Archives, histoire, documentation

Je n'ai pas encore épuisé le sujet de l'écu des LEDIN que je passe déjà à la question suivante, qui lui est sous-jacente, celle de l'ancienneté de la noblesse de cette famille.

On sait que cette ancienneté a été contestée par des érudits qui, notamment depuis CAILLEBOTTE vers les années 1825 et suivantes, sont censés avoir étudié la question. Nulle part encore, je n'ai trouvé d'analyse critique sérieuse des productions intellectuelles de ces personnes et cela devrait, me semblerait-il en toute justice, atténuer la portée de leurs affirmations les plus péremptoires.

De mon côté, j'ai essayé de retrouver les documents authentiques sur lesquels ces soi-disant érudits ont prétendu s'appuyer. A ce stade, mes recherches ne font que commencer. Je ne suis pas encore allé ailleurs qu'aux archives départementales de l'Orne et j'ai déjà dit que je n'arrivais guère, en général, à déchiffrer seul les manuscrits antérieurs au XVIIème siècle. En outre, je suis rendu modeste dans mes recherches sur les LEDIN, comme dans celles de leurs successeurs qui furent aussi propriétaires de la Chaslerie, par le fait qu'avant le lancement de ce site internet, je n'avais jamais vu la photo d'un de mes deux grands-pères, ni celles de plusieurs de ses enfants, oncle ou tantes pour moi. Donc je mesure toute la difficulté qu'ont pu éprouver les LEDIN pour conserver des preuves indiscutables, qu'ils devaient régulièrement produire dans le cadre de l'"ancien régime", et qui portaient pour eux sur quatre siècles ou davantage encore.

C'est dire combien je serais reconnaissant à tous ceux qui voudraient s'exprimer sur ce sujet de ne pas hésiter à le faire, en s'appuyant le cas échéant sur l'un ou l'autre des très nombreux documents qui, depuis la saisie révolutionnaire du chartrier de la Chaslerie sans doute, semblent s'être évaporés dans la nature.

Mais, trêve de préalables méthodologiques, entrons dans notre sujet. Compte tenu des pièces que j'ai déjà pu consulter, je vous propose de commencer cette enquête par la lecture des preuves fournies en 1718, un document assez détaillé et qui a le gros avantage d'être aisément déchiffrable près de trois siècles plus tard. Pour faciliter votre compréhension de ce manuscrit, je vous propose de vous appuyer sur le document suivant, tiré du recueil de M. DELAUNAY et où j'ai encadré les noms des membres de la famille LEDIN dont il est question dans ces preuves :

La généalogie résumée des LEDIN.

Voici donc ce document remarquable, marqué en haut à gauche de sa première page du timbre du "Cabinet d'HOZIER", les généalogistes du Roi. Je vous prie de remarquer qu'ainsi officialisé, ce document ne comporte aucune mention manuscrite utile pour nous, critique ou autre, que celles portées par son rédacteur initial. Ce point est important. On y reviendra.

Preuves de noblesse de Pierre-François de LEDIN.

Preuves de noblesse de Pierre-François de LEDIN.

Preuves de noblesse de Pierre-François de LEDIN.

Preuves de noblesse de Pierre-François de LEDIN.

Preuves de noblesse de Pierre-François de LEDIN.

Preuves de noblesse de Pierre-François de LEDIN.

Preuves de noblesse de Pierre-François de LEDIN.

Preuves de noblesse de Pierre-François de LEDIN.

Preuves de noblesse de Pierre-François de LEDIN.

Preuves de noblesse de Pierre-François de LEDIN.

Preuves de noblesse de Pierre-François de LEDIN.

Preuves de noblesse de Pierre-François de LEDIN.

A propos de l'écu des LEDIN, je vais vous conter une histoire authentique qui démontre qu'il peut même exister une vraie coopération entre les propriétaires successifs de la Chaslerie pour en favoriser la restauration et l'embellissement.

L'histoire commence en 1954. Jean DURAND de SAINT-FRONT écrivit au propriétaire à l'époque du manoir, Henri LEVEQUE, afin de lui signaler qu'une personne un peu timide avait des choses intéressantes à lui apprendre. Voici ce courrier :

Lettre du 16 novembre 1954 de Jean DURAND de SAINT-FRONT à Henri LEVEQUE.

Lettre du 16 novembre 1954 de Jean DURAND de SAINT-FRONT à Henri LEVEQUE.

"Beaucoup de patience et de diplomatie", c'est donc ce qu'il fallait, d'après Jean DURAND de SAINT-FRONT pour récupérer une de ces taques (c'est le nom exact de ces plaques de fonte).

