Archives, histoire, documentation

J'ai mandaté aujourd'hui Eric YVARD afin qu'il mène, à propos de notre manoir favori, un complément d'étude historique, en vue de documenter la prochaine restauration de l'intérieur des principaux bâtiments et de quelques abords protégés.

On se souvient qu'il y a vingt ans (déjà !), Patrick DELAUNAY avait produit une première compilation de documents issus du chartrier de la Chaslerie, facilement accessibles au public dans les locaux des Archives départementales de l'Orne. Il s'agira pour M. YVARD de poursuivre ce travail, en s'attaquant à la partie cachée de l'iceberg.

Photo DDM, archives.

Pour que cette étude soit le plus utile possible, elle sera surtout centrée sur l'aspect et l'usage anciens des constructions en question.

Eric YVARD m'a été recommandée par Barbara TOUSSAINT. Basé dans le Perche (il est maire-adjoint de Bellême), cet ancien élève de la mère de François FILLON, qui l'a formé à l'étude d'archives, a déjà eu l'occasion de travailler sur quelques vieilles familles du Domfrontais, dont celle de Jacques COUPPEL du LUDE qui était apparentée aux LEDIN.
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Lundi 2 Octobre 2017
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation
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On m'a souvent demandé, ces derniers jours, de quand date mon premier contact avec UPSET, l'organisateur du "festival Alphapodis".

Voici la réponse. (A l'époque, Jimmy m'avait demandé de garder confidentiels son identité, le nom de son association ainsi que celui du festival.)
Une paroisse sous la Révolution (3)

S'il est bien un sujet qui fâche au temps de la Révolution, c'est celui de la religion ! La municipalité d'Aucun n'y échappe pas et ses relations avec les gens d'église varient au rythme de décisions prises pourtant à des centaines de lieues du bourg pyrénéen.

Eglise d'Aucun - Collection personnelle

Le registre des actes communaux en est le reflet. Sur les 235 items que comprend la période qui s'étend de janvier 1790 à juin 1805, une cinquantaine traite des affaires religieuses.

La constitution civile du clergé

Elle oblige les prêtres à prêter serment à la nation, à la loi et au roi, ce qui ne semble pas, dans un premier temps, présenter de difficulté particulière à Aucun : Pierre Montauban, archiprêtre et curé de la paroisse Saint-Félix, et Jean Lassalle Bazaillac, son vicaire, s'y prêtent volontiers.

Le 20 janvier 1791, ils se présentent au greffe de la municipalité pour déclarer leur intention de se conformer au décret, et le dimanche 23 janvier, à l'issue de la messe, c'est chose faite. Ils ne sont manifestement pas réfractaires dans l'âme. Pierre Montauban renouvellera d'ailleurs ce serment, dont la formulation varie au fil du temps, en septembre 1792, en juin et novembre 1795, enfin en octobre 1797.

Le 1er janvier 1793, le même Pierre Montauban remet sans difficulté aux instances civiles les volumes des registres paroissiaux qu'il conservait au presbytère, et ce d'autant plus volontiers qu'il vient d'être nommé officier public, chargé de la tenue de l'état civil.

La période de la Terreur

Sur le plan religieux, elle se traduit notamment par la fermeture des églises et par l'interdiction faite aux prêtres d'occuper tout poste public. Les choses se gâtent donc pour les paroissiens d'Aucun.

L'occasion rêvée pour Jean Massot, agent national déjà évoqué dans un précédent billet(1), de manifester sa pugnacité révolutionnaire. Le 9 avril 1794, d'une plume acérée, il demande la démission des prêtres, le démontage de la cloche de l'église, la démolition du clocher, l'inventaire du linge et de l'argenterie et leur livraison au district d'Argelès(2). Rien que cela !

Trois jours plus tard, plusieurs prêtres, dont Pierre Montauban curé du lieu, se présentent sur convocation devant le conseil et demandent des délais de deux à cinq semaines pour se déterminer ou pour présenter leurs lettres de prêtrise(3). Peut-être espèrent-ils que l'affaire va se tasser s'ils font profil bas ?

Ce n'est pas très clair, mais il semble bien que, à nouveau convoqués le 2 août suivant, six d'entre eux obtiennent du maire une sorte de certificat de bonne conduite républicaine. Tous affirment s'être retirés dans la commune et ne pas avoir de succession (sous-entendu dans leurs fonctions de ministres du culte ?). Deux d'entre eux, qualifiés d'abdicataires, réclament même "l'indemnité fixée par le décret relatif aux secours", car ils sont sans ressource. De Pierre Montauban, il n'est alors pas question.

