Cave

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 6 Novembre 2010
Journal du chantier - Menuiserie - Peinture - Sculpture - Bâtiment Nord - Cave - Ferme et son fournil
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J'ai toujours eu beaucoup de considération pour le savoir-faire et la conscience professionnelle des "meilleurs ouvriers de France". Mon coiffeur, Didier SAMSON, de Flers, en fait partie. Il est même leur président au niveau départemental.

Pascal POIRIER, le sculpteur de La Ferté-Macé qui a réalisé la statue de Sainte Anne a été admis parmi eux il y a deux ou trois ans.

Denis DUVEAU, menuisier-ébéniste, de Saint-Germain-de-la-Coudre, en est un troisième. Il m'a été recommandé par Patrice CAHART, très satisfait de ses interventions au manoir de la Fresnaye, sur le territoire de la même commune.

Denis DUVEAU est venu m'apporter ce matin un certain nombre de devis qu'il avait préparés à ma demande. Ces devis m'ont paru raisonnables. Je lui ai donc passé commande pour la porte d'entrée du bâtiment Nord (en effet, j'en ai plus qu'assez de la mochissime porte blanche en sapin héritée de mes prédécesseurs ; elle est d'ailleurs quasiment H.S.)...

7 novembre 2010, le bâtiment Nord vu de la cour.

... ainsi que pour la porte et deux fenêtres de la "maison de Toutou" (c'est ainsi que j'appelle l'abri de jardin, cette dépendance de la cave) et pour deux châssis fixes pour l'appentis de la cave.

La porte du bâtiment Nord devrait être posée en janvier prochain, c'est-à-dire en temps utile avant le retour du peintre DUBOURG, de Flers, qui pourra ainsi la peindre en rouge sang de boeuf quand il viendra s'occuper du dressing du premier étage. Quant aux huisseries des dépendances de la cave, la perspective de leur installation va nous obliger à compléter enfin les colombages correspondants avec le torchis qu'ils appellent, les malheureux, depuis plus de dix ans.

De son côté, Pascal POIRIER m'a écrit une belle lettre pour décliner ma demande qu'il restaure la statue de calcaire que je souhaite exposer dans la niche Est du fournil de la ferme. Voici son texte, que je viens de recevoir :

" Après examen de la statue que vous m'avez confiée pour un devis de restauration, je vous donne mon avis de professionnel.

Il me paraît difficile d'envisager des travaux pour les raisons suivantes :
- La pierre de cette statue présente des fissures et fait partie des calcaires gélifs. Il est donc déconseillé de continuer à l'exposer à l'extérieur.
- Les restaurations du passé (plâtre ? ciment clair ?) ne tiennent pas et les rajouts que l'on tentera de faire ne tiendront pas plus ; malgré une intervention, l'ensemble, même exposé à l'intérieur, restera fragile et surtout inesthétique (souligné).

Je ne peux pas me lancer dans une opération douteuse qui ne contentera personne.

Dans l'attente de votre prochaine visite.

Cordialement,

Pascal POIRIER."

Cette lettre est un exemple de la qualité de relation que je souhaite développer avec les artisans qui interviennent à la Chaslerie.

Je remercie donc Pascal POIRIER pour son avis motivé, dont j'ai pris connaissance avec attention et intérêt.

Toutefois, considérant que la niche prévue pour la statue est orientée à l'Est (donc à l'abri de l'essentiel des pluies), que cette statue n'est pas une œuvre d'art bien considérable, qu'elle ne représente personne, sainte ou autre, que je reconnaisse, et qu'elle devrait pouvoir tranquillement terminer sa brave vie de statue dans la niche que je lui destine, j'irai la rechercher chez Pascal POIRIER et je demanderai à Pascal MAIZERAY de la reposer pour moi dans la niche en question.

Et le jour où cette statue se déliterait de façon laide et trop apparente, nous aviserions sur la conduite à tenir.

Torchis (1/) :

J'ai emprunté à la "Médiathèque" de Domfront, sur la vive recommandation de la bibliothécaire, un très intéressant ouvrage, "La terre crue en Basse-Normandie, de la matière à la manière de bâtir", édité par le "centre régional de culture ethnologique et technique de Basse-Normandie".

J'y découvre une foule d'informations, très bien présentées et illustrées, qui m'éviteront bien des erreurs quand nous avancerons dans la restauration de l'appentis de la cave et de la "maison de Toutou". Et l'on sait que nous nous apprêtons à passer à l'attaque !

D'abord, un point de vocabulaire que j'ignorais, de sorte que je mélangeais toutes sortes de notions. Je cite :

"Le pisé, terre généralement graveleuse compactée à l'état humide par petits lits successifs dans un coffrage, est fréquemment utilisée en Auvergne et dans la région Rhône-Alpes.

L'adobe, brique de terre mélangée éventuellement à des végétaux, moulée dans des moules en bois et simplement séchée avant d'être maçonnée, est utilisée principalement en Champagne et en région Midi-Pyrénées.

Le torchis, mélange de terre et de végétaux, employé à l'état plastique en remplissage d'une structure bois, est assez répandu sur la partie nord de la France, de la Bretagne à l'Alsace en passant par l'Ain. Cette technique a également été utilisée dans le Sud-Est.

Et enfin la bauge, mélange de terre et de végétaux manié également à l'état plastique sans coffrage pour réaliser des murs massifs et porteurs - à la différence du torchis - se rencontre principalement sur la partie ouest de la France, depuis l'Aquitaine jusque dans l'Avesnois, avec deux épicentres dans le bassin de Rennes et au coeur des massifs du Cotentin."

Le bâti en terre en France.

Je lis un peu plus loin : "Le sud de la Manche et l'ouest de l'Orne constituent une zone de construction à pans de bois et torchis où plusieurs techniques cohabitent : le lattis simple, le lattis double et les éclisses. L'Avranchin présente généralement des techniques plus sommaires - avec seulement quelques poteaux espacés visibles - que celles rencontrées dans les environs de Domfront où les pièces de bois sont plus resserrées."

Répartition du bâti en terre en Basse-Normandie.

Donc, c'est très clair : à la Chaslerie, c'est de torchis exclusivement que nous devons parler.

