Désultoirement vôtre !

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Dimanche 13 Décembre 2009
Désultoirement vôtre !
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Claude MARTIN est venu chasser ici hier matin. Il n'a rien pris cette fois mais m'a dit avoir croisé deux cerfs de 150 kg chacun qui, l'apercevant, ont astucieusement détalé à couvert à travers les lignes de plantations. C'est la première fois que des cerfs me sont signalés à la Chaslerie, où l'on croise souvent des chevreuils, y compris à proximité immédiate du manoir.

Dommage que, cette année, Claude ait oublié de réclamer la bague habituelle à l'office de la chasse. Il faudra donc patienter jusqu'à l'an prochain avant d'espérer réduire les dégats produits sur les plantations par ces élégantes bestioles.

Pour le reste, le jeune et fringuant Blacky est allé fureter dans les ronces du "poumon" (la tourbière louée au fermier) et n'a rien levé. Mais Claude ne sait pas encore comment il réagirait face à un "cochon".

Nous avons discuté un moment, en partageant sur le pouce un magret de canard fourré de foie gras et enseveli dans du poivre fin, un vrai délice que je me procure à Domfront, "aux temps modernes" (c'est le nom du magasin). Je recommande vivement ce régal (que, compte tenu de son aspect, j'appelle "la sandale de Ramsès") à tous les gourmets qui me lisent !
Bien entendu, les intempéries présentes, neige la semaine dernière, pluie cette semaine, freinent le chantier. Ainsi, des grilles qui auraient dû être posée avant Noël sur le bâtiment Nord ne le seront qu'après le 1er janvier, sur décision du forgeron. Les travaux de maçonnerie n'ont pu progresser tant qu'il gelait. Enfin, les abords de la charretterie sont désormais transformés en bourbier.

C'est donc un bon moment pour réfléchir à l'enchaînement des prochaines tranches de travaux.

J'ai dû expliquer hier à Thibaud les rudiments de la fiscalité des monuments historiques. C'est un sujet bien compliqué. L'idée principale est que les dépenses d'entretien et de réparation sur de tels bâtiments sont déductibles du revenu imposable de celui qui les finance. Nous avons donc calculé l'impact qu'auraient pour Thibaud différents programmes de travaux en 2010 sur la cave de la Chaslerie (qui lui appartient désormais, par l'intermédiire d'une S.C.I. "ad hoc"). Il lui reste à me communiquer sa décision. Parmi les travaux prioritaires sur la cave, il faudrait drainer les abords ; malgré des travaux effectués il y a une quinzaine d'années, l'eau entre toujours dans le bâtiment et gâte les murs ; il est donc grand temps d'y remédier. Il faudrait également terminer le colombage de la dépendance de la ferme ("la maison de Toutou"), équiper cette dépendance d'une porte et de fenêtres, puis compléter l'édifice par du pisé et par un revêtement de sol; il serait sans doute utile d'y amener l'eau et l'électricité. Sur l'appentis de la cave, destiné à abriter la future chaudière du bâtiment, il faudrait de même insérer des fenêtres ainsi qu'une évacuation des fumées et poser du pisé et un revêtement de sol; là aussi, il serait opportun d'amener l'eau et l'électricité. A l'intérieur de la cave, les priorités sont de réaliser un plancher au premier étage et un escalier intérieur ; après cela, on pourra commencer à cloisonner le rez-de-chaussée et l'étage de manière à pouvoir ensuite enduire les murs de chaux. Si on mène à bien ce programme en 2010, on aura une bonne base de travail pour commencer les travaux d'habitabilité en 2011. Quant à la chaudière de la cave, mon idée serait de déménager la chaudière récente qui fournit actuellement l'eau chaude et le chauffage dans le seul cabinet de toilettes en état de marche à la Chaslerie (il se trouve dans le bâtiment Nord) ; c'est dire qu'il faudra coordonner avec soin les travaux de plomberie et de chauffage entre le manoir et la cave, de manière à conserver à tout moment au moins un cabinet de toilettes en état de fonctionnement sur l'ensemble de la Chaslerie.

Bref, la question du chauffage devient progressivement critique. Même si, seul de mon espèce toutefois, j'arrive encore, en m'emmitouflant dans deux couettes (et en restant habillé...), à dormir très benoîtement dans une chambre non chauffée.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mercredi 30 Décembre 2009
Journal du chantier - Cave - Transmission du patrimoine - Désultoirement vôtre !
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Je me souviens d'une réunion rue de Rivoli, dans le bureau du directeur du Trésor, alors Jean-Yves HABERER (c'était donc avant 1981), au cours de laquelle celui-ci interrogeait certains collaborateurs sur les modalités d'un futur emprunt d'Etat. Etant le plus jeune, j'avais été interrogé le premier et HABERER avait conclu son tour de table en remarquant : "C'est curieux, les plus jeunes sont toujours les plus prudents !"

La suite a montré qu'ils n'avaient pas toujours tort, je pense.

