Géologie

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Dimanche 13 Février 2011
Désultoirement vôtre ! - Géologie
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Depuis le 1er février dernier, nous n'avons plus ouvert le "guide géologique Normandie Maine". Nous n'avons cependant pas perdu notre temps, je pense, puisque nous avons un peu réfléchi aux mouvements relatifs des supercontinents (voir message du 5 février dernier) et, à l'instant encore, aux vitesses de sédimentation au fond des océans. Reprenons donc notre bâton de pélerin.

Nous en étions restés, rappelez-vous, aux prémices du Cambrien, c'est-à-dire à ce qui se passait par ici il y a environ 540 millions d'années.

2ème et dernier extrait de la page 13 du

Vite, appelons Google à la rescousse : transgression (déjà vu), May (idem), Urville, la Charnie, molasses, rubéfier, poudingue pourpré (et encore).

En résumé, des matériaux détritiques (du poudingue pourpré), arrachés par la mer, recouvrent désormais ce qui reste du relief antérieur, à savoir la pénéplaine cadomienne.

Je sens que vous avez hâte de connaître la suite. La voici :

1er extrait de la page 14 du

Complétons notre glossaire : hyolithes (cf la figure 18 de cet intéressant article sur l'"explosion cambrienne"), âge tommotien, trilobites, stromatolithes, dolomies, archaeocyathes, âge atdabanien, arkoses, Sainte-Suzanne.

Que retenir de ce paragraphe ? Il traite essentiellement des fossiles de cette époque où le nombre d'espèces animales a littéralement explosé. Le reste du propos me paraît plutôt abscons, et il nous faut bien l'aide de la "figure 3" (mise en ligne sous cet onglet le 1er février dernier) pour arriver à nous dépatouiller entre trilobites, dolomies et stromatolithes. Si c'est trop dur pour vous, vous êtes autorisés à glisser...

2ème extrait de la page 14 du

Enrichissons notre vocabulaire : Cambrien moyen, ingression, le Pont-de-la-Mousse, Psammites, Sillé, pédolithes, Saint-Rémy, âge trémadocien, ichnofaciès, lingules, Blandouët, Montabot, glauconie. Ouf !

Ici, il nous faut pour comprendre nous reporter au "tableau 2" mis en ligne sous cet onglet le 1er février dernier. On perce alors quelques-uns des mystères de ce texte d'autant plus amphigourique qu'il mélange allègrement le Cambrien et l'Ordovicien, ce qui est un comble pour les nouveaux experts que nous sommes en train de devenir à la sueur de notre front.

Donc, sur le hiéroglyphe du "tableau 2" en question, les tôles ondulées doivent représenter, si on suit bien, les fins de périodes de hautes eaux : après cela, le niveau des mers ayant baissé (au moins en termes relatifs), les sédiments se déposent ailleurs.

3ème extrait de la page 14 du

De grâce, dictionnaire ! Voici, Monseigneur : Arenig (donc Arenig = Floien ; si Francis DORE et ses lascars multiplient les synonymes, ça ne va pas arranger nos affaires), lacune normande (un dada de notre Francis DORE, semble-t-il donc...), épirogenèse (déjà vu).

Dans ce court paragraphe, on dirait bien que Francis DORE se carricature hardiment. Son texte est carrément im-bi-ta-ble ! Retenons l'idée de trois "pulsations épirogéniques", c'est-à-dire de trois phases d'émersion du secteur (la Mancellia, je le rappelle), incompatibles avec la moindre sédimentation supplémentaire. Ces trois phases d'émersion entraînent ainsi une "lacune" dans la continuité des sédiments. Vraiment laborieux, ce laïus !

4ème extrait de la page 14 du

Dico ! Ecouves, les Coëvrons, volcano-clastites, Voutré, Porphyre, massif de Multonne, vitroclastique (ce qui nous renvoie aux rhyolites), pyroclastites, ignimbrites, paragenèse, quartz-kératophyre. Fermez le ban !

Donc, ici, on nous parle de volcanisme, un véritable feu d'artifice à répétitions, avec explosions et épanchements de lave, mais uniquement dans le Sud de la Normandie et du côté du Maine.

