Références culturelles

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Houellebecq, héros de "Soumission"
Michel ONFRAY
29/05/2023
Alors que Michel Houellebecq publie Quelques mois dans ma vie (éd. Flammarion), dans lequel il revient notamment sur son entretien avec Michel Onfray dans Front Populaire, le philosophe prend la plume pour rétablir quelques vérités.


De la même manière que Michel Houellebecq tourne des films pornos à l’insu de son plein gré, il donne des entretiens à Front Populaire à l’insu de son plein gré. Cet homme qui a raconté jadis qu’il ne donnerait plus d’entretien, promis, juré, craché, en donne toujours en quantité, probablement aussi à l’insu de son plein gré. C’est fou ce que cet homme fait à l’insu de son plein gré !

Ces temps-ci, après ses délires, et à la faveur d’un opuscule d’auto-défense qu’il publie pour se défendre, mais dans lequel il aggrave son cas, la presse lui donne la parole complaisamment et il répond en enchaînant et en accumulant les mensonges comme s’il avait été le seul à vivre ce qu’il raconte alors que d’autres peuvent témoigner qu’il affabule dans les grandes largeurs - quantité de mails, pour l’heure privés, en attestent.

Nous avons enregistré six heures d’entretien dans les locaux de TéléParis, à Levallois, pour le numéro spécial de la revue Front Populaire en présence de Stéphane Simon. Nous avons fait une pause déjeuner sur place, toujours avec Stéphane Simon. C’est au même Stéphane Simon qu’il envoie un mail quelque temps plus tard en lui disant ignorer qui il est... Nous pouvons attester, au moins pour ce jour-là, que sa consommation d’alcool ne peut lui servir de prétexte pour expliquer qu’il ne se souvient de rien. Pour une fois, il a bu raisonnablement.

Dans cet ordre d’idées, on peut comprendre qu’au lit avec une femme vaguement vénale ayant l’âge d’être sa fille, les photographies témoignent de son corps de sexagénaire abimé enlacé avec cette chair fraîche, il a aussi copulé à l’insu de son plein gré avec l’accord de sa femme, un accord donné lui aussi, évidemment, à l’insu de son plein gré. Les caméras, le preneur de vue, les éclairages, le dispositif cinématographique, rien de tout cela ne l’aura convaincu que ses ébats étaient filmés. Le plein gré vous dis-je !

Bien sûr, premier de la liste, le Journal du dimanche déroule le tapis rouge à Houellebecq sans se soucier d’un témoignage contradictoire : il me salit, mais personne ne me demande ma version. Idem à France Culture, idem chez Trapenard, idem partout ailleurs. J’ai l’habitude du procédé. Il est vrai qu’il y a des ventes et de l’audience à faire, ce qui ne se refuse pas quand on évolue dans ce milieu, la morale pourra bien attendre, la vérité aussi.

Je vais donc donner ma version.

Houellebecq ment éhontément en affirmant qu’il n’a pas relu son entretien avec assez d’attention vu son « passif avec l’islam » : il l’a tellement relu avec attention qu’il l’a corrigé en outrant son propos malgré ce fameux passif : il a ajouté ces mots que les associations musulmanes lui reprochent et qui ne se trouvaient pas dans la version orale.

Il va de soi que j’ai relu et corrigé ma partie, pas la sienne qu’il m’aurait fallu comparer à ce qu’il avait dit mot à mot pendant six heures pour s’apercevoir qu’il l’avait modifiée, et ce dans l’intention de frapper plus fort contre l’islam.

J’ai sollicité Le Figaro et Le Point, ce que je ne fais jamais, afin d’écrire des textes de soutien alors que l’orage s’abattait sur lui. J’aurais pu ne rien dire, rester tranquille, faire le dos rond et ne prendre aucun risque personnel, rien ne m’y obligeait, sinon une certaine conception romaine de la dignité. Dans Le Figaro, j’ai appelé à une rencontre et à un débat public avec le recteur de la mosquée de Paris plutôt qu’à des procès. Houellebecq a rencontré en catimini le recteur avec le Rabbin Haïm Korsia. J’ai découvert ce rendez-vous par la presse, comme tout le monde. Houellebecq ne m’a rien dit puisqu’il s’est mis aux abonnés absents depuis cette époque-là.

