Généalogie et sagas familiales

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Jeudi 24 Aout 2017
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales
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Trouvé, en surfant sur la toile (plus précisément, sur le site "Geneanet"), des photos d'ancêtres des garçons (du côté de Carole) :

Paul SAUZET (1800-1876), qui présida, de 1839 à 1848, la Chambre des Députés :

Le

Nous conservons à la Chaslerie son buste en marbre de Carrare, rendu à la famille pour cause de Révolution (ce buste aurait dû rester exposé dans une galerie de l'hôtel de Lassay) ainsi que son portrait en uniforme de jeune député, en plus d'un portrait de son épouse et cousine, Emma BABOIN (1806-1856), d'une famille de soyeux, à qui Carole ressemble selon moi (et dont elle est dépositaire d'une parure qu'elle arborait fièrement lors du mariage de notre aîné).

Son frère, Romain SAUZET (1803-1872), trésorier des hospices civils de Lyon,...

Romain SAUZET.

marié avec Rose SAUZEY (1817-1871)...

Rose SAUZEY.

... fille de Philippe SAUZEY (1784-1868), député, maire de St-Lager (69), membre du conseil général du Rhône, avocat, conseiller à la cour :

Philippe SAUZEY.

Jean SAUZET (1839-1923), fils des précédents, conseiller à la Cour de Lyon (nous conservons à la Chaslerie un tableau le représentant dans sa toge de président de la Cour d'Appel de Lyon ; on devrait même pouvoir retrouver son mortier quelque part dans mon bazar ici)...

Jean SAUZET.

... a épousé Alice PERRAS (1842-1915)...

Alice PERRAS.

... fille de Benoît Hyppolyte PERRAS (1804-1870), bâtonnier de l'ordre des avocats du Rhône, député et conseiller général du Rhône.

De cette union est issu Paul SAUZET (1867-1942), marié avec Emma BABOIN (1869-1939) (j'observe qu'il n'y avait pas beaucoup d'originalité dans ces prénoms ni dans ces alliances), arrière-grands-parents de Carole par leur fille Marguerite SAUZET (1892-1972) qui épousa un CHASTEL, d'une famille d'industriels lyonnais (alliée notamment aux COIGNET et à d'autres familles qui fondèrent, entre autres, Rhône-Poulenc, Péchiney, le Crédit Lyonnais, etc..., autant de fleurons de la cote officielle qui en ont désormais disparu...).

Une famille qui fut puissante... Au XIXème siècle.

C'est par les SAUZET que nous conservons des attaches en Beaujolais, notamment le "Moulin à Vent" et le "Château Portier", tous deux propriétés d'un frère de Carole, Denis CHASTEL-SAUZET.

Denis CHASTEL-SAUZET.

P.S. : J'ai été amené à faire cette recherche parce que, aujourd'hui à midi, j'ai croisé, à ma cantine favorite, Bernard SOUL, le maire de Domfront-en-Poiraie, qui, dans quelques jours, ira vendanger le Beaujolais à Charentay, c'est-à-dire tout près de vignes familiales, notamment celles de Monvallon ou de la Grange-Bourbon, en partie exploitées par un ou deux cousins germains de Carole, Benoît CHASTEL à coup sûr,...

Benoît CHASTEL.

... et peut-être Hubert CEILLIER, si ma mémoire est bonne (mais j'ai un doute).

P.S. 2 : Tiens, je découvre par hasard que Carole a des lointains cousins par ici... Je suppose qu'elle en sera la première étonnée.
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Le site "Geneanet", auquel je me suis inscrit dernièrement pour y effectuer des recherches sur les SAUZET, me donne accès ce matin à l'acte de naissance, en 1848, d'une certaine Marie FOURCADE à Aucun, fief (si l'on peut dire) de mes ancêtres FOURCADE. La demoiselle serait née hors les liens sacrés du mariage mais, surtout, point que je retiens, dans une certaine "maison FOURCADE" :

J'espère qu'un jour, Dominique CHADAL pourra se pencher sur cette possible parentèle.

P.S. : Sacrée Dominique, je vois qu'elle n'a pas attendu mon conseil pour bosser, via "Geneanet", sur des FOURCADE originaires d'Aucun, les miens !

Je remarque que Dominique a rendu confidentielles les données sur les descendants de mon père Paul FOURCADE. Pas de problème, Dominique, tu peux afficher, il n'y a rien, que je sache, qui mérite d'être dissimulé, y compris les turpitudes relatives de ma grand-mère maternelle Julietotte...
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Morts surprenantes à Aucun

1856, année terrible ? Pas moins de vingt-huit décès inscrits dans les registres d'Aucun, commune des Hautes-Pyrénées de 600 habitants environ à l'époque ! Vingt-huit décès, dont quatre Fourcade entre le 20 août et le 13 décembre.

Ces fameux registres viennent d'être mis en ligne sur le site des Archives départementales et je tentais d'y collecter des informations sur mes ancêtres. En pestant quelque peu car, si les registres paroissiaux s'arrêtent net en 1789, l'état civil ne commence qu'en l'an XI (septembre 1802), d'où un flou exaspérant sur toute la période de la Révolution.

Maisons anciennes à Aucun - Collection personnelle

Mais reprenons mes constatations sur la famille Fourcade : un nourrisson de trois mois à peine qui s'en va rejoindre les anges, c'est malheureusement chose banale en ce milieu du XIXe siècle. Une jeune fille de dix-sept ans, une femme de trente-sept ans, un homme de trente ans, marié depuis trois ans à peine, c'est déjà plus surprenant.

Intriguée, je jetai un œil sur les années précédentes et suivantes. Les naissances, les mariages et les décès sont inscrits dans des registres distincts et les actes sont numérotés, il est donc facile de se faire rapidement une idée. Eh bien, l'année 1856 sort incontestablement du lot : le nombre annuel des décès varie de six à quinze sur l'ensemble de la décennie, une douzaine en moyenne par an si l'on exclut cette fameuse année 1856.

Voyons cela de plus près.

Le registre de l'année 1856 comprend son lot de décès "ordinaires" : enfants en bas âge, femmes âgées, souvent veuves et qualifiées de ménagères, plus deux ou trois autres défunts qui n'attirent pas spécialement l'attention. Difficile de se faire une opinion, puisque les causes de la mort ne sont pas indiquées.

Les transcriptions de décès survenus hors de la commune, mais concernant des "enfants du pays", sont déjà plus inhabituelles. Le décès de Gabriel Cassadou, fusilier au 42e régiment d'infanterie de ligne, et celui de Jean Louis Belem, grenadier au 50e régiment d'infanterie de ligne, nous rappellent que les troupes françaises participèrent à la guerre de Crimée, du temps de Napoléon III : le premier est tué par un éclat de bombe au siège de Sébastopol le 8 septembre 1855, le second meurt de la typhoïde à l'hôpital de Kamiesch(1) quelques jours plus tard. Merci à l'administration militaire qui indique la cause du décès dans les actes qu'elle rédige.

Faut-il compter au nombre des victimes de cette guerre Jean Menvielle, fusilier au 12e régiment d'infanterie de ligne, décédé à l'hôpital civil de Tarbes le 16 novembre 1856 ? Rien n'est moins sûr, il faudrait étudier l'historique de ce régiment pour en avoir le cœur net. Je n'en sais pas davantage sur Gabriel Allégrette, qualifié d'ex-menuisier (!), décédé à trente-et-un ans dans un hôpital maritime à Brest, fort loin de ses Pyrénées natales.

