Archives, histoire, documentation

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mercredi 8 Décembre 2010
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Références culturelles
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Qu'on se le dise ! J'attends ce matin la visite d'une figure emblématique de l'intelligentsia du bocage. Cette personne a souhaité me montrer des "manuscrits importants pour l'histoire de la Chaslerie, annotés par CAILLEBOTTE".

Connaissant un peu ce personnage que j'avais toutefois perdu de vue, à tort sans doute, je me dis qu'au pire, nous en serons quittes pour une bonne petite séance d'apérobic...

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mercredi 8 Décembre 2010
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Références culturelles
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Mon visiteur est reparti. Il a énormément parlé, peu touché à mon "Balvenie" mais ne m'a pas appris grand chose de nouveau. Le document qu'il voulait me montrer date du XIXème siècle. Ce n'est pas exactement ce qui m'intéresse, ni qui me paraît entretenir une grande proximité avec la vérité historique (si tant est qu'il y en ait une).

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Jeudi 9 Décembre 2010
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Généalogie et sagas familiales
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Je viens à l'instant (c'est-à-dire à 1 h du matin) de remettre la main sur le brouillon de l'exposé que fit, il y a 54 ans, Henri LEVEQUE devant le groupe d'"archéologues du Pays d'Auge" que l'on sait.

C'est particulièrement gratiné ! Sacrés LEDIN, sacrés gredins, ils en prennent pour leur grade, ce n'étaient que des "faussaires" d'après notre chère "grande figure du Domfrontais". Bien entendu, ce dernier ne manque pas, au passage, de saluer le si savant (et si complaisant, semble-t-il) M. HUBERT...

Je mettrai prochainement la photo de ce brouillon en ligne. Il est délicat à scanner car en mauvais état mais, y compris à travers ses ratures, ses raccords, etc..., il illustre à quel point la chère "grande figure", confondant apparemment sa robe d'avocat parisien avec les sinistres fanfreluches d'un FOUQUIER-TINVILLE, s'est employée à bien mettre en évidence les prétendus éléments à charge.

Diable, si j'avais osé dire sur les LEVEQUE le quart des horreurs proférées par celui-ci à l'encontre des LEDIN, que n'aurions-nous entendu de la part des ô combien vigilants et, surtout, je le souligne, vertueux défenseurs de la "grande figure" ?

Heureusement que les LEDIN avaient dégagé la piste depuis longtemps car, avec de tels arguments, ainsi agencés, on pourrait s'interroger longtemps pour savoir s'ils n'auraient pas été bons pour aller vite tâter, à leur tour, de l'invention du bon docteur GUILLOTIN !

Je garde bien entendu l'original à la disposition de tous ceux qu'intéresse l'"histoire locale" du Domfrontais. Et mieux encore, à la disposition de tous ceux qui se passionnent pour l'histoire de la façon dont on peut trafiquer de vieux documents pour réécrire "l'Histoire". La distordre pour complaire, par exemple, aux mânes de nouveaux nababs, de nouveaux riches sans foi ni loi, d'aventuriers parvenus, comme ce fut le cas, semble-t-il, dans le Domfrontais, au détriment des LEDIN et à la suite de la dispersion du chartrier de la Chaslerie par les charognards qui prirent leur envol à l'époque. C'est assez édifiant, je pense...

Le document tient sur une feuille (si l'on peut dire), recto, verso.

D'abord, le recto :

8 juillet 1956, brouillon de l'exposé, par Henri LEVEQUE, de l'histoire des LEDIN ; haut du recto.

8 juillet 1956, brouillon de l'exposé, par Henri LEVEQUE, de l'histoire des LEDIN ; bas du recto.

Puis le verso :

8 juillet 1956, brouillon de l'exposé, par Henri LEVEQUE, de l'histoire des LEDIN ; haut du verso.

8 juillet 1956, brouillon de l'exposé, par Henri LEVEQUE, de l'histoire des LEDIN ; bas du verso.

Commentons cette pièce d'anthologie :

- aucune allusion n'est faite aux événements de la fin du XIVème siècle ;
- d'entrée de jeu, on se plaît à mettre en avant une prétendue "origine roturière" très locale des LEDIN ;
- dès le 1er paragraphe, on ne se fait pas faute de citer un document de 1610, émanant d'un jaloux, déjà ; cela tombe d'autant mieux qu'il y est question d'ivrognerie ou, du moins, de débit de boisson ;
- on enchaîne, sans avancer la moindre preuve, avec la mention infamante "prison pour dette", etc, etc...

Je vous laisse le soin d'étudier la suite, vous en savez déjà assez, si vous avez lu mes messages précédents, pour vous faire une opinion à partir des textes cités, des parties de ces textes qui sont biffées, des mots qui sont soulignés.

Il y a confusion entre René LEDIN et Pierre-François LEDIN, semble-t-il, et encore confusion entre 1558 et 1598, mais quelle importance pour qui se paye à bon compte le luxe, devant les amis de M. HUBERT, dans ce manoir acquis lors de la vente des "Biens Nationaux", de fustiger, en paroles sinon en acte, "l'avilissement (par l')argent" ?