Mais là n'est pas mon propos. Je voulais simplement signaler que Thibaud m'a encore longuement téléphoné hier pour me demander de nouvelles précisions sur la fiscalité des monuments historiques. Il avance dans ce dossier avec une prudence qui me semble excessive. Ce n'est pas à ce rythme que nous pourrons mener d'un bon pas la restauration de la cave. A suivre, donc, ne désespérons pas !

Enfin, le travail a pu reprendre à la Chaslerie après l'enneigement le plus long que j'y ai connu depuis 1991 : nous avons ainsi pu parachever la maçonnerie du dernier pignon de la charretterie, celui qui est le plus proche de la chapelle. Dans son atelier de l'autre bout du département de l'Orne, Roland BOUSSIN vient de commencer à restaurer les principales poutres de cet édifice, de manière à pouvoir prendre le relais sans trop perdre de temps.

Par ailleurs, j'ai passé commande des tuiles et des ardoises nécessaires pour la couverture des écuries. La réglementation étant ce qu'elle est, la Chaslerie risquait de perdre le bénéfice de subventions de l'Etat pour ces travaux si je n'étais pas capable de produire de factures à ce sujet avant juillet prochain. Compte tenu des délais de certains fournisseurs, j'ai préféré ne pas courir ce risque.

Le tour d'horizon sera complet quand j'aurai indiqué attendre toujours la pose de grilles sur la façade Nord du bâtiment Nord. Le forgeron me dit que cela ne saurait tarder.

La restauration de la maçonnerie de la charretterie vient d'être achevée. Le stock des dernières pierres déposées il y a un an entre la charretterie et le manoir a enfin disparu. En revanche, le sol trop meuble rend impossible, dans l'immédiat, le déplacement des pierres entreposées au Sud de la charretterie ; il faudra, pour cela, attendre des jours meilleurs.

On commence ainsi à bien se rendre compte de ce que sera l'avant-cour quand le couvreur aura fait son ouvrage. Tout cela aura beaucoup changé au cours des dernières années, après les décennies d'incurie que l'on sait.

Le chantier de maçonnerie se déplace donc vers le fournil de la ferme. Encore un bâtiment en très mauvais état, où il faudra effectuer des travaux lourds de maçonnerie, de charpente et de couverture. Voilà de quoi nous occuper dans les prochaines semaines, étant entendu que, si le temps reste clément, nous pourrions également nous affairer sur les enduits intérieurs du bâtiment Nord du manoir.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 23 Janvier 2010
Désultoirement vôtre !
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L'hebdomadaire local, "Le Publicateur Libre", fête sa fondation, il y a 160 ans, sous le nom "Le Moniteur de l'Orne, journal de l'arrondissement de Domfront". Depuis trois semaines, il publie ainsi le fac-similé de ses unes de 1850.

On peut relever que l'arrondissement de Domfront a cessé d'être en 1926, confirmant ainsi le déclin progressif de la localité. Ces jours-ci, c'est le tribunal qui ferme.

Mais là n'est pas mon propos. J'observe en effet que le bandeau de titre de notre hebdomadaire local arborait à l'origine l'ancien écu de la ville, c'est-à-dire celui qui portait, en surimpression, l'écu des Ledin.

Ne serait-il pas décoratif de remettre ce bel emblême sur la une du Publicateur ?
Quitte à passer pour un cuistre, je viens d'apprendre que les lichens qui envahissent ici les tuiles et les troncs sont des "Xanthoria parietina", lichens hétéromères foliacés comme nul ne devrait l'ignorer, n'est-ce pas ? Je ne sais si mes études actuelles de biologie à la fac de Caen me serviront un jour à mieux comprendre la faune et la flore de la Chaslerie. Je me dis qu'au moins, ça ne peut pas faire de mal.

Quoi qu'il en soit, j'ai fait abattre cette semaine deux arbres, un chêne près de la charretterie et un érable près du fournil de la ferme, dont la proximité de la façade Nord de ces bâtiments favorisait à l'évidence la multiplication de ces lichens.

A dire vrai, la "présence" de ces bâtiments est tellement forte, dès ce stade de leur restauration, que la disparition de ces arbres peut, à mon avis, ne pas être notée, même par les familiers des lieux.

Pour le reste, les travaux se poursuivent, gênés par le temps (neige encore, ce matin). Cette semaine, à la charretterie, le sol a été décapé et deux trous ont été creusés pour couler les fondations des piliers de soutènement de la couverture. Au fournil de la ferme, il y a eu un grand nettoyage de printemps ; autrement dit, le chantier peut désormais démarrer sur de bonnes bases ; il faut sans doute compter deux mois de travail sur la seule maçonnerie. Sur le bâtiment Nord du manoir, l'étanchéïté des fenêtres a fait l'objet de soins particuliers, de sorte que les grilles pourront être posées dans les prochains jours, j'espère.

En ce qui concerne les plantations, Bernard a coupé les branches des pommiers et poiriers qui, à l'Ouest de la ferme, étaient envahies de gui (Viscum album, de la famille des Loranthaceae, of course).

