Archives, histoire, documentation

Avant-hier, j'avais souhaité que le beau temps se maintienne suffisamment longtemps pour permettre à Pascal de trier des pierres sans creuser d'ornières avec les engins. Eh bien, c'est raté : Pascal n'a guère pu travailler hier, tant il pleuvait !

Je lui ai donc demandé de revenir restaurer la ferme, ce qui le mettra plus commodément à l'abri des intempéries, dès lors qu'il aura pris le soin de confectionner un parapluie :

Samedi 2 octobre 2010, la ferme vue du Sud-Est.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, la ferme en question a été inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques dès 1926 avec le reste du "village de la Chaslerie". A l'époque, l'administration ne faisait pas de détail et protégeait en outre sans barguiner les intérieurs autant que les extérieurs. C'est là un fait, corroboré notamment par les pièces préparatoires de l'arrêté de 1926 puis par l'attribution, voici douze ans, de subventions de l'Etat lors de la restauration de l'essentiel des couvertures de ce bâtiment. En 1794, cette ferme avait été vendue comme Bien National à une autre main que le manoir. J'ai eu l'opportunité de corriger cet état de fait, lourd de risques de problèmes de mitoyenneté, en achetant cette dépendance deux ans après le manoir.

Mais, depuis 1993 donc, je suis assez mal à l'aise avec ce bâtiment construit en trois phases (la partie la plus ancienne au milieu, avec de simples linteaux de chêne), tant j'en trouve ratée l'adjonction Sud, telle que bricolée au XXème siècle par des prédécesseurs, qu'on la regarde de l'Est comme sur la photo précédente, ou du Sud-Ouest comme sur la suivante :

Samedi 2 octobre 2010, la ferme vue du Sud-Ouest.

Vraiment, quelle idée saugrenue d'avoir conservé la même ligne de faîtage alors pourtant que l'on voulait, dans l'adjonction récente, un premier étage plus spacieux ! Depuis une cinquantaine d'années au moins, le rez-de-chaussée de cette adjonction était un salon, comportant une porte vers l'Est, et l'étage était occupé par deux chambres, l'une donnant à l'Est, l'autre à l'Ouest.

A ce stade de nos réflexions, trois solutions sont envisageables pour remédier à ce qui apparaît comme un hiatus :

- la première, correspondant à mes intuitions de départ, a été retenue par l'architecte Lucyna GAUTIER ; c'est donc celle qui a fait l'objet d'un permis de construire ; selon cette solution, on se contenterait de relever la ligne faîtière au niveau de cette seule adjonction. Cela imposerait des travaux assez lourds, puisqu'ils concerneraient deux murs pignons. Et, dans ce cas, la silhouette d'ensemble ne serait toujours pas, je le crains, très harmonieuse ;

- la deuxième consisterait à relever cette ligne faîtière également au-dessus des deux lucarnes qui donnent actuellement vers l'Est, c'est-à-dire sur près de la moitié de la longueur du bâtiment. Là, ce serait beaucoup plus coûteux, dans la mesure où les travaux affecteraient également une partie de la couverture encore en excellent état ; il faudrait alors retirer les tuiles correspondantes, scier la charpente, remonter deux murs pignon et un mur de refend, replacer enfin la charpente et la couverture. D'un point de vue esthétique, ce serait une solution convenable ; son principal avantage serait d'autoriser un volume confortablement habitable à la place du comble et de ses lucarnes, volume dans lequel on pourrait aménager deux belles salles d'eau et un dressing ;

- la troisième possibilité, qu'à la réflexion recommande Pascal, serait de conserver la ligne de faîtage telle qu'elle est, mais d'abaisser les sablières de l'adjonction Sud de manière à uniformiser la toiture d'un bout à l'autre du bâtiment, lui redonnant ainsi son aspect initial de longère ; outre qu'elle serait la moins coûteuse, cette solution serait esthétiquement inattaquable, mais l'habitabilité de la future "chambre des parents" (qui remplaçerait les deux chambres précédentes) serait sensiblement réduite. Il resterait cependant à décider alors le type d'ouvertures à substituer aux fenêtres du premier étage, mais c'est là un problème relativement secondaire.

Donc j'hésite toujours sur le parti à retenir. Aux dernières nouvelles, Walter, qui devrait être le principal concerné, pencherait pour la troisième solution, celle de Pascal.

Avant de prendre la décision finale, on peut toujours améliorer la situation du rez-de-chaussée, tant cette ferme appelle encore, à l'évidence, de travaux extérieurs. Nous allons donc commencer par restaurer les ouvertures du rez-de-chaussée de l'adjonction Sud :

Samedi 2 octobre 2010, un chantier, ça, Monsieur ? Non, Madame, une pataugeoire !

Il faut d'abord que Pascal bouche provisoirement en parpaings la porte de séparation entre la future cuisine (ancien salon) et le futur salon (ancienne pièce à vivre et cuisine). De la sorte, l'accès à ses outils sera protégé. Ensuite, il pourra intervenir sur les ouvertures de cette adjonction de la ferme qui ont été entourées, voici moins d'un siècle, de briques blanches de mauvaise qualité, de sorte que l'érosion y a déjà fait son œuvre. Il convient, à l'évidence, d'échanger ces briques contre des pierres d'angle en bon grès d'ici.

La photo suivante montre l'état actuel du pignon Sud de la ferme, volets arrachés et couverture soulevée par la tempête de 1999, fils téléphoniques posés dans d'horribles gaines de P.V.C. à même le mur, etc... Il est grand temps de reprendre les choses en main !

Samedi 2 octobre 2010,Le pignon Sud de la ferme avant travaux.

Nous allons donc commencer par remplacer la fenêtre Sud de la future cuisine (ancien salon) par une porte, selon les plans de Lucyna GAUTIER. Quant à la porte Sud-Est, nous lui substituerons une fenêtre qu'il conviendra de positionner en fonction de la longueur d'un ancien banc d'angle normand dont j'ai fait l'acquisition auprès de la maison LEMARIE et qui y est toujours en dépôt.

De la sorte, il y aura un accès direct à la cuisine lorsqu'on garera les véhicules le long de la façade Ouest de la ferme (c'est-à-dire hors du champ de vision du manoir). Et il sera plus commode, de la cuisine, de se rendre au fournil de la ferme qui pourra servir à terme de chambre d'amis ou de salle de jeux pour les futurs enfants de Walter.
Dans un bulletin de la Société Historique et Archéologique de l'Orne : Tome XLIII - publié en 1924, il est écrit :

"... Au-dessus de la petite porte, on remarque un cadran solaire portant le millésime de 1813 ... "

Ce cadran existe-t-il encore ?

