Archives, histoire, documentation

Lors du colloque sur "L'évolution des modes de preuve, du duel de Carrouges à nos jours" auquel j'assistais hier (et où j'ai remarqué la qualité exceptionnelle, entre autres, de l'exposé de M. Yves MAUSEN sur "la charge de la preuve : 'editio' et 'fauor rei'"), le hasard m'a placé à table à côté de M. Franck MAUGER, professeur d'histoire en classes préparatoires au lycée Malherbe de Caen, dont j'ai ainsi fait la connaissance.

M. MAUGER, originaire de Lonlay-l'Abbaye, connaît très bien la Chaslerie et m'a dit apprécier mes travaux de restauration et en visiter régulièrement le chantier. Je lui ai rapidement fait part de mon opinion négative, en l'état de mes propres recherches d'amateur débutant, sur les études prétendument historiques consacrées, depuis CAILLEBOTTE, aux LEDIN. M. MAUGER m'a affirmé que j'avais tort de m'attacher à défendre les prétentions des anciens propriétaires de la Chaslerie à une noblesse antérieure au milieu du XVIè siècle, et ce d'autant plus que cette famille est désormais éteinte, point qui, manifestement, lui paraît important pour libérer la parole des historiens, ce qui ne me rassure pas vraiment ; selon lui, des archives de la Cour des aides de Rouen témoignent que l'affaire avait été jugée, négativement pour les LEDIN, ce qui serait corroboré par l'opinion de d'HOZIER en plus d'autres documents conservés à la Bibliothèque Nationale. J'ai répondu que je savais les faux-fuyants, omissions et partis pris dont sont hélas capables des institutions comme la Cour des Comptes, de sorte que, par expérience personnelle, j'ai de sérieuses raisons de ne pas toujours attacher le plus grand crédit à leur point de vue ; mais, ai-je ajouté, je ne verrais que des avantages à ce que remontent à la surface les documents cités par mon interlocuteur, mon dialogue à ce sujet avec le Professeur MORICEAU de Caen m'ayant fait comprendre que j'aurais du mal à mobiliser des étudiants en maîtrise d'histoire. J'ai donc engagé M. MAUGER (ou ses amis historiens) à intervenir sur notre site favori.

Quoi qu'il en soit, j'ai été intéressé d'apprendre qu'en plus de mon interlocuteur, le Domfrontais était le berceau de nombre d'historiens contemporains de qualité comme Mme Elisabeth DENIAUX, professeur d'histoire antique à Paris-Ouest et fille d'un ancien notaire de Lonlay, ou M. Alain CORBIN, spécialiste d'histoire contemporaine, professeur à la Sorbonne et fils d'un ancien médecin de Lonlay, en plus de M. Pierre SINEUX, historien antique , originaire de Saint-Georges-de-Rouelley, que j'avais déjà repéré puisqu'il est le président de l'université de Caen-Basse-Normandie, donc mon président actuel.

P.S. : M. MAUGER est d'accord avec moi sur deux autres idées :
- la présence d'un vieux gué, le Guéviel, à proximité de la Chaslerie est un indice probant (comme disent les juristes) de la préexistence, à la Chaslerie, d'un ancien manoir, antérieur à celui que nous connaissons ;
- il y a tout lieu de déplorer que le gisant de Notre-Dame-sur-l'Eau ne me soit pas confié en dépôt pour être exposé à la chapelle de la Chaslerie, à charge pour moi de le restaurer à mes frais.
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Lundi 15 Avril 2013
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation - Pouvoirs publics, élus locaux
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A propos de l'instauration de la Terreur, Antoine THIBAUDEAU, témoin engagé de ces funestes événements, a écrit que ce fut un état de choses : "sa marche, malgré sa rapidité, ne fut que progressive. On y fut successivement entraîné".
Prenons garde qu'avec le réveil des Saint-Just les plus frelatés, le pays ne s'aventure rapidement sur des voies également dangereuses.

Suivez le guide ! Je vous emmène au château de Beauregard, à côté de Blois !

11 mai 2013, au château de Beauregard.

J'ai vu là des plafonds à la française qui m'ont fait rêver...

