Désultoirement vôtre !

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 15 Janvier 2011
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation
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Le "Publicateur Libre" vient, pour fêter ses 160 ans, d'éditer un ouvrage intitulé "160 ans d'informations du Bocage" que je parcours avec intérêt. J'y lis un article sur Gaston La Touche, "L'autre peintre de Champsecret" (par comparaison avec Charles Léandre) sur lequel je découvre l'intérieur du manoir de Chaponnais :

Reproduction d'un tableau de Gaston LATOUCHE dans l'ouvrage commémoratif des 160 ans du

Grâce à Google, je localise ce tableau. Il faudra donc que j'aille l'observer au musée des beaux-arts et de la dentelle d'Alençon. Je suis en effet toujours curieux, pour mes propres travaux de restauration, de m'imprégner de l'ambiance des anciens manoirs du Domfrontais. Or de vieilles cartes postales nous rappellent que Chaponnais fut sans doute construit à la même époque et par la même équipe d'artisans que la Chaslerie ou encore la Servière à Céaucé ou Loraille à Saint-Mars-d'Egrenne.

Profitant d'une insomnie, j'ai voulu lire le début de la dernière publication du "Pays Bas-Normand", association d'érudits locaux qui vient d'éditer le mémoire de maîtrise datant de 1993 de M. Franck MAUGER intitulé "Une vicomté normande à l'aube des temps modernes - Domfront (1450-1525)".

L'ouvrage est volumineux (384 pages) et la couverture est ornée de la reproduction d'une magnifique tapisserie que j'ignorais et qui m'a mis en appétit ("tapisserie mille-fleurs aux armes de Jean de Daillon, seigneur du Lude, capitaine et gouverneur de Domfront de 1474 à 1483, Montacute House, Yeovil, Grande-Bretagne").

Tapisserie mille-fleurs aux armes de Jean de Daillon, seigneur du Lude, capitaine et gouverneur de Domfront de 1474 à 1483.

L'avant-propos et l'introduction générale sont plus facilement lisibles que je ne l'aurais craint, tant je redoute, d'expérience, la propension au verbiage auto-satisfait et parfaitement indigeste de trop nombreux érudits locaux. Je suis donc d'autant plus encouragé à poursuivre que j'ai aperçu, page 6, une remarque judicieuse sur la faiblesse des sources historiques sur la période qui m'intéresse en l'occurence, le début de la guerre de cent ans. Je cite ce passage, relatif à l'ouvrage de l'érudit local Georges LASSEUR, "Histoire de la ville de Domfront", publié en deux volumes dans les années 1940 : "L'ambition monographique qui était la sienne se heurtait à la discontinuité et à l'hétérogénéité du matériau historique. En cause, le sort tragique des archives de l'apanage d'Alençon tôt dispersées puis victimes du terrible incendie qui, en 1737, ravagea la Chambre des comptes du royaume. Bien peu de choses, donc (sic), au regard des belles séries documentaires éclairant l'époque de la tutelle artésienne (1291-1332) ou l'occupation anglaise des années 1418-1450."

La première partie du travail d'étudiant de M. MAUGER est intitulée "Bilan et séquelle d'un siècle de chaos", celui de la guerre de cent ans. J'ai donc voulu y lire les pages consacrées à la première occupation anglaise du Domfrontais et, bien entendu, y retrouver l'évocation, si possible, des premiers LEDIN. Pour ceci, je me suis concentré sur le premier chapitre de l'ouvrage, "Occurrences de guerre au pays bas-normand (1346-1450).", et notamment sur ses pages 13 à 19 illustrées par la carte suivante :

Carte extraite de la thèse de maîtrise de M. Franck MAUGER.

Cette carte témoigne d'une chevauchée anglo-navarraise qui "dévasta" l'abbaye de Lonlay. Or l'on se souvient qu'en termes de féodalité, les LEDIN avaient pour suzerain l'abbé de Lonlay.

M. MAUGER évoque "l'impérieuse Marie d'Espagne, veuve du comte d'Alençon Charles II" et l'on sait que les écrits de cette dernière sont muets sur la Chaslerie. Je me suis toujours demandé si ce silence tenait à la subordination de la Chaslerie à l'abbaye de Lonlay, fief qui devait échapper à l'emprise effective de Marie d'Espagne, ou bien s'il ne résultait pas de la destruction d'un ancien manoir de la Chaslerie aux prémices de la guerre de cent ans, comme j'ai pu l'imaginer en redécouvrant de vieilles pierres sculptées lors de mes propres travaux de restauration. Sur cette question où je l'attendais pour apprécier la finesse de son travail, M. MAUGER ne pipe mot.

