Transmission du patrimoine

Beaucoup de nouvelles depuis une semaine.

1 - L'effet est saississant dès qu'on descend vers la Chaslerie : la nouvelle peinture rouge sang de boeuf est - du moins d'après moi - du meilleur effet. Elle tend à donner à la cour un aspect plus intime, je ressens physiquement à quel point cette couleur est celle qu'appelaient et attendaient ces bâtiments. Il ne fait pas de doute, toujours selon moi, que le blanc précédent, s'il était digne de la revue "Maisons et Jardins" des années 50, était tout simplement une aberration.

Plutôt qu'un rouge quasi vermillon comme lors du premier essai sur la lucarne du logis, j'ai choisi cette fois-ci un ton sombre (rouge Baïgorry, teinte 7822 en peinture micro-poreuse de Levis, Duol Satin), et je pense que j'ai eu raison. Attendons cependant les réactions de ma famille, du public...

2 - Afin de m'aider à opérer de bons choix en matière de chauffage à la Chaslerie, j'ai chargé M. Thierry BURIN des ROZIERS, d'I3E France, de me faire rapport sur ses diagnostics et préconisations. J'ai rencontré ce spécialiste grâce à "La Demeure Historique", fin août lors de la réunion régionale annuelle. Nous avons d'ores et déjà pris contact de concert avec le Conseil régional de Basse Normandie et il semble que notre dossier pourrait jouer un rôle pilote dans le contexte des réflexions des pouvoirs publics quant au chauffage et à l'isolation thermique des monuments historiques.

3 - Après-demain, devant Me GOUBEAUX, notaire à Domfront, je signerai la cession par Carole et moi de la nue-propriété de la cave de la Chaslerie à une S.C.I. détenue en quasi-totalité par notre fils aîné, Thibaud. Il s'agit de la "S.C.I. 4 de la cave de la Chaslerie". Je cite ici ce fait car il ne devrait pas être sans effet sur le rythme des travaux à la Chaslerie.

L'idée est pour Carole et moi de commencer à préparer notre succession tout en renforçant l'attrait immédiat de la Chaslerie pour nos fils (un schéma parallèle est encore à l'étude à propos de la ferme de la Chaslerie et de notre cadet, Walter).

Ainsi, Thibaud pourra dès les prochains jours prendre en charge la poursuite de la restauration de la cave où tout reste d'ailleurs à faire à l'intérieur et aux abords. Compte tenu de ma disponibilité, c'est moi qui continuerai à gérer le chantier, en parallèle à celui du manoir, et en ayant recours à des artisans éprouvés.

Sur ces bases, on peut estimer que le chantier de la cave durera encore une dizaine d'années (dans l'hypothèse où son travail n'entraînera pas Thibaud à l'étranger), en suivant les plans établis il y a une dizaine d'années par M. Nicolas GAUTIER, A.B.F. Ces plans n'avaient bien entendu pas manqué de donner lieu à un permis de construire.

L'acte de propriété présentera deux caractéristiques destinées à préserver malgré tout l'unité de la Chaslerie :
- d'une part l'allée qui relie le manoir à la D22 sera désormais placée en indivision entre les propriétaires du manoir, de la cave et de la ferme ;
- d'autre part, j'ai prévu que les propriétaires du manoir et de la ferme auront un droit de préemption sur la cave au cas où elle serait revendue.

Bien entendu, les intempéries présentes, neige la semaine dernière, pluie cette semaine, freinent le chantier. Ainsi, des grilles qui auraient dû être posée avant Noël sur le bâtiment Nord ne le seront qu'après le 1er janvier, sur décision du forgeron. Les travaux de maçonnerie n'ont pu progresser tant qu'il gelait. Enfin, les abords de la charretterie sont désormais transformés en bourbier.

C'est donc un bon moment pour réfléchir à l'enchaînement des prochaines tranches de travaux.

J'ai dû expliquer hier à Thibaud les rudiments de la fiscalité des monuments historiques. C'est un sujet bien compliqué. L'idée principale est que les dépenses d'entretien et de réparation sur de tels bâtiments sont déductibles du revenu imposable de celui qui les finance. Nous avons donc calculé l'impact qu'auraient pour Thibaud différents programmes de travaux en 2010 sur la cave de la Chaslerie (qui lui appartient désormais, par l'intermédiire d'une S.C.I. "ad hoc"). Il lui reste à me communiquer sa décision. Parmi les travaux prioritaires sur la cave, il faudrait drainer les abords ; malgré des travaux effectués il y a une quinzaine d'années, l'eau entre toujours dans le bâtiment et gâte les murs ; il est donc grand temps d'y remédier. Il faudrait également terminer le colombage de la dépendance de la ferme ("la maison de Toutou"), équiper cette dépendance d'une porte et de fenêtres, puis compléter l'édifice par du pisé et par un revêtement de sol; il serait sans doute utile d'y amener l'eau et l'électricité. Sur l'appentis de la cave, destiné à abriter la future chaudière du bâtiment, il faudrait de même insérer des fenêtres ainsi qu'une évacuation des fumées et poser du pisé et un revêtement de sol; là aussi, il serait opportun d'amener l'eau et l'électricité. A l'intérieur de la cave, les priorités sont de réaliser un plancher au premier étage et un escalier intérieur ; après cela, on pourra commencer à cloisonner le rez-de-chaussée et l'étage de manière à pouvoir ensuite enduire les murs de chaux. Si on mène à bien ce programme en 2010, on aura une bonne base de travail pour commencer les travaux d'habitabilité en 2011. Quant à la chaudière de la cave, mon idée serait de déménager la chaudière récente qui fournit actuellement l'eau chaude et le chauffage dans le seul cabinet de toilettes en état de marche à la Chaslerie (il se trouve dans le bâtiment Nord) ; c'est dire qu'il faudra coordonner avec soin les travaux de plomberie et de chauffage entre le manoir et la cave, de manière à conserver à tout moment au moins un cabinet de toilettes en état de fonctionnement sur l'ensemble de la Chaslerie.

Bref, la question du chauffage devient progressivement critique. Même si, seul de mon espèce toutefois, j'arrive encore, en m'emmitouflant dans deux couettes (et en restant habillé...), à dormir très benoîtement dans une chambre non chauffée.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mercredi 30 Décembre 2009
Journal du chantier - Cave - Transmission du patrimoine - Désultoirement vôtre !
0
Je me souviens d'une réunion rue de Rivoli, dans le bureau du directeur du Trésor, alors Jean-Yves HABERER (c'était donc avant 1981), au cours de laquelle celui-ci interrogeait certains collaborateurs sur les modalités d'un futur emprunt d'Etat. Etant le plus jeune, j'avais été interrogé le premier et HABERER avait conclu son tour de table en remarquant : "C'est curieux, les plus jeunes sont toujours les plus prudents !"

La suite a montré qu'ils n'avaient pas toujours tort, je pense.

Mais là n'est pas mon propos. Je voulais simplement signaler que Thibaud m'a encore longuement téléphoné hier pour me demander de nouvelles précisions sur la fiscalité des monuments historiques. Il avance dans ce dossier avec une prudence qui me semble excessive. Ce n'est pas à ce rythme que nous pourrons mener d'un bon pas la restauration de la cave. A suivre, donc, ne désespérons pas !

M. François Lamer m'a donc transmis un document de 7 pages dactylographiées, que je vais commenter ici, dans la mesure où il apporte des informations précises, certaines inédites pour moi, à propos de l'histoire de la Chaslerie.

Ce document s'intitule "Notes généalogiques sur la famille Lévêque et plusieurs familles qui lui sont alliées, écrites d'après de vieux livres et papiers de famille de 1854 à 1893 par Charles Lévêque". Il y est précisé que le document original avait été recopié en 1854 par le frère de Charles Lévêque puis recopié par une descendante de celui-ci mais qu'il a disparu lors des bombardements de 1944.

Je ne suis pas en mesure de valider la qualité de ce document. Je me contenterai donc de digressions à l'occasion de l'évocation des informations que j'y ai relevées.

1 - La première impression que je retire de ce document, c'est la confirmation de l'étonnante stabilité, à travers les siècles, du tissu social de ce coin du bocage normand.

Selon le document, le premier membre de la famille Lévêque dont on ait conservé la trace est Jehan Le Vesque, décédé en 1568, soit 30 ans avant l'édification du bâtiment principal de la Chaslerie, tel que nous le connaissons aujourd'hui.

