Archives, histoire, documentation

Je cherche toujours à comprendre, entre autres, ce qui s'est passé à la Chaslerie entre sa vente comme Bien National en 1794 et son entrée, quelques années plus tard semble-t-il, dans le patrimoine de la famille LEVÊQUE, dont un membre me l'a vendue il y a vingt ans. En particulier, je m'interroge sur le rôle joué par le fameux GOUPIL en ces temps troublés et jusqu'au milieu du XIXème siècle.

Ce sujet demeure apparemment tabou dans un certain voisinage géographique de la Chaslerie.

Or, je viens de me faire communiquer des documents notariaux qui vont permettre de réduire la zône d'ombre. Il s'agit :

- d'un acte de donation, le 10 octobre 1962, par Henri LEVÊQUE et son épouse, demeurant 5 rue de l'Alboni à Paris, à leurs enfants de diverses propriétés dont la Chaslerie, la Thierrière et le Rocher ;

Donation du 10 octobre 1962.

- d'un acte de partage, le 14 mai 1952, entre Henri LEVÊQUE, sa belle-soeur, veuve de son frère, demeurant 2 square de l'Alboni à Paris, et son autre frère, demeurant 6 rue de l'Alboni à Paris ; cet acte précise que Maurice LEVÊQUE, père de ces trois frères, était ingénieur principal honoraire des chemins de fer et habitait 7 rue de l'Alboni à Paris ; selon cet acte, Henri LEVÊQUE reçut la propriété de la Chaslerie, la Thierrière et le Rocher.

L'acte précise que le bâtiment à droite de la cour de la Chaslerie (c'est-à-dire le logis) était "partiellement en ruines avec deux tours, construit en pierres, couvert en tuiles " (ceci contredit les photos disponibles ; il doit donc y avoir erreur) ; à gauche de la cour, se trouvait "un corps de bâtiment construit en pierres, couvert la majeure partie en tuiles et le surplus en ardoises et fibro-ciment, comprenant : une cave avec chambre au dessus et grenier sur cette chambre, une autre pièce et écurie avec grenier au dessus et ancien pavillon en ruines" (c'est ce que j'appelle le pavillon Louis XIII) ; "A l'intérieur de la même cour, en appentis au mur sud, garage construit en bois, couvert en ardoises et en appentis au mur nord, volaillerie construite en bois et grillage, couverte en tuiles" (voir les anciennes photos ; ces édicules ont aujourd'hui disparu) ; "A l'extérieur de ladite cour et en appentis au mur nord de clôture de celle-ci et au mur nord de l'ancien manoir, cave construite en pierres, couverte en ardoises" (c'est le bâtiment Nord) ; "Un corps de bâtiment construit en pierres, couvert la majeure partie en ardoises et le surplus en tuiles, comprenant : étable à veaux, logement de pressoir avec pressoir, grange et autre étable, grenier sur les étables et sur partie du logement du pressoir" (c'est la charretterie actuelle) ; "petit bâtiment construit en parpaings, couvert en tuiles, au bout sud du dernier corps de bâtiment ci-dessus" (jamais entendu parler de ceci ; en plus la charretterie est orientée Est-Ouest ; donc bizarre) ; il est également question de diverses autres dépendances dont de nombreuses disparues aujourd'hui, ainsi que d'une mare (devant le manoir) et d'une fontaine (je suppose qu'il s'agit de l'auge au milieu de la cour) ; une pièce de terre dénommée "La Barre", un "plant nommé Le Jardin du Logis (bordés sur trois côtés par des anciennes douves, comprises dans sa surface)", et par ailleurs "Le Petit Champ", "La Pépinière" ; "Le Hubriau", "Le Grand Champ", "La Retenue" avec la carrière au Nord de la Chaslerie ; "Le Pré de l'Herbage". "Le Petit Pré", "Le Canard", "La Saussaie", "L'Alonge", "La Prairie" (avec mention du "Lavoir couvert") ; "l'Allée", "Le Bois de la Vallée" ; "une ancienne avenue" (que j'appelle l'Avenue Sud) ; "Le Bignon", "La Petite Halouzière", "La Grande Halouzière", "Les Baulleaux" ; "Un taillis en partie défriché, nommé Taillis de la Chaslerie" ; et sur le territoire de Lonlay, "La Prairie".

Il faudra que je me reporte à un vieux plan cadastral pour trouver l'emplacement de ces diverses parcelles (j'ai diffusé sur ce site, le 21 novembre dernier, un tel plan ; à retrouver) ;

Partage du 14 mai 1952.