Dans la "galerie des portraits", longue de 26 mètres et large de 6, Paul ARDIER, ancien trésorier de l'Epargne (c'est-à-dire ministre des finances) de trois rois dont Henri IV, a fait peindre le plafond avec de la poudre de lapis-lazuli (qui valait à l'époque 7 fois le prix de l'or). On connaît les noms des peintres, Jean MOSNIER et son fils Pierre, artistes blésois alors renommés et dont on retrouve les œuvres à Cheverny (plafond de la salle des gardes) et à Paris, à la chapelle du Val-de-Grâce et au Palais du Luxembourg :

11 mai 2013, dans la "galerie des portraits" de Beauregard.

11 mai 2013, dans la "galerie des portraits" de Beauregard.

11 mai 2013, dans la "galerie des portraits" de Beauregard.

Ce serait là un modèle beaucoup trop somptueux pour la restauration des plafonds du rez-de-chaussée de la Chaslerie. Mais l'époque est la bonne. Donc allons voir dans les pièces voisines...

Dans la bibliothèque, qui a remplacé au XIXè siècle un jeu de paume, je ne suis pas sûr que les peintures des plafonds soient très anciennes :

11 mai 2013, dans la bibliothèque de Beauregard.

Mais, dans le "cabinet des grelots" qui jouxte la bibliothèque dans une tour, les boiseries furent commandées par Jean du THIER, secrétaire d'Etat du roi Henri II, à Scibec de Carpi, ébéniste du roi qui réalisa également les lambris de la galerie François 1er à Fontainebleau et le plafond de la chambre d'apparat d'Henri II au Louvre. Hélas, son plafond de Beauregard fut décapé au XIXè siècle :

11 mai 2013, le plafond du "cabinet des grelots" de Beauregard.

La peinture du plafond de la "salle Louis XIV" fut également réalisée pour Jean du THIER, mais pas en lapis-lazuli cette fois :

11 mai 2013, plafond de la "salle Louis XIV" de Beauregard.

Observons également les portes de cette salle Louis XIV, le recto...

11 mai 2013, une porte de la "salle Louis XIV" de Beauregard.

... et le verso, beaucoup plus simple :

11 mai 2013.

Enfin, terminons notre visite par un tour à la cuisine où l'on remarque une batterie de cuisine du XIXè siècle...

11 mai 2013, dans la cuisine de Beauregard.

... et un très beau mobilier massif :

11 mai 2013, dans la cuisine de Beauregard.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Jeudi 23 Mai 2013
Ferronnerie - Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation
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Bien que mon reportage au Portugal soit tronqué, voici quelques belles grilles observées à Guimaraes ou dans ses environs :

18 mai 2013, grille sur un clocher à Guimaraes.

Remarquez en particulier les deux personnages en haut de la grille et les têtes de dragons à ses angles...

18 mai 2013, autre grille du même clocher à Guimaraes.

Observez la qualité exceptionnelle de ces portes :

18 mai 2013, sas d'entrée dans un bâtiment religieux transformé en musée à Guimaraes.

Les mêmes sous un autre angle :

18 mai 2013, grilles à Guimaraes.

Il y a là de quoi en remontrer au meilleur forgeron de l'Orne ; les grilles de Carrouges n'ont qu'à bien se tenir !

J'ai également remarqué cette forme de barreaux de fenêtre dans un château voisin :

19 mai 2013, au

Mandatée par ERDF, l'entreprise flérienne Orn'Elagage vient de me faire signer l'autorisation d'élaguer les arbres situés à proximité des lignes électriques et d'abattre un vieux peuplier, mort cet hiver, qui me servait de paratonnerre en limite du "champ des nièces de Jeannette" (il y a quelques années, la foudre avait explosé son jumeau).

Au verso du document, je scanne les schémas suivants :

Distances minimales à respecter entre les arbres et les lignes électriques.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Jeudi 30 Mai 2013
Journal du chantier - Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation
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Compte tenu de la difficulté que j'éprouve à trouver des granits de la bonne couleur et de la bonne taille pour poursuivre la restauration de l'escalier du logis ou, dans la tour Louis XIII, du pavage de la future (?) chaufferie, je n'ai pas manqué d'admirer au Portugal la très grande qualité des dallages, murs, escaliers, entourages d'ouvertures, statues, pinacles et autres réalisés dans ce matériau.

Mon étourderie et mon faible goût pour la technique photographique, même numérique, ne m'ont pas permis de conserver la trace de toutes les merveilles que j'ai vues. Celles-ci démontrent la grande maîtrise technique séculaire des carriers, maçons, sculpteurs de granit dans ce pays ainsi que le goût très sûr et le sens de l'équilibre et des proportions des architectes intervenus sur les divers bâtiments visités.

