Chapelle

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Dimanche 13 Mars 2011
Journal du chantier - Ferronnerie - Chapelle - Liens divers - Dans l'Orne - Vie du site - Annonces
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Avouerai-je que je ne suis pas totalement convaincu par le dessin que m'a fait parvenir Roland FORNARI pour illustrer son projet de grilles pour la chapelle ?

Il y a d'abord un problème technique à résoudre : comment remplacer les barlotières sans risquer de casser les vitraux ? Ce problème n'est pas de la compétence du forgeron mais d'un vitrailliste. Il faudrait que j'en consulte un.

13 mars 2011, le vitrail Ouest vu de l'extérieur de la chapelle.

Indépendamment de cette difficulté, je me demande si les grilles prévues par Roland FORNARI ne vont pas nuire à la lecture des vitraux, et notamment des blasons, quand on les apercevra, si présentes, de l'intérieur de la chapelle :

Projet de Roland FORNARI pour les grilles de la chapelle.

Je vais donc prendre le temps de la réflexion. Et commencer sans doute par aller observer la grille qu'il m'indique avoir prise pour modèle, sur la tour du manoir de Mebzon, à Sept-Forges (c'est-à-dire à une vingtaine de kilomètres au Sud-Est de la Chaslerie).

Au pire, si jamais je décidais de ne pas donner suite au projet de restitution des grilles de la chapelle, il faudrait que je trouve un moyen d'éliminer les araignées qui se font bronzer entre les vitraux et leurs doublures de protection.

N.B. : le site internet de Mebzon montre, dans ses "archives", une étonnante "cache de curé". Je recommande de prendre le temps de le parcourir.

Bonsoir,

Votre forgeron, manie aussi bien la plume que le marteau sur l'enclume.

Dommage que la remarque de la visiteuse soit tronquée, l'ensemble de son point de vue est peut-être intéressant et nous éclairerait sur sa notion de mauvaise foi (de gauche et la droite... n'a jamais de mauvaise foi).

Je trouve que les pierres du petit pont sont tout-à-fait à leur place, c'est un vestige du passé à conserver.

Le projet de grille de la chapelle est bien vu, voici les noms de deux vitraillistes du Calvados : Sylvie Liegeois, j'ai vu son travail dans le réfectoire de l'abbaye de la Lucerne-d'outre-mer, vraiment très beau et ce soir je ne retrouve pas l'autre personne.

Le manoir de Mebzon, manoir digne d'intérêt, serait-il envisageable, si le propriétaire le veut bien, que vous fassiez des photos d'ensemble.

Le projet de porte fait trop neuf, les lames verticales devraient être de largeurs différentes et non parallèles, je remplacerais la poignée par un loqueteau poucier ; mais ce n'est que mon point de vue, je ne suis pas conseiller technique. Mais pour un MOF.............?
Un autre exemple, à la Bézirie :

Porte au manoir de la Bézirie.

Porte au manoir de la Bézirie.

Porte au manoir de la Bézirie.

Je vois que vous avez sauvé votre peau auprès de Madame.

Bonne soirée !

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 19 Mars 2011
Journal du chantier - Charpente-couverture - Ferronnerie - Chapelle - Dans l'Orne - Annonces
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Pour son projet de grilles pour la chapelle de la Chaslerie, Roland FORNARI m'a dit s'être inspiré des grilles de Mebzon.

Sur la façade d'arrivée de ce manoir, une fenêtre est en effet ornée d'une imposante grille à mystère fermée comme une cage (à l'étage au-dessus, on peut remarquer les 17 œillets d'une grille disparue, vraisemblablement semblable) :

18 mars 2011, la grille de la façade d'arrivée de Mebzon.

Voici un détail du montage de cette grille. On remarquera en particulier comment les traverses s'y enroulent autour des épingles :

18 mars 2011, détail de la grille d'arrivée de Mebzon.

Il y a une grille plus petite mais comparable sur la façade arrière :

18 mars 2011, la grille de la façade arrière de Mebzon.

C'est précisément celle-ci qui a inspiré Roland pour la chapelle ; l'aspect de cage, donc le décollement du mur, en sont sensiblement moins nets.

Enfin, les ouvertures de l'escalier de la tour sont toutes protégées d'une grille du même modèle qu'à L... (sur la photo suivante, on aperçoit un bout de l'échafaudage servant à la restauration de la couverture de cette tour) :

18 mars 2011, une grille de la tour d'escalier de Mebzon.

Par exception, Mr T. est venu passer le week-end à la Chaslerie. Il est accompagnée de son amie qui, hier soir, se montrait sensible à la qualité du site, qu'elle découvrait.