Enfin, je viens de mandater une entreprise spécialisée pour combattre les souris et les mouches dans la tour Louis XIII, notamment dans mon bureau. Il paraît que le traitement est efficace. On verra bien car ce commensalisme envahissant devient un tantinet agaçant.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Dimanche 7 Février 2010
Journal du chantier - Plomberie-chauffage - Logis - Bâtiment Nord - Aile "de la belle-mère" - Economie - Désultoirement vôtre !
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@ Sébastien WEIL :

Laurent NEVOUX et moi avons échangé des courriels.

Je dois cependant reconnaître que je me hâte lentement.

D'abord, parce que, comme relaté dans la rubrique "Journal du chantier", j'ai déjà mandaté un autre expert qui devrait me rendre ses conclusions mi-2010.

Ensuite, parce que mon programme de travaux pour 2010 (et même 2011) est déjà bien chargé, les aléas boursiers ne m'incitant d'ailleurs pas à pousser encore les feux.

Encore une fois cette année, neige et gel aujourd'hui.

Nous avons donc opté pour des travaux intérieurs et préparé des palettes de tuiles pour Roland BOUSSIN à partir de mes stocks entreposés dans l'écurie. En effet, d'après ce que m'a expliqué Roland, il y aurait, du côté de Limoges, un petit groupe de potiers - au moins cinq - qui, forts de leur savoir-faire en matière de porcelaine, produisent des "tuiles périgourdines" du même modèle agréé pour les monuments historiques mais chacun d'une teinte différente. Avant de les poser sur une toiture, il convient donc de les panacher. D'où cette intervention d'aujourd'hui.

Une fois ce travail terminé, une porte de récupération a été installée pour occulter le local de la petite chaufferie actuelle du manoir, donnant sur l'arrière-cour. Enfin, le matériel du chantier et les tracteurs ont été entretenus.

Pendant ce temps, Bernard a continué d'élaguer la haie bordant la propriété le long de la route départementale.

La vie du chantier ne s'est cependant pas arrêtée là.

Sébastien LEBOISNE est venu de Saint Symphorien-des-Monts, commune manchote dont il est le maire, placer deux fenêtres de sa fabrication, l'une à la nouvelle lucarne du bâtiment Nord réalisée l'été dernier par Roland BOUSSIN, l'autre sur le trou de la grande salle du rez-de-chaussée du même bâtiment Nord, trou que je prenais à tort, comme raconté ici précédemment, pour une meurtrière. Puis Sébastien a posé des moulures, du meilleur effet, dans le dressing du 1er étage du bâtiment Nord, et procédé à diverses menues réparation de menuiserie au manoir.

Quant à Laurent NEVOUX, spécialiste du chauffage au bois recommandé par Sébastien WEIL, il a, dans l'après-midi, pris connaissance des besoins et possibilités de la Chaslerie en ce domaine. Il est en effet possible que l'expert mandaté l'été dernier pour préconiser le meilleur mode de chauffage (bois, géothermie ou autre) fasse faux bond, ce que je regretterais. Il semble à ce jour que cet expert ait perdu notre chantier de vue. Affaire à suivre.

François LAMER
rédigé le Vendredi 19 Mars 2010
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales
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Bonjour

Je ne connais pas encore la Chaslerie mais il me tarde de le faire : furetant en effet sur le web des informations sur mes ancêtres Eugène Constant Leveque et sa femme Sophie Roulleaux, je tombe (c'est le cas de le dire) sur votre site ou je découvre leur pierre tombale ! D'après les documents transmis par leur fils Charles, Eugène est mort dans sa propiété de la Motte à St Mars d'Egrenne. Etait-il à l'époque également propriétaire de la Chaslerie ? Merci par avance des informations que vous pourrez me communiquer.

Cordialement.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Vendredi 19 Mars 2010
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales
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@ François LAMER :

D'abord, bravo pour votre jeu de mots !

Ensuite, je suppose qu'il y a lieu de se féliciter du potentiel de ce site pour rétablir (ou établir) des liens entre membres de la famille des anciens propriétaires.

En réalité, je ne connais pas bien la généalogie de la famille LEVÊQUE, et encore moins bien l'histoire de ses possessions, même depuis un peu plus de deux siècles. Je vais cependant vous envoyer un courriel pour vous donner des pistes de recherche.

Et, bien sûr, n'hésitez pas à venir visiter la Chaslerie à l'occasion, sans oublier la chapelle où reposent vos ancêtres.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Dimanche 28 Mars 2010
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales
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Grâce à M. LAMER, je dispose désormais d'informations généalogiques détaillées sur la famille LEVÊQUE, dont un représentant, François, m'a vendu le manoir en 1991.

Dans la mesure où l'histoire de cette famille s'est longtemps mêlée à celle de la Chaslerie, je commenterai bientôt ces informations ici.

M. François Lamer m'a donc transmis un document de 7 pages dactylographiées, que je vais commenter ici, dans la mesure où il apporte des informations précises, certaines inédites pour moi, à propos de l'histoire de la Chaslerie.

Ce document s'intitule "Notes généalogiques sur la famille Lévêque et plusieurs familles qui lui sont alliées, écrites d'après de vieux livres et papiers de famille de 1854 à 1893 par Charles Lévêque". Il y est précisé que le document original avait été recopié en 1854 par le frère de Charles Lévêque puis recopié par une descendante de celui-ci mais qu'il a disparu lors des bombardements de 1944.

