Nature (hors géologie)

J'ai assisté avant-hier à la première séance du cycle 2015 du "FOGEFOR", association qui forme les propriétaires de forêts à leur gestion durable. Cette première séance se tenait à plus de 2 h 30 de route de la Chaslerie, à Canappeville (près de Louviers, donc de Rouen) et, ayant mal noté l'heure du rendez-vous et n'étant pas encore équipé du G.P.S. (Carole m'en a offert un le soir-même), je suis arrivé au cours avec plus de 20 minutes de retard.

J'avais promis de rendre compte ici de ces séances. A la réflexion, la matière étant très riche, je me bornerai à noter les informations reçues dès lors qu'elle passeront avec succès deux filtres :

- être utiles à mes fils, compte tenu du niveau qui est actuellement le leur en matière de sylviculture ; ce niveau n'est pas aussi nul quel le mien lorsque j'ai acheté la Chaslerie (je croyais qu'il suffisait, pour être tranquille, de couper l'herbe une fois dans l'année). Disons qu'ils savent que la vie de l'arbre est dans son écorce, donc qu'il faut éviter de le tamponner avec un engin, mais c'est à peu près tout ;

- être utiles pour la gestion des plantations de la Chaslerie ; donc - et sauf exception - je n'évoquerai que les essences représentées aux abords de notre manoir favori, à savoir les chênes (je dirai de quelle espèce... quand je le saurai), les hêtres, les châtaigniers, les merisiers, les frênes, les érables sycomores, les charmes, les bouleaux, les aulnes glutineux, les robiniers faux acacias, les trembles, les tilleuls, les noyers et les pins laricio. C'est dire qu'il sera rarement question, dans ces comptes rendus ainsi expurgés, des autres essences forestières communes en Normandie que sont les ormes champêtres, les alisiers, les douglas, les épicéas communs, les épicéas de Sitka, les pins sylvestres, les sapins pectinés, les sapins de Vancouver ou les mélèzes du Japon.

A dire vrai, j'ai un troisième souci, celui de ne pas divulguer un enseignement qui constituerait le fond de commerce des formateurs. A ce sujet, j'ai peu de crainte. D'une part, le contenu de cette première séance me persuade que je n'épuiserai pas la matière et que rien ne vaudrait, pour les visiteurs de notre site favori, une participation active à un tel cycle. D'autre part, il est possible que le cycle auquel je participe soit le dernier du genre puisque le Ministère de l'agriculture vient de supprimer la subvention qui permettait de boucler le budget, sachant que la cotisation que les stagiaires ont réglée ne couvre que 20 % du coût de la formation.

Le matin, après avoir signé un "contrat de formation", nous avons reçu un volumineux dossier de supports pédagogiques à la séance du jour puis assisté à six exposés de nos deux formateurs, Sébastien BROMBAULT et Béatrice LACOSTE, tous deux excellents :
- présentation du FOGEFOR ;
- organisation de la forêt française ;
- caractéristiques de la forêt française ;
- caractéristiques de la forêt normande ;
- la filière forêt-bois ;
- l'arbre.

10 janvier 2015, les stagiaires.

10 janvier 2015, les formateurs.

1er exposé : Le FOGEFOR :
. La forêt privée représente les trois quarts de la forêt française ainsi que de la forêt normande.
. Depuis 1983, année du 1er cycle, plus de 21 000 propriétaires ont été formés au niveau national, et plus de 700 en Normandie.
. Voici où se dérouleront les séances du cycle 2015 du FOGEFOR de Normandie :