- d'un acte de donation, le 17 novembre 1946, par Marie Charlotte LEVÊQUE, célibataire, née à Domfront en 1863, à ses trois neveux LEVÊQUE, dont Henri ; je note que ces trois frères habitaient rue de l'Alboni à Paris, au numéros 5, 2 et 6 et que deux d'entre eux avaient épousé, apparemment, deux soeurs LEFEBVRE de BEHAINE, dont Henri ; cet acte portait sur nombre de propriétés foncières à Paris (rue de l'Alboni, of course) et dans l'Orne (si ma géographie est bonne, ce qui n'est pas sûr) ; à noter que, sur cet acte, la Chaslerie, la Thierrière et le Rocher étaient évalués sensiblement au même prix, ce qui me laisse, disons, rêveur ;

Donation du 17 novembre 1946.

- l'acte d'acceptation de la donation précédente, daté du 27 juin 1947 ; ce document précise que Maurice LEVÊQUE était le frère de la donatrice ; il mentionne également que la donatrice était la fille de Charles LEVÊQUE, président honoraire du tribunal civil de Mayenne et d'Emélie (sic) CHANCEREL ; il rappelle que ce Charles LEVÊQUE était devenu propriétaire d'une partie de la Chaslerie aux termes d'un "acte sous signatures privées" fait en 1876 au château de Tessé-la-Madeleine (c'est-à-dire l'antre tape-à-l'oeil du fameux GOUPIL ; nous y voici donc...) ; apparaît sur ce dernier document le nom d'un BROCHARD (il s'agit de cette famille dont l'un des membres s'est fait remarquer lorsque j'ai acheté la Chaslerie à son cousin), un percepteur, apparemment beau-frère de ce Charles.

Ce document est riche d'informations inédites pour moi (ou du moins oubliées par moi, depuis le message, sous cet onglet, du 5 décembre dernier de Marie-Françoise LAURENSOU) :
. Charles LEVÊQUE était le frère d'Eugénie Marie LEVÊQUE qui avait épousé Louis Jean-Baptiste André GOUPIL et qui demeurait avec lui au château de Tessé-la-Madeleine (et rebelote !) ;
. tous deux étaient les (seuls, apparemment) enfants de Eugène-Constant LEVÊQUE et Sophie-Adélaïde ROULLEAUX (tous deux enterrés dans la chapelle de la Chaslerie).

J'apprends en particulier que la renonciation de cette Eugénie Marie LEVÊQUE à la Chaslerie avait été faite par acte stipulant que "Il est expressément convenu que la chapelle située sur la ferme de la Châlerie, commune de La Haute Chapelle, reste la propriété commune des copartageants et de leurs descendants en ligne directe sans pouvoir être vendue ni faire l'objet d'un partage. Les frais d'entretien de cette chapelle seront supportés par quart par les copartageants ou leurs descendants en ligne directe qui, tous, auront le droit d'y être inhumés autant que l'étendue de cette chapelle le permettra". Donc ne serais-je pas fondé à réclamer à l'illustre parentèle du sémillant GOUPIL une juste indemnisation pour les frais que j'ai supportés afin d'entretenir les sépultures et la chapelle qu'ils m'ont vendus au mépris de leurs engagements officiels ? Ceci ne serait-il pas la moindre des choses en l'état de mes travaux et parfaitement légitime compte tenu de l'origine louche plus que probable du magôt familial sur lequel ces donneurs de leçons ont bâti leur "notoriété" locale ?

Acceptation de donation du 27 juin 1947.

Je poursuivrai cette découverte demain.
Je poursuis l'étude des derniers documents notariaux découverts :

- la "Donation à titre de partage anticipé", en date du 6 juillet 1905, de Charles LEVÊQUE à ses deux seuls enfants, Maurice et Marie, de très nombreux biens immobiliers, y compris à La Haute Chapelle (la Chaslerie et la Thierrière), à Lonlay-l'Abbaye (le Rocher), à Céaucé, à Loré, à La Baroche-sous-Lucé, à Lucé, à Saint-Denis-de-Villenette et à Beaulandais. Cet acte nous apprend que Charles LEVÊQUE avait eu pour soeurs Louise Marie, décédée, et cette fameuse Eugénie Marie LEVÊQUE.