M. MAUGER renvoie clairement aux tensions entre les maisons d'Espagne et d'Evreux-Navarre. Il cite le rôle de Godefroy d'HARCOURT en des termes que j'approuve ("parangon d'une conscience normande qui mobilisait bien davantage sur le terrain de l'hostilité à la fiscalité royale que sur les sentiments identitaires"), pour autant que je sois habilité à distribuer les bons et les mauvais points. Il cite (page 15) les événements de 1356 qui conduisirent à l'exécution sans jugement de deux grands barons normands, Jean d'HARCOURT et Jean MALLET de GRAVILLE dont j'ai plaisir à fréquenter des descendants (ou en tout cas des parents). Il écrit (page 15 également) que "l'abbaye de Lonlay est incendiée dans des circonstances qui nous échappent mais qui sont liées à la guerre." Enfin il évoque Bertrand du GUESCLIN (dont on a déjà rappelé ici les liens familiaux allégués avec les LEDIN) qui combattit dans le secteur en 1361 et 1362.

Et c'est là, page 18, à l'occasion d'une note en bas de page, la note (39), qu'à mes yeux l'étudiant caennais de 1993 tombe le masque, me semble-t-il. Il vient en effet d'écrire qu'à la suite de la chute de Mortain et de Tinchebray, "L'importance militaire de Domfront s'en trouvait par là-même renforcée. C'est dans ce contexte qu'il convient de replacer les travaux réalisés au château et aux fortifications urbaines, sur lesquels ne planent rien d'autres que de vagues traditions".

Mais, plutôt que de recopier le texte en question, je préfère mettre en ligne l'intégralité de cette page où de nouveaux détails fort intéressants sont d'ailleurs fournis sur la mansuétude dont a fait l'objet, à l'époque, l'abbaye de Lonlay :

Page 18 d'une thèse de maîtrise d'un étudiant caennais de 1993.

Et voici comment, sans aucune justification alléguée de première main mais en termes virulents qui tranchent avec le ton docte et pondéré adopté jusque là, un étudiant caennais de 1993 se serait fait l'écho des prétendus érudits locaux qui, depuis belle lurette, s'emploient à tenter de rabaisser les LEDIN, en déconnectant curieusement leur sort de celui de l'abbaye de Lonlay.

Tout cela me laisse sur ma faim.

Sur quoi se serait donc appuyé d'HOZIER, dont on nous rebat les oreilles au mépris des originaux à son timbre conservés aux Archives départementales de l'Orne, comme on l'a démontré ici ? Pourquoi, au lieu d'étayer une thèse négative qui, à ce jour, me semble gratuite, ne pas se souvenir, quand il s'agit des LEDIN, que "L'extrême dispersion des sources documentaires interdit toute prétention d'exhaustivité" ainsi que le rappelait, dans un scrupule tardif (page 363...) mais bienvenu l'encore jeune Franck MAUGER ? Est-ce parce que les LEDIN relevaient d'une autre suzeraineté que les tabellions domfrontais que leurs prétentions, légitimes ou non, étaient ainsi combattues ? Pourquoi la mansuétude démontrée en faveur de l'abbaye de Lonlay ne semble-t-elle pas avoir été étendue à tous ses vassaux ? Ou bien doit-on imaginer que l'incontestable ascension sociale des LEDIN suscitait de fréquentes poussées d'urticaire dans un microcosme domfrontais dont le moins que l'on puisse dire est que, pratiquement depuis le XIVème siècle, il observe sans réaction significative utile les manifestations de son lent mais sûr déclin ?

Je promets qu'un tel travail trouverait ici le retentissement qu'il mériterait assurément.
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Dimanche 16 Janvier 2011
Désultoirement vôtre ! - Géologie
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Je n'ai plus parlé utilement de géologie dans ce blog depuis la fin octobre. Certes, mes premières remarques ont encouragé Pascal à rechercher des lots de grès dans des bâtiments en ruine des environs et c'est déjà un beau résultat. Mais, poussé par mon intérêt pour cette science et aussi par mon besoin d'approvisionner mon chantier en pierres appropriées, je reprends ce soir la plume.

Je me suis récemment procuré le "Guide géologique Normandie Maine", paru chez Dunod (2ème édition en 2006) dans la collection des "guides géologiques régionaux" sous la signature de Francis Doré, Claude Pareyn, Claude Larsonneur, Michel Rioult et Pierre Juignet. Je me méfie un peu car je n'avais pas trouvé les écrits de Francis Doré toujours faciles à lire (je fais allusion à sa contribution à la notice explicative de la feuille 1515 de la "carte géologique de la France à 1/50 000" éditée par le B.R.G.M. que j'avais évoquée ici dans un message du 19 octobre dernier).