La composition de la terre est ensuite expliquée de façon très pratique, en mettant l'accent sur le rôle de l'eau et des minéraux argileux, puisque "ce qui différencie la terre d'un mortier classique c'est que sa fraction la plus fine, argileuse, se mêle à l'eau pour jouer un rôle de liant naturel entre les particules. Cette particularité explique que la terre a souvent été utilisée comme mortier, pour maçonner les murs en pierre, sans qu'on ait eu besoin d'ajouter d'autres liants tels que chaux ou ciment."

Ceci, à la Chaslerie, on l'avait bien compris : toutes les pierres des murs, jusqu'au XXè siècle, y ont été montées à l'argile, ni plus, ni moins.

Il est donc important de comprendre la proportion d'argile que contient la terre qu'on se propose de mettre en oeuvre. A cet effet, divers tests simples sont proposés :

- "On mord une pincée de terre et on l'écrase légèrement entre les dents. Si la terre est sableuse, elle crisse avec une sensation désagréable. Si la terre est silteuse, le crissement n'est pas désagréable. Enfin la terre est argileuse si l'on éprouve une sensation lisse ou farineuse."

- "Essai sensitif : Prendre une petite quantité de terre sèche et la frotter à sec dans la paume de la main : une sensation abrasive indiquera une forte présence de sable et de silt. Mouiller petit à petit la terre : si elle dégage une odeur, c'est qu'elle contient des éléments organiques. Laver la paume de la main à l'eau : si la terre se lave facilement et ne colle pas, la terre est sableuse ; si la terre colle et se lave difficilement, la terre est silteuse ; si la terre colle beaucoup, se nettoie difficilement en laissant des traces de coloration et une sensation 'savonneuse', la terre est argileuse."

- "Sédimentation : Dans un récipient transparent d'au moins 0,5 l, mettre 1 volume de terre débarrassée des éléments les plus grossiers et 3 volumes d'eau. Agiter vigoureusement le récipient fermé. Laisser décanter le mélange sur une surface horizontale pendant une heure. Agiter de nouveau le mélange et le laisser décanter. Mesurer huit heures après la hauteur du dépôt ainsi que les hauteurs des différentes couches de sédiments qui se sont déposés en fonction de leur gravité : les sables au fond, puis les silts et les argiles en couches supérieures (...)."

- "Test de résistance à sec : Mouler dans un cercle de plastique une pastille de terre de 3 cm de diamètre sur 1 cm d'épaisseur. Laisser sécher et observer le retrait par rapport au moule. Retrait et fissures sont le signe d'une terre riche en argile. Casser la pastille pour observer la résistance : difficile à casser avec un claquement à la rupture, la terre est argileuse ; difficile à casser mais sans trop d'effort avec possibilité de réduire en poudre entre pouce et index, la terre est sablo-argileuse ; facile à casser et à réduire en poudre, la terre est sableuse ou silteuse."

- "Test du cigare : Débarrasser l'échantillon des éléments grossiers. Mouiller et malaxer la terre de manière à obtenir une pâte homogène. Laisser la terre reposer 1/2 h au moins. Rouler la pâte de manière à obtenir un cigare de 3 cm de diamètre. Poser le cigare sur un plan horizontal et le faire avancer dans le vide jusqu'à sa rupture. Mesurer la longueur du morceau de cigare tombé. Recommencer le test plusieurs fois pour pouvoir valider le résultat : moins de 5 cm, la terre est très sableuse, plus de 15 cm, la terre est très argileuse ; entre 5 et 15 cm, la terre est sablo-argileuse."

Je vous encourage à réaliser ces tests comme nous allons nous y employer de notre côté, bien que je n'aie pas beaucoup de doute sur le caractère très argileux de la terre de la Chaslerie : il suffit de voir les retraits sur le sol de terre battue de la charretterie, alors pourtant que cette terre avait été mélangée à du gravier.

Je serai certainement amené à citer de nouveau ce remarquable ouvrage lorsque nous commencerons à compléter de torchis les colombages des deux dépendances de la cave que j'ai évoquées au début de ce message.
Ce message et le suivant seront consacrés à deux dépendances que, par exception avec une grange de la ferme, j'ai choisi de restaurer. Il s'agit aujourd'hui de deux dépendances de la cave, son appentis et l'abri de jardin que j'appelle la "maison de Toutou". A l'origine en effet, cette "maison de Toutou" était une dépendance de la ferme.

Commençons par l'appentis de la cave. Voici un peu plus de 20 ans, c'était un poulailler qui avait été édifié sommairement contre le pignon Ouest de ce bâtiment. On l'aperçoit au fond de la photo suivante, émergeant difficilement des ronces qui avaient colonisé le terrain qui me fut vendu en 1991 ; au premier plan, l'herbe est coupée normalement : en effet, ce terrain-ci appartenait alors aux VANNIER et non aux LEVEQUE...

Avant 1991, aperçu du poulailler jouxtant la cave.

Dès 1991, je fis démonter ce poulailler qui avait été bricolé là de façon ingénieuse puisqu'il était possible d'envoyer des graines aux poules sans sortir de la cave :

Juillet 1998, vue du pignon Ouest de la cave après le démontage du poulailler et juste avant les premiers travaux de l'appentis.

Les fondations de béton du nouvel appentis furent coulées en juillet 1998 :

Juillet 1998, les fondations de l'appentis de la cave.

Puis le maçon d'alors et son employé commencèrent à édifier les soubassements...

9 juillet 1998, le soubassement de l'appentis de la cave en cours de remontage.

... avant d'interrompre leur ouvrage pour permettre au charpentier-couvreur d'intervenir...

24 juillet 1998, les soubassements de l'appentis de la cave en attente de l'intervention du charpentier.

... ce qui fut fait dans les mois suivants :

19 novembre 1998, l'entreprise BOUSSIN à l’œuvre sur l'appentis de la cave.

Fin 2009, le bois des colombes fut enfin protégé des intempéries :

13 octobre 2009, l'entreprise DUBOURG de Flers en train de lasurer les colombes de l'appentis de la cave.