Je ne suis pas en mesure de valider la qualité de ce document. Je me contenterai donc de digressions à l'occasion de l'évocation des informations que j'y ai relevées.

1 - La première impression que je retire de ce document, c'est la confirmation de l'étonnante stabilité, à travers les siècles, du tissu social de ce coin du bocage normand.

Selon le document, le premier membre de la famille Lévêque dont on ait conservé la trace est Jehan Le Vesque, décédé en 1568, soit 30 ans avant l'édification du bâtiment principal de la Chaslerie, tel que nous le connaissons aujourd'hui.

Or, nombre des autres noms de familles cités dans le document me sont familiers car ce sont, aujourd'hui encore, les noms de voisins de la Chaslerie.

A travers le document, on perçoit également, outre la profondeur de l'enracinement local, l'opiniâtre permanence ou la patiente progression sociale de plusieurs de ces familles. Ainsi, le premier Ruault cité est un notaire actif dans le secteur en 1590 et logé à la Vaidière, sur le territoire de la commune voisine de Saint-Mars d'Egrenne ; or, j'ai rencontré dernièrement un Ruault du Plessis Vaidière, étudiant en notariat à Rennes. De même, la branche de la famille Roulleaux apparentée aux Lévêque descend notoirement d'un révolutionnaire actif, représentant du Directoire à Domfront, ainsi d'ailleurs que de Beaumarchais ; cette branche a produit depuis deux siècles, sous le nom de Roulleaux-Dugage, nombre de préfets et de parlementaires défenseurs des bouilleurs de cru ; elle a même rejoint la noblesse pontificale, avec le titre de baron, à ma connaissance durant la première moitié du XXème siècle.

Dans un tel contexte, je mesure à quel point le méridional que je suis, sans attaches familiales locales, peut apparaître différent ("horsain, comme ils disent). Je serais d'ailleurs curieux de savoir si la greffe prendra à un stade de ma descendance, parmi les futurs propriétaires de la Chaslerie (on voit là que je me considère volontiers comme le premier - par l'ancienneté - représentant de la troisième famille propriétaire de la Chaslerie, après les Ledin et les Lévêque).

2 - Il est signalé que l'ancienne orthographe du nom de la famille Lévêque, soit Le Vesque, se retrouve dans la dénomination encore en vigueur au XIXème siècle de "Baillée aux Vesques" pour désigner la terre de la Baillée, à Saint-Mars-d'Egrenne (Orne), appartenant encore à la famille Lévêque du temps de l'auteur du document.

Je me suis rendu il y a huit jours aux lieux-dits évoqués dans ce document, à savoir la Baillée Auvêque (orthographe contemporaine sur mon plan de l'I.G.N.), la Source et la Jarrière, trois "villages" limitrophes sis sur le territoire de Saint-Mars d'Egrenne.

On peut imaginer que le paysage en était riant tant qu'il demeurait bocager. Aujourd'hui, là comme ailleurs, hélas, l'électrification des campagnes et l'agriculture intensive ont altéré le site. Ce dernier est par ailleurs plaisant puisqu'il fait face à la commune de Torchamp, de l'autre côté de la vallée, encaissée à cet endroit, de la Varenne . L'Egrenne conflue légèrement en amont des lieux-dits en question.

Certains membres de la famille aiment, semble-t-il, rappeler l'ancienne orthographe de leur nom.

Ainsi, un témoin direct m'a raconté qu'Henri Lévêque (le père de mon vendeur), qui est enterré dans la chapelle de la Chaslerie, se présentait toujours comme "Henri Lévêque, grand L, petit e, grand V".

De même, il ne m'a pas échappé que le panneau qui signale l'arrivée à la Baillée Auvêque porte actuellement le nom de "Baillée aux Vesques" mais que ce panneau n'est pas du modèle de type D.D.E. des panneaux des "villages" voisins.

3 - Me promenant à proximité des bâtisses en question, je me suis rendu compte de leur médiocre état d'entretien, mais aussi de l'ancienneté de certains bâtiments qui ne sont pas en parpaings.

En fait, le bâtiment le plus intéressant, de qualité manoriale, est le logis de la Jarrière, dont une porte et une fenêtre sont ornées d'un linteau en accolade, et une fenêtre d'une grille fleurdelisée (je m'étonne d'ailleurs que ce logis ne soit pas cité dans l'ouvrage de Bernard Desgrippes, "Châteaux et manoirs du Domfrontais"). J'ai soigneusement observé les granits qui ont servi à la construction de la Jarrière, sans doute au début du XVIème siècle compte tenu de ces accolades.

Car, il y a une quinzaine d'années, lors d'une "Journée du patrimoine", un visiteur m'avait signalé, et je l'avais noté, que l'imposante cheminée qui orne la salle à manger du bâtiment principal de la Chaslerie provenait de la "Jarrière à Torchamp". Il s'agit à l'évidence, vu la couleur du granit, de la Jarrière à Saint-Mars d'Egrenne. Je suppose que cette transplantation est postérieure à l'incendie de 1884 évoqué sur ce site internet. Sans doute a-t-elle été organisée par Henri Lévêque, lors de ses travaux des années 1950 ou 1960.

