Message #52721

L’Allemagne veut quadrupler le nombre d’éoliennes sur son territoire d’ici 2030

ARTICLE. Sans grande surprise, l’Allemagne n’a pas su respecter ses engagements en matière d’émission de CO2. Mais le tout nouveau ministre fédéral de l’Économie et du Climat du gouvernement Scholz, Robert Habeck, entend accélérer la transition énergétique de son pays. Sa proposition phare ? Quadrupler le nombre d’éoliennes d’ici 2030…


Le bilan climatique d’Angela Merkel est loin d’être aussi bon que ses promoteurs veulent bien le dire. C’est en substance ce qu’a estimé le tout nouveau ministre fédéral de l’Économie et du Climat, Robert Habeck, en conférence de presse ce mardi 11 janvier. « Même avec un changement de cap immédiat », les objectifs annuels pour 2022 et 2023 seront manqués, a-t-il affirmé. Graphique à l’appui, le vice-chancelier estime que l’Allemagne partait « avec un retard considérable », pour atteindre en 2030 l’objectif fixé de 65 % de diminution des émissions de CO2 par rapport à 1990. Pour combler cet écart, le pays désormais mené par le social-démocrate Olaf Scholz devra tripler sa baisse moyenne actuelle d’émission et passer de 15 à 40 millions la réduction annuelle de tonne de CO2 émise. Une véritable révolution, alors que l’énergie verte issue du nucléaire — à savoir 8,1 GW pour 2020 — est appelée à disparaître outre-Rhin en 2022.

L’Allemagne va donc devoir passer à la vitesse supérieure. Le nucléaire étant devenu industria non grata, le charbon — il en aura fallu du temps ! — également, le ministre écologiste se tourne vers les énergies renouvelables. En 2030, celles-ci devraient couvrir 80 % de la demande d’électricité, soit deux fois plus qu’en 2021 (42 % d’après les premières estimations), avec pour objectif la neutralité carbone en 2045. Alors, Robert Habeck entend s’appuyer massivement sur l’énergie solaire, mais surtout, sur l’éolien terrestre.

Les implantations d’éoliennes allemandes représentent aujourd’hui une surface équivalente à 0,5 % du territoire allemand. Jadis florissant, l’éolien terrestre y stagne. Entre 2018 et 2019, il n’en a été installé que +1,3 % de puissance supplémentaire. Loin, donc, des +18,2 % affiché entre 2016 et 2015. Le ministre fédéral de l’Économie et du Climat entend bien donner un coup de fouet à cette industrie qui devra, d’ici 2030, multiplier par quatre sa surface. En d’autres termes : réserver 2 % du territoire allemand aux éoliennes terrestres, soit 7 147 km2. À titre de comparaison, cela équivaut à passer d’une surface équivalente de 17 à 68 fois Paris en six ans. Ou réserver une surface équivalente en superficie au Maine-et-Loire (15e département le plus étendu de France) aux éoliennes et à ses sols bétonnés.

Paradoxalement, l’écologie politique, particulièrement vigoureuse outre-Rhin, milite donc pour une artificialisation massive des sols et contre l’avis (la santé ?) des habitants. Face à la gronde populaire naissante en Allemagne, la Bavière avait tenu à instaurer une règle stricte : une distance minimale équivalant à 10 fois la hauteur d’une éolienne entre cette dernière et les habitations. Pour imposer son quota de 2 % d’éolienne sur chaque Land, Robert Habeck est partisan d’une ligne ferme : « Partout où des règles de distance préventive sont en place, elles devront disparaître ». Deux lois climats sont prévues pour Pâques et pour cet été, mais une chose paraît sûre : l’avenir de l’Allemagne sera éolien. Quoi qu’il en coûte.

N.D.L.R. : Inquiétant. Pendant ce temps, le gouvernement achève de couler EdF.

Commentaires