Or, nombre des autres noms de familles cités dans le document me sont familiers car ce sont, aujourd'hui encore, les noms de voisins de la Chaslerie.

A travers le document, on perçoit également, outre la profondeur de l'enracinement local, l'opiniâtre permanence ou la patiente progression sociale de plusieurs de ces familles. Ainsi, le premier Ruault cité est un notaire actif dans le secteur en 1590 et logé à la Vaidière, sur le territoire de la commune voisine de Saint-Mars d'Egrenne ; or, j'ai rencontré dernièrement un Ruault du Plessis Vaidière, étudiant en notariat à Rennes. De même, la branche de la famille Roulleaux apparentée aux Lévêque descend notoirement d'un révolutionnaire actif, représentant du Directoire à Domfront, ainsi d'ailleurs que de Beaumarchais ; cette branche a produit depuis deux siècles, sous le nom de Roulleaux-Dugage, nombre de préfets et de parlementaires défenseurs des bouilleurs de cru ; elle a même rejoint la noblesse pontificale, avec le titre de baron, à ma connaissance durant la première moitié du XXème siècle.

Dans un tel contexte, je mesure à quel point le méridional que je suis, sans attaches familiales locales, peut apparaître différent ("horsain, comme ils disent). Je serais d'ailleurs curieux de savoir si la greffe prendra à un stade de ma descendance, parmi les futurs propriétaires de la Chaslerie (on voit là que je me considère volontiers comme le premier - par l'ancienneté - représentant de la troisième famille propriétaire de la Chaslerie, après les Ledin et les Lévêque).

2 - Il est signalé que l'ancienne orthographe du nom de la famille Lévêque, soit Le Vesque, se retrouve dans la dénomination encore en vigueur au XIXème siècle de "Baillée aux Vesques" pour désigner la terre de la Baillée, à Saint-Mars-d'Egrenne (Orne), appartenant encore à la famille Lévêque du temps de l'auteur du document.

Je me suis rendu il y a huit jours aux lieux-dits évoqués dans ce document, à savoir la Baillée Auvêque (orthographe contemporaine sur mon plan de l'I.G.N.), la Source et la Jarrière, trois "villages" limitrophes sis sur le territoire de Saint-Mars d'Egrenne.

On peut imaginer que le paysage en était riant tant qu'il demeurait bocager. Aujourd'hui, là comme ailleurs, hélas, l'électrification des campagnes et l'agriculture intensive ont altéré le site. Ce dernier est par ailleurs plaisant puisqu'il fait face à la commune de Torchamp, de l'autre côté de la vallée, encaissée à cet endroit, de la Varenne . L'Egrenne conflue légèrement en amont des lieux-dits en question.

Certains membres de la famille aiment, semble-t-il, rappeler l'ancienne orthographe de leur nom.

Ainsi, un témoin direct m'a raconté qu'Henri Lévêque (le père de mon vendeur), qui est enterré dans la chapelle de la Chaslerie, se présentait toujours comme "Henri Lévêque, grand L, petit e, grand V".

De même, il ne m'a pas échappé que le panneau qui signale l'arrivée à la Baillée Auvêque porte actuellement le nom de "Baillée aux Vesques" mais que ce panneau n'est pas du modèle de type D.D.E. des panneaux des "villages" voisins.

3 - Me promenant à proximité des bâtisses en question, je me suis rendu compte de leur médiocre état d'entretien, mais aussi de l'ancienneté de certains bâtiments qui ne sont pas en parpaings.

En fait, le bâtiment le plus intéressant, de qualité manoriale, est le logis de la Jarrière, dont une porte et une fenêtre sont ornées d'un linteau en accolade, et une fenêtre d'une grille fleurdelisée (je m'étonne d'ailleurs que ce logis ne soit pas cité dans l'ouvrage de Bernard Desgrippes, "Châteaux et manoirs du Domfrontais"). J'ai soigneusement observé les granits qui ont servi à la construction de la Jarrière, sans doute au début du XVIème siècle compte tenu de ces accolades.

Car, il y a une quinzaine d'années, lors d'une "Journée du patrimoine", un visiteur m'avait signalé, et je l'avais noté, que l'imposante cheminée qui orne la salle à manger du bâtiment principal de la Chaslerie provenait de la "Jarrière à Torchamp". Il s'agit à l'évidence, vu la couleur du granit, de la Jarrière à Saint-Mars d'Egrenne. Je suppose que cette transplantation est postérieure à l'incendie de 1884 évoqué sur ce site internet. Sans doute a-t-elle été organisée par Henri Lévêque, lors de ses travaux des années 1950 ou 1960.

4 - Le document transmis par M. Lamer donne la réponse à la question qu'il avait posée ici.

Une note en bas de page (la note 11) indique en effet qu'Eugène Constant Léveque Lepail "se fit inhumer dans la chapelle de la Challe ? propriété qui appartenait à sa femme par sa famille Roulleaux la Vente (appartient encore à une branche Levêque, cousins)".

Il s'agit à l'évidence de la chapelle de la Chaslerie où reposent, comme en témoignent ici des photos de la "Photothèque", Eugène Constant Lévêque et son épouse Sophie Adélaïde Roulleaux.

Or, jusqu'à cette indication, j'ignorais l'identité des propriétaires de la Chaslerie après sa vente, comme Bien National, en 1794, à "Roland Gaupuceau et Goupil". Il serait sans doute intéressant, dans le prolongement de cette information, d'expliciter le lien, s'il existe, entre l'un ou l'autre de ces personnages et la famille Roulleaux-Dugage.

5 - Le même document signale qu'une fille d'Eugène Constant Lévêque et de Sophie AdélaÎde Roulleaux, prénommée Eugénie Marie et née en 1821, épousa en 1842 "Louis André Goupil dont les parents riches propriétaires habitaient la commune de Tessé la Madeleine".

Grâce au document transmis par M. Lamer, je comprends que c'est cette Eugénie-Marie Goupil qui a été la marraine, alors âgée de 70 ans, de la cloche de la chapelle de la Chaslerie, ainsi que l'atteste l'inscription sur cuivre que nous avons retrouvée lors de la restauration de la couverture de la chapelle (il y a cependant un doute sur la date, donc sur l'âge de la marraine, car la photo sur laquelle on l'a lue est très floue ; voir "Photothèque" ; il faudrait remonter dans le clocher pour en avoir le coeur net). J'en déduis que c'est peut-être son père qui avait été à l'origine des décors peints au XIXème siècle autour des deux fenêtres de la chapelle. Ainsi, comme moi, ce prédécesseur aurait veillé de son vivant à restaurer la chapelle où il comptait être enterré le plus tard possible. Et l'on sait que, comme son épouse, il est mort à un âge tout à fait respectable.

Quant à la famille alliée Goupil, l'important château néo-Renaissance de Tessé-la-Madeleine, qui sert aujourd'hui d'hôtel de ville à Bagnoles-de-l'Orne, a été construit ainsi que le relate un numéro spécial de "l'Illustration" daté de 1927.

Je cite le passage : "En 1850 fut aussi édifié le château de Tessé-la-Madeleine ou de la Roche-Bagnoles par M. Goupil. Grande bâtisse, sans vrai style, mais admirablement situé, qui abrita longtemps une des plus grandes fortunes de France (...)".

Comment ce M. Goupil avait-il bâti cette fortune ? Quels étaient ses liens avec l'acheteur de la Chaslerie, Bien National de 1794 ? Ce serait sans doute intéressant de l'apprendre.

Quoi qu'il en soit, une nouvelle fois, ce site internet vient de montrer son utilité pour faire remonter à la surface des informations pertinentes sur la Chaslerie et son histoire.

Bien des points demeurent obscurs mais je ne doute pas qu'avec l'aide des visiteurs du site, nous aurons encore de belles occasions de progresser ensemble dans cette recherche et cette connaissance.

A cet égard, je précise qu'au delà de ces considérations partielles, et peut-être partiales, sur les familles qui ont, de longue date, connu la Chaslerie, la priorité pour moi est sans conteste de me procurer des vues de la Chaslerie avant l'incendie de 1884. En effet, depuis que j'en ai fait l'acquisition, je rêve d'en relever les lucarnes qui, selon moi, surmontaient les fenêtres du premier étage du bâtiment principal. Compte tenu de la similitude des constructions, je pense à ce stade de mes informations que ces lucarnes devaient ressembler à celles du manoir de Chaponnais à Domfront, détruit lors des combats de la Libération mais dont il reste des cartes postales anciennes. Ce devaient donc être des lucarnes d'un modèle assez simple.
Enfin, les beaux jours sont de retour !