4 - Le document transmis par M. Lamer donne la réponse à la question qu'il avait posée ici.

Une note en bas de page (la note 11) indique en effet qu'Eugène Constant Léveque Lepail "se fit inhumer dans la chapelle de la Challe ? propriété qui appartenait à sa femme par sa famille Roulleaux la Vente (appartient encore à une branche Levêque, cousins)".

Il s'agit à l'évidence de la chapelle de la Chaslerie où reposent, comme en témoignent ici des photos de la "Photothèque", Eugène Constant Lévêque et son épouse Sophie Adélaïde Roulleaux.

Or, jusqu'à cette indication, j'ignorais l'identité des propriétaires de la Chaslerie après sa vente, comme Bien National, en 1794, à "Roland Gaupuceau et Goupil". Il serait sans doute intéressant, dans le prolongement de cette information, d'expliciter le lien, s'il existe, entre l'un ou l'autre de ces personnages et la famille Roulleaux-Dugage.

5 - Le même document signale qu'une fille d'Eugène Constant Lévêque et de Sophie AdélaÎde Roulleaux, prénommée Eugénie Marie et née en 1821, épousa en 1842 "Louis André Goupil dont les parents riches propriétaires habitaient la commune de Tessé la Madeleine".

Grâce au document transmis par M. Lamer, je comprends que c'est cette Eugénie-Marie Goupil qui a été la marraine, alors âgée de 70 ans, de la cloche de la chapelle de la Chaslerie, ainsi que l'atteste l'inscription sur cuivre que nous avons retrouvée lors de la restauration de la couverture de la chapelle (il y a cependant un doute sur la date, donc sur l'âge de la marraine, car la photo sur laquelle on l'a lue est très floue ; voir "Photothèque" ; il faudrait remonter dans le clocher pour en avoir le coeur net). J'en déduis que c'est peut-être son père qui avait été à l'origine des décors peints au XIXème siècle autour des deux fenêtres de la chapelle. Ainsi, comme moi, ce prédécesseur aurait veillé de son vivant à restaurer la chapelle où il comptait être enterré le plus tard possible. Et l'on sait que, comme son épouse, il est mort à un âge tout à fait respectable.

Quant à la famille alliée Goupil, l'important château néo-Renaissance de Tessé-la-Madeleine, qui sert aujourd'hui d'hôtel de ville à Bagnoles-de-l'Orne, a été construit ainsi que le relate un numéro spécial de "l'Illustration" daté de 1927.

Je cite le passage : "En 1850 fut aussi édifié le château de Tessé-la-Madeleine ou de la Roche-Bagnoles par M. Goupil. Grande bâtisse, sans vrai style, mais admirablement situé, qui abrita longtemps une des plus grandes fortunes de France (...)".

Comment ce M. Goupil avait-il bâti cette fortune ? Quels étaient ses liens avec l'acheteur de la Chaslerie, Bien National de 1794 ? Ce serait sans doute intéressant de l'apprendre.

Quoi qu'il en soit, une nouvelle fois, ce site internet vient de montrer son utilité pour faire remonter à la surface des informations pertinentes sur la Chaslerie et son histoire.

Bien des points demeurent obscurs mais je ne doute pas qu'avec l'aide des visiteurs du site, nous aurons encore de belles occasions de progresser ensemble dans cette recherche et cette connaissance.

A cet égard, je précise qu'au delà de ces considérations partielles, et peut-être partiales, sur les familles qui ont, de longue date, connu la Chaslerie, la priorité pour moi est sans conteste de me procurer des vues de la Chaslerie avant l'incendie de 1884. En effet, depuis que j'en ai fait l'acquisition, je rêve d'en relever les lucarnes qui, selon moi, surmontaient les fenêtres du premier étage du bâtiment principal. Compte tenu de la similitude des constructions, je pense à ce stade de mes informations que ces lucarnes devaient ressembler à celles du manoir de Chaponnais à Domfront, détruit lors des combats de la Libération mais dont il reste des cartes postales anciennes. Ce devaient donc être des lucarnes d'un modèle assez simple.
Enfin, les beaux jours sont de retour !

Pour la première fois de la saison, l'herbe a été coupée aux abords immédiats du manoir. Claude MARTIN, à la retraite depuis dix-huit mois, m'avait téléphoné pour proposer de se charger de cette tâche. J'avais accepté avec plaisir, très heureux de constater une nouvelle fois l'attachement à la Chaslerie de mon ancien maçon. Bernard a dû lui apprendre à se servir de la tondeuse auto-portée "John Deere 3720". Ce matin, sous le soleil, le coup d'oeil est donc très agréable.

Pascal, également encouragé par le climat clément, a pu poursuivre son travail de maçonnerie sur le fournil de la ferme. Je lui ai fait part de mes remarques sur une meilleure façon de faire coïncider les plans horizontaux des pierres d'encadrement des fenêtres avec les alignements de pierres des murs. Il me promet d'en tenir compte pour la suite.