Parmi les biens donnés figurait donc (les commentaires entre parenthèses sont de moi) "La Chalerie (...) comprenant 1° Les bâtiments d'enceinte d'ancien logis dont partie habitée par le fermier, partie vague ou servant de dépôt et une partie en écurie et étable. Au sud des issues un bâtiment en pierres couvert en tuiles comprenant une étable, un fond de grange, une cave dans laquelle existe un gadage en pierres, fenil sur le tout, une grange et une étable avec fenil dessus (ceci décrit la charretterie actuelle). Au sud des issues une vieille chapelle en pierres couverte en ardoises. Au milieu des issues (?) un bâtiment à usage de fournil en tillasse (je suppose qu'il s'agit du bâtiment jouxtant la mare, apparaissant sur certaines photos très anciennes et que j'appelle la forge)). Dans le verger en pierres et tuiles, une vieille maison, cave à la suite, grenier sur le tout (il doit s'agir du bâtiment que j'appelle la cave. Il faudra vérifier si le verger apparaît comme tel sur un vieux plan). Au milieu du verger en tillis (j'imagine que ceci désigne le torchis) couverture en tuiles, un fournil et four (il doit s'agir du fournil près de la cave, dont j'ai fait raser les vestiges en 1991), couvert en tuiles. Sous deux faîtes un chartil sur poteaux couvert en ardoises (il doit s'agir d'un bâtiment situé à gauche de l'allée descendant de la D 22 et que j'ai fait démonter en 1991). Au nord des issues en tillis et tuiles, trois toîts à porcs (là, ce doit être une évocation de la porcherie en ruine, dans l'arrière-cour, que j'ai dû faire démonter en 1991). Derrière les toits, une vieille maison en pierres couverte en tuiles (le fournil du manoir). Aire (?), cour, verger, jardin enclos de douves". L'acte mentionne également "un hangar sur colombes couvert en ardoises" dans "Le Taillis, pâture et allée" (je ne vois pas de quoi il peut s'agir).

Dans cet acte de 1905, il est question de l'"acte sous signatures privées fait en quatre originaux au Château de Tessé la Madeleine le dix huit avril mil huit cent soixante seize (...) contenant (...) le partage des biens immeubles (entre autres, la Chaslerie) (...) recueillis dans les successions réunies de M. Eugène Constant Lévêque et Madame Sophie Adélaïde Roulleaux, son épouse (...) par suite de la renonciation faite à ces successions par Madame Eugénie Marie Lévêque, épouse de M. Louis Jean Baptiste André Goupil, (...) autre enfant de M. et Madame Lévêque-Roulleaux". La clause déjà citée, relative à la chapelle, est rappelée dans cet acte de 1905.

Le même acte de 1905 indique que Charles LEVÊQUE et ses trois frère et soeurs (dont une veuve BROCHARD) avaient été les seuls héritiers de leur tante Eugénie Marie ainsi que de son mari Louis GOUPIL.

Donation-partage du 6 juillet 1905.

- l'acte de vente, le 6 mars 1877, par "Madame Marie Eugénie Hardy dite Normandrie (...), veuve de M. Félix André Ramart-Dominel" à Charles LEVÊQUE d'"une ancienne maison de maître, maison de fermier, divers bâtiments avec neuf hectares quatre vingt quatorze ares soixante-dix centiares de terrain" à la Chaslerie.

Ce document est difficile à déchiffrer car la photocopie dont je dispose manque souvent de netteté. Je lis cependant que la vente porte, en plus de pièces de terre, sur "Une ancienne maison de maître construite en pierres, couverte en ardoises, composée de cuisine, cave, et laverie au rez de chaussée ; chambre et cabinets au premier étage ; grenier au dessus, escalier commun avec l'acquéreur, propriétaire du surplus de cette maison ; caves et cour en dépendant".

Ce document établit donc que, jusqu'à 1877, il y avait eu division du manoir, y compris son logis et le Pournouët, entre deux propriétaires dont j'imagine qu'ils étaient les héritiers respectifs de GOUPUCEAU et de GOUPIL, les deux acheteurs de la Chaslerie Bien National. Je comprends également que, lors de l'incendie qui ravagea le logis, il y a 126 ans, celui-ci était devenu depuis une petite dizaine d'années la propriété d'une seule personne, Charles LEVÊQUE, dont les parents, le couple LEVÊQUE-ROULLEAUX avaient dû, sur leur part du manoir, composer avec un voisinage sans doute envahissant.

En 1877, l'année suivant son héritage de ses parents, le magistrat mayennais Charles LEVÊQUE avait ainsi réussi à prendre le contrôle de la totalité de la Chaslerie, telle qu'elle me fut vendue, 114 ans plus tard, par l'un de ses descendants.

Vente du 6 mars 1877.

Ce document de 1877 n'a pas encore livré tout son témoignage. Je reprendrai sa lecture plus tard.
Bien entendu, on a compris qu'une piste de recherches sans doute fertiles sur GOUPIL serait d'examiner comment tant d'appartements de la rue de l'Alboni à Paris (c'est-à-dire du quartier chic du Trocadéro) ont pu échoir à tant de ses héritiers.

