Généalogie et sagas familiales

Les hasards de la navigation sur la toile me font remettre la main sur une photothèque conservée en ligne (sur Flickr) et que j'avais complètement oubliée. J'en extrais les photos suivantes, présentées ici par ordre chronologique et qui montrent quelle tête nous avions il y a dix ans et en quoi consistait alors notre chantier favori :

Juillet 2006, avec Ayodele BALOGUN, Charlie WALKER et Scott SUNDERMAN, camarades de London Business School.

Je venais de virer un couvreur insuffisamment compétent et, sur le logis, il restait la poivrière Nord-Est et le versant Nord à restaurer. L'emplacement de la lucarne avait été réservé. le muret de terrasse et la mur de la chapelle au manoir n'avaient pas encore commencé à être restaurés. A la charretterie, le chantier était suspendu depuis la défaillance d'un maçon local.

3 août 2006.

3 août 2006.

Anniversaire de Thibaud.

10 septembre 2006.

Le rejointoiement de la tour Louis XIII était en cours.

16 septembre 2006.

16 septembre 2006.

14 novembre 2006, à Cancale.

14 novembre 2006, au 2ème étage du colombier.

Restauration de trous de boulin dans le colombier.

20 novembre 2006.

Claude MARTIN au travail sur la tour Louis XIII.

20 décembre 2006.

25 décembre 2006.

25 décembre 2006.

Dans une des chambrettes du bâtiment Nord (il y en avait trois à l'époque).
J'ai passé l'essentiel des trois dernières nuits à lire "Journal d'un sauvetage" de Jean PEYRELEVADE, chez Albin MICHEL où sont relatées les négociations de mise en place du "sauvetage" d'une banque néanmoins disparue, le Crédit Lyonnais.

Certes, je ne me suis jamais senti beaucoup d'affinités avec cet individu que j'ai croisé de loin en loin et dont l'aussi immense que manifeste contentement de soi et la peau de saurien desquamé m'ont toujours rebuté. En outre, qu'aurait été le carrière de cet auteur de "La mort du dollar" (avec Jacques KOSCUSKO-MORIZET, aux Editions du Seuil en 1974) sans ses exceptionnels talents de courtisan, sans le giron du Crédit Lyonnais et de ses si chers "frangins", ou sans l'arrivée au pouvoir de ses amis politiques - du moins ceux de l'époque - en 1981 ?

Mais la publicité faite autour de son dernier ouvrage m'avait attiré car je me disais que serait peut-être levé un coin du voile sur des choix aberrants dont j'avais eu à subir personnellement les conséquences lors de ma dernière expérience professionnelle, la présidence de structures de défaisance de la merde considérable anciennement connue sous le nom de Comptoir des entrepreneurs (3 milliards d'euros de pertes que les contribuables ont dû couvrir alors qu'elles résultaient des carences d'un certain ensemble, dont nombre des 2 000 salariés de cet organisme dirigé par des amis des pouvoirs successifs).

Première observation : Jean PEYRELEVADE a choisi de présenter son expérience sous forme chronologique. Or, lorsque j'ai écrit pour témoigner de ma propre expérience, j'ai choisi la même méthode. Quelle autre méthode adopter en effet lorsque le réquisitoire qu'on finit par dresser est si lourd, lorsque les découvertes sur lesquelles on le fonde sont intervenues si progressivement, lorsque l'expérience qu'on a vécue comme un calvaire a mobilisé une part aussi importante de notre influx nerveux et de nos sentiments, lorsqu'au final on ne retient que le constat d'un énorme gâchis personnel et la conviction de la faillite morale du système dans lequel on avait été élevé et auquel on avait eu la naïveté de croire si longtemps ?

En fin de son livre, vingt ans après avoir traversé les événements qu'il relate, Jean PEYRELEVADE exprime tout le mépris qu'il éprouve pour "les grands mandarins de Bercy". Son livre se termine par la phrase suivante : "Je n'ai, à l'égard des auteurs de cette mauvaise action, qu'une pensée : que le diable les emporte !"