Plus original, le décès de Dominique Lacrampe, vingt-cinq ans, passager à bord du trois mâts Armand Rose André, parti de Bordeaux à destination de Buenos Aires. Son acte fut rédigé le 7 avril 1855 par le commandant "étant à la mer par 0°10' latitude nord et 25°50' longitude ouest" ! L'occasion de rappeler que nombre de Basques, de Béarnais et de Bigourdans ont migré vers l'Amérique latine ; le phénomène était ancien, mais il s'est intensifié au cours du XIXe siècle.

J'ai gardé pour la fin le décès de Michel Chinet, vingt-trois ans, "militaire en congé (…) décédé en la maison de ses père et mère" le 3 juillet 1856. Bien sûr, l'acte n'indique pas les causes de la mort. Alors peut-être avait-il contracté sous les drapeaux quelque maladie contagieuse. Cela pourrait expliquer cette surprenante succession de décès au cours du deuxième semestre de l'année 1856…


(1) Baie formée par la mer Noire près de Sébastopol, où les troupes françaises s'établirent et créèrent un port fortifié, nous dit Wikipédia.

N.D.L.R. : Une épidémie peut-être ?
Transmis la nuit dernière à mon aîné un document l'autorisant à restaurer à ses frais le logis de notre manoir favori et, dans ce but, à solliciter toute autorisation administrative réputée nécessaire et toute subvention utile, ainsi qu'à encaisser toute subvention obtenue.

Ce document était devenu urgent dans la mesure où il ne restait plus que quelques jours avant la date-limite retenue par la D.R.A.C. pour que les aspects administratifs du dossier puissent être réputés traités au titre de l'exercice 2017, du moins pour une première tranche de 75 000 € de travaux. A ce sujet, et puisque je ne suis plus en situation de financer rapidement la réalisation d'un bureau-bibliothèque dans la tour Sud-Ouest, ainsi qu'envisagé dernièrement, j'ai laissé mon aîné libre de composer cette première tranche de travaux. Je lui ai toutefois rappelé qu'il y aurait lieu, à mon sens, d'y inclure les menuiseries extérieures, d'une part, de la cage d'escalier (afin de ne pas risquer de perdre le reliquat de subvention du "programme 2014" disponible pour ses enduits intérieurs), d'autre part, en raison de l'urgence relative évidente, de la "pièce dévastée" (au-dessus du salon).

Reste néanmoins à régler un ensemble de questions juridiques complexes destinées à donner une assise solide à l'opération : par exemple, y aura-t-il démembrement ou non de la propriété, puis y aura-t-il don, vente ou encore bail emphytéotique ? Patrice CAHART nous a été précieux pour éclairer les aspects fiscaux de ces deux questions et nous lui en sommes très reconnaissants. Il revient à ce stade à mon aîné et à moi d'opérer quelques menus choix qui ne sont peut-être pas les plus aisés en termes tant de trésoreries que de psychologies respectives. L'avenir nous le dira.

P.S. : J'oubliais de signaler qu'à ma connaissance, mon aîné a mandaté ou envisage de mandater celui que j'appelais, avant un happening récent, "mon architecte du patrimoine favori", afin d'assurer la maîtrise d’œuvre des travaux qu'il envisage de réaliser en 2018. Si j'ai bien compris, ce programme inclurait ladite tranche de 75 000 € de menuiseries, plus la restauration de diverses menuiseries extérieures de l'"aile de la belle-mère", voire de la tour Louis XIII, plus la réalisation d'une cuisine familiale dans l'espace gardé disponible à ce jour au rez-de-chaussée du bâtiment Nord. On voit qu'à l'échelle de notre chantier favori, tout cela n'est pas rien.

P.S. 2 : Je pense qu'il n'est pas inutile que j'indique avoir laissé, en temps utile, toute latitude à mon aîné de prendre ou de ne pas prendre mon relais. Y compris par écrit, en lui explicitant l'étendue des dégâts. En effet, je ne suis que trop convaincu de la lourdeur et du coût du sacerdoce que constitue la restauration de vieilles pierres pour embarquer, "à l'insu de son plein gré", ce jeune homme dans un telle galère. Je peux même ajouter que cela m'aurait posé un problème moral de ne pas le laisser, autant que faire se peut, entièrement libre de son choix.
Dominique CHADAL
rédigé le Mardi 12 Septembre 2017
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Rendez-vous manqué

Les archives départementales des Hautes-Pyrénées nous ont fait languir, mais les documents actuellement disponibles en ligne s'avèrent fort intéressants. Par exemple, ce registre des actes communaux d'Aucun qui couvre presque deux siècles, de 1683 à 1861.

L'ordre chronologique n'est pas rigoureusement respecté et il semble comporter des lacunes, mais sa consultation n'en demeure pas moins passionnante. À ce jour, je me suis concentrée sur la période révolutionnaire : quatre-vingt feuillets, du 27 janvier 1790 au 8 messidor an XIII (27 juin 1805).

AD 65 Registre des délibérations d'Aucun - 45 E dépôt 32 vue 54/292

Une première lecture permet de saisir la vie d'une modeste commune, à l'écart des grands centres urbains, mais néanmoins impliquée dans les bouleversements politiques de l'époque : nomination des officiers municipaux, prestation de serment des prêtres, choix des hommes à fournir pour le contingent, candidatures d'instituteurs, liste des enfants à scolariser, désignation de gardes champêtres, répartition des charges communales, secours aux indigents… les sujets ne manquent pas.

Au fil des pages, des noms apparaissent et de fortes personnalités se dessinent, des clans se forment. L'un de mes ancêtres, Alexis Fourcade Ors, occupe divers postes, notable, procureur, maire : des fonctions à décrypter, à l'aide du Dictionnaire de la Révolution française notamment.

Sans parler des anecdotes, plus ou moins cocasses, qui se succèdent : qui a osé faire tomber l'arbre de la liberté, planté le long du mur de la maison commune, hein ? des coupables sont dénoncés, mais ils demeurent introuvables, il faut bientôt faire appel à la garde nationale, perquisitionner les maisons et les granges…

Bref, j'ai du grain à moudre. Mais… une fâcheuse coupure de la connexion internet durant une pleine semaine a chamboulé mon plan de travail ! On apprend toujours de ses erreurs. J'ai donc téléchargé les pages qui m'intéressent, de façon à les pouvoir consulter tout à loisir hors connexion. Et à y dénicher quelques sujets.


Il vous faudra patienter au moins jusqu'à lundi prochain, donc.

N.D.L.R. : Toi, tu as un vrai talent pour attirer le chaland !

Grâce à toi, ma cousine, on va peut-être en savoir un peu plus sur notre ancêtre Alexis FOURCADE et sur la vie trépidante de la "communauté d'Aucun". Arriveras-tu à nous confirmer que les FOURCADE étaient bonapartistes ou à nous expliquer comment ils le seraient devenus ?

Dominique CHADAL
rédigé le Lundi 18 Septembre 2017
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Une paroisse sous la Révolution (1)

En ce 27 janvier 1790, les habitants de la communauté d'Aucun sont réunis pour élire leur maire, leurs officiers municipaux et désigner les notables qui, tous ensemble, formeront le premier conseil général de la commune.

Ils n'ont pas traîné, le décret qui vient d'instaurer les municipalités date du 12 novembre 1789.

Environs d'Aucun - Source Gallica, Extrait de la carte générale de la France n°108 établie sous la direction de C. F. Cassini de Thury.