Pour la première fois de la saison, l'herbe a été coupée aux abords immédiats du manoir. Claude MARTIN, à la retraite depuis dix-huit mois, m'avait téléphoné pour proposer de se charger de cette tâche. J'avais accepté avec plaisir, très heureux de constater une nouvelle fois l'attachement à la Chaslerie de mon ancien maçon. Bernard a dû lui apprendre à se servir de la tondeuse auto-portée "John Deere 3720". Ce matin, sous le soleil, le coup d'oeil est donc très agréable.

Pascal, également encouragé par le climat clément, a pu poursuivre son travail de maçonnerie sur le fournil de la ferme. Je lui ai fait part de mes remarques sur une meilleure façon de faire coïncider les plans horizontaux des pierres d'encadrement des fenêtres avec les alignements de pierres des murs. Il me promet d'en tenir compte pour la suite.

Thibaud, mon fils aîné, se préoccupe de définir le budget de restauration de la cave. Il agit donc avec prudence depuis que je l'ai embarqué dans cette aventure. Il souhaiterait ainsi pouvoir comparer des devis. Il passe là par un stade que j'ai connu il y a près de vingt ans, lorsque je débutais dans la restauration de vieilles pierres. Habitué qu'il est à travailler dans des marchés (abusivement) considérés comme efficients et transparents, il pense qu'il en va de même pour les marchés de travaux du bâtiment. J'ai essayé de lui expliquer que le mieux à faire pour lui serait de revenir plus souvent à la Chaslerie, d'y convoquer des artisans et de leur demander lui-même tous les devis qu'il souhaite. Quant à moi, j'ai appris depuis belle lurette que l'essentiel est de traiter avec des artisans de confiance, dans le cadre d'une relation à long terme. En fait, les devis ne me servent que lorsqu'ils me sont réclamés par l'administration des affaires culturelles, dans le cadre de son instruction d'éventuels dossiers de subventions. Il appartiendra à Thibaud d'arriver aux mêmes conclusions. Cela prendra bien sûr un peu de temps.

A propos de relation de confiance à long terme avec mes artisans, je signale que l'électricien-plombier-chauffagiste est revenu sur le chantier. Nous sommes convenus du "modus operandi" pour la suite éventuelle de ses interventions. De mon côté, il faudrait que je suive de beaucoup plus près le travail de ses employés. Or, depuis le passage de ces derniers, il y a deux semaines, l'électricité disjoncte plusieurs fois par jour. La réparation que m'a dit avoir effectuée hier cette entreprise était encore une fois complètement ratée. Ma confiance est donc en chute libre.

Un de mes vieux amis, le préfet Paul C., me demandait récemment quelle trace je laisserais sur cette Terre. Je lui ai immédiatement répondu "la restauration d'un monument historique", non sans ajouter "ce n'est peut-être pas considérable mais, au moins, ça ne fait de mal à personne".

En fait, nous venons de planter sur la parcelle au Nord du manoir et au centre du grand calendrier celtique, le plus à l'Est, un "Sequoia sempervirens" de 2 mètres de haut à ce stade mais dont un cousin a déjà atteint 115 mètres de haut quelque part en Californie.

Au centre de l'autre calendrier celtique, le plus proche de la D22, nous avons de même planté un "cèdre du Liban" ; un tel arbre peut vivre plusieurs milliers d'années.

Tout cela laisse rêveur. Quand je vous disais (voir un échange dans le Livre d'Or, à la date du 19 novembre dernier) qu'il faut être un peu fou pour entreprendre la restauration d'un monument historique...

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mercredi 12 Mai 2010
Journal du chantier - Architecture-M.O. - Transmission du patrimoine - Désultoirement vôtre !
0
Le jeune Louis-Marie S., venu servir la messe en latin à la chapelle de la Chaslerie selon le rite tridentin, m'a posé une très bonne question. Si je résume, il m'a demandé pourquoi je restaurais autant de bâtiments qui, malgré d'importants travaux, restaient vides ou, pire, inachevés. Manifestement, il trouvait mon attitude quelque peu compulsive et ne comprenait pas que j'ouvre autant de chantiers en même temps.

Pour faire simple, j'ai répondu à cet enfant d'une famille nombreuse que je destinais la cave à mon fils aîné et la ferme à mon cadet. Je ne suis pas sûr de l'avoir convaincu. A son âge, les problèmes de transmission de patrimoine lui sont assurément étrangers.

J'aurais aussi pu invoquer le temps nécessaire pour mener à bien un programme de travaux aussi vaste. Du haut de sa dizaine d'années, je ne suis pas persuadé qu'il aurait mieux compris. Pourtant, la Terre a près de 5 milliards d'années, les arbres les plus vieux peuvent avoir 5000 ans, le logis de la Chaslerie a été construit il y a 412 ans et je ne m'en occupe que depuis 20.

En fait, par quelque bout que je retourne le problème, c'est ce que j'appelle, faute de mieux, la "logique du chantier" qui résume le moins mal mon attitude. C'est d'ailleurs l'argument que je mets en avant lorsque des adultes me posent la même question que le jeune Louis-Marie.

Est-ce que je les convaincs davantage ? A dire vrai, je n'en suis pas sûr.

A propos de ma façon de diriger les travaux, j'ai déjà parlé ici de "despotisme éclairé". On ne voudrait quand même pas que j'avoue me fier beaucoup à "mon bon plaisir" ? On sait que, par cette formule de lettres de chancellerie, le roi marquait sa volonté dans les édits. Donc problème : après Catherine II et, ici, François 1er, ne vais-je pas finir par me prendre pour Napoléon ?

Mr T. (voir le P.S. ci-après), mon fils aîné, est arrivé hier à la Chaslerie pour passer quelques jours de congés. Le voici en pleine décontraction ce soir :

Nous n'avons pas tardé à évoquer le sujet qui fâche : la poursuite de la restauration de la cave. Souhaitant sans doute mettre d'emblée les choses au point, Mr T. m'a confirmé qu'il refuserait de financer de quelconques travaux sur ce bâtiment tant que je maintiendrais mon opposition à ce qu'il y fasse percer deux nouvelles fenêtres.

Pour éclairer le débat, voici d'abord dans quel état se trouvait la cave de la Chaslerie durant l'été 1991, peu après notre achat.[img:500]1991_07 cave[/img] Il avait en effet fallu faire intervenir des engins de terrassement pendant deux mois pour dégager les abords de tous les arbres morts, clôtures à l'abandon et ronces qui les encombraient. Comme on le voit, sur la façade Nord de la cave, il n'y avait qu'une lucarne, d'ailleurs en état pitoyable.

Sur la façade Sud, il n'y en avait aucune et le lierre avait, là aussi, commencé son travail de sape :[img:500]photo (252)[/img]Lors de la restauration de la couverture de la cave, dès 1992, le nombre des lucarnes est passé de 1 à 4, comme le montre la photo suivante de la façade Sud en 1997.[img:500]1997_11_16 27[/img]Voici les travaux que j'ai fait réaliser en 1998 (il y avait encore un hideux fil électrique que j'ai fait enfouir depuis), à savoir le percement de deux ouvertures sur le pignon Est et d'une troisième sur la façade Sud (ces ouvertures correspondent les deux premières à la future chambre du rez-de-chaussée, la troisième à son futur cabinet de toilettes)[img:500]1998_03_14 5[/img]et l'agrandissement de la fenêtre de la future cuisine[img:500]1998_04_21 7[/img]Voici l'état du chantier en 2009. On voit sur la photo suivante que les murs ont été rejointoyés et que j'ai aussi commencé à faire restaurer l'appentis sur le pignon Ouest, de manière à pouvoir y abriter à terme la chaufferie de la cave ainsi que le matériel électro-ménager bruyant ou trop encombrant :[img:500]2009_06_14 3 bis[/img]Et enfin, voici une photo prise ce matin, par temps de pluie (où l'on voit que j'ai récemment fait ajouter une ouverture supplémentaire sur le pignon et au niveau du grenier ; accessoirement, on peut noter qu'au printemps dernier, les rosiers ont été enlevés afin de permettre les prochains travaux de drainage extérieur de la cave) :

Tous ces travaux ont été effectués en plein accord avec l'administration des affaires culturelles et, au moins à mon sens, en veillant scrupuleusement à ne pas dénaturer l'esprit des lieux, cave et manoir obligent.