Effectivement, Georges LEPAGE envoya quelques jours plus tard à Henri LEVEQUE la lettre suivante, à laquelle était joint le dessin remarquable d'une des taques en cause :

Lettre du 19 novembre 1954 de Georges LEPAGE à Henri LEVEQUE.

Lettre du 19 novembre 1954 de Georges LEPAGE à Henri LEVEQUE.

Lettre du 19 novembre 1954 de Georges LEPAGE à Henri LEVEQUE.

Dessin joint à la lettre du 19 novembre 1954 de Georges LEPAGE à Henri LEVEQUE.

J'ai trouvé les documents qui précèdent dans un dossier laissé en évidence par mon vendeur ou son épouse lorsque j'ai pris possession de la Chaslerie, un jour de juin 1991.

Bien évidemment, je n'ai pas tardé à me mettre en quête de l'une de ces taques, d'autant que, très rapidement, j'avais fait - je ne sais plus comment - la connaissance de Mme Yvette RIVARD, de Rânes. Le fait est qu'alors que j'avais été à l'initiative de la fondation en décembre 1991 de l'association des "Amis du manoir de la Chaslerie", le conseil d'administration de cette association nomma, dès mars 1992, Mme RIVARD "membre d'honneur de l'association (...) pour avoir aidé à repérer deux anciennes taques de la Chaslerie".

Je me souviens avoir vu celle du prêtre, représentée sur le dessin de Georges LEPAGE, dans le bourg de Rânes, chez un ancien pharmacien amateur de vieux vitraux ; celle-ci ne m'intéressait guère, en raison de l'inscription sans rapport avec la Chaslerie qui surchargeait la "fasce" de l'écu.

Quant à l'autre taque, elle se trouvait sous une grange, chez un agriculteur des environs de Rânes. Malheureusement, elle était fêlée. J'entrai immédiatement en négociation mais, très vite, la discussion achoppa car je trouvais le vendeur trop gourmand. Pour moi, l'affaire était close.

Mais, sans que je le sache, avec "beaucoup de patience et de diplomatie" comme on la connaît, Carole reprit langue avec cet agriculteur et, lors de la fête des pères suivante, elle put me faire la surprise de m'offrir ladite taque. Celle-ci trône donc désormais dans la grande cheminée du manoir :

2 décembre 2010, la taque aux armes des LEDIN.

Malheureusement, depuis 1992, sa fêlure s'est propagée sous l'effet de la chaleur des flammes et il serait grand temps de prendre un moulage de l'original pour n'exposer au feu de l'âtre qu'une copie. Si d'ailleurs un visiteur du site a des idées en la matière, ou des suggestions d'artisan à qui confier ce travail, elles sont les bienvenues.

L'histoire ne s'arrête pas là. Un point avait en effet échappé au vigilant Georges LEPAGE ; ni sa lettre, ni son dessin n'en portent trace.

Revenez donc sur la photo de la taque. Observez-la bien. En réalité, l'écu des LEDIN porte dans ses coins des protubérances bizarres. En outre, cet écu est un peu sous-dimensionné par rapport au support sur lequel il a donc été cloué selon moi. Il semble en effet que le fondeur de la taque ait disposé d'une matrice avec les deux lions, le heaume de chevalier, etc... et qu'il y ait cloué l'écu des LEDIN afin de constituer le moule utilisé pour y couler la fonte.

Mon interprétation vous semble peut-être tirée par les cheveux. Mais j'ai trouvé, figurez-vous, un argument que je pense imparable : au logis de Sainte-Marie-la-Robert, près de Carrouges, j'ai vu dans la cheminée principale de ce château antérieur à la Chaslerie une taque en tous points semblable à la mienne, à l'écu près.

Je pense qu'on peut conclure que, dès le XVIIIème siècle, le fondeur de Rânes avait industrialisé sa production pour orner les logis de ses clients, les chevaliers normands.

CQFD
J'ai trouvé aux archives départementales de l'Orne, dans le fonds "Durand de Saint-Front", un cahier de 96 pages bizarrement annoté.

En voici d'abord la couverture puis la première page du texte :

Couverture du cahier du "fonds Durand de Saint-Front".

Page 1 du cahier du "fonds Durand de Saint-Front".

Il s'agirait donc d'un inventaire préparé pour un LEDIN en 1760 des archives de sa famille. Mais il y a été ajouté que cet inventaire est passé entre les mains de CAILLEBOTTE qui y a porté des annotations. Cet ajout au crayon est donc postérieur à CAILLEBOTTE mais je n'en sais à ce stade pas plus sur le scripteur.