Je suis membre de la Commission des cadrans Solaires de la Société Astronomique de France.

Mon site :

http://michel.lalos.free.fr/cadrans_solaires/index_cs.php

J'ai utilisé une photo du manoir et créé un lien vers votre site.

Merci
@ Michel LALOS :

Non, il n'y a pas de cadran solaire actuellement à la Chaslerie. Je n'en trouve aucune trace sur la façade Sud de la cour, au-dessus de la porte piétonnière, quand j'examine les plus anciennes photographies de la Chaslerie que je connaisse et qui datent du début du XXème siècle (voir la "Photothèque" du site). Ou alors "votre" cadran se trouvait dans la cour, au Sud du bâtiment Nord ; cette hypothèse paraît très vraisemblable, il aurait été installé là pour donner l'heure aux différents habitants du manoir, ceux du logis comme ceux de l'aile des écuries ; hélas, il n'y a pas non plus de trace là car ce bâtiment a été vigoureusement charcuté dans les années 1950 et percé alors d'étranges ouvertures carrées, maçonnées d'ailleurs avec des granites récupérés de pierres tombales...[img:500]2008_04_02 06 Chemineau Domfront, inscription "Chemineau Domfront" sur une pierre de la fenêtre Sud-Est, au 1er étage du bâtiment Nord.[/img]Je comprends donc que "votre" cadran solaire aurait fait les frais de cette campagne de travaux à l'initiative du père de mon vendeur. Voyez en effet la disposition et les proportions des fenêtres qu'il avait fait percer, l'une au-dessus d'une porte, et auxquelles j'ai préféré, à défaut de pouvoir les faire disparaître, faire subir une cure d'amaigrissement en 2008, en vue de leur donner des proportions moins incongrues :[img:500]2006_04_04 8,4 avril 2006, état des fenêtres sur cour du bâtiment Nord.[/img]Ceci dit, je vous avoue que je pensais faire installer un cadran solaire sur le mur pignon Sud de la ferme, au-dessus de la future porte de la cuisine, c'est-à-dire donnant vers le fournil.

Je suis en effet partisan d'inciter les visiteurs de la Chaslerie à regarder en l'air (cf les épis de faîtage, les boules de noblesse, les girouettes, la statue de Sainte Anne, etc..., toutes restaurations auxquelles j'ai procédé dans cet esprit), peut-être parce que, quand je marche, je regarde le plus souvent devant mes pieds. Cela m'a d'ailleurs valu de ne pas faire partie de la "garde du drapeau" de Polytechnique lorsque j'ai défilé sur les Champs-Elysées (en 1972, je pense). Et hier encore, prenant des photos dans la ferme de la Chaslerie, je me suis cogné deux fois sur une poutre, de sorte qu'aujourd'hui, j'ai le front déchiré par une plaie...

Pour en revenir à notre sujet, merci de m'avoir communiqué votre lien. Je vais le regarder tout de suite. Sur les cadrans solaires, j'avais déjà repéré, dans l'esprit que j'ai dit, les sites recommandés par un enseignant. Je suppose que vous les connaissez déjà.

P.S. 1 : Quand j'essaye d'accéder à votre site, l'ordi m'indique : "Erreur 500. Erreur interne du serveur" et la page reste blanche sous le logo de "Free". Je ne sais pas décrypter. Mais, grâce à Google, j'ai retrouvé votre site personnel. Je vois donc que nous sommes voisins. Pourquoi ne passeriez-vous pas un de ces jours à la Chaslerie ? Nous pourrions faire plus ample connaissance et vous accepteriez peut-être de me conseiller pour le cadran solaire que je projette (c'est le cas de le dire...) à la ferme.

P.S. 2 : Vous avez suscité un doute dans mon esprit. Il faudrait que je retrouve ma copie du cadastre napoléonien de la Chaslerie, qui est de la main de Nicolas GAUTIER, le précédent A.B.F. de l'Orne. Et si, en effet, la date de "votre" cadran solaire, soit 1813, était celle de la reconstruction du bâtiment Nord, à l'extérieur de la cour ? Encore une fois, ce site internet aurait manifesté son utilité pour faire ressurgir de vieilles informations...
Marie-Françoise LAURENSOU
rédigé le Vendredi 15 Octobre 2010
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation
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Cher "bas-normand " en puissance, je vais me remettre sur la piste des Anquetil la semaine prochaine car je dois bloquer une journée non-stop pour ce faire. En attendant, je repars sur la piste des Pyrénées Atlantiques ; à ce sujet, pourriez-vous me donner quelques précisions sur le lieu d'origine de la famille Caperet, car, comme chacun sait, un huissier de justice n'est pas nécessairement originaire de la localité où il exerce, ce qui semble être le cas ? Je perds sa trace en 1846 date de naissance de la plus jeune soeur connue de Eugénie Louise. Une recherche sur Oloron n'a rien donné bien qu'Eugénie y eût habité au moment de son mariage. Interrogez toute votre famille, il doit bien y avoir quelqu'un qui ait ne serait-ce qu'un vague souvenir !!

Il va donc falloir déposer une demande d'autorisation préalable pour la restauration de l'allée principale.

C'est l'occasion d'évoquer ici les plans cadastraux dont je dispose à ce sujet. Pour la clarté de l'exposé, je vais partir du plus récent puis remonter dans le temps. (N.B. : la présente rédaction de ce message tient compte des découvertes que j'ai faites aux archives départementales de l'Orne le 25 novembre 2010, et dont je rends compte, sous l'onglet "Sujets divers", dans un message du 26 novembre 2010 ; en particulier, je m'interroge désormais sur la justesse des deux derniers plans ci-après).

Le plus récent a été préparé dans le cadre du remembrement de La Haute Chapelle qui était en cours lorsqu'en 1991, j'ai acheté la Chaslerie. Il est présenté ici de façon telle que "grosso modo", le Nord soit à gauche. Trois parcelles apparaissent sur cet extrait : en haut, celle du manoir (ZT 5), en bas celle de la ferme (ZT 2), à droite celle des agriculteurs les plus proches (géographiquement), actuellement les frères VINCENT (ZT 4).

Le plan cadastral lors du dernier remembrement.