Ce sera tout pour aujourd'hui ! Avouez que vous y preniez goût...

L'étape suivante nous amènera à la "transgression ordovicienne".

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mardi 15 Février 2011
Désultoirement vôtre ! - Géologie
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Dans notre périple géologique, nous voici enfin arrivés au début d'une période, l'Ordovicien, qui produisit nombre des roches que nous voyons aujourd'hui autour de nous dans le Domfrontais.

Sur la carte géologique au 1/50 000ème du B.R.G.M. autour de la Chaslerie (que j'avais déjà mise en ligne sous cet onglet le 19 octobre dernier), les terrains sédimentaires apparus lors de l'Ordovicien sont ceux, grisés, marqués d'un "o" ; les terrains figurés en vert et surchargés d'un "b" sont des roches métamorphiques datant de la période antérieure du Briovérien et ceux en rouge désignent des roches plutoniques à l'origine de ce métamorphisme (granites en rouge soutenu et granodiorites en rose) ; les terrains grisés marqués d'un "S" datent, eux, du Silurien, c'est-à-dire de la période qui a immédiatement suivi l'Ordovicien :

extrait de la carte géologique de la France au 1/50 000.

Je redonne également la partie pertinente ici de la légende de cette carte (légende déjà mise en ligne ici le 29 octobre 2010) qui permet de retrouver ses petits au milieu de tous ces noms savants et de ces "périodes" et "étages" qui s'enchaînent sans discontinuer au point de nous donner le tournis :

Reprenons maintenant le "guide géologique Normandie Maine", à l'endroit où nous venons de le laisser dans le message immédiatement précédent. On lit d'emblée que l'Ordovicien s'est traduit en Normandie par une nouvelle transgression marine, celle-ci en deux étapes :

2ème extrait de la page 15 du

Sur cette carte, Domfront (qui se situe à une vingtaine de kilomètres à l'Est de Mortain) se trouve clairement dans la zône qui a "reçu" du grès armoricain, c'est-à-dire qui, après l'émersion de la fin du Cambrien, se trouvait réimmergée dès l'Arenig, donc au tout début de l'Ordovicien, c'est-à-dire il y a environ 475 millions d'années.

5ème extrait de la page 14 du

Reprenons notre glossaire, sans hésiter à regarder de nouveau le sens de mots déjà rencontrés : grès, schistes, grès armoricain, ère cadomienne, Cambrien, poudingue quartzeux, reg, quartzites, Gouvix, Herquemoulin, Mont Castre, Perseigne, Coëvrons, rutile, zircon, monazite, trilobites, Ogyginus, Platycoryphe, lingules, Ectenoglossa, bivalves, Ctenodonta, ichnofaciès, annélides, scolithes (donne envie de ballades sur place), Cruziana, Rusophycus.

(Je vais prendre le temps de lire tranquillement ce glossaire avant de donner ma traduction, en termes simples, de ce premier extrait sur l'Ordovicien en Normandie).

6ème extrait de la page 14 du

Le glossaire fournira le sens des mots suivants : acmé, Llanvirn, faciès, arénacé, Moitiers d'Allonne, calymènes, Urville, Didymograptus bifidus, Didymograptus murchisoni, Neseuretus, Crozonaspis, Eodalmanitina, silt, mica, Soumont, oolithes, chamosite, hématite, sidérite.

7ème extrait de la page 14 du

1er extrait de la page 15 du

Glossaire : Llandeilo, Caradoc, grès de May, quartz, mica, Marrolithus, Petit May, Grand May, cystidés, conulaires, Eohomalonotus, Sangsurière, Ecalgrain, Onnia grenieri, Kloucekia dujardini.

1er extrait de la page 16 du

Glossaire : Caradoc, Ashgill, Llandovéry, Wenlock, Crennes, tillite, fucoïdes, grès culminant, schistes de la Sangsurière, grès de May (il serait intéressant d'aller voir sur place ces fameuses carrières), fini-ordovicien.

