Message #17672

J'ai assisté avant-hier à la première séance du cycle 2015 du "FOGEFOR", association qui forme les propriétaires de forêts à leur gestion durable. Cette première séance se tenait à plus de 2 h 30 de route de la Chaslerie, à Canappeville (près de Louviers, donc de Rouen) et, ayant mal noté l'heure du rendez-vous et n'étant pas encore équipé du G.P.S. (Carole m'en a offert un le soir-même), je suis arrivé au cours avec plus de 20 minutes de retard.

J'avais promis de rendre compte ici de ces séances. A la réflexion, la matière étant très riche, je me bornerai à noter les informations reçues dès lors qu'elle passeront avec succès deux filtres :

- être utiles à mes fils, compte tenu du niveau qui est actuellement le leur en matière de sylviculture ; ce niveau n'est pas aussi nul quel le mien lorsque j'ai acheté la Chaslerie (je croyais qu'il suffisait, pour être tranquille, de couper l'herbe une fois dans l'année). Disons qu'ils savent que la vie de l'arbre est dans son écorce, donc qu'il faut éviter de le tamponner avec un engin, mais c'est à peu près tout ;

- être utiles pour la gestion des plantations de la Chaslerie ; donc - et sauf exception - je n'évoquerai que les essences représentées aux abords de notre manoir favori, à savoir les chênes (je dirai de quelle espèce... quand je le saurai), les hêtres, les châtaigniers, les merisiers, les frênes, les érables sycomores, les charmes, les bouleaux, les aulnes glutineux, les robiniers faux acacias, les trembles, les tilleuls, les noyers et les pins laricio. C'est dire qu'il sera rarement question, dans ces comptes rendus ainsi expurgés, des autres essences forestières communes en Normandie que sont les ormes champêtres, les alisiers, les douglas, les épicéas communs, les épicéas de Sitka, les pins sylvestres, les sapins pectinés, les sapins de Vancouver ou les mélèzes du Japon.

A dire vrai, j'ai un troisième souci, celui de ne pas divulguer un enseignement qui constituerait le fond de commerce des formateurs. A ce sujet, j'ai peu de crainte. D'une part, le contenu de cette première séance me persuade que je n'épuiserai pas la matière et que rien ne vaudrait, pour les visiteurs de notre site favori, une participation active à un tel cycle. D'autre part, il est possible que le cycle auquel je participe soit le dernier du genre puisque le Ministère de l'agriculture vient de supprimer la subvention qui permettait de boucler le budget, sachant que la cotisation que les stagiaires ont réglée ne couvre que 20 % du coût de la formation.

Le matin, après avoir signé un "contrat de formation", nous avons reçu un volumineux dossier de supports pédagogiques à la séance du jour puis assisté à six exposés de nos deux formateurs, Sébastien BROMBAULT et Béatrice LACOSTE, tous deux excellents :
- présentation du FOGEFOR ;
- organisation de la forêt française ;
- caractéristiques de la forêt française ;
- caractéristiques de la forêt normande ;
- la filière forêt-bois ;
- l'arbre.

10 janvier 2015, les stagiaires.

10 janvier 2015, les formateurs.

1er exposé : Le FOGEFOR :
. La forêt privée représente les trois quarts de la forêt française ainsi que de la forêt normande.
. Depuis 1983, année du 1er cycle, plus de 21 000 propriétaires ont été formés au niveau national, et plus de 700 en Normandie.
. Voici où se dérouleront les séances du cycle 2015 du FOGEFOR de Normandie :

2ème exposé : Organisation de la forêt française :
. Je retiens que les propriétaires forestiers privés peuvent avoir recours, pour le conseil (notamment pour l'instruction des PSG, plans simples de gestion - on en reparlera), au CRPF (Centre Régional de la Propriété Forestière), et, pour la gestion, selon leur choix, à des coopératives forestières, à des experts forestiers ou à des techniciens indépendants (je comprends que ce dernier statut est celui de Thierry BOURRE).
. Dans l'Orne, je peux m'adresser au Syndicat des Propriétaires Forestiers Sylviculteurs, notamment pour bénéficier d'une assurance Responsabilité Civile bien négociée. Le Syndicat participe notamment à des commissions administratives sur les plans de chasse et sur l'environnement.
. Le CETEF (Centre d'Etudes Techniques et Economiques Forestières) pourra me donner des infos supplémentaires à la suite du FOGEFOR.
. Pour plus d'infos :