Dix-huit ans après les révocations dont j'ai été l'objet, j'éprouve à l'égard de la même caste, toujours responsable (ou du moins toujours aux premières places, ce qui devrait revenir au même) mais jamais coupable (pour reprendre la si charmante formule), un mépris au moins aussi profond. Et le temps qui passe n'y change rien.

Jean PEYRELEVADE a choisi de rendre publiques ses observations et ses conclusions. A ce jour, l'ouvrage que j'ai commis n'a dû avoir que les trois lecteurs potentiels auxquels je l'ai transmis à l'époque, à savoir le ministre des finances (Laurent FABIUS), le premier président de la Cour des comptes (Pierre JOXE) et le gouverneur de la Banque de France (Jean-Claude TRICHET).

Aucun de ces destinataires n'a jamais accusé réception de ces envois. Quelque temps après ceux-ci, la Cour des comptes a publié un rapport sur la crise immobilière des années en question et j'ai constaté qu'elle avait choisi de détourner son regard de ce que j'avais signalé. D'où mon mépris étendu à cette institution censée vérifier le bon usage des deniers publics.

P.S. (quelques heures après la mise en ligne de ce message) : Carole vient de me téléphoner pour me prier de retirer ce message de notre site favori. Pourquoi le ferais-je ? Comme chaque jour depuis dix-huit ans, je suis prêt à défendre pied et pied chacune de mes affirmations. Elles sont au demeurant en-deçà de ce que je pense et que je peux prouver.

P.S. 2 (du 12 avril 2016) : Message castré sur insistance de Carole. Comme d'hab. Je choisis d'avoir la paix au téléphone, entre autres.

P.S. 3 (du 4 juillet 2016) : Après tout, qu'Anastasie et les autres sachent que j'en ai marre de faire semblant d'être castré par une bien-pensance étouffante. Je remets ce message en ligne puisqu'il correspond tout à fait à ma pensée.
Les filles de Charlemagne

Elles en avaient, des jolis noms, les filles de Charlemagne ! Alpaïs, Berthe, Gisèle, Hildegarde, Chrotais, Théodrade, Hiltrude, Rothilde, Adeltrude… Et sa mère : Bertrade, dite Berthe au grand pied. Et ses soeurs : Rothaïde, Isbergues (Isbergues !… N’était-ce pas rafraîchissant ?) Quand je pense à tous ces jeunes parents modernes qui se creusent la cervelle pour donner des prénoms originaux à leurs enfants… Une vraie mine, ces caroligiens. Ça pourrait bien m’inspirer une chanson.

N.D.L.R. : On en connaît une autre...

Les Hautes-Pyrénées, enfin !

Si vous suivez l'actualité sur le site de la Revue française de Généalogie, vous savez, grâce à Guillaume de Morant, que les archives des Hautes-Pyrénées sont enfin en ligne.

Bon, ne nous réjouissons pas trop vite : à ce jour la nouveauté, ce sont les registres paroissiaux (collection du greffe) et ils sont parfois incomplets. Pour les tables décennales et l'état civil, il faudra encore patienter quelques semaines, voire quelques mois… Il n'empêche, la nouvelle est d'importance.

Le site propose cinq chemins d'accès qui permettent de mesurer la richesse des documents déjà disponibles :
- par type de document (seize entrées proposées),
- géographique (trois entrées : liste des communes, structures intercommunales, structures départementales)
- cartographique (carte du département, avec accès aux communes en un clic),
- thématique (cinq entrées : Naître, vivre et mourir ; Participer, délibérer et décider ; Représenter ; Glaner ; Servir au culte)
- par mots-clés (actuellement dans trois bases : les terriers, les registres matricules et les listes nominatives de recensement).

De quoi satisfaire ma curiosité. Prenons l'exemple d'Aucun. La page d'accueil comporte une notice extraite du dictionnaire toponymique des Hautes-Pyrénées, qui fournit quelques informations sur l'altitude, la superficie, la population et l'origine du nom de la commune.