2ème extrait de la page 15 du

Glossaire : fini-ordovicien, tillite, Feuguerolles, tillite de Feuguerolles, calcaire des Vaux, Ashgill, synclinal de Sées, drop-stones.

(à suivre lors d'une prochaine insomnie, sans doute : je fournirai alors le glossaire, toujours indispensable pour comprendre ce sabir, et donnerai mon interprétation, en termes accessibles, de cet abominable jargon. Notons toutefois que la deuxième moitié de la "figure 5" ci-dessus comporte des informations relatives à Domfront, ce qui va sans doute nous aider dans l'étude de la prose de Francis DORE et de ses complices...).

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mercredi 23 Février 2011
Désultoirement vôtre ! - Géologie - Références culturelles
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Si Ronsard avait eu la chance d'étudier les messages de ce site sur la géologie, il n'aurait pas écrit que les rochers n'avaient que 3 000 ans.

Ceci dit, je partage ses regrets, la Chaslerie me manque. Et je cours de ce pas vers mon Vendômois que je n'ai plus revu depuis samedi dernier, un éternité donc...

"Quand je suis vingt ou trente mois
Sans retourner en Vendômois,
Plein de pensées vagabondes,
Plein d'un remords et d'un souci,
Aux rochers je me plains ainsi,
Aux bois, aux antres et aux ondes.

Rochers, bien que soyez âgés
De trois mil ans, vous ne changez
Jamais ni d'état ni de forme ;
Mais toujours ma jeunesse fuit,
Et la vieillesse qui me suit,
De jeune en vieillard me transforme.

Bois, bien que perdiez tous les ans
En l'hiver vos cheveux plaisants,
L'an d'après qui se renouvelle,
Renouvelle aussi votre chef ;
Mais le mien ne peut derechef
R'avoir sa perruque nouvelle.

Antres, je me suis vu chez vous
Avoir jadis verts les genoux,
Le corps habile, et la main bonne ;
Mais ores j'ai le corps plus dur,
Et les genoux, que n'est le mur
Qui froidement vous environne.

Ondes, sans fin vous promenez
Et vous menez et ramenez
Vos flots d'un cours qui ne séjourne ;
Et moi sans faire long séjour
Je m'en vais, de nuit et de jour,
Au lieu d'où plus on ne retourne.

Si est-ce que je ne voudrois
Avoir été rocher ou bois
Pour avoir la peau plus épaisse,
Et vaincre le temps emplumé ;
Car ainsi dur je n'eusse aimé
Toi qui m'as fait vieillir, Maîtresse."

Mon interlocuteur de Bellou-en-Houlme est venu me chercher ce matin pour m'emmener voir les pierres qu'il voudrait me vendre. En fait, ces pierres sont sur une ferme de Ger, donc en plein "synclinal Domfront-Mortain".

Il n'y a pas là beaucoup de pierres d'angle ni de linteaux. La bonne nouvelle, c'est qu'en plus des 80 m3 proposés, il y aurait un deuxième lot sur la même exploitation agricole.

Rentré à la Chaslerie, j'ai consulté la carte géologique du B.R.G.M. au 50 000ème. Or, si la ferme en question se trouve précisément sur du "O4-5", c'est-à-dire du "grès de May", il y a, à proximité immédiate, du "O3-4" mais aussi du "O5a" ("schistes du pont de Caen") et du "O6-S1" ("grès culminant"). Je ne sais pas de quelle carrière exactement proviennent ces pierres, donc suis bloqué pour identifier précisément leur âge. Je retiens néanmoins l'idée qu'à première vue et sur la base de mes connaissances géologiques embryonnaires à propos de l'Ordovicien (le "O" de cette classification des roches) et du Silurien (son "S"), elles seraient parfaites pour le mur d'escarpe des douves.

Il est prévu que mon interlocuteur me les livre triées par épaisseurs dès que le terrain, là-bas et chez moi, sera moins humide. Je lui ai montré les tas de Pascal, le long de la D22, afin qu'il saississe ce que j'entends quand je parle de pierres triées.