De CAILLEBOTTE, je sais que ce Domfrontais vivait dans la première moitié du XIXème siècle ; c'était peut-être un droguiste. Or j'ai également trouvé, aux archives de l'Orne et dans ce même "fonds Durand de Saint-Front", une note rédigée par "Me Ch. du PLESSIS" (sans doute un homme de loi de la famille du PLESSIS VAIDIERE dont j'ai rencontré des descendants chez leur cousine Marie-Françoise LAURENSOU) qui comporte des indications précieuses : le cahier en question contiendrait, en page 84, une note de ce CAILLEBOTTE indiquant que "plus de 200 titres de la famille LEDIN sont tombés entre ses mains, par suite d'une vente faite par l'administration en 1825" :

Note de Me Ch. du PLESSIS, trouvée dans le "fonds Durand de Saint-Front".

J'observe que cette note porte, dans son coin supérieur gauche, une mention manuscrite "Ledin", inscrite au crayon, de la même écriture que la mention au crayon sur le cahier de 96 pages (voir en particulier la façon de former la lettre "d").

Il est donc tentant d'imaginer que cette mention au crayon a été portée par Jean DURAND de SAINT-FRONT lui-même, ou l'un des éventuels collaborateurs de son entreprise de dispersion de manuscrits à l'œuvre de Paris au milieu du XXème siècle.

Or, si l'on se rapporte à la lettre de Jean DURAND de SAINT-FRONT à Henri LEVÊQUE mise en ligne par mon précédent message, il est clair que le premier est l'auteur des annotations au crayon sur le cahier de 96 pages (voir en particulier ses "d").

Voici qui est intéressant. Nous pouvons désormais faire le partage, dans le cahier de 96 pages en question, entre les annotations de CAILLEBOTTE et celles du commerçant en vieux papiers.

Ceci devrait nous permettre d'évaluer, en première analyse, la crédibilité à accorder à ceux qui, notamment depuis la dispersion révolutionnaire du chartrier de la Chaslerie, se sont piqués de porter des jugements prétendument définitifs sur l'ancienneté de la noblesse des LEDIN.

Je ne suis pas informé que cet effort critique ait eu lieu à ce jour. J'aurais plutôt l'impression que des érudits auto-proclamés ont fait faire boule de neige à des appréciations d'autant plus négatives que le temps passait depuis l'extinction de la lignée des LEDIN, de ce fait hors d'état de se défendre, ce qui était bien commode pour tous les esprits malveillants.

Voici qui me motiverait assez pour reprendre le flambeau !
Donc le marchand nous indique que CAILLEBOTTE a porté des mentions manuscrites en pages 5, 58 et 61 du cahier de 96 pages.

Voyons ces mentions, et d'abord la première :

Page 5 du cahier du "fonds Durand de Saint-Front".

Je lis ici que CAILLEBOTTE a réagi à l'orthographe LESDAIN figurant en bas de page. Il nous dit qu'une famille LEDIN est "native de La Haute Chapelle" et qu'elle a signé ainsi "beaucoup d'actes (...) depuis 1386 jusqu'à 1760". Autrement dit, CAILLEBOTTE ne conteste nullement que les LEDIN aient été actifs localement depuis le XIVème siècle. Dont acte !

Maintenant, la seconde :

Page 58 du cahier du "fonds Durand de Saint-Front".

Passionnant ! On dirait que le marchand allait bien vite en besogne...

Donc la troisième :

Page 61 du cahier du "fonds Durand de Saint-Front".

Hum, hum, il n'y a eu qu'un scripteur de cette page, tout ceci est-il vraiment sérieux ?

Là, je suis pris d'un doute : et si le scripteur du cahier de 96 pages était Jean DURAND de SAINT-FRONT lui-même ? J'observe les "d", ce sont bien les mêmes.

Donc la pièce la plus volumineuse du "fonds Durand de Saint-Front", ce fameux cahier de 96 pages, date lui-même du milieu du XXème siècle et il faudrait croire tout ce que nous raconte le marchand ? "Bizarre, comme c'est bizarre !" (air connu).

Même si la qualité scientifique du recensement opéré par Jean DURAND de SAINT-FRONT me paraît donc douteuse ("questionable", comme disent les Anglais), je vais cependant poursuivre l'étude de son cahier. Car un homme qui est capable d'une main à l'évidence très appliquée, d'écrire 96 pages intéressantes sur les LEDIN ne peut pas être fondamentalement mauvais. Prenons donc le temps de le lire en détail.
Dans le cahier de 96 pages de Jean DURAND de SAINT-FRONT, mon regard a été immédiatement attiré par le document suivant :

Page 69 du cahier de Jean DURAND de SAINT-FRONT.