2ème exposé : Organisation de la forêt française :
. Je retiens que les propriétaires forestiers privés peuvent avoir recours, pour le conseil (notamment pour l'instruction des PSG, plans simples de gestion - on en reparlera), au CRPF (Centre Régional de la Propriété Forestière), et, pour la gestion, selon leur choix, à des coopératives forestières, à des experts forestiers ou à des techniciens indépendants (je comprends que ce dernier statut est celui de Thierry BOURRE).
. Dans l'Orne, je peux m'adresser au Syndicat des Propriétaires Forestiers Sylviculteurs, notamment pour bénéficier d'une assurance Responsabilité Civile bien négociée. Le Syndicat participe notamment à des commissions administratives sur les plans de chasse et sur l'environnement.
. Le CETEF (Centre d'Etudes Techniques et Economiques Forestières) pourra me donner des infos supplémentaires à la suite du FOGEFOR.
. Pour plus d'infos :

3ème exposé : Caractéristiques de la forêt française :
. Elle recouvre 29 % du territoire national, soit 16,5 millions d'hectares. La plus importante forêt européenne est la suédoise (54 % du territoire et 28 M ha), la deuxième est en Finlande (77 % et 23 M ha) ; la France est 3ème devant l'Espagne, 4ème.
. 72 % de la forêt française est privée, 17 % communale et 11 % domaniale. Forêts communales et domaniales sont gérées par l'O.N.F.
. Contrairement à une idée reçue, la forêt française est en pleine expansion. Sa surface a doublé depuis 1800. Au cours du dernier siècle, elle a cru de 60 000 ha/an. Il n'existe pratiquement plus d'aides au boisement (j'ai cru comprendre qu'on en trouvait encore en Basse-Normandie) mais les bouleaux et les chênes poussent spontanément.
. En termes d'essences, la forêt française est diversifiée ; la forêt publique est particulièrement bien représentée dans les hêtres (58 % des 1,5 M ha ainsi plantés) et les chênes rouvres ; les privés détiennent 100 % des châtaigniers et des peupliers cultivés. Les autres feuillus désignent 137 autres espèces répertoriées en France.

. Dans le tableau suivant, les pins laricio sont compris parmi les "Autres conifères" ; c'est une essence de reboisement originaire de Corse.

. Avec mes 25 ha plantés (environ), j'occupe une position médiane en termes de surface mais 20 % des propriétaires forestiers ont des bois plus importants que les miens. A noter le très grand nombre de tout petits bois :

. 3ème européen pour la surface, la France est 1er européen en stock de bois sur pied (2,5 milliards de m3 ; 1,7 en 1980). Ceci tient au fait que la forêt française est sous-exploitée, notamment en raison des plus petites surfaces.
. La production annuelle française de bois est de 90 M m3 alors que le prélèvement n'est que de 60. Pour la même raison. Donc le stock augmente.

4ème exposé : Caractéristiques de la forêt normande :
. Contrairement à ce que j'aurais cru, la Normandie est l'une des régions les moins boisées de France (380 000 ha, dont 75 % privés). Ceci vaut notamment pour la Manche et le Calvados.

. Les forêts domaniales (donc les belles forêts de hêtres) sont surtout en Haute-Normandie :

. Alors que la surface forestière stagne en Haute-Normandie, elle croit de 0,8 %/an en Basse-Normandie, principalement du fait du boisement de terres agricoles.
. La Normandie compte 90 000 propriétaires forestiers, dont 30 000 de plus de 1 ha et 9 000 de plus de 4. Les propriétés forestières y sont plus grandes (d'environ 15 %) qu'au niveau national.
. En Basse-Normandie, les propriétés de plus de 25 ha représentent 56 % des surfaces et sont détenues par 5 % des propriétaires ; 1,3 % des propriétaires (ceux des propriétés de plus de 100 ha) représentent le tiers de la surface boisée.
. La forêt normande est composée à 80 % de feuillus. En termes de production, la moitié des feuillus sont des chênes sessiles ou pédonculés et le quart des hêtres. Le tiers des résineux est en douglas et 8 % en pins laricio.