Une autre interrogation que soulèverait ma récente compilation de documents notariaux consisterait à se demander comment lesdits héritiers de GOUPIL ont réussi à s'y prendre pour dilapider si vite une telle fortune. C'est tout à fait étonnant, même si on en avait déjà eu un aperçu à la Chaslerie.

Une troisième idée amènerait à préciser, à partir des anciens cadastres, les variations dans le temps de la propriété des divers lots de la Chaslerie, compte tenu du bizarre partage entre deux mains du Bien National correspondant.

Et la liste de questions ne s'arrête certainement pas ici.

P.S. : Je signale au passage que les boiseries du salon du logis de la Chaslerie proviennent d'un des appartements de la rue de l'Alboni, de même que l'ancien parquet, plus collé que chevillé hélas, de type Versailles, qui se trouve désormais dans le salon de mon logement à Paris... non loin de la rue de l'Alboni. Dans le salon de la Chaslerie, le sol est donc recouvert depuis 20 ans de simples plaques d'aggloméré ciré, en attendant la restauration de cette pièce.
Monsieur,

Notre ami Guy Hédouin m'a fait part de vos échanges, notamment à propos du réveil, en beauté, de la Chaslerie.

Il est vrai que j'avais l'intention de vous écrire depuis longtemps, pour vous faire partager une petite trouvaille (ci-jointe) ; mais je pensais compléter mes recherches, avant.

En vérité, jamais recherche historique n'est achevable. Ce que les siècles ont laissé derrière nous, il nous faudrait aussi des siècles pour oser prétendre le mettre convenablement à jour. Alors, autant admettre humblement cette impossibilité et partager sans plus attendre les maigres premiers résultats...

En l'occurence, il s'agit des armoiries d'alliance d'un seigneur de la Chaslerie (Jacques) avec Anne-Marie de Caignon dans l'Armorial d'Hozier, la dame de la Chaslerie étant la propre tante d'une demoiselle de Cattey apparentée à un ascendant (sosa 1280). L'un et l'autre furent parrain et marraine d'un enfant du village de Mayenne où résidait cet ancêtre.

Je suis aussi très touché de l'intérêt que vous venez de porter à mes toiles et tapisseries bergames. (...)

Si cela ne vous dérange pas, je me dois de venir vous rendre visite, afin de vous proposer personnellement de découvrir ces étoffes. Et ceci, bien avant de vous convier à l'événement inaugural que je prépare (fin juin) au vieux manoir.

Soit en y associant le seul plaisir de découvrir la Chaslerie ; soit sur le chemin de l'un de mes déplacements réguliers. Guy vous aura peut-être dit que, depuis la perte de mon beau-père en 2006, mon épouse et moi avons la responsabilité, avec son jeune frère et sa soeur, de veiller sur la destinée du château de Bressey-sur-Tille, en Côte-d'Or. D'où des A/R Bourgogne-Normandie très fréquents.

J'y repars jeudi et serai sur le chemin de retour dimanche, ce jour-là accompagné par un ami photographe suisse, avec qui je finis un livre sur la Manche. Il me sera alors possible de passer en domfrontais.

Vous priant d'accepter mes excuses pour votre décevante visite chez TFA, et heureux d'avoir enfin pris contact ;

Bien à vous.
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@ Bertrand DUMAS de MASCAREL

Monsieur,

Merci pour votre témoignage. Bien que je n'aie pu accéder au site de généalogie dont vous m'avez communiqué les liens, je comprends donc que vous êtes allié aux LEDIN.

N'hésitez pas à venir à la Chaslerie quand vous passerez par ici. Nous pourrons évoquer tous les sujets que vous voudrez, y compris vos tissages, étant entendu toutefois qu'à la Chaslerie, nous en sommes aux travaux de gros-oeuvre pendant quelques années encore, avant de pouvoir passer enfin à la décoration.

Bien à vous.

Jacques LAURENSOU
rédigé le Dimanche 17 Avril 2011
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Généalogie et sagas familiales
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Cher voisin,

On vient de me signaler deux ouvrages qui sont susceptibles de vous intéresser:
- Les familles françaises à Jersey pendant la révolution; liste établie à partir des registres paroissiaux de l'île de Jersey. 49 euros.
- Liste des guillotinés sous la révolution française: environ 17500 noms. 50 euros.

Si ces ouvrages vous intéressent, je peux très facilement vous les procurer.

Quid du 30 Avril ? Je dois retéléphoner à notre amie du septembre Musical!!!