Un autre document m'intrigue. Il s'agit d'un texte signé de deux membres du comité révolutionnaire d'Argelès, nommés commissaires "pour se transporter dans les différentes communes du canton d'Aucun à l'effet de prendre des renseignements eu égard à des rassemblements de ci devant prêtres".

Les deux commissaires se nomment Pambrun et… Fourcade ! J'ai un peu de mal à reconnaître la signature, mais il n'est pas impossible qu'il s'agisse de mon ancêtre Alexis Fourcade. Leur souci du moment : le respect des fêtes nationales et décadaires, en lieu et place du dimanche, et l'interdiction de l'usage des cloches.

Le rétablissement de la liberté de culte

En février 1795, quelques jours à peine après les accords de La Jaunaye(4), la Convention signe un décret proclamant la liberté des cultes et la séparation de l'Eglise et de l'Etat.

L'ambiance a également changé à Aucun. Le dimanche 24 mai 1795, jour de la Pentecôte, alertés par le tumulte, le maire et ses collègues se rendent devant l'église : "nous y avons trouvé le peuple assemblé, la porte de l'église ouverte, faisant un tintamarre affreux et particulièrement contre la municipalité" ! Il a beau les exhorter, rien n'y fait, les femmes sont les plus virulentes et s'en vont chercher le curé.

Jean Berot, maire, Alexis Fourcade, Pierre Lacabane, officiers municipaux et Jean Prat, procureur, précisent bien que "ils ont cédé à la force et se sont privés d'entendre la messe dans l'église afin de ne pas être rebelles aux lois" !

À plusieurs reprises, la municipalité rappellera encore l'interdiction des cloches (qui n'ont donc pas été démontées, de même que le clocher n'a pas été mis à bas), mais dès janvier 1797 des sacristains(5) et des marguilliers(6) seront nommés et renouvelés chaque année à pareille époque.

Néanmoins, d'autres difficultés se profilent à l'horizon. J'y reviendrai la semaine prochaine.

(1) Voir le billet intitulé Une paroisse sous la Révolution (2), publié le 25 septembre 2017.

(2) Il s'agit bien entendu d'Argelès-Gazost, à quelques kilomètres d'Aucun.

(3) Documents délivrés par l'autorité ecclésiastique, attestant de la qualité de prêtre de celui à qui elles sont accordées. Les remettre à une autorité civile, c'était donc renoncer à exercer un quelconque sacerdoce.

(4) Traité accordant l'amnistie aux Vendéens et leur reconnaissant la liberté de culte.

N.D.L.R. : Là, tu en as dit trop ou pas assez. On attend la suite de ta passionnante enquête.
Pierre-Paul Rubens : 9 mai 1600, l'Italie, la terre promise

Par Patrick de Bayser

"Autoportrait avec un cercle d'amis de Mantoue" par RUBENS vers 1602-1604.

RUBENS, LE PEINTRE GENTILHOMME (3/10) - Afin de se perfectionner dans son art, Rubens part pour Venise. Sa culture impressionnante et ses immenses capacités intellectuelles séduisent le Duc Vincent de Gonzague qui l'invite à rejoindre la cour de Mantoue.

Parti d'Anvers le 9 mai 1600, Rubens arrive à Venise en juin. Il se rend compte qu'après neuf ans de formation, il n'a encore rien vu. La découverte de l'art de Titien est un choc ; il passera sa vie à se mesurer au Vénitien. Il se lie avec un gentilhomme de la suite du duc Vincent de Gonzague, venu de Mantoue assister au carnaval. Rubens a-t-il une lettre de recommandation de l'archiduc Albert, marié à sa cousine l'infante Isabelle et installé comme régent des Pays-Bas depuis 1598? Il a participé avec Venius au décor de leur entrée triomphale en 1599 et, coïncidence, Vincent de Gonzague avait rendu visite à son cousin archiduc la même année, en se rendant à Spa. En tout cas, le dispendieux duc s'attache aussitôt le peintre, et Rubens rejoint à la fastueuse cour de Mantoue son compatriote Frans Pourbus le Jeune.