Pour en revenir à notre débat actuel, Mr T. souhaite que, sur la façade Sud, il y ait, à gauche de la porte d'entrée dans le bâtiment, deux fenêtres au lieu d'une (ceci correspondrait au living) et qu'à droite de cette même porte, il y en ait une à la place d'une toute petite, d'origine (ceci correspondrait à une chambre).

J'ai fait valoir à Mr T. qu'en retardant les travaux, il perdrait sans doute toute possibilité de tirer parti d'un régime fiscal qui pourrait bien ne pas durer. J'ai rappelé que le permis de construire obtenu pour cette cave, sur les plans d'un architecte des bâtiments de France, ne prévoyait qu'une fenêtre supplémentaire par rapport à l'état présent, pour la future chambre du rez-de-chaussée. J'ai indiqué qu'après avoir chaulé les murs comme il convient à l'intérieur du bâtiment, Mr T. pourrait fort bien en éclairer les pièces comme il l'entendrait, y compris avec des lampes halogènes, très efficaces. J'ai ajouté que, dans d'autres bâtiments de la Chaslerie, mes prédécesseurs avaient déjà percé de multiples ouvertures et que le résultat en était, chaque fois, laid extérieurement et pratiquement irréversible, de sorte qu'il paraissait urgent de ne rien faire de plus en ce domaine.

Mr T. a maintenu sa position. Il souligne que ce qu'il souhaite correspond ni plus ni moins à ce que l'architecte des bâtiments de France en question avait prévu sur son avant-projet. Il prétend que c'est en toute bonne foi et sur la base de cet avant-projet qu'il a accepté d'acheter le cave en vue d'en poursuivre la restauration à ses frais. Sachant ma hâte de connaître ma descendance, il insiste enfin sur le fait que, sans ces ouvertures, jamais une jeune fille n'accepterait de le suivre dans cette cave. Sa mère et sa grand-mère maternelle lui donnent raison.

On voit qu'il y a là deux conceptions qui peinent à s'accorder.

J'ai donc reconsidéré le problème et voici le fruit de mes réflexions : je suis, moi aussi, tout-à-fait d'accord avec le point de vue de Mr T. et de ses alliées pour la circonstance ; il ne faut surtout forcer personne à restaurer un monument historique et j'avais à l'évidence été trop pressant, tant est grand mon désir d'organiser un relais rapide.

Je prends donc acte de la position de Mr T. : puisque c'est ainsi et au moins de mon vivant, il n'y aura sans doute pas de travaux supplémentaires à la cave. Je mets toutefois de côté le drainage extérieur, de manière à ce que ne se gâtent pas davantage les vieux papiers et matériaux divers que, pour l'heure, je stocke là, ainsi que la finition des colombages de l'appentis et de la "maison de Toutou", afin d'éviter la détérioration de leur bois. Ces deux opérations se feront le plus vite possible désormais, bien entendu à mes seuls frais.

Mr T. m'invite à ne pas refermer déjà le dossier. Il entend déposer prochainement une demande de permis de construire modificatif. Il sait que je ne coopérerais pas et qu'en particulier, je ne mettrais pas mes employés ni mon expérience de maître d'œuvre à sa disposition pour réaliser des travaux que je n'approuverais pas.

Les visiteurs du site auraient-ils un avis ?

P.S. du 12 décembre 2013 : La censure veille. J'ai dû, ce jour, faire disparaître le prénom de mon aîné pour y substituer ce "Mr T.". Il paraît que ces choses-là "doivent rester dans un domaine strictement privé (souligné)". Inutile que j'indique ce que je pense de cette pusillanimité.

Tôt ce matin, Pascal et Maxime ont démonté l'échafaudage qui se trouvait à l'intérieur du fournil de la ferme, le long du pignon Ouest. Avant cette opération, il fallait en effet que le rejointoiement des parties hautes de ce pignon soit achevé. C'est chose faite, comme le montre la photo suivante qui confirme de plus le caractère bizarrement décentré de l'ouverture du four.

Dans la foulée, Pascal et Maxime ont remonté cet échafaudage, toujours à l'intérieur du bâtiment, cette fois le long du pignon Est. Ils ont replacé sur ce pignon quelques rangs de pierre dès hier et avant-hier et la photo suivante montre qu'en ce vendredi soir, la niche de la statue en calcaire est bientôt terminée, ainsi que je l'avais demandé (c'est la tête de Pascal, casquette à zéro, oeil facétieux et moustache au vent, qu'on aperçoit à cet endroit).

Pour la compréhension par les visiteurs des travaux que je fais réaliser dans ce fournil de la ferme, je précise que mon intention est de mettre rapidement à la disposition de mes fils un local indépendant, aisément chauffable et doté d'un cabinet de toilettes complet, de manière à leur permettre de venir s'y abriter confortablement les week-ends, même à la saison froide, quand ils auront commencé à restaurer l'un l'intérieur de la cave, l'autre la ferme.

Peut-être suis-je d'ailleurs trop optimiste en imaginant une telle évolution du chantier... Je me dis qu'au pire, s'ils ne profitaient pas de cette offre, je pourrais toujours m'installer là pour passer douillettement quelques-uns des prochains hivers, en attendant que les choses avancent sur le bâtiment Nord.

P.S. : Pour la statistique, j'indique qu'un jeune ragondin nous attendait ce matin dans le piège, 11ème rongeur pris en 5 jours, au même endroit et de la même façon. Ces animaux ne sont quand même pas très malins.

Un jour, alors que j'étais adulte, ma grand-mère de Tarbes a décidé de ranger une armoire dans sa maison. Sans me consulter, elle a distribué autour d'elle mes "Dinky Toys", mes "Aventures de Babar", mes "Tintin", mes "Aventures de Martin le malin" et autres "Roy Rogers" auxquels je tenais beaucoup. Un vrai désastre !

Mes fils n'auront pas eu plus de chance avec moi puisque j'avais entreposé de longue date leurs souvenirs d'enfance, y compris leurs cahiers scolaires, dans la cave de la Chaslerie. Là, ce sont les infiltrations d'eau à travers les murs qui auront eu raison de ces reliques. Ce bâtiment où je n'entrais plus jamais était ainsi transformé en pataugeoire à mon insu, de sorte que les livres et cahiers de mes fils ont pu y pourrir longtemps. J'en suis désolé pour eux, je ne suis que trop bien placé pour comprendre leurs regrets.

C'est par de telles expériences que j'ai appris à me méfier de l'eau ici. Je veille désormais à bien drainer les terrains au pied des murs des constructions.

De même, à la charretterie, l'eau, traversant les murs, entrait l'hiver dans la pièce qui correspond à une ancienne étable. Et l'on a bien noté que le revêtement en terre battue n'était toujours pas sec lors des dernières Journées du Patrimoine. Des plantules commencent même à y pousser :

19 septembre 2010, la terre battue tarde à sécher dans la charretterie.

Pourtant, j'avais déjà fait drainer les murs de la cave il y a une quinzaine d'années. Mais les drains n'avaient pas été convenablement posés. Ils avaient juste été enrobés de gravier, à même le sol, de sorte que, rapidement, les racines des roses au Sud et des hortensias au Nord les avaient obstrués, les rendant inopérants. C'est ce que j'ai vu au printemps dernier, lorsque nous avons transplanté ces fleurs.

J'avais donc demandé à Pascal de poser des drains autour de la cave, de son appentis et de sa "maison de Toutou", ainsi qu'autour de la charretterie, de manière à ce que pareille mésaventure ait moins de chances de se reproduire. Pour ce faire, je lui avais recommandé de s'inspirer des drainages de la chapelle, c'est-à-dire de poser ses drains sur une gouttière en béton, afin d'empêcher les racines des fleurs voisines d'y accéder.

C'est ce qu'il a fait cette semaine. Voici donc le résultat des derniers jours de travail où la gelée matinale a fait sa réapparition ici.

Une fois encore, nous avons eu recours à notre mini-pelleteuse. La voici à l'oeuvre au Sud de la cave :

Tranchée pour drainage au Sud de la cave.

En fait, la présente campagne de drainage part des roses plantées en bordure de l'allée de la cave...

...passe à l'Est de la cave, le long de l'appentis et entoure la "maison de Toutou"...

...entoure la cave puis plonge vers la charretterie...

... puis passe au Sud de la charretterie (un drain avait déjà été posé, fin juillet, au Nord de ce bâtiment) :

Voici une idée de la profondeur de ce fossé :

Samedi 25 septembre 2009, le fossé a environ 50 cm de profondeur.

