Généalogie et sagas familiales

Jean-Pierre ARBON
rédigé le Vendredi 18 Novembre 2022
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales - Références culturelles
0
Regard vers l’arrière

Vient un âge où l’on trouve davantage d’intérêt à faire retour sur son passé qu’à se projeter vers l’avenir. J’y suis entré depuis quelque temps. L’avenir, on ne sait jamais ce qu’il vous réserve, certes, mais je crois que je le connais. J’ai vu vieillir mes parents, et je sais que je suis engagé, sauf accident, sur la même descente en pente douce qui s’accélérera vers la fin. Les gestes deviennent moins sûrs, la mémoire également, les douleurs s’installent. La probabilité d’une bonne surprise est quasi nulle. Je sais où je vais.

Mais sais-je d’où je viens ? Le passé est rempli de mystères. Qui étaient mes ancêtres ? Comment vivaient-ils ? Qu’ont-ils fait et pensé ? Par quel enchaînement de rencontres et de hasards suis-je venu au monde ? Et mon parcours dans l’existence, quel fut-il ? Que vaut-il ? Qu’est-ce qui a fait que j’ai suivi telle voie, et pas telle autre ? Autant d’énigmes que je ne résoudrai pas, mais qu’il devient tentant de cerner de plus près.

Ce regard vers l’arrière, c’est sans doute la solution que l’esprit propose pour détourner l’attention de ce qui nous attend. C’est en même temps une manière de se rassurer sur le fait que l’existence qu’on a vécue n’aura pas été totalement insignifiante. On peut bien sûr trouver quelque réconfort à s’en persuader, mais je crois pour ma part, avec Omar Khayyam, que « demain, lorsque nous quitterons ce caravansérail, nous serons pareils aux morts d’il y a sept mille ans ».


N.D.L.R. : De plus en plus enthousiasmant, merci pour ce moment !
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 19 Novembre 2022
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales - Nature (hors géologie) - Anecdotes
0
Mon état de santé fait que, depuis quelques mois, je suis tenu d'ingérer cinq comprimés chaque jour, deux le matin et trois le soir. Inutile de dire que j'ai horreur de ce rappel constant du déclin de mes forces et de ma vitalité. En plus, tête en l'air comme je le suis, j'oublie souvent des échéances.

Carole m'a donc doté d'un pilulier de compétition, un écrin contenant sept petites boîtes, une par jour de la semaine, chacune divisée en trois compartiments (à ce stade de ma décrépitude, je n'ai besoin que de deux) et que je pose chaque nuit sur mon ordi afin de m'éviter ces oublis susceptibles de me réexpédier, toutes sirènes hurlantes, en soins intensifs.

Je suis frappé par l'extrême rapidité des retours des samedis, jours auxquels je dois recharger ces dispositifs.

Au moins cela confirmera à tous ceux que cela intéresse que, bien que vivant le plus souvent seul au manoir favori, je n'ai guère le temps de m'y ennuyer. C'est déjà ça...
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 10 Décembre 2022
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales - Transmission du patrimoine
0
Cette photo aérienne de la Chaslerie me laisse rêveur. Elle date d'un quart de siècle, j'avais alors 45 ans, j'en aurais bientôt 71.

En 1997, j'avais encore une situation professionnelle supposée enviable. J'ai été mis au placard l'année suivante, dans des conditions qui m'ont dégoûté de beaucoup de choses. En 1999, il y a eu la grande tempête qui a secoué, entre beaucoup d'autres, la Chaslerie. Et je pourrais ainsi rechercher pour chaque année un événement plus marquant que les autres, en tout cas pour moi.

Lorsqu'on essayait de m'inculquer les bases d'un début de culture scientifique, alors que je traînais encore dans ce que mon prof de Maths Sup appelait "les basses classes", on m'a appris que "l'entropie augmente". J'ai retenu que l'entropie désigne le désordre. La croissance du désordre est en effet la loi commune dans ce monde tel qu'il va, triste constat.

