Message #1979

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 19 Février 2011
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales
Je poursuis la lecture des "Souvenirs" de TOCQUEVILLE. En page 796 de l'édition de la Pléïade, je trouve cet autoportrait :

"on prenait mon mécontentement de moi, mon ennui et ma réserve pour de la hauteur, défaut qui fait plus d'ennemis que les plus gros vices (...) ; on m'attribuait un naturel austère, une humeur rancuneuse et amère que je n'ai point, car je passe souvent entre le bien et le mal avec une molle indulgence qui avoisine la faiblesse et je quitte si précipitamment la mémoire des griefs dont j'ai à me plaindre, qu'un pareil oubli du mal souffert ressemble plutôt à une défaillance de l'âme, incapable de retenir le souvenir des injures, qu'à un effort de vertu qui l'efface.

Ce cruel malentendu ne me faisait pas seulement souffrir ; il me rabaissait bien au-dessous de mon niveau naturel. Il n'y a pas d'homme pour qui l'approbation soit plus saine, ni qui ait plus besoin que moi de s'aider de l'estime et de la confiance publiques pour s'élever jusqu'aux actions dont il est capable. Cette extrême défiance de mes forces, ce besoin que je ressens sans cesse de retrouver, en quelque sorte, les preuves de moi-même dans la pensée des autres, naissent-ils d'une vraie modestie ? Je crois plutôt qu'ils viennent d'un grand orgueil qui s'agite et s'inquiète comme l'esprit lui-même."

Je crois lire le portrait de quelqu'un que je suis assez bien placé pour connaître, semble-t-il. Finirais-je donc par trouver sympathique l'illustre contempteur du grand-oncle Paul ?

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