En début d'après-midi, je leur ai fait visiter la chapelle et montré l'état du chantier dans la cave ainsi que dans les fournils, celui du manoir et celui de la ferme. Au fil de cette promenade, j'ai compris que nous n'arriverions pas à trouver d'accord sur le style à donner à ces travaux.

Mr T. me paraît en effet obsédé par l'idée de percer de grandes ouvertures et de "moderniser" les lieux. J'estime qu'il cherche à m'imposer ses vues d'une façon qui me semble inappropriée aussi bien qu'inopportune. Il me reproche bien entendu l'attitude inverse.

J'en prends acte. Tant pis. Je continuerai donc à financer seul, tant que je le pourrai, tous les travaux que j'estimerai nécessaires. Par conséquent, à en décider seul.

Le dossier est refermé pour moi.

Sauf à ce que Mr T. se décide enfin à prendre rapidement en charge "l'aile de la belle-mère", c'est-à-dire les volumes qui, il y a une cinquantaine d'années, ont été tellement massacrés par Henri LEVEQUE - grand perceur d'ouvertures surabondantes et mal dessinées devant l'Eternel - que je me sens désarmé pour y prendre son relais.

La question du choix des tomettes à poser au sol du bâtiment Nord était pendante depuis trop longtemps. Carole ne s'étant toujours pas prononcée utilement, je me suis résolu à tirer sur le stock de matériaux entreposé dans la cave. En l'occurence, j'ai retenu les tomettes jaune pâle de dimensions 16x16 achetées à mon beau-frère Denis dans le Beaujolais, à Moulin-à-Vent précisément. Ce sont les mêmes que celles que j'ai déjà réutilisées dans la chapelle. Elles recouvraient le sol des combles d'un manoir que Denis restaure à sa façon ; c'est dire qu'elles sont d'origine, sans doute de la seconde moitié du 17ème siècle ; surtout, elles ne sont pas du tout usées ; comme elles étaient posées à la chaux, il a été facile de les récupérer sans casse.

L'artisan à qui j'ai demandé de les reposer dans le bâtiment Nord est Claude PRUNIER. Celui-ci me dit que, compte tenu du mode de chauffage du bâtiment Nord par le sol, il ne pourra pas coller ces tomettes à la chaux ; il lui faudra utiliser une colle moderne ; donc, une fois posées, ces tomettes seront irrécupérables. Et dire qu'on appelle cela le progrès...

Dans l'immédiat, aidé de Bernard, Claude PRUNIER trie mon stock avant de nettoyer l'ensemble au kärcher :

17 septembre 2011, le tri et le calibrage des tomettes stockées dans la cave et destinées au rez-de-chaussée du bâtiment Nord.

Je sais que je ne dispose pas de la quantité suffisante de ces tomettes pour l'ensemble du rez-de-chaussée du bâtiment Nord. Selon mes calculs, il devrait m'en manquer une petite dizaine de m2. Je me réserve donc de demander à FAUVEL de m'en fabriquer d'autres, sans doute d'une autre couleur, ce qui permettrait, le moment venu, de ménager une transition avec la salle-à-manger du logis.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Dimanche 2 Octobre 2011
Journal du chantier - Maçonnerie-carrelage - Bâtiment Nord - Chapelle
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Claude PRUNIER a commencé, il y a huit jours, à carreler l'entrée du bâtiment Nord :

24 septembre 2011, les premières tomettes posées dans l'entrée du bâtiment Nord.

Il réutilise là, comme on le sait, des tomettes anciennes de 16 x 16 où l'on peut encore observer les traces du passage d'un chat il y a environ 300 ans :

25 septembre 2011, qui de nous est assuré, comme ce chat du Beaujolais, que la Terre portera encore la trace de son passage trois siècles après notre disparition ?

Le travail avance à un rythme de sénateur :

24 septembre 2011, le chantier au terme de la première journée de travail.

1er octobre 2011, le chantier au terme de la deuxième journée de travail.

Claude PRUNIER en est arrivé, à ce stade, à préparer la suite du chantier. Ainsi, il a déjà ragréé le sol de ma future "chambre mortuaire" et s'assure du bon équerrage de la pièce :

1er octobre 2011, début du chantier de carrelage dans la chambre au rez-de-chaussée du bâtiment Nord.

