dossiers qui prouveraient encore, si nécessaire, que la ferme de la Chaslerie et ses dépendances sont bien inscrites à l'I.S.M.H. Il s'agit, d'une part, du dossier où je collationne les documents officiels relatifs aux subventions reçues (je pourrais ainsi montrer que l'Etat a subventionné la restauration de la couverture de la ferme ainsi que celle de la "maison de Toutou", ancienne dépendance de la ferme que nous avons même déplacée) ; d'autre part, je pourrais produire mes échanges avec le fisc qui, lors d'un contrôle fiscal approfondi en 2006-2007, n'a pas manqué de m'interroger sur l'inscription de la ferme et s'est parfaitement satisfait de ma réponse.

A quelque chose, malheur est bon : l'alerte récente sur l'extension de la protection de la Chaslerie au titre des M.H. aura eu le mérite de me forcer à relire des textes arides. J'ai ainsi redécouvert que tout le terrain entre les douves et pas seulement celles-ci (de même que la cour, mais ceci est un autre sujet) est classé parmi les monuments historiques. Cela me redonne envie d'imaginer en quoi pourrait consister une belle restauration de cet espace. Or, un ami de Nicolas GAUTIER, le paysagiste Marc LECHIEN, avait couché sur le papier pour moi un premier projet, il y a 20 ans déjà. A l'époque où j'ai acheté la Chaslerie, j'étais en effet inconscient de la future extension du chantier auquel je m'attelais et, de prime abord, la reconstitution d'un genre de jardin médiéval me semblait une priorité...

Comprenant progressivement, sinon l'ampleur des dégâts, du moins la force des urgences, j'ai vite remisé ce projet aux oubliettes. Ces jours-ci, alors que Lucyna GAUTIER et moi finalisons le contenu de l'étude préalable que je souhaite lui confier en vue, notamment, de la restauration des maçonneries des douves, pourquoi ne redonnerions-nous pas vie au projet de Marc LECHIEN ?

Une réalisation de Marc LECHIEN, le château du grand jardin à Joinville.

Ce serait une belle aventure, bien que je ne sois pas du tout sûr d'être capable de la mener moi-même à bien. Je pense plutôt que cela devrait pouvoir intéresser une certaine génération montante. Il faudrait donc que j'en touche un mot, quand ils repasseront par ici, à des jeunes gens de ma connaissance. Ou bien que, découvrant ce message ici, ils ne prennent l'initiative de me téléphoner. Je suis sûr qu'un bon aménagement de cet espace d'environ un hectare aurait une sacrée gueule, si du moins on mettait en place un mode d'entretien facile des futures plantations.

Donc la suite à un prochain numéro ?
Dad,

Cela fait longtemps que je n'"ai pas eu le loisir de parcourir le site. Je profite donc du retard d"'un candidat à l'embauche pour me rattraper.

Quant au programme de restauration des douves, je me pose plusieurs questions :

1. Pourquoi fermer la douve sur ses trois côtés par un mur de pierres ? Les biais que j"'identifie sont les suivants :

a. De tels murs nécessiteraient un entretien important et une restauration dans un siècle ou deux d"un coût pharaonique qui la rendrait improbable et donc l'"ouvrage éphémère.

b. Quelle est l'"utilité d"un tel mur d'"enceinte ? J'"ai l'"impression que ton bon sens Normand a pris un coup de froid. Je comprends que les douves permettent de drainer ce terrain, la construction du mur devait faciliter cet assèchement.

2. Pourquoi détourner l'"arrivée d'"eau durant la durée des travaux ? L"'utilisation de buses en béton armé dans le lit des douves supporte le passage de camions et de matériel de chantier. Je pense que cette option est nettement moins onéreuse et tout aussi pratique pour Hervé LEMOINE, le fermier. Néanmoins, c"'est moins spectaculaire.

N.D.L.R. : Salut, W.F. ! Heureux d'avoir de tes nouvelles, ce site est merveilleux s'il permet ce type d'échanges rares pour un père !

Je réponds à tes questions :

Il s'agit de restaurer un mur qui existait avant que l'incurie des prédécesseurs n'en hâte le délitement. C'est ce qu'on appelle un mur d'escarpe (tu as dû déjà te promener rue de la contrescarpe à Paris). Le mur d'escarpe est le mur situé du côté intérieur d'un fossé de douves ; le mur de contrescarpe est son pendant, de l'autre côté du fossé. Notre mur d'escarpe fait 136 m de long, il est implanté du côté Est du "Pournouët". A l'origine, il devait faire près de 5 mètres de haut sur toute cette longueur. Il était complété, à ses extrémités, de deux retours, perpendiculaires et d'une vingtaine de mètres de long dont il reste également des vestiges, notamment côté Nord. Donc, quand tu parles de 3 murs, tu pousses un peu. En effet, les douves Nord et Sud resteront principalement en terre.