Nous avons trouvé un accord de principe, seule la date de livraison est encore en suspens.

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J'ai, entre autres, deux défauts qui sont en train de me jouer des tours.

D'une part, je suis nul en géologie et, malgré tous mes efforts, je n'arrive toujours pas reconnaître ni à nommer les pierres du secteur. Il faudra donc que, dès que j'en aurai le loisir, je me remette à étudier ce sujet ingrat, en l'état des ouvrages trouvés.

D'autre part, j'ai besoin de voir en vrai grandeur pour percevoir des différences de coloris.

Ainsi, j'ai indiqué avoir découvert à Ger un lot de pierres dont je pensais qu'il conviendrait à mes travaux.

Mais la première benne livrée hier me plonge dans la perplexité :

26 mars 2011, la première bennée de pierres de Ger.

Manifestement, la couleur est trop claire.

Me voici embarrassé à l'égard du vendeur. Comme celui-ci ne m'a pas livré les pierres triées et calibrées comme convenu, je vais pouvoir rediscuter. Mais ce n'est jamais agréable.

P.S. : Le vendeur est passé ce matin. Je lui ai donc fait part de mes critiques. Il va revenir dès cet après-midi, avec son épouse, pour trier les pierres selon les calibres que Pascal nous a indiqués par téléphone.

Je suis impressionné par la vaillance de ce jeune homme et de son épouse : sacrés vikings, ils me surprendront toujours !

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mardi 29 Mars 2011
Désultoirement vôtre ! - Géologie
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Dans nos efforts pour comprendre les ruptures géologiques, voici par exemple comment une catastrophe arrive, puis se poursuit.

Aux abords immédiats de la Chaslerie, de pires évènements se sont produits il y a moins de 500 millions d'années, ce qui n'est pas si loin sans doute.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 30 Avril 2011
Désultoirement vôtre ! - Géologie
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Selon le dernier relevé qui vient d'être effectué, La Haute Chapelle est en zone de faible sismicité (coefficient 2).

Ceci me rappelle qu'il y a une éternité que je n'ai plus traité ici de géologie. Sans que personne ne s'en plaigne, d'ailleurs.

M. DORE et ses accolytes raseurs auraient-ils eu raison de notre volonté d'apprendre ?

P.S. : Un sort s'acharnerait-il sur les productions intellectuelles de tous ceux qui s'intéressent au sous-sol ? Le fait est que l'arrêté du 22 octobre 2010 dont il est question dans l'hyperlien précédent est parfaitement illisible.

Néanmoins, sous réserve d'une explication de texte indispensable en la matière, il ne semble pas que les travaux en cours ou projetés à la Chaslerie soient concernés par la dernière réglementation.

Le 11 septembre dernier, je vous avais demandé à quoi pouvait, selon vous, correspondre la petite tâche rouge au milieu de la terrasse, près du fournil du manoir. L'aviez-vous trouvé ?

Voici la solution.

Désireux de ne pas retarder la restauration du mur Ouest de la douve Nord, j'avais demandé au terrassier, Philippe JARRY, de venir me voir afin que nous définissions ce que j'attendais de lui. La petite tâche rouge en question, de même qu'une autre déposée de l'autre côté de la douve, était sensée redonner l'alignement du mur, donc l'axe des terrassements à entreprendre.

Philippe JARRY a profité du temps redevenu clément pour commencer son ouvrage. Voici d'abord la vue de son chantier à partir de la terrasse. Il est clair qu'en l'espace de deux semaines, le panorama a beaucoup évolué :

23 septembre 2011, le chantier de la douve Nord aperçu de la terrasse en regardant vers le Nord.

Je suis descendu dans la douve pour constater la profondeur de ces terrassements :

23 septembre 2011, les travaux de Philippe JARRY vus du fond de la douve Nord.

C'est assez vertigineux :

23 septembre 2011, le fournil du manoir vu du fond des terrassements de la douve Nord.

Hélas, je ne suis pas assez calé pour reconnaître les diverses couches géologiques que l'on observe là, en particulier la couche inférieure noire, de l'argile molle dont l'aspect me rappelle l'ardoise broyée (sur la photo suivante, mes clés donnent l'échelle) :

24 septembre 2011, peut-être de l'ardoise dans quelques millions d'années ?