La première partie de cet ouvrage présente en 17 pages la "géologie régionale" en distinguant entre "le massif ancien" et "la couverture mésozoïque et cénozoïque". Elle permet donc de replacer nos premières observations dans un contexte plus large et bienvenu. Je vais l'étudier afin d'en rendre compte ici. Il faudra sans doute que j'apprenne au passage à me servir de mon nouveau "scanner" pour pouvoir mettre en ligne les cartes les plus instructives.

La seconde partie, nettement plus volumineuse, présente 13 "itinéraires" dont le 7ème, intitulé "De Saint-Lô à Fresnay-sur-Sarthe par la vallée de la Vire et l'axe Mortain - Bagnoles de l'Orne", nous intéresse plus particulièrement. Il y est en effet question, pages 111 et 112, du "site de Domfront" et, plus précisément, de la cluse de la Varenne entre Notre-Dame-sur l'Eau et le pont de Caen.

Prenons donc le temps d'essayer de comprendre...

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Dimanche 16 Janvier 2011
Désultoirement vôtre ! - Géologie - Références culturelles
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L'"Art poétique" de Boileau regorge de belles formules comme :

Avant donc que d'écrire, apprenez à penser (Chant I)

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément. (Chant I)

Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse, et le repolissez,
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. (Chant I)

Il n'est point de serpent ni de monstre odieux,
Qui par l'art imité ne puisse plaire aux yeux,
D'un pinceau délicat l'artifice agréable
Du plus affreux objet fait un objet aimable. (Chant III)

Soyez plutôt maçon, si c'est votre talent. (Chant IV)

Je dédie ces vers bien frappés à Francis Doré, professeur de géosciences à la faculté de Caen, en regrettant qu'il ne les ait pas médités davantage avant de commettre son "guide géologique Normandie Maine" que j'ai hélas promis ici d'étudier...

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 22 Janvier 2011
Désultoirement vôtre !
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En concluant ses voeux au personnel avant-hier, le directeur général du Trésor a mis l'accent sur les quatre valeurs de cette administration : "ouverture", "engagement", "loyauté", "esprit d'équipe".

Carole a reçu hier sa feuille de notation d'IBM : ce sont clairement quatre qualités que tout le monde lui reconnaît dans ce grand groupe international où elle est en charge du droit du travail dans la zone "EMEA" (Europe, Moyen-Orient, Afrique).

Je comprends que ces quatre valeurs sont dignes de fonder la vie dans un cadre professionnel d'élite. Elles ne me posent aucun problème. La liste de Ramon FERNANDEZ, qui m'a accueilli avec tant d'humanité au terme d'une période de 12 ans, 3 mois et 1 jour, aurait pu être complétée de l'"intégrité" et cela ne m'en aurait pas posé davantage, je pense.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 22 Janvier 2011
Désultoirement vôtre ! - Géologie
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L'introduction du "guide géologique Normandie-Maine" de MM. DORE et autres est lisible, c'est pour moi une heureuse surprise :

Page 9 du

Page 10 du

Certes, il nous faut faire appel aux ressources de Google et de Wikipedia pour ne pas être débordés, mais on y arrive encore pour les mots sur lequels nous butons, eustatisme, transgressions et épirogenèse.

Le premier plan qui illustre cet ouvrage est plus complexe à déchiffrer. Pour tâcher de ne pas nous crever les yeux, je l'aggrandis autant que je peux ici (sans toutefois déborder de la page, ceci afin de ne pas en altérer le "design" si élaboré...) :

Carte géologique schématique de la Normandie et du Maine, page 9 du

On voit donc que Domfront (qui se trouve sur cette carte à la verticale du mot MANCHE, je dis cela pour ceux qui connaissent mal le secteur) est à la limite de roches du Briovérien et du Paléozoïque. On aperçoit la faille de l'Egrenne, qui passe à proximité de la Chaslerie.

En fait, on savait déjà tout ceci, au moins depuis mon dernier message du 20 octobre dernier sous cet onglet. Il faut donc poursuivre.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 22 Janvier 2011
Désultoirement vôtre ! - Géologie
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Entrons donc dans le corps de l'exposé sur la géologie régionale de M. Francis DORE et de ses collègues. Examinons ce qu'ils nous disent sur les origines du massif armoricain et cherchons toujours quels enseignements en tirer pour le Domfrontais et la Chaslerie.