Il s'agit, me semble-t-il, de la reproduction d'un dessin préparatoire à la sculpture d'une pierre commémorative du décès de Marguerite HEBERT, peut-être sa pierre tombale ; on reconnaît en effet les armes de la famille HEBERT, "d'azur à trois grenades d'or" ; on sait que Marguerite HEBERT épousa Jacques LEDIN en 1654. L'original doit dater d'un peu avant le remariage du veuf avec Anne-Marie de CAIGNOU, en 1673. Effectivement, le style du dessin est Louis XIV.

Il est dommage qu'aucun texte ne figure sur ce document, pas plus que les armes des deux personnes qui devaient le compléter. Peut-être s'agissait-il des écus des LEDIN et des HEBERT puisqu'on peut interpréter le dessin comme figurant deux rameaux unis par deux alliances ?
Bonjour,

Vous êtes prolixe en écriture, ce qui n'est pas mon cas.
Mais je peux vous donner le conseil suivant, étant bien connu que les conseilleurs ne sont pas les payeurs.
Concernant votre livebox, vous pouvez la mettre à la poubelle, il est bien rare de trouver des utilisateurs satisfait de cet engin. Non seulement le fonctionnement est capricieux, et de surcroît, on vous taxe allègrement tous les mois de 3€.

Il y a bien longtemps que j'ai opté pour un modem ethernet, un abonnement le moins cher possible (19,90€).

En même temps vous jetez également votre PC avec Windaube, vous le remplacez par un Imac de chez Apple, fini les ennuis. Demandez l'avis de votre webmaster. Mais je dis ça, je ne dis rien.......

Je vois que vos recherches généalogiques sont fructueuses, j'ai plus de mal avec la famille de Camprond. Certes, il y a des documents aux archives à Saint-Lô, mais cela prend beaucoup de temps pour les dépouiller.

Bon courage et bonne journée.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 4 Décembre 2010
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Généalogie et sagas familiales
0
@ Guy HEDOUIN :

Eh, il me semble que vous ne vous défendez pas mal non plus.

Concernant les recherches généalogiques, nous avons une experte parmi les visiteuses du site où elle intervient parfois. Je devrais la revoir demain. Je lui demanderai si elle peut vous aider.

Patrick DELAUNAY - que j'ai hélas un peu perdu de vue - est également un grand amateur d'archives. D'après ce que je commence à comprendre, il a retranscrit beaucoup de documents du "fonds Durand de Saint-Front". Je l'avais mis en contact avec le seul parent des LEDIN que j'aie rencontré, Jacques COUPPEL du LUDE, aujourd'hui décédé, et il avait préparé, à sa demande, un opuscule sur les COUPPEL. Depuis longtemps, j'ai envie de renouer avec Patrick DELAUNAY. On dirait que vous allez m'en fournir l'occasion.

@ Marie-Françoise LAURENSOU :

Le document que vous venez de signaler indique que CAILLEBOTTE, celui qui nous intéresse ici, était un "bleu", c'est-à-dire un partisan de la Révolution.

Ne serait-il pas utile, pour la vérité historique, de nous demander si ces opinions politiques n'ont pas joué un rôle pour fausser l'image des LEDIN dans l'intérêt des acheteurs des "Biens Nationaux" issus de l'"Emigré Vassi", gendre du dernier LEDIN ? Il semble que cette analyse critique n'ait jamais été entreprise à ce jour, ce qui serait troublant, d'autant que CAILLEBOTTE eut de nombreux "suiveurs", apparemment.

A cet égard, je produis à toutes fins utiles les décomptes des règlements de la "retenüe" de la Chaslerie (c'est-à-dire du manoir) par les heureux bénéficiaires de cette procédure de circonstance :

Décompte des règlements par le Sieur GOUPUCEAU

Décompte des règlements par le Sieur GOUPIL

Notons que ces acheteurs s'appelaient GOUPUCEAU et Charles François Laurent GOUPIL.

Il pourrait être instructif d'examiner qui ont été les ayants-droit de ces personnages.

En outre, ce GOUPIL ne serait-il pas l'ancien fermier de la Chaslerie, cet homme dont nous avons déjà noté l'instruction et sous la garde duquel, officiellement, il ne restait plus guère de meubles au manoir lors de l'inventaire révolutionnaire ? Et ce même GOUPIL serait-il, par extraordinaire, lié au nabab nouveau riche qui fit construire à grands frais, au milieu du XIXème siècle, le château néo-Renaissance de Tessé-la-Madeleine ?
Une autre lecture intéressante : "Essai sur l'histoire et les antiquités de la ville et arrondissement de Domfront", par CAILLEBOTTE.