. La futaie régulière occupe les deux tiers de la surface boisée et les taillis sous futaie, le quart ; environ 10 % sont donc des taillis.
. Le volume de bois sur pied est, en moyenne, de 156 m3/ha. La production annuelle (accroissement des arbres) est de 6,9 m3/ha/an. La récolte est d'environ 80 % de l'accroissement ; elle est composée de feuillus pour un peu plus de 2/3. Un tiers de la récolte sert à l'autoconsommation.
. La moitié de la surface forestière privée est couverte par un P.S.G., ce qui est considéré comme remarquable (on dénombre en Normandie environ 1 500 P.S.G. obligatoires - pour les surfaces de plus de 25 ha - et 500 P.S.G. volontaires).

(On continuera demain. Désolé pour les photos mais il y a tant de mouches dans mon bureau que, lorsque je scanne ou photocopie, il arrive que j'en écrase une dans l'appareil...)

En guise de bonus, je vous ai scanné un article qui nous a été distribué avant-hier et qui complète notre information sur les propriétaires de forêts normandes.

Bien qu'on y indique que lesdits proprios sont en général de vieux bicas dans mon genre, je peux vous assurer qu'il y a pas mal de jeunes parmi les participants du cycle 2015 du FOGEFOR. Et aussi que de nombreux participants viennent en famille, ce qui ouvrira peut-être des perspectives à la jeune classe concernée (retenez que ce cycle occupe intelligemment douze samedis, tout au long de l'année).

Voici en tout cas de quoi méditer :

Revenons au compte rendu de la 1ère séance du FOGEFOR 2015.

5ème exposé : L'arbre :
. D'abord quelques rappels de notions élémentaires et un peu de vocabulaire :

Les arbres à graines nues sont également appelés les angiospermes. Leurs graines sont souvent à l'intérieur de cônes.

Sont des arbustes les houx, genêts et noisetiers.

Le houppier a le même volume que le système racinaire. Les résineux ont un appareil racinaire traçant, donc tombent facilement en cas de tempête. Les feuillus ont en général un système racinaire pivotant. Le collet ne doit pas être enterré quand on replante.

Les feuilles des feuillus peuvent être lobées, dentelées ou composées (cas des frênes). Chaque année, les résineux renouvellent un tiers de leurs aiguilles (la totalité pour les mélèzes et les cyprès chauves).

Entre deux cernes consécutifs, le bois clair correspond à la pousse d'été, le bois foncé à la pousse de la seconde montée de sève (en août).

Un défaut reste à la même hauteur, d'où l'importance de la taille de formation.
La hauteur d'un arbre est toujours fonction de la qualité du sol, sa largeur à la sylviculture. On ne peut donc pas dire l'âge d'un arbre en peuplement.


6ème exposé : La filière forêt-bois :

Le déficit français de la filière est de 6 Mds €/an depuis 1975. La France a une stratégie de pays sous-développé pour le bois, la transformation se faisant ailleurs.

Le bois d'œuvre correspond à tout ce qui va être scié.
Le bois d'industrie regroupe la pâte à papier, les agglomérés et les OSB (usine à Yvetot).
En 2013, la production de bois d'industrie a chuté, contrairement au bois énergie (avec les chaufferies collectives).
Le FOGEFOR va nous aider à produire du bois d'œuvre de qualité.

En France, les résineux sont très bien suivis. Mais les feuillus, qui représentent 70 % de la surface ne servent qu'à hauteur de 16 % au sciage.
Il y a donc un effort à faire pour valoriser les feuillus.

Retenir le ratio : 1 emploi amont génère 30 emplois aval.

Au total, la forêt privée française représente un poides économique important de par la surface de production ou le nombre d'emplois.
Mais elle est limitée par le sous-investissement du pays en capacités de transformation.

Le bois étant un matériau durable (écologique, renouvelable et recyclable), les autorités cherchent :
. en amont, à poursuivre l'effort de mobilisation des bois en forêts, ainsi qu'à transformer les peuplements non ou sous-productifs,
. en aval, à améliorer les capacités de production et les rendements de nos uniotés de transformation.

