Message #47976

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 8 Février 2020
Désultoirement vôtre ! - Transmission du patrimoine - Anecdotes - Références culturelles
Je m'étais inscrit dans le but de me changer les idées après la série d'emmerdes que je viens de connaître. Et puis il y avait l'imparfait du subjonctif dont l'article de journal, lu par hasard à ma cantine favorite, rappelait les règles. Ce temps de ce mode m'a toujours fait marrer, notamment lorsqu'il était manié par Raymond-la-Science ou Doudou, à l'époque de leur splendeur. Sans parler du Général, bien sûr, grand maître ès-langue classique. Essayez un peu et vous verrez, ça change l'ambiance ; tout de suite, on vous regarde autrement et vous percevez dans les regards une lueur d'admiration. Sur le thème "Mazette, quel champion ! Il en a dans la cabesse, celui-là !"

Bref, je me suis pointé à 14 heures à Flers, au "Centre Madeleine LOUINTIER", pour ce concours d'orthographe. L'amphi étant comble, avec des participants de tout le département et, au moins, du Calvados en plus...

8 février 2020.

... je me suis assis en bordure d'allée, il faisait une chaleur à crever. Et, vous me connaissez, je n'avais pas manqué d'apporter mon appareil, donc j'ai pu prendre quelques photos :

8 février 2020.

On nous a prévenus que, pendant la dictée, une équipe de TF1 nous filmerait. Et l'épreuve a commencé :

8 février 2020.

Alors que nous en étions rendus aux trois-quarts de l'épreuve, j'ai eu la surprise d'être interrompu par la journaliste de TF1 qui, sous l’œil du cameraman, a cherché à m'interviewer :

8 février 2020.

"Et pourquoi êtes-vous ici ?" a-t-elle fini par me demander. J'ai mis un terme à l'entretien en lui disant, égal à moi-même : "Pour gagner !" Quelle arrogance de tête à claques, n'est-ce pas ? J'ai en effet toujours été agacé par les corniauds qui prétendent qu'il est plus important de participer. Moi, j'ai besoin d'adrénaline et j'aime la compétition. Bref, je me suis replongé dans l'exercice, en cochant en marge les mots ou expressions qui me posaient problème, afin d'y cantonner ma relecture. A la fin de la dictée, l'organisateur a poursuivi par un message destiné à départager les ex aequo (qu'on trouvera ci-après). Les "griffées", jamais entendu parler de ces bêtes-là.

Puis break pour correction. Ensuite, appel des lauréats de la catégorie cadet puis de la catégorie junior. Je remarque que la gagnante des cadets est un tout petit bout de chou, aussi noiraude qu'un rom. Etonnant. Sa mère la couve du regard, même basane. J'admire en mon for intérieur tous les efforts d'assimilation que cette victoire doit représenter pour elles.

Puis, commentaire du corrigé par l'organisateur. Ouille, j'ai écrit "gallinacés" avec un "e" de trop ; à "cantonade", j'ai hésité pour finir par me tromper, etc... Bref, au moins 6 fautes pour moi à vue de nez, donc ça part mal. Bien sûr, "griffées", ça n'allait pas, il fallait écrire "gryphées", huîtres parmi d'autres, disparues depuis belle lurette néanmoins. Et là où j'avais pensé à une "mareyeuse", il fallait comprendre qu'il ne pouvait s'agir que d'une "amareyeuse" ; jamais entendu parler de ces autres bestioles non plus.

Et puis de nouveau break, celui-ci très long, pour la correction des copies à un autre étage. On poireaute. Je discute avec ma voisine, une prof de fac retraitée qui s'est compté 8 fautes.

Après une éternité, l'organisateur revient et annonce que deux candidats sont ex aequo, y compris après l'épreuve subsidiaire. Il les appelle sur scène et, pour les départager, leur dicte une série de mots impossibles. Ce sont deux femmes et elle sont toujours ex aequo à l'issue de cette rallonge. Donc épreuve de tirs au but, l'une des deux finit par s'incliner, c'était vraiment très dur.

Puis appel des lauréats, en commençant par celui classé 7ème. Le 5ème se lève derrière moi à l'appel de son numéro ; j'ai le temps de lui demander combien il pense avoir fait de fautes ; "7", me répond-t-il ; donc ça doit être fichu pour moi. La 4ème est appelée, c'est la perdante du tir aux buts ; puis la 3ème, son vainqueur. Donc, pour moi, plus aucune chance, j'aurais dû partir plus tôt, ce n'était pas la peine d'attendre autant. Puis la deuxième, une tête de vainqueur, elle faisait partie, comme d'autres, de l'écurie de l'organisateur ; il les chauffe en vue de ce genre de compètes, dans une sorte de club de scrabble donc. J'imagine que ce n'est pas pour moi, ce genre de truc... Puis le gagnant : "J'appelle le numéro 55".

Oh, le 55, mais oui, c'est le mien, je descends l'amphi, manque de louper une marche, monte sur l'estrade, reçois ma copie, mon prix et les félicitations au micro de l'organisateur :

8 février 2020.

Il me demande si c'est ma première participation. "Oui" réponds-je. Etonnement sur tous les bancs de l'amphi. "Et d'où êtes-vous ?" "De La Haute Chapelle." "Et pourquoi vous êtes-vous inscrit à ce concours ?" "Parce que je voulais en savoir un peu plus sur l'imparfait du subjonctif." De nouveau, murmures divers dans l'amphi. On me remet mes bons d'achat, je me fraye un chemin à travers la cohue épatée par bibi qui l'est bien davantage et m'échappe au plus vite vers ma Twingo de compétition.

Mes preuves ? Les voici : d'abord le texte de la dictée :

8 février 2020.

Elle m'avait paru moins difficile que ce à quoi je m'attendais.

Ma copie (je m'étais forcé, vraiment forcé à l'écrire à peu près lisiblement cette fois-ci)...

8 février 2020.

8 février 2020.

8 février 2020.

8 février 2020.

... et mon carnet de bons d'achat :

8 février 2020.


Bref, tout ça, c'est pas mal mais, comme dit l'autre, "Je tâcherai de faire mieux la prochaine fois !"

P.S. (du 9 février 2020 à 17 heures) : Je pourrais aller faire un tour à la maison d'activités Saint-Michel de Flers où ce gentil organisateur officie les vendredis. Ne serait-ce que pour le remercier de nous consacrer tant d'efforts autour de sa passion.

Commentaires

Dominique CHADAL
rédigé le Dimanche 9 Février 2020
Bravo, cousin ! Je n'en attendais pas moins de toi.

N.D.L.R. : Bête à concours on est, bête à concours on reste !