C'est sur la base de ce plan que, dans le cadre de ce remembrement, l'essentiel des terres de la Chaslerie a été regroupé en une seule parcelle. En fait, ce plan n'est pas celui qui dit le droit actuellement ; il représente en effet ce qui serait advenu si ma voisine de l'époque, Jeannette LEVEQUE, n'avait pas renié sa parole en cours de remembrement (pour le détail de cette sale affaire, voir à l'onglet "Sujets divers", neuf messages mis en ligne en novembre 2010). On pourra noter qu'à l'intérieur de ces parcelles consécutives à une étape du remembrement (mais c'est également vrai sur le plan définitif où aurait dû être retracé le dernier avatar), toute trace de haie ou de fossé a disparu (même les douves, ce qui est un comble s'agissant d'un monument historique classé !). Est-il utile que j'indique que, de mon point de vue, ce plan, ainsi laminé, constitue de fait un encouragement à faire disparaître toute haie du bocage environnant, un "pousse-au-crime" bien inutile en l'état des mœurs de certains agriculteurs peu enclins, à l'évidence, à défendre la beauté des sites ?

Deuxièmement, le plan qui était en vigueur juste avant ce remembrement. Sur cet extrait, le Nord est en haut à gauche. Là, le géomètre avait encore respecté les limites des parcelles traditionnelles.

Cadastre en vigueur jusqu'au début des années 1990.

L'allée principale y était clairement représentée et l'on voit même que, curieusement pour qui a connu les lieux depuis quelques décennies, elle s'infléchissait sur la droite entre les anciennes parcelles 27 et 29, avant, semble-t-il de longer, au niveau de l'avant-cour du manoir, le mur de la chapelle au manoir. Ce plan avait en outre l'intérêt de représenter la charretterie dans son emprise d'origine (à côté du 12) ainsi que des bâtiments aujourd'hui démontés ou même disparus (en particulier le fournil de la cave, le bûcher de l'arrière-cour du manoir - près du 15 -, ou des granges diverses à proximité de la ferme). Ce plan montre également le circuit des douves dans son état des années 1950, avec l'arrivée de l'eau à l'angle Sud-Est des douves, une première sortie en limite Sud de la parcelle 9 et une sortie importante au Nord de la parcelle 8.

Troisièmement, voici un plan datant, semble-t-il, du milieu du XIXème siècle, tel que Nicolas GAUTIER l'avait copié je ne sais où :

Le plan cadastral qui devait être en vigueur dans la seconde moitié du XIXème siècle.

Sur l'allée principale, il ne nous apprend pas grand chose, sauf peut-être qu'avant de déboucher devant la cour du manoir, elle s'incurvait nettement dans l'avant-cour (où figurait une construction disparue - j'ai entendu parler d'une forge, on l'aperçoit d'ailleurs sur certaines cartes postales du début du XXème siècle, cf photothèque -). Ce plan du XIXème siècle nous montre surtout en quoi consistait alors le circuit des douves, avec un arrivée fraîchement creusée au Sud-Est du manoir ainsi q'une sorte de canal recourbé selon les lignes du terrain au Nord-Ouest. Je signale également que n'apparaît pas sur ce plan le bâtiment Nord, ce que semble contredire un témoignage reçu récemment en "Sujets divers" sur ce site internet (à propos d'un cadran solaire daté de 1815 et aujourd'hui disparu).

Quatrièmement, le plan dit "du cadastre napoléonien", copié ici par Nicolas GAUTIER sur l'original conservé aux archives départementales à Alençon :

Copie par Nicolas GAUTIER du plan dit "du cadastre napoléonien", datant en fait de 1824.

Si cette copie est exacte, la principale information que j'y découvre tient au fait qu'avant de franchir la douve Sud, l'allée principale passait entre deux petites parcelles qui me semblent témoigner de la présence très ancienne, à cet endroit, de deux pavillons d'entrée ou d'un châtelet. Apparemment, ces constructions avaient déjà disparu à l'époque de ce plan mais on en conservait encore la mémoire. Quant aux douves, l'on voit qu'il en restait un bout derrière la charretterie et l'on a confirmation de l'implantation de leur ancienne arrivée d'eau, un circuit que j'ai fait recreuser dès 1991.

P.S. du 26 novembre 2010 : il semble que la copie par Nicolas GAUTIER du "plan cadastral napoléonien" (en fait, plan de 1824) comporte des erreurs. Je signale que je donne aujourd'hui la bonne version de ce plan dans un message édité sous l'onglet "Sujets divers".
Projets relatifs aux douves (2/10) :

Il me semble que le plus simple, pour présenter les travaux à effectuer sur les douves, est de nous promener au fil de l'eau.

Je me propose donc de rédiger une suite de messages qui seront consacrés, les uns après les autres :
- au bief amont, qui se trouve à 500 mètres environ au Sud-Est du manoir, sur le cours du Beaudouët ;
- au canal d'alimentation des douves, qui commence à une bifurcation du bief amont et finit au milieu de la douve Sud ; ce canal a donc plus de 500 mètres de long et nous examinerons ses trois sections, notamment son débouché dans la douve Sud où l'érosion a beaucoup détérioré les terrassements de 1991 ;
- au mur Ouest de la douve Sud, qui a donc déjà été restauré en 2007-2008 ;
- au mur d'escarpe, long de 130 m et représentant 500 m3 de maçonnerie, qui retient les terres du Pournouët le long de la douve Est ;
- au mur Ouest de la douve Nord, dont la restauration, dont je montrerai l'urgence, est d'ores et déjà programmée pour les prochains mois ;
- au bief aval, qui se trouve au coude entre la douve Est et la douve Nord et qui devrait comporter de nouveau un dispositif de barrage pour permettre à l'eau de monter dans les douves ;
- au canal de sortie des douves, long de quelques dizaines de mètres avant sa jonction avec le lit du Beaudouët.

Je rappelle que le Beaudouët (ou Choisel) est un ruisseau affluent de l'Egrenne au lieu-dit Gué-Viel, un nom qui désigne à l'évidence un vieux gué. Comme expliqué à l'onglet "Histoire" de ce site internet, je suis d'avis que c'est ce vieux gué qui a justifié l'implantation d'un manoir à la Chaslerie. Enfin, je signale que, pour l'administration, le Beaudouët est un "cours d'eau de première catégorie", ce qui signifie qu'il est considéré comme fréquenté par des salmonidés.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 6 Novembre 2010
Journal du chantier - Electricité - Terrassement - Archives, histoire, documentation - Désultoirement vôtre !
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Projets relatifs aux douves (9/10) :

Septième et dernière étape de notre promenade le long du circuit des douves de la Chaslerie, le canal d'évacuation (ou de sortie, comme on préfère).