Pascal a ensuite déposé un lit de gravier dans la tranchée (du moins dans les parties jouxtant les bâtiments) :

Travaux de drainage au Sud de la charretterie.

avant d'y couler une gouttière en béton :

Gouttière en béton pour le drainage du Sud de la cave.

Gouttière en béton pour le drainage du Nord de la cave.

Il reste bien entendu à parachever ce travail en déposant les drains dans ces gouttières et en les y enrobant de gravier puis à refermer le reste des tranchées.

Les nouvelles de la semaine ne s'arrêtent pas là puisque j'ai pu joindre Roland FORNARI. Il accepte de modifier comme je le souhaitais les deux grilles posées la semaine dernière. J'ai encore oublié de lui parler de mon désir qu'il travaille aussi sur le puits de la ferme que voici, dans son état actuel :

Samedi 25 septembre 2010, Pascal (sans sa casquette !) à côté du puits de la ferme

J'ai de même joint Eric AUBINAIS, le tailleur de pierres, mais il m'a annoncé que, depuis un an, il travaille comme homme toutes mains sur un château privé de la Manche. Il n'est donc pas sûr qu'il puisse se rendre disponible pour tailler la pierre de sommet du puits. Pascal POIRIER serait néanmoins prêt à prendre le relais.

Quant à Roland BOUSSIN, je devais le rencontrer ce matin mais il m'a posé un lapin.

Les travaux de drainage autour de la cave, de ses dépendances, et de la charretterie sont désormais terminés.

Les drains ont été posés sur les rigoles en béton autour des constructions...

Lundi 27 septembre 2010, pose des drains autour de la

... ils ont ensuite été recouverts de "bidim"...

Lundi 27 septembre 2010, les drains sont recouverts d'un tissu protecteur, vue du Sud de la cave.

... puis de gravier :

Lundi 27 septembre 2010, pose de gravier au-dessus du tissu de protection des nouveaux drains, vue du Nord de la cave.

Après quoi, les fossés ont été rebouchés entre les bâtiments :

Mardi 28 septembre 2010, rebouchage des fossés, la charretterie vue de la cave.

Pascal a même pensé à passer un drain à l'intérieur de l'appentis de la cave qui, enfin, devrait ne plus être inondé durant l'hiver prochain. Sur ces bases, Thibaud va pouvoir très bientôt commencer à restaurer l'intérieur de sa future résidence secondaire. Du moins, il n'aura plus d'excuse technique à invoquer pour retarder sa contribution. N'est-ce pas, Thibaud ?

Depuis hier, Pascal et Bernard ont changé de secteur : ils trient désormais les pierres que, depuis plusieurs années, j'entrepose en bordure de la D22, sur près de 150 mètres de longueur.

Voici une vue de ces tas prise aujourd'hui du Nord :

Jeudi 30 septembre 2010, les tas des pierres vus du Nord, en partie dissimulés par les mauvaises herbes.

Nombre de ces pierres proviennent d'une dépendance en ruine du manoir de la Foucherie à La Haute Chapelle. On trouve également là les pierres de l'ancien pont de Lonlay-l'Abbaye, qui avaient été achetées par le père de mon vendeur (c'est en effet des années 1950 que paraît dater le hideux pont en béton - assurément plus commode pour les camions de la biscuiterie voisine - qui franchit l'Egrenne devant l'abbaye...). Et bien d'autres encore, souvent de provenances moins illustres. Dans ces tas, il y a toutefois quelques beaux granites sculptés, montants, corbeaux ou linteaux de cheminées, restes de meneaux ou de chambranles d'ouvertures, appuis de fenêtres troués pour y sertir des grilles, provenant sans doute de bâtiments de style Renaissance ou même plus anciens qui, comme j'ai quelques raisons de le penser, auraient été détruits à la Chaslerie à la fin du XVIème siècle ou durant la première moitié du XVIIIème :

Jeudi 30 septembre 2010, quelques pierres intéressantes parmi beaucoup de banales.

Voici justement Pascal et Bernard en train de trier tous ces cailloux selon qu'ils sont dignes ou non de servir à des parements et, pour les premiers, par épaisseurs :

Jeudi 30 septembre 2010, Pascal et Bernard au travail.

Ils s'aident bien sûr de la mini-pelleteuse, mais c'est quand même un travail difficile :

Jeudi 30 septembre 2010, les cailloux triés par tailles, il reste encore beaucoup de travail...

Pour les semaines qui viennent, Pascal va continuer à trier ces pierres (au moins les grès car les granites sont beaucoup plus volumineux donc pèsent souvent plus du quintal et je ne voudrais pas risquer de les écorner davantage en les maniant à la pelleteuse). Je ne serais pas étonné, tant il y en a, qu'il lui faille y consacrer le prochain mois. Cela dépendra beaucoup de la météo. Pour le moment, le sol reste sec et permet le passage des tracteurs sans creuser d'ornières. Pourvu que ça dure ! Les déchets partent en effet encaisser l'arrivée de l'"allée oblique", celle qu'emprunte quotidiennement le fermier pour visiter ses bêtes tant qu'elles sont au paturage en contrebas. Il faut dire que, longtemps, c'est à la pelleteuse que j'ai fait démonter les bâtiments en ruine dont j'entendais récupérer les pierres. L'argile qui avait servi à les maçonner avait donc été embarquée avec les cailloux. Donc, sur nombre de tas, la végétation a pris le dessus et il faut maintenant dégager ce qu'on l'on veut finalement conserver.

Pendant ce temps, Claude, désormais et pour quelques mois en tenue de chasse, est venu proposer ses services. Le voici en train de rejointoyer le puits de la ferme ; je calcule qu'à la Chaslerie, les joints que Claude a restaurés doivent représenter à ce jour une longueur de l'ordre de 50 kilomètres. Et, chaque fois, le miracle opère, la pierre, jusque là terne, se remet à chanter...

Jeudi 30 septembre 2010, les joints neufs donnent un petit air sympathique au puits de la ferme.

Si tout se passe bien, Roland BOUSSIN devrait pouvoir poser, d'ici quelques semaines, la charpente restaurée du fournil de la ferme, puis ses tuiles. Pour ce même bâtiment, je suis d'ores et déjà en contact avec un menuisier "meilleur ouvrier de France", recommandé par Patrice CAHART, et dont j'attends le devis des huisseries ; je lui ai demandé de s'inspirer de celles du fournil du manoir mais, ici, de prévoir des doubles vitrages.

Enfin, pour ce qui concerne le bâtiment Nord, j'attends toujours le devis d'un électricien. C'est un peu laborieux. Mais cela conditionne l'intervention du plombier en charge du chauffage, notamment par le sol, dans ce même bâtiment.

Avant-hier, j'avais souhaité que le beau temps se maintienne suffisamment longtemps pour permettre à Pascal de trier des pierres sans creuser d'ornières avec les engins. Eh bien, c'est raté : Pascal n'a guère pu travailler hier, tant il pleuvait !

Je lui ai donc demandé de revenir restaurer la ferme, ce qui le mettra plus commodément à l'abri des intempéries, dès lors qu'il aura pris le soin de confectionner un parapluie :

Samedi 2 octobre 2010, la ferme vue du Sud-Est.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, la ferme en question a été inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques dès 1926 avec le reste du "village de la Chaslerie". A l'époque, l'administration ne faisait pas de détail et protégeait en outre sans barguiner les intérieurs autant que les extérieurs. C'est là un fait, corroboré notamment par les pièces préparatoires de l'arrêté de 1926 puis par l'attribution, voici douze ans, de subventions de l'Etat lors de la restauration de l'essentiel des couvertures de ce bâtiment. En 1794, cette ferme avait été vendue comme Bien National à une autre main que le manoir. J'ai eu l'opportunité de corriger cet état de fait, lourd de risques de problèmes de mitoyenneté, en achetant cette dépendance deux ans après le manoir.

Mais, depuis 1993 donc, je suis assez mal à l'aise avec ce bâtiment construit en trois phases (la partie la plus ancienne au milieu, avec de simples linteaux de chêne), tant j'en trouve ratée l'adjonction Sud, telle que bricolée au XXème siècle par des prédécesseurs, qu'on la regarde de l'Est comme sur la photo précédente, ou du Sud-Ouest comme sur la suivante :

Samedi 2 octobre 2010, la ferme vue du Sud-Ouest.