A ce jour, il a enfin été porté remède aux infiltrations d'eau qui, depuis plus de 10 ans, pénétraient dans cet appentis tous les hivers. On sait en effet que Pascal a drainé la cave et son appentis à l'automne dernier (il en a été rendu compte sous cet onglet). Ce n'était certes pas du luxe :

19 mars 1999, infiltrations d'eau dans l'appentis de la cave.

On sait également qu'il reste à poser prioritairement du torchis entre les pièces de bois de cet appentis avant qu'enfin il soit hors d'eaux. A terme, cette dépendance devrait abriter la chaufferie de la cave et son électro-ménager bruyant ou volumineux. Du moins, si Thibaud prend effectivement mon relais, ce qui reste à voir.

Voici en tout cas l'une des dernières photos de cet appentis :[img:700]2010_08_10_04 - Copie - Copie.jpg,10 août 2010, l'appentis de la cave dans son état juste avant le drainage.[/img]
Examinons maintenant comment a été restaurée, à ce stade, la "maison de Toutou", cette nouvelle dépendance de la cave.

A l'origine, cette construction se trouvait à l'angle Nord-Est de la parcelle de la ferme...

30 janvier 1993, la "maison de Toutou" devant la ferme.

... où elle servait d'abri aux moutons de mes voisins Jean-Paul et Christine VANNIER :

8 juillet 1998, la "maison de Toutou" devant la ferme.

Dès mon achat de la ferme, en 1993, je fus convaincu de l'impossibilité de la restaurer sur place mais aussi de l'opportunité de la transplanter à côté de la cave. Il fallut donc la démonter :

9 juillet 1998, démontage de l'ancienne "maison de Toutou".

Nous eûmes ainsi confirmation qu'il n'y avait rien à récupérer...

10 juillet 1998, suite du démontage de l'ancienne "maison de Toutou".

... de sorte qu'elle fut finalement rasée :

18 juillet 1998, fin du démontage de l'ancienne "maison de Toutou".

Avec l'accord de l'administration des affaires culturelles, j'entrepris de la rebâtir une centaine de mètres plus au Sud. Le maçon auquel je recourais alors creusa des fossés pour les fondations du nouvel édicule...

24 juillet 1998, le tracé des fondations de la nouvelle "maison de Toutou".

... mais choisit ce moment pour disparaître définitivement du chantier. Roland BOUSSIN ne voulut pas attendre que je lui trouve un successeur, donc que les soubassements soient réalisés, avant de me livrer la superstructure :

11 mars 1999, la superstructure de la nouvelle "maison de Toutou".

Il me poussa donc à prendre le risque d'une installation on ne peut plus précaire :

19 mars 1999, la superstructure de la future "maison de Toutou" en équilibre précaire.

La tempête de 1999, quelques mois plus tard, démontra que le pari avait été mauvais. Elle prouva également que le travail de Roland BOUSSIN avait été là de médiocre qualité, puisqu'au lieu de cheviller les pièces de bois, il s'était bien trop souvent contenté de les clouer. Bref, la tempête ravagea l'édicule :

27 décembre 1999, juste après la tempête...

Inutile de préciser que je ne félicitai pas Roland BOUSSIN. Le recrutement d'un maçon salarié permit, avec plusieurs années de retard, de régler la question des soubassements :

13 juillet 2009, Roland BOUSSIN en train de réparer la couverture de la "future maison de Toutou".

Je fis appel à un charpentier tiers pour reprendre convenablement les pièces de bois, cette fois en les chevillant :

19 février 2010, Hervé BESNIER au travail.

Pour conclure, je précise qu'après que je lui ai battu froid pendant quelque temps, je me suis réconclilié avec Roland BOUSSIN. Il est maintenant convaincu qu'à la Chaslerie, on ne cherche pas à réaliser des décors de théâtre mais des constructions solides et traditionnelles. La leçon n'a donc pas été perdue, je pense.

Comme sur l'appentis de la cave, il reste à poser le torchis entre les pièces de bois. Mais il faudrait également penser vite à la porte et aux deux fenêtres de ce petit abri de jardin, désormais drainé comme l'on sait.
Terminons-en avec cette promenade parmi les anciennes dépendances de la Chaslerie, ici celles de la ferme. En ce qui concerne ces dernières, nous avons déjà évoqué les trois granges (dans des messages, sous cet onglet, en dates des 31 décembre et 2 janvier derniers) ainsi que le garage (dans un message du 3 octobre dernier ; j'ai alors expliqué pourquoi j'avais supprimé cette adjonction de parpaings et de schingle). De même, depuis le 6 février 2010, j'ai rendu compte ici de la restauration des maçonneries du fournil de la ferme ; comme Roland BOUSSIN m'a promis d'en reposer la charpente dès ce mois-ci, on reparlera très prochainement de ce bâtiment.

Pour que le tour soit complet, il me reste à évoquer les trois anciens poulaillers de la ferme. Ils étaient contigus et avaient été implantés au Sud et à proximité immédiate de ce bâtiment. Voici comment ils se présentaient vus du Sud-Ouest :

Septembre 1993, les poulaillers de la fermes, vus du Sud-Ouest.

et les voici vus du Sud-Est (avec, au premier plan, le fournil dans l'état qui était le sien avant le début de la restauration en cours) :

2 mai 1998, les poulaillers de la ferme derrière le fournil, vus du Sud-Est.

Ils furent démontés en 1999...

Juin 1999, début du démontage des poulaillers.

ce qui fit vite apparaître que rien ne pouvait en être conservé :

Juin 1999, démontage des trois poulaillers.

Juin 1999, démontage des trois poulaillers.

Juin 1999, démontage des trois poulaillers.

Pour finir cette promenade, récapitulons ce que nous avons vu ici depuis le 29 décembre 2010 :

- dans la cour et à proximité immédiate du manoir, 7 dépendances aujourd'hui démontées et que je n'envisage pas de remonter après restauration ;

- dans la descente de la départementale au manoir, une grange en trois tronçons, démontée et que je ne remonterai pas davantage ;

- à proximité de la cave, deux dépendances, un poulailler devenu appentis et la "maison de Toutou" déplacée de la ferme, tous deux en cours de restauration ;

- à proximité de la ferme, trois granges désormais démontées (dont l'une dont je n'exclus pas une prochaine seconde restauration après que la tempête de 1999 l'a abattue), un garage supprimé, trois poulaillers démontés et un fournil en cours de restauration.