Jusque là, Aucun était gérée par quatre consuls. Mais la procédure ne doit guère surprendre les habitants de cette paroisse du val d'Azun : il y a une dizaine de mois déjà, ces mêmes consuls les avaient convoqués pour coucher sur le papier leurs doléances. C'était le 28 mars 1789 et ils avaient demandé au sieur Balencie, sans doute parce qu'il avait la plus belle écriture et qu'il savait le mieux traduire leurs volontés, de leur servir de secrétaire. C'est lui qui rédigea les quatre feuillets à transmettre aux députés de l'assemblée provinciale.

Le cahier de doléances

Un document en deux parties (selon un plan encore enseigné dans certaines grandes écoles, me semble-t-il) : tout d'abord les doléances, au nombre de quatre, puis les vœux, plus détaillés, avec onze occurrences soigneusement numérotées.

Le préambule indique les raisons de la convocation et contient la liste des participants : plus de soixante-dix chefs de famille ; la conclusion précise le nombre de copies et leur destination. Suivent les signatures, environ deux douzaines, nettement moins nombreuses donc que les participants. N'oublions pas que nous sommes dans une modeste paroisse de la montagne pyrénéenne, essentiellement rurale.

Le cahier de doléances est accessible en ligne sur le site des Archives départementales des Hautes-Pyrénées(1), si vous voulez en apprendre davantage sur cette communauté. Comme partout ailleurs dans le royaume de France, les habitants d'Aucun se plaignent du poids de la fiscalité, des lenteurs de la justice et des dépenses contraintes et ils réclament plus d'équité entre les différents ordres qui structurent la société sous l'Ancien Régime.

Je note au passage qu'Alexis Fourcade Ors, mon ancêtre à la septième génération, figure en tête de la liste des participants, juste après les consuls : est-il le plus riche, ou le plus influent, ou tout simplement le plus prompt à s'exprimer ? Celui qui parle le plus fort, peut-être ? Il a alors un peu plus de trente ans. Héritier de tous les biens de ses parents en tant que fils aîné, il a épousé une dizaine d'années auparavant l'héritière de la maison Ors. Le couple dispose donc de biens fonciers, ce qui confère une indubitable autorité au chef de famille.

Quelques lignes plus loin dans le cahier de doléances, je trouve un certain Alexandre Fourcade, dont j'ignore les liens éventuels avec mes ancêtres, puis Jacques Fourcade, vraisemblablement le père d'Alexis, sexagénaire.

Le Conseil général d'Aucun

Mais revenons à ce jour de janvier 1790 où s'est constituée l'administration de la commune. Le procès-verbal est rédigé par le même Balencie, qui fait ici office de greffier : il est doté d'une fine écriture, remarquablement lisible, et ne semble pas trop fâché avec l'orthographe, contrairement à certains de ses successeurs. Bref, un vrai bonheur.

La municipalité est élue par les citoyens actifs : autrement dit, les hommes de plus de vingt-cinq ans, habitant la commune depuis plus d'un an, payant un impôt direct au moins égal à trois journées de salaire d'un ouvrier et n'ayant connu ni banqueroute ni faillite(2). Comme l'année précédente, lors de la rédaction du cahier de doléances, ils sont environ soixante-dix à faire entendre leur voix.

Signatures au bas de l'acte de nomination de la municipalité d'Aucun - Source AD Hautes-Pyrénées, Registre des actes communaux 1683-1861 vue 55/292.

Ces citoyens actifs élisent un maire et cinq autres officiers municipaux, ce qui veut dire que la population de la commune est comprise entre 500 et 3 000 habitants(3). Les premiers élus s'appellent André Cazajoux (maire), Jean Vendome, Gabriel Lascomes, Pierre Ouzero Cazaux, Pierre Lahorgue et Jean Martinas Belem. Leur mandat est de deux ans, avec un renouvellement par moitié chaque année.

Le sieur Joseph Berot est pour sa part nommé procureur de la commune : chargé de défendre les intérêts de la communauté, il assistera aux réunions du conseil municipal sans pour autant pouvoir prendre part au vote des résolutions.

Enfin, douze notables (c'est l'appellation officielle) viennent compléter ce conseil général, au premier rang desquels figure Alexis Fourcade Ors !

La prestation de serment

Nous en sommes aux prémices de la Révolution. Une fois les résultats proclamés, les nouveaux élus prêtent serment devant la communauté "de maintenir de tous leurs pouvoirs la Constitution du Royaume, d'être fidèles à la Nation, à la Loi et au Roi et de bien remplir leurs fonctions chacun pour ce qui le concerne".

Le texte variera au fil des ans, jusqu'à cette farouche formulation de 1797 : "Je prête le serment de haine à la Royauté et à l'anarchie, d'attachement et de fidélité à la République et à la Constitution de l'an III", mais nous n'en sommes pas encore là !

Les premières mesures

Il semble que les deux premières années, 1790 et 1791, se soient déroulées à Aucun sans trop d'incidents ni d'embûches, du moins si je me fie aux actes inscrits dans le registre communal. Ces actes sont d'ailleurs peu nombreux, moins d'une dizaine : nominations de "gardes bois", division du territoire de la commune en sections, premiers renouvellements des officiers municipaux…

Seul le serment civique imposé au sieur Pierre Montauban, archiprêtre et curé de l'église Saint-Félix, et à son vicaire Lassalle Bazaillac aurait pu être à l'origine de troubles divers. Mais la prestation qui se déroula à l'issue de la messe paroissiale, le dimanche 23 janvier 1791, s'effectua apparemment sans encombre.

Les années à venir allaient être nettement plus agitées…



(1) Archives départementales des Hautes-Pyrénées, Aucun, sélectionner Cahier de doléances dans la colonne de droite.

(2) Toutes les informations sur cette période de l'histoire de France sont tirées de l'ouvrage suivant : J. Tulard, J.-F. Fayard, A. Fierro, Histoire et Dictionnaire de la Révolution française, Éditions Robert Laffont, collection Bouquins, 1987, 1998, 1223 pages, ISBN 978-2-221-08850-0

(3) 746 habitants à Aucun en 1793, selon Wikipédia.

N.D.L.R. : Très intéressant (au moins pour nous), tu tiens un filon !
Une paroisse sous la Révolution (2)

C'est en 1793 que la vie se compliqua à Aucun, commune rurale des Hautes-Pyrénées. Le bourg était fort éloigné de la capitale, de même que des grandes métropoles régionales, mais il n'en était pas moins soumis aux lois votées par la Convention.

Or celle-ci décréta la levée en masse de 300 000 hommes le 24 février 1793. Les frontières étaient menacées par la Coalition des puissances européennes qui voyaient d'un fort mauvais œil cette République, qui plus est régicide, chercher à exporter ses idées révolutionnaires et prétendre libérer les autres peuples du joug des souverains.

Les soldats de l'An II

L'enrôlement dans les armées de la République était réparti sur les 83 départements que comptait alors la nation. J'ignore combien d'hommes les Hautes-Pyrénées devaient mobiliser. Le Directoire du district d'Argelès(1) était pour sa part chargé d'en recruter 800 et avait fixé à 13 hommes le contingent à fournir par la commune d'Aucun.

Soldat de plomb exposé au Musée de l'Armée.