Thibaud, mon fils aîné, se préoccupe de définir le budget de restauration de la cave. Il agit donc avec prudence depuis que je l'ai embarqué dans cette aventure. Il souhaiterait ainsi pouvoir comparer des devis. Il passe là par un stade que j'ai connu il y a près de vingt ans, lorsque je débutais dans la restauration de vieilles pierres. Habitué qu'il est à travailler dans des marchés (abusivement) considérés comme efficients et transparents, il pense qu'il en va de même pour les marchés de travaux du bâtiment. J'ai essayé de lui expliquer que le mieux à faire pour lui serait de revenir plus souvent à la Chaslerie, d'y convoquer des artisans et de leur demander lui-même tous les devis qu'il souhaite. Quant à moi, j'ai appris depuis belle lurette que l'essentiel est de traiter avec des artisans de confiance, dans le cadre d'une relation à long terme. En fait, les devis ne me servent que lorsqu'ils me sont réclamés par l'administration des affaires culturelles, dans le cadre de son instruction d'éventuels dossiers de subventions. Il appartiendra à Thibaud d'arriver aux mêmes conclusions. Cela prendra bien sûr un peu de temps.

A propos de relation de confiance à long terme avec mes artisans, je signale que l'électricien-plombier-chauffagiste est revenu sur le chantier. Nous sommes convenus du "modus operandi" pour la suite éventuelle de ses interventions. De mon côté, il faudrait que je suive de beaucoup plus près le travail de ses employés. Or, depuis le passage de ces derniers, il y a deux semaines, l'électricité disjoncte plusieurs fois par jour. La réparation que m'a dit avoir effectuée hier cette entreprise était encore une fois complètement ratée. Ma confiance est donc en chute libre.

Ce Bernard est une perle ! Qu'on en juge !

Ce matin, Carole l'avait chargé de dégager de leur herbe les plates-bandes destinées aux rosiers. L'herbe devait être découpée en plaques (ce que les golfeurs appellent des "escalopes", ma spécialité d'ailleurs), de manière à pouvoir être redéposée dans un autre endroit de l'avant-cour, là où, jusqu'à il y a quelques semaines, les maçons avaient stocké des pierres.

Bernard a vite compris que, pour mener à bien cette tâche, nos outils ne suffiraient pas. Il a donc manifesté l'intention de repasser chez lui chercher sa houette. C'est à ce moment-là que je lui ai demandé de m'aider, à l'occasion, à trouver des sceaux de Salomon multiflores (Polygonatum multiflorum, classe des Lilopsida, famille des Convallariaceae), comme me le demande mon professeur de biologie florale à Caen, pour un herbier que je dois rassembler.

J'ai juste eu le temps de montrer à Bernard une photographie de ce "muguet sauvage" qu'il était revenu, armé de sa houette et brandissant un seau dans lequel il me rapportait un sceau de Salomon entier, racines incluses, comme il convient.

J'ai déjà expliqué sur ces pages à quel point j'étais mauvais quand il s'agissait de choisir des couleurs de peintures. Les visiteurs assidus de ce site (que je salue, ils le méritent bien) sauront désormais que je suis encore loin d'avoir acquis le coup d'oeil d'un gars de la campagne pour reconnaître les herbes sauvages.

Tout cela pour dire que les théories de Ricardo sur les avantages comparatifs s'appliquent parfaitement ces jours-ci à la Chaslerie : chacun y contribue à l'effort commun au mieux de ses forces et capacités ; Carole conçoit, je planifie, finance et contrôle (ce qui n'est quand même pas rien), Pascal et Maxime (dès que sa scolarité le lui permet) maçonnent, Claude coupe l'herbe et entretient le matériel avec Maxime, Bernard soigne les arbres, les haies et les plates-bandes et trouve même le temps de m'aider dans mes études.

La morale de cette histoire est que je vais donc demander sans tarder à Bernard de rechercher la scolopendre (Asplenium scolopendrium) qui me manque toujours pour mon herbier. J'en ai certes découvert une dans le puits de la Chaslerie (le seul puits ouvert actuellement, étant entendu qu'il y en a au moins deux autres mais qui ont été bouchés ou refermés) mais je me vois mal y descendre de 3 mètres pour cette récolte.

L'équipe de Thierry BOURRE a planté aujourd'hui, à l'Est du Pournouët, une cinquantaine de poiriers. Je lis sur l'étiquette "Poirier Caleryana".

Mais Wikipedia me donne plus de détails. J'apprends ainsi que "le poirier de Chine (Pyrus calleryana) est une espèce de poirier originaire de Corée et du Japon. Il doit son nom latin et anglais (Callery pear) à un missionnaire français nommé Joseph-Marie Callery qui le ramena de Chine en 1858.
C'est un arbre à feuilles caduques au port naturellement érigé pouvant mesurer de 15 à 20 m de haut".
Thierry BOURRE m'a pourtant assuré qu'il ne dépasserait pas 3 mètres. Curieux. J'ai donc bien fait de suivre la suggestion de Carole et de ne pas planter là où cela aurait bouché la vue vers l'Est, le "poumon" (une tourbière) ainsi que les terres louées au fermier.