Ce qu'on en sait de plus intéressant figure sur les anciens plans cadastraux, notamment le plan sous Louis XV et le plan napoléonien que j'ai communiqués ici le 30 octobre dernier. Dans mon esprit, il n'est pas question de remettre en état le lacis de canaux alors en fonctionnement. En particulier, la place de celui qui partait vers le Nord est désormais occupée par "l'allée du Beaudouët" que j'ai fait planter de hêtres dans la semaine précédant la tempête de 1999.

On m'a cependant signalé que, durant la seconde guerre mondiale, le fermier de l'époque avait fait installer à la sortie du bief aval un turbine destinée à produire son électricité. Il ne reste plus aucune trace de cette réalisation.

Juste avant les travaux de terrassement de l'été 1991, ce canal d'évacuation se trouvait dans l'état d'abandon habituel ici. Ces travaux ont donc consisté à redonner forme à ses flancs et à y déposer un gros tube de béton pour pouvoir le franchir sans peine :

Janvier 1992, vue transversale du canal d'évacuation des douves.

Le plan du géomètre explique la situation, qui n'a pas changé depuis lors :

Janvier 1992, plan du canal d'évacuation des douves de la Chaslerie.

On voit que ce canal a moins de 40 m de long avant que ses eaux ne retrouvent le Beaudouët, et que sa dénivellation est de l'ordre du mètre.

En voici deux photos contemporaines, l'une prise vers l'Est, à partir du bief aval. On y voit le passage pour tracteurs que j'y avais fait aménager en 1991. Il a bien résisté au temps :

7 novembre 2010, le canal d'évacuation vu du bief aval.

L'autre a été prise vers l'Ouest, pratiquement du lit du Beaudouët :

7 novembre 2010, le passage pour tracteurs au-dessus du canal d'évacuation.

Ce canal n'appelle donc pas de travaux particuliers, sauf le curage périodique de son lit.

Voici donc la fin de la promenade : vous vous étiez écarté du Beaudouët au niveau du bief amont, à une cote dont je ne trouve la mesure sur aucun des plans à ma disposition (ni sur Google Earth, dailleurs) , et vous le retrouvez ici, à la cote 130, soit quelques mètres plus bas. Et c'est d'ailleurs une particularité des alentours de la Chaslerie : tous les visiteurs peinent à croire, quand, de la terrasse du manoir, ils contemplent ce paysage, que le bief amont est bâti au-dessus du niveau du bief aval.

Maintenant, vous qui avez pris la peine de me lire depuis quelques jours, vous savez enfin tout (ou presque) sur les douves de la Chaslerie.

Vous pourrez donc briller dans les salons. Ou, mieux encore, quand vous viendrez m'aider à répondre aux questions des visiteurs réels du manoir, du moins les rares (???) d'entre eux qui n'ont pas encore la chance de connaître ce site internet !

Torchis (1/) :

J'ai emprunté à la "Médiathèque" de Domfront, sur la vive recommandation de la bibliothécaire, un très intéressant ouvrage, "La terre crue en Basse-Normandie, de la matière à la manière de bâtir", édité par le "centre régional de culture ethnologique et technique de Basse-Normandie".

J'y découvre une foule d'informations, très bien présentées et illustrées, qui m'éviteront bien des erreurs quand nous avancerons dans la restauration de l'appentis de la cave et de la "maison de Toutou". Et l'on sait que nous nous apprêtons à passer à l'attaque !

D'abord, un point de vocabulaire que j'ignorais, de sorte que je mélangeais toutes sortes de notions. Je cite :

"Le pisé, terre généralement graveleuse compactée à l'état humide par petits lits successifs dans un coffrage, est fréquemment utilisée en Auvergne et dans la région Rhône-Alpes.

L'adobe, brique de terre mélangée éventuellement à des végétaux, moulée dans des moules en bois et simplement séchée avant d'être maçonnée, est utilisée principalement en Champagne et en région Midi-Pyrénées.

Le torchis, mélange de terre et de végétaux, employé à l'état plastique en remplissage d'une structure bois, est assez répandu sur la partie nord de la France, de la Bretagne à l'Alsace en passant par l'Ain. Cette technique a également été utilisée dans le Sud-Est.

Et enfin la bauge, mélange de terre et de végétaux manié également à l'état plastique sans coffrage pour réaliser des murs massifs et porteurs - à la différence du torchis - se rencontre principalement sur la partie ouest de la France, depuis l'Aquitaine jusque dans l'Avesnois, avec deux épicentres dans le bassin de Rennes et au coeur des massifs du Cotentin."

Le bâti en terre en France.

Je lis un peu plus loin : "Le sud de la Manche et l'ouest de l'Orne constituent une zone de construction à pans de bois et torchis où plusieurs techniques cohabitent : le lattis simple, le lattis double et les éclisses. L'Avranchin présente généralement des techniques plus sommaires - avec seulement quelques poteaux espacés visibles - que celles rencontrées dans les environs de Domfront où les pièces de bois sont plus resserrées."

Répartition du bâti en terre en Basse-Normandie.

Donc, c'est très clair : à la Chaslerie, c'est de torchis exclusivement que nous devons parler.

La composition de la terre est ensuite expliquée de façon très pratique, en mettant l'accent sur le rôle de l'eau et des minéraux argileux, puisque "ce qui différencie la terre d'un mortier classique c'est que sa fraction la plus fine, argileuse, se mêle à l'eau pour jouer un rôle de liant naturel entre les particules. Cette particularité explique que la terre a souvent été utilisée comme mortier, pour maçonner les murs en pierre, sans qu'on ait eu besoin d'ajouter d'autres liants tels que chaux ou ciment."

Ceci, à la Chaslerie, on l'avait bien compris : toutes les pierres des murs, jusqu'au XXè siècle, y ont été montées à l'argile, ni plus, ni moins.

Il est donc important de comprendre la proportion d'argile que contient la terre qu'on se propose de mettre en oeuvre. A cet effet, divers tests simples sont proposés :

- "On mord une pincée de terre et on l'écrase légèrement entre les dents. Si la terre est sableuse, elle crisse avec une sensation désagréable. Si la terre est silteuse, le crissement n'est pas désagréable. Enfin la terre est argileuse si l'on éprouve une sensation lisse ou farineuse."

- "Essai sensitif : Prendre une petite quantité de terre sèche et la frotter à sec dans la paume de la main : une sensation abrasive indiquera une forte présence de sable et de silt. Mouiller petit à petit la terre : si elle dégage une odeur, c'est qu'elle contient des éléments organiques. Laver la paume de la main à l'eau : si la terre se lave facilement et ne colle pas, la terre est sableuse ; si la terre colle et se lave difficilement, la terre est silteuse ; si la terre colle beaucoup, se nettoie difficilement en laissant des traces de coloration et une sensation 'savonneuse', la terre est argileuse."