Je voudrais qu'une fois ce travail achevé, ces tomettes brillent comme si elles avaient été posées il y a longtemps. A ce sujet, Gontran ACHARD de la VENTE m'a expliqué comment il avait procédé dans son salon, où il a posé lui-même, il y a une vingtaine d'années, des tomettes 9 x 9 de la tuilerie de la Bretèche qui sont du plus bel effet. Il a d'abord nettoyé les tomettes à l'acide chlorhydrique dilué, les a laissé sécher pendant plusieurs semaines puis les a gorgées de cire d'abeille en solution dans de l'essence de térébenthine, avant de les nettoyer de nouveau, cette fois à la térébenthine.

Voici donc ce que je devrais faire dans le bâtiment Nord comme, d'ailleurs, à la chapelle. Mais je ne suis pas sûr d'être aussi vaillant que Gontran...

Voici le courriel que j'ai adressé à la responsable du service des bâtiments de France à Alençon. Je le cite ici car il est bon que les tiers qui consulteraient éventuellement ce site aient, sur la question de la protection de la Chaslerie au titre de la législation sur les monuments historiques, toutes les données du dossier. Je précise que ce rappel ici aura également pour avantage - et ce n'est pas le moindre - de permettre à tous ceux qui en auraient besoin (et pour commencer, moi, mes fils, mes successeurs) de retrouver ces documents importants dispersés dans diverses chemises pas toujours bien rangées, en tout cas à la Chaslerie.

(début de citation)

Madame,

Comme je vous l'ai signalé vendredi, il ressort de contacts avec vos collaborateurs qu'il semble exister un débat quant à la bonne compréhension de l'extension de la protection au titre des M.H. sur le manoir de la Chaslerie. Cette question est bien entendu très importante pour la poursuite du programme de restauration du manoir puisqu'elle emporterait des conséquences négatives si l'interprétation restrictive était fondée.

Je me suis donc replongé dans mes dossiers et suis en mesure de vous communiquer la copie de documents officiels montrant que l'information de vos services semble incomplète et que, par voie de conséquence, leurs conclusions, telles qu'elles me parviennent, seraient à corriger.

Comme vous le savez, la protection de la Chaslerie est intervenue en trois étapes :

1 - Par arrêté ministériel du 2 novembre 1926, l'ensemble du manoir, de ses dépendances et des murs alentours a été inscrit à l'I.S.M.H. A l'époque, l'administration ne se livrait pas à une énumération ponctuelle des parties protégées ; elle se bornait le plus souvent à protéger un ensemble ; en particulier, il était entendu que, dans ce cadre et sauf mention contraire, toute protection relative aux extérieurs valait également pour les intérieurs ; seules les pièces préparatoires de l'arrêté explicitaient, dans la meilleure des hypothèses, l'extension de l'arrêté.

C'est ce qui s'est passé à la Chaslerie, à l'initiative d'Edouard HERRIOT, président du conseil, qui avait découvert le manoir lors d'une cure à Bagnoles et en a rendu compte dans son ouvrage "Dans la forêt normande". Je me suis procuré à Paris, dans les services de la direction du patrimoine, la "description sommaire du monument" datant d'août 1923, qui constitue la seule pièce explicative de l'arrêté de 1926, pièce dont je vous transmets ci-joint la copie :

Page 1 du rapport préparatoire à l'arrêté de 1926.

Page 2 du rapport préparatoire à l'arrêté de 1926.


On constate que :
- les dépendances situées à l'Ouest du manoir, qualifiées de "fermes" sont bien citées sur ce document ; à ce seul titre, on peut donc affirmer que les bâtiments de la ferme de la Chaslerie sont inscrits à l'I.S.M.H., tant pour leurs extérieurs que pour leurs intérieurs ;
- de même, le jardin est cité, donc protégé, étant entendu qu'il est décrit comme étant "circonscrit de trois côtés par un fossé de dix mètres de largeur et de deux à trois de profondeur" (il n'avait pas dû être curé depuis longtemps) ; à ce seul titre, ce que nous appelons aujourd'hui la terrasse et le "Pournouët" sont protégés, y compris les douves qui les entourent et les murs qui les délimitent.

2 - Par arrêté préfectoral du 26 octobre 1993, l'inscription à l'I.S.M.H. a été étendue à l'allée principale du manoir.

A l'occasion de cet arrêté, la D.R.A.C. de Caen a récapitulé sur un plan (dont copie jointe), qu'ils m'ont communiqué, l'implantation des protections au titre des deux premiers arrêtés :

Plan annexé à l'arrêté de 1993.