La Convention tablait sur des volontaires. Ces derniers se firent néanmoins un peu tirer l'oreille, tout au moins dans la commune qui nous intéresse, car le greffier s'y reprit à deux fois pour rédiger l'acte du 18 mars 1793. Aucun nom n'était inscrit sur le registre ouvert à cette intention trois jours auparavant et il fallut proclamer une nouvelle fois le texte de la loi.

Sept gaillards s'étant finalement présentés dans l'église Saint-Félix où se tenait l'assemblée, la question se posa pour la désignation des six autres : scrutin ou tirage au sort ? L'assemblée opta pour le vote et six noms furent ajoutés à la liste. Était-ce la meilleure méthode ? Ce n'est pas certain.

L'entrée en scène du procureur de la commune

Il s'appelle Jean Massot, est originaire du bourg voisin d'Arrens, un peu plus haut dans la vallée et a épousé une jeune femme d'Aucun l'année précédente. Le 9 décembre 1792, lors du renouvellement de la municipalité, il a été élu procureur(2) à l'unanimité des cinquante votants et devient automatiquement agent national à la fin de l'année 1793, en vertu d'un décret de la Convention du 14 frimaire an II (4 décembre 1793).

D'après le Dictionnaire de la Révolution française(3), les agents nationaux sont des personnages craints par la population. Chargés de la surveillance de l'application des lois, ils exercent leur contrôle aussi bien sur les particuliers que sur les autorités constituées. En d'autres temps et d'autres lieux, on les aurait sans doute appelés inquisiteurs ou commissaires politiques…

Et Jean Massot semble prendre son rôle très au sérieux, car le registre des actes communaux est bientôt rempli de ses requêtes qui, toutes, commencent ainsi : "Nous Massot procureur de la commune d'Aucun je requiers les maire et officiers municipaux d'Aucun…"

J'en compte neuf pour le second semestre de l'année 1793 et une quinzaine l'année suivante. Ses obsessions ? Traquer les déserteurs, débusquer les hommes qui ont abattu l'arbre de la liberté, démasquer les citoyens suspects, démonter la cloche de l'église, abattre le clocher… Je reviendrai sur ces deux derniers points dans un prochain billet.

Après avoir fait montre d'une infatigable virulence pendant dix-sept mois, Jean Massot remet néanmoins sa démission d'agent national le 16 novembre 1794. Quelques mois à peine avant que l'institution ne soit supprimée sur l'ensemble du territoire. Avait-il senti le vent tourner ? Peut-être. En tout cas, il préférait désormais occuper le poste d'assesseur du juge de paix du canton.

Les réquisitions vues depuis Aucun

Les exigences de la République perturbèrent donc plusieurs années durant la vie de cette petite commune rurale, réveillant sans doute de vieilles rancunes et en attisant de nouvelles, au point que Pierre Pujos, accusé d'avoir communiqué des listes au Directoire du district, démissionna de son poste de maire le 10 juillet 1793, avant de reprendre sa décision !

La lecture des actes communaux inscrits dans le registre révèle en filigrane les contraintes imposées aux habitants d'Aucun : injonctions répétées aux hommes de rejoindre leurs drapeaux, rappel des sanctions encourues par les fuyards et les déserteurs, inventaire des fusils "de munition et de chasse", réquisition des chevaux, des équipements et de l'avoine, désignation de commissaires pour recenser les conscrits malades revenus dans leur famille, production de certificats de santé, évocation du "haut mal ou mal caduc" (l'épilepsie) qui rend les hommes impropres à tout exercice militaire… des témoins sont mis à contribution.

Le 21 mars 1796 par exemple, c'est le défilé devant Pierre Balencie, élu agent municipal quelques mois auparavant : appelés à comparaître, Jean Espouès, Dominique Lacrampe, Paul Gourgue et plusieurs autres déclarent qu'ils sont sans nouvelle de leurs fils ou de leurs frères depuis que ceux-ci ont reçu leur feuille de route ; d'autres indiquent que les leurs sont réquisitionnés "aux forges d'Angosse pour la fabrication du fer" ; l'un d'eux précise que son fils est mort "au service de la République".

La fourniture de salpêtre

Autre grande affaire ! Tout commence par un ordre rédigé en ces termes le 30 mai 1794 : "Nous Jean Massot de la commune d'Aucun agent national, je requiers les maire et officiers municipaux du même lieu de mettre en exécution le décret relatif à l'extraction du salpêtre et de requérir les entrepreneurs de l'atelier pour le dit salpêtre de ne négliger rien qui soit utile pour le bien de la République française une et indivisible."

De quoi s'agit-il ? D'un composant indispensable dans la fabrication de la poudre noire, utilisée pour les fusils et les canons de l'époque. Produit stratégique, donc.

Les dépôts de salpêtre se forment dans un environnement humide, riche en ammoniac, comme les étables et les écuries. La décomposition du fumier, mélangé à de la paille et de la cendre de bois, fournit un liquide, la lessive salpêtrée, qui est ensuite filtré et séché pour obtenir les cristaux de nitrate de potassium.

Mais les citoyens d'Aucun préfèrent transporter la fameuse lessive à Argelès en l'état, plutôt que de se lancer dans les opérations d'évaporation et ils le font savoir début juillet 1794. L'affaire doit quelque peu traîner ensuite, car ils se font rappeler à l'ordre le 12 août suivant.

Puis, petit à petit, l'agitation qui avait saisi l'administration municipale semble se calmer. Le nombre d'actes inscrits chaque année dans les registres diminue singulièrement. À partir de 1799, les sujets abordés ne relèvent plus que de questions strictement locales : pacage des animaux sur les biens communaux, nomination de gardes champêtres, évaluation des travaux à entreprendre sur le territoire de la commune, examen des comptes de la municipalité.

Alexis Fourcade, mon ancêtre direct, élu agent municipal (l'équivalent du maire) en mars 1798, ne signera que deux actes relatifs aux affaires militaires : l'affichage d'une loi relative aux déserteurs et la publication de la loi du 3 vendémiaire an VII (24 septembre 1798) appelant 200 000 hommes au service militaire.

La tempête est passée, laissant certainement des traces dans les esprits…


(1) Il s'agit bien entendu d'Argelès-Gazost, situé à une dizaine de kilomètres d'Aucun.

(2) Magistrat élu chargé de défendre les intérêts de la communauté.

(3) Toutes les informations sur cette période de l'histoire de France sont tirées de l'ouvrage suivant : J. Tulard, J.-F. Fayard, A. Fierro, Histoire et Dictionnaire de la Révolution française, Éditions Robert Laffont, collection Bouquins, 1987, 1998, 1223 pages, ISBN 978-2-221-08850-0
J'ai mandaté aujourd'hui Eric YVARD afin qu'il mène, à propos de notre manoir favori, un complément d'étude historique, en vue de documenter la prochaine restauration de l'intérieur des principaux bâtiments et de quelques abords protégés.

On se souvient qu'il y a vingt ans (déjà !), Patrick DELAUNAY avait produit une première compilation de documents issus du chartrier de la Chaslerie, facilement accessibles au public dans les locaux des Archives départementales de l'Orne. Il s'agira pour M. YVARD de poursuivre ce travail, en s'attaquant à la partie cachée de l'iceberg.

Photo DDM, archives.

Pour que cette étude soit le plus utile possible, elle sera surtout centrée sur l'aspect et l'usage anciens des constructions en question.

