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8 boulangeries françaises sur 10 pourraient disparaître en 2023

ARTICLE. Insuffisamment protégées contre l’explosion des prix de l’énergie, les boulangeries françaises sont menacées. Ce ne sont pas les aides gouvernementales actuelles qui sauveront le secteur, qui pourrait voir sa facture multipliée par quatre.

Devant les hôpitaux, les files d’attente s’allongent. Les Ehpad sont en crise. Dans les tribunaux, faute de moyens suffisants, les procédures judiciaires s’étalent sur plusieurs années. La France manque de policiers, de médecins et d’énergie. La 7e puissance mondiale fait grise mine. À ce contexte angoissant vient s’ajouter la crise inflationniste et énergétique qui frappe implacablement les industries ainsi que les commerces de proximité. La France est internationalement connue pour son pain, ses boulangeries qui, loin d’être un folklore moqué, représentent tout un art de vivre à la française qui désormais en péril. À partir de janvier, ce ne sont rien de plus que 80 % des boulangeries françaises qui pourraient succomber à l’année 2023.

Les boulangeries sont « souvent les derniers commerces de proximité, et jouent un rôle bien supérieur : elles sont l’âme d’un village et permettent ce lien social primordial », rappelle le 2 décembre dans un communiqué publié l’Association des maires ruraux de France (AMRF) et l’AMR du Gard. L’association exige du gouvernement un élargissement de l’actuel bouclier tarifaire aux boulangeries. Le cadre réglementaire leur est aujourd’hui défavorable.

Pour être éligibles à ce bouclier qui limite la hausse du prix de l’énergie à +15 %, les micro-entreprises ou TPE peuvent souscrire un contrat en tarif réglementé en électricité, à condition que les puissances souscrites soient inférieures ou égales à 36 kVA (kilovoltampère). Avec leurs fours à pain et leurs chambres froides, la plupart des boulangeries dépassent ce seuil. Selon le regroupement Grain de Blé, 80 % des artisans boulangers français ne bénéficieraient pas du bouclier tarifaire à l’heure actuelle. 8 boulangers sur 10 des 33 000 artisans du secteur sont donc menacés de fermeture, et ce, à partir de janvier 2023, quand les tarifs seront renégociés.

Bruno le Maire propose une aide insuffisante

Même si la Confédération nationale de la boulangerie et boulangerie-pâtisserie française tente l’apaisement, évoquant dans un communiqué du 13 décembre une peur « légitime » bien qu’« irrationnelle » car faisant fi des futures nouvelles aides de l’État, les témoignages angoissés s’accumulent. Chez France TV, un boulanger de Fix-Saint-Geneys (Haute-Loire) évoque une augmentation du prix de l’électricité de « 17 000 à 60 000 ou 70 000 euros par an ». Jérémy Ferrer, boulanger de Meaux, interrogé par Euractiv, verra sa facture d’électricité multipliée par 4 ou 5.

Alerté, Bruno le Maire tente de rassurer les professionnels. Mardi 13 décembre à l’Assemblée, il a affirmé, que « nous ne laisserons tomber aucun boulanger en France ! » Puis il a précisé, « l’an prochain, nous allons mettre en place un amortisseur d’électricité pour toutes les PME », soit, « une réduction de leur facture en moyenne de 20 % ». Conscient tout de même que 20 % ne seraient être suffisants au vu des montants remontés par les professionnels en détresse, il a tout de même nuancé : « Si nous voyons que pour un certain nombre de professions, et je pense en particulier aux boulangers, l’ensemble de ces mesures transversales ne sont pas suffisantes, nous sommes prêts (…) à étudier des mesures complémentaires  ».

Mais il faudra alors être rapide. Rapidité qui ne semble pas être la spécialité du ministre de l’Économie. Après tout, ne disait-il pas dès septembre 2021 que le « marché unique européen de l’électricité ne marche pas » et qu’il « est aberrant » ? Plus d’un an plus tard, non seulement rien n’a changé, mais en plus l’Europe se dirige vers une réforme sans réelle efficacité. Au plus grand plaisir de l’Allemagne qui voit d’un très mauvais œil un plafonnement du prix du gaz qui profiterait à ses voisins européens. Et les Français, boulangers ou non, observent, impuissants.

N.D.L.R. : Il est vrai que la politique énergétique poursuivie par ce gouvernement est tellement brillante...

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