Voir en page 18, la note 1 en bas de page : "en reconnaissance des servises que Pierre Ledin de la Challerie avait rendus à Pierre comte d'Alençon,......lui permit de poser ses armes sur celles de la ville....."
Je viens de trouver l'acte de mariage suivant :

Le 3 août 1842, mariage de Louis Jean Baptiste GOUPIL, propriétaire, 27 ans, né à Tessé-la-Madeleine le 12 juillet 1815, fils de Louis GOUPIL, propriétaire, 68 ans, demeurant à Tessé, époux de dame Anne Marie Catherine GOUPIL, 51 ans, (en fait, il s'agit de sa nièce) avec Eugénie LéVESQUE, propriétaire, 21 ans, née à Domfront le 2 février 1821, fille d'Eugène Constant LEVESQUE, propriétaire, 60 ans, demeurant à Saint-Mars, époux de dame Sophie Adelaïde ROULLEAUX, 45 ans.

Cette Sophie nous conduit à la Chaslerie par son fils Charles.

La suite est intéressante.....

Le Château de Tessé et les GOUPIL :
Une famille de condition modeste, les GOUPIL, eut deux fils : Jean (1764) et Louis (1771).
Les GOUPIL disparurent puis réapparurent après la Révolution, fortune faite.
Ils purent s"acheter les parcelles de leur ancien maître, devenues biens nationaux.
Jean était propriétaire et rentier et son frère, Louis possédait une grande partie de Tessé-la-Madeleine.
Ce dernier épousa sa nièce, Anne Marie Catherine. Maintenant que l"on était riche, il fallait que la fortune reste dans la famille !
Ils eurent un fils en 1815 : Louis Jean Baptiste, qui a épousé Eugénie LéVESQUE en 1842. En 1829, les deux frères se firent construire le Logis.
Anne Marie Catherine et Louis GOUPIL décidèrent de se construire un château qui débutera en 1855 et se terminera en 1859, dirigé par l"architecte DAVID.
A la mort des GOUPIL, la fortune fut partagée entre les héritiers d"Eugénie Marie LéVESQUE, épouse de Louis Jean Baptiste GOUPIL.
@ Marie-Françoise LAURENSOU :

Je suppose que ce sont vos 5 ans de séjour londonien qui vous ont donné un tel sens de la litote. A moins que ce ne soient vos puissantes et vastes racines normandes !

Intéressante ? Vous voulez rire ? Le méridional que je demeure trouve tout à fait extraordianaire de trouver ainsi, petit à petit, grâce à ce site, la confirmation progressive de ses intuitions de départ.

"Bon sang mais c'est bien sûr..." On dirait que les pièces du puzzle commencent à se mettre en place...

Reste quand même à faire le lien avec Charles François Laurent GOUPIL. A cet égard, rappelons-nous que, dans son intéressant article paru dans "Le publicateur libre" du 10 janvier 1992 (dont on trouvera la copie dans un message, sous cet onglet, du 23 novembre dernier), M. Jacques BROCHARD nous avait appris, entre autres, que la date de 1819 avait un sens pour l'histoire de la Chaslerie.

Je me demande donc s'il ne faudrait pas tourner désormais nos regards vers les archives notariales...
Dans les dernières pages de son cahier (que j'ai appelé son "cahier de 96 pages"), Jean DURAND de SAINT-FRONT a retranscrit, au milieu du siècle dernier, le document dont j'ai mis la photo en ligne ici, dans mon premier message du 30 novembre dernier, et qui donne à voir, écus à l'appui, la généalogie des LEDIN.

Les deux pages correspondantes du cahier, où l'on retrouve l'écriture lisible et appliquée dont nous avons pris l'habitude (cf les "d"), sont beaucoup plus faciles à déchiffrer que l'original griffonné au XVIIIème siècle sur un papier fragile. Les voici :

Antépénultième page du cahier DURAND de SAINT-FRONT.

Avant-dernière page du cahier DURAND de SAINT-FRONT.

On voit ainsi que, depuis une cinquantaine d'années qu'il est manipulé, désormais aux archives de l'Orne, l'original du XVIIIème siècle a beaucoup souffert ; en particulier, le haut de la page, tout racorni, a tendance à tomber en poussière.

Sur la seconde page de sa retranscription, Jean DURAND de SAINT-FRONT a écrit "Légende", d'une main que j'imagine rageuse, d'autant qu'il a souligné en rouge cette apostrophe. Nous voici donc bien au coeur du sujet. La question est en effet de savoir quel crédit accorder aux prétentions des LEDIN de faire état d'une prouesse de l'un des leurs vers 1381. Ou, si l'on préfère, quel crédit accorder à ceux qui, nombreux depuis le XIXème siècle au moins, se sont attachés à tenter de rabaisser les LEDIN.