J’ai appris, toujours par la presse, qu’il a annoncé au Recteur, qui ne m’a jamais contacté après ma lettre ouverte à lui destinée, que nous étions convenus de publier le texte de cet entretien sous la forme d’un livre et qu’à cette occasion il retirerait les propos incriminés - propos rajoutés lors de sa relecture, je le précise à nouveau. Le Recteur aurait dit qu’il ne voulait pas attendre le délai qu’exigerait la parution d’un pareil livre.

Nouveau mensonge : Houellebecq et moi étions convenus très exactement de l’inverse, cinq amis présents chez moi ont entendu ce jour-là la conversation téléphonique entre lui et moi concernant ce sujet et pourraient en attester. J’ai souhaité ne pas faire de cet oral retranscrit par écrit un livre, mais je lui ai proposé un tout autre ouvrage à partir de questions thématiques qui nous auraient permis de composer ce livre, de le structurer. Il a donné son accord à ce projet. Je le redis : il a donné son accord à ce projet qui n’était pas réédition de l’entretien. Nonobstant, toujours à l’insu de son plein gré, il engage des tractations avec le recteur de la mosquée de Paris sur une autre base, mensongère elle aussi donc. Cet homme ment à tout le monde, le pire étant qu’il se ment aussi à lui-même.

Il ne s’est manifesté que pour demander la sortie des kiosques du numéro de Front Populaire. Je n’ai pas répondu, sciemment, c’est Stéphane Simon qui lui a écrit qu’il n’y aurait pas de retirage, c’était notre geste d’apaisement, mais pas pour autant de descente dans les points presse, avec camions spécialement diligentés pour conduire les volumes incriminés à l’autodafé, il en restait d’ailleurs peu. C’est à la réception du mail de Stéphane Simon qu’il a demandé… qui était Stéphane Simon avec qui il avait passé la journée de l’entretien !

Insultant, il invoque dans son opuscule notre « âpreté au gain » qui expliquerait notre refus de retirer le reliquat d’exemplaires encore en place dans les points de vente. Si nous avions été animés par le gain, nous aurions procédé à un retirage et à une remise en place : nous avons refusé ce qui aurait pu être pris cette fois-ci pour une provocation par les autorités musulmanes qui avaient fait savoir leur courroux. Nous avons également refusé de retirer une version amendée comme il le souhaitait.

Nous disposons du mail qui atteste que Houellebecq a refusé les droits d’auteur que nous lui proposions. Comment peut-il arguer d’un manque à gagner de 225 000 euros puisque cet entretien s’est fait sans contrat d’auteur, son agent et son éditeur ne le savent que trop, pour lui comme pour moi ? Il disait alors souhaiter intellectuellement ce débat, en dehors de tout dispositif contractuel financier.

J’ai gardé par devers moi toutes ces informations qui ne sont vraiment pas à son avantage. Mais Houellebecq se répand partout et m’expose publiquement, dans un livre et sur tous les plateaux de télévision, devant tous les micros que les journalistes lui tendent, assoiffés de sang, et rien ne m’oblige à sacrifier mon honneur pour cet homme qui ignore le mot tout autant que la chose, car il est sans autre foi et sans autre loi que de lui-même. Le mensonge, le travestissement, la veulerie, la couardise sont de son côté ; pas du mien.

Pourquoi tant de mensonges ? Tant de bêtise à croire qu’on le laissera ainsi délirer, affabuler, mystifier, abuser, berner publiquement tout le monde, alors que nous disposons de tous les échanges de courriels qui certifient ma version - et qui sont à la disposition de la justice bien sûr ?

Faut-il croire que le Nobel lui ayant récemment passé sous le nez, raflé par Annie Ernaux, il souhaiterait ainsi reconquérir le jury du prix suédois avec ce bref texte composé d’affabulations, de mensonges, de tromperies ? Doit-on imaginer pareille veulerie mentale, pareil cynisme intellectuel, pareil avachissement moral ? Pareille petitesse chez le prétendu Grand Écrivain ?

J’ai jadis écrit un livre pour dire tout le bien que je pensais de Soumission, ce roman de la collaboration, de toute collaboration. J’ignorais que, si ce texte tapait juste, c’est qu’il s’agissait d’un autoportrait. Je n’avais pas vu qu’il était un héros de son roman - le héros de son roman. Je pensais qu’il n’était que le miroir du nihilisme, il est en fait sa photographie en haute résolution.