- "Sédimentation : Dans un récipient transparent d'au moins 0,5 l, mettre 1 volume de terre débarrassée des éléments les plus grossiers et 3 volumes d'eau. Agiter vigoureusement le récipient fermé. Laisser décanter le mélange sur une surface horizontale pendant une heure. Agiter de nouveau le mélange et le laisser décanter. Mesurer huit heures après la hauteur du dépôt ainsi que les hauteurs des différentes couches de sédiments qui se sont déposés en fonction de leur gravité : les sables au fond, puis les silts et les argiles en couches supérieures (...)."

- "Test de résistance à sec : Mouler dans un cercle de plastique une pastille de terre de 3 cm de diamètre sur 1 cm d'épaisseur. Laisser sécher et observer le retrait par rapport au moule. Retrait et fissures sont le signe d'une terre riche en argile. Casser la pastille pour observer la résistance : difficile à casser avec un claquement à la rupture, la terre est argileuse ; difficile à casser mais sans trop d'effort avec possibilité de réduire en poudre entre pouce et index, la terre est sablo-argileuse ; facile à casser et à réduire en poudre, la terre est sableuse ou silteuse."

- "Test du cigare : Débarrasser l'échantillon des éléments grossiers. Mouiller et malaxer la terre de manière à obtenir une pâte homogène. Laisser la terre reposer 1/2 h au moins. Rouler la pâte de manière à obtenir un cigare de 3 cm de diamètre. Poser le cigare sur un plan horizontal et le faire avancer dans le vide jusqu'à sa rupture. Mesurer la longueur du morceau de cigare tombé. Recommencer le test plusieurs fois pour pouvoir valider le résultat : moins de 5 cm, la terre est très sableuse, plus de 15 cm, la terre est très argileuse ; entre 5 et 15 cm, la terre est sablo-argileuse."

Je vous encourage à réaliser ces tests comme nous allons nous y employer de notre côté, bien que je n'aie pas beaucoup de doute sur le caractère très argileux de la terre de la Chaslerie : il suffit de voir les retraits sur le sol de terre battue de la charretterie, alors pourtant que cette terre avait été mélangée à du gravier.

Je serai certainement amené à citer de nouveau ce remarquable ouvrage lorsque nous commencerons à compléter de torchis les colombages des deux dépendances de la cave que j'ai évoquées au début de ce message.
Inventaires révolutionnaires de la Chaslerie (1/2) :

En rangeant de vieux papiers, je retrouve des documents relatifs à la Chaslerie à l'époque de la Révolution.

Le premier indique les fermes de La Haute Chapelle qui étaient alors la propriété du dernier seigneur de la Chaslerie, Louis-Marie de VASSY, alors émigré :

Les terres à La Haute Chapelle du dernier seigneur de la Chaslerie avant la Révolution.

Le deuxième donne les noms, alors, des différentes pièces de terres dans les parages immédiats de la Chaslerie :

Les noms, juste avant la Révolution, des parcelles les plus proches de la Chaslerie.

C'est moi qui, aux archives départementales de l'Orne, ai recopié ces noms sur la copie dont je disposais du plan dit "cadastral napoléonien" (copie d'ailleurs inexacte comme je l'ai découvert le 25 novembre 2010, ainsi que relaté, sous cet onglet des "Sujets divers", dans un message du lendemain). Mon écriture est hélas peu lisible, même pour moi. Je déchiffre cependant, du Nord au Sud, les noms de parcelles suivants : le pré de l'herbage, le huteriau (lande), le huteriau (labour), le grand champ, le petit champ, la retenue, la pépinière, la saussaie (taillis), le ratouet, le jardin, le plant (pâture), la basse cour, le jardin du logis, la palissade, le canard (pré), la longe (pré), le champ de la pierre, le bout du pré (pâture), la barre (jardin), la barre (terre), le petit pré, le pré, la petite lande (lande), l'allée, le bois de la vallée (labour), le bois de la vallée (lande), la lande de l'allée (lande), le bignon (labour), la petite halousière (labour). Il faudrait cependant que je me renseigne sur le sens de certaines de ces appellations.

Les troisièmes sont les inventaires proprement dits des terres jouxtant le manoir, dressés en 1793 (les 26 et 28 prairial de l'an deuxième de la République Française). Ces documents ont été retranscrits, également aux archives départementales de l'Orne (où ils sont conservés sous la cote 1 Q 1020, liasse 42), en 1997 par Patrick DELAUNAY, alors président de l'"Association des amis du manoir de la Chaslerie". La "retenue de la Chaslerie" devait en effet être vendue comme bien national, et l'on dispose ainsi d'un recensement des principaux arbres de ces parcelles et des servitudes qui grevaient alors celles-ci :

L'inventaire révolutionnaire de la retenue de la Chaslerie en 1793.

L'inventaire révolutionnaire de la retenue de la Chaslerie en 1793.

L'inventaire révolutionnaire de la retenue de la Chaslerie en 1793.

Je relève là nombre d'informations dont plusieurs inédites :
- une description du logis ("Premièrement la maison manable") démontrant que le grand salon et la pièce au-dessus étaient chacun divisés en deux ;
- l'indication que le bâtiment Nord existait déjà (ce qui, soit dit en passant, semble contredire la copie par Nicolas GAUTIER du plan cadastral napoléonien, telle que mise en ligne, sous l'onglet "Journal du chantier" le 30 octobre dernier), avec des caves au rez-de-chaussée et des greniers au-dessus ;
- l'affirmation que le bassin monolithique au centre de la cour était alimenté en eau par des tuyaux le reliant à une source du Tertre Linot ;
- le fait que l'allée principale du manoir était qualifiée d'avenue et comportait "deux rangs d'arbre au couchant" sans que rien ne soit précisé pour le levant ;
- l'information que des bouleaux, des sapins et des sycomores étaient plantés à proximité du manoir ; que de nombreux arbres fruitiers avaient été plantés du côté de la ferme ainsi qu'à l'Est du manoir ; que de nombreux arbres adultes étaient présents aux alentours du manoir, 45 chênes, 6 hêtres et un orme ;
- la description de la ferme comportant la demeure du fermier, alors dénommé SELLIER, et, à son extrêmité (sans doute au Nord), une cave avec un "toît à porc et grenier dessus", ainsi que des trois dépendances de la ferme, à savoir deux granges (aujourd'hui disparues mais dont on conserve la photo, cf la "photothèque" du site) et le fournil dont les maçonneries ont été restaurées en 2010 ;
- la certitude qu'il y avait alors un ancien étang à l'Est du manoir, ce dont je me doutais en raison de la topographie et de la présence de nombreux ajoncs, sans en avoir encore trouvé la preuve.
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Jeudi 25 Novembre 2010
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J'ai passé une bonne partie de l'après-midi aux archives départementales de l'Orne. La moisson a été bonne. En particulier, j'ai pu photographier tous les inventaires révolutionnaires relatifs aux biens de l'"émigré Vassi".