Et pourtant, à la Chaslerie, j'aurais ramé sans relâche pour réintroduire un peu d'ordre. Les photos en témoignent.

La question se pose donc de savoir si l'entreprise n'était pas absurde. Vingt-cinq ans, c'est le temps d'une génération. Pour moi, c'était aussi le temps que je m'étais imparti pour transmettre le flambeau ici.

On est bien peu de choses. A quoi tout cela a-t-il servi à ce jour ? Que faire pour y retrouver un sens ? Vaste programme !

Et en aurons-nous le temps ? Le temps et les moyens ?
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Lundi 12 Décembre 2022
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales
0
Carole est de retour ! Aussitôt et à sa seule initiative, c'est Versailles Grand Siècle :

12 décembre 2022.


Elle m'apporte le très beau cadeau d'un petit-fils très mignon mais dont je ne suis même plus autorisé à citer le prénom :

12 décembre 2022.


Un grand merci, cher Calixte !
Jean-Pierre ARBON
rédigé le Jeudi 15 Décembre 2022
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales - Références culturelles
0
Joli cercueil

Une amie est morte. Un de ses fils m’en informe. Je ne le connais pas. Il a trouvé mon nom dans son répertoire. Cimetière du Montparnasse, mercredi 10h15, si vous voulez venir…


Je ne connais personne, en fait, ni famille ni amis. La défunte n’était pas une intime. A l’heure dite, à l’entrée, un petit groupe d’une dizaine de personnes, qui grossira jusqu’à vingt. Je me présente. Je serre des mains. La sœur. Le fils. Des proches.

Départ vers la trentième division. Bavardage de circonstances avec les compagnons de marche. Cercueil blanc, un bouquet de roses blanches. Prises de parole. Ni prêtre ni rabbin ni prière. Accompagnement musical : Anne Sylvestre (Les gens qui doutent), Brel (J’arrive), Dutronc (L’hôtesse de l’air), Souchon (Quand je serai KO)… Au moment précis où la bière est soulevée pour descendre dans le caveau, Brassens : « m’as-tu vu dans mon joli cercueil ? » (Les funérailles d’antan). Timing parfait.

Bravo, Nadine.
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Jeudi 5 Janvier 2023
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales - Nature (hors géologie)
1
Cela va un peu mieux ce matin, je souhaite vous donner quelques explications sur les derniers jours.

Me sentant mal et mon médecin traitant demeurant injoignable à son habitude, j'ai appelé le 15. Les pompiers de Lonlay-l'Abbaye, parfaitement formés, sont immédiatement arrivés à la Chaslerie et ont opéré un tri utile dans mes papiers. Alors que j'exprimais la préférence d'être emmené à l'hôpital de La Ferté-Macé, ils m'ont conduit à celui de Flers.

A Flers, j'ai été impeccablement soigné. Après avoir exclus la Covid, les urgences ont attribué mon insuffisance respiratoire à la grippe (je suis pourtant vacciné) et ont décidé de m'hospitaliser en me plaçant sous oxygène. Je vous passe les soins et les piqûres, tous très nombreux. Le personnel a été remarquable, notamment les deux médecins, tous deux d'origine africaine. J'ai pu être autorisé hier, à ma demande, à sortir mais je dois encore me reposer.

A noter que l'hôpital de Flers faisait l'objet, ces jours-ci, d'un fort afflux de Covids et de grippes.

J'ai perdu 8 kg depuis le début de cette aventure mais le moral remonte, Carole s'occupe bien de moi. Chose extraordinaire, j'ai même reçu un message de l'aîné.

Dans l'immédiat, je laisse filer les demandes administratives, souvent absurdes, qui n'ont pas manqué de m'être adressées durant ces quelques jours.

