Message #180

Bien que la réalisation des travaux sur la ferme soit un projet à long terme, je vais le commenter ici.

Dans un premier temps, voyons en quel état se trouvait la ferme en 2006, au début de l'intervention musclée de Claude MARTIN explicitée par les précédentes photos.

Les plans suivants ont été dressés par Lucyna GAUTIER, l'épouse de l'architecte des bâtiments de France alors en poste dans l'Orne.

A part la transformation en cours d'une fenêtre du mur pignon Sud en porte, ces plans sont conformes à la réalité d'aujourd'hui, du moins pour l'aspect extérieur du bâtiment.

Le premier dessin représente la façade Ouest de la ferme :

Façade Ouest de la ferme, avant travaux.

On observe que, sur cette façade exposée aux intempéries, les ouvertures sont rares. Dans les combles, c'est moi qui avais fait remplacer les vélux par des houteaux. Au rez-de-chaussée, de gauche à droite sur le dessin précédent :
- la première ouverture, montée en briques rouges, date du XIXème siècle ;
- la porte suivante existait lorsqu'un garage en parpaings était accolé au bâtiment ; j'en ai déjà fait restaurer le linteau ;
- du temps du garage, suivait une porte donnant sur un coin buanderie qui jouxtait le garage au Sud ; c'est moi qui ai fait supprimer cette buanderie en même temps que le garage et remplacer la porte en question par une ouverture imitée de la première, en briques rouges ;
- c'est au niveau de la fenêtre carrée suivante que le parement extérieur de pierres s'était écroulé lors des travaux confiés à Claude MARTIN ; ce parement a été remonté mais, à cette occasion, la grille de cette fenêtre, qui était également tombée, n'a pas été remise en place ;
- la porte suivante donnait sur l'ancienne cuisine-living ; comme le montre le dessin, elle était entourée de briques, en l'occurence blanches et très dégradées ;
- la dernière ouverture du rez-de-chaussée est la fenêtre, entourée de briques blanches, donnant sur l'ancien salon.

A l'étage, une fenêtre entourée de briques blanches éclairait une chambre comportant, dans un angle, une cheminée ; c'est par cette cheminée qu'avait pénétré l'humidité à l'origine de l'attaque de mérule dans cette partie du bâtiment ; comme le rappelle ce dessin, la tempête de 1999 avait arraché les deux persiennes de cette fenêtre.

Le dessin suivant représente la façade Est de la ferme, celle qui donne vers le manoir.

Façade Est de la ferme, avant travaux.

C'est sur ce dessin que l'on comprend à quel point le bâtiment est disparate.

L'extension Sud, de 6 m 40 de long, soit moins du quart de l'ensemble, se distingue par sa toiture mal assortie au reste du bâtiment puisque le parti retenu par le constructeur avait été d'ajouter cette extension R+1 en conservant la même ligne faîtière. D'où ce hiatus des pentes des couvertures qui m'a toujours heurté. Comme côté Ouest, les deux ouvertures de cette façade de cette extension sont bordées de briques blanches très abîmées ; comme sur l'ensemble de cette extension, les linteaux extérieurs sont en granite taillé de façon sèche. La tempête de 1999 a arraché une persienne de la fenêtre à l'étage, qui donnait sur une seconde chambre.

La partie centrale de la ferme, d'environ 9 m 50 de long, est la plus ancienne, comme le montre son appareil de pierres. Les linteaux y sont en bois, relativement récent pour la fenêtre et la porte de l'ancienne cuisine-pièce à vivre, mais fatigué et même vermoulu pour la fenêtre et la porte suivante qui desservaient une chambre.

La partie Nord de la ferme, d'environ 12 m 50 de long, soit près de la moitié de l'ensemble, est restée, encore aujourd'hui, sinon dans son jus, du moins telle qu'elle avait été aménagée, à des fins agricoles, par de lointains prédécesseurs. Compte tenu de la forme cintrée des fenêtres et, surtout, de leur montage en briques rouges, on peut penser que cette partie du bâtiment a été modifiée, sinon bâtie, au XIXème siècle.