"Son écorce grise est rugueuse et fissurée. Les feuilles brillantes vert foncé alternées mesurent de 4 à 7 cm de long, ont un long pétiole et virent au rouge vif en automne."
Intéressant.

"Les fleurs blanches de 2 à 3 cm de diamètre et à 5 pétales apparaissent au début du printemps avant les feuilles. Elles sont légèrement malodorantes."
Ceci n'est pas gênant pour moi, en raison de l'éloignement du manoir.

"Le fruit comestible ressemble à une pommette marron très dure de 1 cm de diamètre. Il se ramollit après une période de gel mais reste très aigre et sans intérêt gustatif."
De toutes façons, j'en aurais été bien embarrassé.

"Il contient une ou deux petites graines. C'est à son petit fruit que l'arbre doit son surnom d'arbre « à haricot » en Chine. Pyrus calleryana est un arbre hermaphrodite rustique (jusqu'à -25°C, zone USDA 5), vigoureux et peu regardant sur le type de sol. De croissance rapide, il peut donner ses premiers fruits dès sa troisième année. À l'état naturel, P. calleryana est un arbre à rameau épineux mais de nombreux cultivars sont inermes."

"Il a une période de dormance assez courte et conserve ses feuilles longtemps en automne."
Intéressant pour moi.

"Il tolère l'ombre mais a besoin d'une exposition ensoleillée pour bien fructifier. Certains cultivars, comme « Bradford », sont résistants au feu bactérien, au phytophthora, au chancre du collet et peu sensibles au dépérissement du poirier. P. calleryana se reproduit facilement par semis. On obtient en moyenne 10% d'arbres faibles particulièrement sujets au dépérissement du poirier et il est important de les éliminer."

"Pyrus calleryana fut initialement introduit en Amérique du Nord dans le cadre de programme de croisement génétique afin de créer des poiriers domestiques disposant de la résistance au feu bactérien de certaines variétés de P. calleryana. Ce fut un échec mais en raison de sa très belle floraison printanière et de son beau feuillage rouge en automne, le poirier de Chine a été, depuis 1950, « reconverti » en arbre d'ornement principalement dans toute l'Amérique du Nord. L'espèce n'a pourtant pas que des avantages. En raison de la grande dispersion de ses graines par les oiseaux et de sa grande tolérance à tous types de sols et de climats, P. calleryana s'est aujourd'hui tellement propagé aux États-Unis qu'il y est désormais considéré comme une espèce invasive. Autre inconvénient, son bois est assez cassant, ses fleurs ne sentent pas très bon et son pollen peut provoquer des allergies."
Le fait que le bois soit cassant peut présenter des inconvénients par tempête, comme cela arrive ici.

"On utilise les semis de Pyrus calleryana comme porte-greffe pour de nombreuses variétés de poirier commun et surtout de nashi. Il est aussi particulièrement adapté aux variétés Comice, Bosc, et Seckel. Il est surtout utilisé en Chine et plus récemment aux États-Unis et au Japon.
Ce porte-greffe tolère des sols plus humides que le porte-greffe OHxF ou le cognassier."
Ca tombe bien, le terrain où il est planté ici est très humide.

"L'arbre fructifie plus vite et donne des fruits plus gros mais peut avoir un comportement irrégulier. À maturité, l'arbre est légèrement plus petit qu'un semis de Pyrus communis. Il est intéressant en climat chaud et terre sableuse ; s'adapte bien en France. Il se propage également bien par bouturage. Il existe de nombreux cultivars tels que « Bradford » (poirier de Bradford, le plus répandu), « Capital », « Chanticleer », « Red spire », « Aristocrat », « Autumn Blaze », « Cleveland Select », « Fauriei » ou « Whitehouse ». Les quatre premiers sont les plus résistants au feu bactérien et font donc de meilleurs porte-greffes pour les variétés de poires sensibles telles que la passe-crassane.
« Bradford », a un port très érigé qui le rend intéressant en zone urbaine mais, du fait de sa ramification anguleuse, il est également assez fragile et résiste mal aux tempêtes de neige ou aux grands vents."
Ca, ça tombe mal...

"De plus, sa durée de vie ne dépasse pas 25 ans, c'est pourquoi on lui préfère désormais des variétés plus résistantes telles que « Cleveland Select »."
Cette brève durée de vie est un inconvénient pour moi qui travaille à horizon de 150 ans, en général.

Un de mes vieux amis, le préfet Paul C., me demandait récemment quelle trace je laisserais sur cette Terre. Je lui ai immédiatement répondu "la restauration d'un monument historique", non sans ajouter "ce n'est peut-être pas considérable mais, au moins, ça ne fait de mal à personne".

En fait, nous venons de planter sur la parcelle au Nord du manoir et au centre du grand calendrier celtique, le plus à l'Est, un "Sequoia sempervirens" de 2 mètres de haut à ce stade mais dont un cousin a déjà atteint 115 mètres de haut quelque part en Californie.

Au centre de l'autre calendrier celtique, le plus proche de la D22, nous avons de même planté un "cèdre du Liban" ; un tel arbre peut vivre plusieurs milliers d'années.

