Message #45166

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Lundi 31 Décembre 2018
Journal du chantier - Architecture-M.O. - Administration - Ferronnerie - Menuiserie - Logis
Pour qui sait lire entre les lignes et, surtout, connaît un peu le dossier, le courriel que j'ai reçu vendredi du dernier architecte du patrimoine auquel j'ai dû recourir contient quatre critiques marquées (avec peut-être un sous-entendu significatif) des préconisations officielles de son prédécesseur à propos de la restauration des menuiseries extérieures du logis. Je parle ici de l'étude préalable que l'on sait et de la documentation au timbre du précédent architecte du patrimoine qui l'a complétée et a reçu l'accord de la D.R.A.C.

Je relève en effet dans ce courriel les affirmations suivantes :

- "je vous rappelle ici l’(aller) et retour près d’Angers chez Fermanoir pour éprouver avec vous la médiocre qualité des ferronneries prévues au devis initial."
Oralement, le dernier architecte du patrimoine auquel j'ai dû recourir attribuait à son prédécesseur la préconisation de ce ferronnier.
Le changement de ferronnier, au profit de l'"Atelier des métaux", a été approuvé oralement par la D.R.A.C. lors de la réunion de chantier du 15 novembre dernier. C'est du moins ce que j'ai retenu, en l'absence de compte rendu de l'architecte.

- "Notons que le prototype présenté (par M. Leboisne lors de la réunion de chantier du 15 novembre dernier) était lui-même réalisé selon les remarques que j’avais formulées et les marquées sur l’épure (en particulier concernant les largeurs de petit bois) à la Chaslerie lors d’un premier rendez-vous, et à l’atelier de Monsieur Leboisne dans un second temps."
En fait de "premier rendez-vous", il s'agissait de la première réunion de chantier, en juin dernier, réunion dont on attend toujours le compte rendu, document promis maintes fois.
Ainsi les largeurs des petits bois ont dû être changées car elles n'étaient pas compatibles avec l'épaisseur du vitrage retenu. La D.R.A.C., présente lors de la seconde réunion de chantier, celle du 15 novembre, a pu être informée oralement de cette adaptation et, si ma mémoire est bonne en l'absence de tout compte rendu de cette seconde réunion dressé par l'architecte, y donner de même son accord.

- A propos de la réunion du 17 décembre dernier à l'"Atelier des métaux" : "il a fallu organiser un rendez-vous chez le ferronnier à Lavaley pour étudier une difficulté de réalisation du ferrage des volets sur les bâtis, étant donné que ces derniers présentaient une dimension insuffisante en largeur (en raison des feuillures de maçonnerie et d’un recul d’ébrasement trop mince, de l’ordre de 3 à 4 cm relevés sur place par le menuisier, relevé incompatible avec les plans établis par mon confrère en phase projet)."
Cette difficulté était apparue lors de la précédente réunion qui s'était tenue, audit "Atelier des métaux" et malgré une invitation, en l'absence du dernier architecte du patrimoine auquel j'ai dû recourir, de sorte que nous lui avions demandé d'en organiser une autre et d'y venir pour confirmer la difficulté rencontrée et valider la proposition de correction à laquelle étaient parvenus seuls le menuisier et le ferronnier.
Ainsi fut fait, dans les conditions que l'on sait, le 17 décembre dernier, sans qu'à ma connaissance la D.R.A.C. n'en ait été informée convenablement par l'architecte, donc n'ait été mise en position de donner son accord.
Reste à savoir à qui attribuer la "dimension insuffisante en largeur" en question :
. au précédent architecte du patrimoine qui aurait mal pris les mesures sur cet élément essentiel du "projet", ce qui serait d'autant plus cocasse que cet individu ne se privait pas de critiquer les erreurs des relevés sur le terrain de son propre prédécesseur, elle-même architecte du patrimoine ;
. ou bien au travail du maçon, pourtant intervenu sous le contrôle du dernier architecte du patrimoine auquel j'ai dû recourir ; dans ce cas, l'erreur serait imputable à ce dernier, qui se tirerait ainsi une balle dans le pied ; la chose n'est pas impossible puisque la D.R.A.C. a relevé, le 15 novembre dernier, une particularité non satisfaisante de la nouvelle feuillure de la fenêtre du rez-de-chaussée de la tour Sud-Ouest, également réalisée sur les instructions, seulement orales comme toujours avec mon chantier, dudit architecte du patrimoine.

- A propos de la même réunion du 17 décembre, "Cette réunion de mise au point technique cependant s’est tenue et pendant une bonne heure et nous à fait conclure à la pose de volets dissociés pour les vantaux bas et impostes, ferrés directement sur les vantaux et non plus sur les bâtis, ce qui change notablement le projet prévu initialement."
Ce "changement notable" peut-il être documenté par écrit pour le bon ordre du dossier d'autorisation de la D.R.A.C. ou bien le menuisier devra-t-il commencer la fabrication sans instruction écrite précise, ce qui rendrait impossible le "contrôle scientifique et technique" de son travail ? Ou bien devrai-je rechercher un nouvel architecte du patrimoine pour confirmer ou infirmer ce diagnostic avant tout début de fabrication, ce qui serait d'autant plus plaisant pour moi que le menuisier a été réglé il y a un an, pour m'éviter certains désagréments attendus de la mise en place du "prélèvement à la source" ?

Et voici comment, après avoir dû financer une lente et coûteuse étude préalable apparue à l'usage truffée d'erreurs essentielles sur l'objet-même du projet (erreurs essentielles nullement corrigées sur les plans détaillés du même architecte établis en appui de la demande d'autorisation de travaux qui fut accordée), je risque de me retrouver devoir reporter une nouvelle fois le démarrage de la fabrication des premières menuiseries extérieures du logis.

Quant à la deuxième tranche, il est possible que la D.R.A.C. excipe, à tout le moins, de l'absence de documentation écrite suffisante du dernier architecte relative aux changements apportés au "projet initial" pour différer la subvention correspondante. Ces changements m'apparaissent pourtant justifiés et nécessaires.

Vu de ma fenêtre, ce sont là quelques-unes des joies que l'on éprouve quand on cherche à respecter les textes en se faisant assister, comme les textes y obligent, du moins pour les parties classées, d'un membre d'une corporation bénéficiant d'un monopole légal. Me sera-t-il permis d'écrire que l'on souhaiterait que cette corporation fût plus étroitement contrôlée, en tout cas plus respectueuse des intérêts de ses clients, les maîtres d'ouvrage propriétaires d'un monument historique, qui, en l'état des textes, sont encore sa chasse gardée ?

Commentaires