N.D.L.R. : Ben dis donc, quand Mimi cogne, il n'y va pas de main morte !
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mardi 30 Mai 2023
Désultoirement vôtre ! - Anecdotes - Références culturelles
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J'ai quitté la salle au bout d'une heure, l'actrice principale, la dénommée Maïwenn, a une dentition de cheval et manque totalement de grâce. Beaucoup trop de vulgarité, aucune crédibilité. Ce "Jeanne du BARRY" est un navet.
Vernissage de l'exposition de Brigitte COUDRAIN à Domfront :


"La SVAADE" a fait l'acquisition de la toile intitulée "Pour Torcello"...

... et dont on peut penser qu'elle pourrait symboliser (voire illustrer sur une affiche) les spectacles musicaux dans un de ces "lieux de l'Esprit" chers à l'artiste...
lefigaro.fr
rédigé le Dimanche 4 Juin 2023
Désultoirement vôtre ! - Nature (hors géologie) - Références culturelles
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Un jeune sur cinq de la génération Z s'identifie comme LGBT+

Les nouvelles générations ne s'identifient plus au schéma classique de l'orientation sexuelle. Selon une enquête Ipsos réalisée sur 30 pays, et publiée le 1er juin, 19% des personnes de la génération Z, c'est-à-dire nées en 1997 et après, s'identifient comme LGBT+ dans le monde.

Des différences significatives ressortent également en fonction des générations. En France, 22% des personnes de la génération Z, s'identifient comme LBGT+, un taux qui ne cesse de baisser au fil des générations plus anciennes : 12% pour les Millennials (1981-1996), 7% pour la génération X (1965-1980), et 4% pour ceux nés en 1964 et avant.

N.D.L.R. : Où il est confirmé que je dois être une sorte de fossile.
Ce soir, Jean-Philippe CORMIER, président de l'"Association pour la restauration du château de Domfront" présentait au public l'article qu'il vient de rédiger pour la revue "Le Domfrontais médiéval", article consacré aux tours de la citadelle de Domfront, aux anciennes portes d'accès à ladite citadelle et aux tracés des voies y menant :


Cet exposé du meilleur de nos historiens locaux contemporains (qui a toutefois, à plusieurs occasions, qualifié CAILLEBOTTE d'ami, ce qui m'a semblé - soit dit en passant - manquer de neutralité scientifique, mais je suis peut-être trop exigeant en la matière) était clair, intéressant et documenté et nous avons pu partager le cheminement de ses observations topographiques et autres réflexions pour retrouver les vingt-quatre tours qui furent érigées là et dont un bon nombre a totalement disparu, notamment du côté Nord.

L'exposé a cependant montré qu'on manquait encore d'informations sur les matériaux utilisés pour construire ces tours dont l'appareillage ni l'épaisseur des murailles ne paraissent homogènes, ce qui fut souligné.

Je me suis permis de suggérer que ces questions fassent l'objet d'une "étude de diagnostic d'ensemble" qui serait confiée à un architecte du patrimoine, en préalable de travaux qui, ne serait-ce qu'au titre de l'entretien, paraissent bien nécessaires. Bien sûr, une telle étude aurait un coût significatif en raison de son ampleur. J'ai donc demandé ce qu'il advient de la manne de 20 M€ que l'on fait miroiter à la population domfrontaise depuis cinq ans que le "projet MORIN" a été lancé. On sait en effet que l'on ne voit toujours rien de concret - ou très peu s'en faut - sortir des cartons, que le projet semble toujours géré en catimini et que l'on en arriverait à s'interroger sur la réalité des compétences techniques des bureaux d'études et autres personnes supposées intervenir localement dans le processus de décision.

Présent dans la salle, le maire de la commune nouvelle de Domfront-en-Poiraie, assisté du "référent culture et patrimoine" du conseil municipal, a expliqué que l'affaire est compliquée, par exemple sur le plan juridique, ce dont on se doutait, et que les 20 M€ pourraient être ramenés à 15. Puis il a affirmé que l'argent du "projet MORIN" n'a pas vocation à financer des travaux portant sur des propriétés privées. A ce dernier propos, il m'a semblé qu'il me mettait en cause, ce qui m'a donné l'occasion de souligner que, dans ma question, formulée à dessein en termes généraux, il n'y avait aucune attaque "ad hominem", message qui m'a paru bien reçu.

