Message #45596

Ma cousine, Claudine RAVETON, m'a transmis hier soir la copie de son courriel à la cartophile intéressée par Hué et par Alphonse GUERIN, lui précisant que "nous voulons, mes sœurs et moi insister sur le fait que le livre de notre père "Réminiscences" était exclusivement destiné à ses enfants et petits-enfants. Il ne souhaitait d'ailleurs pas le faire éditer; c'est un cadeau offert par (N.D.L.R. : Je suppose que ma cousine a voulu dire "à") ses petits-enfants en 2015 .
Il en a donné un exemplaire à sa cousine Simone Fourcade mais il n'est évidemment pas dans le commerce et nous ne souhaitons pas en voir publier des extraits que ce soit dans une brochure, ou sur internet.
Nous vous remercions de respecter notre volonté."

De cet envoi, je retiens d'abord les adresses de courriel des deux sœurs de Claudine. Ces adresses manquaient en effet à ma collection.

Sur le fond, je fais part, une nouvelle fois, de ma perplexité personnelle face à ce type de position, certes fondé en droit. Je signale quand même qu'après dix ans d'animation quotidienne de ce blog, je ne saisis toujours pas le moindre enjeu réel d'une telle crispation. Je tendrais même à voir - n'ayons pas peur des mots - une forme d'obscurantisme dans ce genre d'attitude, conscient qu'en sens inverse, on me qualifierait facilement d'irresponsable, voire d'exhibitionniste.

Pour garder néanmoins le débat au niveau qui convient, je me bornerai à citer MONTAIGNE, dans sa célèbre adresse "Au Lecteur" des "Essais" :


"C'est ici un livre de bonne foi, lecteur. Il t'avertit dès l'entrée que je ne m'y suis proposé aucune fin, que domestique et privée. Je n'y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire. Mes forces ne sont pas capables d'un tel dessein. Je l'ai voué à la commodité particulière de mes parents et amis : à ce que m'ayant perdu (ce qu'ils ont à faire bientôt) ils y puissent retrouver aucuns traits de mes conditions et humeurs, et que par ce moyen ils nourrissent plus entière et plus vive la connaissance qu'ils ont eue de moi. Si c'eût été pour rechercher la faveur du monde, je me fusse mieux paré et me présenterais en une marche étudiée. Je veux qu'on m'y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans contention ni artifice : car c'est moi que je peins. Mes défauts s'y liront au vif, et ma forme naïve, autant que la révérence publique me l'a permis. Que si j'eusse été entre ces nations qu'on dit vivre encore sous la douce liberté des premières lois de nature, je t'assure que je m'y fusse très volontiers peint tout entier, et tout nu. Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre : ce n'est pas raison que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain. Adieu donc : de Montaigne, ce premier de mars mille cinq cent quatre-vingt."


Contemporain de la Chaslerie.
C'est tout dire.

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