Voilà pour le programme du matin.

En guise de second bonus, voici quelques compléments de physiologie végétale (larges extraits d'un "document pour les FOGEFOR" qui nous a été remis le 10) :

Les autres documents joints au dossier de la première séance ne seront pas scannés ici, qu'ils soient trop longs (cas du "Lexique forestier" ou des "Caractéristiques des principales essences forestières en Normandie") ou pas assez homogènes selon moi (les fiches du CRPF).

On nous a également communiqué un numéro de "forêts de france" consacré à la Normandie (il faudra que je m'y abonne) et un autre de "Forêt entreprise - La revue technique des forestiers"). Ces revues sont encore trop détaillées pour moi, à ce stade de mon apprentissage.

Avançons pas à pas.

Après un pique-nique qui, la prochaine fois, sera, je l'espère, moins frugal pour moi (je compte sur la demoiselle camarade de stage que j'ai véhiculée sur Paris...), nous avons parcouru l'arboretum du "centre de formation et d'élevage de Canappeville".

10 janvier 2015, dans l'arboretum de Canappeville.

Nous devions reconnaître 15 arbres, aidés en cela par les commentaires du matin et des indications placardées par les formateurs sur des troncs.

Mes 15 réponses étaient bonnes (j'ai quand même ramé pour reconnaître le douglas et le pin sylvestre, absents il est vrai de la Chaslerie).

Prochaine réunion du FOGEFOR : le 31 janvier prochain à Saint-Gatien-des-Bois (Calvados). Au programme : sols et stations forestières ; exigences des essences et évolution des forêts ; santé des forêts.

P.S. : A mes camarades de stage qui découvriront peut-être notre site favori à l'occasion de ce cycle du FOGEFOR, j'indique que mes comptes rendus ont pour moi deux utilités :
- classer ma documentation en tirant parti, si nécessaire, du moteur de recherche de ce site ;
- donner envie à mes fistons, en les documentant, de s'intéresser aussi à la gestion des plantations de notre manoir favori.

Et si ma prose peut être utile à des tiers, tant mieux !

Promenade du matin.

19 janvier 2015.

Allons voir où en est Igor.

19 janvier 2015.

19 janvier 2015.

19 janvier 2015.

Je le trouve en train de faire la pause et de fumer. Je le remets au boulot :

19 janvier 2015.

19 janvier 2015.

19 janvier 2015.

19 janvier 2015.

Dans la neige, sous de vieilles protections en plastique des plantations, que je lui demande d'évacuer, il trouve une taupe :

19 janvier 2015.

J'observe que cette taupe a dû être engourdie par le froid et, vu sa taille de guêpe, doit jeûner depuis un moment.

Rentrons mettre ces importantes nouvelles en ligne.

19 janvier 2015.

Dans la foulée, j'ai l'idée de téléphoner à M. LECORPS. Il est d'accord pour apprendre à Igor comment piéger les taupes. Les leçons particulières commenceront à la Chaslerie dès que le temps sera plus doux. Bien entendu, je tâcherai d'y assister et ne manquerai pas alors de rendre compte, sur notre site favori, des enseignements de l'expert.

Igor était très étonné tout à l'heure quand je lui ai expliqué qu'un clou planté dans un arbre resterait dans 20 ans, et même toujours, à une hauteur identique par rapport au sol. Alors qu'on sait bien, lui et moi, qu'il en irait différemment pour un clou planté dans un enfant, qui suivrait bien entendu la croissance de ce dernier.

Non, je plaisante !

Bref, je lui ai recommandé d'étudier mes comptes rendus du COGEFOR (première séance le 10 janvier dernier, deuxième samedi prochain).