À Mantoue, Rubens découvre les merveilles que renferme le palais ducal, les fresques de Pisanello et de Mantegna, et surtout le cycle fantastique de Giulio Romano dans la demeure d'été, le palais du Te. Féru d'art, le duc rivalise avec les Médicis, les papes et les cardinaux pour enrichir la fabuleuse collection de peinture des Gonzague. À la Cour, chaque jour est une fête. Monteverdi y crée ses opéras, les hôtes de marque ont pour nom le Tasse (avant 1595) ou Galilée… Vincent est séduit par «il mio pittore fiammingo», comme il appelle Rubens. Ils ont le même goût pour les intailles et les camées antiques, la même soif inextinguible d'art. Il lui confie la charge de ses collections et l'envoie parcourir l'Italie pour copier les toiles de grands maîtres et tirer le portrait des plus belles femmes de son époque. Sur la foi des archives ducales, on peut estimer que Rubens ne passera que trois ans à Mantoue sur les huit années que durera son séjour en Italie.

On sait qu'il est à Florence le 5 octobre 1600 dans la suite de Vincent, où il assiste au mariage par procuration de Marie de Médicis avec Henri IV. Il copie La Cène de Léonard à Milan, découvre l'architecture à Gênes, les Carrache à Bologne, et le Caravage à Rome. Rubens copie à tour de bras, et jamais ne se dissipe comme ses condisciples. Pas une aventure n'est rapportée à son propos. Rome plus que tout le retient: il tombe en syncope devant la chapelle Sixtine de Michel-Ange et les cycles de Raphaël au Vatican. Le style de Rubens incorporera toutes ses admirations, revisitées par une saine simplicité. Rubens, ce sera Titien pour la couleur, Léonard, Carrache et le Caravage pour la lumière, Michel-Ange et la statuaire antique pour la vigueur et la profondeur, Raphaël pour l'ordonnance et l'organisation.

Cependant, la plus décisive phase de son séjour hors les murs se déroule en Espagne. Le jeu d'alliances des Gonzague les rattache aux Habsbourg, et Vincent se doit de montrer son allégeance à Philippe III. Impressionné par la culture de Rubens et par ses capacités intellectuelles, il envoie son peintre en ambassade en 1603, muni de cadeaux à l'intention du roi. Rubens, à l'instar de Van Eyck ou de Titien, est considéré comme l'égal d'un gentilhomme. Il s'attire la faveur du valido, le duc de Lerma, qui gouverne dans les faits le pays, en le magnifiant dans le plus somptueux des portraits équestres. Rubens fait preuve aussi d'une rouerie d'une troublante similitude avec celle de son père. «En vérité, si Son Altesse se défie de moi, elle m'a avancé trop d'argent ; mais trop peu, si elle a confiance en moi», écrit-il pour réclamer au duc de Mantoue de nouveaux fonds. Il faut dire qu'il s'est trouvé une occupation de taille en commençant à copier une partie des soixante-dix Titien de la Couronne d'Espagne. Séduit par son portrait, le duc de Lerma lui propose de devenir peintre officiel du roi, mais Rubens décline. Il a encore beaucoup à apprendre à Rome, et une commande importante des Jésuites à finir à Mantoue.

Il reprend donc le chemin de l'Italie afin d'achever pour l'église des Jésuites de Mantoue le triptyque de La Famille Gonzague en adoration devant la Trinité. Puis s'installe à Rome de nouveau en décembre 1605. Il y habite avec son frère Philippe, bibliothécaire du cardinal Colonna. Il obtient des Oratoriens une commande convoitée par tous les peintres établis: le maître-autel de la Chiesa Nuova. Il passe l'été 1607 à Gênes, où il prépare entre deux portraits sa future publication sur les palais de la ville. En octobre 1608, une lettre de son frère Philippe, rentré à Anvers entre-temps, lui apprend que leur mère est au plus mal. Rubens quitte Rome dans la précipitation.

N.D.L.R. : Contemporain de la Chaslerie.
On vient de me prêter, afin que je la scanne, cette représentation de notre manoir favori en 1966 :

A dire vrai, cette vue ne nous apprend pas grand chose si ce n'est que les fenêtres carrées du bâtiment Nord ont été percées avant 1966, vraisemblablement à l'initiative du propriétaire de l'époque, Henri LEVÊQUE. Elle montre également qu'il y avait alors de grands arbres dans l'arrière-cour et le Pournouët. A ces titres, elle est digne de compléter notre photothèque favorite.
Je viens de lire, coup sur coup, deux ouvrages fort intéressants, au moins pour les gens de ma génération (ceux que l'on appelle parfois les "baby-boomers").