Recherchons le sens des mots techniques dont la liste s'allonge : précambrien, radiométrie, protérozoïque, algonkien, cristallophyllien, pentévrien, briovérien, volcanites, plutons.

Comme vous le voyez, il va falloir bosser vraiment pour mériter notre nouveau savoir...

Pour vérifier qu'on a bien assimilé ces premières notions, on peut jeter un coup d'oeil à un autre exposé. On y découvre que la route est encore longue avant que l'on puisse se prétendre géologues amateurs. Mais ne désespérons pas, avançons progressivement !

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 22 Janvier 2011
Désultoirement vôtre ! - Géologie
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Revenons à notre étude des roches du Massif Armoricain apparues lors du Précambrien. Nous avons vu qu'il y avait lieu de distinguer entre deux périodes, le Pentévrien et le Briovérien. Commençons par le Pentévrien. On nous a dit que ses roches étaient cristallophylliennes.

Sur le Pentévrien, le "guide géologique Normandie-Maine" nous donne les détails suivants :

Extrait de la page 10 du

On voit donc que les roches affleurantes les plus vieilles de Normandie ont 2 100 000 000 ans environ, ce qui représente un peu moins que la moitié de l'âge de la Terre. Elles se trouvent au Nord du Cotentin, du côté de La Hague, mais aussi au Nord des îles anglo-normandes.

Dans l'extrait qui précède, on nous parle du Gondwana, de paragneiss et, plus généralement, de gneiss, paragneiss migmatitiques ou orthogneiss oeillés. On nous parle aussi d'amphibolites (pour comprendre ici, il faut s'accrocher), de schistes verts et de zircons.

Si vous en êtes d'accord, on va s'arrêter là pour ce soir. On a déjà beaucoup appris, même si nous n'avons pas encore abordé le Briovérien, c'est-à-dire l'époque où ont été formées les roches les plus anciennes de notre Domfrontais. En fait, on en est rendus en l'an - 650 000 ou à peu près, début de ce fameux Briovérien ; on n'en a donc pas encore fini avec le Protérozoïque (et vous savez dorénavant ce que ce mot veut dire, du moins si vous avez suivi...).

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Dimanche 23 Janvier 2011
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales
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Décidemment, nous n'avons pas beaucoup de chance avec les ancêtres de Carole ! Mes modestes journaliers sont quand même plus tranquilles. Voici dans quel état j'ai retrouvé le sosie de Gilles CHASTEL, cousin germain de Carole :

23 janvier 2011, l'ancêtre Sauzet médecin n'a pas résisté au choc.

Dans un message publié ici le 31 mai dernier, Marie-Françoise LAURENSOU avait identifié ce personnage à l'allure rousseauiste comme étant "Joseph Jean Baptiste Guillaume Sauzet chv (=chevalier) du Lys chirurgien médecin °1765 à Lyon, +10-8-1844 à Lyon."

Joseph Jean Baptiste Guillaume Sauzet, tel qu'il dominait le salon de la Chaslerie avant sa chute.

Malgré le tissu d'ameublement qui recouvrait le mur, la cordelette qui l'y retenait a lâché sous l'effet de la condensation sur le granite. Le malheureux a chu sur divers objets, les uns coupants, les autres contondants. Le tome 1 des œuvres de BOERHAAVE dont il présente fièrement la tranche ne pourra rien, cette fois-ci, pour le soigner. Je vais donc sans tarder le porter à Agnès ARCHIMBAUD afin qu'avec ses doigts de fée, elle le réentoile puis le restaure.

P.S. : Dès aujourd'hui, j'ai apporté ce tableau chez Agnès ARCHIMBAUD qui m'a tenu des propos réconfortants sur la possibilité de le restaurer et m'a recommandé de contacter mon assureur car, d'habitude, ce genre de dégât est couvert.

Le tableau déposé à l'atelier d'Agnès ARCHIMBAUD.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Lundi 24 Janvier 2011
Désultoirement vôtre ! - Géologie
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Nous allons reprendre tranquillement notre exploration géologique.

A ce stade, le document le plus intéressant, à mon avis, sur lequel nous nous sommes penchés est la page que Wikipedia consacre au Précambrien. Il s'agit de la période qui va "de la formation de la Terre, il y a environ 4,560 milliards d'années, à l'émergence d'une abondante faune d'animaux à coquille rigide qui marque, il y a 542 Ma", l'entrée dans l'ère primaire.

Au sein du Précambrien, nous nous sommes, à ce stade, surtout intéressés au Protérozoïque, période qui va, si l'on peut dire, de l'an - 2 500 000 000 à l'an - 542 000 000.