On a déjà vu que, sur un document à en-tête du "Cabinet d'HOZIER", les prétentions des LEDIN apparaissaient explicitement sans susciter la moindre réaction, négative ou autre, du généalogiste du Roi, ni sur ce sujet, ni sur aucun autre. Ceci paraît un point important du raisonnement. Car il me semble que l'existence d'un tel document, timbré et non annoté, pourrait conduire à relativiser la portée des annotations attribuées à tort ou à raison, sur un autre document, à l'un ou l'autre membre de la famille d'HOZIER.

De même, on a commencé à s'interroger sur le caractère scientifique (ou, si l'on préfère, la neutralité) de CAILLEBOTTE et de ses "suiveurs". On a d'ailleurs remarqué, grâce à Marie-Françoise LAURENSOU, que CAILLEBOTTE lui-même, faisait état des événements de la fin du XIVème siècle sans remarque négative de sa part à ce sujet pour les LEDIN.

Donc la question est posée. Nous allons essayer, à défaut d'y répondre définitivement, de faire progresser la réflexion sur la base des documents encore consultables et dont je tâcherai, dans la mesure du possible, de mettre la photo en ligne.

Accessoirement, je reviens sur "Me Ch. du PLESSIS", celui qui nous a appris quand et comment CAILLEBOTTE s'était procuré tout ou partie du chartrier de la Chaslerie. Sur la dernière page du cahier de Jean DURAND de SAINT-FRONT est en effet collé le document original suivant, sur lequel je suis sûr de reconnaître l'écriture de ce "Me Ch. du PLESSIS" (voir les "P" et les "F") :

Dernière page du cahier DURAND de SAINT-FRONT.

Quand ce "Me Ch. du PLESSIS" a-t-il vécu, est-ce plutôt à l'époque de CAILLEBOTTE (comme sa graphie me le donnerait à penser) ou plutôt à celle de Jean DURAND de SAINT-FRONT ? Et pourquoi Jean DURAND de SAINT-FRONT a-t-il fait un sort particulier à l'original de ce dessin, en le collant dans son cahier, alors que toutes les autres pages y sont de sa propre main ? Ce "Me Ch. du PLESSIS" faisait-il donc autorité, en matière de généalogie ou d'héraldique, pour Jean DURAND de SAINT-FRONT ?
La tâche de représentant du peuple est harassante et suppose, c'est bien connu, un vrai dévouement et une réelle abnégation au service du bien public :

Henri LEVEQUE en plein travail de représentation du peuple souverain.

Pour être élu aux plus hautes fonctions et devenir une "grande figure du Domfrontais" (pour reprendre la si heureuse expression de M. Jacques BROCHARD), il faut le mériter et, en particulier, se battre pour ses idées, savoir défendre de vraies valeurs, faire preuve d'un réel talent de visionnaire pour préparer un avenir meilleur :

Ca, c'est un beau programme !

Parfois, certains électeurs ont le front d'attaquer l'élu dans ses convictions les plus intimes, qui forment la base de sa légitimité démocratique. Gabriel HUBERT était peut-être quelquefois de ceux-ci, comme tend à le montrer le "post scriptum" du courrier suivant :

D'autres fois, les mêmes électeurs se mettent au service de l'élu pour faire avancer de grandes causes, comme la mise au point de l'"histoire" des anciens propriétaires d'un monument vendu naguère comme "Bien National" :

Mais qui était donc ce Gabriel HUBERT qui se piquait ainsi d'histoire locale ? Google nous apprend qu'il produisit, au milieu du siècle dernier, nombre d'études généalogiques sur d'anciennes familles nobles du Domfrontais.

Or, quelle était la valeur de ces études ? Pour nous en faire une idée, lisons donc avec soin les écrits qu'il a laissés à propos des LEDIN, tels que désormais déposés aux archives départementales de l'Orne, dans une chemise à son nom :

Page 1 de la note conservée aux archives départementales de l'Orne parmi les papiers reçus de Gabriel HUBERT.

Page 2 de la note conservée aux archives départementales de l'Orne parmi les papiers reçus de Gabriel HUBERT.

Page 3 de la note conservée aux archives départementales de l'Orne parmi les papiers reçus de Gabriel HUBERT.

Page 4 de la note conservée aux archives départementales de l'Orne parmi les papiers reçus de Gabriel HUBERT.

Page 5 de la note conservée aux archives départementales de l'Orne parmi les papiers reçus de Gabriel HUBERT.

Page 6 de la note conservée aux archives départementales de l'Orne parmi les papiers reçus de Gabriel HUBERT.

Il y a donc là six pages, qui ne sont d'ailleurs pas de la même écriture que les manuscrits de Gabriel HUBERT.