Le Châtaignier de Robinson ou la vogue des restaurants au cœur des arbres

Au milieu du XIXe siècle et aux environs de Sceaux, les guinguettes de Robinson, aménagées à l’intérieur et autour de châtaigniers centenaires, permettaient aux Parisiens de s’offrir un retour à la nature : on vient pour passer une journée à la campagne, fuir la pollution des grandes villes, manger, danser, s’amuser. Ainsi du châtaignier-restaurant de Robinson, au cœur du bois d’Aunay...

Environs de Sceaux. Le Châtaignier de Robinson.

N.D.L.R. : A la Chaslerie, nous ne sommes pas encore prêts, malgré les soins d'Igor, à offrir ce type de prestation dans nos arbres.

Cela viendra peut-être un jour...

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mardi 3 Février 2015
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Nature (hors géologie)
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La 2ème séance de l'année 2015 du FOGEFOR de Normandie s'est déroulée le 31 janvier dernier à Saint-Gatien-des-Bois, sur la propriété (350 ha de bois) de la famille ARNOULD.

L'ordre du jour comportait, le matin, dans le pavillon de chasse de cette famille...

31 janvier 2015.

... 4 exposés par Sébastien BOMBRAULT et Béatrice LACOSTE :
- Pédologie forestière ;
- Stations forestières ;
- Evolutions climatiques ;
- Santé des forêts.

L'après-midi, nous nous sommes rendus sur le terrain pour des travaux pratiques sur la pédologie et les stations forestières.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mardi 3 Février 2015
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Nature (hors géologie)
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1er exposé du 31 janvier 2015 sur la pédologie forestière :

- La pédologie est la science qui étudie les couches superficielles du sol.

- Le sol est la partie superficielle de l'écorce terrestre ; c'est un milieu vivant dont la formation se décompose en 3 étapes :

. 1ère étape : altération de la roche-mère (désagrégation physique sous l'effet du climat et altération biochimique du fait des êtres vivants ;
. 2ème étape : enrichissement en matière organique issue de la décomposition des végétaux ;
. 3ème étape : différenciation des horizons (c'est le nom qu'on donne en pédologie aux couches homogènes en termes de structure, texture, compacité, porosité et couleur), notamment provoquée par les mouvements d'eaux.
Le sol est ainsi le résultat de l'altération de la roche-mère sous-jacente et de son remaniement sous l'effet de divers facteurs agissant à l'échelle de temps géologique.

- Le sol a pour fonctions de :
. servir de réservoir d'eau et de minéraux pour les végétaux ;
. servir de support d'ancrage les végétaux ;
. servir d'habitat pour la faune et la flore ;
. servie à la filtration, l'épuration et le stockage des eaux.

- Constitution d'un sol :
Le sol se compose de 2 sortes d'éléments plus ou moins incorporés les uns aux autres :
. les éléments minéraux qui procurent la richesse chimique ;
. la matière organique qui permet la rétention d'eau.

- Caractéristiques d'un sol :
. la profondeur, importante pour le développement du système racinaire ;
. la texture :