Sur cette façade Est, mon intervention s'est bornée à ce jour à remplacer trois portes vermoulues, celles de la partie agricole et, à l'étage, à faire habiller les lucarnes de bardeaux de châtaignier.

A noter, sur cette façade, la présence de portes de pas moins de 4 styles différents, années 1930 à gauche vers l'ancien salon, début des années 1990 (juste avant que je n'achète la ferme) vers l'ancienne cuisine-pièce à vivre, date indéterminée mais relativement récente pour la suivante vers l'ancienne chambre du rez-de-chaussée, enfin style agricole pour les dernières. C'est d'ailleurs pour tâcher d'atténuer ces disparités que j'avais fait peindre toutes les huisseries extérieures, à l'époque en "bleu charron" qui s'est beaucoup adouci depuis.

A noter aussi le mic-mac des linteaux. J'ai déjà signalé les différences de matériaux, granite moderne, chêne récent ou chêne très ancien. Mais ce qui frappe aussi, c'est l'absence d'unité au niveau des hauteurs des linteaux, donnant à penser que tout cela a été monté à la "va-comme-je-te-pousse", sans aucune idée d'ensemble.

Cet état de fait me pose problème. Je me demande quel parti retenir pour la restauration de cette façade. Sauf à démonter et remonter l'ensemble du parement extérieur, ce qui serait évidemment coûteux, on verra toujours la différence entre les trois appareils de pierres, c'est-à-dire le fait que le bâtiment résulte de trois phases constructives mal coordonnées à l'évidence. On peut se dire qu'un rejointoiement homogène apporterait enfin un peu d'unité et que, au pire, on pourrait toujours faire pousser des plantes grimpantes pour masquer, autant que faire se peut, les cicatrices aujourd'hui trop visibles (il faudrait alors veiller à ce que les racines correspondantes ne bouchent les drainages, si nécessaires ici).

Il conviendra, à tout le moins, d'introduire un peu d'unité dans les styles des portes, d'ordre dans les hauteurs des linteaux et d'homogénéïté dans leur matériau. En l'état de mes réflexions, j'incline pour cette façade vers des linteaux en vieux chêne mais en bon état ; je ne vois guère comment on pourrait éviter de changer tous les linteaux et pratiquement toutes les huisseries de cette façade...

Le pignon Nord appelle peu de commentaires :

Pignon Nord de la ferme, avant travaux.

Le pignon Sud fait apparaître, à l'étage, une fenêtre condamnée depuis longtemps. Un conduit de cheminée montait dans le coin Sud-Ouest et sortait par la superstructure décentrée que l'on aperçoit sur ce dessin. Dans la pièce du rez-de-chaussée, le niveau du sol était sensiblement inférieur à celui du terrain avoisinant, ce qui ne pouvait qu'exacerber les problèmes de remontée d'humidité.

Pignon Sud de la ferme, avant travaux.

Le plan du rez-de-chaussée confirme que celui-ci n'était habitable que sur la moitié de sa surface. L'escalier desservant l'étage avait été installé dans un coin de la cuisine-salle à vivre. Cette pièce comportait deux murs de refend, mais j'ai fait abattre celui la séparant de la chambre du rez-de-chaussée.

Plan du rez-de-chaussée de la ferme avant travaux.

Le plan du comble montre que seuls 40 % en étaient aménagés, la moitié de ce volume étant d'ailleurs réduite par la pente du toit.

Plan du comble avant travaux.

La "coupe AA" apporte trois informations supplémentaires :

Coupe longitudinale de la ferme avant travaux.

- la disparité des niveaux du sol selon les pièces, l'ancien salon se trouvant ainsi, en particulier, abaissé de 31 cm par rapport à la cuisine-salle à vivre voisine ;
- la faible hauteur des plafonds dans toutes les pièces (2 m 35, dont 2 m 22 sous poutre), sauf dans l'ancien salon grâce, en particulier, à cet artifice (2 m 67) ;
- l'absence de plancher intermédiaire au niveau de la porte charretière, de manière à pouvoir garer un tracteur.

Enfin, la "coupe BB" confirme la faible hauteur des plafonds, notamment à l'étage :

Coupe transversale de la ferme avant travaux.

Commentaires