3 - Par arrêté ministériel du 4 juillet 1995, un certain nombre de parties inscrites à l'I.S.M.H. en 1926 ont vu leur degré de protection augmenté par classement parmi les monuments historiques ; à cette occasion, aucune des parties précédemment inscrites et qui n'ont pas été classées n'a vu sa protection diminuer.

Ainsi, "la terrasse située à l'est du manoir supportant l'ancien jardin avec ses murs de clôture et de soutènement, ses douves et le bief situé à l'angle nord-est ainsi que le bief amont" ont été classés parmi les monuments historiques. La ferme et ses dépendances n'étant pas évoqués dans ce dernier arrêté demeuraient donc inscrites au titre de l'arrêté de 1926 :

Page 1 de l'arrêté de classement de 1995.

Page 2 de l'arrêté de classement de 1995.


Comme la situation devenait complexe, Mme SINCE, qui avait instruit le classement, a récapitulé les niveaux de protection sur le plan joint (fourni ici, pour des raisons techniques, en deux pages mais mon original tient en une) :

Plan annexé à l'arrêté de 1995 (moitié gauche).

Plan annexé à l'arrêté de 1995, moitié droite.

Ce plan a d'ailleurs permis de corriger certaines imprécisions du plan de 1993. Tel qu'il se présente, il constitue un document officiel de la D.R.A.C. et montre sans ambiguïté que :
- la ferme et toutes ses dépendances (même celles en colombages qui avaient dû être démontées compte tenu de leur dangerosité suite à l'incurie de précédents occupants) sont inscrites à l'I.S.M.H.;
- le classement parmi les M.H. couvre la totalité de l'espace colorié en rouge sur le plan, à l'est du manoir, en particulier l'intégralité des fossés des douves et toutes les maçonneries attenantes (y compris celles dont l'existence n'était plus, à de minimes vestiges près, qu'un souvenir avant que je ne m'en préoccupe).

C'est dans le cadre de cette protection ainsi entendu que je veille à restaurer le manoir de la Chaslerie et l'ensemble de ses dépendances et maçonneries. Il est connu et, je pense, apprécié, que je le fasse de façon parfaitement transparente puisque tous détails sont fournis en temps réel sur un site internet ouvert au public.

C'est en particulier dans ce cadre que j'ai sollicité, à ce stade verbalement mais en obtenant un accord de principe de vos collaborateurs ("réservation de crédits"), des subventions de l'Etat pour :
- une étude préalable que je souhaite confier à Mme Lucyna GAUTIER et qui couvrirait, entre autres, la restauration de la ferme de manière à lui redonner son aspect initial de longère (j'attends encore le dernier devis de Mme GAUTIER qui a été freinée par les échos qu'elle entendait chez vous sur la protection de la ferme ainsi que de sa grange détruite, après restauration, par la tempête de 1999) ;
- la restauration de ce que j'appelle "le mur Ouest de la douve Nord" ; or il se trouve que je me suis rendu compte dernièrement du fait que le cubage de maçonnerie à restaurer sur ce mur serait très sensiblement supérieur à celui du mur Ouest de la douve Sud (sur la base de l'expérience duquel j'avais formulé ma première demande) ; j'ai donc recontacté vos services dès que je m'en suis aperçu, voici environ un mois, et, là encore, j'ai obtenu l'information qu'une seconde tranche de crédits serait programmée pour 2012.

Ceci étant, il n'est pas clair pour moi de savoir si la restauration du mur Ouest de la douve Nord est dispensée ou non de l'intervention d'un architecte. Lucyna GAUTIER, qui a pris l'attache de vos services, me dit que son intervention n'est pas nécessaire. Le fait est qu'il n'y a pas eu d'architecte pour la restauration du mur Ouest de la douve Sud, ni d'ailleurs pour la restauration du mur de terrasse ; pourtant, j'avais obtenu des subventions de l'Etat à l'époque.

Au total et en résumé, je vous prie de bien vouloir :
- me confirmer que les informations que je vous ai rappelées ont bien ôté de votre esprit tout doute sur l'extension de la protection de la Chaslerie, c'est-à-dire en particulier sur les faits que la ferme et inscrite et le mur classé ;
- m'indiquer si, pour la restauration du mur, je peux réglementairement me passer d'un architecte ;
- me confirmer que je peux vous adresser sans tarder, sur la base de nos derniers entretiens avec vos services, une demande de subvention pour la première tranche de restauration du mur Ouest de la douve Nord.

Je vous prie d'agréer, Madame, l'expression de mes salutations distinguées.

Pierre-Paul FOURCADE

(fin de citation)

N.D.L.R. : Pour la commodité de lecture de ce message, j'ai inséré les documents invoqués dans le corps du texte alors qu'ils sont simplement annexés à mon courriel.