Au total, ceci représentait donc, dans l'environnement immédiat du manoir, 18 dépendances construites légèrement. Seules 3 ou 4 seront donc conservées au terme de la campagne de restauration en cours. Pour bien faire, j'aurais dû citer également les vestiges d'un fournil à proximité de la cave (dont les dernières traces ont disparu lors du débroussaillage de l'été 1991) et, à 500 mètres au Sud du manoir, une dernière grange qui ne tient plus debout que grâce aux bûches qu'elle abrite et que je devrais démonter si j'entends poursuivre l'exploitation de l'ancienne carrière qui se trouve là. Cela fait donc un total général de 20 constructions légères.

Certes, toutes ces anciennes dépendances étaient disparates dans leurs formes ou leurs usages mais elles arrivaient encore, malgré le poids des ans et leur décrépitude avancée, à démontrer le charme de volumes très simples, même bricolés, dès lors qu'ils avaient été bâtis avec des matériaux du terroir, grès, chêne, torchis et tuiles.

A l'époque en effet, les Lafarge, Saint Gobain, Lapeyre et autres multinationales de la laideur n'avaient pas encore atteint nos campagnes ni poussé au hideux champignonnage de lotissements vulgairement disparates qui tendent à envahir artificiellement des pans entiers de l'horizon. Mais on a compris que ceci est une autre histoire...
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 8 Janvier 2011
Journal du chantier - Architecture-M.O. - Administration - Cave - Transmission du patrimoine - Désultoirement vôtre !
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Compte tenu du débat en cours avec Mr T. sur la suite de la restauration de la cave de la Chaslerie, je pense utile de mettre en ligne les plans dont je dispose et que j'avais fait établir dès 1991, année de mon achat du manoir. A l'époque, il me paraissait utile de loger un gardien. En fait, il y a eu plusieurs projets de travaux mais mon dossier est en désordre ; je ne me souviens plus très bien des choix que j'avais finalement retenus mais il semble que le projet pour lequel j'ai obtenu un permis de construire soit le suivant :

C'est à propos du nombre, de la forme et de l'implantation des ouvertures de la façade Sud de cette cave que Thibaud et moi peinons à trouver un accord.

A ce jour, la façade Sud de la cave a, comme on le sait, l'aspect suivant :

J'observe la poursuite d'un phénomène qui me déplaît : l'avancement du mur de refend ne témoigne pas, à mes yeux, de plus de trois demi-journées de travail de Pascal au cours de la dernière semaine.

5 février 2011, course de lenteur dans la ferme.

Par ailleurs, si E.J.S. a bien rétabli l'électricité dans la cage d'escalier du logis, ils ont omis de remédier à un problème au rez-de-chaussée du colombier.

Le plombier M. DELTA n'a pas encore installé le circuit de chauffage prévu dans le bâtiment Nord.

Et si Roland FORNARI prétend toujours qu'"il n'y a pas de lézard", je ne vois rien venir de son côté.

Bref, quand le chat n'est pas là, les souris dansent. Je vais devoir y mettre bon ordre rapidement.

Seule note positive de la semaine, Thierry BURIN des ROZIERS est venu visiter la Chaslerie en vue de préparer son rapport sur les combustibles à privilégier pour le chauffage des différents corps de bâtiment. Il me fera des recommandations sur 4 lots indépendants, les bâtiments sur cour, la cave, la ferme et le fournil de la ferme.

5 février 2011, Thierry BURIN des ROZIERS à la Chaslerie (ici entre la ferme et son fournil).

Arrivé sans prévenir à la Chaslerie, je constate que le chantier n'avance pas bien.

Pascal a pris la mauvaise initiative de déposer derrière le fournil de la ferme les premières bennes de pierres récupérées chez le frère d'Hubert GAHERY, à Saint-Gilles-des-Marais et Saint-Mars-d'Egrenne.

7 février 2011, le lot de pierres achetées à Saint-Gilles-des-Marais nous attend sous ce tas.

Il s'agit de pierres trop grosses pour être maçonnées à la ferme. Donc, à l'évidence, elles n'ont rien à faire à cet endroit. De plus, elles ne sont pas triées. Cela permettra à Pascal de me facturer de nouvelles heures de travail pour convoyer ces pierres soit à l'ancienne carrière de la Chaslerie, soit le long de la départementale, et pour les y trier enfin. Bernard devait l'aider ce matin pour conduire le tracteur et la benne à remplir mais il est absent.

Dans le bâtiment Nord, le plombier, M. DELTA, s'est borné à ce stade à sceller le dispositif d'accrochage du futur w.-c. du rez-de-chaussée. Il me semble que, compte tenu de la taille exigüe de la pièce, il a, malgré ma demande, implanté ce socle trop loin du mur, de sorte que l'espace devant le lavabo sera très réduit.

9 février 2011, dans le futur cabinet de toilettes du rez-de-chaussée du bâtiment Nord.

Roland BOUSSIN m'a téléphoné dimanche pour me communiquer son estimation du coût de restauration de la charpente du fournil de la ferme. Heureusement, j'étais assis. Après m'être concerté avec Carole, j'ai rappelé Roland BOUSSIN ce matin pour lui déclarer que je ne pouvais bien entendu donner suite à des propositions qui me paraissaient délirantes. Cela n'a pas eu l'air de l'émouvoir ; en tout cas, il m'a indiqué que ses prix unitaires étaient les mêmes que ceux appliqués l'an dernier pour la charretterie ainsi que, par ailleurs, pour l'écurie (qui n'en est qu'au début de sa restauration). J'attends de recevoir enfin le devis du fournil de Roland BOUSSIN pour l'étudier point par point. Le fait que ni Mr T., ni W.F. ne manifestent de hâte pour prendre mon relais rend moins urgente la mise à leur disposition d'un local confortable destiné à les abriter les week-ends où ils seraient venus contrôler l'avancement de leurs propres travaux. Quant au fournil, il a déjà passé un hiver sans couverture ; mais il faudra que j'avise, au moins pour assurer la protection du cul du four.

