Message #55134

Jean-Pierre ARBON
rédigé le Lundi 23 Janvier 2023
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales - Références culturelles
Une mort dans la famille

Nous sommes allés voir « Une mort dans la famille » d’Alexander Zerdin à l’Odéon (ateliers Berthier). Moment très fort. La pièce donne à voir le quotidien d’un Ehpad, et la famille de l’une des pensionnaires. Le théâtre semble y repousser ses limites car tout ce qui est montré ici de manière ultra réaliste n’est pas du théâtre mais la vie elle-même, jusque dans ce qu’elle a de plus ordinaire et de plus trivial. Et pourtant, grâce à la justesse de l’observation et de l’écriture, et l’extraordinaire travail des acteurs (emmenés par une Marie Christine Barrault hallucinante) cette banalité acquiert une puissance bouleversante. Je ne suis pas près d’oublier ce vieil homme chantant « J’ai pensé qu’il valait mieux nous quitter sans un adieu » par dessus la voix de Richard Anthony, ni sa pathétique et tendre visite dans la chambre de la vieille dame, ni la toilette de cette dernière juste avant sa mort.


Gide écrit quelque part : « Les exemples abondent des vieillesses déshonorantes ». Oui, mais non. Tous ces moments sordides et dérisoires, que l’on s’empresse souvent de mettre sous le tapis, Une mort dans la famille en révèle la force et même la noblesse. Ils sont comme ces feuilles mortes au début de l’hiver, qu’on fait mine de ne pas voir, et sur lesquelles on marche négligemment. Mais prenez-en délicatement une en main, considérerez-la avec attention, et quelque chose vous apparait de la beauté du monde.

Cette pièce est aussi l’occasion de méditer sur cette phrase d’Oscar Wilde, inscrite sur une carte postale en vente à l’entrée du spectacle : « On dit qu’avec l’âge vient la sagesse, mais souvent l’âge vient tout seul ».

N.D.L.R. : Pas folichon tout ça.

Commentaires