Bien amicalement.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Dimanche 17 Avril 2011
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Généalogie et sagas familiales
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@ Jacques LAURENSOU :

Heureux de vous revoir sur ce site !

OK bien sûr pour les bouquins. Je vous les rembourserai dès qu'on se verra, de même que les dépenses engagées par Marie-Françoise pour percer les secrets de ma généalogie.

Pour le 30 avril, tout est clair de notre côté : vous venez déjeuner à la Chaslerie et on se rend ensemble chez cette personne.

Amitiés.

@ Guy HEDOUIN :

Eh bien, c'est d'accord ! Mais nous serons trois car, ô miracle (merveille de l'amour ?), Mr T. est arrivé cette nuit à la Chaslerie avec Carole. Cette demoiselle dont je parlais il y a deux week-ends serait-elle en train de transformer mon aîné ?

Je me réjouis de découvrir ainsi la Bézirie. Vous allez pouvoir nous montrer vos réalisations en matière de restauration de vieilles pierres.

Car, aussi surprenant que cela puisse paraître aux visiteurs de ce site, vous et moi ne nous sommes vus qu'une fois dans le monde "réel", le dimanche des dernières "Journées du patrimoine". A cette exception près, tous nos échanges ont, à ce jour, été "virtuels" grâce à ce site.

En attendant notre venue, je vais potasser l'un des deux ouvrages que M. ROBERT m'a recommandés, celui que j'ai retrouvé (second miracle) dans ma bibliothèque, à savoir "Pavés et plates-tombes" édité par la "Société des antiquaires de Normandie" (l'autre étant le bouquin de la C.N.M.H. sur les carrelages anciens, que je compte me procurer dès mardi).

A demain donc ! Ou plutôt à tout à l'heure, vue celle où j'écris...

Ouvrage acheté au musée régional de la poterie à Ger.

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L'ouvrage sur les "pavés et plate-tombes" me paraissant passionnant, j'en reproduis quelques-unes des 240 pages qui me semblent les plus pertinentes pour la restauration de la salle à manger du logis de la Chaslerie.

D'abord, quelques explications techniques générales :

Page 11 de

Page 12 de

Page 14 de

Page 15 de

Page 16 de

Page 17 de

Page 18 de

Page 19 de

Page 20 de

Je remarque bien entendu les pages consacrées aux anciens pavés de l'abbaye de Lonlay :

Page 92 de

Page 159 de

Page 160 de

Page 161 de

Page 162 de

Me voici bien armé pour dialoguer utilement avec M. ROBERT...

J'observe que nombre de pavés anciens comportaient des décors héraldiques. Ici, entre autres, deux familles dont nous fréquentons des représentants :

Page 52 de

Page 58 de

Il ne serait donc pas incongru (sous réserve du prix) de passer commande de pavés décorés des écus des familles LEDIN et alliées, ainsi que de ceux de Domfront ou de l'abbaye de Lonlay.

Comme les travaux à la salle à manger du logis ne commenceront pas avant plusieurs années, je pourrais avoir là matière à un approvisionnement progressif du chantier.

En classant de vieilles photos, je retrouve des exemples de linteaux de cheminée dans le voisinage de la Chaslerie.

D'abord, sur deux cheminées de granit photographiées en 1993 au manoir de la Servière à Céaucé (sur la première, on découvre Thibaud à l'époque, donc à l'âge de 14 ans). Ces exemples sont d'autant plus intéressants à méditer que la Servière a sans doute été édifiée, à la fin du XVIème siècle, par la même équipe d'artisans que la Chaslerie (également intervenus, très vraisemblablement, au manoir de Loraille à Saint-Mars d'Egrenne) :

10 janvier 1993, au manoir de la Servière.

10 janvier 1993, au manoir de la Servière.

Mais aussi, des cheminées à linteau de bois, l'une à la ferme du Rocher en 2006, avant que cette propriété des LEVEQUE jouxtant la Chaslerie ne soit achetée par un jeune maçon qui la restaure désormais (on a là, si nécessaire, un nouvel exemple éloquent de l'invraisemblable incurie des précédents propriétaires de la Chaslerie) :

25 décembre 2006, cheminée de la salle à vivre du Rocher à Lonlay l'Abbaye.

... l'autre dans un intéressant manoir à colombages récemment sauvé de la ruine par un jeune couple de Saint-Mars d'Egrenne :

22 avril 2007, cheminée restaurée à la Prosnière à Saint-Mars d'Egrenne.

Ce sont là de nouveaux exemples à prendre en considération pour la restauration du linteau de la cheminée de la ferme de la Chaslerie.