Les Pyrénées à Aucun - Collection personnelle

Sur la partie droite de l'écran, figure la liste déjà longue des ressources disponibles :
- le cahier de doléances de 1789,
- l'inventaire des biens de l'église effectué en 1906,
- les listes de recensement de 1872 et 1876,
- la monographie rédigée par l'instituteur en 1887,
- le plan cadastral de 1834,
- le procès-verbal de délimitation de la commune de 1831,
- le procès-verbal de la visite pastorale de 1781,
- divers registres de délibérations de 1681 à 1980,
- les registres paroissiaux de 1737 à 1789 (un peu court, hélas, d'autant que la séquence chronologique comporte des lacunes),
- le livre terrier de 1761 (210 vues, une mine d'informations).

Enfin, en bas de page, un accès au répertoire des archives déposées nous donne un aperçu des richesses disponibles en salle, histoire de nous mettre l'eau à la bouche.

L'attente a été longue, mais ce premier aperçu est prometteur.

N.D.L.R. : Enfin ! Au boulot, ma cousine, et bon courage ! Je me plonge dans la monographie de l'instit, hussard noir de la République et qui connaissait le grec...

"Les habitants d'Aucun, au teint rembruni, comme ceux de toute la vallée, ont des airs d'hidalgos ; ce n'est presque plus la mine française, d'après Paul Perret. Ils ont une imagination assez vive mais surtout un jugement sûr. (...) J'aurais dû peut-être le taire ; mais comme je dois toute la vérité historique et que je n'agis point par dénigrement ; que, quoique étranger, je m'intéresse bien vivement, au contraire, à la population d'Aucun, à son bien et à son perfectionnement moral, je ne me rétracterai pas et je blâmerai bien fort cette habitude qu'ont encore certains paysans de manger tous en commun dans une même soupière ou dans une marmite avec leurs cuillers de bois qu'ils se fabriquent eux-mêmes. Il y a bien évidemment une économie d'assiettes et économie de temps pour la ménagère ; mais cette double considération n'est pas admissible. Les ouvriers de la maison, charpentier, maçon, tailleur, etc, prennent également place à ce rondeau de famille, ce qui est encore moins excusable." (Voir la suite vers la page 18.) Plus loin : "Les femmes sont très assidues au banquet sacré ; beaucoup vont à la messe tous les matins, mais on remarque que ce ne sont pas toujours les plus douces dans la famille ni les plus charitables envers le prochain. Il y a sans doute alors chez elle un petit grain de bigotisme." La suite est du même tonneau...

Sur le cahier de doléances de 1789, parmi les premiers cités et les premiers signataires, Alexis Fourcade...

Jean-Pierre ARBON
rédigé le Samedi 4 Juin 2016
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Les coups de pied aux crues du zouave

Depuis que l’eau de la Seine monte, on ne parle plus que du zouave du pont de l’Alma. A-t-il les pieds dans l’eau ? La crue est bénine. Les genoux ? Ça se corse. La poitrine ? C’est très grave. En 1910, date de la dernière crue majeure de la Seine au cours des derniers siècles, seules sa tête et son épaule droite dépassaient.

Et puis, quelqu’un s’étant avisé que le pont de l’Alma n’est pas le même aujourd’hui qu’en 1900 (on l’a en effet reconstruit au début des années 1970), les réseaux sociaux se sont mis à frémir de toutes sortes d’interrogations. Si le pont a changé, si le zouave a été déplacé, les comparaisons sont-elles valides ? Les « décodeurs » et « décrypteurs » de tous poils (décodage et décryptage sont les deux mamelles de l’information de nos jours) se lancent dans des recherches et des supputations. Même ceux du Monde.fr se lancent dans des calculs abscons pour savoir si la statue est plus haute ou plus basse qu’avant, et nous affirment dans la foulée qu’il est passé « de l’aval à l’amont du pont.»

Résultat: les décodeurs nous embrouillent, et les décrypteurs s’emmêlent les pinceaux. J’apporte ici mon témoignage de vieux parisien : le zouave a toujours regardé vers l’amont. Il a été repositionné vers la rive droite, mais je me souviens avoir lu lors de la construction du nouveau pont que toutes les dispositions avaient été prises pour qu’il se situe exactement à la même hauteur qu’auparavant.