J'ai néanmoins dit que, si ce "projet MORIN" devait aboutir à du vent ou peu s'en faut, comme on pourrait le craindre en l'état des maigres informations disponibles, il n'est pas exclus que cela finisse par nuire au crédit de certains élus auprès des électeurs. Plus concrètement, j'ai fait observer que, si la municipalité ou tout autre décideur public devait refuser que la manne du "projet MORIN", manne exceptionnelle et considérable à l'échelle d'une commune comme Domfront-en-Poiraie, soit partiellement utilisée pour restaurer les 92 % des tours de la citadelle ou de leurs vestiges supposés qui seraient en des mains privées, on pourrait se demander par exemple pourquoi elle n'entreprend rien non plus sur les 8 % de tours qui, elles du moins, font partie du domaine public. En effet, il faut bien reconnaître que l'état présent des deux tours en question, celles les plus proches de l'actuel pont de Godras, est des plus médiocres, voire inquiétant pour leur devenir.

Bref, je pense qu'au-delà de la théorie et des positions de principe, réelles ou supposées, nous avons encore de beaux débats pratiques devant nous.
Il va sans dire que je me tiens prêt à y contribuer si, par exemple, l'on veut bien me faire l'honneur de me convier, ceci même si, comme on le sait, je n'ai jamais que trente-deux années seulement d'expérience en matière de restauration de vieilles pierres domfrontaises et d'ouverture constante au public de celles-ci, à des fins aussi bien touristiques que culturelles.
Nous étions dans la même classe de terminale en 1968-1969 au lycée Louis-le-Grand, élèves de Denis GERLL.

Jean LOUCHET, mon copain de promo à Polytechnique, et François PIGNAL, qui a moins bien réussi dans les études puisqu'il ne fut qu'interne en médecine à Paris (mais il s'est bien rattrapé dans la vie), sont venus hier me rendre visite au manoir favori.
Jean a récupéré l'orgue positif qu'il avait laissé en dépôt depuis son dernier concert pour "Pour un Sourire d'Enfant".
François, membre assidu du fan-club favori (où il suit notamment mes problèmes de santé, ce dont je lui suis reconnaissant), a souhaité que je leur montre l'état des derniers travaux.

Nous sommes partis en direction de Philippe JARRY qui, ayant fini la pose de gros tout-venant sur la partie Sud (après les "Martiens") de l'"allée oblique", travaillait sur l'"allée transversale" :

9 juin 2023.

9 juin 2023.

9 juin 2023.

9 juin 2023.

9 juin 2023.


Puis j'ai emmené mes deux copains se restaurer à "La grange", ma cantine à Domfront :

9 juin 2023.


Enfin, de retour au manoir favori après une sympathique étape au manoir de la Motte à Saint-Mars-d'Egrenne, je leur ai montré les dernières réalisations de la S.A.R.L. BOUSSIN-LIEGEAS dans la charretterie et dans la cave. Jean a pris quelques photos qu'il m'enverra, m'a-t-il dit :

9 juin 2023.

François a aussi souhaité voir la pierre tombale de l'ami Guguss, qu'il a trouvée belle.

"Amis de 55 ans" donc, nous nous sommes longtemps perdus de vue puis retrouvés comme si on s'était quittés la veille. Les voix n'ont pas changé, les corps juste un peu (bedons, binocles et couleur du pelage)...


A table, Jean a proposé de nous réunir chez lui en Sologne, au milieu de ses nombreux pianos, clavecins, appareils photo, "Volvo" (il en possède sept en état de marche, une autre en cours de restauration par ses soins et deux autres pour les pièces de rechange).

Cette idée fut immédiatement acceptée. Jean va donc réfléchir à la liste de ses hôtes, on a évoqué quelques noms et parlé du récent décès de notre copain François PERIER (camarade de promo à l'X, sorti dans le corps des mines et qui fut l'un des dirigeants du groupe "Total" ; on se souvient peut-être que, pendant la pandémie, François avait alimenté le site favori de messages musicaux toujours appréciés). On a aussi parlé de divers autres de nos copains, Jean-Marc OURY (major de la rue d'Ulm), Bernard JULIA (autre "cacique", fils et petit-fils d'académiciens des sciences et à propos duquel j'avais imaginé qu'il pourrait épouser ma sœur), Bruno RACINE, Pierre de WAZIERS (notre major à l'X), Bernard LIROLA, Vincent WORMS, Antoine PITTI-FERANDI, les bizarres frères LASCAR avec leur manie des armes à feu (leur histoire a très mal fini), Michel BERA et François JOUAILLEC (ces deux derniers reçus à la Chaslerie il y a quelques années, indépendamment l'un de l'autre) et de la fête qui avait été donnée rue d'Ulm, il y a quelques années, organisée par Jean et Michel en l'honneur de notre vieux maître.
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Casse-tête
Un amateur résout un problème mathématique réputé «insoluble» avec le «chapeau», une forme géométrique inédite

Un retraité britannique passionné a mis au jour un polygone à treize côtés aux propriétés remarquables, résolvant ainsi un problème mathématique réputé insoluble. Des scientifiques ont salué cette découverte «tombée du ciel» :


David Smith, paisible retraité britannique, a une grande passion dans la vie : chercher des motifs géométriques «étonnants». Ce passe-temps l’a conduit à découvrir, en novembre dernier, une forme inédite aux propriétés remarquables, et à gagner dans le même temps l’admiration des scientifiques.