Vraiment, quelle idée saugrenue d'avoir conservé la même ligne de faîtage alors pourtant que l'on voulait, dans l'adjonction récente, un premier étage plus spacieux ! Depuis une cinquantaine d'années au moins, le rez-de-chaussée de cette adjonction était un salon, comportant une porte vers l'Est, et l'étage était occupé par deux chambres, l'une donnant à l'Est, l'autre à l'Ouest.

A ce stade de nos réflexions, trois solutions sont envisageables pour remédier à ce qui apparaît comme un hiatus :

- la première, correspondant à mes intuitions de départ, a été retenue par l'architecte Lucyna GAUTIER ; c'est donc celle qui a fait l'objet d'un permis de construire ; selon cette solution, on se contenterait de relever la ligne faîtière au niveau de cette seule adjonction. Cela imposerait des travaux assez lourds, puisqu'ils concerneraient deux murs pignons. Et, dans ce cas, la silhouette d'ensemble ne serait toujours pas, je le crains, très harmonieuse ;

- la deuxième consisterait à relever cette ligne faîtière également au-dessus des deux lucarnes qui donnent actuellement vers l'Est, c'est-à-dire sur près de la moitié de la longueur du bâtiment. Là, ce serait beaucoup plus coûteux, dans la mesure où les travaux affecteraient également une partie de la couverture encore en excellent état ; il faudrait alors retirer les tuiles correspondantes, scier la charpente, remonter deux murs pignon et un mur de refend, replacer enfin la charpente et la couverture. D'un point de vue esthétique, ce serait une solution convenable ; son principal avantage serait d'autoriser un volume confortablement habitable à la place du comble et de ses lucarnes, volume dans lequel on pourrait aménager deux belles salles d'eau et un dressing ;

- la troisième possibilité, qu'à la réflexion recommande Pascal, serait de conserver la ligne de faîtage telle qu'elle est, mais d'abaisser les sablières de l'adjonction Sud de manière à uniformiser la toiture d'un bout à l'autre du bâtiment, lui redonnant ainsi son aspect initial de longère ; outre qu'elle serait la moins coûteuse, cette solution serait esthétiquement inattaquable, mais l'habitabilité de la future "chambre des parents" (qui remplaçerait les deux chambres précédentes) serait sensiblement réduite. Il resterait cependant à décider alors le type d'ouvertures à substituer aux fenêtres du premier étage, mais c'est là un problème relativement secondaire.

Donc j'hésite toujours sur le parti à retenir. Aux dernières nouvelles, Walter, qui devrait être le principal concerné, pencherait pour la troisième solution, celle de Pascal.

Avant de prendre la décision finale, on peut toujours améliorer la situation du rez-de-chaussée, tant cette ferme appelle encore, à l'évidence, de travaux extérieurs. Nous allons donc commencer par restaurer les ouvertures du rez-de-chaussée de l'adjonction Sud :

Samedi 2 octobre 2010, un chantier, ça, Monsieur ? Non, Madame, une pataugeoire !

Il faut d'abord que Pascal bouche provisoirement en parpaings la porte de séparation entre la future cuisine (ancien salon) et le futur salon (ancienne pièce à vivre et cuisine). De la sorte, l'accès à ses outils sera protégé. Ensuite, il pourra intervenir sur les ouvertures de cette adjonction de la ferme qui ont été entourées, voici moins d'un siècle, de briques blanches de mauvaise qualité, de sorte que l'érosion y a déjà fait son œuvre. Il convient, à l'évidence, d'échanger ces briques contre des pierres d'angle en bon grès d'ici.

La photo suivante montre l'état actuel du pignon Sud de la ferme, volets arrachés et couverture soulevée par la tempête de 1999, fils téléphoniques posés dans d'horribles gaines de P.V.C. à même le mur, etc... Il est grand temps de reprendre les choses en main !

Samedi 2 octobre 2010,Le pignon Sud de la ferme avant travaux.

Nous allons donc commencer par remplacer la fenêtre Sud de la future cuisine (ancien salon) par une porte, selon les plans de Lucyna GAUTIER. Quant à la porte Sud-Est, nous lui substituerons une fenêtre qu'il conviendra de positionner en fonction de la longueur d'un ancien banc d'angle normand dont j'ai fait l'acquisition auprès de la maison LEMARIE et qui y est toujours en dépôt.

De la sorte, il y aura un accès direct à la cuisine lorsqu'on garera les véhicules le long de la façade Ouest de la ferme (c'est-à-dire hors du champ de vision du manoir). Et il sera plus commode, de la cuisine, de se rendre au fournil de la ferme qui pourra servir à terme de chambre d'amis ou de salle de jeux pour les futurs enfants de Walter.
Il serait temps, sans doute, que j'explique mes projets relatifs à la ferme.

Il me faudrait, pour bien faire, scanner les plans de Lucyna GAUTIER. Mais je ne les retrouve plus à la Chaslerie. Je crois me souvenir que Walter les a emportés à Paris après son récent séjour au manoir, afin de les y étudier tranquillement.

Je vais donc me contenter d'expliquer ici, par des textes et des photos, où nous en sommes à ce jour des travaux sur ce bâtiment et, surtout, comment nous en sommes arrivés là.

J'ai écrit ici, hier, que j'allais substituer à une porte (la porte Sud-Est de la ferme) une fenêtre, et que je conditionnais le positionnement de cette dernière aux dimensions d'un meuble. J'imagine sans peine que quelques visiteurs du site ont dû se demander quelle mouche m'avait piqué, et pourquoi je ne préférais pas adapter mon meuble aux ouvertures existantes, voire l'échanger contre des sièges moins contraignants à placer autour d'une table.

Voici donc l'objet du débat, un banc d'angle originaire du Coutançais, dans la Manche, et datant du début du XIXème siècle. Il est actuellement en dépôt chez Jean LEMARIE, démonté en trois morceaux (y compris la pièce d'angle) et j'en ai pris les dimensions ce matin afin de les communiquer à Pascal. Il mesure environ 3,20 mètres de long et le retour 2,20 mètres et l'on voit, au premier plan de la photo suivante, l'emplacement évident de la future fenêtre :

Dimanche 3 octobre 2010, le banc d'angle en attente à la maison LEMARIE.

Tel qu'il se présente, ce banc ne peut guère être modifié, sauf à faire apparaître les retouches, ce qui me semblerait regrettable.

Pour autant, il peut sembler bizarre aux visiteurs du site, ceux du moins qui ne sont pas entrés dans la ferme ces derniers temps, que je n'hésite pas à modifier ainsi les ouvertures. Voici donc, à titre d'exemple, une vue de l'intérieur de la future cuisine qui les convaincra peut-être qu'en l'état du chantier, on peut se permettre quelques modifications de ce type. C'est justement la porte vitrée que l'on voit sur cette photo que je veux remplacer par une fenêtre afin de pouvoir loger le banc d'angle :

Dimanche 3 octobre 2010,Intérieur de la future cuisine, le mur Est.

Cette photo vous fait un choc, et vous vous demandez sans doute où est passé le plafond de cette future cuisine (ou, si vous préférez, le plancher de la chambre prévue à l'étage).

La réponse tient en un mot : mérule ! Voici en effet dans quel état se trouvait ledit plafond lorsqu'en 2005, nous avons récupéré la ferme qui venait d'être occupée par des locataires indélicats...

10 avril 2006, le plafond de la future cuisine de la ferme, attaqué par la mérule.

Il n'y avait qu'une solution : brûler le plafond en question, ce qui fut fait.

A ce stade de mon exposé, vous admettez sans doute que j'aie eu quelques raisons de nettoyer ainsi, par le vide, la partie Sud de la ferme. Mais vous imaginez que le reste du bâtiment est en meilleur état. Voici, pour vous en dissuader, une vue, prise ce matin, du volume où Pascal range ses outils :

Dimanche 3 octobre 2010, vue intérieure de la partie principale de la ferme.

Or il est vrai que, lorsque j'en ai fait l'acquisition il y a 17 ans, la ferme paraissait bien entretenue, qu'on la considère de l'Est, c'est-à-dire du manoir...

Août 1993,la ferme vue du manoir, avec Ercule, mon bouledogue français, en chien de garde.

... ou du Sud-Ouest, avec en premier plan, des dépendances en colombage, aujourd'hui démontées car elles étaient en réalité en piteux état :

Août 1993, la ferme vue du Sud-Ouest.

Mais, selon la méthode qui est la mienne, j'ai découvert petit à petit l'ampleur des problèmes que j'avais à résoudre.