Eric YVARD m'a été recommandée par Barbara TOUSSAINT. Basé dans le Perche (il est maire-adjoint de Bellême), cet ancien élève de la mère de François FILLON, qui l'a formé à l'étude d'archives, a déjà eu l'occasion de travailler sur quelques vieilles familles du Domfrontais, dont celle de Jacques COUPPEL du LUDE qui était apparentée aux LEDIN.
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Lundi 2 Octobre 2017
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales
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Aujourd'hui, 2 octobre 2017, j'ai 65 ans trois quarts et, en vertu des textes qui régissent le statut général de la fonction publique, c'est le premier jour de ma retraite.

Il n'y aura ni pot de départ, ni discours. A quoi bon, d'ailleurs ?

Tout ce que j'ai su du scandale d'Etat qu'a constitué le prétendu sauvetage du "Comptoir des entrepreneurs" est désormais à la disposition des historiens. Je garde intact, comme au premier jour, mon mépris le plus profond pour quelques-uns des principaux acteurs de cette débâcle financière et morale.
Une paroisse sous la Révolution (3)

S'il est bien un sujet qui fâche au temps de la Révolution, c'est celui de la religion ! La municipalité d'Aucun n'y échappe pas et ses relations avec les gens d'église varient au rythme de décisions prises pourtant à des centaines de lieues du bourg pyrénéen.

Eglise d'Aucun - Collection personnelle

Le registre des actes communaux en est le reflet. Sur les 235 items que comprend la période qui s'étend de janvier 1790 à juin 1805, une cinquantaine traite des affaires religieuses.

La constitution civile du clergé

Elle oblige les prêtres à prêter serment à la nation, à la loi et au roi, ce qui ne semble pas, dans un premier temps, présenter de difficulté particulière à Aucun : Pierre Montauban, archiprêtre et curé de la paroisse Saint-Félix, et Jean Lassalle Bazaillac, son vicaire, s'y prêtent volontiers.

Le 20 janvier 1791, ils se présentent au greffe de la municipalité pour déclarer leur intention de se conformer au décret, et le dimanche 23 janvier, à l'issue de la messe, c'est chose faite. Ils ne sont manifestement pas réfractaires dans l'âme. Pierre Montauban renouvellera d'ailleurs ce serment, dont la formulation varie au fil du temps, en septembre 1792, en juin et novembre 1795, enfin en octobre 1797.

Le 1er janvier 1793, le même Pierre Montauban remet sans difficulté aux instances civiles les volumes des registres paroissiaux qu'il conservait au presbytère, et ce d'autant plus volontiers qu'il vient d'être nommé officier public, chargé de la tenue de l'état civil.

La période de la Terreur

Sur le plan religieux, elle se traduit notamment par la fermeture des églises et par l'interdiction faite aux prêtres d'occuper tout poste public. Les choses se gâtent donc pour les paroissiens d'Aucun.

L'occasion rêvée pour Jean Massot, agent national déjà évoqué dans un précédent billet(1), de manifester sa pugnacité révolutionnaire. Le 9 avril 1794, d'une plume acérée, il demande la démission des prêtres, le démontage de la cloche de l'église, la démolition du clocher, l'inventaire du linge et de l'argenterie et leur livraison au district d'Argelès(2). Rien que cela !

Trois jours plus tard, plusieurs prêtres, dont Pierre Montauban curé du lieu, se présentent sur convocation devant le conseil et demandent des délais de deux à cinq semaines pour se déterminer ou pour présenter leurs lettres de prêtrise(3). Peut-être espèrent-ils que l'affaire va se tasser s'ils font profil bas ?

Ce n'est pas très clair, mais il semble bien que, à nouveau convoqués le 2 août suivant, six d'entre eux obtiennent du maire une sorte de certificat de bonne conduite républicaine. Tous affirment s'être retirés dans la commune et ne pas avoir de succession (sous-entendu dans leurs fonctions de ministres du culte ?). Deux d'entre eux, qualifiés d'abdicataires, réclament même "l'indemnité fixée par le décret relatif aux secours", car ils sont sans ressource. De Pierre Montauban, il n'est alors pas question.

Un autre document m'intrigue. Il s'agit d'un texte signé de deux membres du comité révolutionnaire d'Argelès, nommés commissaires "pour se transporter dans les différentes communes du canton d'Aucun à l'effet de prendre des renseignements eu égard à des rassemblements de ci devant prêtres".

Les deux commissaires se nomment Pambrun et… Fourcade ! J'ai un peu de mal à reconnaître la signature, mais il n'est pas impossible qu'il s'agisse de mon ancêtre Alexis Fourcade. Leur souci du moment : le respect des fêtes nationales et décadaires, en lieu et place du dimanche, et l'interdiction de l'usage des cloches.

Le rétablissement de la liberté de culte

En février 1795, quelques jours à peine après les accords de La Jaunaye(4), la Convention signe un décret proclamant la liberté des cultes et la séparation de l'Eglise et de l'Etat.

L'ambiance a également changé à Aucun. Le dimanche 24 mai 1795, jour de la Pentecôte, alertés par le tumulte, le maire et ses collègues se rendent devant l'église : "nous y avons trouvé le peuple assemblé, la porte de l'église ouverte, faisant un tintamarre affreux et particulièrement contre la municipalité" ! Il a beau les exhorter, rien n'y fait, les femmes sont les plus virulentes et s'en vont chercher le curé.

Jean Berot, maire, Alexis Fourcade, Pierre Lacabane, officiers municipaux et Jean Prat, procureur, précisent bien que "ils ont cédé à la force et se sont privés d'entendre la messe dans l'église afin de ne pas être rebelles aux lois" !

À plusieurs reprises, la municipalité rappellera encore l'interdiction des cloches (qui n'ont donc pas été démontées, de même que le clocher n'a pas été mis à bas), mais dès janvier 1797 des sacristains(5) et des marguilliers(6) seront nommés et renouvelés chaque année à pareille époque.

Néanmoins, d'autres difficultés se profilent à l'horizon. J'y reviendrai la semaine prochaine.

(1) Voir le billet intitulé Une paroisse sous la Révolution (2), publié le 25 septembre 2017.

(2) Il s'agit bien entendu d'Argelès-Gazost, à quelques kilomètres d'Aucun.

(3) Documents délivrés par l'autorité ecclésiastique, attestant de la qualité de prêtre de celui à qui elles sont accordées. Les remettre à une autorité civile, c'était donc renoncer à exercer un quelconque sacerdoce.

(4) Traité accordant l'amnistie aux Vendéens et leur reconnaissant la liberté de culte.

N.D.L.R. : Là, tu en as dit trop ou pas assez. On attend la suite de ta passionnante enquête.
Je viens de lire, coup sur coup, deux ouvrages fort intéressants, au moins pour les gens de ma génération (ceux que l'on appelle parfois les "baby-boomers").

Il s'agit de :
- "Philippe Seguin, le remords de la droite", chez PERRIN, par Arnaud TEYSSIER, un auteur qui m'a parfois agacé mais qui, il faut bien le reconnaître, a su mener, en parallèle à l'existence où je l'ai connu, une carrière d'auteur ;
- "Georges Pompidou - Lettres, notes et portraits / 1928-1974", chez Robert Laffont.

Ces deux ouvrages nous parlent de l'époque où j'avais l'impression que les dirigeants de notre pays jouissaient d'un large respect dans la population, une époque où les institutions n'avaient pas été encore abatardies par de troubles cohabitations puis l'instauration hasardeuse du quinquennat, avant la remontée en puissance du régime des partis jusqu'à l'implosion brutale qu'a représenté l'élection, sous l'influence décisive d'une médiacratie aux mains des ploutocrates, d'un OVNI se prétendant "ni de droite, ni de gauche" ou "et de droite, et de gauche" (ou les deux "en même temps", je ne sais plus), bref une époque où j'avais le sentiment de pouvoir, muni d'une grille simple, comprendre quelque chose à la politique.