Au sein du Protérozoïque, nous avons découvert le Pentévrien, qui couvre approximativement la période allant de l'an - 1 300 000 000 à l'an - 1 000 000 000. C'est de cette époque que datent des roches du Nord Cotentin, qui sont les plus vieilles roches affleurantes de Normandie.

Tout en restant dans le Précambrien, et même dans le Protérozoïque, nous allons poursuivre par un saut dans le temps vers le Briovérien, qui s'étend de l'an - 670 000 000 à la fin du Précambrien. C'est de cette époque que datent les plus vieilles roches affleurantes du Domfrontais, non loin de la Chaslerie.

On va ainsi être amenés à distinguer entre "Briovérien inférieur", "Briovérien moyen" et "Briovérien supérieur" et à introduire les notions que résume le tableau suivant, tiré du "guide géologique Normandie-Maine" de Francis DORE et autres :

Le Protérozoïque de Basse-Normandie.jpg, page 10 du

Tout ceci mérite des éclaircissements, c'est le moins que l'on puisse dire. Procédons pas à pas et lisons donc la suite du guide :

Page 11 du

On se rend compte ici que, pour la suite, il vaudrait mieux savoir ce que sont les schistes et les phyllades, le Vendien, des anticlinoriums, ou encore un faciès (en géologie). Retenons ici, et ce ne sera pas mal, l'idée d'un grand plissement dont la crête était orientée Sud-Ouest/Nord-Est mais passait assez loin au Nord du Domfrontais.

Passons rapidement sur le "Briovérien inférieur" et sur le "Briovérien moyen", qui ne nous concernent pas dans le Domfrontais :

2ème extrait de la page 11 du

Ici, on peut sauter ce paragraphe et le suivant. Pour les très, très bons élèves, je donne néanmoins la clé des mots techniques relatifs au "Briovérien inférieur" : spilites, kératophyres, Montsurvent, andésites, pyroclastites, tholéiites, Saint-Germain-sur-Ay, le Mont Castre, le Val de Saire.

Et encore, cette fois à propos du "Briovérien moyen" : schistes sériciteux, phtanites, lande des Vardes, grès tuffacés, Rampan, Saint-Pair, calcaires oolithiques, la Meauffe. Ouf !

Bon, je vous sens épuisés. On fait donc une pause !

Et, si vous pensez que je vous transforme en chiens savants, dites-vous que Chaser a appris non moins de 1 022 mots différents : nous sommes encore loin du compte !

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mardi 25 Janvier 2011
Désultoirement vôtre ! - Géologie
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Le "guide géologique Normandie-Maine" poursuit son exposé par l'énumération des types de roches dont l'origine date du "Briovérien supérieur" :

3ème extrait de la page 11 du

Hélas, on ne peut pas dire que Francis DORE et ses collègues fassent beaucoup d'efforts pour rendre leurs écrits compréhensibles...

Ne nous laissons toutefois pas abattre et, même si c'est fastidieux, recourons une nouvelle fois à Google pour tenter de décrypter leur prose agaçante. Voyons donc ce que nous pouvons apprendre sur les mots qui coincent, en commençant par flysch, flysch turbiditique, diamictites, Cordillère constantienne (on essayera de localiser cette cordillère ultérieurement), tilloïdes, Granville, Montchaton, Orval, Quibou, Saint-Denis-le-Gast, Saint-Germain-d'Ectot.

J'adore ! Et, de temps en temps, je coupe le son...

Et je remets le son... Pont Landry, Parennes, Courmenant, basaltes, pillow-lavas, spilites (déjà croisés au début du paragraphe sur le "Briovérien inférieur"...), Vassy, tholéiites (déjà croisés, cf "Briovérien inférieur"), Montsurvent (même remarque).

On garde le moral (le travail, c'est la santé !) et on poursuit par une analyse des fossiles du Briovérien :

4ème extrait de la page 11 du

Ici, nous bloquons (provisoirement, bien entendu) sur : acritarches, phtanites (déjà rencontrés à propos du "Briovérien moyen"), Planolites, édiacarien.

On n'en a toutefois pas fini avec l'exposé sur le Briovérien dans notre guide géologique favori. Après en avoir ainsi décrit statiquement les roches et les fossiles, on va en effet s'intéresser à son "évolution géodynamique". Ce sera l'objet d'un très prochain message, si vous le voulez bien.

De passage sur le chemin des hauts champs, j'ai constaté la disparition du bâtiment situé en partie sur la propriété communale. J'avais rencontré M Bidard, l'héritier de M Poutrel et nous avions envisagé la démolition de celui-ci avec l'employé communal pour récupérer la pierre nous appartenant.