Je reviens sur la question des pavés estampés, à décor à l'engobe, que j'ai découverts chez FAUVEL.

Voici, en vrac, d'autres photos que j'ai prises de cette production contemporaine si onéreuse mais, à mes yeux, si belle :

23 avril 2011, pavés estampés à décor à l'engobe.

23 avril 2011, pavés estampés à décor à l'engobe.

23 avril 2011, pavés estampés à décor à l'engobe.

23 avril 2011, pavés estampés à décor à l'engobe.

23 avril 2011, pavés estampés à décor à l'engobe.

23 avril 2011, pavés estampés à décor à l'engobe.

23 avril 2011, pavés estampés à décor à l'engobe.

23 avril 2011, pavés estampés à décor à l'engobe.

23 avril 2011, pavés estampés à décor à l'engobe.

23 avril 2011, pavés estampés à décor à l'engobe.

Ces photos ne rendent pas bien compte des reflets de la glaçure mais, au moins, elles permettent de continuer de rêver un peu...
Pour le sol de l'entrée du bâtiment Nord, il me semble que les pavés Louis XIII de FAUVEL seraient d'un très bon effet. Selon moi, leur décor contrasté équivaudrait au tapis dont nous privera le chauffage par le sol. Je pense aussi qu'ils permettraient, par la force de leur présence, de limiter le nombre de meubles dans cette entrée, ce qui me paraît bienvenu pour un tel lieu de passage.

Voici à quoi ils ressemblent :

23 avril 2011, pavés Louis XIII de FAUVEL.

En fait, la taille des carreaux de la photo précédente me paraît beaucoup trop importante. Voici un modèle de dimensions deux fois moindres :

23 avril 2011, autres pavés Louis XIII de FAUVEL.

Il faut imaginer que les pavés roses seraient cirés, donc brillants et que ces tomettes seraient encore plus petites, comme à Canisy...

Mais Carole n'aime pas ce choix. Elle a d'ailleurs un argument pertinent quand elle se demande quelles tomettes seraient compatibles avec ces pavés dans les pièces voisines de l'entrée. J'avoue que, là, elle me colle. Au moins pour le moment...
Si je comprends bien, les préférences de Carole en matière de tomettes vont à des modèles classiques...

23 avril 2011, tomettes de FAUVEL.

(l'échelle est fournie par le bout de mes chaussures, en bas de certaines photos)

23 avril 2011, tomettes de FAUVEL.

23 avril 2011, tomettes de FAUVEL.

23 avril 2011, tomettes de FAUVEL.

Sur le nombre, Carole préfère les tomettes les plus claires.

M. ROBERT nous a également montré le modèle de pavés relativement multicolores dont il doit bientôt livrer 400 m2 pour le château d'Angers :

23 avril 2011, pavés pour Angers de FAUVEL.

Mais Carole n'en aime pas l'usure artificielle.

Laissons donc le sujet décanter et poursuivons nos investigations...
Chez FAUVEL, j'ai pris connaissance de panneaux didactiques sur les terres cuites :

Quelques définitions, chez FAUVEL.

Les pavés du Pays d'Auge expliqués par FAUVEL.

Il faudra donc que je retourne au musée de la poterie à Ger pour observer ces fameux pavés...

J'ai également regardé les photos de quelques réalisations en pavés de FAUVEL :

Le grand réfectoire du Mont Saint-Michel.

Autres références de FAUVEL.

En fait, tant de grandeur me laisse un peu perplexe...

Au grand réfectoire du Mont Saint-Michel.

Votre visite chez Fauvel fut fructueuse, au moins en photos. Je constate que la tâche va être rude de convaincre votre épouse.

Si cet achat peut patienter quelques mois, je pourrais, avec l'accord de M. HERRAULT, propriétaire du manoir du Grand Taute à Saint-Sauveur-Lendelin (en fait à environ 5 km de chez moi) vous faire découvrir la salle haute tout en carreaux roses et noirs du plus bel effet.

Bonne journée !

Hélas, pratiquement aucune des photos que vous joignez à vos messages ne peut être mise en ligne avec mon système.

Merci en tout cas pour votre aide : je serais en effet heureux de montrer à Carole le chic de ces pavés Louis XIII.

Une autre solution serait que je passe outre son avis, ainsi que je l'ai souvent fait, comme pour le coq de la chapelle, les girouettes, les grilles aux fenêtres, les vitraux, la statue de Sainte-Anne, la peinture rouge des portes et fenêtres, etc... Chaque fois, elle a trouvé le résultat très réussi, il faut peut-être que je continue ainsi !

J'ai profité de mon passage à Paris, hier, pour me procurer des ouvrages sur les pavements anciens.