3ème exposé : Caractéristiques de la forêt française :
. Elle recouvre 29 % du territoire national, soit 16,5 millions d'hectares. La plus importante forêt européenne est la suédoise (54 % du territoire et 28 M ha), la deuxième est en Finlande (77 % et 23 M ha) ; la France est 3ème devant l'Espagne, 4ème.
. 72 % de la forêt française est privée, 17 % communale et 11 % domaniale. Forêts communales et domaniales sont gérées par l'O.N.F.
. Contrairement à une idée reçue, la forêt française est en pleine expansion. Sa surface a doublé depuis 1800. Au cours du dernier siècle, elle a cru de 60 000 ha/an. Il n'existe pratiquement plus d'aides au boisement (j'ai cru comprendre qu'on en trouvait encore en Basse-Normandie) mais les bouleaux et les chênes poussent spontanément.
. En termes d'essences, la forêt française est diversifiée ; la forêt publique est particulièrement bien représentée dans les hêtres (58 % des 1,5 M ha ainsi plantés) et les chênes rouvres ; les privés détiennent 100 % des châtaigniers et des peupliers cultivés. Les autres feuillus désignent 137 autres espèces répertoriées en France.

. Dans le tableau suivant, les pins laricio sont compris parmi les "Autres conifères" ; c'est une essence de reboisement originaire de Corse.

. Avec mes 25 ha plantés (environ), j'occupe une position médiane en termes de surface mais 20 % des propriétaires forestiers ont des bois plus importants que les miens. A noter le très grand nombre de tout petits bois :

. 3ème européen pour la surface, la France est 1er européen en stock de bois sur pied (2,5 milliards de m3 ; 1,7 en 1980). Ceci tient au fait que la forêt française est sous-exploitée, notamment en raison des plus petites surfaces.
. La production annuelle française de bois est de 90 M m3 alors que le prélèvement n'est que de 60. Pour la même raison. Donc le stock augmente.

4ème exposé : Caractéristiques de la forêt normande :
. Contrairement à ce que j'aurais cru, la Normandie est l'une des régions les moins boisées de France (380 000 ha, dont 75 % privés). Ceci vaut notamment pour la Manche et le Calvados.

. Les forêts domaniales (donc les belles forêts de hêtres) sont surtout en Haute-Normandie :

. Alors que la surface forestière stagne en Haute-Normandie, elle croit de 0,8 %/an en Basse-Normandie, principalement du fait du boisement de terres agricoles.
. La Normandie compte 90 000 propriétaires forestiers, dont 30 000 de plus de 1 ha et 9 000 de plus de 4. Les propriétés forestières y sont plus grandes (d'environ 15 %) qu'au niveau national.
. En Basse-Normandie, les propriétés de plus de 25 ha représentent 56 % des surfaces et sont détenues par 5 % des propriétaires ; 1,3 % des propriétaires (ceux des propriétés de plus de 100 ha) représentent le tiers de la surface boisée.
. La forêt normande est composée à 80 % de feuillus. En termes de production, la moitié des feuillus sont des chênes sessiles ou pédonculés et le quart des hêtres. Le tiers des résineux est en douglas et 8 % en pins laricio.

. La futaie régulière occupe les deux tiers de la surface boisée et les taillis sous futaie, le quart ; environ 10 % sont donc des taillis.
. Le volume de bois sur pied est, en moyenne, de 156 m3/ha. La production annuelle (accroissement des arbres) est de 6,9 m3/ha/an. La récolte est d'environ 80 % de l'accroissement ; elle est composée de feuillus pour un peu plus de 2/3. Un tiers de la récolte sert à l'autoconsommation.
. La moitié de la surface forestière privée est couverte par un P.S.G., ce qui est considéré comme remarquable (on dénombre en Normandie environ 1 500 P.S.G. obligatoires - pour les surfaces de plus de 25 ha - et 500 P.S.G. volontaires).

(On continuera demain. Désolé pour les photos mais il y a tant de mouches dans mon bureau que, lorsque je scanne ou photocopie, il arrive que j'en écrase une dans l'appareil...)

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