Je suis surpris de ne pas avoir été au courant de cette démolition et qu'une demande de permis de démolir n'aie pas été déposée en mairie compte tenu du fait que ce bâtiment se situait en zone protégée d'un monument historique.
J'espère que la pierre communale ne vous a pas été vendue par le propriétaire du reste du bâtiment.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mardi 25 Janvier 2011
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales
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Pendant que nous papotons de géologie, il y en a qui bossent lentement mais sûrement sur la généalogie.

Mon cousin François BONEU (cousin germain de mon père) m'a communiqué samedi dernier les lieux de naissance, dans son souvenir, de ses grands-parents (donc de mes arrière-grands-parents) LABATU, que j'ai évoqués ici le 28 août dernier. D'après lui, Paul LABATU serait né à Paris et Emma (je crois que c'était son prénom) à Jurançon.

J'ai immédiatement transmis ces informations à ma généalogiste attitrée, Marie-Françoise LAURENSOU. Et voici le texte du courriel que celle-ci vient de m'adresser :

(début de la citation)

Cher Pierre-Paul

Merci pour les renseignements, MAIS il y a un HIC!

La généalogie demande beaucoup de précision dans les termes employés.

J'aimerais savoir si votre cousin a spécifié que sa grand-mère était bien NEE à Jurançon, ou s'il a simplement dit qu'elle en était originaire, ce qui est très différent. De même pour son mari Paul Labatu : venait-il de Paris ou y était-il NE?

En effet, j'ai exploré les registres de Jurançon en "ratissant" large autour de l'année 1875, mais je n'ai trouvé aucune trace de votre aïeule. La seule personne portant ce nom est une jeune fille de 21 ans qui a donné naissance à un fils Jean-Joseph Guérin le 15-1-1876, ses parents étaient Joseph Guérin, militaire retraité et Catherine Lagrange. Cette jeune fille Catherine Guerin
est dite native de Navarrenx où habitent ses parents. Avez-vous entendu parler d'un ancêtre militaire? Cela pourrait expliquer la difficulté que l'on a à le localiser. J'ai également fait des recherches à Navarrenx pour la même période, mais sans succès.

De même, pour Paul Labatu, j'ai exploré les 20 arrondissements de Paris, sur la période concernée, mais sans succès. Peut-être est-il né dans une commune de la proche banlieue parisienne ? La confusion est fréquente, surtout chez les personnes demeurant en province.

Donc, triste bilan. En l'état actuel des renseignements dont je dispose, je ne peux, hélas, aller plus loin. Il va vous falloir ré-inviter votre cousin à dîner!!!!!.....

A bientôt d'autres nouvelles. Pourquoi ne pas soumettre votre Maman au supplice de la question?....Vous seriez surpris, j'en suis sûre, de tout ce qu'elle serait susceptible de vous apprendre.

(...)

Bien amicalement.

Marie-Françoise

(fin de la citation)

J'ai répondu à Marie-Françoise qu'il me restait peut-être deux sources d'information, la soeur aînée de François BONEU, Paulette de VALS, et un cousin à qui François avait transmis, il y a une vingtaine d'années, de vieux papiers de famille, Jacques FOURNOL. Le hic est que je les ai un peu perdus de vue. Je vais néanmoins voir ce que je peux faire.

Quant à ma mère, elle se souvient qu'en effet mon arrière-grand-mère LABATU buvait volontiers du Jurançon à l'apéritif mais c'est à peu près tout ce que j'ai pu en apprendre de précis à son sujet.

Mais ne désespérons pas, ce site internet nous a déjà apporté bien des informations inédites. Pourquoi pas en ce domaine aussi ?
Avec François et Marie-Noël BONEU, nous avions invité samedi à dîner Dominique et Maryvonne LEMAIRE, dont j'ai parlé ici le 30 novembre dernier.

Tous avaient étudié ce site avant de venir, pour essayer de comprendre en quoi avait pu consister ma vie depuis tant d'années où je ne leur avais plus donné signe de vie.

En fin lettré qu'il est, Dominique m'a offert un très bel ouvrage sur Henri IV, car il a découvert ici que je n'excluais pas d'en descendre.

Portrait d'Henri IV à cheval par Mathieu JACQUET, provenant de la Belle Cheminée du château de Fontainebleau, deuxième salle Saint Louis.

Je suis d'autant plus intéressé par cet illustre personnage qu'il régnait sur la France et la Navarre lorsqu'en 1598, le logis de la Chaslerie fut construit (ou même reconstruit, selon moi). Observons la mode vestimentaire du temps. Je ne suis pas sûr du confort de tels atours mais ils ne manquent pas d'allure :

Vers 1610, huile sur toile (H. 1,90 m ; L 1 m) par un artiste français ou hollandais, musée de la révolution française au château de Vizille.