La fin de ce texte est hélas absente, mais l'on en comprend fort bien la conclusion et la méthode.

La conclusion est simple, les doutes les plus clairs sont exprimés sur la réalité de la noblesse de Guillaume LEDIN. La méthode est ouvertement approximative puisque l'auteur de ce document avoue très simplement : "Tout ceci n'est que conjecture de ma part et la traduction d'une opinion purement personnelle, et privée." (milieu de la page 4) ou encore : "Je n'ai pas fait d'études qui me permettent d'étudier ces pièces et de porter un jugement ; cependant" etc...(page 5). Cette modestie intellectuelle auto-proclamée n'a pourtant pas empêché cet auteur de traiter plusieurs fois Pierre-François LEDIN de faussaire : il "fit fabriquer une généalogie illustre ; je doute fort que ce ne fut en fabriquant de faux papiers" (page 3) ; il "fit fabriquer de fausses pierres tombales et un faux tombeau" (page 4). Je pourrais continuer.

Mon opinion pour conclure : on a affaire là à un auteur qui manie parfaitement l'imparfait du subjonctif (page 3) et qui appartient certainement à la parentèle de Jean DURAND de SAINT-FRONT (voir le 1er paragraphe de la page 1 : "mes ascendants sur la ligne de St-Front").

Mais moi, Pierre-Paul FOURCADE, qui ne suis guère que sur la ligne Paris-Granville (arrêt à Flers), je me demande si cet auteur n'était pas, tout simplement, un cousin jaloux des LEDIN (puisque les DURAND de SAINT-FRONT étaient apparentés aux COUPPEL, dixit Jacques COUPPEL du LUDE), voire, pour dire les choses encore plus clairement, quelqu'un que menaçait le gâtisme de l'âge, ainsi qu'on en rencontre parfois, y compris dans les meilleures familles.
L'inventaire des titres du chartrier de l'abbaye de Lonlay est un registre in-folio, de 161 pages de papier, conservé sous la cote H476 aux archives départementales de l'Orne. D'après Patrick DELAUNAY, cet inventaire aurait été établi en 1774. A ce jour, je n'ai lu nulle part que cet inventaire fût un faux.

Parcourons donc le contenu de sa 14ème liasse, celle qui concerne les LEDIN, et plus particulièrement le début de ce texte car il est relatif aux titres les plus anciens :

Inventaire des titres du chartrier de l'abbaye de Lonlay, 14ème liasse, page 1.

Inventaire des titres du chartrier de l'abbaye de Lonlay, 14ème liasse, page 2.

Inventaire des titres du chartrier de l'abbaye de Lonlay, 14ème liasse, page 3.

Inventaire des titres du chartrier de l'abbaye de Lonlay, 14ème liasse, page 4.

Inventaire des titres du chartrier de l'abbaye de Lonlay, 14ème liasse, page 5.

Inventaire des titres du chartrier de l'abbaye de Lonlay, 14ème liasse, page 6.

Inventaire des titres du chartrier de l'abbaye de Lonlay, 14ème liasse, page 7.

Inventaire des titres du chartrier de l'abbaye de Lonlay, 14ème liasse, page 8.

En huit pages, cet inventaire dresse la liste des pièces officielles entre l'abbaye et le fief de la Chaslerie. La 1ère pièce est "une copie saine, entière et en forme d'un aveu rendu à la baronnie de Lonlay par Pierre Le Din Sr de la Chaillerie du fief et sieurie dud. lieu de la Chaillerie aux charges des redevances y referées ; du premier jour d'aoust mil trois cents quatre vingt un."

La question se pose de savoir dans quel but, et accessoirement sur quelles bases, certains, à déterminer, ont cru pouvoir mettre en doute l'authenticité de ce document.
On sait que les LEDIN prenaient le plus grand soin de leurs morts. J'en ai déjà donné deux exemples, l'un sous l'onglet "Histoire", l'autre ici. Et il y en aura d'autres.

Chaque fois que je trouve un vieux papier à ce sujet, je chantonne cet air :
Georges Brassens, 1960.
LES FUNÉRAILLES D'ANTAN


Jadis, les parents des morts vous mettaient dans le bain,
De bonne grâce ils en faisaient profiter les copains:
"Y'a un mort à la maison, si le coeur vous en dit,
Venez le pleurer avec nous sur le coup de midi..."
Mais les vivants aujourd'hui ne sont plus si généreux,
Quand ils possèdent un mort ils le gardent pour eux.
C'est la raison pour laquelle, depuis quelques années,
Des tas d'enterrements vous passent sous le nez.