Il s'agit de :
- "Philippe Seguin, le remords de la droite", chez PERRIN, par Arnaud TEYSSIER, un auteur qui m'a parfois agacé mais qui, il faut bien le reconnaître, a su mener, en parallèle à l'existence où je l'ai connu, une carrière d'auteur ;
- "Georges Pompidou - Lettres, notes et portraits / 1928-1974", chez Robert Laffont.

Ces deux ouvrages nous parlent de l'époque où j'avais l'impression que les dirigeants de notre pays jouissaient d'un large respect dans la population, une époque où les institutions n'avaient pas été encore abatardies par de troubles cohabitations puis l'instauration hasardeuse du quinquennat, avant la remontée en puissance du régime des partis jusqu'à l'implosion brutale qu'a représenté l'élection, sous l'influence décisive d'une médiacratie aux mains des ploutocrates, d'un OVNI se prétendant "ni de droite, ni de gauche" ou "et de droite, et de gauche" (ou les deux "en même temps", je ne sais plus), bref une époque où j'avais le sentiment de pouvoir, muni d'une grille simple, comprendre quelque chose à la politique.

Au demeurant, n'était-ce pas l'époque où "servir l'Etat" pouvait encore avoir un peu de sens, du moins pour les bons élèves habitués à franchir sans encombre les étapes du "cursus honorum" ?

Certes, les temps ont bien changé, entre boboïsation des mœurs, immigration de masse ou mondialisation de l'économie. A ces titres également, je regrette ce passé qui s'éloigne à grandes enjambées.

Philippe SEGUIN n'a jamais été vraiment ma tasse de thé car je n'ai guère perçu, pour ma part, que les impuissances et désarrois successifs du personnage. En particulier, sa préface des travaux de la commission d'enquête parlementaire sur le naufrage du "Crédit Lyonnais" m'avait outré, en ce qu'elle empêchait un travail, à mes yeux indispensable, de recherche des responsabilités de ce désastre, financier et moral, analogue à celui que je devais côtoyer et qui m'a tant marqué. Mais je me retrouvais dans son indépendance d'esprit et dans ses efforts pour dégager les lignes de force de quelques évolutions de fond dangereuses qu'il pressentait.

POMPIDOU, j'avais estimé que sa présidence inachevée avait un goût de déconnexion d'avec ce que j'aurais souhaité, qu'il s'agisse de la période du cabri CHABAN ou bien de celle du décurion MESSMER. Mais quelle culture et quel positionnement remarquables, proches de l'optimum d'après moi ! Pensez donc, un homme d'Etat qui rêvait encore, à haute voix, d'empêcher l'administraaaâââtion d'"emmerder les Français" !

Curieusement, j'ai reçu mardi dernier un long coup de fil de Jean-Yves HABERER qui, ayant remarqué mon article récent sur les nuisances éoliennes et les procédures y afférentes, venait papoter à ce sujet avec moi. En lui parlant, je lui ai envoyé à deux reprises du "Monsieur le directeur" long comme le bras. Arriverais-je donc à avoir une relation apaisée avec un certain passé, ainsi que Carole ne manque pas de m'y encourager souvent (elle l'a encore fait dernièrement, bien entendu) ?
Pierre-Paul Rubens et atelier et Jean Brueghel L'Ancien dit de Velours, L'Infante Isabelle Claire Eugénie devant le château de Mariemont, vers 1615, huile sur toile, 113 x 178,5 cm, Madrid, Museo Nacional del Prado.

N.D.L.R. : Contemporain de la Chaslerie.
Le Château de Mariemont par Jan Brueghel l'Ancien (1612). Édifié en 1546 près de Charleroi, par Marie de Hongrie, la sœur de Charles Quint, il devint au début du XVIIe siècle la résidence préférée des archiducs Albert et Isabelle de Habsbourg, gouverneurs des Pays-Bas du Sud.

N.D.L.R. : Tableau contemporain de la Chaslerie. Château légèrement antérieur.
Sortons des sentiers battus

Ces temps-ci, mon imagination me conduit à Aucun, bourg rural des Hautes-Pyrénées, cela ne vous aura pas échappé.