Au château de Fontainebleau, dont Henri IV disait "mes bâtiments de Fontainebleau (...) que vous savez que j'aime", ce roi avait fait installer, entre autres, le tableau suivant de l'Ecole Hollandaise, "Paysage avec un château sur une montagne". A mon sens, cette vue n'est pas sans lien avec ce que pouvait être, à l'époque, l'ambiance de la Chaslerie...

tableau (H. 1,55 m ; L. 1,44 m) en dépôt du département des peintures du musée du Louvre au château de Fontainebleau.

Des décors de Fontainebleau, aujourd'hui disparus, donnent une idée de ce qu'avait pu vouloir copier René LEDIN pour orner les solives de la Chaslerie. Mais l'on sait que le feu a réduit ces dernières en fumée il y a désormais 126 ans.

Décor peint de poutres et solives d'une salle du pavillon du Tibre au château de Fontainebleau, relevé à la gouache, crayon et encre noire en 1854.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mercredi 26 Janvier 2011
Désultoirement vôtre ! - Géologie
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Avant de poursuivre avec l'étude de la géodynamique du Briovérien, revenons en arrière sur un schéma mis en ligne ici avant-hier mais pas encore commenté :

Schéma du Protérozoïque en Basse-Normandie, page 10 du

On voit d'abord que son titre, tel que choisi par Francis DORE et ses comparses, est mauvais. Ce devrait plutôt être "Le Protérozoïque en Basse-Normandie : relations entre les formations magmatiques, sédimentaires et l'orogenèse."

Ce tableau présente en effet, dans le sens de la hauteur, une échelle des temps et, dans le sens de la largeur, 4 colonnes, à savoir de gauche à droite :
- les formations magmatiques du Protérozoïque bas-normand,
- un schéma censé résumer le reste du tableau,
- les formations sédimentaires du Protérozoïque bas-normand,
- les noms des périodes géologiques du Protérozoïque.

La plupart des noms techniques expliqués dans mes récents messages sont replacés sur ce tableau, dans la colonne qui convient.

On remarque cependant :
- que l'échelle des temps du tableau est complètement distordue puisqu'on passe rapidement de l'an - 2 100 000 000 à l'an - 640 000 000 alors qu'on donne beaucoup plus de détails sur la période - 640 000 000 / - 540 000 000 ;
- que, pour les roches sédimentaires, il y énormément de blancs dans le tableau, de sorte qu'on peut s'interroger sur la représentativité des roches sédimentaires exhibées, à moins que l'on doive imaginer que le dépôt de sédiments n'ait été qu'intermittent car lié à des périodes d'immersion ;
- que sont citées et placées sur l'échelle des temps les trois phases de plissement des roches sédimentaires qui ont abouti à l'apparition successive de la chaîne icartienne, de la cordillère constantinienne et de la chaîne cadomienne.

Je terminerai ce message par l'explication des mots nouveaux icartien et cadomien (sur ces derniers sujets, le texte fourni me semble très clair ; je le recommande vivement car il nous change agréablement du magma doréen habituel ; accessoirement, il est enfin démontré grâce à Jean-Pierre ANDRE que, même en géosciences, il y a des auteurs qui savent rédiger : à marquer d'une pierre blanche ! ).

@ Roger GRIPPON, maire de La Haute Chapelle :

Merci pour vos observations émises alors que le bâtiment en cause était déjà entièrement démonté, ainsi que cela n'avait pas manqué d'être relaté ici, en toute transparence.

Vous avez bien raison de vous préoccuper du respect des lois et règlements aux abords des monuments historiques qui sont la légitime fierté de notre commune. Il semble en effet que certains omettent parfois de demander en temps utile les autorisations requises lorsqu'ils entreprennent certains travaux. Je fais référence ici à des événements anciens et pense que vous me comprenez.

Comme vous le savez, le bâtiment dont vous parlez était frappé d'alignement, à la suite du remembrement opéré sous l'un de vos nombreux mandats. Ce bâtiment ne pouvait donc être restauré et devait être détruit. En outre, sa démolition était dispensée d'autorisation en application de l'article R*421-29 d du Code de l'urbanisme qui semble vous avoir momentanément échappé.

Pour la même raison, je ne suis pas davantage persuadé que vous seriez fondé à revendiquer la propriété de quelconques pierres de ce bâtiment. Mais, même si, par extraordinaire, c'était le cas, il conviendrait que vous régliez ce problème avec mon vendeur : cela ne me concerne pas.