Thierry BURIN des ROZIERS m'a transmis, dès lundi, le résultat de son étude. Il distingue, comme demandé, selon les bâtiments ainsi qu'entre dépenses d'investissement et coûts de fonctionnement. Les montants sont croquignolets. J'ai communiqué ce travail à Carole, Mr T. et W.F. afin qu'ils me fassent part de leurs remarques. Je reprendrai ensuite l'attache de Thierry BURIN des ROZIERS pour me faire expliquer ce que je ne comprendrais pas. Pour le manoir, il envisage un mode de chauffage qui nécessite en tout état de cause une étude complémentaire, afin de déterminer si le débit d'eau dans le puits est suffisant.

L'entreprise S.O.S. Sécurité, filiale de Groupama, est venue ce matin changer le système d'alarme du manoir. Le précédent, pourtant récent, avait déjà des défaillances. J'espère que celui-ci sera de meilleure qualité. J'en ai profité pour le renforcer.

Dans l'après-midi, un maçon recommandé par Lucyna GAUTIER doit venir constater les conséquences du dégât des eaux de cet hiver dans la cage d'escalier du logis. Son devis sera, entre autres, transmis à Groupama aux fins d'indemnisation.

Difficile de rêver, comme pourtant j'en ai besoin, face à de tels projets et devant de telles difficultés pratiques de suivi du chantier.

Heureusement, ce matin, je trouve dans la boîte aux lettres les dessins tant attendus de Roland FORNARI, pour la grille du mur entre la chapelle et le manoir, ainsi que pour les deux lanternes destinées à flanquer l'entrée principale du logis, dans la cour. Les voici ; d'abord la grille :

9 février 2011, le projet de grille de Roland FORNARI.

9 février 2011, le couronnement du projet de grille de Roland FORNARI.

... puis les lanternes :

9 février 2011, le projet de Roland FORNARI pour la paire de grandes lanternes.

J'aime beaucoup la taille prévue (1,20 m, c'est un sacré morceau !) ainsi que cette idée de corde pour soutenir la lanterne mais j'opterais plutôt pour un éclairage électrique (concession vulgaire à la mollesse de notre époque, je le reconnais bien volontiers !).

9 février 2011, détail des lanternes de Roland FORNARI.

Tout ceci me paraît témoigner d'une "manorialitude" de bon aloi. Reste à se procurer le devis avant de décider...

P.S. 1 : Dès ce matin, j'ai téléphoné à Roland FORNARI et lui ai donné mon accord pour la réalisation immédiate de la grille et des deux lanternes. Je lui ai juste demandé de prévoir une protection de la corde (ou plutôt du fil électrique) contre la chute d'eau puisque les bâtiments de la Chaslerie (tous, sauf la ferme) sont dépourvus de gouttières. Roland FORNARI m'a précisé à quel type de verres il pensait ; il choisira des verres à l'ancienne bien entendu. Nous avons également évoqué d'autres aspects pratiques : l'aération pour que la chaleur de l'ampoule n'amollisse pas le plomb et l'accès à l'ampoule pour pouvoir en changer.

P.S. 2 : Puisque Bernard ne peut venir aider Pascal à déménager les pierres du frère d'Hubert GAHERY, j'ai demandé à Pascal de se remettre à remonter le mur de refend de la ferme. Le plombier a, pour sa part, installé la tuyauterie requise pour les pièces d'eau prévues, sur son permis, par Lucyna GAUTIER.

9 février 2011, les réservations sont faites au niveau du 1er étage du mur de refend de la ferme.

Comme W.F. n'a toujours pas émis d'observation à propos de la restauration de la ferme, je poursuis la mise en œuvre du projet de Lucyna. Ajouterai-je que j'apprécierais toutefois que ce ne soit pas un autre "one man show" de ma part, la profondeur de mes poches n'étant hélas pas infinie ?
Pendant que Pascal remonte, comme l'on sait, la fenêtre Ouest du rez-de-chaussée de l'extension Sud de la ferme, Bernard travaille à 2 km de là, au Tertre Linot. Il continue à remettre de l'ordre dans le terrain bahuté qu'il m'a vendu il y a quelques années. Ce terrain va donc redevenir aussi propre qu'un sou neuf. Voici Bernard à l'oeuvre ce matin :

25 février 2011, Bernard en train de récurer le Tertre Linot.

Et voici un lierre que Bernard va faire disparaître, à ma demande. Le diamètre de son tronc montre qu'il est parti à l'assaut du chêne il y a belle lurette :

25 février 2011, un vieux lierre sur un encore plus vieux chêne.

En bas du Tertre Linot, Bernard me fait découvrir un puits qu'il utilisait pour abreuver ses vaches dans le temps. Il est plein jusqu'au niveau du sol exactement, ce qui montre à quel point le terrain est humide à cet endroit.

Cela me donne l'idée de regarder jusqu'où est montée l'eau dans le puits de la ferme de la Chaslerie. Voici la réponse :

25 février 2011, l'intérieur du puits de la ferme.

Elle s'y trouve actuellement à 1 m 45 sous le niveau du sol. Elle est ainsi montée de 2 m 50 depuis l'été (voir le message posté le 31 août 2010 en page 4 sous cet onglet). Pascal me dit qu'il l'a même vue plus haute dans le courant de l'hiver. Autrement dit, la sécheresse n'est pas encore pour demain par ici.

On a donc eu bien raison de drainer les abords des bâtiments alentours fin septembre dernier (voir les messages sous cet onglet à partir de la page 5 et du 25 septembre 2010). Tous ces drains fonctionnent très bien. L'intérieur de la cave est parfaitement assaini désormais, comme l'avait été il y a quelques années l'intérieur de la ferme.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Dimanche 27 Mars 2011
Journal du chantier - Maçonnerie-carrelage - Cave - Ferme et son fournil - Dans l'Orne - Annonces
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Il était donc temps de rechercher les pierres pour la cheminée.

Pascal m'a présenté une proposition de choix dans nos stocks mais elle ne m'a pas convaincu car les granits sélectionnés étaient les uns roux, les autres bleus. Je lui ai donc demandé de rassembler en un même endroit, avec l'aide de Bernard, les pierres intéressantes en montrant leur face travaillée.

