Message #1595

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mardi 25 Mai 2010
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales
Puisque j'en suis à évoquer ma généalogie, je voudrais apporter quelques informations complémentaires.

1. J'ai déjeuné hier à Paris avec mon vieil ami, le préfet Paul Camous. A une époque où la puissance publique dépense des sommes considérables pour éviter des "risques systémiques" dans le monde de la finance, il voulait m'inviter à exposer mon expérience des structures de défaisance à un groupe de "jeunes gens à fort potentiel" dont il s'est chargé de l'éducation complémentaire, en quelque sorte. J'ai moi-même fait partie de ce petit groupe il y a quelques années (on le quitte lorsqu'on dépasse l'âge de 40 ans). J'y ai côtoyé notamment Jean-Marie Messier et Thierry Breton, alors inconnus du public. Pour des raisons diverses que, peut-être, j'exposerai plus tard ici, j'ai décliné l'offre du préfet.

Passant du coq à l'âne, j'ai fait part à ce fin connaisseur du personnel politique français de mes très récentes découvertes sur le Sénateur Jacques Fourcade. Il ne le situait pas. En revanche, il m'a parlé d'un député Franck Fourcade et m'en a dit qu'il avait eu une certaine importance sous la IVème République. Pour ma part, je n'ai jamais entendu parler de ce député. Je n'en trouve pas non plus la trace via Google.

2. L'homme politique le plus connu porteur du même nom de famille que moi est évidemment Jean-Pierre Fourcade ("balais-brosse" pour le "Canard Enchaîné", en raison de sa coupe de cheveux) qui fut ministre de l'économie et des finances dans un gouvernement de Jacques Chirac, alors que Valéry Giscard d'Estaing était président de la République.

J'ai parlé de généalogie avec "balais-brosse" lors d'une remise de la cravate de la Légion d'honneur au père d'un copain, il y a une quinzaine d'années. C'est Christian Poncelet, pas encore président du Sénat, qui officiait, mais Jean-Pierre Fourcade était là, en sa qualité d'ancien ministre de la rue de Rivoli, c'est-à-dire d'ancien patron du récépiendaire. Voici ce qu'a été le début de notre dialogue :

Moi : Bonjour Monsieur le Ministre !
Lui : Bonjour Monsieur !
Moi (souriant) : Permettez-moi de vous féliciter pour votre nom !
Lui (surpris) : Ah ? Et pourquoi donc ?
Moi (malicieux) : Parce que je porte le même !
Lui (percutant) : Ah, c'est vous le Fourcade du Trésor ?

Bref, ça partait bien, j'étais impressionné par sa rapidité de déduction et lui, peut-être, par mon culot. Nous avons donc échangé agréablement sur nos généalogies respectives, en nous abstrayant de la cérémonie en cours. Il m'a expliqué que sa famille, originaire des Hautes-Pyrénées, avait été proscrite de ce département pour propagande bonapartiste voici un peu plus d'un siècle et demi, interdite de surcroît de résidence dans les départements limitrophes, et amenée de ce fait à se transplanter à Marmande. Je lui ai dit qu'à ma connaissance, ma famille Fourcade avait longtemps été bonapartiste, peut-être jusqu'au début du 20ème siècle. Nous avons évoqué les prénoms des mâles de nos familles respectives et avons retrouvé des Jean, des Théodore, ainsi que des prénoms tirés de l'antiquité gréco-romaine, à la mode à l'époque chez les partisans de la Révolution. Tout semblait donc indiquer que nous étions cousins.

Nous nous sommes ensuite promis de rester en contact pour confronter plus en détail nos arbres généalogiques respectifs. Mais la chose ne s'est jamais faite à ce jour. Le sujet ne nous passionnait pas suffisamment. Mais ce blog m'amène à rouvrir le dossier. A suivre.

3. J'ai relevé, ici et hier, que le Sénateur Jacques Fourcade avait voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Or, ma grand-mère Fourcade (née Renée, Suzanne Labatu) était conseillère municipale de Tarbes pendant la guerre et elle était alors ouvertement pétainiste.

Il n'en allait pas du tout de même du côté de ma mère, née Simonne, Pierrette, Louise Cartou (le 10 septembre 1927 à Toulouse). Son père (à l'état-civil), Edouard, Edmond, Marius Cartou, limonadier (c'est-à-dire tenancier d'un bar, le "Café Cartou") à Saint Sulpice-la-Pointe dans le Tarn, votait communiste et ma mère, encore lycéenne et pensionnaire au collège de Gaillac (où, me dit-elle, chaque journée commençait en chantant "Maréchal, nous voilà !"), a risqué plusieurs fois sa vie comme agent de liaison des F.F.I. à la Libération.

Bref, je suis le premier fruit d'une mésalliance (aux yeux de ma grand-mère paternelle). Cela ne m'a jamais gêné. Les produits hybrides sont souvent les plus épanouis.