Mais il va me falloir un peu de temps avant de mettre en ligne divers de ces documents.

Pour vous permettre de patienter, je vous propose un nouvel intermède de danse, celui-ci à inspiration météorologique car, pour la première fois de l'année, il a neigé aujourd'hui sur la Chaslerie.

Lors de ma visite, hier, aux archives départementales de l'Orne, j'ai pu discuter avec M. Jean-Claude MARTIN, qui y est chef de service, et nous avons évoqué la possibilité qu'un étudiant de Caen consacre une année d'études à trier les documents relatifs aux LEDIN dans ses dépôts où ils demeurent souvent inexploités.

J'ai pu "capter" sur écran et faire imprimer des extraits du document que l'on appelle abusivement "cadastre napoléonien" car il date en fait de 1824.

Voici d'abord une vue d'ensemble de la partie de la "section A de la Renaudière" où figure la Chaslerie :

Extrait du "cadastre napoléonien" de 1824.

Ce premier extrait nous apporte les informations suivantes, relatives à la Chaslerie en 1824 :

- la douve franchissait alors ce que j'appelle "l'allée principale" (et que les inventaires révolutionnaires qualifient plus justement d'"avenue" ; dorénavant, je parlerai donc, moi aussi, d'avenue) ; cette avenue tournait au bout d'environ 500 mètres vers le Tertre Linot et le bourg de La Haute Chapelle, comme c'est toujours le cas aujourd'hui ;

- au fond de la cour du manoir, le bâtiment Nord se trouvait déjà à l'emplacement que nous lui connaissons ; ceci corrobore l'idée qu'il aurait été édifié ou réédifié en 1815, ainsi qu'un visiteur du site, spécialiste de cadrans solaires, nous l'a appris ici le 3 octobre dernier ;

- le canal d'alimentation des douves suivait le parcours que j'ai rétabli en 1991, notamment au niveau de l'arrivée dans les douves ; en revanche, le canal de sortie partait de plus à l'Ouest qu'actuellement (ceci témoigne du caractère relativement récent du bief aval actuel ; le fait est que la maçonnerie est d'un tout autre appareil que le mur d'escarpe, manifestement beaucoup plus ancien) ; il n'y avait pas de canal vers le Nord, parallèle au Beaudouët, contrairement à ce qu'a retranscrit Nicolas GAUTIER il y a une bonne quinzaine d'années (voir mon message du 30 octobre dernier sous l'onglet "Journal du chantier" ; je me demande donc où Nicolas avait trouvé le plan qu'il avait alors copié, à moins qu'il n'y ait eu erreur de sa part, ce qui paraîtrait surprenant ; il y a un mystère pour moi là-dessous...) ;

- dans l'arrière-cour, il y avait deux petites constructions accolées au mur qui va du manoir au fournil ; or, je me suis toujours demandé d'où venaient les deux niches rectangulaires que l'on aperçoit du côté Est de ce mur : ce sont très certainement les traces de fenêtres de ces petits bâtiments ;

- sur la cave, un appentis était accolé côté Nord-Est ; le fait est qu'il en reste la cicatrice, un désordre dans la maçonnerie à l'angle Nord-Est de la cave ; je m'étais toujours demandé la raison de ce désordre ; elle est donc trouvée ; comme je n'avais pas su interpréter cette bizarreté, j'ai fait restaurer, il y a une quinzaine d'années, l'appentis de la cave côté Ouest ; je souhaitais en effet qu'il ne soit pas visible de l'avant-cour ; en outre, je voulais percer deux petites ouvertures sur le pignon Est de ce bâtiment, ce qui fut fait ;

- du côté de la ferme, on aperçoit bien le fournil ; en revanche, on lit que l'extension Sud n'avait pas du tout la forme que nous lui connaissons aujourd'hui ; ce n'était pas davantage un prolongement de la longère ; à l'arrière de la longère, côté Ouest, il y avait un appentis ; c'est là que mes prédécesseurs avaient édifié l'affreux garage en parpaings et schingle que j'ai évidemment fait raser ;

- en ce qui concerne les dépendances en colombages, on ne voit sur ce plan trace ni d'un édicule dans l'avant-cour (la forge ?), ni de la porcherie dans l'arrière-cour (que j'ai fait démonter peu après 1991, tant elle était en mauvais état), ni de diverses granges autour de la ferme, dont témoignent le plan cadastral en vigueur vers 1950 et de vieilles photos ; en revanche, la grange à l'Ouest du manoir était déjà là (j'ai dû la faire démonter dès 1991, elle aussi était en trop mauvais état pour être restaurée directement).

Sur ce même plan (les extraits suivants ne sont pas à la même échelle que le précédent, ceci par les mystères de la technique...), je relève également que :

- à la Renaudière, il y avait des douves, une sorte de Pournouët bis ; il faudra que j'aille me promener par là-bas pour voir ce qu'il en reste désormais :

La Renaudière en 1824.


- à la Foucherie, il y avait également, semble-t-il, en 1824, des traces de pièce d'eau ; il faudra que je retourne voir les frères BAGLIN pour tâcher de retrouver l'emplacement de cette pièce d'eau ; à la Foucherie aussi, on voit que l'un des bâtiments présents en 1824 était une grange que j'ai fait démonter, il y a une douzaine d'années, pour en récupérer les pierres :

La Foucherie en 1824.


- à la Thierrière (la maison de la mère de Maxime), le bâtiment le plus important était en 1824 la grange que j'ai aussi fait démonter, celui-ci l'an dernier, pour en récupérer les pierres et quelques bois de charpente :

4 janvier 2009, la grange dont la mère de Maxime m'a vendu les pierres et la charpente.

4 janvier 2009, la grange de la Thierrière en cours de démontage.