Il y a des coups de pied aux crues qui se perdent.

L’ancien pont de l’Alma vers 1960. Le zouave est côté rive gauche (tour Eiffel).

N.D.L.R. : Le nouveau pont de l'Alma est l'œuvre d'Auguste ARSAC, ingénieur des ponts-et-chaussées qui fut mon prof d'architecture à Polytechnique. Il nous projetait des diapos nous vantant les mérites des matériaux traditionnels, torchis, pisé, bauge, etc... et c'était passionnant. Je suis sûr que vous allez aimer ce vocabulaire !

Call it counterintuitive clickbait if you must, but Forbes’ Pascal-Emmanuel Gobry made an intriguing argument when he granted the title of “Language of the Future” to French, of all tongues. “French isn’t mostly spoken by French people and hasn’t been for a long time now,” he admits,” but “the language is growing fast, and growing in the fastest-growing areas of the world, particularly sub-Saharan Africa. The latest projection is that French will be spoken by 750 million people by 2050. One study “even suggests that by that time, French could be the most-spoken language in the world, ahead of English and even Mandarin.”

I don’t know about you, but I can never believe in any wave of the future without a traceable past. But the French language has one, of course, and a long and storied one at that. You see it visualized in the information graphic above (also available in suitable-for-framing prints!) created by Minna Sundberg, author of the webcomic 'Stand Still. Stay Silent'. “When linguists talk about the historical relationship between languages, they use a tree metaphor,” writes Mental Floss’ Arika Okrent. “An ancient source (say, Indo-European) has various branches (e.g., Romance, Germanic), which themselves have branches (West Germanic, North Germanic), which feed into specific languages (Swedish, Danish, Norwegian).”

Sundberg takes this tree metaphor to a delightfully lavish extreme, tracing, say, how Indo-European linguistic roots sprouted a variety of modern-day living languages including Hindi, Portuguese, Russian, Italian — and, of course, our Language of the Future.

N.D.L.R. : Inattendu.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Vendredi 10 Juin 2016
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Reçu ce matin ce courriel de mon camarade de promotion à l'X et "ami Facebook" Jean LOUCHET :

(début de citation)

De : Jean Louchet
Envoyé : vendredi 10 juin 2016 12:35
À : Michel Béra, Alfred Ramani, Jean-Marc Oury, Pierre-Paul Fourcade, Silvano Monti, Pierre Van der Cruisse de Waziers
Objet : André Warusfel

Chers amis,

je viens d'apprendre la triste nouvelle du décès d'André Warusfel, lundi dernier à Paris. La plupart d'entre vous l'ont connu ou ont compté parmi ses élèves. Voici le message de sa fille Anne-Catherine:

-------------

Chers amis d'André Warusfel, c'est avec une infinie tristesse que je vous annonce que Papa nous a quittés ce lundi 6 juin après quelques semaines d'hospitalisation, entouré de sa famille.
Ses obsèques seront très probablement célébrées mardi matin, 14 juin, à Saint Louis en l'Ile, l'heure restant à préciser.

Anne-Catherine Duhamel
--------------

Ce sera mardi 14 à 10h30 à Saint Louis en l'Ile.
Je ne pourrai hélas pas y assister.

Jean

(fin de citation)

Je n'ai pas été l'élève d'André WARUSFEL, très réputé prof d'hypotaupe à Louis-le-Grand et grand ami de mon prof de terminale, Denis GERLL qui nous a tous tant marqués. Mais je m'associe pleinement à la peine de mes camarades.

La classe de HX2 à Louis-le-Grand en 1969-1970.

En l'honneur d'André WARUSFEL et de tous les profs qui, comme lui et Denis GERLL, donnent autant à leurs élèves, je mets en ligne une musique dont la fille de "WARUS" nous dit qu'il l'aimait beaucoup, jusqu'à ses derniers instants.