L'argile colle aux doigts ; les sols argileux sont bons pour la rétention des eaux et des minéraux ; un sol trop argileux est compact. Les limons ont un aspect soyeux au toucher, ils ne collent pas aux doigts ; ils ont un bon pouvoir de rétention de l'eau. Les sables crissent à l'oreille, sont très filtrants et ne retiennent pas l'eau.
. la structure, façon dont sont agencés les différents éléments. Elle peut être (a) particulaire, sans cohérence : texture sableuse ; (b) construite ou fragmentaire (agrégats) : texture équilibrée ; (c) massive, cohérente : texture argileuse.
. la porosité : le sol comporte une assez grande quantité de vides ; la porosité est le pourcentage de vides dans le sol ; elle permet la circulation de l'air et de l'eau (l'eau dans les vides de petites dimensions, microscopiques, l'air dans les vides macroscopiques) ; la porosité est fonction de la texture et de la structure ; un sol idéal contient 50 à 60 % de vides.
. la réserve en eau : l'engorgement désigne un excès d'eau dans le sol, lorsque l'eau remplace l'air dans les macroporosités ; c'est asphyxiant pour les racines ; il y a 2 types d'engorgement : (a) temporaire, reconnaissable à des inclusions de terre ocre rouille due au fer, (b) permanent, lorsque la terre est blanc bleuté (dû au fer réduit) avec un odeur de pourriture ; la plupart des sols sont à engorgement temporaire ; un engorgement à moins de 40 cm de la surface est très défavorable à la forêt ; entre 40 et 70 cm, il est défavorable ; à plus de 70 cm, il est favorable ; si le sol est engorgé, on peut envisager de planter des aulnes glutineux, des cyprès chauves, des pins maritimes (si le sol n'est pas trop compact et si les gelées ne sont pas trop tardives), de l'épicéa commun, de l'épicéa de Sitka (qui ne supporte pas le vent).
La réserve utile en eau d'un sol (RU) désigne la capacité de rétention d'eau par ce sol ; elle est fonction de la profondeur prospectable par les racines, de la texture par horizon et de la charge en éléments grossiers ; son calcul est à réaliser par horizons, donnée par la formule RU = profondeur du sol (cm) x coefficient de texture (selon le tableau suivant) x (1 - % de charge en cailloux)

Sur ce tableau, S désigne les sols sableux, SL les sols sablo-limoneux, SA les sols sablo-argileux, etc...
Lorsqu'on roule de la terre entre les mains : (a) si on n'arrive pas à faire un boudin, il y a moins de 10 % d'argile, (b) si on forme un anneau friable, il y a environ 20 % d'argile, (c) si l'anneau tient, il y a 30 % d'argile au moins.
. la richesse chimique : elle correspond à la teneur en éléments minéraux ; ces derniers proviennent soit de l'altération de la roche, soit de la décomposition de la matière organique.
Le pH (potentiel hydrogène) informe sur l'acidité du sol :

En Normandie, on est en général sur des pH de 5 à 6 (entre 5 et 5,5, le sol est moyennement acide ; à 6, il est neutre). Un sol à 6 de pH et sans calcaire actif est favorable (sous réserve d'autres facteurs limitants) à toute la gamme d'essences. A moins de 5, on ne peut pas mettre de feuillus exigeants. Noter que le hêtre est plus acidifiant pour le sol que le douglas ou le mélèze. La ronce témoigne que le sol s'enrichit.

Ces expressions Mull, Moder et Mor sont d'origine allemande. La terre de bruyère est la couche noire sur le Mor ; elle témoigne du fait que, le sol étant trop acide, la minéralisation des matières organiques se fait mal.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Jeudi 5 Février 2015
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En complément du 1er exposé du FOGEFOR du 31 janvier dernier (l'exposé sur la pédologie forestière), nous ont été distribués un certain nombre de documents que je mets en ligne ici car ils me semblent devoir être lus :

Un document particulièrement important (à lire par Igor) :

Mais aussi :

Notre manoir favori se trouverait ainsi en sol de pH aux alentours de 5, ce qui n'est pas ce qu'il y a de plus favorable à mes petites activités de planteur...

Et enfin :

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Vendredi 6 Février 2015
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2ème exposé du 31 janvier 2015 sur les stations forestières :

- Pour éviter des erreurs, comme la plantation de douglas sur sol calcaire, notamment calcaire actif...

... ou l'utilisation d'outils mal adaptés au sol, comme ici au pied de pins laricio de 2 m de haut à 15 ans...

... il faut connaître la station !

Ne pas oublier l'humidité atmosphérique (j'apprends au passage que ma voisine Carrouges a la réputation d'être la "Sibérie de Normandie" ; pas étonnant que je me gêle en mettant en ligne ce diaporama...).