Les LEDIN "ne recherchaient pas leurs ancêtres, mais se cherchaient des ancêtres", nous précise l'orateur. Intéressante formulation de la part d'un ayant-droit des GOUPIL !

Les LEDIN "auraient eu une devise assez cocasse pour des faussaires: 'de loyauté, j'ay le coeur garni' " ? Il est certain que GOUPIL avait des méthodes beaucoup plus nobles, c'est bien connu !

"Un" (?) ACHARD de BONVOULOIR les aurait calomniés. La belle affaire, cela n'avait pas empêché Alexandre ACHARD de BONVOULOIR de convoler en justes noces avec Anne-Madeleine LEDIN, fille de René LEDIN, celui qui reconstruisit le logis de la Chaslerie en 1598 !

Allez, j'arrête avec mes commentaires des propos du "chef d'orchestre", comme il se qualifie lui-même sans rigoler. Pour moi, tout cela a tourné à la cacophonie depuis bien trop longtemps...

Et s'il n'y avait eu que l'Histoire qu'il ait martyrisée de la sorte. Mais les pierres portent hélas la trace ineffaçable de la "grande figure du Domfrontais" que "son goût et son intelligence des choses du passé (sic !!!), son profond attachement à ce manoir et au pays du Domfrontais ne pouvaient que (...) conduire en cette action". Mais ceci est une autre histoire. On y reviendra.

Fermez (provisoirement) le ban !
Selon moi, une bonne compréhension de l'histoire d'un monument historique est le préalable nécessaire d'une restauration menée dans un bon esprit. C'est ce que j'essaye de faire comprendre à mes fils, et notamment à mon aîné qui voudrait percer de nouvelles ouvertures sur la cave, au risque, à mon sens, de la dénaturer durablement et, peut-être, irréversiblement. Thibaud me fait cependant valoir qu'il entend seulement mettre en application le permis de construire que j'avais moi-même obtenu, sur la base de plans que j'avais approuvés il y a une quinzaine d'années.

Corrélativement, le fait de se livrer, consciemment ou non, à une relecture biaisée de l'histoire, voire à sa dénaturation pure et simple, est une mauvaise façon, certainement, de se mettre en position d'entreprendre des travaux judicieux et qui respectent "l'esprit des lieux". C'est ce que je voudrais expliquer maintenant en prenant pour exemples les travaux effectués à la Chaslerie vers le milieu du siècle dernier. Ce sera là l'objet de mes plus prochains messages sous cet onglet. Car il y a un continuum entre les événements extérieurs qui s'imposent au bâtiment et la qualité des soins dont il a pu faire l'objet à travers les siècles. Et, si l'on déchire le tissu de l'Histoire, il y a de grandes chances qu'on martyrise aussi les vieilles pierres.

Bien sûr, d'autres facteurs doivent être pris en considération pour relativiser ce qui, aujourd'hui, peut apparaître le plus raté sous nos yeux. On a d'ailleurs compris que le niveau d'exigence peut se durcir avec le temps, comme dans mon cas depuis que j'ai acquis le manoir (même si j'ai toujours été négatif à propos de la frénésie de percement d'ouvertures qui semble s'être abattue sur la Chaslerie pour en crever les façades vers 1950). De même, les travaux que nous menons nous-mêmes aujourd'hui, s'ils n'appellent pas encore de critiques trop vives de la part des visiteurs, pourraient fort bien, vers 2070 ou même avant, sembler avoir constitué un gaspillage invraisemblable de moyens qui eussent pu être investis de façon plus judicieuse ailleurs. Par exemple, j'ai déjà entendu, il y a deux ou trois jours à peine, un agriculteur remembreur d'une commune voisine me dire que, dans le pays, certains s'étonnaient que l'"on" puisse consacrer autant d'argent à la restauration du manoir de la Chaslerie alors que la dynamique association constituée autour de l'église Saint Julien de Domfront peinerait à trouver des fonds pour en restaurer le clocher. Il y a donc pour le moins, reconnaissons-le, des points de vue divers.

Du point de vue où je me place et avant de porter, par exemple, un jugement que je souhaiterais éclairé sur la qualité des travaux de restauration menés à la Chaslerie au milieu du siècle dernier, j'admets fort bien que doivent être pris en compte un certain nombre de facteurs comme :
- la dureté des temps (on sortait alors d'un conflit mondial),
- des contraintes humaines (comme l'emprise qu'on nous a prétendue trop longue d'un mauvais "régisseur"),
- la variation des modes (il faudrait consacrer un jour un ouvrage entier à disséquer la mauvaise influence de certaines revues dites de décoration sur tant de ménagères un peu naïves),
- le progrès des techniques (qui utiliserait encore du fibro-ciment à base d'amiante pour restaurer des plafonds ?)
- l'urgence, car il s'agissait de rendre habitable des volumes qui avaient brûlé et de loger des personnes déjà âgées lorsqu'elles se sont enfin trouvées en position d'entreprendre des travaux ;
- etc...

Je suis prêt à entendre tous ces arguments.