J'avais prévu d'offrir des aquarelles à Carole et aux enfants pour fêter nos 25 ans de présence à la Chaslerie. Isabelle ISSAVERDENS me les a livrées hier soir. Bien qu'elles soient encore sous cellophane, je vous en donne en primeur une idée :

Avez-vous reconnu sur la dernière, derrière la cheminée et son porte-chandelle en fer forgé, le bonhomme devant son écran et sous le portrait de sa chère et tendre ?

11 juin 2016.

Sonia et Philippe avaient insisté, dans l'après-midi, pour que je prenne part à leur dîner de mariage et j'avais fini par accepter. Je me suis donc rendu au manoir de la Nocherie (endroit dont je découvrais la dimension gastronomique dans un cadre que j'ai trouvé très agréable) où j'ai eu la surprise d'être placé à la table des mariés, en bout de table précisément, avec vue sur l'ensemble de l'assistance.

En m'accueillant, Sonia m'avait cité les noms de mes deux voisins immédiats, une de ses amies architecte à Caen et un père jésuite reconnaissable par moi grâce à l'insigne qu'il portait au revers de la veste. Réagissant au nom de ce dernier, je lui avais dit qu'il ne m'était pas étranger même si je ne situais plus où je l'avais entendu. Il m'avait répondu que je confondais peut-être avec un ministre homonyme (N.B. : mes recherches ultérieurs sur la toile m'ont montré qu'ils étaient cousins) ou un autre personnage (dont j'ignorais l'existence et dont je n'ai pas retenu le prénom ni la fonction).

Ce père jésuite m'ayant rapidement informé qu'il enseignait à Sciences Po, je lui ai fait part de ma scolarité dans cet établissement (qui y avait duré, en tout et pour tout, trois séances de conférence de méthodes, dont j'étais sorti persuadé que je maîtrisais suffisamment les plans en deux parties pour me dispenser de la suite), ainsi que du fait que j'y avais enseigné, il y a 35 ans, pendant deux années scolaires consécutives, les "techniques des marchés de l'argent" de concert avec mon collègue et ami de l'époque, Philippe CAMUS. Comme je m'en étais douté, ce nom a tout de suite allumé une étincelle dans l'œil de mon voisin d'en face et nous avons parlé people : BLOCH-LAINE père et fils, David DAUTRESME que j'ai bien connu avant 1981, Jean-Baptiste de FOUCAULD que je n'aimais guère et réciproquement, pour avoir subi ses caviardages incessants pendant les trois années où j'en avais été l'adjoint, en même temps qu'Elisabeth GUIGOU ; j'ai précisé que je trouvais que la propension de cet individu à disserter autour de balancements mécaniques du genre "salade de tomates et tomates de la salade" avait quelque chose de peu convaincant pour moi, même si j'admirais divers des autres accomplissements du personnage.

C'est au cours de ce bavardage que j'ai fini par comprendre que j'avais en face de moi le père Henri MADELIN, ancien provincial des jésuites de France, autrement dit un esprit particulièrement éminent, très vraisemblable ami du Pape François qu'il représente auprès du Parlement de Strasbourg. J'ai alors parlé de mes fils, l'aîné qui avait résisté et même survécu à 14 ans chez "les bons pères" et le cadet qui s'était rapidement trouvé éjecté de leur giron. J'ai raconté que, pour pouvoir inscrire mon aîné à Franklin, à l'époque où je défilais dans la rue, moi qui me considère comme un pur produit de l'école laïque et républicaine, en hurlant "Savary, si tu savais, ta réforme, ta réforme, Savary, si tu savais, ta réforme où on s'la met" (la suite est suffisamment connue, je pense, pour que je m'autorise à ne pas la citer ici), il avait fallu que j'aille à Mulhouse recueillir un mot de piston d'un cousin jésuite qui, au cours du déjeuner de choucroute au champagne que j'avais cru devoir lui offrir pour le circonvenir si nécessaire, m'avait informé qu'il quittait la Compagnie pour se marier ; un ange était alors passé en silence quelque part dans le Haut-Rhin, séraphin dont je me souviendrai toujours du vol furtif. Le père MADELIN se rappelait parfaitement mon cousin Bernard L., sa formation d'ingénieur, son origine géographique (Bagnères-de-Bigorre) et il a ajouté, non sans une élégance qui m'a séduit, que les anciens jésuites trouvaient toujours un job intéressant quand c'était nécessaire. A partir de là, les digressions se sont enchaînées, nous avons évoqué la Curie romaine, j'ai cité les noms de trois anciens collègues qui travaillent ou ont travaillé au Vatican, Michel CAMDESSUS bien sûr (négociateur tellement ductile qu'il m'inquiétait souvent) mais aussi Jean-Baptiste de FRANSSU (père, paraît-il, de quatre enfants, ce qui m'a semblé avoir une signification particulière pour mon interlocuteur) et Antoine de SALINS.