En fait, Philippe JARRY est loin d'avoir terminé sa part du chantier. A ce jour, il n'a dégagé que la partie Sud de la fosse nécessaire pour les travaux de restauration. Il a cependant creusé une voie d'accès en pente au bas du chantier, afin de permettre aux maçons d'y amener leurs pierres (c'est dans cette voie provisoire qu'il a garé sa pelleteuse) :

23 septembre 2011, le passage vers le bas du chantier de la douve Nord.

Une fois que Philippe JARRY aura achevé son intervention, Igor et Valentin devront couler les fondations de béton armé qui assiéront désormais le mur restauré. Il ne faudra pas attendre, de crainte que le mauvais temps ne transforme trop rapidement ce chantier en bourbier.

Dans un deuxième temps, les maçons devront aller démonter une vieille bâtisse à Lonlay afin d'en récupérer les pierres qui serviront au parement intérieur du futur mur Ouest de la douve Nord. Pour le parement visible, nous emploierons des grès de la bonne couleur, alors que ceux de Lonlay sont trop pâles selon moi.

Mon souhait est qu'un maximum de ce mur ait pu être relevé avant que le temps ne se gâte trop. Ce combat sera difficile mais on fera au mieux. En tout cas, Igor et Valentin sont assurés d'être occupés là pendant quelques mois.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Jeudi 13 Octobre 2011
Journal du chantier - Maçonnerie-carrelage - Terrassement - Murs divers - Géologie - Désultoirement vôtre !
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Voici le bâtiment qu'Igor et Valentin s'apprêtent à démonter afin d'en récupérer les pierres :

13 octobre 2011, la façade avant du bâtiment à démonter.

13 octobre 2011, la façade arrière.

Les pierres n'ont pas la bonne couleur pour mes murs, de sorte que nous ne pourrons les réutiliser, dans nos futurs travaux, que pour les parements en contact direct avec la terre. Ceci n'est pas gênant car nous ne manquerons pas de telles configurations dans les murs de douves à restaurer, à commencer par le mur Ouest de la douve Nord sur lequel les travaux sont imminents et seront lancés dès que j'aurai reçu l'arrêté de subvention.

En outre, ces pierres sont à aller chercher à 6 km au Nord-Ouest de la Chaslerie, ce qui ajoute des frais de transport.

Mais j'ai pu les négocier à un prix très raisonnable. D'autant qu'il y en a de surcroît une bonne quantité déjà à terre, ce qui nous facilitera la tâche :

13 octobre 2011, des pierres qu'il ne reste plus qu'à charger.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Dimanche 11 Mars 2012
Désultoirement vôtre ! - Géologie
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Voici un an, le 15 février 2010 précisément - si je ne me trompe -, j'ai interrompu mes propos sur la géologie bas-normande. Cela n'a pas - et je le déplore - provoqué de protestation parmi les visiteurs de notre site favori que je privais ainsi d'une part substantielle de leur pain quotidien. Je vais néanmoins resservir le couvert.

J'ai en effet retrouvé au fond de ma bibliothèque un ouvrage qui traite de géologie d'autant plus clairement qu'il n'a pas été rédigé par un géologue mais par un botaniste. Certes, on pourra ergoter en soulignant que la zone géographique traitée ne recouvre pas le Domfrontais. C'est exact, il s'agit de la Suisse normande limitrophe, entre Rânes et Briouze au Sud et Pont-d'Ouilly et Clécy au Nord. C'est un secteur que je connais assez bien puisque je le traverse lors de mes migrations entre Caen et la Chaslerie, que j'emprunte la route qui transite par Thury-Harcourt ou celle qui traverse Putanges-Pont Ecrépin. Surtout, la géologie en est très proche de celle du secteur compris entre Flers, Domfront et Mortain, de sorte que l'étude de cet opuscule n'est pas vaine pour nous.