Après un essai infructueux à la boutique du Musée des Arts Décoratifs, j'ai trouvé mon bonheur à la librairie du compagnonnage, derrière l'hôtel de ville.

Il ne me reste donc plus qu'à étudier les ouvrages que je m'y suis procurés :
- "Carrelages et dallages du XIIè au XIXè siècle", aux "Editions du patrimoine du Centre des monuments nationaux" (cet ouvrage m'a été recommandé par M. ROBERT, directeur technique de FAUVEL),
- aux mêmes éditions, "Pavement - Carreaux de sol en Champagne au Moyen-Âge et à la Renaissance",
- et, tant que j'y étais, et suite à ma récente conversation avec Guy HEDOUIN, "Le tirage des cheminées à feu ouvert" chez Massin, et "Sols, chaux et terres cuites, mode d'emploi" par Monique CERRO chez Eyrolles.

@ Mr T. :

Puisque tu m'as fait part de ton souhait d'accroître la hauteur sous poutre au rez-de-chaussée du colombier, j'ai étudié la question ce matin avec Pascal.

Pascal nous dissuade d'abaisser le niveau du sol au rez-de-chaussée de cette pièce. Il y voit deux inconvénients :
- d'une part, cela obligerait à casser les tomettes posées dans la pièce voisine par Henri LEVEQUE ; or tu sais que je considère que ces tomettes ont été très mal posées, avec des joints de ciment beaucoup trop moches ; donc ce premier argument n'est pas dirimant selon moi ;
- d'autre part, cela accroîtrait le risque d'humidité dans la pièce ; on peut certes drainer mieux l'extérieur du bâtiment, ou même l'intérieur ; mais les drains peuvent se boucher, de sorte que cet argument me paraît plus valable que le premier.

J'ajoute un troisième argument : abaisser le sol du rez-de-chaussée de l'"aile de la belle-mère" obligerait à franchir un obstacle élevé, donc incongru, au seuil entre la cour et la pièce qui nous sert actuellement de cuisine.

Comme j'ai le souci de conserver le style du plafond actuel, avec poutres et solives visibles, il semble préférable d'examiner comment relever le plafond, c'est-à-dire la hauteur sous poutre. Mais avant de t'expliquer mes idées, je te laisse apprendre quelques termes de charpente...

Selon moi, le problème tient, une fois encore, à la très mauvaise qualité du travail réalisé par Henri LEVÊQUE, toujours aussi stupide dans la conception que bâclé dans la réalisation. Je m'explique :

- il a utilisé deux poutres de dimensions différentes ; celle qui est la plus proche de la porte fait 38 cm de côté, la seconde 32 ; à part la flemme et la mesquinerie, rien ne justifie ce hiatus ;
- la première poutre quand on entre dans la pièce est à 197 cm du sol, ce qui est gênant pour ton 1 m 95 et le sera encore plus pour tes descendants, au rythme où les FOURCADE "dégénèrent" (je rappelle que nous "prenons" environ 8 cm à chaque génération depuis mon arrière-grand-père...) ;
- les solives que "la grande âme" a utilisées, outre qu'elle sont en bois de basse qualité (cf son souci bien connu du tape-à-l'oeil), ont une forme débile : 16 cm de hauteur et 6,5 de largeur ; normalement, les solives sont en chêne, carrées et d'environ 10 cm de section ;
- il a fait poser les solives sur le haut des poutres, ce qui est absurde et d'autant plus laid qu'il n'a pas comblé les espaces entre solives ; normalement, les solives doivent être posées sur des lambourdes fixées à mi-hauteur de la poutre.

Un petit reportage photographique te permettra de constater ces faits.

Voici la première poutre visible en entrant au rez-de-chaussée du colombier :

27 avril 2011, la première poutre en entrant au rez-de-chaussée du colombier.

Et voici la seconde, significativement plus petite mais sur laquelle les solives sont aussi mal déposées :

27 avril 2011, la seconde poutre au rez-de-chaussée du colombier.

Maintenant, voici à quoi doit ressembler un bon assemblage, avec lambourdes, selon la tradition :

27 avril 2011, la poutre du futur salon de la ferme.

Sur ces bases, je récapitule mes premières réflexions :

1 - Ne pas modifier le niveau du sol, ni au rez-de-chaussée du colombier, ni à son premier étage (ici en raison de la hauteur des appuis de fenêtre).

2 - Le cas échéant, harmoniser les dimensions des poutres. L'opération étant délicate, je proposerais plutôt de ne pas chercher à modifier la forme du bois, mais de déplacer vers le haut la première poutre plus que la seconde, disons d'environ 3 cm. De la sorte, la différence de hauteur des poutres deviendrait pratiquement imperceptible.