Je laisse ici de côté d'autres aspects de notre conversation que j'ai pourtant trouvés très intéressants, comme l'évocation du père GERVAIS, extraordinaire connaisseur du Japon dont la science et la clarté m'avaient fasciné vers 1979 au cours d'un de mes voyages dans ce pays, ou bien l'indication du fait que les jésuites recrutent aujourd'hui beaucoup au Kérala. J'en arrive petit à petit au point le plus passionnant, du moins à mes yeux, de ce dialogue. J'ai expliqué au père MADELIN que j'avais assisté l'avant-veille, dans les locaux du conseil départemental de l'Orne, à une série d'exposés, que j'avais trouvés remarquables, sur l'usage des églises en ces temps de repli de la foi et de restrictions budgétaires. En voici le programme :

La question m'est apparue particulièrement délicate puisque se mêlent des considérations de droit public français et de droit canon. Même si j'ai beaucoup admiré la qualité formelle et le contenu très équilibré de l'exposé de Mgr HABERT (au point que je me suis dit que nous tenions peut-être en lui un futur cardinal, lui qui jusque là, certes face à un public de cathos tradi que je fréquentais alors, m'avait paru timide pour ne pas dire effacé), il m'a semblé que, confrontée à un tel problème, l'Eglise restait sur une position trop frileuse alors que les gouvernants veillent, au moins en paroles, à lui laisser un droit de veto trop maladroitement exprimé, selon moi, par un jeune prêtre pourtant de solide réputation locale.

Le père MADELIN m'a alors dit : "Et vous, quel est le but de la restauration de votre manoir ?". C'était la troisième fois de la journée que cette question m'était posée. La première fois, c'était dans ma chapelle et par une famille chinoise à l'évidence très distinguée à qui je présentais l'endroit, et plus particulièrement par M. William TONG dont la fille avait été la correspondante de Sonia en Angleterre. La deuxième, c'était par un chanoine au visage de Nosfératu et à la clope toujours allumée, le père Hermann DELPLANQUE qui avait célébré le mariage du jour, moine prémontré et aumônier militaire en partance pour une mission secrète de 4 mois en Afrique auprès des forces d'action spéciale et qui m'avait demandé, alors que je l'interrogeais sur la progression de l'Islam au sein des troupes françaises, de prier pour lui et pour ses camarades.

Les trois fois, j'ai bredouillé, assez piteusement je dois dire, et peut-être pour me donner le temps de la réflexion : "Très bonne question, mais je ne connais pas la réponse".

En effet, lorsque j'ai acheté la Chaslerie, il y a 25 ans déjà, je croyais qu'il fallait, entre autres, que je rééquilibre ma vie en me donnant des objectifs à très long terme comme la restauration de ce manoir, moi qui vivais alors dans un milieu professionnel, la Bourse, où l'horizon dépasse rarement la semaine. Mais ces jours-ci durant lesquels, désormais, je me bats pour éviter que l'herbe ou l'inflation administraaaâââtive, qui bouchent quotidiennement mes horizons de restaurateur de vieilles pierres, ne m'ensevelissent davantage, que sont devenues mes aspirations à long terme, après les renversements de mon existence que j'ai subis comme tant d'autres ? J'aimerais tant le savoir !