Ce polygone à treize côtés, baptisé «le chapeau», est le premier motif qu’on puisse assembler à l’infini sans faire apparaître un motif d’ensemble qui se répète - par exemple, un losange assemblé à l’infini à d’autres losanges produira à un moment donné un grand losange. A ce titre, «le chapeau» est le premier «einstein», du nom d’un problème posé il y a 60 ans et que les mathématiciens supposaient insoluble.

David Smith, 64 ans, a même fait mieux depuis, avec «le spectre». Car «le chapeau» avait un petit inconvénient : il fallait retourner le motif une fois tous les sept coups (ou toutes les sept pièces, comme pour un puzzle) pour éviter l’apparition d’une même forme se répétant.

David SMITH et sa découverte.


Le retraité, avec l’aide de trois mathématiciens, a démontré, dans une étude à paraître, que «le spectre» est un pur «einstein». Ce dernier nom est tiré de l’allemand «ein Stein» (une pierre), et sans rapport avec celui du célèbre physicien. Après qu’il a rendu publique sa découverte en mars dernier, la communauté de passionnés dont il fait partie a activement participé à la promotion de cette révélation : «le chapeau» a été imprimé sur des t-shirts et est devenu une forme de biscuit.

«Une histoire merveilleuse»

Pour Craig Kaplan, professeur d’informatique à l’Université canadienne de Waterloo, c’est «une histoire amusante et presque ridicule, mais merveilleuse.»

Il raconte avoir été contacté en novembre 2022 par David Smith, ancien technicien d’imprimerie dans le Yorkshire (nord de l’Angleterre) : il avait trouvé un motif «qui ne se comportait pas de la façon dont on pouvait s’y attendre». Si on assemblait plusieurs exemplaires de ce motif sur une table, aucun motif d’ensemble n’y apparaissait. Un programme informatique a confirmé qu’il s’agissait du premier «einstein», appelé également en langage savant une «mono-tuile apériodique».

Leur travail a été remarqué par un adepte du maniement de ces tuiles, le chercheur japonais Yoshiaki Araki, qui a créé des œuvres d’art à l’aide du «chapeau» et d’une variante appelée «la tortue». Encouragé, notre retraité britannique tente alors de trouver un nouveau motif ne nécessitant pas de le retourner périodiquement. Mission accomplie en moins d’une semaine, face à un Craig Kaplan incrédule.

Mais une analyse a bien confirmé que cette nouvelle tuile était «un einstein sans inversion», ajoute l’informaticien canadien. Et pour s’en assurer définitivement, l’amateur et le scientifique ont même «amélioré» la forme, de façon qu’elle ne puisse pas être utilisée avec une inversion. «Le spectre» était né.

Fête du chapeau à Oxford

Les deux articles scientifiques sont encore à l’étude dans des revues scientifiques avant publication, mais le monde des mathématiques n’a pas attendu pour commenter la nouvelle.

Cette découverte est «excitante, surprenante et étonnante», déclare Marjorie Senechal, mathématicienne au Smith College (Massachusetts). Qui y voit plus qu’une simple belle histoire. Le nouveau motif et ses variantes devraient «mener à une compréhension plus profonde de l’ordre dans la nature et de la nature de l’ordre». Pour Doris Schattschneider, mathématicienne à la Moravian University (Pennsylvanie), les deux formes sont «impressionnantes». Même le mathématicien et Nobel de physique 2020 Roger Penrose, spécialiste des tuiles apériodiques, doutait qu’un tel exploit soit possible, relève-t-elle.

La prestigieuse Université d’Oxford organise en juillet un événement célébrant cette découverte, le Hatfest (fête du chapeau), auquel participera Roger Penrose. Cette découverte est d’autant plus étonnante que «la réponse est tombée du ciel et des mains d’un amateur», souligne Craig Kaplan. «Et de la plus belle façon, grâce à un amoureux du sujet, qui l’explore en dehors de tout objectif professionnel».