Premièrement, la présence d'un garage formant verrue à l'arrière du bâtiment, d'autant plus disgracieux qu'il était monté en parpaings non crépis :

Octobre 1992, le garage en parpaings à l'arrière de la ferme.

Deuxièmement, le fait que la couverture de ce garage, comme d'ailleurs de la plus grande part de la façade Ouest de la ferme (tout sauf la partie Sud) avait été réalisée en schingle, un matériau bas de gamme, "à l'américaine", posé de surcroît au crochet. Dès 1998, l'entreprise BOUSSIN a donc, à ma demande, restauré la charpente et recouvert de bonnes tuiles du modèle habituel 80 % environ de la ferme. Quant à la partie Sud, surélevée comme l'on sait, j'y repoussais les travaux à une époque où j'aurais décidé comment corriger l'erreur de conception, manifeste à mes yeux, de cette dernière (et l'on a vu hier qu'à ce jour, j'hésite encore).

Voici ce travail en cours, et l'on voit sur cette photo qu'en faisant alors disparaître le garage, j'ai découvert l'aspect très laid de la façade Ouest, avec en particulier un linteau de porte vermoulu et à restaurer, une porte à remplacer, pensais-je alors, par une petite fenêtre et, courant partout sur les murs, des fils électriques mal bricolés et dangereux :

10 mai 1998, les tuiles en cours de pose sur la façade Ouest de la ferme.

Mais avant que le maçon ne puisse intervenir, j'avais entrepris de remédier à un troisième problème évident à mes yeux : l'erreur de coloris des peintures extérieures, erreur habituelle certes, mais témoignant selon moi de l'impact négatif sur nos campagnes de revues dites de décoration :

6 juin 1998, les peintures extérieures blanches, comme si on était à Paris...

Sur les conseils éclairés de Jean-Jacques ROUCHERAY, le propriétaire du château de Pont-Rilly près de Valognes, dans la Manche, j'optais pour un "bleu charron" authentique et à l'ancienne, c'est-à-dire dont le ton finisse par s'assagir suite à l'exposition aux ultra-violets :

15 septembre 1998, la nouvelle livrée de la ferme, toiture rouge et huisseries bleues.

Dès que le maçon que j'employais à l'époque fut enfin disponible, nous réparâmes les défauts les plus flagrants de la façade Ouest. En regardant la photo suivante, vous comprendrez que, lorsque j'évoquais plus haut des bricolages dangereux, je n'exagérais pas :

23 janvier 1999, aperçu d'une partie de la façade Ouest de la ferme juste avant que le maçon ne la retouche.

Petit à petit, les choses s'amélioraient donc :

23 janvier 1999, le maçon vient de remédier aux défauts les plus flagrants d'une autre partie de la façade Ouest de la ferme.

Nous progressions ainsi à un rythme régulier lorsque, le 26 décembre 1999, une tempête exceptionnelle traversa la France, frappant très durement la Chaslerie. Voici ce qu'il advint alors de la ferme, sur sa façade Ouest...[img:500]1999-12-27-48-1.jpg tempête,27 décembre 1999, lendemain de tempête, la façade Ouest de la ferme.[/img]... et sur sa façade Est : tuiles envolées un peu partout, couverture de la partie Sud soulevée et retombée sur le produit d'isolation arraché, un vrai spectale de désolation:[img:500]1999-12-27-51.jpg tempête,27 décembre 1999, lendemain de tempête, la façade Est de la ferme.[/img]Pendant plusieurs années, les travaux marquèrent le pas (mais il y avait bien sûr à cela quelques raisons extérieures au chantier).

A suivre, car il me reste à expliquer pourquoi l'intérieur de la ferme paraît aujourd'hui si dévasté (mise à part l'attaque de mérule, dans un coin de la partie Sud, comme rappelée ci-dessus).

0
Voici une idée de la vue que l'on aura sur le puits et le fournil lorsqu'on franchira le seuil de la future porte Sud de la ferme :

3 octobre 2010.

A propos de la cave, Thibaud m'a précisé aujourd'hui la somme qu'il est prêt à consacrer à sa restauration en 2010. Dans l'immédiat, il semble avoir des projets plus urgents (comme l'immobilier quelque part au bord de la mer, me dit-il). Je pense donc que, sur la cave, nous pourrions ne pas aller beaucoup plus loin que les drainages cette année. Cela dépendra aussi du planning de Pascal. Donc à suivre...

Je suis chaque fois épaté de voir à quel point ce site aide à débloquer les dossiers encalminés. Rien qu'aujourd'hui W.F. promet de me renvoyer les plans de la ferme avec l'état de ses réflexions sur sa restauration et l'électricien E.J.S. m'assure que j'aurai son devis demain.

Merci à tous les deux !

C'est vrai, ici les choses avancent vite ; voici l'état du mur pignon Sud de la ferme aujourd'hui :

7 octobre 2010, premiers travaux sur les ouvertures de la ferme.

Pascal a ainsi retiré les briques blanches et le linteau de granite et nous avons, en début d'après-midi, défini le niveau du sol dans la future cuisine : elle sera de plain-pied avec le futur salon, ce qui n'était pas le cas précédemment ; nous avons également choisi la pierre de seuil : il s'agit d'un linteau de grès que m'a vendu mon voisin Claude FAVERIS il y a quelques semaines à peine.

Bonne nouvelle : le banc d'angle ne nécessitera pas de trop importants travaux de maçonnerie, la porte Sud-Est actuelle est pile à l'endroit de la future fenêtre évoquée ici le 3 octobre dernier.

L'essentiel des derniers jours a cependant pu être consacré au tri des pierres le long de la D22 car le temps est redevenu suffisamment sec. A l'aide du nouvel outil dont je l'ai doté, Bernard commençait par débroussailler les tas de cailloux au milieu des cerisiers sauvages. On se serait presque crus à Angkor...

7 octobre 2010, Bernard à la débroussailleuse.

... tandis que Pascal devenait expert dans le maniement de la mini-pelleteuse.

Ce soir, un bon quart des pierres ont d'ores et déjà été triées. Tant que le temps le permettra, cette tâche aura la priorité.

7 octobre 2010, vue des pierres triées.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Jeudi 14 Octobre 2010
Journal du chantier - Terrassement - Cave - Transmission du patrimoine - Désultoirement vôtre !
0
Dans le prolongement de ce que j'écrivais ici le 5, Mr T., que j'appelais pour avoir de ses nouvelles, m'a informé des conditions qu'il met au déblocage de la somme qu'il envisage d'investir en 2010 dans les travaux de la cave.

Je constate donc qu'il est plus simple pour moi de continuer à garder à ma charge l'intégralité des frais de drainage récents, dont il est pourtant le principal bénéficiaire. Mr T. pourra ainsi consacrer ses économies à un éventuel investissement immobilier en Albanie, puisque ce choix lui paraît judicieux et, semble-t-il, plus intéressant et plus assuré en l'état de ses contacts dans ce pays.

Je lui souhaite donc de trouver, là-bas ou ailleurs, peu importe au demeurant, des interlocuteurs qu'il estime mériter sa confiance.

Pour la reste, la cave attendra, il me suffira juste d'y financer en temps utile quelques travaux complémentaires sur l'appentis et la "maison de Toutou" afin d'en retarder la dégradation, c'est-à-dire d'y achever ce que j'y avais commencé.

A ce stade de ma présentation des travaux envisagés sur la ferme, il me revient, avant d'ouvrir un débat éventuel avec W.F. - si toutefois il le veut bien -, d'indiquer quelles sont les questions qui me sembleraient à régler prioritairement.

La première concerne assurément le niveau final du sol au rez-de-chaussée. On a en effet compris que le terrain est doublement en pente, d'une part du Nord au Sud, d'autre part de l'Ouest à l'Est. Cette question est d'ores et déjà sur la table, puisqu'on vient de commencer ces travaux par le positionnement de la porte extérieure de la nouvelle cuisine-salle à manger.

La première contrainte rend difficile de garder le même niveau de sol sur toute la longueur du bâtiment. Alors, combien de niveaux différents prévoir, où placer la (ou les) marche(s) intérieure(s) nécessaire(s), jusqu'où descendre ces niveaux sans risquer de voir ressurgir les infiltrations d'eau et sans compliquer la mobilité entre l'extérieur et l'intérieur du bâtiment, au niveau des portes extérieures ? On a vu qu'avant travaux, il y avait de multiples niveaux, en particulier un pour la future cuisine-salle à manger, un pour le futur salon et, sans doute, au moins un troisième pour le reste du bâtiment (correspondant aux futures salle de jeux, entrée et lingerie) ; la chaufferie peut, sans problème, avoir un autre niveau encore.