P.S. : 1) Je suppose que le second MADELIN que le père avait cité est Louis, un illustre inconnu pour moi.
2) Nous avons également parlé de "Daniélou" avec le père MADELIN qui m'a appris que la directrice que nous y avions connue, l'excellente Melle REDIER, était décédée il y a quelques mois, une nouvelle qui attristera mon aîné comme elle me peine.
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mardi 5 Juillet 2016
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Lorsque je lui ai téléphoné ce matin, ma mère m'a demandé, d'un ton mystérieux, si j'avais reçu son paquet. Il est arrivé avec le courrier de midi et voici ce qu'il contenait :

La dernière pièce de ce dossier était la suivante :

J'ai téléphoné à Jean-Paul PAGEZE en le tutoyant immédiatement. Je l'ai informé de la naissance de Garance et invité à venir me voir dans notre manoir favori. Au passage, consultant son ordi, il a su me dire immédiatement que notre dernier contact datait du 10 janvier 2014. Notre site favori a, de son côté, retenu la date de la veille. Il paraît que le "Journal des PAGEZE" ne sort plus. J'espère que mon cousin Jean-Paul, qui a gardé l'accent chantant du pays de Cocagne, pourra me procurer les numéros qui manquent à ma collection.

Visite ce soir de mes amis Dominique et Maryvonne LEMAIRE. Je les ai traités à dîner à ma cantine favorite puis nous nous sommes promenés dans le secteur (Saucerie et Bérardière) :

25 juillet 2016.

Ils vont passer la nuit dans le fournil de la ferme.

Domino m'a offert son dernier recueil de poèmes dédicacé :

Carole a retrouvé un document que j'avais égaré depuis très, très longtemps.

Je me rappelle les conditions dans lesquelles je l'avais obtenu. J'étais alors midship à bord du porte-avions "Foch" et m'étais adressé dans les termes suivants à mon supérieur hiérarchique, le capitaine de corvette TRIPIER, alors responsable de la navigation du bâtiment :

"- Commandant, mes respects du matin, pourriez-vous me signer ce papier ?
- Mais, Fourcade, vous n'y pensez pas ? Vous êtes incapable de diriger ne fut-ce qu'un hors-bord !
- Je sais bien, Commandant, mais il y a le texte.
- Montrez-moi ça !"

Et c'est ainsi qu'un brillant officier de marine, qui mourut prématurément alors qu'il était vice-amiral d'escadre, fut contraint de faire délivrer à un "chef de quart" incompétent de 22 ans le document suivant qui me permettrait de commander, y compris en haute-mer, rien de moins que le yacht d'ONASSIS :

Je précise que j'avais choisi la "Royale" pour effectuer mon service militaire car mon père m'avait affirmé que c'était l'arme la moins militaire, donc qu'elle pourrait me convenir. Et, en tant que polytechnicien, on y était automatiquement bombardé "chef de quart".

En plus, je souffrais d'un mal de mer chronique si bien que, lors d'un stage à l'Ecole Navale, j'avais été noté "malade, n'assure pas son quart".

Lorsque, douze ans plus tard, en dégustant des langoustes à l'Île-Longue, j'avais raconté ce dernier fait d'arme à l'un de mes collègues du Conseil supérieur des transports, ce personnage m'avait ostensiblement tourné le dos. Je me rappelle le nom de ce triste sire, c'était l'amiral COATANEA, et il devait être alors quelque chose comme chef d'état-major de la marine.

(C'était ma minute anar du jour, ça fait du bien.)

P.S. : Hiérarchiquement placé entre TRIPIER et moi, il y avait un fana mili qui parlait habituellement à toute allure, l'E.V.1 SAUTTER qui, lui aussi, a pris du galon. Je n'avais pas beaucoup d'affinités avec ce prot, mais en avais davantage avec le successeur du C.C. TRIPIER, le C.F. MERVEILLEUX du VIGNAUD. Je me souviens cependant qu'à la suite de mon dernier quart qui s'était effectué sans encombre une nuit, de minuit à 4 heures du matin précisément, le pacha du "Foch", un brave homme, le C.V. MONTPELLIER, m'avait collé, sur dénonciation de SAUTTER, trois jours d'arrêts de rigueur pour "ivresse à la passerelle" ; en réalité, je n'étais pas rond mais juste légèrement fatigué et, surtout, affalé dans le fauteuil du pacha pour récupérer un peu après un dîner mémorable au carré des officiers subalternes, ce qui avait dû contrarier l'autre fayot, toujours jugulaire-jugulaire.