Pour autant, cela ne me rend pas aveugle.
J'ai commenté, il y a deux jours, le brouillon de l'exposé que fit Henri LEVEQUE, le 8 juillet 1956, sur la Chaslerie et les LEDIN.

Son message d'abaissement des LEDIN et de promotion des LEVEQUE passa bien auprès de son auditoire d'"archéologues" auto-proclamés. Apparemment, ces braves gens n'étaient pas très exigeants sur la qualité des sources de leurs nouvelles convictions. C'est du moins ce qui ressort du compte rendu qui parut, dès août 1956, sous la signature d'Henri PELLERIN, dans la revue "Le Pays d'Auge" :

Voici le passage consacré à la Chaslerie et aux LEDIN :

Démonstration magistrale, "incompréhension des hommes" (maudit régisseur !), posture aventageuse de l'avocat à la cour d'appel de Paris, l'auditoire fut à l'évidence convaincu.

Reportons-nous aux faits et voyons maintenant en quoi a consisté la restauration du "château (qui a eu) la chance d'échoir à un propriétaire éclairé" et si savant.

J'en vois qui rigolent dans les rangs : un peu de sérieux, jeunes gens, s'il vous plaît !
Guy HEDOUIN
rédigé le Samedi 11 Décembre 2010
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation
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Bonsoir,

Je vois que vous êtes derrière votre tour de contrôle, j'en profite pour vous joindre ce lien, ne sachant pas trop où le mettre. Cela concerne un vaste chantier que vous devez connaître ; il s'agit de Guédelon. Je ne sais pas quel est votre point de vue sur la chose. Moi, cela me plaît bien, c'est un style de château et une époque que j'aime bien. http://www.benevoleguedelon.com/article-novembre-2010-fin-de-la-13eme-saison-61518628.html

Et un autre site pour la fraîcheur des images : http://meteo-chamonix.org/drupal/samedi-4-decembre-2010-les-chalets-du-criou-samoens-74

Bonne soirée et travaillez assez tard afin de nous fournir un peu de littérature !

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 11 Décembre 2010
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation
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@ Guy HEDOUIN :

Merci pour ce très intéressant reportage-photos sur Guédelon. Je trouve que le logis seigneurial a énormément d'allure, j'aime beaucoup ses proportions. Mais... avez-vous remarqué les coulures de chaux sur les pierres, c'est pas top quand même...

La neige, on dirait que le Saxon y a pris goût lors du récent épisode...

Dans sa réponse à Henri PELLERIN mise en ligne ici le 8 décembre dernier (3ème message de ce jour-là), Henri LEVEQUE écrivait qu'en 1956, il était propriétaire de la Chaslerie depuis 4 ans et n'avait achevé que la première tranche de travaux sur "les six qui sont nécessaires pour redonner à cette vieille demeure le lustre qu'elle a eu et mérite de retrouver."

On a également vu ici, le 9 décembre dernier, qu'Henri LEVEQUE écrivait volontiers les brouillons de ses textes sur des bouts de papier récupérés à droite ou à gauche. C'est ainsi qu'il prépara un exposé devant un fonctionnaire chargé du patrimoine à une date postérieure au 19 juillet 1954. Examinons ce document qui nous donne des indications sur les 6 tranches de travaux en question :

Brouillon d'Henti LEVEQUE, recto de la 1ère page.

Brouillon d'Henti LEVEQUE, verso de la 1ère page.

Brouillon d'Henti LEVEQUE, recto de la 2ème page.

Je n'arrive pas à déchiffrer tous les mots de la fin de ce texte mais cela donne à peu près ceci :
"Un très gros effort a été fait par le propriétaire actuel en particulier
1) pour réparer erreurs
2) pour assainir sol et éviter deter.(=détériorations) qui s'aggravaient par les eaux
3) récupération de matériaux d'époque utilisés à un remploi judicieux"

J'interromps ma retranscription ici, pour commenter ce début de texte. On lit qu'Henri LEVEQUE parle de lui à la troisième personne du singulier, ce qui paraît curieux. Etait-ce une habitude chez lui ? Ou bien le discours qu'il préparait devait-il être tenu par un tiers, censé défendre la cause de ce conseiller général devant l'administration ? De plus, avec ce que l'on sait de la récupération de pierres tombales pour percer d'horribles fenêtres sur le bâtiment Nord, est-ce de cela qu'il s'agissait lorsqu'il parlait de "matériaux d'époque utilisés à un remploi judicieux", ou bien de la grande cheminée de la salle à manger du logis que j'ai évoquée ici dans mon message du 4 avril 2010 ?

Je reprends ma retranscription :
"Il est incontestable qu'il reste des travaux à faire pour (donn = donner, un mot rayé) compléter un ensemble d'une réelle valeur historique. Le propriétaire (qui est, 2 mots rayés) serait très attaché (ainsi que, 2 mots rayés) à continuer."

Les mentions rayées sont amusantes, l'une pour corriger un excès de contentement de soi, l'autre, apparemment, pour revendiquer la paternité exclusive des travaux à venir...