J'ai déjà évoqué à plusieurs reprises les sujets qui ont agité cette paroisse du val d'Azun durant la Révolution et je vais continuer dans les semaines qui viennent ; je n'ai pas encore épuisé le sujet. Mais il est peut-être temps de vous expliquer cet intérêt soudain. Le généathème proposé par Sophie Boudarel pour le mois d'octobre, "À la découverte de nouvelles sources", m'en donne l'occasion.

Paysage pyrénéen, collection personnelle.

Mais tout d'abord une remarque. Je suis parfois surprise par la façon dont mes interlocuteurs voient la généalogie : trois dates piochées dans les registres d'état civil, la photographie d'une tombe, un contrat de mariage… rien de plus ! Vision un peu simpliste, non ? Il suffit pourtant de faire un tour sur les sites des archives départementales pour découvrir la variété des sources mises à notre disposition. Sites qui ne cessent de s'enrichir au fil des mois.

Prenons les Hautes-Pyrénées. J'ai longtemps pesté contre ce département qui avait le double tort d'être trop éloigné de mon camp de base et de tarder à mettre en ligne les documents susceptibles de m'intéresser. Eh bien, cela valait vraiment le coup de patienter !

De multiples possibilités d'accès

Le site propose cinq options pour accéder aux fonds numérisés :

- L'accès par type de documents, le plus austère (une simple liste par ordre alphabétique),

- L'accès géographique, celui que j'utilise le plus, passant par la liste des communes,

- L'accès cartographique, là il suffit de cliquer sur la carte,

- L'accès thématique, joliment illustré, avec cinq pistes à explorer au gré de son humeur (1-Naître, vivre et mourir, 2-Participer, délibérer et décider, 3-Représenter, 4-Glaner, 5-Servir au culte),

- Enfin une recherche par mots-clefs.

Un inventaire par commune

Si je clique sur Aucun, j'ouvre une page qui me fournit quelques informations sur le lieu (altitude, superficie, population, origine du nom, etc.) et m'indique toutes les ressources disponibles en ligne.

Et là, j'ai l'embarras du choix : douze, je dis bien douze possibilités ! Les grands classiques, bien sûr, registres paroissiaux, état civil, tables décennales, listes de recensement. Avec leur lot de frustrations, ne rêvons pas (années manquantes, séries incomplètes).

Mais à côté de ces incontournables de la recherche généalogique, le site recèle d'autres trésors. Par exemple, le cahier de doléances rédigé en mars 1789 : juste quatre feuillets, certes, mais avec la liste des chefs de famille et leurs préoccupations du moment.

Ou ce procès-verbal d'une visite pastorale effectuée en 1781 : on y suit pas à pas le vicaire général de l'évêque de Tarbes passant en revue les bâtiments de l'église et du presbytère, les vases sacrés, les vêtements sacerdotaux, le mobilier, les registres, les ressources financières de la cure. Il fourmille de détails. À portée de clic également, l'inventaire des biens de la fabrique, réalisé en 1906, après le vote de la loi sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat en décembre 1905.

Vous voulez en apprendre davantage sur le patrimoine des familles ? Voici le livre terrier de la communauté d'Aucun, rédigé en juillet 1761 par Jean Math, arpenteur royal, à des fins éminemment fiscales. Deux cent dix pages à consulter, à condition toutefois d'avoir bien assimilé les implications complexes entre maison et famille en pays bigourdan.

D'un accès plus aisé, la monographie communale, rédigée en 1887. L'instituteur y décrit par le menu le village, son climat, ses habitants et leur mode de vie, dans un style qui ne manque pas de sel. Je retiendrai cette phrase : "Les habitants d'Aucun, au teint rembruni, comme ceux de toute la vallée, ont des airs d'hidalgos" ! L'Espagne est juste de l'autre côté de la montagne…

Jusqu'ici, j'ai surtout exploité les registres de délibérations du conseil municipal. Plus exactement les 81 feuillets qui couvrent la période comprise en janvier 1790 et juin 1805. Et je n'ai pas été déçue, collectant au passage des informations sur Alexis Fourcade, l'un de ses frères, l'une de ses sœurs, plusieurs de ses enfants…


Donc oui, je ne puis que vous inciter à partir à la découverte de nouvelles sources. Vous y trouverez largement de quoi enrichir votre généalogie.

N.D.L.R. : Je t'admire d'arriver à lire la "monographie communale". J'ai beau écarquiller les yeux, imposs pour moi !