Ce qui fut fait :

25 mars 2011, aperçu de certains vieux granits triés.

Hélas, la collection se révéla moins riche qu'imaginé.

Sur les conseils de Pascal, je suis alors allé voir, dans le voisinage, deux cheminées de bâtiments en ruine et qui pourraient, un jour, être à vendre :

25 mars 2011, une cheminée rustique typique du Domfrontais.

Mais, là non plus, le linteau de bois n'est pas mon idéal. J'en ai toutefois profité pour prendre, à toutes fins utiles, une photo de l'intérieur de l'âtre de ces cheminées ; je me dis que cela pourra servir quand il sera temps de restaurer la cheminée de la cave

25 mars 2011, intérieur d'une cheminée traditionnelle à linteau de bois.

Or, il se trouve que mes amis LEMARIE, antiquaires-brocanteurs, conservent en dépôt à Notre-Dame-du-Touchet une cheminée de bois, d'époque, sur laquelle je dispose d'une option. Je suis allé la revoir :

25 mars 2011, la cheminée en dépôt chez les LEMARIE.

J'en ai pris les mesures et les ai communiquées à Pascal qui m'a démontré que cette idée ne serait pas facile à mettre en œuvre. Je me dis aussi qu'avec un tel décor, il faudrait changer la poutre du plafond, ce qui demeure toutefois envisageable.

A ce stade de mes réflexions, je me suis demandé s'il n'y aurait pas là une opportunité de déplacer vers la ferme la cheminée de Mebzon qui orne actuellement ma chambre dans le logis.

27 mars 2011, la cheminée de Mebzon actuellement à la Chaslerie.

Mais un tel choix ne donnerait-il pas au petit salon de la ferme un standing excessif ?

Bref, il me semble préférable de laisser le dossier en suspens. Il faut que le sujet décante petit à petit.

Bien entendu, si des visiteurs du site ont des idées, je suis preneur.

Dans l'immédiat, je demande donc à Pascal de poursuivre sa tâche sur la façade Est de ce petit salon. Il me dit d'ailleurs que la mini-pelleteuse, qui serait sans doute nécessaire pour porter les pierres de la cheminée, passerait dans l'ouverture du mur de refend récemment restauré. Par conséquent, nous avons un peu de temps devant nous pour statuer.

Par exception, Mr T. est venu passer le week-end à la Chaslerie. Il est accompagnée de son amie qui, hier soir, se montrait sensible à la qualité du site, qu'elle découvrait.

En début d'après-midi, je leur ai fait visiter la chapelle et montré l'état du chantier dans la cave ainsi que dans les fournils, celui du manoir et celui de la ferme. Au fil de cette promenade, j'ai compris que nous n'arriverions pas à trouver d'accord sur le style à donner à ces travaux.

Mr T. me paraît en effet obsédé par l'idée de percer de grandes ouvertures et de "moderniser" les lieux. J'estime qu'il cherche à m'imposer ses vues d'une façon qui me semble inappropriée aussi bien qu'inopportune. Il me reproche bien entendu l'attitude inverse.

J'en prends acte. Tant pis. Je continuerai donc à financer seul, tant que je le pourrai, tous les travaux que j'estimerai nécessaires. Par conséquent, à en décider seul.

Le dossier est refermé pour moi.

Sauf à ce que Mr T. se décide enfin à prendre rapidement en charge "l'aile de la belle-mère", c'est-à-dire les volumes qui, il y a une cinquantaine d'années, ont été tellement massacrés par Henri LEVEQUE - grand perceur d'ouvertures surabondantes et mal dessinées devant l'Eternel - que je me sens désarmé pour y prendre son relais.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Vendredi 29 Avril 2011
Journal du chantier - Menuiserie - Cave - Archives, histoire, documentation - Dans l'Orne - Désultoirement vôtre ! - Annonces
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On dit qu'"il faut se méfier des premières impressions car ce sont les bonnes". De manière à me mettre en mesure de coopérer avec un artisan, j'apprécie beaucoup, on l'a compris, de visiter son atelier et de le laisser me parler de son métier.

Ainsi, hier, sur ma route vers Paris, j'ai fait étape, à Saint-Germain-de-la-Coudre, chez M. DUVEAU, le menuisier-ébéniste que m'a recommandé Patrice CAHART, pour apprendre à mieux le comprendre.

M. DUVEAU m'a présenté son atelier, ainsi que la porte et les fenêtres qu'il se tient d'ores et déjà prêt à poser sur la "maison de Toutou".

J'ai aussi demandé à voir son chef-d'oeuvre d'ébénisterie qui lui a valu, en 1997, le titre d'"un des meilleurs ouvriers de France". Il s'agit d'un "cabinet contemporain de forme conoïde" (décidemment, les coniques me poursuivent ces jours-ci, cf un récent message en "Sujets divers"...) fabriqué sur la base du cahier des charges du concours élaboré par le "président de classe" (N.B. : la forme conoïde apparaît à l'arrière du meuble, que j'ai oublié de photographier).

Voici, posé sur une table de cuisine, ce meuble qui se présente, fermé, comme une enveloppe cachetée, le papier étant figuré par de l'ébène de Macassar et le sceau par un cercle de charme marqueté d'ébène du Gabon :

28 avril 2011, le chef-d'oeuvre de M. DUVEAU,

Quand on ouvre ce meuble, on découvre une façade en loupe d'amboine gainée de maroquin. Les charnières, fabriquées sur mesure, ont chacune pour axe un morceau de corde de piano :

28 avril 2011, la façade intérieure du chef-d’œuvre de M. DUVEAU.

Le battant s'ouvre par un mouvement se décomposant en une rotation suivie d'une translation. Il découvre un jeu de tablettes et de tiroirs, un joint de plexiglas traversant toute la structure du meuble ainsi qu'une tablette et une lampe :

le chef-d’œuvre de M. DUVEAU.

L'intérieur des tiroirs est en cormier...

28 avril 2011, un tiroir du chef-d’œuvre de M. DVEAU.