Je poursuis :
"- fenêtres côté Renaissance
- (3 mots rayés : pas de ?)
- toit baissé (par rapport au, 3 mots rayés) après (depuis, 1 mot rayé) l'incendie de 1884
- Douves parterre terrasse
- Démolition bat. (= bâtiment) rural
. avenue ds (=dans) l'axe du porche
déviation chem. (=chemin) exploit. (=d'exploitation)
. 1ère cour
. mur séparatif de la terrasse (du parterre, 2 mots rayés)
. fermeture du bout (? mots illisibles)
- mur soutien terrasse
- chapelle
(? un mot illisible) plus
avant-cour"

On comprend, à travers ces dernières lignes, que les jours du pressoir (la charretterie actuelle, au Sud de l'avant-cour) étaient comptés en vue de placer l'avenue dans l'axe du porche. C'est donc Henri LEVEQUE qui avait décidé l'abandon de ce bâtiment (d'où son état lamentable en 1991, lorsque j'ai acheté la Chaslerie) pour pouvoir rectifier l'avenue qui s'incurvait alors (voir le dernier plan cadastral avant le dernier remembrement) pour venir frôler la chapelle. On peut comprendre que c'est donc lui qui a également fait combler la pièce d'eau de l'avant-cour.

Pour le reste, il ne devait pas être satisfait de la couverture du logis postérieure à l'incendie de 1884 et désirait, semble-t-il, restaurer tous les murs qui tombaient déjà en ruine (maudit régisseur !) entre les cours, la terrasse et ce qu'il appelait "le parterre" (et que j'appelle le Pournouët), y compris le "mur soutien terrasse" (que je préfère dénommer le mur d'escarpe).

Mais quel dommage qu'il ne s'en soit pas tenu à ce programme qui, mis à part le mauvais sort fait au pressoir, apparaissait raisonnable ! Car nous allons montrer à quoi l'on aboutissait quand ce "chef d'orchestre" (comme il se définissait donc) prenait la baguette...
Bonsoir cher M. Jacques BROCHARD !

Je viens de retrouver le document qui provoqua votre émoi, et votre article mémorable du "Publicateur libre" (copié ici le 23 novembre dernier), à savoir l'extrait suivant du manuscrit que, dans les "Repères bibliographiques" de ce site, je désigne comme le "Manuscrit en dépôt de la mairie de La Haute Chapelle", rédigé de la main de Louis GRAVELLE, ancien instituteur à La Haute Chapelle.

Voici un extrait de ce manuscrit, et plus précisément de la retranscription qu'en fit faire Henri LEVEQUE au milieu du siècle dernier. Bien sûr, je suis désolé si ce document heurte une nouvelle fois votre bonne conscience. Remarquez bien les annotations au stylo rouge, portées en marge de cette pelure ; elles l'ont été par Henri LEVEQUE lui-même :

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Vous ne me croyez pas quand j'écris qu'Henri LEVEQUE eut en mains ce document et l'annota en rouge ?

En voici la preuve formelle, ce qui reste de la page 8 d'un autre passage de l'exemplaire d'Henri LEVEQUE une fois qu'il l'eut découpée pour en extraire la partie qui lui convenait, afin de tenter d'abaisser les LEDIN. Comparez donc l'extrait suivant de cette page 8 au brouillon du brillant discours que fit votre parent en 1956 devant les "archéologues" du Pays d'Auge : c'est la même frappe, les découpes du document se correspondent, de même que les annotations au stylo rouge :

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Il est heureux, cher M. Jacques BROCHARD, que nous dialoguions ainsi. Car vous allez certainement avoir à coeur de m'expliquer pourquoi votre cher parent, cette "grande figure du Domfrontais" comme vous l'appelez si finement, passa totalement sous silence, devant son auditoire de soi-disant "archéologues", les extraits suivants du même document :

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

La page suivante (page 5) manque à l'exemplaire d'Henri LEVEQUE, tel qu'il m'est parvenu. Voici toutefois la photocopie du texte correspondant, que j'ai faite en 1991 sur l'original du manuscrit, alors conservé à la mairie de La Haute Chapelle :

Photocopie du passage du manuscrit de Louis GRAVELLE correspondant à la page 5 de l'exemplaire d'Henri LEVEQUE.

Photocopie du passage du manuscrit de Louis GRAVELLE correspondant à la page 5 de l'exemplaire d'Henri LEVEQUE.

Photocopie du passage du manuscrit de Louis GRAVELLE correspondant à la page 5 de l'exemplaire d'Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

C'est ici que se situe le passage qu'Henri LEVEQUE a inséré dans son discours. Je vous renvoie donc à son brouillon pour que vous puissiez consulter ce passage, amplement "caviardé" par votre chère "grande figure".

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Extrait de l'exemplaire de l'ouvrage de Louis GRAVELLE qu'eut en mains Henri LEVEQUE.

Pour conclure, cher M. Jacques BROCHARD, maintenant que je vous ai démontré, preuves en mains, comment Henri LEVEQUE "travaillait" les documents pour réécrire l'Histoire à sa façon, je voudrais bien savoir si vous oserez toujours parler, à son sujet, d'"intelligence des choses du passé".