Il faut enfin savoir qu'en plus des documents que j'ai reproduits ici, il y en a d'autres que je n'ai pas encore cités afin de ne pas allonger inconsidérément mon message.
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mardi 6 Décembre 2011
Journal du chantier - Maçonnerie-carrelage - Bâtiment Nord - Chapelle
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Quand, ce matin, vers 7 h 30, après avoir consulté les "pages jaunes" à "apiculteur 61", j'ai téléphoné à Daniel PERRET, de Perrou, pour lui demander s'il vendait "de la cire d'abeilles afin d'en gorger des tomettes", il a voulu savoir d'où j'appelais ; j'ai répondu : "de La Haute Chapelle" ; il a immédiatement réagi en prononçant ces paroles ô combien lourdes de sens : "Vous êtes du manoir de la Chaslerie ?"

Manifestement, cet apiculteur voisin a oublié d'être bête, sa rapidité de raisonnement m'a impressionné ! Igor passera prochainement s'approvisionner chez lui avant qu'avec Valentin, ils ne poursuivent leur travail, dès qu'il pleut, sur les tomettes du bâtiment Nord, de la chapelle et, sans doute, de mon bureau.

Jacques LAURENSOU
rédigé le Samedi 10 Décembre 2011
Journal du chantier - Maçonnerie-carrelage - Bâtiment Nord - Chapelle - Dans l'Orne - Annonces
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Bonsoir Pierre-Paul,

Les pages jaunes vous ont très bien orienté en vous envoyant chez notre fournisseur de miel préféré, depuis une trentaine d'année, bien avant qu'il ne soit à Perrou.

J'aime beaucoup discuter avec lui, il a sur la transformation de notre bocage des idées très réalistes et c'est un vrai écologiste.

Tous ses produits sont excellents ; avez-vous essayé ses bonbons, en particulier ses boules de miel fourrées au miel liquide ?

Bien amicalement.

Météo-France nous confirme qu'il fait ce matin -8°C à La Haute Chapelle, avec des rafales de vent à 20 km/h, de sorte que la "température ressentie" serait de -15°C. Les prévisions pour les huit prochains jours sont tout aussi mauvaises.

Je me demande quelles tâches je vais pouvoir inventer pour occuper Igor et Valentin qui m'ont déclaré hier avoir besoin de travailler chaque jour. Ils n'ont, paraît-il, aucune économie devant eux puisqu'ils envoient beaucoup de ce qu'ils gagnent à leurs familles en Roumanie (ce qui ne les a pas empêchés de s'acheter des voitures beaucoup plus belles que la mienne...). Le fait est qu'ils demandent, depuis que je les ai embauchés et malgré mes exhortations, à être payés hebdomadairement, ce qui me complique un peu la vie. Et je ne parle pas des avances sur salaire qu'ils sollicitent en permanence et ont parfois du mal à rembourser.

Avec Bernard, je n'ai pas de tels soucis. D'ailleurs, depuis qu'elle a installé son commerce de bar-tabac-alimentation à Saint-Mars-d'Egrenne, Gisèle le réquisitionne fréquemment et le brave Bernard obtempère placidement en filant doux : c'est quand même beau l'amour ! Mon conscrit n'a presque plus le temps d'accompagner son copain Claude MARTIN et Blacky à la traque aux bêtes sauvages qui cernent la Chaslerie, c'est dire...

P.S. : Dans les prochains jours, Igor et Valentin vont imbiber de cire d'abeille les tomettes de mon bureau et de la chapelle. Dans le bâtiment Nord, ils pourront recommencer le traitement. Je songe également à leur faire déblayer la pièce dévastée qui se trouve au-dessus du grand salon du logis.

Espérons que la vague de froid aura disparu quand ils en auront fini avec ces quelques travaux à l'abri.

11 mars 2012, les primevères !

C'est le printemps ! Sur les talus poussent les primevères :

11 mars 2012, primevères en bordure de la grande allée ! (bis)

Les pâquerettes sont apparues dans la prairie dont il va bientôt falloir recouper l'herbe :

11 mars 2011, fragiles pâquerettes...

Les taupes ont recommencé à attaquer, notamment autour de la chapelle. J'ai demandé à Michel LECORPS, mon taupier, d'intervenir sans tarder.

Au verso du document, une date, le 17 mars 1883 (soit un an avant l'incendie qui ravagea le logis de la Chaslerie), et la signature d'un LEVÊQUE :

L'inscription au verso du plan de 1883.