Exemple de relief :

. Cas de la végétation neutrophile (pH proche de 6) : le sol est brun, riche et bien alimenté en eau ; pas de tâche ocre, signe d'engorgement temporaire ; présence de sceaux de Salomon, d'oxalis, de ficaires, d'orties (signe de très bon sol), de lierre terrestre, de gaillets gratterons, de fraisiers sauvages, d'arums, de lauriers jaunes, de primevères.

Sur un sol neutrophile, on peut planter des chênes pédonculés et des frênes :

. Cas de la végétation mésotrophe (sol moyen entre sec et humide, en général un peu lessivé) ; présence de fausses fougères :

Sur un sol mésotrophe, on peut planter des chênes rouvres, des douglas et des hêtres :

. Cas de la végétation acidiphile, sur podzol, sol pauvre à réserve en eau limitée, très filtrant, très clair (ne pas confondre avec le sol gris qui s'appelle le gley) ; présence de callunes :

Sur un sol acidiphile, on peut planter des pins sylvestres et des pins laricios :

. Cas de la végétation hygrophile, sur pseudogley, très ocre dès la surface, ayant une tendance à l'engorgement en eau ; présence de prêles (deux autres plantes nous ont été citées mais je n'arrive pas à me relire...) :

Sur un sol hygrophile, on peut planter des aulnes glutineux (tolérants à tout pH ; cette essence sert à fabriquer les fonds de meubles de merisier) et des épicéas de Sitka (très traçants, donc sensibles aux vents) :

En résumé :

Il existe des documents qui aident plus ou moins bien à s'y retrouver dans toutes ces informations :

Une étude de Florentin MADROLLES, du CRPF de Normandie, devrait nous être utile dans le secteur de notre manoir favori mais on ne sait quand elle sortira...

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Vendredi 6 Février 2015
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Nature (hors géologie)
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En complément du 2ème exposé du 31 janvier dernier, celui sur les stations forestières, nous avons été invités à prendre connaissance de nombreux documents qui vont faire l'objet de plusieurs messages.

Commençons par le climat local :

10,5° C de température moyenne sur l'année à notre manoir favori.

1 mètre de précipitations annuelles, avec de fortes disparités régionales.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Vendredi 6 Février 2015
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Nature (hors géologie)
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Enfin, dernier complément à l'exposé sur les stations forestières, le catalogue des stations forestières de Haute-Normandie, que je reproduis ici dans son intégralité (je rappelle que l'équivalent n'existe pas pour la Basse-Normandie, que l'on sait beaucoup moins boisée que sa voisine) :

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 7 Février 2015
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Nature (hors géologie) - Météo
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3ème exposé du 31 janvier 2015 sur les évolutions climatiques et leurs conséquences sur les forêts et leur gestion :

Le GIEC est le "groupe international des experts en climats", un truc officiel.

Notre manoir favori aurait donc vu sa température ambiante monter de 0,9° C en un siècle. Soit.

Il paraît qu'au niveau mondial et sur la même période, le réchauffement est de 0,6° C.

Il faut retenir que le -10 % en été est pénalisant pour les arbres, alors que le +20 % en hiver est sans importance pour eux.

Ainsi :
- les arbres débourrent (= ont des bourgeons) plus tôt, donc le gel tardif peut leur nuire (plus particulièrement aux frênes et aux noyers) ;
- les arbres ont du mal à perdre leurs feuilles (observation valable pour les 2 ou 3 dernières années) ;
- les canicules comme en 2003 devraient être plus fréquentes (les douglas crèvent car ils régulent alors très mal leur évapotranspiration, de l'air s'introduisant dans la colonne de sève) ;
- davantage de forts coups de vent, fin juillet-début août ou en hiver, se traduit par davantage de chablis.

Globalement, ces évolutions climatiques sont néanmoins favorables à la production forestière :

Ce gain de production observable (je me demande s'il ne tient pas davantage à d'autres facteurs, comme les progrès en matière de pratiques culturales dont ce FOGEFOR me semble l'illustration) peut cependant être limité par d'autres facteurs :
- sécheresse,
- canicule,

- tempêtes,

- ressources de sol limitées, etc...