Comme il commence à se faire tard ce soir, je vous laisse méditer ces faits précis, divulgués d'une façon qui, je l'espère, ne vous semblera plus cette fois-ci trop hâtive ni trop péremptoire.

Je lirai avec l'intérêt que vous imaginez votre réponse argumentée et vous adresse, en attendant, mon salut normand le plus goguenard.
Il s'appelait Henri, François, Maurice LEVEQUE, se qualifiait à la fin de sa vie de "propriétaire, ancien cultivateur". Il avait épousé en secondes noces Jeanne, Marie MONNIER ; de cette dernière, j'ai déjà parlé, sous le nom de Jeannette, lors de ma chronique du remembrement de La Haute Chapelle. Lui, c'est ce fameux "régisseur" qui, d'après Charles, Henri LEVEQUE, avocat à la Cour d'appel de Paris ("notre" Henri LEVEQUE ou, si vous préférez, "la grande figure du Domfrontais") fit tant de mal à la Chaslerie.

Ce régisseur avait passé son enfance à la Chaslerie ; c'est lui le bambin à côté de sa soeur, au milieu de cette carte postale qui rappelle d'ailleurs que le manoir et son pressoir (visible à l'arrière-plan) n'avaient pas eu besoin de son aide pour être terriblement déglingués...

Le "régisseur" enfant dans une Chaslerie déjà bien mal en point...

Son père l'avait précédé dans cet emploi de "régisseur". On les voit ici, l'un et l'autre, en train de toper, comme deux bons maquignons qu'ils devaient être aussi...

Le "Régisseur" et son père, vers 1925.

Cet Henri LEVEQUE n°2 était connu dans le pays. Il exploitait en effet une entreprise de battage qui, l'époque des moissons venue, employait nombre de jeunes godelureaux du Domfrontais : [img:700]L_autre_Henri LEVEQUE_01.jpg,L'"autre" Henri LEVEQUE assis sur sa batteuse avant guerre.[/img]Tout le monde savait l'antagonisme entre les deux Henri LEVEQUE, le "régisseur" et l'héritier des GOUPIL.

Mais l'on m'a raconté que le mari de Jeannette était apprécié car il savait rendre service ; ainsi, pendant les bombardements de l'été 1944, il donna asile, dans l'écurie du manoir de la Chaslerie, à de malheureux réfugiés qui ne savaient plus où s'abriter (voir la fin de l'article) :

Une anecdote du temps des bombardements.

Entre autres qualités éminentes, Yves de SAINT-MELOIR est l'époux de Marie-Annick, la présidente de l'« association pour la restauration et l'animation du manoir de la Chaslerie ».

Il m'a laissé photographier quelques pages, relatives à La Haute Chapelle, d'un ouvrage de sa bibliothèque, le "Dictionnaire topographique, historique et bibliographique de la province et du diocèse du Maine", par M. LE PAGE, "dédié à Monsieur, Frère du Roi", paru en 1777 et réédité en 1895 :

Ces pages (sans jeu de mots) nous apprennent beaucoup sur les ressources naturelles de la commune, ainsi que sur son administration religieuse sous l'Ancien Régime. Les voici :

Guy HEDOUIN
rédigé le Lundi 13 Décembre 2010
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Astronomie
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Bonsoir M. Fourcade,

L'histoire de ce lieu est un roman-feuilleton ; vous menez une enquête de fin limier.

Lorsque vous aurez fini vos recherches, vous pourrez vous lancer dans la rédaction d'un livre sur l'histoire de la Chaslerie.

Comme vous vous intéressez également à l'astronomie, voici deux logiciels gratuits fort intéressants.

Le premier, Celestia, vous permet de voyager dans l'univers, et le second nous offre une vue du ciel paramétrable, via la longitude et la latitude.

Bonne visite astronomique.

http://www.shatters.net/celestia/download.html

http://www.stellarium.org/fr/

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Lundi 13 Décembre 2010
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Astronomie
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@ Guy HEDOUIN :

L'histoire de tous les monuments historiques n'est-elle pas un roman-feuilleton ? Quant à moi, j'essaye seulement de ne pas rédiger un roman de gare mais d'établir une sorte d'état des lieux qui ne soit pas trop barbant à lire, ce qui peut m'amener à romancer parfois. Mais l'on peut toujours intervenir pour me corriger, si nécessaire (nouveau rappel).

Par ailleurs, je n'arrive pas à faire fonctionner vos liens sur l'astronomie.

Voici dans quel état Henri LEVEQUE, avocat parisien et conseiller général de l'Orne, dut trouver la Chaslerie lorsqu'à peu près à l'époque où je naissais, il hérita de sa tante Marie :

La Chaslerie à la fin de la première moitié du siècle dernier.

A l'évidence, cette propriété était alors "dans son jus" et il y avait un gros travail de remise en ordre à entreprendre.