N.D.L.R. 2 : Si, j'y suis arrivé, il faut bidouiller un curseur en forme de loupe.

N.D.L.R. 3 : Je te signale qu'en bas de la page 8 de ce document, il est question d'un "hameau Prats-Dors" de 30 âmes. Ne s'agirait-il pas de nos ancêtres ?
Nous avons ici un bel exemple de cette écriture cursive propre aux XVIe et XVIIe siècles, dont je suis si friand.

Ce texte est extrait de la rubrique « tiltres, pappiers et aultres enseignemens » d'un inventaire de 1583, dressé après le décès d'un marchand bourgeois de Paris (1) ; il mentionne et décrit un contrat d'échange de 1573 se trouvant dans les papiers du défunt. Avec ses nombreuses abréviations et ses mots « suggérés », cette écriture peut paraître à première vue hermétique ; il n’en est toutefois rien, le contexte et une bonne connaissance des abréviations et des formules notariales permettent en effet d'en venir à bout. En voici la transcription :

« Item unes aultres lectres dudict Chastellet signées Delafons
et Perier, dactées du premier jour de septembre mil
Vc LXXIII, contenant l’eschange faict entre Jehan Vernon,
Guillaume Vernon, Jehan Delacourt et Jehanne Vernon, sa femme,
d’une part, et ledict deffunct Estienne Gestard, d’aultre. Et
par icelluy apert lesdictz Vernon avoir baillé audict Gestard
une maison ainsy qu’elle se comporte, assise à Paris,
rue St Victor, où est pour enseigne la Corne de cerf,
à l’encontre de quatre vingtz trois livres six solz huict
deniers tournoiz de rente que ledict Gestard auroit baillé en
contre eschange audict Vernon, le tout selon et ainsy qu’il
est plus amplement contenu et declaré esdictes lectres, inventorié
pour seconde fois...........................................IIII. »

___
(1) Archives nationales, Minutier central, ET/XI/72, inventaire après décès d’Etienne Gestard, marchand bourgeois de Paris, 28 février 1583.

Lettrine apparaissant sur l'expédition sur vélin d'un acte notarié rouennais de 1728. Logo et collection personnelle de Jean-François VIEL.

N.D.L.R. : Contemporain de la Chaslerie.
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Le curé qui cherchait la clef

Après l'agitation de la décennie précédente, le bourg d'Aucun semble maintenant renouer avec une vie plus paisible. Le Concordat de 1801, signé par Joseph Bonaparte et ratifié par le Pape, a pacifié les relations entre l'Eglise et l'Etat, en apparence tout au moins.

En novembre 1803, l'une des premières tâches du nouveau maire, Joseph Nadalle(1), consiste à évaluer les dépenses nécessaires à l'exercice du culte : rachat du presbytère, réparations diverses dans l'église et dans la maison du curé, achat de mobilier, location d'un logement pour le vicaire de Labat. Le tout est estimé à 636 francs pour l'église Saint-Félix et à 120 francs pour l'église du quartier de Labat, éloignée du centre du bourg.

La prise de possession de l'église

Le dimanche 29 janvier 1804, c'est donc l'installation du nouveau curé, désigné, semble-t-il, par l'évêque de Bayonne. François Serez prend officiellement possession de sa paroisse et la cérémonie se déroule avec une certaine solennité.

Eglise d'Aucun, collection personnelle.

Après la lecture "à haute et intelligible voix de son institution canonique" et la prestation de serment de fidélité au gouvernement prévue par le Concordat, François Serez est conduit dans le chœur. Il s'incline devant l'autel et devant les Evangiles, ouvre le tabernacle et bénit les paroissiens assemblés avec le ciboire(2).

Il est ensuite conduit aux fonts baptismaux, de là au confessionnal où il s'assoit un instant, puis vers la cloche qu'il fait "tinter", enfin vers la chaire où il s'assied pour parler au peuple.

Outre le paraphe du nouveau curé, le procès-verbal est signé par Bernard Prat, le prêtre qui l'a assisté, le maire Joseph Nadalle, ainsi que plusieurs notables dont les noms sont régulièrement apparus dans les actes municipaux de la décennie écoulée. Parmi eux, je reconnais la signature de mon ancêtre Alexis Fourcade.