Pour terminer ce message, je voudrais donner une bonne nouvelle à tous ceux qui s'intéressent aux vieux papiers sur La Haute Chapelle : les photos de plans qui illustrent ce message sont de mauvaise qualité, c'est moi qui les ai prises hier ; elles sont en outre limitées dans leur champ ; or, le plan de 1824 devrait être directement accessible en ligne, dans son intégralité, d'ici un mois environ. C'est en tout cas ce qu'on m'a dit hier à Alençon.
Voyons en quoi a consisté ma récolte aux archives départementales de l'Orne, en plus du plan cadastral de 1824 que j'ai déjà commenté hier matin.

J'ai trouvé les documents archivés sous la cote 1Q 1020 liasse 42, c'est-à-dire les inventaires des biens immeubles (documents dont je fournis ici la photo des premières pages) :

- de la "retenüe de la Châlerie", "provenant de l'Emigré Vassy bressé", en 6 pages :

Inventaire révolutionnaire de la "retenüe de la Châlerie".

- de la "ferme de la Châllerie", en 6 pages :

Inventaire révolutionnaire de la "ferme de la Châllerie".

- de la "prairie de la Châlerie", de "l'Emigré Vassi", en 6 pages :

Inventaire révolutionnaire de la "prairie de la Châlerie".

- de la "ferme de la Tierrière (...) appartenante cy-devant à l'Emigré Vassy (...) faitte valloir par Loüis Blanchetierre", en 4 pages :

Inventaire révolutionnaire de la "ferme de la Tierrière".

- de la "ferme de la Guerche (...) louée par l'émigré Vassi", en 6 pages de très mauvaise qualité et qui ont bu l'encre ::

Inventaire révolutionnaire de la "ferme de la Guerche".

- de la "ferme du Tertre Linot (...) provenant de l'Emigré Vassi et loüée avec la ferme de la Guerche aux citoïens Sablerie (?)", en 4 pages ::

Inventaire révolutionnaire de la "ferme du Tertre Linot".

- de la "ferme de la Guiardiére (...) appartenante cy-devant à l'Emigré Vassy de Bressey et faite valloir par le citoïen Jean Grippon" (sic, sans doute un ancêtre de Roger GRIPPON qui a exploité cette ferme jusqu'à ces derniers mois...), en 12 pages ::

Inventaire révolutionnaire de la "ferme de la Guiardiére".

- de la ferme du "Bois Tillard (...) provenant de l'Emigré Vassi Bressé et louée à Siméon le Sellier", en 6 pages :

Inventaire révolutionnaire de la ferme du "Bois Tillard".

Bien entendu, je tiens les photos de toutes ces pages à la disposition de ceux qui me les demanderaient (je les enverrais par courriel).

A signaler que les transcriptions des trois premiers documents ont été fournies ici, dans un message du 21 novembre dernier.

Lors d'une prochaine intervention, je traiterai des inventaires des biens meubles.
Les archives départementales de l'Orne conservent, sous la cote 1 Q 1052, deux inventaires révolutionnaires des biens meubles de la Chaslerie.

Le premier document est un constat établi à la suite d'une dénonciation. Voici la photo de la première des cinq pages de ce document, écrit sur un papier timbré de la fleur de lys entourée de l'inscription "La Loi" :

Première page de l'inventaire du 5 août 1792".

Et voici sa transcription :

Le second document est un inventaire du 15 septembre 1792, dressé en vue d'une "vendue" :

Et voici sa transcription :

Je retiens que, selon ces deux documents, il ne restait plus de meubles de valeur à la Chaslerie dès cette époque, à l'exception peut-être des ornements de la chapelle.

Je remarque également que le fermier GOUPIL qui occupait alors le manoir avait une belle signature, témoignant de son instruction.
Aux archives départementales de l'Orne, Jean-Claude MARTIN a attiré mon attention sur deux documents qui viennent d'entrer dans ses collections.

Il s'agit de deux pièces d'un procès qui opposa, apparemment en 1667, les religieux de Lonlay au seigneur de la Chaslerie.

Le premier document comporte dix pages. En voici la première :

Le second tient sur la seule page suivante :

Il semble qu'il y soit question d'une contestation sur le "droit de présentation" à l'église de La Haute Chapelle, entre les religieux de Lonlay et Jacques LEDIN à qui, selon l'"Histoire" rapportée par ce site, ils venaient de vendre la seigneurerie de La Haute Chapelle.

Hélas, je peine beaucoup à déchiffrer ces manuscrits. L'écriture en est fleurie d'arabesques et de volutes très particulières, comme le montre par exemple la dernière page du premier document :

Donc, si un visiteur du site se sentait le talent d'un paléographe, je lui serais reconnaissant de se faire connaître pour que je lui communique les autres pages, en vue d'une transcription.
Peu après mon acquisition de la Chaslerie, j'avais fait la connaissance de Jean de VALLAMBRAS, demeurant à Passais-la-Conception, décédé depuis lors, qui m'avait aimablement communiqué l'extrait suivant, assez pittoresque ma foi, des registres paroissiaux de la commune de la Coulonche :

Heureuse époque où l'on savait traiter ses amis avec tant d'égards !
Ce matin, dans le prolongement de mon premier message du 26 novembre, je suis allé me promener à La Haute Chapelle pour voir si je retrouvais la trace des douves indiquées chez des voisins sur le plan cadastral de 1824.

D'abord à la Foucherie :

29 novembre 2010, le manoir de la Foucherie à La Haute Chapelle.

J'aime beaucoup l'élégante échauguette de ce manoir :

29 novembre 2010, l'échauguette du manoir de la Foucherie.

Patrick et Michel BAGLIN m'ont très aimablement accueilli et offert l'apéritif :

29 novembre 2010, les frères BAGLIN devant la Foucherie.

Avec Patrick, je suis allé voir où étaient les douves, derrière le manoir. En fait, elles ont disparu il y a longtemps. Patrick m'a indiqué que, dans son enfance, la trace en était encore visible grâce à une ligne de peupliers. Il y avait aussi, là, de vieilles pales de moulin, en bois. Mais il a fallu faire place nette pour construire un bâtiment agricole.

J'ai ensuite poussé jusqu'à la Renaudière. Je n'y ai trouvé personne. J'ai cependant jeté un coup d'oeil à l'arrière du bâtiment. Là encore, les douves se sont en quelque sorte fondues dans le paysage. Il semble qu'elles aient été remplacées par une clôture de barbelés.
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Lundi 29 Novembre 2010
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Muni du recueil sur les LEDIN qu'avait préparé Patrick DELAUNAY en 1997 (voir à l'onglet "Repères bibiographiques" de ce site) car il me donnait les cotes de documents à retrouver, je suis retourné dans l'après-midi aux archives départementales de l'Orne. J'ai bien sûr buté sur les parchemins anciens, pratiquement illisibles pour moi. Mais, une nouvelle fois néanmoins, la moisson a été excellente. Notamment grâce au "fonds Durand de Saint Front". Je mets donc de l'ordre dans mes nouvelles photographies, puis je reviens vers vous.