... de même que le plumier pivotant dissimulant le déclencheur d'un secret :

28 avril 2011, le plumier du chef-d’œuvre de M. DUVEAU.

J'ai pu admirer à loisir l'extrême finesse de réalisation de ce meuble :

28 avril 2011, détail du montage d'un tiroir, présenté par M. DUVEAU.

@ Mr T. :

Je reviens sur mon message du 27 avril dernier (sous cet onglet) à propos du mauvais assemblage des poutres et solives au rez-de-chaussée du colombier.

Aurais-je été injuste avec le combattant suprême des prairies, cher à notre neveu favori ?

Le fait est que je trouve dans "La maison ancienne, construction, diagnostic, interventions" par Jean et Laurent COIGNET chez Eyrolles de quoi préciser mes appréciations sur les "plafonds à la française" :

Extrait de la page 61 de l'ouvrage en question.

On voit ainsi qu'au rez-de-chaussée du colombier, nous avons une mauvaise "juxtaposition des solives en appui direct" (schéma 1 D) là où je recommanderais plutôt un "appui sur des lambourdes en moises liaisonnées à la poutre" (schéma 2 B), voire encore mieux, un "appui par tenons et mortaises sur des lambourdes liaisonnées à la poutre" (schéma 2 A).

Qu'en dis-tu, Môssieu Bibo ? (bis)
Marc CHALUFOUR est vice-président pour l'Orne de l'association "Maisons paysannes de France". A ce titre, il a organisé chez lui, aujourd'hui, un stage d'initiation à la restauration des torchis auquel j'ai participé.

Cela se passait à Chênedouit, à la demi-acre :

7 mai 2011, le logis de la demi-acre à Chênedouit.

7 mai 2011, le puits de la demi-acre à Chênedouit. Il est daté de 1818.

Marc restaure cette propriété qui en avait bien besoin, comme l'illustre cette dépendance où il n'est pas encore intervenu :

7 mai 2011, une dépendance de la demi-acre avant restauration par Marc CHALUFOUR.

Voici le local sur lequel nous avons travaillé aujourd'hui, à savoir une seconde dépendance, en cours de restauration et destinée à servir de logement d'amis :

7 mai 2011, la dépendance en cours de restauration à la demi-acre.

L'objectif était de remettre du torchis entre les colombes, ainsi que Marc l'a déjà fait, il y a 3 ans, sur une troisième dépendance à usage de débarras :

7 mai 2011, la dépendance de la demi-acre dont la façade Ouest (à droite sur la photo) a été restaurée il y a trois ans.

Observons au passage, sur cette dernière dépendance, en haut du mur de droite, deux entrées pour des pigeons. Voici l'une de ces entrées vue de l'intérieur de cette dépendance ; on peut remarquer qu'elle se prolonge d'un perchoir : Marc a donc pensé à tout !

7 mai 2011, l'intérieur de la dépendance dont le torchis a déjà été restauré, à la demi-acre de Chênedouit.

Osons l'écrire : c'est à de tels détails qu'on apprécie la grandeur d'une civilisation !

Observons également que le torchis recouvre ici la plupart des colombes (toutes sauf l'ossature principale) et ceci aussi bien intérieurement qu'extérieurement (à la Chaslerie, les deux dépendances en torchis ne seront pas du même type puisque les colombes secondaires y resteront visibles de l'extérieur).

A ce stade de mes explications, il va vous falloir travailler un peu. Je vous propose en effet de lire le témoignage suivant, publié dans "La terre crue en Basse-Normandie" par le "Centre régional de culture ethnologique et technique" :

Page 44 de l'ouvrage en question.

Après cette lecture, vous savez désormais ce qu'on appelle un "gazon" ou bien un "biaqueur". Je peux donc poursuivre...

Voici précisément le chantier tel que nous l'avons trouvé ce matin. Marc et son assistant Gaëtan avaient disposé un lattis de part et d'autre des colombes et les châssis des fenêtres étaient en place...

7 mai 2011, le terrain d'exercice...

La boue nous attendait dans une baignoire...

7 mai 2011, prête pour Marat ?

... Il s'agissait donc, pour commencer, de la mélanger à de la paille sèche pour former les fameux gazons. Pour ce faire, Marc nous a enseigné deux techniques : aux mains...

7 mai 2011, la confection des gazons à la main.

... ou aux pieds :

7 mai 2011, un élève très appliqué...

Il fallait ensuite biaquer les gazons sur le lattis...

7 mai 2011, le biaquage.

... avant de les talocher...

7 mai 2011, Gaëtan maniant la taloche.

... puis de les retalocher.

Bien sûr, nous avons interrompu ce labeur à l'heure du déjeuner car Marc nous avait préparé un festin bio à base d'un succulent cochon. J'avais apporté, pour le le dessert, des glaces de la ferme BIDARD de Lonlay-l'Abbaye. Tout le monde s'est régalé mais j'avoue avoir éprouvé les plus grandes difficultés à me remettre au travail en début d'après-midi : l'heure de ma sieste avait sonné...
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mardi 17 Mai 2011
Journal du chantier - Maçonnerie-carrelage - Menuiserie - Peinture - Cave
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Dubourg Déco a repeint les huisseries extérieures de la cave...

17 mai 2011, façade Sud de la cave.

... avant de passer à la lasure les colombes restaurées l'an dernier de l'abri de jardin de la cave (ou "maison de Toutou") :

17 mai 2011, la

Une prochaine étape consistera ici, comme sur l'appentis de la cave, à poser du torchis entre ces colombages. Auparavant, il reviendra à M. DUVEAU de fixer les huisseries de sa fabrication.

Roland BOUSSIN est venu ce matin décharger à la Chaslerie les pièces de charpente restaurées à son atelier pour le fournil de la ferme :

19 mai 2011, Roland BOUSSIN devant les grosses pièces de charpente du fournil de la ferme.

19 mai 2011, Roland devant les petites pièces de charpente du fournil de la ferme.

Roland me promet de revenir le 30 mai prochain réinstaller cette charpente.