Qui était ce LEVÊQUE ? Si j'interprète ce que je vois, je note que cette signature largement lévogyre est dominée par le souci de ne pas rater l'accent circonflexe, et j'y devine un signe de hauteur dont le signataire devait escompter qu'il soit respecté par autrui comme il lui paraissait justifié. D'après la date, cet ayant-droit de GOUPIL pourrait bien être Charles, "né le 14 juillet 1823, avocat, juge et Président du Tribunal Civil de Vire, (qui) épousa le 26 avril 1864, à Tinchebray, Emilie CHANCEREL", selon l'ouvrage consacré aux RUAULT du PLESSIS VAIDIERE et à leurs alliances.

Le document est un plan aquarellé, très bien conservé, de la Chaslerie et de ses terres environnantes à l'époque. Je viens de le retrouver dans un recoin des boiseries de mon bureau, au premier étage de la tour Louis XIII. Il avait été laissé à l'intention de son successeur, moi en l'occurence, par Brigitte LEVÊQUE lorsque j'ai acheté la Chaslerie, il y a 21 ans.

En haut du plan, un croquis retient mon attention. Il est simplifié puisqu'aucun angle de la cour n'est droit en réalité mais il indique l'affectation des volumes du rez-de-chaussée à l'époque :

Le plan du rez-de-chaussée des bâtiments sur cour en 1883.

Ainsi, le bâtiment Nord abritait alors, exclusivement, une cave et des caveaux. Dans le logis, la salle à manger actuelle était alors la cuisine, tandis que le salon actuel était divisé en deux, avec une salle à manger et une chambre desservis par un couloir qui permettait d'accéder à une bibliothèque, pièce aujourd'hui inhospitalière. De l'autre côté de la cour, dans la tour Louis XIII, la pièce dont je retire actuellement les bûches était alors une seconde cuisine. Ce qu'on appelle aujourd'hui l'écurie avait bien cette fonction mais était alors divisé en deux, avec deux portes sur cour donc. Dans l'"aile de la belle-mère" actuelle, il y avait déjà les deux pièces que nous connaissons mais celle qui sert aujourd'hui de cuisine précaire était alors une cave et celle qui la jouxte (où j'ai déposé mon rameur) était une remise.

Le voisinage immédiat du manoir en 1883.

Dans le voisinage immédiat du manoir, je note particulièrement que le "Pournouët", à l'Est du manoir et entre les douves, était alors qualifié de jardin ; le circuit de l'eau était plus complet qu'aujourd'hui puisque, à la sortie des douves, l'eau se répartissait en deux bras partant d'un endroit différent de l'actuel, dont l'un des deux, aujourd'hui disparu, courait à travers les terres et parallèlement au Baudouët. Je note qu'il y avait bien alors un mur au fond de la douve Nord, celui qui est actuellement en cours de restauration et que j'appelle le "mur Ouest de la douve Nord" ; enfin, je retiens qu'il y avait bien un pont, clairement représenté sur ce plan, pour franchir le ruisseau alimentant les douves, pont dont je voudrais rétablir l'usage si j'arrive jamais à trouver les financements pour restaurer le mur d'escarpe des douves.

Par ailleurs, ce plan lève un mystère pour moi puisque j'avais lu, notamment dans le manuscrit de Louis GRAVELLE (pour les références, voir sous l'onglet "Bibliographie") qu'il y avait, au Tertre Linot une source alimentant l'abreuvoir situé au milieu de la cour du manoir mais je ne comprenais pas de quoi il s'agissait. Voici donc la réponse :

Le mystère résolu de la source du Tertre Linot.

Cette source existe toujours et explique que le jeune Maxime LEBOUTEILLER ait "coulé" le Valtra à cet endroit l'an dernier, en contrebas de l'ancienne carrière qui se trouve au bout de l'"allée principale", alors qualifiée d'Avenue. A la fin du 19ème siècle, cette source alimentait donc un petit ruisseau qui contournait le "petit bois" actuel et longeait les terres de la Thierrière avant de se jeter dans le canal d'arrivée d'eau dans les douves. Pas de trace en revanche, au moins à cette époque, d'une desserte directe de l'abreuvoir le long de l'"allée principale".
Voici les derniers plans laissés dans mon bureau par Brigitte LEVÊQUE, qui apportent quelques informations supplémentaires sur la Chaslerie, depuis sa vente comme Bien National.

1 - Un plan du début du 19ème siècle, porté sur une sorte de calque qu'a mangé par endroits l'encre utilisée ; il a été collé, il y a longtemps, sur un papier de meilleure qualité :

Plan de la 1ère moitié du 19ème siècle.