Car, de mon côté, tout est clair. J'ai réglé la facture qui m'a été présentée et me suis même abstenu, à ce stade du moins, de réclamer à la commune de me rembourser le coût de la main-d'œuvre utilisée pour déblayer la voie publique. Je serais prêt à compléter mon dossier sur ce point.

Merci, en tout cas, de visiter régulièrement ce site internet et de contribuer à son animation. N'hésitez pas, je vous en prie, lorsque vous y reviendrez, à signaler aux membres de notre association ce que vous avez entrepris, depuis sa dernière assemblée générale (dont il a été rendu compte, à l'époque, sous l'onglet "Vie de l'association"), pour améliorer la signalisation routière aux abords de la Chaslerie. Il y va de l'essor de l'activité économique (en l'occurence touristique) dans le Domfrontais.

Cette activité ne saurait bien entendu se résumer en une effervescence continue de lotissements d'autant plus surprenante qu'elle paraît concourir à déprimer le marché dans les communes voisines, donc à y spolier les propriétaires, très souvent modestes, des trop nombreux bâtiments délaissés.
L'autorité de la concurrence a pris hier une décision importante dans le domaine de la restauration des monuments historiques. Je l'ai découverte grâce à un article du point.fr intitulé "le racket de la rénovation des monuments historiques".

Voici le texte de cette décision de 163 pages dont beaucoup concernent la Basse-Normandie.

Or il m'est arrivé, pour des travaux à la Chaslerie, de faire appel à quatre au moins des entreprises qui viennent d'être condamnées. Les tarifs invraisemblables qu'elles pratiquaient (avec des excès bien supérieurs à 20 % à mon avis) m'avaient conduit à présenter à l'époque à un architecte en chef des monuments historiques, organisateur d'appels d'offres, des comparaisons entre, d'une part, les prix de revient de ces entreprises tels que je pouvais les reconstituer et, d'autre part, les prix qui m'étaient proposés puis facturés sous son contrôle. Cela m'avait conforté dans ma résolution de recruter ma propre équipe de maçons en m'affranchissant de tout intermédiaire parasite. Heureusement, j'en avais alors le loisir.

Espérons simplement que les procédés malhonnêtes qui viennent d'être condamnés ne porteront pas davantage atteinte à la nécessaire poursuite de la restauration, consciencieuse et sereine, des monuments historiques de notre pays.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Jeudi 27 Janvier 2011
Désultoirement vôtre ! - Géologie
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Essayons d'évoquer, comme promis, l'évolution géodynamique du Briovérien. D'après le tableau précédemment commenté, on peut s'attendre à des périodes d'orogenèse et à des phases de transgression (ça y est, je me mets à jargonner comme un vrai "géoscientifique", on s'y croirait !).

L'introduction de ce développement dans le "guide géologique Normandie Maine" est un peu opaque :

5ème extrait de la page 11 du

Ajoutons à notre glossaire le mot de subduction. En revanche, pour la suture cryptique, j'ai fait chou blanc ; mais on comprend à peu près ce que cela peut désigner... Donc retenons qu'une plaque océanique s'est enfoncée sous une plaque terrestre à hauteur des Coutances et Saint-Lô actuels, et que la friction des plaques s'est traduite par un échauffement local et par du volcanisme.

Voyons si la suite est plus limpide :

6ème extrait de la page 11 du

Si les deux premières phrases de ce paragraphe sont compréhensibles pour qui fait des efforts, la troisième et dernière fait de la résistance. On subodore toutefois que ce paragraphe ne fait guère que redire, avec d'autres mots, le laïus d'introduction.

Passons donc au suivant :

7ème et dernier extrait de la page 11 du

Vite, la traduction : flysch (déjà vu), épirogenèse (idem), diorite, grauwacke, turbidite proximale ou distale, la Laize, diamictite, Rouez.

Pour la troisième et dernière période du Briovérien, on verra ça plus tard !

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Vendredi 28 Janvier 2011
Désultoirement vôtre ! - Généalogie et sagas familiales
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Quand nos ancêtres ont-ils quitté l'Afrique ?

C'était bien après les périodes géologiques dont nous parlons ici : 125 mille ans sont en effet à 500 millions d'années ce qu'une seconde est à une heure ou à peu près, autant dire rien du tout.

On évoque ici 500 000 générations. Et je calcule qu'un demi million d'ancêtres en ligne directe rassemblés en un même mieu, cela représenterait la population d'une ville comme Lyon, la 3ème ville de France selon ce critère...