Au demeurant, n'était-ce pas l'époque où "servir l'Etat" pouvait encore avoir un peu de sens, du moins pour les bons élèves habitués à franchir sans encombre les étapes du "cursus honorum" ?

Certes, les temps ont bien changé, entre boboïsation des mœurs, immigration de masse ou mondialisation de l'économie. A ces titres également, je regrette ce passé qui s'éloigne à grandes enjambées.

Philippe SEGUIN n'a jamais été vraiment ma tasse de thé car je n'ai guère perçu, pour ma part, que les impuissances et désarrois successifs du personnage. En particulier, sa préface des travaux de la commission d'enquête parlementaire sur le naufrage du "Crédit Lyonnais" m'avait outré, en ce qu'elle empêchait un travail, à mes yeux indispensable, de recherche des responsabilités de ce désastre, financier et moral, analogue à celui que je devais côtoyer et qui m'a tant marqué. Mais je me retrouvais dans son indépendance d'esprit et dans ses efforts pour dégager les lignes de force de quelques évolutions de fond dangereuses qu'il pressentait.

POMPIDOU, j'avais estimé que sa présidence inachevée avait un goût de déconnexion d'avec ce que j'aurais souhaité, qu'il s'agisse de la période du cabri CHABAN ou bien de celle du décurion MESSMER. Mais quelle culture et quel positionnement remarquables, proches de l'optimum d'après moi ! Pensez donc, un homme d'Etat qui rêvait encore, à haute voix, d'empêcher l'administraaaâââtion d'"emmerder les Français" !

Curieusement, j'ai reçu mardi dernier un long coup de fil de Jean-Yves HABERER qui, ayant remarqué mon article récent sur les nuisances éoliennes et les procédures y afférentes, venait papoter à ce sujet avec moi. En lui parlant, je lui ai envoyé à deux reprises du "Monsieur le directeur" long comme le bras. Arriverais-je donc à avoir une relation apaisée avec un certain passé, ainsi que Carole ne manque pas de m'y encourager souvent (elle l'a encore fait dernièrement, bien entendu) ?
Sortons des sentiers battus

Ces temps-ci, mon imagination me conduit à Aucun, bourg rural des Hautes-Pyrénées, cela ne vous aura pas échappé.

J'ai déjà évoqué à plusieurs reprises les sujets qui ont agité cette paroisse du val d'Azun durant la Révolution et je vais continuer dans les semaines qui viennent ; je n'ai pas encore épuisé le sujet. Mais il est peut-être temps de vous expliquer cet intérêt soudain. Le généathème proposé par Sophie Boudarel pour le mois d'octobre, "À la découverte de nouvelles sources", m'en donne l'occasion.

Paysage pyrénéen, collection personnelle.

Mais tout d'abord une remarque. Je suis parfois surprise par la façon dont mes interlocuteurs voient la généalogie : trois dates piochées dans les registres d'état civil, la photographie d'une tombe, un contrat de mariage… rien de plus ! Vision un peu simpliste, non ? Il suffit pourtant de faire un tour sur les sites des archives départementales pour découvrir la variété des sources mises à notre disposition. Sites qui ne cessent de s'enrichir au fil des mois.

Prenons les Hautes-Pyrénées. J'ai longtemps pesté contre ce département qui avait le double tort d'être trop éloigné de mon camp de base et de tarder à mettre en ligne les documents susceptibles de m'intéresser. Eh bien, cela valait vraiment le coup de patienter !

De multiples possibilités d'accès

Le site propose cinq options pour accéder aux fonds numérisés :

- L'accès par type de documents, le plus austère (une simple liste par ordre alphabétique),

- L'accès géographique, celui que j'utilise le plus, passant par la liste des communes,

- L'accès cartographique, là il suffit de cliquer sur la carte,

- L'accès thématique, joliment illustré, avec cinq pistes à explorer au gré de son humeur (1-Naître, vivre et mourir, 2-Participer, délibérer et décider, 3-Représenter, 4-Glaner, 5-Servir au culte),

- Enfin une recherche par mots-clefs.

Un inventaire par commune

Si je clique sur Aucun, j'ouvre une page qui me fournit quelques informations sur le lieu (altitude, superficie, population, origine du nom, etc.) et m'indique toutes les ressources disponibles en ligne.

Et là, j'ai l'embarras du choix : douze, je dis bien douze possibilités ! Les grands classiques, bien sûr, registres paroissiaux, état civil, tables décennales, listes de recensement. Avec leur lot de frustrations, ne rêvons pas (années manquantes, séries incomplètes).

Mais à côté de ces incontournables de la recherche généalogique, le site recèle d'autres trésors. Par exemple, le cahier de doléances rédigé en mars 1789 : juste quatre feuillets, certes, mais avec la liste des chefs de famille et leurs préoccupations du moment.

Ou ce procès-verbal d'une visite pastorale effectuée en 1781 : on y suit pas à pas le vicaire général de l'évêque de Tarbes passant en revue les bâtiments de l'église et du presbytère, les vases sacrés, les vêtements sacerdotaux, le mobilier, les registres, les ressources financières de la cure. Il fourmille de détails. À portée de clic également, l'inventaire des biens de la fabrique, réalisé en 1906, après le vote de la loi sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat en décembre 1905.

Vous voulez en apprendre davantage sur le patrimoine des familles ? Voici le livre terrier de la communauté d'Aucun, rédigé en juillet 1761 par Jean Math, arpenteur royal, à des fins éminemment fiscales. Deux cent dix pages à consulter, à condition toutefois d'avoir bien assimilé les implications complexes entre maison et famille en pays bigourdan.

D'un accès plus aisé, la monographie communale, rédigée en 1887. L'instituteur y décrit par le menu le village, son climat, ses habitants et leur mode de vie, dans un style qui ne manque pas de sel. Je retiendrai cette phrase : "Les habitants d'Aucun, au teint rembruni, comme ceux de toute la vallée, ont des airs d'hidalgos" ! L'Espagne est juste de l'autre côté de la montagne…

Jusqu'ici, j'ai surtout exploité les registres de délibérations du conseil municipal. Plus exactement les 81 feuillets qui couvrent la période comprise en janvier 1790 et juin 1805. Et je n'ai pas été déçue, collectant au passage des informations sur Alexis Fourcade, l'un de ses frères, l'une de ses sœurs, plusieurs de ses enfants…


Donc oui, je ne puis que vous inciter à partir à la découverte de nouvelles sources. Vous y trouverez largement de quoi enrichir votre généalogie.

N.D.L.R. : Je t'admire d'arriver à lire la "monographie communale". J'ai beau écarquiller les yeux, imposs pour moi !

N.D.L.R. 2 : Si, j'y suis arrivé, il faut bidouiller un curseur en forme de loupe.

N.D.L.R. 3 : Je te signale qu'en bas de la page 8 de ce document, il est question d'un "hameau Prats-Dors" de 30 âmes. Ne s'agirait-il pas de nos ancêtres ?
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Le curé qui cherchait la clef

Après l'agitation de la décennie précédente, le bourg d'Aucun semble maintenant renouer avec une vie plus paisible. Le Concordat de 1801, signé par Joseph Bonaparte et ratifié par le Pape, a pacifié les relations entre l'Eglise et l'Etat, en apparence tout au moins.