Nous avons évoqué les travaux de charpente et de couverture à prévoir sur la ferme. Roland me dissuade de les lancer avant d'en avoir fini avec l'essentiel de la maçonnerie des murs extérieurs de ce bâtiment. Je lui ai montré le type de lucarne fourragère auquel je pense à ce stade (sur la photo suivante, la maçonnerie a été remontée jusqu'à la sablière, ce qui n'est pas ce que je souhaite) :

19 mai 2011, lucarne fourragère photographiée à Domfront.

Roland me recommande de ne pas en prévoir de ce modèle au-dessus des pièces d'habitation, de façon à garder son style de ferme au bâtiment. Pour la future chambre au-dessus de la future cuisine, la couverture ne viendrait donc pas en surplomb de la façade mais la maçonnerie serait analogue.

Pour le torchis à poser entre les colombages sur l'appentis de la cave et sur son abri de jardin, Roland suggère d'utiliser du béton de chanvre enduit de chaux. Il paraît que cette technique a été retenue sur la maison natale de Charlotte CORDAY où elle donne toute satisfaction. Si un visiteur du site a un avis à ce sujet, je suis preneur.

Le manoir du Ronceray à Champeaux-en-Auge, maison natale de Charlotte CORDAY.

Enfin, Roland a fait part à Pascal de ses préconisations pour les descentes pluviales. De mon côté, je souligne à Pascal l'utilité de prévoir des trappes de visite des conduits qu'il va inclure dans la maçonnerie.

P.S. : A Domfront, place du champ de foire, j'ai remarqué cette très belle lucarne fourragère, très richement ornementée de symboles qui me paraissent maçonniques :

19 mai 2011, lucarne au domicile de M. LEBOSSE, président de l'office de tourisme de Domfront.

Enfin, la maçonnerie du mur Est du futur petit salon de la ferme est terminée !

24 mai 2011, la façade Est de la ferme.

Il aura donc fallu trois bonnes semaines pour mener à bien cette tâche (étant entendu que les pierres sont encore à rejointoyer, ce qui ne sera pas fait tout de suite) :

24 mai 2011, le futur petit salon de la ferme, mur Est vu de l'extérieur.

A l'intérieur du bâtiment, Pascal souhaite encore consolider le plan de travail du potager car il y a là une fissure qui lui déplaît :

24 mai 2011, le mur Est du futur petit salon de la ferme, vu de l'intérieur.

Dans les prochains jours, Pascal va travailler dans le bâtiment Nord de la cour, afin d'achever la maçonnerie des murs avant l'intervention du carreleur. Cette semaine, nous attendons aussi, pour le bâtiment Nord, le retour du plombier, M. DELTA, afin de mettre en chauffe le circuit de chauffage par le sol pour en contrôler la dilatation.

L'étape suivante consistera à avancer dans la restauration de l'appentis et de l'abri de jardin de la cave. M. DUVEAU doit fixer les huisseries de cet abri avant que Pascal ne pose le torchis.

Après quoi, tandis que Roland BOUSSIN reprendra ses travaux de charpente sur le fournil de la ferme, Pascal aura quelques rampannages à y peaufiner avant de revenir travailler sur le corps de ferme.

Là, je pense que, si nous arrivons à coordonner Roland et Pascal, on devrait bientôt découvrir l'extension Sud du bâtiment afin de lui redonner son aspect initial de longère. Auparavant, il aura sans doute fallu relever le linteau de la porte de passage entre le futur petit salon et la future petite cuisine (on voit sur la dernière photo ci-dessus que ce relèvement affectera un ou deux rangs de pierre), voire insérer des descentes d'eaux pluviales dans les murs de la future cuisine (car nous les avions oubliées).

A moment donné, nous aurons besoin d'installer le futur plafond de la future cuisine, afin de pouvoir poursuivre confortablement la restauration du conduit de cheminée du futur petit salon.

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Sur le chantier de la Chaslerie, la vedette du jour est Denis DUVEAU, le menuisier-ébéniste "meilleur ouvrier de France", venu travailler sur l'abri de jardin (ou "maison de Toutou") de la cave :

31 mai 2011, l'enseigne de Denis DUVEAU.

Voici Denis en train de préparer la pose de la porte de cet édicule :

31 mai 2011, Denis DUVEAU au travail sur la maison de Toutou.

Voici la porte posée ; elle est en châtaignier et chêne (le chêne pour les pièces horizontales) ; le travail est très précis (par exemple, on aperçoit à peine les butées) :

31 mai 2011, la porte de la maison de Toutou.

Avec l'aide de Florian dont il me dit qu'il suivra dorénavant tous les chantiers de la Chaslerie, Denis a posé les deux fenêtres de la maison de Toutou, chacune protégée par trois barreaux de chêne :

31 mai 2011, une fenêtre de la maison de Toutou.

J'ai demandé à Denis de réfléchir à l'inclusion de nichoirs entre les colombages de cet abri de jardin. En effet, Carole m'a récemment demandé de prévoir des nichoirs à la Chaslerie ; compte tenu de ce que j'ai vu chez Marc CHALUFOUR, la maison de Toutou me paraitrait un bon endroit pour abriter les volatiles chers à Carole.

Surtout, j'ai chargé Denis DUVEAU de préparer un devis pour un pigeonnier d'un modèle inspiré de celui que j'ai récemment observé dans les communs du château de la Motte-Fouquet :

26 mai 2011, le pigeonnier de la Motte-Fouquet.

Il me semble qu'un tel ouvrage complèterait agréablement la ferme d'où l'on pourrait donc entendre les pigeons roucouler, n'est-ce pas Wally ?

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mercredi 1er Juin 2011
Journal du chantier - Menuiserie - Arboriculture-horticulture - Abords, Avenue, terrasse - Cave - Ferme et son fournil
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@ Guy HEDOUIN :

Pour les pierres, mon souci est de retarder l'invasion de mousses sur les joints, notamment sur les plateformes situées dans l'avant-cour, de part et d'autre de la porte charretière.

C'est bien Denis DUVEAU qui a fabriqué les fenêtres en chêne de la maison de Toutou. Il me promet pour septembre prochain les huisseries extérieures du fournil de la ferme. J'essaye toutefois d'accélérer la livraison des nichoirs afin de ne pas retarder une année de plus la pose de torchis entre les colombes de la maison de Toutou et de l'appentis de la cave.