P.S. (à 14 heures) : La chute de la vision était liée à la conjonctivite. C'est donc réglé.
Je ne me sens toujours pas très solide, je m'essouffle très vite comme c'était clair ce matin, lors de la visite de deux fonctionnaires de la Région.

Visite prévue de longue date et que je n'avais donc pas annulée. Visite en compagnie de Xavier MEYER.

La tonalité générale était positive mais on attend désormais des actes. Apparemment, la Région préférerait que je reste le maître d'ouvrage plutôt que "La SVAADE", comme nous l'avions proposé.

A suivre, qu'écrire d'autre ?
Anthologie de la répartie (via "Twitter")
rédigé le Jeudi 12 Janvier 2023
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales - Références culturelles
0
De passage dans une petite ville, Henri IV est accueilli par un notable qui prononce en son honneur un interminable et insipide discours. Un âne se met soudain à braire. Le roi intervient :

- Allons, ne parlez pas tous à la fois.


N.D.L.R. : Gloire à mon probable illustre ancêtre contemporain de la Chaslerie !

Je précise que, dans ma famille FOURCADE, béarnaise d'origine, on a toujours prétendu, du moins à ma connaissance, que nous sommes des "bâtards d'Henri IV". Et le fait est que les dimensions quasi-cyranesques de nos tarins respectifs (et autres appendices charnus, pour autant que j'ai cru pouvoir le noter) m'ont toujours paru apporter quelque crédit à cette thèse.
S.M.S. de Carole : "Tu te reposes ?"

Ma réponse : "Oui. J'ai bien travaillé. De quoi démolir ce salopard d'ex-employé qui m'attaque aux prudhommes. Et de quoi fournir à Bibo les principales factures que j'ai supportées sur la cave depuis qu'il en est devenu le nu-propriétaire..."

Comme on le voit, la forme revient :

Mais ce n'est toutefois pas 5/5. Aux vœux des élus à l'ancienne mairie de La Haute Chapelle, cette après-midi, j'ai encore dû m'asseoir. Un vrai p'tit vieux, on a l'âge de ses poumons...
Jean-Pierre ARBON
rédigé le Lundi 23 Janvier 2023
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales - Références culturelles
0
Une mort dans la famille

Nous sommes allés voir « Une mort dans la famille » d’Alexander Zerdin à l’Odéon (ateliers Berthier). Moment très fort. La pièce donne à voir le quotidien d’un Ehpad, et la famille de l’une des pensionnaires. Le théâtre semble y repousser ses limites car tout ce qui est montré ici de manière ultra réaliste n’est pas du théâtre mais la vie elle-même, jusque dans ce qu’elle a de plus ordinaire et de plus trivial. Et pourtant, grâce à la justesse de l’observation et de l’écriture, et l’extraordinaire travail des acteurs (emmenés par une Marie Christine Barrault hallucinante) cette banalité acquiert une puissance bouleversante. Je ne suis pas près d’oublier ce vieil homme chantant « J’ai pensé qu’il valait mieux nous quitter sans un adieu » par dessus la voix de Richard Anthony, ni sa pathétique et tendre visite dans la chambre de la vieille dame, ni la toilette de cette dernière juste avant sa mort.


Gide écrit quelque part : « Les exemples abondent des vieillesses déshonorantes ». Oui, mais non. Tous ces moments sordides et dérisoires, que l’on s’empresse souvent de mettre sous le tapis, Une mort dans la famille en révèle la force et même la noblesse. Ils sont comme ces feuilles mortes au début de l’hiver, qu’on fait mine de ne pas voir, et sur lesquelles on marche négligemment. Mais prenez-en délicatement une en main, considérerez-la avec attention, et quelque chose vous apparait de la beauté du monde.

Cette pièce est aussi l’occasion de méditer sur cette phrase d’Oscar Wilde, inscrite sur une carte postale en vente à l’entrée du spectacle : « On dit qu’avec l’âge vient la sagesse, mais souvent l’âge vient tout seul ».

N.D.L.R. : Pas folichon tout ça.