2 - Un plan que je daterais de la moitié du 19ème siècle puisqu'il fait ressortir la partition de la Chaslerie entre les deux adjudicataires de la vente comme Bien National avant qu'apparemment, un ayant-droit de GOUPIL réussisse la réunification :

Peu d'informations utiles au verso...

Le plan consécutif à la partition de la Chaslerie.

Notons sur ce 2ème plan que le canal d'arrivée d'eau aux douves a été détourné vers l'Est. Le logis, comme l'aile Ouest et le "Pournouët", était alors clairement divisé en deux lots. Le tracé actuel de la D22 y faisait son apparition (ce qui devrait permettre de dater ce document).

3 - Une copie, réalisée en 1949, du plan cadastral alors en vigueur :

Le plan est daté du 22 février 1949.

La copie du plan cadastral en vigueur en 1949.

J'apprends ici que deux bâtiments avaient été construits dans l'arrière-cour, adossés au mur du manoir au fournil. L'existence d'un pont au-dessus du canal d'arrivée d'eau dans les douves était clairement indiquée, avant même, donc, que le cours de ce canal ne soit modifié (ce qui était arrivé avant 1883, ainsi qu'on a pu le noter sur le message précédent). On peut également remarquer que la douve Sud se prolongeait derrière la charretterie. Retenons donc que ce plan était le plan cadastral encore en vigueur en 1949 mais qu'il avait été dressé avant 1883.

4 - Enfin, un plan de 1962, dressé à l'occasion d'un échange de terres auquel devait alors réfléchir Henri LEVÊQUE :

Ce document confirme qu'à l'époque, on se rappelait l'existence d'une canalisation reliant la source du Tertre Linot au manoir. J'y remarque également que la "route de Domfront à Lonlay-l'Abbaye" (actuelle D22) avait tangenté à une époque pas si lointaine l'extrémité Sud de l'Avenue de la Chaslerie.
Bonjour Monsieur,

Mes sincères félicitations pour vos travaux de restauration et pour ce "journal du chantier". Quel plaisir de suivre, presque en direct, les différentes avancées de votre entreprise !

Il est très problable que vous ayez d'ores et déjà connaissance de l'accessibilité au plan cadastral de 1824 de votre commune. Si ce n'était pas le cas, voici le lien, voir la section A.

Et pour toute autre recherche dans l'Orne...

Cordialement,

Mathieu

N.D.L.R. : Merci beaucoup, cher et mystérieux Mathieu. J'ignorais l'existence de ces liens. J'ai réussi à ouvrir le second. Donc vous nous apprenez que le cadastre encore en vigueur en 1949 datait en fait de 1824. Je comprends également que le plan que je datais du milieu du 19ème siècle (celui où apparaît la D22 et où le canal d'arrivée de l'eau dans les douves a été détourné vers l'Est) est effectivement postérieur à 1824...
Jean-Michel CHEVALIER
rédigé le Mardi 23 Avril 2013
Livre d'or - Journal du chantier - Maçonnerie-carrelage - Bâtiment Nord - Chapelle
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Bonjour monsieur,

Travail passionné admirable que de transmettre ce patrimoine mais surtout de nous laisser lire vos réactions et la vie de cette restauration pas à pas.

Si vous daignez donner un conseil à l'un de vos lecteurs qui restaure lui aussi un manoir mais de moindres dimensions : ce serait de connaître le traitement que vous avez fait subir aux terres cuites que vous avez fait poser (saturation, cire ?). Je possède des sols en terre cuite du XVIIème avec chauffage par le sol et m'inquiète de savoir comment, sans se ruiner, les traiter pour qu'elles soient satinées et patinées à souhait sans trop briller mais tout en étant protégées.

Par avance, je vous remercie de votre aide précieuse.

N.D.L.R. : La vérité est que je n'ai pas de conseil à donner à ce sujet. Ce que j'ai tenté (saturation de cire d'abeille) a foiré, du moins en rez-de-chaussée. Deux raisons à ceci : d'une part, mes rez-de-chaussée sont bâtis à même le sol, sur un terrain très humide ; d'autre part, j'ai eu le tort d'imbiber d'un matériau nourrissant des tomettes non chauffées. Donc la vermine (champignons) s'en est donnée à cœur joie, comme je l'avais expliqué à l'époque. Igor a tenté de rattraper ça, comme dans la chapelle ou dans ma "chambre mortuaire" (au rez-de-chaussée du bâtiment Nord) mais le résultat est loin d'être fameux. On reprendra cela tranquillement à l'occasion, par exemple quand j'aurai résolu mes problèmes de chauffage...