L'affaire des confessions

Mais des tensions ne tardent pas à apparaître dans le bourg d'Aucun. Dès la mi-mars 1804, soit un mois et demi à peine après son installation, le nouveau curé est convoqué devant le maire et son conseil.

De quoi s'agit-il ? Il sème le trouble et l'inquiétude parmi ses paroissiens en leur affirmant que les confessions des douze dernières années sont à refaire ! Et pourquoi donc ? Eh bien, parce qu'elles ont été entendues par des prêtres jureurs et que, ces derniers ayant été condamnés par le pape, le sacrement de pénitence dispensé par eux n'est pas valable…

François Serez campe sur ses positions. Devant son opiniâtreté, le maire décide d'adresser une pétition à qui de droit.

Un jeu de cache-cache

L'affaire dégénère bientôt. Le 8 avril suivant, jour de Quasimodo(3), pas de curé à la messe dominicale de 10 heures, et pas davantage de prêtre pour célébrer les vêpres ! Même constat, le dimanche suivant 15 avril.

Le 10 mai, jeudi de l'Ascension, c'est au tour du curé de se plaindre. Il se rend chez le sieur Casajoux, adjoint du maire : impossible de mettre la main sur la clef qui ouvre la porte de l'église ! L'adjoint ne l'a pas et le sacristain non plus. Mais ce dernier précise que le maire est passé la retirer la veille…

Bref, c'est la guerre entre le maire et le curé. Cela ne vous rappelle rien ?

Le registre des actes communaux reste muet sur la fin de cette querelle, mais je ne puis m'empêcher d'imaginer les allées et venues d'un homme en noir, martelant le chemin entre l'église et la mairie d'un pas vindicatif, sa soutane virevoltant de part et d'autre de sa personne…


(1) En vertu de la Constitution de l'an VIII (13 décembre 1899), les maires et autres fonctionnaires publics sont choisis par l'Etat ou son représentant, le préfet, sur une liste de confiance résultant du vote des citoyens.

(2) Vase muni d'un couvercle, dans lequel sont placées les hosties consacrées.

(3) Il s'agit du premier dimanche après Pâques.
Great Bed of Ware, one of the largest beds in the world :

N.D.L.R. : Il me semble qu'il est exposé au "Victoria & Albert Museum".

N.D.L.R. 2 : Mon souvenir était bon. De plus, contemporain de la Chaslerie !

Donc penser à ce mode d'accrochage des rideaux quand on remettra en service le grand lit à baldaquin de notre manoir favori.
Photos tirées d'un site de la Réunion des musées nationaux
rédigé le Mercredi 18 Octobre 2017
Florilège de faits ou d'œuvres contemporains de la Chaslerie - Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Références culturelles - Florilèges
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Ensemble de Vues de villas médicéennes, par Utens Giusto (?-1609)
1599
Localisation : Italie, Florence, villa Medicea de la Petraia

Le Belvédere et le palais Pitti
Vue du jardin Boboli :

La Villa du Castello

La Villa de Poggio a Caiano :

La Villa La Petraia :

La Villa de Collesalvetti :

N.D.L.R. : Jardins contemporains de la Chaslerie. Y penser quand on restaurera le Pournouët.

Voici le site en question.
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Jeudi 19 Octobre 2017
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Généalogie et sagas familiales
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Je viens d'échanger une série de S.M.S. avec l'archiviste que j'ai mandaté pour essayer d'éclairer certaines zones d'ombre de l'histoire de notre manoir favori.

Apparemment, il a trouvé des détails que j'ignorais sur l'évolution de la propriété au début du XIXème siècle.

Je mettrai en ligne ces informations dès que j'en disposerai. Peut-être cela permettra-t-il à des tiers d'intervenir pour corriger, le cas échéant, des conclusions qui leur paraitraient trop hâtives. C'est en tout cas ce que je me dis, persuadé qu'une fois de plus, notre site favori peut jouer un rôle précieux en la matière.
J'aime la Normandie (via Facebook)
rédigé le Jeudi 19 Octobre 2017
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Références culturelles
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N.D.L.R. : Je serais très intéressé de savoir où se trouve ce manoir que je ne connais pas. Le tympan de la porte d'entrée semble en effet du même modèle que celui de notre manoir favori, ainsi que de deux ou trois manoirs voisins. On dirait que tous sont dus au ciseau du même artisan, intervenant donc vers 1598.

P.S. du 14 mars 2018 : La réponse n'a pas tardé.