Certainement, si l'électrification des campagnes avait déjà atteint la Chaslerie, de bonnes évacuations des eaux usées étaient à prévoir. On peut imaginer que le confort intérieur était des plus spartiates. Le colombier était encore, à la couverture récemment refaite près, dans son état du XVIIIème siècle, avec un logement sur les deux premiers niveaux et les trous de boulins dans les murs au-dessus de ce logement. L'écurie était encore utilisée comme telle. La tour Louis XIII venait de s'écrouler à la suite de trop longues négligences des propriétaires. Les portes de la cour étaient, l'une disparue, l'autre mal en point. L'enduit des murs du logis finissait de se décomposer par manque total de soins. Il y avait encore une mare dans l'avant-cour du manoir où plongeaient les canards, et un bâtiment en colombages, à côté de cette mare, où ferrer les chevaux. L'avenue arrivant du Tertre Linot s'incurvait devant la chapelle pour contourner la mare, ainsi que le pressoir.

Bref, un siècle et demi à peine après la vente de la Chaslerie comme Bien National, les nouveaux propriétaires n'avaient, à l'évidence, pas su se montrer à la hauteur de leur facile acquisition.

Le logis ayant brûlé une soixantaine d'années plus tôt, on peut comprendre qu'Henri LEVEQUE et son épouse jetèrent leur dévolu sur le colombier et l'écurie afin d'y implanter leur nouvelle résidence secondaire. Mais c'est la façon dont ce "chef d'orchestre" (comme il décrivait son rôle) conçut ce chantier et le mena à bien (si l'on peut dire...) qui pose encore problème. C'est ce que nous allons maintenant étudier, bien entendu pièces en mains.
Le 30 avril 1974, Henri LEVEQUE (le "régisseur") et François LEVEQUE (fils de la "grande figure" que vous savez) échangèrent quelques lopins de terre par-devant Me GIRARD, notaire à Juvigny-sous-Andaine. L'acte, dont voici les 6 premières des 9 pages, nous donne le détail de l'identité des deux échangistes et, surtout, nous apprend d'où l'un et l'autre tenaient les biens échangés :

Echange du 30 avril 1974, page 1 du contrat.

Echange du 30 avril 1974, page 2 du contrat.

Echange du 30 avril 1974, page 3 du contrat.

Echange du 30 avril 1974, page 4 du contrat.

Echange du 30 avril 1974, page 5 du contrat.

Echange du 30 avril 1974, page 6 du contrat.

Bien sûr, vous éprouvez quelque difficulté à comprendre quelles parcelles étaient ainsi échangées.

Or, j'ai retrouvé le "document d'arpentage" relatif aux parcelles que François LEVEQUE apportait à l'échange. Ce sont des parcelles situées entre la cave (dont dépendait à l'époque un fournil que j'ai trouvé en ruine complète en 1991) et la ferme.

Document d'arpentage annexé au contrat du 30 avril 1974.

Au bas de ce document, je remarque pour la première fois la signature du "régisseur" et, surtout, celle de mon vendeur. Pas besoin d'être un grand psychologue pour comprendre qu'ils n'avaient pas du tout le même tempérament ni la même formation, l'un à l'évidence sûr de lui, fort en gueule, dynamique mais d'un niveau d'instruction relativement simple, l'autre profondément marqué, et peut-être dominé, voire corseté, entre autres, par une formation classique et de type scientifique. Je me permettrai d'y revenir, bien que je ne tienne pas la graphologie, loin s'en faut, pour une science exacte, ni ne m'en considère comme un expert, bien entendu. Mais je sais qu'elle aboutit parfois à des conclusions troublantes...
Le 18 décembre 1964, Jean LEVEQUE écrivit à sa belle-soeur, Françoise LEVEQUE (veuve, depuis un peu plus d'un an, d'Henri LEVEQUE, la "grande figure etc..."), le courrier suivant, relatif aux possessions qui avaient été celles de leur tante Marie sur les territoires de La Haute Chapelle et de Lonlay-l'Abbaye (à l'exclusion de ses autres possessions, notamment des fermes, sur d'autres communes) :

Etaient joints à ce courrier des "extraits de la matrice cadastrale" que j'ai eu du mal à scanner, tant les feuilles étaient grandes par rapport à mon appareil :

Et c'est à propos de cette Marie LEVEQUE que son neveu Henri nous laissait entendre que, si la Chaslerie était si délabrée lorsqu'il en prit possession, c'était de la seule faute du "régisseur". Comme si cette héritière, semble-t-il, des GOUPIL n'avait pas eu de quoi entretenir le manoir !

"Humbug!" said Scrooge; and walked across the room.
Il fallait apparemment qu'Henri LEVEQUE soulignât, sur ses plans et sur sa correspondance, qu'il était conseiller général de l'Orne pour que ses projets abracadabrantesques de percement des façades de la Chaslerie eussent une chance de recevoir l'agrément de l'administration des affaires culturelles (ou de ce qui en tenait lieu, à l'époque). Mais qui oserait certifier que les passe-droits n'existent plus de nos jours ?

En tout cas, le "chef d'orchestre" savait mettre le paquet quand un projet lui tenait à cœur comme celui-ci. Voici le courrier qu'il adressa au président du conseil général de l'époque pour le convier à des agapes en vue de fêter le succès de son lobbying :

Lettre du 4 novembre 1952 d'Henri LEVEQUE au président du conseil général de l'époque.