4. D'après ce qu'on raconte dans ma famille Labatu, nous y descendrions de Godefroy de Bouillon (vers 1058-1100), "chevalier franc qui fut le premier souverain chrétien de Jérusalem mais qui refusa le titre de roi pour celui, plus humble, d'avoué du Saint-Sépulcre."

On y prétend aussi que nous aurions pour parents trois frères Anquetil, ecclésiastiques "raccourcis à la Révolution". Ils auraient été originaires de Saint-Aubin-des-Bois, près de Villedieu-les-Poëles. Ceci reste à confirmer. Je me suis rendu au cimetière de Saint-Aubin-des-Bois et n'y ai pas vu leur tombe, si elle y a jamais été.

5. Les questions de généalogie m'ont toutefois toujours paru filandreuses. Voici pourquoi.

Saint Louis (Louis IX, roi de France) a vécu de 1214 à 1270, il est donc né il y a près de 800 ans. Il a été père pour la première fois en 1240. Supposons que, de génération en génération, ses descendants soient tous devenus père ou mère à l'âge de 25 ans. Cela ferait, entre lui et moi, (1952-1252)x4/100 = 28 générations précisément.

Supposons qu'il n'y ait eu aucune consanguinité entre nos ascendants depuis 7 siècles. Cela signifie qu'à l'époque de Saint Louis, chacun d'entre les visiteurs de ce site aurait eu 2^28 (2 puissance 28), soit plus de 250 millions d'ancêtres contemporains.

Comme, à cette époque, la France avait une population de l'ordre de 15 millions d'habitants, cela signifierait que tous les Français de souche, dont je pense faire partie, descendraient de Saint Louis et seraient cousins.

Il est vrai que l'hypothèse de non consanguinité est invraisemblable. Si l'on imagine qu'il y a eu seulement 4 relations de consanguinité en 28 générations, le nombre d'ancêtres contemporains de Saint Louis tombe à à peine plus de 16 millions.

Donc, la certitude de descendre de Saint Louis disparaît très rapidement.

Il faudrait être beaucoup plus fort en démographie que je ne le suis pour savoir combien, statistiquement, il a pu y avoir de relations de consanguinité dans nos arbres généalogiques respectifs.

Et tout ceci sans évoquer la question des naissances illégitimes qui, si elle ne modifie pas le nombre d'ancêtres, rend nébuleux et incertain tout arbre généalogique.

Or, qui pourrait prétendre ne descendre d'aucun bâtard de personne ? Pas moi, assurément, pour qui il n'est pas nécessaire de remonter bien loin dans l'arbre. Et ceci, sans avoir besoin de se référer aux talents avérés de "nousté Henric"...

P.S. : J'ai téléphoné ce soir à ma mère pour qu'elle me donne (ou me rappelle) des détails sur son activité d'agent de liaison pour les F.F.I.

Elle m'a ainsi raconté que les Allemands du camp de Saint-Sulpice avaient coutume de venir au café Cartou où ils occupaient une partie de la salle, les maquisards étant des habitués de l'autre partie de la même salle. Souvent, les Allemands chantaient, puis les maquisards. Parfois, tous chantaient ensemble.

Un jour, un maquisard a demandé à ma mère de livrer une lettre en vélo à Rabastens, commune voisine, et elle l'a fait. Puis les missions se sont multipliées, souvent dans la Montagne Noire, parfois à l'occasion de parachutages de nuit. Le chef du réseau s'appelait (ou se faisait appeler) quelque chose comme Rogers.

Un autre jour, alors que ma mère approchait en vélo de Rabastens, elle a dû faire la queue devant un contrôle allemand à l'entrée du village. Deux Allemands, dont un officier, venaient d'y être tués par les maquisards. Les Allemands fouillaient donc tous les passants. Pas moyen de s'enfuir. Lorsque le tour de ma mère est arrivé, un Allemand l'a reconnue : "Ah, c'est Simone, la fille du café Cartou !" Il l'a donc laissé passer avec un grand sourire et une tape dans le dos, sans la contrôler.

Or, ce jour-là, les sacoches du vélo de ma mère étaient pleines de munitions. Il paraît que les maquisards qui l'ont réceptionnée après cette mésaventure ont ouvert une bouteille de champagne en son honneur, ils étaient persuadés qu'ils ne la reverraient plus.

Commentaires

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 13 Juin 2015
Je tombe ce soir, par hasard, sur une page du web consacrée au maquis de la Montagne Noire.

Ma mère m'avait dit que son chef s'appelait "quelque chose comme ROGERS". Je pense que c'était en réalité ce RICHARDSON. Il faudra que je l'interroge de nouveau. Elle m'avait aussi parlé de parachutages de nuit. Ce doit donc être lui !