Didier SINSON
rédigé le Dimanche 2 Février 2014
Livre d'or - Journal du chantier - Maçonnerie-carrelage - Chapelle - Ferme et son fournil
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Bonjour,

Consultant parfois votre blog, j'ai lu que vous aviez coulé des dalles de béton de ciment. Restaurant un logis en Vendée, il me semble effectivement que cela est nécessaire pour un chauffage au sol. Pour ma part mon option a été d'abandonner ce type de chauffage pour un classique réseau de radiateurs car je voulais une dalle qui respire pour empêcher les remontées d'humidité dans les murs périphériques. J'ai donc réalisé une dalle de béton de chaux de 15 cm (St-Astier ou Tradical) qui recouvre 15 cm de pouzzolane (pour drainer l'humidité). Cela semble fonctionner parfaitement. Dans le logis, le ciment est interdit, toutes les tomettes, dalles de pierre sont posées sur chaux avec des joint à la chaux.

Je vous souhaite beaucoup de courage. Pour ma part cela ne fait que 2 ans de travaux et j'admire votre persévérance.

N.D.L.R. : Merci. J'en suis toujours à observer les remontées d'humidité dans le fournil de la ferme. J'attends les beaux jours pour essayer de décider comment résoudre le problème rencontré.

N'hésitez pas à nous faire partager vos joies et difficultés de restaurateur de vieilles pierres, nous pourrons ainsi échanger plus commodément. Vous pouvez m'envoyer des photos par courriel à penadomf "at" msn.com et je pourrai alors compléter vos messages avant de les mettre en ligne.

M. MAFFRE m'a demandé de rédiger un historique des constructions de la Chaslerie, en distinguant entre ce qui relève des données avérées ou des conjectures. Voici de quoi m'occuper un moment, surtout si j'essaye d'illustrer mon propos par des photos de ma collection. De plus, je lui ai confié hier mes exemplaires des principales références bibliographiques, ce qui ne va pas simplifier ma tâche ici.

Je vais néanmoins essayer de faire la synthèse de ce que j'ai appris à ce sujet au cours des vingt et quelques dernières années.

(début de l'historique)

La Chaslerie est un ensemble manorial typique du bocage Domfrontais, en limite normande du Massif Armoricain. Cet ensemble, dénommé localement un « village », fut édifié du 16ème au 18ème siècle sur un site beaucoup plus ancien dont il subsiste des vestiges significatifs (douves et murs percés de nombreuses meurtrières).

La géologie de cette extrémité du Massif Armoricain laisse affleurer des roches vieilles d'environ 450 millions d'années, alignées, comme le synclinal Domfront-Mortain, selon un axe Est-Ouest.

Dans un rayon de 500 mètres autour de la Chaslerie, ces roches sont des grès schisteux, c'est-à-dire une pierre dure et difficile à tailler ; les carrières qui ont été utilisées pour construire la Chaslerie sont très vraisemblablement celles dont il subsiste la trace, l'une et l'autre à cette distance du manoir, l'une au Nord (à proximité du lieu-dit dénommé Guéviel), l'autre en haut de l'Avenue de la Chaslerie. On trouve aussi du granite (ressemblant beaucoup plus au bleu de Vire qu'aux granits de Chausey) à quelques kilomètres au Nord de la Chaslerie.

La documentation disponible montre que, pour les couvertures, ardoises et tuiles étaient également utilisées dans le Domfrontais, étant signalé qu'un important centre potier existait jusqu'au début du XXème siècle à Ger, qui utilisait la terre extraite des parties inondables de La Haute-Chapelle :

La Chaslerie a été édifiée à proximité d'un vieux gué, le Guéviel, qui se trouve au confluent d'un ruisseau, le Beaudouët (également appelé Choisel), qui traverses ses terres et alimente ses douves en eaux, et de l'Egrenne.

La Chaslerie se trouve bâtie à flanc de coteau et son logis regarde essentiellement vers l'Est et l'amont du Beaudouët ; il en entend les bruits (longtemps agricoles, désormais pétaradants parfois, comme les motos de jeunes barbares voisins, adeptes du moto-cross sauvage, ce qui pose un problème qui devra être traité) et en domine la vallée alluviale dont le fond marécageux fut asséché lorsque fut cantonnée par des douves la parcelle dénommée Pournouët (un nom révélateur de cette fonction d'assainissement du terrain) en bordure Ouest de laquelle fut construit le manoir.

(A suivre)