Tout cela laisse rêveur. Quand je vous disais (voir un échange dans le Livre d'Or, à la date du 19 novembre dernier) qu'il faut être un peu fou pour entreprendre la restauration d'un monument historique...

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mercredi 12 Mai 2010
Journal du chantier - Architecture-M.O. - Transmission du patrimoine - Désultoirement vôtre !
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Le jeune Louis-Marie S., venu servir la messe en latin à la chapelle de la Chaslerie selon le rite tridentin, m'a posé une très bonne question. Si je résume, il m'a demandé pourquoi je restaurais autant de bâtiments qui, malgré d'importants travaux, restaient vides ou, pire, inachevés. Manifestement, il trouvait mon attitude quelque peu compulsive et ne comprenait pas que j'ouvre autant de chantiers en même temps.

Pour faire simple, j'ai répondu à cet enfant d'une famille nombreuse que je destinais la cave à mon fils aîné et la ferme à mon cadet. Je ne suis pas sûr de l'avoir convaincu. A son âge, les problèmes de transmission de patrimoine lui sont assurément étrangers.

J'aurais aussi pu invoquer le temps nécessaire pour mener à bien un programme de travaux aussi vaste. Du haut de sa dizaine d'années, je ne suis pas persuadé qu'il aurait mieux compris. Pourtant, la Terre a près de 5 milliards d'années, les arbres les plus vieux peuvent avoir 5000 ans, le logis de la Chaslerie a été construit il y a 412 ans et je ne m'en occupe que depuis 20.

En fait, par quelque bout que je retourne le problème, c'est ce que j'appelle, faute de mieux, la "logique du chantier" qui résume le moins mal mon attitude. C'est d'ailleurs l'argument que je mets en avant lorsque des adultes me posent la même question que le jeune Louis-Marie.

Est-ce que je les convaincs davantage ? A dire vrai, je n'en suis pas sûr.

A propos de ma façon de diriger les travaux, j'ai déjà parlé ici de "despotisme éclairé". On ne voudrait quand même pas que j'avoue me fier beaucoup à "mon bon plaisir" ? On sait que, par cette formule de lettres de chancellerie, le roi marquait sa volonté dans les édits. Donc problème : après Catherine II et, ici, François 1er, ne vais-je pas finir par me prendre pour Napoléon ?

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Lundi 24 Mai 2010
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales
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D'après les portraits qui en sont connus, les Habsbourgs ont souvent eu, à travers les siècles, les yeux globuleux et le menton prognathe. A l'évidence, ce n'étaient pas de grands prix de beauté.

Nous conservons à la Chaslerie deux portraits d'ancêtres de Carole qui me frappent. L'un date du milieu du 18ème siècle et ressemble plus qu'un frère à un cousin germain de Carole. L'autre date du milieu du 19ème siècle, et représente Paul Sauzet, président de la cour d'appel de Lyon et neveu du "grand-oncle Paul" qui fut Garde des Sceaux de Louis-Philippe 1er, roi des Français. Ce Paul Sauzet, le neveu, ressemble trait pour trait (coiffure incluse) à Tante Christiane, tante et marraine de Carole.

De mon côté, j'ai trouvé par hasard sur la toile, grâce à Google, la reproduction d'un portrait par Devéria, peintre renommé du 19ème siècle, d'un "Fourcade, président à la Cour Royale de Pau".

Or il se trouve que mon grand-père, Henri Joseph Victor Fourcade, "ingénieur des arts et manufactures", était né à Pau où résidait sa famille. On prétend même que nous descendrions d'Henri IV, "par la cuisse gauche", ce qui expliquerait notre appendice nasal, entre autres, digne de ce fier Bourbon. Mon père, Paul, Henri, Jules Fourcade, officier puis ingénieur, est né à Tarbes le 8 avril 1927 et décédé à Paris le 6 juin 1983.

Quoi qu'il en soit, je suis frappé par ma ressemblance avec le Fourcade portraituré par Devéria : même cran artistique dans les cheveux, même gras-double rassurant au menton, mêmes lèvres charnues, même front où l'on sent pétiller une intelligence hors norme, même forme harmonieuse du visage et j'arrête là momentanément cette liste... Tout sauf, hélas pour lui, le nez me donne ainsi à penser que ce devrait être un ancêtre dont j'ignorais jusque là l'existence.

J'ai donc prié Marie-Françoise Laurensou, passionnée de généalogie, de se lancer sur la piste de mes liens familiaux supposés avec cet individu. Ce serait en outre rigolo que le bonhomme ait été nommé à son poste par le grand-oncle Paul... A suivre.

P.S. : En tapant "Fourcade, président à la Cour Royale de Pau" sur Google, je suis tombé sur les informations suivantes : le président à (en fait de) la Cour Royale de Pau était ainsi Jacques Marie Fourcade (1779-1862) ; mais il y a mieux : il était apparenté à un Jacques Manuel Fourcade (1862-1943), sénateur des Hautes Pyrénées et bâtonnier de l'ordre des avocats à Paris ; je relève au passage que ce dernier, vice-président du Sénat, vota les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.

Or, j'ai effectivement entendu parler dans ma famille d'un Sénateur Fourcade... A suivre (bis).