Avec TRIPIER, ma relation avait été bonne bien que distante puisque je le trouvais très snob. Un jour, il m'avait demandé ce que je pensais d'un article plein de formules mathématiques savantes qu'il avait dû recevoir de l'état-major et qui le rendait perplexe ; cela parlait, si j'ai bonne mémoire, de manœuvres de sous-marins ; j'avais lu le truc et avais expliqué à TRIPIER le sens du topo, non sans ajouter qu'à mon avis, les formules mathématiques témoignaient surtout de la frustration de l'auteur ou de sa nostalgie de ses années de prépa mais qu'au total, tout cela ne valait pas tripette. J'avais alors aperçu, dans le regard de mon interlocuteur, un éclair de malice me témoignant qu'il avait dû aimer ce compte-rendu un tantinet provocateur.
Commencé la lecture d'un roman dont j'ai découvert l'existence grâce à un article du canard que je monopolise lors de mes stations à ma cantine favorite. Il s'agit de "Le mystère Henri Pick" de David FOENKINOS.

Cela parle de la vie d'un écrivain face au monde de l'édition, un sujet qui m'intéresse. Envie rentrée d'écrire un bouquin ? On y viendra peut-être.
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mardi 16 Aout 2016
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales - Anecdotes
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Avant qu'elle n'émigre à Vichy (où j'irai la rechercher le 24) pour sa cure annuelle, j'ai donné à ma mère des devoirs de vacances. Je lui ai en effet demandé de nous raconter quelques anecdotes de son enfance ou même de celle de notre petite Julietotte : "le tricycle du curé", "les œufs", un certain "Feuillant coureur de jupons", etc.

Ma mère m'a téléphoné ce matin pour m'apprendre qu'elle était au travail et qu'elle prenait plaisir à rédiger ces souvenirs.

Attendons sa prose !

Conversation rapide avec mon aîné ce soir (avant que je ne roule vers Vichy, dans le but de rapatrier ma mère à Paris).

Nous avons évoqué l'hypothèse qu'il prenne en charge prioritairement la restauration du logis plutôt que celle de l'"aile de la belle-mère" et de la tour Louis XIII. Il imagine comment faire vivre ce logis avec sa petite famille et ne manque certes pas d'idées à ce sujet.

Dans ce cas, j'émigrerais vers la cave dont la restauration serait davantage à ma portée financière prochaine, surtout si les événements en cours devaient se précipiter comme je l'anticipe désormais.

Reçu hier un appel téléphonique de Caroline BARROW, guide-conférencière à Pau. Elle m'a expliqué qu'elle effectuait des recherches sur l'hôtel GASSION de Pau, sur les familles MERILLON-CLINCH et BATAILLE-SEVIGNAC et que son attention avait été attirée par mon blog qu'elle trouve "passionnant" (sic), et particulièrement par un message où il est question d'un carnet de bal de Julia FOURCADE.

Elle souhaitait plus d'infos. Je lui ai dit que tout ce que je savais était consigné sur notre site favori mais qu'elle aurait sans doute intérêt à contacter ma cousine Dominique CHADAL, dont je lui ai donné les coordonnées.

Au passage, je note une fois de plus les étonnantes connexions que favorise notre site favori.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mardi 6 Septembre 2016
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales - Références culturelles
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Reçu hier, de Michel BERA et via Facebook, ce bien triste message : "Formidable Yoccoz, formé par Denis Gerll à Louis-le-Grand dans l'accélération vers le Bac. Grande tristesse."

Reçu, par le même canal, ce message de Martin ANDLER : "J'avais rencontré Jean-Christophe en 1973 ; en 1998, il avait accepté de devenir président d'honneur d'Animath."

Dans l'amphi prestigieux, pour fêter notre vieux maître, le plus illustre de ses anciens élèves s'était assis au dernier rang.