Il s'agit d'un ouvrage édité avec le soutien de la communauté de communes d'Athis ; son titre : "Découverte des bois de la Normandie armoricaine" par Charles-Erick LABADILLE ; il est paru en 1998, donc il y a 14 ans déjà ; hélas, depuis lors, la rage des tronçonneuses, qu'on ne connaît que trop bien aux abords de la Chaslerie, a mordu dans les bois recensés :

Couverture de l'ouvrage de M. Labadille.

La 4ème de couverture offre de belles photos des paysages boisés de la Suisse normande et précise, de surcroît, l'objet du livre (les photos représentent la hêtraie de la forêt de Cinglais à Bretteville-sur-Laize, la junipéraie des Roches-d'Oëtre à Saint-Philbert-sur-Orne, la corylaie-frênaie à jonquille du Bois-de-la-Lande à Sérans, enfin le bois tourbeux à polytric commun du Grais) :

4ème de couverture du

Mais, trêve de bavardages, entrons donc dans le corps du texte. Après la préface et l'introduction dont je vous fais grâce, voici la carte de nos prochains exploits :

La zone géographique traitée par le

Et voici le texte que je souhaite vous faire découvrir aujourd'hui car je le trouve d'excellente qualité :

Page 11 du

Page 12 du

Page 13 du

Page 14 du

Page 15 du

Page 16 du

Page 17 du

P.S. : J'ai contacté l'auteur via Facebook. Je l'ai fait comme "jeune collègue" étudiant en bio à la fac de Caen. Espérons que mes emprunts ne le gêneront pas et que - pourquoi pas ? - il voudra bien s'exprimer directement sur notre site favori.

P.S. 2 : Je découvre via le net la riche et sympathique personnalité de CéLab !

Hélène LEROY-PEETERS
rédigé le Lundi 12 Mars 2012
Désultoirement vôtre ! - Géologie
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Merci, merci Messieurs, pour ces précieuses pages sur la Découverte des Bois de la Normandie Armoricaine, d'autant plus intéressantes que nous y sommes plongés en plein dedans ; toutes ces haies qui sont arasées nous donnent l'impression d'une concurrence avec la plaine...

N.D.L.R. : Ce petit livre est en effet d'excellente qualité, précis, pas bavard, clair. Je continuerai donc à en mettre en ligne des extraits, par exemple pour vous au sujet du marais du Grand Hazé, un bien bel endroit à côté de Briouze.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 24 Mars 2012
Désultoirement vôtre ! - Géologie
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Poursuivons (après le message du 11 mars dernier) notre lecture de "Découverte des bois de la Normandie armoricaine" par Charles-Erick LABADILLE. Après un rappel des grandes étapes géologiques de la Suisse Normande, l'auteur survole le peuplement de ce secteur :

Page 18 du

Page 19 du

Page 20 du

Je trouve que, dans ce passage, l'auteur se montre trop optimiste quant à la capacité des hommes à conserver aux paysages leurs beautés bocagères. Il est vrai que, lorsqu'il rédigeait son ouvrage, il y a 14 ans, les remembrements et la course effrenée du monde agricole aux subventions européennes n'avaient pas encore détruit ce cadre traditionnel que nous aimions tant. Hélas, depuis cette époque, la dégradation des paysages n'a eu de cesse.
A tout instant, il se passe quelque chose à la Chaslerie ! Pour vous en convaincre, je vais vous raconter quelques-uns des évènements de ma journée.

Après le départ de Philippe JARRY, j'ai rendu visite à mon fermier, Hervé LEMOINE, pour lui demander s'il verrait un inconvénient à ce que, le cas échéant et dans le souci d'assécher la douve, je rétablisse provisoirement un fossé dans un champ que je lui loue. A l'occasion de cette visite, Hervé m'a signalé avoir vu sur internet qu'un lot de pierres était à vendre à Sourdeval (Manche). J'ai donc pu téléphoner au propriétaire, un maçon, et pris rendez-vous pour aller voir ce lot dès lundi matin ; au passage, j'ai demandé au vendeur de quel type de pierres il s'agissait ; il m'a répondu que c'était du schiste, c'est-à-dire, à première vue, une pierre qui ne conviendrait pas à la Chaslerie. Or je me rappelais avoir mis en ligne ici une carte géologique du secteur ; mais la légende en est peu accessible et je ne retrouve pas en quoi consiste le terrain classé en "bKO2". Puisque le sujet me tient à coeur, le mieux était donc d'aller y jeter un coup d'oeil dès ce soir, avant que la nuit ne tombe. Me voilà donc parti vers 19 h 30 au volant de ma Kangoo, fraîchement réparée par Maxime et que j'ai récupérée cet après-midi chez lui.