Certes, sur le papier, son projet paraissait raisonnable. Cela prouve seulement que rien ne vaut un bon plan pour comprendre un "projet architectural".

14 octobre 1952, descriptif des travaux envisagés par Henri LEVEQUE sur le colombier et l'écurie de la Chaslerie, page 1.

14 octobre 1952, descriptif des travaux envisagés par Henri LEVEQUE sur le colombier et l'écurie de la Chaslerie, page 2.

14 octobre 1952, descriptif des travaux envisagés par Henri LEVEQUE sur le colombier et l'écurie de la Chaslerie, page 2.

Sur les plans, hélas, le projet se révélait plus problématique.

Les façades se retrouvaient percées de multiples ouvertures nouvelles, souvent mal dessinées ou mal positionnées :

- 2 au niveau du 1er étage de la façade Est du colombier, particulièrement ratées selon moi car trop proches des sablières et déséquilibrant cette façade :

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (le colombier percé de deux nouvelles fenêtres au 1er étage sur sa façade Est).

- 5 (excusez du peu !) sur la façade Est de l'écurie (au niveau du rez-de-chaussée) :

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (l'écurie percé de deux nouvelles portes et de trois nouvelles fenêtres sur sa façade Est).

- et encore 5 autres sur la façade Ouest :

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (le colombier percé de quatre nouvelles fenêtres et l'écurie d'une nouvelle sur leur façade Ouest).

Donc, au total, c'était rien de moins que 12 nouvelles ouvertures dont Henri LEVEQUE entendait affliger quelques mètres de façade de ces malheureux bâtiments !

Le projet était particulièrement bancal, ainsi que le démontrent, à elles seules, les implantations prévues pour les escaliers : un véritable plat de spaghettis, ça sort de partout, ça va n'importe où :

- dans la "salle à manger", un bizarre effet de seuil avec deux marches arrondies pour descendre et un escalier droit pour monter

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (le rez-de-chaussée).

- au niveau du 1er étage, un véritable dédale, absolument sans queue ni tête :

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (le 1er étage).

- au 2ème étage, un nouvel escalier coincé sous le brisis, donc peu praticable :

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (le 2ème étage).

Bref, ces plans étaient nullissimes, de quelque point de vue que l'on se place, celui du style comme celui du confort.

La réalité des travaux n'a pas tout à fait correspondu au projet... elle l'a encore dégradé. Ainsi :
- dans la salle à manger, les dalles de pierre prévues au sol ont été remplacées par des tomettes riquiquis, de surcroît jointoyées au ciment ; un mur prévu en pierres a été remplacé par une cloison de parpaings ;
- les fameux escaliers du genre spaghetti ont été fabriqués sur un modèle bas de gamme ;
- les salles d'eaux ont toutes été ratées, etc...

Mon problème est que tout cela semble tellement foireux qu'au bout de 20 ans de chantier à la Chaslerie, je ne sais toujours pas par quoi remplacer ces trucs, notamment pour ce qui concerne les escaliers. Pour les ouvertures, j'en ai pris mon parti ; ce serait d'ailleurs très difficile d'en reboucher car les cicatrices se verraient comme le nez au milieu de la figure.

Rappelez-moi ce qu'écrivait M. Jacques BROCHARD à propos de son illustre (?) parent ! Ah, oui, il vantait "son goût et son intelligence des choses du passé" !

Qui donc, dans les parages, savait que nous avions un voisin doté d'un tel sens de l'"understatement" ?

P.S. (du 26 juin 2020) : Lorsque j'ai rédigé ce message, il y a déjà 10 ans, j'avais omis de relever que tous les enduits intérieurs, qui devaient être réalisés en plâtre, l'avait été en ciment. Un ciment très dur, d'ailleurs.

Depuis lors, je me suis évertué à faire disparaître un maximum des traces du passage sur terre du père de mon vendeur. Par exception, j'ai conservé dans le colombier les quatre ouvertures percées au niveau du 2ème étage ; ce n'est pas la difficulté de dissimuler la cicatrice qui m'a finalement retenu, mais la prise en compte de la lumière qu'apportent ces percements audit étage (ma future "chambre des tourtereaux"). Il n'empêche que jamais je ne me serais permis des percements de cette taille et si carrés au ras des sablières. Et jamais, si j'avais été fonctionnaire de la D.R.A.C. (ou de ce qui en tenait lieu à l'époque), je n'aurais autorisé de telles incongruités.
Je serai beaucoup plus modéré à l'égard de François LEVEQUE, mon vendeur, que je ne l'ai été ici à propos de son père.

Il y a plusieurs raisons à cela.

D'abord, j'ai bien sûr pitié d'un homme qui était gravement malade depuis une douzaine d'années lorsqu'il m'a vendu la Chaslerie. Il n'était plus en état de s'exprimer directement en juin 1991 ; il est d'ailleurs décédé six mois environ plus tard. Une des pièces, significative à mes yeux de profane, du dossier est donc le pouvoir en 5 pages, dont voici la première, qu'il avait donné à son épouse dès 1988 devant un notaire espagnol de Grenade :

Page 1 du pouvoir de 1988.