REFRAIN:
Mais où sont les funérailles d'antan?
Les petits corbillards, corbillards, corbillards, corbillards
De nos grands-pères,
Qui suivaient la route en cahotant,
Les petits macchabées, macchabées, macchabées, macchabées
Ronds et prospères...
Quand les héritiers étaient contents,
Au fossoyeur, au croque-mort, au curé, aux chevaux même,
Ils payaient un verre.
Elles sont révolues,
Elles ont fait leur temps,
Les belles pom, pom, pom, pom, pom, pompes funèbres,
On ne les reverra plus,
Et c'est bien attristant,
Les belles pompes funèbres de nos vingt ans.

Maintenant, les corbillards à tombeau grand ouvert
Emportent les trépassés jusqu'au diable vauvert,
Les malheureux n'ont même plus le plaisir enfantin
De voir leurs héritiers marron marcher dans le crottin.
L'autre semaine des salauds, à cent quarante à l'heure,
Vers un cimetière minable emportaient un des leurs...
Quand, sur un arbre en bois dur, ils se sont aplatis
On s'aperçut que le mort avait fait des petits.

Plutôt que d'avoir des obsèques manquant de fioritures,
J'aimerais mieux, tout compte fait, me passer de sépulture,
J'aimerais mieux mourir dans l'eau, dans le feu, n'importe où,
Et même, à la grande rigueur, ne pas mourir du tout.
O, que renaisse le temps des morts bouffis d'orgueil,
L'époque des m'as-tu-vu-dans-mon-joli-cercueil,
Où, quitte à tout dépenser jusqu'au dernier écu,
Les gens avaient à coeur de mourir plus haut que leur cul,
Les gens avaient à coeur de mourir plus haut que leur cul.
Dans la série des "funérailles d'antan", voici un texte pittoresque qui figure dans le cahier de Jean DURAND de SAINT-FRONT. Il décrit la pompe des funérailles, en 1722, de Catherine de CROISILLES, veuve de Pierre V LEDIN :

Pour ceux qui peineraient à déchiffrer les vieux manuscrits, ce texte a été retranscrit par Patrick DELAUNAY :

Mais, bien sûr, on a le droit de préférer d'autres types d'enterrements.
La liste des fermiers du "Sieur Vassi" nous est fournie par un document officiel du 30 avril 1792, "l'an quatrième de la liberté" pour reprendre la terminologie de l'époque :

On retrouve là, comme par enchantement, les noms de Charles François Laurent GOUPIL, fermier à la Chaslerie, premier cité de la liste, et de Jean GRIPON, fermier à la Guyardière, troisième cité.

Décidemment, le monde est petit, très petit, car on a là la preuve que, comme je l'avais subodoré, l'acheteur du "Bien National" de la Chaslerie était ce fermier instruit dont j'avais remarqué la signature au bas d'un inventaire révolutionnaire.

Cette fois-ci, on dirait que la chasse au goupil est bel et bien lancée ! Taïaut ! Taïaut ! Taïaut !
Le 9 juillet 1956, Henri PELLERIN, président de la société des monuments et sites du Calvados, écrivit à Henri LEVEQE pour le remercier d'avoir, la veille, présenté la Chaslerie et son histoire à un groupe de promeneurs...

Cette visite faisait suite à un courrier du 14 juin précédent du même PELLERIN, où ce dernier qualifiait son groupe d'"archéologues du Pays d'Auge" et se recommandait de - devinez qui ? - ce cher Gabriel HUBERT...

J'ai retrouvé le brouillon de la réponse que fit à ce courrier du 14 juin notre "grande figure du Domfrontais". Le voici, prenons le temps de le lire en entier :

On y apprend que "Ce cher M. Hubert a été pour moi (Henri LEVEQUE) un soutien (mots rayés : et un guide de bon conseil) quand j'examinais il y a quatre ans si je devais laisser crouler le Manoir de la Chaslerie que le régisseur de ma famille avait laissé se délabrer ou si je devais entreprendre de le sauver".

Ah là, là, cher ami, ces régisseurs, tous des incompétents et des malhonnêtes, tout irait si bien sans cette sale engence qui ne songe qu'à son profit et se désintéresse de nos propriétés de famille, illustrations de notre haut et puissant lignage...

Ce n'est là que supposition, comme aurait écrit le parent de Jean COUPPEL de SAINT-FRONT. Mais ce serait amusant - n'est-ce pas ? - que je retrouve la trace de ce qu'Henri LEVEQUE a réellement pu dire à ces érudits auto-proclamés. Déjà, je note qu'il s'est trompé de 40 ans dans la date de construction du logis, en évoquant 1558 au lieu de 1598. Mais ceci n'est sans doute que broutille...