Manque de chance, entre Lonlay-l'Abbaye et Ger, en pleine cote, les voyants de la Kangoo sont passés au rouge et le véhicule s'est arrêté, en panne de nouveau, au milieu de la route. J'ai néanmoins pu me garer au point mort et à reculons, en profitant de la déclivité, au bord de la départementale et, là, j'ai eu l'idée d'appeler Maxime au secours. Il était encore chez lui et s'apprêtait à partir "en boîte" avec des copains. Il a tout de suite accepté de venir me ramener à la Chaslerie et je l'ai vu vite arriver au volant de sa Ford Fiesta, un passager à ses côtés.

Tout ceci pour dire que j'ai rapidement engagé la conversation avec le copain en question, Jonathan, qui se trouve être un jeune domfrontais titulaire d'un C.A.P. de maçonnerie et à la recherche d'un emploi en maçonnerie de pierres à l'ancienne.

Donc Jonathan fera connaissance dès lundi avec Igor et pourrait commencer à travailler à la Chaslerie à l'essai à partir de mercredi.

P.S. du 6 mai 2012 : J'ai retrouvé un message du 19 octobre 2010 sous l'onglet "Sujets divers" qui donne la légende des cartes géologiques du secteur. Donc la grande zone verte, marquée "bK02", représente des "roches métamorphiques du Briovérien". Le maçon à qui j'ai parlé hier au téléphone avait raison, c'est bien une pierre schisteuse. J'observe cependant qu'il y en a de ce type précis dans le sol à moins d'un kilomètre au Nord de la Chaslerie, de l'autre côté de la Richardière, puisque le banc s'étend entre l'Est et l'Ouest le long du synclinal Domfront-Mortain ; c'est ce qui explique la présence de ce même schiste à Sourdeval, c'est-à-dire à une trentaine de kilomètres au Nord-Ouest de la Chaslerie. Donc cela vaudra la peine que j'aille demain, comme prévu, examiner ce lot de plus près...

Vérification faite, les pierres à vendre à Sourdeval sont des schistes impropres à être incorporés au mur des douves de la Chaslerie.

Les schistes de Sourdeval.

Le vendeur, M. POMMIER, est maçon à Bion (Manche), commune dont il est maire-adjoint. Comme je m'extasiais sur la préservation des haies et talus dans sa commune, il m'a expliqué que le P.L.U. y interdisait désormais leur abattage. J'envie les habitants de cette commune qui ont su se doter d'un maire qui ne soit pas dans la main des "nouveaux agriculteurs", ces barbares bornés qui sont en train de sévir à La Haute Chapelle, dans l'indifférence coupable de ceux qui devraient mettre fin à leurs pratiques aussi imbéciles que dommageables !

Pendant qu'Igor et Jonathan charriaient des pierres à proximité du mur Ouest de la douve Nord, je vous ai préparé un petit reportage sur les différents types de pierres que l'on trouve à la Chaslerie.

Sur les bâtiments les plus anciens, il s'agit de grès ferrugineux de formes assez diverses, comme ici sur la tour Sud-Ouest :

11 mai 2012, les pierres les plus fréquentes dans les murs de la Chaslerie.

La tour Louis XIII a, quant à elle, été montée en grès schisteux :

11 mai 2012, les grès schisteux au rez-de-chaussée de la tour Louis XIII.

Sur les deux premiers mètres de hauteur du mur Ouest dés écuries, on remarque toutefois une pierre appelée "pierre blanche" ou "pierre froide" ou encore "pierre de Domfront".