3 - Relever, le cas échéant, les deux poutres de 5 bons centimètres ; ceux-ci peuvent "se gagner" sur l'épaisseur du plancher du 1er, supérieure à 15 cm ; il faudra alors casser ce magnifique sol de ciment (on dit encore bravo à "la grande âme" !).

4 - Surtout, changer toutes les solives (veiller soigneusement à l'aspect du bois anciennement travaillé).

5 - Surtout, également, disposer les solives sur des lambourdes.

Au total, il y aurait là de quoi "gratter" 25 bons centimètres au bénéfice de ta voûte cranienne d'ores et déjà allégée de la généreuse toison dont tes géniteurs n'avaient pas manqué de te doter !

Qu'en dis-tu, Môssieu Bibo ?

Déception chez FAUVEL, lors de ma troisième visite chez eux hier après-midi : ils ne disposent plus de l'autorisation d'exploiter le gisement d'argile qui leur permettait des pavés vieux rose ; désormais, ils s'adressent au négoce pour leurs argiles ; l'une est beaucoup trop rouge, une autre plus claire mais beaucoup trop onéreuse pour eux ; par ailleurs, en discutant avec Mme ROBERT, j'ai perçu que la maison, vendue en 1990 par M. FAUVEL à un ancien président de chambre de commerce investisseur dans les casinos et l'hôtellerie, était en train de perdre son âme. Trop de souci du profit au détriment de la belle ouvrage. Les carreaux présentés correspondent à une production ancienne, il faudrait désormais accepter des rouges orangés criards...

Il est donc probable que je recherche d'autres fournisseurs pour mes tomettes, à moins que, finalement, je ne puise dans mon stock de matériaux anciens.

Mais peut-être devrais-je aller d'abord faire un tour aux Rairies ?
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Vendredi 29 Avril 2011
Journal du chantier - Menuiserie - Cave - Archives, histoire, documentation - Dans l'Orne - Désultoirement vôtre ! - Annonces
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On dit qu'"il faut se méfier des premières impressions car ce sont les bonnes". De manière à me mettre en mesure de coopérer avec un artisan, j'apprécie beaucoup, on l'a compris, de visiter son atelier et de le laisser me parler de son métier.

Ainsi, hier, sur ma route vers Paris, j'ai fait étape, à Saint-Germain-de-la-Coudre, chez M. DUVEAU, le menuisier-ébéniste que m'a recommandé Patrice CAHART, pour apprendre à mieux le comprendre.

M. DUVEAU m'a présenté son atelier, ainsi que la porte et les fenêtres qu'il se tient d'ores et déjà prêt à poser sur la "maison de Toutou".

J'ai aussi demandé à voir son chef-d'oeuvre d'ébénisterie qui lui a valu, en 1997, le titre d'"un des meilleurs ouvriers de France". Il s'agit d'un "cabinet contemporain de forme conoïde" (décidemment, les coniques me poursuivent ces jours-ci, cf un récent message en "Sujets divers"...) fabriqué sur la base du cahier des charges du concours élaboré par le "président de classe" (N.B. : la forme conoïde apparaît à l'arrière du meuble, que j'ai oublié de photographier).

Voici, posé sur une table de cuisine, ce meuble qui se présente, fermé, comme une enveloppe cachetée, le papier étant figuré par de l'ébène de Macassar et le sceau par un cercle de charme marqueté d'ébène du Gabon :

28 avril 2011, le chef-d'oeuvre de M. DUVEAU,

Quand on ouvre ce meuble, on découvre une façade en loupe d'amboine gainée de maroquin. Les charnières, fabriquées sur mesure, ont chacune pour axe un morceau de corde de piano :

28 avril 2011, la façade intérieure du chef-d’œuvre de M. DUVEAU.

Le battant s'ouvre par un mouvement se décomposant en une rotation suivie d'une translation. Il découvre un jeu de tablettes et de tiroirs, un joint de plexiglas traversant toute la structure du meuble ainsi qu'une tablette et une lampe :

le chef-d’œuvre de M. DUVEAU.

L'intérieur des tiroirs est en cormier...

28 avril 2011, un tiroir du chef-d’œuvre de M. DVEAU.

... de même que le plumier pivotant dissimulant le déclencheur d'un secret :

28 avril 2011, le plumier du chef-d’œuvre de M. DUVEAU.

J'ai pu admirer à loisir l'extrême finesse de réalisation de ce meuble :

28 avril 2011, détail du montage d'un tiroir, présenté par M. DUVEAU.