En attendant, conformément à nos habitudes désormais connues, je vous propose un troisième interlude de danse.

Installé à Paris à l'enseigne Saint Hélion au milieu du siècle dernier, Jean DURAND de SAINT-FRONT faisait commerce de vieux papiers. Ce proche parent du peintre MARIN-MARIE, allié aux COUPPEL donc aux LEDIN, avait notamment pour client Henri LEVEQUE, le père de mon vendeur, ainsi que le prouve la lettre suivante que j'ai retrouvée dans un classeur que, fort heureusement, mes prédécesseurs avaient laissé à ma disposition lorsque je suis entré dans les lieux :

Lettre de Jean DURAND de SAINT-FRONT à Henri LEVEQUE.

Saint Hélion a ainsi vendu, donc dispersé, nombre de documents issus du chartrier de la Chaslerie, ce qui est fort regrettable pour la compréhension de l'histoire du manoir. Il reste cependant, aux archives départementales de l'Orne, un dossier intitulé "fonds Durand de Saint-Front", rangé sous la cote 80J7, dans lequel on retrouve un certain nombre de chemises consacrées à diverses familles nobles du bocage. La chemise la plus épaisse est relative aux LEDIN. J'ai commencé à la consulter hier et à prendre la photo des documents qui, à mes yeux de profane, sont apparus à la fois lisibles et intéressants.

Ce message traitera de questions d'héraldique, un domaine où je suis parfaitement incompétent mais qui peut produire de jolies images.

Voici, pour nous remettre en jambes, l'écu des LEDIN en noir et blanc ; c'est une gravure qui doit, comme les documents anciens suivants de ce message, dater du XVIIIè siècle. Les rayures horizontales représentent le bleu ("azur") et les petits points, l'"or" :

L'écu des LEDIN.

Dans le fonds Durand de Saint-Front, j'ai trouvé également les 4 feuilles suivantes que je vous laisse découvrir (la première photo représente la seule feuille dont le verso est vierge).

Première feuille (appelons cette photo la photo A). Elle retrace, de bas en haut, la généalogie des LEDIN, de Pierre II LEDIN à François LEDIN et à ses frères et soeurs :

Recto d'une première page manuscrite d'héraldique du fonds Durand de Saint-Front (il n'y a rien sur le verso).

Pour arriver à déchiffrer cette première feuille, mieux vaut s'aider du document suivant, tiré du recueil de Patrick DELAUNAY :

Deuxième feuille, recto (photo B). Il s'agit des armes composées d'un LEDIN qui avait, dans son ascendance, des représentantes des familles d'ORGLANDES, MUSTEL du BOSC-ROGER, LE VERRIER, ROGER de COLLIERES, CORMIER de la BINDELLIERE, de MARGUERIT et HEBERT (les indications au crayon ont été portées, manifestement, par un collaborateur du marchand Saint Hélion, désireux de proposer ces vieux papiers à des descendants en vie des familles concernées...) :

Recto d'une deuxième page manuscrite d'héraldique du fonds Durand de Saint-Front.

Le premier à être dans ce cas fut Charles-Claude LEDIN, comme il ressort de ce second document, suite du premier, tiré du recueil de Patrick DELAUNAY :

Deuxième feuille, verso (photo C). On dirait qu'ici, le dessinateur des armes précédentes s'est entraîné à en représenter quelques motifs, dont une herse et une rose :

Verso d'une deuxième page manuscrite d'héraldique du fonds Durand de Saint-Front.

Troisième feuille, recto (photo D). Là, c'est l'apothéose, le dessinateur nous présente, en plus des précédentes, les armes des ancêtres des ascendantes. On trouve ainsi les BROON (famille du connétable du GUESCLIN) chez les ROGER de COLLIERES :

Recto d'une troisième page manuscrite d'héraldique du fonds Durand de Saint-Front.

Troisième feuille, verso (photo E). On pourra se demander longtemps ce que fabrique ici un éléphant...

Verso d'une troisième page manuscrite d'héraldique du fonds Durand de Saint-Front.

Quatrième feuille.jpg, recto (photo F). Enfin, l'interprétation par Saint Hélion des armes présentées par l'ange ci-dessus :

Verso d'une quatrième page manuscrite d'héraldique du fonds Durand de Saint-Front.

Quatrième feuille, verso (photo G):

Verso d'une quatrième page manuscrite d'héraldique du fonds Durand de Saint-Front.

Bien entendu, tous ces écus évoquent pour moi ceux qui étaient peints jadis sur la voûte de la chapelle de la Chaslerie, au-dessus des noms des "pièces rapportées". Ces dessins du fonds Durand de Saint-Front et ces écus de la chapelle ont de bonnes chances d'être contemporains. En tout cas, ils témoignent, les uns comme les autres, de la volonté tenace de la famille LEDIN de manifester l'ancienneté et la qualité de sa noblesse. C'est là un débat sur lequel on aura l'occasion de revenir. On le fera très bientôt, grâce notamment aux documents retrouvés aux archives départementales de l'Orne.
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mercredi 1er Décembre 2010
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Ce matin, en rentrant tôt de Paris, j'ai fait étape à Alençon, aux archives départementales de L'Orne.

J'étais là dès l'ouverture, à 8 h 30 du matin. Mais il m'a fallu attendre 9 h 45 pour pouvoir consulter les premiers documents, le temps que le préposé aille chercher les classeurs sur les étagères. Ensuite, on n'a le droit de le déranger que 3 fois au maximum par demie heure. Et il part déjeuner à midi pile, pour ne pas revenir, semble-t-il, avant 13 h 45. Bref, c'est plutôt laborieux de travailler à son rythme. Un thésard du professeur MORICEAU, qui effectuait là des recherches sur l'histoire de la culture du sarrasin, m'a dit qu'il en allait de même dans tous les services d'archives. Heureux archivistes, donc, qui vivent hors du temps ! J'ai repris la route de la Chaslerie juste après midi, loin d'avoir pu remplir le programme que j'avais eu l'audace de m'assigner.

En attendant que je trie cette nouvelle récolte, vous seriez déçus, je pense, que je ne vous propose pas un nouvel intermède de danse. Je le choisis particulièrement vigoureux et volontiers latino car il fait ici un froid de loup (-10° C ?) et j'aurais bien besoin de bouger de la sorte pour me dégourdir un peu...

Hey ! Mambo !