En novembre 1803, l'une des premières tâches du nouveau maire, Joseph Nadalle(1), consiste à évaluer les dépenses nécessaires à l'exercice du culte : rachat du presbytère, réparations diverses dans l'église et dans la maison du curé, achat de mobilier, location d'un logement pour le vicaire de Labat. Le tout est estimé à 636 francs pour l'église Saint-Félix et à 120 francs pour l'église du quartier de Labat, éloignée du centre du bourg.

La prise de possession de l'église

Le dimanche 29 janvier 1804, c'est donc l'installation du nouveau curé, désigné, semble-t-il, par l'évêque de Bayonne. François Serez prend officiellement possession de sa paroisse et la cérémonie se déroule avec une certaine solennité.

Eglise d'Aucun, collection personnelle.

Après la lecture "à haute et intelligible voix de son institution canonique" et la prestation de serment de fidélité au gouvernement prévue par le Concordat, François Serez est conduit dans le chœur. Il s'incline devant l'autel et devant les Evangiles, ouvre le tabernacle et bénit les paroissiens assemblés avec le ciboire(2).

Il est ensuite conduit aux fonts baptismaux, de là au confessionnal où il s'assoit un instant, puis vers la cloche qu'il fait "tinter", enfin vers la chaire où il s'assied pour parler au peuple.

Outre le paraphe du nouveau curé, le procès-verbal est signé par Bernard Prat, le prêtre qui l'a assisté, le maire Joseph Nadalle, ainsi que plusieurs notables dont les noms sont régulièrement apparus dans les actes municipaux de la décennie écoulée. Parmi eux, je reconnais la signature de mon ancêtre Alexis Fourcade.

L'affaire des confessions

Mais des tensions ne tardent pas à apparaître dans le bourg d'Aucun. Dès la mi-mars 1804, soit un mois et demi à peine après son installation, le nouveau curé est convoqué devant le maire et son conseil.

De quoi s'agit-il ? Il sème le trouble et l'inquiétude parmi ses paroissiens en leur affirmant que les confessions des douze dernières années sont à refaire ! Et pourquoi donc ? Eh bien, parce qu'elles ont été entendues par des prêtres jureurs et que, ces derniers ayant été condamnés par le pape, le sacrement de pénitence dispensé par eux n'est pas valable…

François Serez campe sur ses positions. Devant son opiniâtreté, le maire décide d'adresser une pétition à qui de droit.

Un jeu de cache-cache

L'affaire dégénère bientôt. Le 8 avril suivant, jour de Quasimodo(3), pas de curé à la messe dominicale de 10 heures, et pas davantage de prêtre pour célébrer les vêpres ! Même constat, le dimanche suivant 15 avril.

Le 10 mai, jeudi de l'Ascension, c'est au tour du curé de se plaindre. Il se rend chez le sieur Casajoux, adjoint du maire : impossible de mettre la main sur la clef qui ouvre la porte de l'église ! L'adjoint ne l'a pas et le sacristain non plus. Mais ce dernier précise que le maire est passé la retirer la veille…

Bref, c'est la guerre entre le maire et le curé. Cela ne vous rappelle rien ?

Le registre des actes communaux reste muet sur la fin de cette querelle, mais je ne puis m'empêcher d'imaginer les allées et venues d'un homme en noir, martelant le chemin entre l'église et la mairie d'un pas vindicatif, sa soutane virevoltant de part et d'autre de sa personne…


(1) En vertu de la Constitution de l'an VIII (13 décembre 1899), les maires et autres fonctionnaires publics sont choisis par l'Etat ou son représentant, le préfet, sur une liste de confiance résultant du vote des citoyens.

(2) Vase muni d'un couvercle, dans lequel sont placées les hosties consacrées.

(3) Il s'agit du premier dimanche après Pâques.
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Jeudi 19 Octobre 2017
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Généalogie et sagas familiales
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Je viens d'échanger une série de S.M.S. avec l'archiviste que j'ai mandaté pour essayer d'éclairer certaines zones d'ombre de l'histoire de notre manoir favori.

Apparemment, il a trouvé des détails que j'ignorais sur l'évolution de la propriété au début du XIXème siècle.

Je mettrai en ligne ces informations dès que j'en disposerai. Peut-être cela permettra-t-il à des tiers d'intervenir pour corriger, le cas échéant, des conclusions qui leur paraitraient trop hâtives. C'est en tout cas ce que je me dis, persuadé qu'une fois de plus, notre site favori peut jouer un rôle précieux en la matière.

P.S. : Je suppose que, face à un personnel administraaaâââtif qui est peut-être aussi convaincu que moi de l'absurdité de sa tâche et de ses méthodes, d'aucuns trouveront le style de mes imprécations excessivement virulent. Ou même mon attitude contre-productive. Affaire de goût. Moi, comme l'on sait, j'en ai ma claque de l'envahissement bureaucratique que l'on constate trop souvent dans ce pays et j'essaye, à ma façon et à mon échelle, d'y mettre le hola car cela me semble nécessaire même si, à vrai dire et vue de ma fenêtre, la tâche paraît impossible.

Au demeurant, il est de fait qu'on m'a souvent attribué un "sens aigu de la justice" (que l'on peut discuter ou dont on peut certes contester les points auxquels il s'attache), ainsi que le faisait remarquer en salle des profs un collègue de ma mère dont le fils était mon condisciple en classe de 4ème, je crois. A l'âge de 12 ans donc, j'avais en effet protesté publiquement contre le fait que le conseil de classe laisse passer ce garçon en classe supérieure, alors qu'avait été recalé un autre de nos camarades qui me paraissait plus méritant.

Avec tout cela, il est clair que je m'étais fourvoyé en tentant une carrière dans cette foutue administraaaâââtion que nous savons. Mais ceci est une autre histoire, dont je débite quelques tranches ici à l'occasion.
Le château de Gudanes était en vente lorsque j'ai acheté la Chaslerie. L'n des propriétaires précédents avait été surnommé le "roi des Pyrénées", ce qui ne m'effarouchait nullement. Beaucoup d'allure mais aussi beaucoup trop de verrues ingérables sur l'arrière du bâtiment. Et, bien sûr, c'était trop loin de Paris. J'observe cependant sa restauration sur internet. Voici, par exemple, un décor de plafond qui ne déparerait pas dans la salle-à-manger de notre manoir favori :

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L'affaire de l'arbre de la liberté

Le 6 mars 1794, pardon, "le 16 ventôse l'an 2e de la République française une et indivisible", sur les neuf heures du soir, c'est l'effervescence dans le bourg d'Aucun : un malfaisant a abattu l'arbre de la liberté !

Les faits

Pierre Pujos, Mathieu Garcie et Jean Massot se rendent sur les lieux du méfait. L'arbre, planté à proximité de la maison commune, a été scié à trois pans au-dessus du sol (environ 65 centimètres) et s'est cassé en deux dans sa chute.

Le maire, l'officier municipal et l'agent national font le tour du bourg à la recherche du ou des coupables, sans grand succès (il doit faire nuit noire à cette heure tardive), et décident de mettre les morceaux de l'arbre à l'abri, avant de rédiger un procès-verbal. Ils ne veulent surtout pas être accusés à tort.