Deuxièmement, les échos que j'ai entendus à propos de François LEVEQUE (à part ceux de quelques agriculteurs du coin mais je sais que plusieurs de ceux-ci n'ont pas la même échelle de valeurs que moi) ont toujours été favorables. M. Jacques de MALGLAIVE, en particulier, m'en a dit beaucoup de bien. Il n'a pas été le seul.

Troisièmement, si, comme on le verra, j'ai beaucoup à redire à propos des travaux commandés par François LEVEQUE, je comprends fort bien qu'il ait cru bien faire en suivant la route qu'en matière de "restauration" (?) de vieilles pierres, son père lui avait si malencontreusement ouverte. Il me paraît vraisemblable que la personnalité sans doute écrasante de son père n'a pas dû faciliter son propre épanouissement (ce problème est réputé connu).

P.S. : Quatrièmement, et ceci ne compte pas pour rien, il n'y a pas de comique troupier pour essayer, au sujet de François LEVEQUE, de faire prendre des vessies pour des lanternes...
Deux ans après le décès de sa mère, François LEVÊQUE écrivit au conservateur régional des monuments historiques pour présenter son programme de "remise en état" de la Chaslerie :

Lettre du 3 septembre 1972 de François LEVÊQUE, page 1.

Lettre du 3 septembre 1972 de François LEVÊQUE, page 2.

Comme cela avait déjà été le cas avec sa signature, je suis frappé par son écriture, si introvertie, si appliquée, que je trouve aux antipodes de celle de son père, qui me paraissait à la fois tonique et désordonnée (ne témoignait-elle pas, sous toutes réserves quant à mes aptitudes de graphologue, d'un tempérament, disons, de bon vivant, exubérant et peut-être même hâbleur ?).

Je n'ai retrouvé que deux factures qui corroborent plus ou moins ce courrier :

Facture du peintre en 1973.

Facture du charpentier-couvreur vers 1973, page 1.

Facture du charpentier-couvreur vers 1973, page 2.

A la lecture de ces documents, je comprends que c'est François LEVÊQUE qui fit restaurer le pavillon Louis XIII où se trouve mon bureau. Les tomettes en ont été choisies avec goût ; il y a là une boiserie sympathique, à défaut d'être parfaite, loin s'en faut. Mais c'est au niveau de la charpente que le choix du lamellé-collé, sans doute par souci d'économie, paraît le plus contestable. Et le granite qui fut sculpté pour servir de linteau à la lucarne Est n'est pas une réussite, même s'il est probable que les précédents propriétaires en étaient fiers (puisqu'il orne un article sur la Chaslerie dans un ouvrage paru, à leur époque, à la "Sélection du Reader's Digest", sous la référence donnée en "repères bibliographiques").

François LEVÊQUE partagea sans doute la décision du choix des coloris des menuiseries de l'ensemble des bâtiments et des carrelages du bâtiment Nord. Le blanc des fenêtres était une erreur (si j'en crois les propos d'un expert en la matière, Jean-Jacques ROUCHERAY, du château de Pont-Rilly, près de Valognes), d'ailleurs très répandue mais heureusement réversible. Le bleu méditerranéen (andalou ?) de l'entrée, de la cuisine et du cabinet de toilettes du bâtiment Nord ainsi que de la chambre du logis témoignait d'un goût qui n'est pas du tout le mien. J'ai donc fait sauter tout cela dès que j'ai pu, y compris au marteau-piqueur :

Septembre 1993, Sont-ce ces bleus qui me donnaient l'air morose, et même accablé, dans la cuisine du bâtiment Nord ?

Il est vraisemblable que l'intervention la moins heureuse, et de loin, de François LEVEQUE ait consisté dans l'aménagement du bâtiment Nord. Est-ce lui qui fut à l'origine du percement de toutes les horribles fenêtres carrées que j'y ai connues ? Certes, elles donnaient de la lumière à l'intérieur du bâtiment, mais quel désastre pour les façades, notamment celle sur cour. Comme l'on sait, j'ai cherché à corriger ce que j'ai trouvé, et cela n'a pas été facile. Mais le plus problématique était à l'intérieur de ce bâtiment : selon moi, c'était particulièrement mal conçu et mal réalisé ; j'ai donc estimé devoir tout reprendre, presqu'à zéro. (Je dis presque car, parfois, je me demande si je n'aurais pas dû supprimer l'ancien plancher en béton du cabinet de toilettes du premier étage, ou bien déplacer vers le logis la porte d'entrée de ce bâtiment Nord ; mais ceci est une autre histoire, dont je reparlerai peut-être plus tard) :

14 mai 2008, grand nettoyage de printemps en cours dans le bâtiment Nord !

De François LEVEQUE, je pense ne disposer d'aucune photo. Est-ce lui, toutefois, qu'on aperçoit dans la cour, vers le milieu des années 1970, alors qu'il était peut-être encore en bonne santé et fier de sa Chaslerie ?

vue de la cour de la Chaslerie, sans doute au milieu des années 1970.