Donc :

Plus en détail, on peut observer l'évolution des aires potentielles de peuplement forestier (potentielles, pas réelles, c'est-à-dire ici en tenant compte des seuls aspects climatiques mais pas des réserves du sol en eau) :

En résumé :

Venons en à la seconde partie de l'exposé, sur les risques sanitaires :

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 7 Février 2015
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Nature (hors géologie) - Météo
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En complément du 3ème exposé du 31 janvier, deux documents nous ont été distribués.

Le premier émane du Nord du pays :

Le second traite de la forêt normande :

Je suis donc heureux d'apprendre que notre manoir favori n'est pas en zone de "déficit hydrique estival".
A dire vrai, je m'en doutais un peu...

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 7 Février 2015
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Nature (hors géologie)
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4ème exposé du 31 janvier 2015, sur la santé des forêts :

Trois parties à l'exposé :
- l'histoire ;
- le contexte ;
- l'actualité.

Il s'agissait en 1989 des pluies acides.

Ci-dessus, curage de fossés trop profonds.

Les sapins de Vancouver sont originaires d'une région où il pleut 7 000 mm/an. Là où la photo ci-dessus a été prise, il pleut dix fois moins.

Noter que la rouille du peuplier s'installe sur un clone du peuplier, pas nécessairement sur un clone différent voisin.

1ère photo : l'atrasine, utilisée dans les champs de maïs, a de la rémanence dans le sol.
2ème photo : ce type de "chignon" s'observe sur les racines de pins laricios mal plantés.

1ère photo : des bois utilisés en papeterie ont apporté une maladie.

L'accumulation de bois morts peut poser problème.

Un ravageur corticaml attaque l'écorce, un sous-cortical intervient sous l'écorce.

Les carpophores, qui posent problème, sont à distinguer des sporophores, qui désignent les parties extérieures des champignons (hum, pas sûr de la justesse de cette définition). On ne coupe pas forcément un arbre atteint.

Ces deux maladies sont dues à de mauvaises stations.

Cette maladie des pins laricios s'installe même sur les arbres qui sont à leur bonne station. Elle se traduit par un jaunissement des aiguilles des années (N-1) et (N-2).

La mortalité est de 80 % sur les frênes (taux comparable à celui de la graphiose de l'orme).

On ne peut rien faire pour soigner cette maladie.

Les aiguilles de l'épicéa jaunissent au printemps mais l'arbre a la capacité de refaire des aiguilles vertes ultérieurement.

Les résineux de moins de 2 ans sont tués en 15 jours mais il existe des traitements.

Les phylophages mangent les feuilles.
La ponte du bombyx a une couleur chamois caractéristique.

Les feuilles repoussent pour la Saint-Jean, c'est-à-dire en juillet. L'année d'après, le cycle est normal.

Les chenilles processionnaires sont très urticantes. Elles descendent en procession vers le sol.
La pousse de l'année sera toujours verte mais il y a affaiblissement de l'arbre, sans mortalité.
Les cycles d'apparition de ces chenilles sont de 6 ans ; puis on a 2 ans d'ennuis.
Pour tuer les chenilles, il faut tirer en hiver dans leur nid ; cela y crée des courants d'air et elles gêlent.

Les gelées du Nord protègent cette zone mais cela pourrait changer avec le réchauffement climatique.

Les pins laricios sont fragiles lorsqu'il y a élagage en sève.

Ces bestioles ont été apportées par la tempête de 1987.

On lâche le contenu des boîtes au pied des épicés malades.

Sur la photo de droite, la sève de l'arbre englue l'insecte.

Les logettes sont observables quand on ôte l'écorce.

En guise de conclusion :

Quant à moi, je retiens que, pour les arbres aussi, "la santé est un état précaire qui ne présage rien de bon".