Une semaine plus tard, le 13 mars, le comité de surveillance d'Argelès (aujourd'hui Argelès-Gazost) pointe deux noms : François Bergant et Jean Labernèze sont en fuite, c'est bien la preuve qu'ils sont coupables ! Deux gendarmes sont dépêchés pour les arrêter, mais ils ont beau faire le tour des maisons et visiter les granges… ils font chou blanc.

L'agent national Jean Massot s'impatiente. Flairant la menace, André Cazajous, qui fut le premier maire élu d'Aucun en janvier 1790 et dont l'épouse est une certaine Jeanne Bergant, se présente à la maison commune le 26 mars à midi : il n'a pas vu François Bergant, "cadet de la maison", depuis le 3 mars dernier. Il ne lui a pas parlé depuis lors et il ignore où il se cache.

Il déclare en outre que "tous les citoyens de la commune d'Aucun sont instruits savamment qu'il n'a jamais été son supérieur" et "il demande que la présente déclaration soit couchée sur le registre en cas de besoin". En ces temps troublés, il importe de se méfier des dénonciations, elles pourraient rapidement avoir des conséquences plus que fâcheuses…

On fait bientôt donner la garde nationale. Le 29 mars, à huit heures du soir, instruits par la rumeur, une dizaine d'hommes se rendent de l'autre côté du gave d'Azun, au hameau de Terre Nère, à la recherche de Jean Labernèze. Ils perquisitionnent les maisons Labernèze, Lacabane, Rousse, Bouic, "fouillent dans tous les coins de leurs bâtiments", en vain.

Deux jours plus tard, ils se transportent dans la section de Labat, à la recherche de François Bergant. Cette fois, les perquisitions s'effectuent chez Peinougué, Carrieu, Lacontre, Artigalets. Sans plus de succès.

Mais bientôt, la municipalité a d'autres sujets de préoccupation, nomination des instituteurs, question religieuse, réquisitions diverses, et il n'est plus question de l'affaire dans le registre des actes communaux. Peut-être faudrait-il consulter les archives du comité de surveillance d'Argelès pour connaître le mot de la fin, c'est malheureusement un peu loin de mon camp de base.

Les protagonistes

J'ai néanmoins tenté d'en apprendre davantage sur les deux suspects. En l'absence de registres d'état civil numérisés pour la période comprise entre 1790 et fin 1802, j'ai consulté les sites de Geneanet et de Filae.

J'ai facilement identifié Jean Labernèze. Je savais déjà qu'il était charpentier (c'est peut-être lui qui a manié la scie ?). Je découvre qu'il a vingt-six ans au moment des faits et qu'il s'est marié l'année précédente. Le voilà donc en cavale.

J'ai plus de difficultés avec François Bergant qui ne semble pas avoir intéressé beaucoup de généalogistes jusqu'à présent. Peut-être s'agit-il d'un beau-frère d'André Cazajous, puisqu'il semble plus ou moins attaché à sa maison, mais je ne puis rien affirmer.

Rappel historique

Les arbres de la liberté, le plus souvent des chênes ou des peupliers, ont repris la coutume plus ancienne des arbres de mai, destinés à fêter l'arrivée du printemps.

Plantation d'un arbre de la liberté à Paris - Source Gallica.bnf.fr

Le premier aurait été planté en mai 1790 par le curé de Saint-Gaudent, dans le département de la Vienne, qui lança ainsi une mode. En 1792, on en comptait plus de 60 000 dans tout le pays, ornés de rubans ou de cocardes tricolores et parfois coiffés d'un bonnet phrygien.


Symbole républicain qui fut souvent déraciné durant la Restauration, s'il n'avait pas dépéri auparavant… mais savez-vous qu'il subsiste toujours à l'avers des pièces françaises de un et de deux euros ?
Cartes postales et photos anciennes
rédigé le Samedi 11 Novembre 2017
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales - Références culturelles
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Que de temps passé à rêver devant ce catalogue ...

N.D.L.R. : Je confirme ! Et, en plus, je reconnais le scooter que m'avait offert Julietotte !

Et peut-être aussi la "bicyclette garçonnet" et l'"automobile forme sport". Il faudrait le vérifier sur les albums photos de mon père.

N.D.L.R. 2 (du 13 novembre 2017) : Je viens de retrouver dans mes archives cette photo, prise en 1954 à Sousse (mais pas celle du scooter) :

J'avais donc pratiquement le même âge et les mêmes bonnes joues que ma petite-fille aujourd'hui et c'était bien (aux phares et au klaxon près, apparemment) l'"automobile forme sport" du fameux catalogue.
Puisque je m'étais aperçu que ce "cousin éloigné de Carole" est commissaire-priseur, je lui ai montré des photos de meubles ou de tableaux dont j'ai connaissance, issus d'héritages BABOIN-SAUZET, en espérant le faire réagir à leur sujet d'intérêt commun et je n'ai pas été déçu.

S'agissant du grand bureau à cylindre qui fut la propriété du "grand-oncle Paul" et sur lequel la restauration par Sébastien LEBOISNE n'a pas permis de découvrir d'estampille...

... mon correspondant m'a ainsi écrit : "Le bureau de l’oncle Paul est absolument superbe : je pense que c’est un travail de Jean-Joseph Chapuis , un très grand ébéniste de l’Empire originaire de Bruxelles. L’abondance des têtes est très typique. Ce n’est que mon idée, mais il faut assurément chercher dans cette direction. Peut être en savez vous d’ailleurs plus ?".
Non, je n'en sais pas plus mais je retiens l'idée.

S'agissant de quatre fauteuils estampillés H. Amand...

... dont les peintures ont été restaurées par Jean-Jacques ROUCHERAY (propriétaire du château de Pont-Rilly dans la Manche) et les tapisseries par les ateliers malgaches de la maison CHEVALIER, maison selon laquelle les thèmes de ces tapisseries seraient respectivement "le mage ou le diseur de bonne aventure"...

... "le repas d'été"...

... "Méléagre offrant la hure du sanglier"...

... et "Vertumne et Pomone"...

... mon correspondant m'a confié que "ce sont de très jolis sièges. Tout à fait dans l’esprit des choses que nous possédons dans la famille et dont on dit qu'elles proviennent des Baboin au XVIIIe siècle (dont une commode au musée des arts décoratifs de Lyon, quelques sièges garnis de tapisserie par Nogaret et des tapisseries d’Aubusson) - le tout éparpillé ici et là dans la famille. Les tapisseries qui les recouvrent sont très jolies et de belle qualité."
Je me borne à ajouter que, de mon point de vue de pièce rapportée (comme mon beau-père savait me le rappeler), il est regrettable que les deux fauteuils et le canapé de la même série qui manquent à l'appel aient très probablement achevé leurs carrières chez de proches parents de Carole que je n'ai pas réussi à identifier précisément mais qui, à l'évidence, n'ont pas su en prendre soin.

Mon correspondant, qui me donne l'impression d'être habitué à surfer sur la toile (il m'a écrit que c'est comme cela qu'il avait découvert notre site favori donc eu l'envie de me contacter) m'a par ailleurs signalé ce lien qu'il a découvert et qui l'a beaucoup intrigué, à propos d'une montre Bréguet commandée en 1799 pour un Monsieur Baboin, aujourd’hui dans la collection du British Museum. Il précise qu'il s'agit probablement de Florent ou de l’un de ses frères Romain et Benjamin alors en Autriche et rappelle que Guillaume Sauzet avait épousé leur sœur Appolonie, ancêtre directe de Carole.