Compte tenu de la seconde contrainte, je ne vois pas comment on échappera à une marche au moins entre la future entrée principale, sur la façade Ouest, et la future salle de jeux. On doit aussi se demander si une autre marche ne sera pas nécessaire entre cette future salle de jeux et le futur salon ; j'aimerais l'éviter, de manière à permettre qu'un jour, la salle de jeux et le salon puissent facilement ne former qu'une seule très grande pièce (de plus de 85 m2), ce qui permettrait d'y organiser des réunions nombreuses, dans un cadre impressionnant dès lors que le plafond n'y serait pas trop bas.

La seconde série de questions à résoudre prioritairement concerne justement les hauteurs sous plafond. Car il est encore loisible de modifier la hauteur d'accroche des poutres qui soutiennent le plancher du 1er étage. Nous devrons en tout état de cause tenir compte d'une part, du niveau en-dessous duquel il ne serait pas raisonnable de descendre le sol du rez-de-chaussée, d'autre part, de la ligne faîtière de la couverture que, sauf dans l'extension éventuellement, il n'est pas question de modifier. Entre les deux, nous devrions pouvoir choisir la hauteur du plafond du rez-de-chaussée de manière à donner à ses pièces une ampleur qu'à part dans l'ancien salon, elles n'avaient pas autrefois. Mais, plus on donnera de la hauteur au rez-de-chaussée, plus il faudra être astucieux dans la fabrication des escaliers intérieurs... et plus ce sera compliqué. A l'étage, on pourra envisager d'avoir plusieurs niveaux de plancher mais il faudra penser aux conséquences sur les hauteurs des lucarnes, dans les chambres ainsi que vues de l'extérieur du bâtiment. On pourra aussi se demander si, à l'étage, on peut éviter d'avoir également plusieurs niveaux de plancher, en fait au moins deux.

Une troisième série de difficultés apparaît quand on songe au phasage du chantier, c'est-à-dire à l'étalement dans le temps de la réalisation de ses différentes tranches. On peut en effet imaginer de ne pas tout réaliser parallèlement mais de se contenter d'abord du "volume des parents", à savoir au rez-de-chaussée, la cuisine-salle à manger et le salon et à l'étage, la "chambre des parents" et leur salle de bains et dressing ; il faudra cependant ne pas oublier dès cette première tranche le positionnement de la future chaufferie de l'ensemble (c'est la nécessité d'implanter assez tôt un nouveau conduit de cheminée qui devrait donc nous obliger à choisir d'entrée de jeu l'emplacement final de la chaufferie).

Et je n'évoque pas davantage d'autres questions déjà signalées :
- le choix de la forme de la couverture de l'extension Sud de la ferme ;
- le matériau des linteaux extérieurs à mettre en place aux ouvertures ;
- le mode de chauffage à retenir ; je pense à ce stade à un chauffage par le sol au rez-de-chaussée et par radiateurs à l'étage.

Ce qui paraît sûr, d'ores et déjà, c'est qu'on ne devrait plus oublier d'inclure en temps utile dans la maçonnerie des fourreaux de plastique pour l'électricité, voire d'autres fluides.

Pascal a placé ce matin la dalle de granite à l'endroit convenu.

Cette après-midi, il a commencé à monter la porte :

9 novembre 2010, premières pierres d'angle de la nouvelle porte d'entrée au Sud de la ferme.

Voici où il en est rendu ce soir ; on comprendra mieux, par la photo suivante, le type d'embrasures que je lui ai demandées pour améliorer la luminosité de la cuisine de la ferme :

9 novembre 2010.

Pascal m'a montré, à l'intérieur de l'extension Sud, les reprises de maçonnerie successives des prédécesseurs. Comme il s'en doutait et me l'avait dit, l'extrêmité Sud de la ferme a été conçue initialement en prolongement de la longère, le 1er étage ayant été ajouté dans un second temps. Les indices qu'il me montre sont incontestables :

9 novembre 2010, les traces d'une ancienne surélévation à l'extrêmité Sud de la ferme.

D'ailleurs, maintenant que je les ai vues à l'intérieur du bâtiment, je trouve des traces de raccords à l'extérieur. J'avais donc bien raison de ressentir un malaise devant cette extrêmité Sud en forme de pavillon de gare S.N.C.F. de campagne...

Pascal donne ainsi un argument extrêmement fort pour araser cette extrêmité Sud, comme il me le recommandait (voir message du 2 octobre dernier, dans cette rubrique).

Il me montre aussi à quel point les murs de cette extrêmité Sud sont fatigués. Il suggère donc de prévoir, pour la pièce du rez-de-chaussée, un plafond en béton plutôt qu'en bois.

Je trouve qu'il est là de très bon conseil.

Mais j'aimerais connaître enfin l'opinion de W.F., dont je n'ai plus aucune nouvelle depuis plus de trois semaines (pas plus que de son frère, d'ailleurs).

Je serai beaucoup plus modéré à l'égard de François LEVEQUE, mon vendeur, que je ne l'ai été ici à propos de son père.

Il y a plusieurs raisons à cela.

D'abord, j'ai bien sûr pitié d'un homme qui était gravement malade depuis une douzaine d'années lorsqu'il m'a vendu la Chaslerie. Il n'était plus en état de s'exprimer directement en juin 1991 ; il est d'ailleurs décédé six mois environ plus tard. Une des pièces, significative à mes yeux de profane, du dossier est donc le pouvoir en 5 pages, dont voici la première, qu'il avait donné à son épouse dès 1988 devant un notaire espagnol de Grenade :

Page 1 du pouvoir de 1988.

Deuxièmement, les échos que j'ai entendus à propos de François LEVEQUE (à part ceux de quelques agriculteurs du coin mais je sais que plusieurs de ceux-ci n'ont pas la même échelle de valeurs que moi) ont toujours été favorables. M. Jacques de MALGLAIVE, en particulier, m'en a dit beaucoup de bien. Il n'a pas été le seul.

Troisièmement, si, comme on le verra, j'ai beaucoup à redire à propos des travaux commandés par François LEVEQUE, je comprends fort bien qu'il ait cru bien faire en suivant la route qu'en matière de "restauration" (?) de vieilles pierres, son père lui avait si malencontreusement ouverte. Il me paraît vraisemblable que la personnalité sans doute écrasante de son père n'a pas dû faciliter son propre épanouissement (ce problème est réputé connu).

P.S. : Quatrièmement, et ceci ne compte pas pour rien, il n'y a pas de comique troupier pour essayer, au sujet de François LEVEQUE, de faire prendre des vessies pour des lanternes...
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mercredi 29 Décembre 2010
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Transmission du patrimoine
0
Eh bien, voici exactement 20 ans que j'ai découvert la Chaslerie, dans les circonstances que j'ai relatées ici, sous cet onglet, le 31 juillet dernier.

En voici la preuve :

Lettre du cabinet Houdiard, agent immobilier.

La plaquette qui m'avait donné envie de visiter cette propriété était, pour partie, mensongère puisqu'en particulier l'état des couvertures y était nettement surestimé, comme la suite l'a montré :

Plaquette du cabinet Houdiard, agent immobilier, sur la Chaslerie, page 1.

Plaquette du cabinet Houdiard, agent immobilier, sur la Chaslerie, page 2.

Plaquette du cabinet Houdiard, agent immobilier, sur la Chaslerie, page 3.

Plaquette du cabinet Houdiard, agent immobilier, sur la Chaslerie, page 4.

Plaquette du cabinet Houdiard, agent immobilier, sur la Chaslerie, page 5.

Plaquette du cabinet Houdiard, agent immobilier, sur la Chaslerie, page 6.

Plaquette du cabinet Houdiard, agent immobilier, sur la Chaslerie, page 7 et dernière.

On se souvient peut-être que j'avais proposé à un membre de la famille LEVEQUE, mes vendeurs, de s'exprimer ici, à l'occasion de cet anniversaire, afin que mes propos ne soient plus jugés par aucun d'entre eux ni hâtifs, ni péremptoires. Il n'y a pas eu d'écho, dans un sens ou un autre, et cela n'a sans doute pas d'importance.

Je m'exprime donc seul.

En cette période de vœux, je forme ainsi celui que, durant les 20 prochaines années, la Chaslerie soit, comme tout son environnement du Domfrontais, le témoin de nouveaux souvenirs de bonheur et de paix.