C'est essentiellement ce mur d'escarpe qu'il s'agit de restaurer. Ce mur, ou plutôt ce qui en reste, est classé parmi les monuments historiques, donc sa restauration est soumise à des procédures administratives lourdes et chronophages. Je souhaiterais néanmoins engager ces travaux tant que je rémunère deux maçons à temps plein ou presque, ce que je ne pourrai pas faire durablement, à moins que mes fils ne m'y aident, c'est-à-dire qu'ils décident enfin le sort qu'ils réservent, dans leur vie, à la Chaslerie ; ceci est une autre histoire mais je n'ai pas l'éternité devant moi, ni les reins assez solides, pour repousser longtemps des conclusions lourdes pour la suite du programme.

La restauration de ce mur conditionne la restitution à la Chaslerie de l'allure qu'elle avait à sa grande époque, c'est-à-dire au tournant des XVIIè et XVIIIè siècles. Cette restauration du mur est en effet un préalable nécessaire à la restauration du "Pournouët", de manière à lui redonner l'aspect d'un jardin d'agrément qui était le sien à la même époque. On pourrait toujours planter le "Pournouët" sans conforter sa périphérie, pourrais-tu objecter. Mais, comme tu le sais, je n'ai jamais aimé le travail bâclé et je t'encourage à avoir toujours un niveau d'exigence analogue.

Je voudrais cependant te rassurer, puisque cela semble nécessaire : comme ce sera le cas pour le mur Ouest de la douve Nord, comme cela a déjà été le cas pour les murs que j'ai restaurés sur la terrasse ou entre la chapelle et le manoir, ce type de travaux est fait, normalement, pour durer plusieurs siècles, au moins deux ou trois sans aucun doute. Donc même tes arrière-petits-enfants (lorsque, comme ton frère un jour, je l'espère, tu te seras enfin décidé à procréer) pourront dormir sur leurs deux oreilles s'ils vivent encore à la Chaslerie : ce n'est pas ce mur qui leur coûtera un seul kopeck.

Quant au détournement du ruisseau que j'estime nécessaire pour ces travaux, il ne résulte nullement d'un quelconque penchant pharaonique pour le spectacle en technicolor. Mais c'est le résultat de l'expérience de qui veut bien venir de temps à autre à la Chaslerie. On y voit que, pour manœuvrer des pierres, des échafaudages, des engins en fond de douve, il vaut mieux que celle-ci soit aussi sèche que possible, donc qu'on interrompe provisoirement son alimentation en eau, notamment en provenance du Tertre Linot. La conformation du terrain rend un tel détournement provisoire parfaitement envisageable et à moindres frais, tu sembles l'avoir oublié et je te le démontrerai sur place avec plaisir à la première occasion.

J'espère que mes explications sont assez claires.

Kisses du Dad.

@ W.F. :

Dans le prolongement de ma précédente réponse, voici qui te montrera l'état présent du fond de la douve Sud. Ce filet d'eau court jusqu'au bief aval.

15 décembre 2011, le fond de la douve Sud à proximité du canal d'arrivée.

Je pense que, rapprochée de la photo précédente te montrant les ornières derrière le fournil du manoir, cette vue plongeante te convaincra qu'on ne pourrait travailler au fond de la douve sans, d'abord, détourner temporairement ce ruisseau.

A Florence, dans le Jardin de Boboli, c'est-à-dire chez les grands-ducs de Toscane, Mr T. a remarqué un mode de drainage des allées que nous ne saurions copier à la Chaslerie, tant il est luxueux. Voici en effet la bouche, en pierre sculptée, d'évacuation de l'eau vers une canalisation souterraine :

Une observation inédite de Mr T.

Voici trois modèles de grilles qui ont retenu l'attention de Mr T. à Florence : l'une au Palazzo Vecchio (je l'avais aussi remarquée)...

Grille intérieure au Palazzo Vecchio.

un autre dans le corridor Vasari...

Touristes en goguette.

(très pratique pour permettre aux grands-ducs de passage d'écouter en catimini ce qui se raconte dans la venelle en contrebas)...

une troisième à un endroit que je ne situe pas :

Grille à Florence.

Merci, Mr T. pour ces belles photos !

Mais pourrais-tu arrêter, un instant, de faire l'oeuf ?

Mr T. (au cas où vous ne l'auriez pas reconnu).