11 mai 2012, la façade Ouest des écuries.

Ainsi, les constructeurs successifs de la Chaslerie ont eu recours à, au moins, trois carrières différentes. On peut penser que celle de grès ferrugineux était la plus proche. En tout cas, c'est surtout de pierres de cette dernière qualité que j'ai besoin pour remonter les murs de douve.

Si vous connaissez, dans le secteur, des bâtiments en ruine montés avec le même grès ferrugineux, je vous prie de me le signaler. J'irai voir s'il y a moyen de compléter ainsi notre approvisionnement.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mercredi 20 Juin 2012
Journal du chantier - Maçonnerie-carrelage - Terrassement - Murs divers - Géologie - Météo - Désultoirement vôtre !
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Du haut de ce mur, 4,75 m de maçonnerie vous contemplent !

20 juin 2012, le mur Ouest de la douve Nord vu du fond de la douve.

En rentrant ce soir à la Chaslerie, j'ai eu la bonne surprise de constater que le soleil avait dopé Igor et Jonathan : non seulement ils ont fini de monter le mur Ouest de la douve Nord jusqu'au niveau de la collerette, mais ils ont aussi nivelé le terrain surplombant ce mur en utilisant de la bonne terre.

20 juin 2012, le mur Ouest de la douve Nord vu du Nord-Ouest.

Certes, il reste pas mal d'éclats de grès sur le terrain mais Bernard les éliminera avec la placidité qu'on lui connaît. J'aurais également préféré que le mur soit jointoyé avant ce terrassement mais ne faisons pas la fine bouche !

Pour confectionner la collerette, il va nous falloir des dalles en grès d'ici, ce qui est difficile à trouver sauf si nous rouvrons la vieille carrière, en haut de l'Avenue de la Chaslerie ; nous en avions tiré les dalles utilisées pour couronner les 120 m du mur de terrasse, il y a trois ans déjà.

Voici l'endroit que j'appelle pompeusement la carrière de la Chaslerie :

21 juin 2012, la carrière de la Chaslerie.

La pierre qu'on y trouve a la bonne couleur mais est humide et friable, donc nous recourons à cette carrière en dernière extrémité. Ce matin, Igor et Jonathan y collectent les pierres nécessaires pour confectionner la collerette du mur Ouest de la douve Nord :

21 juin 2012, Igor et Jonathan à la carrière.

A ce jour, je n'ai eu avec Mathieu C. de contacts que virtuels. Il est intervenu sur ce site, sous l'onglet "Journal du chantier", le 16 avril dernier. Il a recommencé le 19 juin, comme évoqué ce jour-là sous l'onglet "Vie du site" (c'est lui, le cryptographe, autrement dit une grosse tête en maths), mais je n'ai pas "validé" son second message afin, je l'avoue, d'en conserver la primeur. Par celui-ci, Mathieu C. me signalait en effet l'existence d'un lot de pierres à vendre à environ 25 km de la Chaslerie et qui lui semblaient de nature à pouvoir nous servir ici.

Je me suis rendu ce matin chez le vendeur, à Frênes, près de Tinchebray. Hélas, comme je m'en doutais, la pierre de l'endroit est trop foncée pour moi ; elle n'a pas non plus le même éclat que la pierre de la Chaslerie, étant beaucoup plus mate :

22 juin 2012, les pierres à vendre à Frênes.

Ce sont là des inconvénients rédhibitoires pour moi qui n'aimerais pas être pris en défaut dans 2 ou 300 ans, lorsque les intempéries et le gel auront érodé différemment les deux types de grès... Quoi qu'il en soit, il y a là quelques granits bleus qui peuvent intéresser des amateurs :

22 juin 2012, exemple de granits à vendre à Frênes.

Si des visiteurs de notre site préféré le souhaitent, je me ferai un plaisir de leur communiquer les coordonnées du vendeur.

En tout cas, grand merci à Mathieu C. que j'espère vivement rencontrer un jour prochain à la Chaslerie et, cette fois, "pour de vrai" !