Voici néanmoins quelques exemples :

- d'abord, un dallage de vieilles pierres tombales entrevu à Guimaraes, dans la chapelle Saint-Miguel où, selon la légende, fut baptisé le premier roi du Portugal, Alphonse 1er :

18 mai 2013, dans la chapelle Saint-Miguel de Guimaraes.

- un dallage dans les écuries du Solar de Mateus, d'un modèle analogue à d'autres observés à plusieurs endroits ; remarquez également l'étourdissante qualité des auges des chevaux :

19 mai 2013, dans les écuries du Solar de Mateus.

- la virtuosité d'un balcon baroque au premier étage d'un manoir dont le nom m'échappe ; notez également les gouttières en granit (c'est un pays où il pleut beaucoup, ce qui rend les paysages très verts, d'où le nom du vin local, le "vinho verde" qui, soit dit en passant, ne m'a pas conquis) :

19 mai 2013, balcon baroque.

- la taille considérable et la préciosité des pinacles qu'arbore généreusement le Solar de Mateus (les épis de faîtage de la Chaslerie sont battus à plate couture !) :

19 mai 2013, au Solar de Mateus.

- la finesse des détails d'un blason aperçu à ce musée de Guimaraes dont j'avais photographié la grille d'entrée (voilà sans doute de quoi laisser rêveur Pascal POIRIER qui eut tant de mal à sculpter la Sainte-Anne de la Chaslerie) :

18 mai 2013, blason de granit à Guimaraes.

(à suivre)
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Vendredi 31 Mai 2013
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Il est prévu que, dans le cadre d'un groupe d'amis du Domfrontais, je participe à l'organisation d'une journée de promenade, pique-nique inclus, pour une petite centaine de personnes, vers le début août 2014.

Comme je connais somme toute assez mal les propriétaires de vieilles pierres du secteur, j'envisage d'orienter la ballade vers le Sud Mayenne. Je me dis que le neveu de Carole, député du coin, pourrait nous aider à monter le programme. Surtout, je pense bénéficier là de l'expérience des V.M.F. de la Manche qui, sous la dynamique impulsion de Sinnika GALLOIS, viennent de s'y aventurer.

Justement, Guy HEDOUIN (dont toutes les groupies énamourées se demandent pourquoi il nous boude depuis si longtemps) m'a fait parvenir quelques photos de cette journée :

- le château de Bourgon à Montourtier :

Le château de Bourgon.

- la basilique d'Evron :

La basilique d'Evron.

- le château de la cour à Sainte-Gemmes-le-Robert :

Le château de la cour.

- le château de la Grande Courbe à Brée :

La Grande Courbe.

La Grande Courbe.

Il resterait à s'assurer que le format de cette promenade demeure compatible avec les contraintes de notre groupe, notamment en termes de distance par rapport à nos bases arrières.

Mais toutes suggestions, y compris dans des azimuts complètement différents, sont évidemment les bienvenues !

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Vendredi 7 Juin 2013
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Anne-Marie DESHAYES a eu la gentillesse de nous écrire qu'elle appréciait les photos du site.

Voici, spécialement pour elle et en attendant la suite, une photo d'une table que j'ai repérée au Portugal, dans le musée aux belles grilles de Guimaraes :

18 mai 2013, table typiquement portugaise.

Cette table est bien entendu en acajou du Brésil. Elle est typique en raison des torsades de ses entretoises de style manuélin.

Bien que notre groupe ait visité un certain nombre de monuments historiques privés du Nord de ce pays, nous n'avons guère vu de beaux meubles. La raison tiendrait aux pillages dont ces demeures ont fait l'objet à la suite de la révolution des œillets, pendant la période où le pouvoir était aux mains des communistes. Apparemment, il y a eu alors une phase assez pénible à vivre pour nos hôtes.

Cependant, certaines demeures ont été préservées, comme la Quinta de Santa Baia, modestement fondue dans le paysage viticole voisin et pleine de charme (au point que j'ai envoyé à Mr T. le S.M.S. suivant : "Avons trouvé lieu idéal pour voyage de noces" auquel, soit dit au passage, j'attends toujours la réponse).

20 mai 2013, Carole à la Quinta de Santa Baia.

20 mai 2013, comment s'abriter du soleil à la Quinta de Santa Baia.

Au Paço de Calheiros dont les collections semblent avoir été préservées, le Comte de CALHEIROS nous a expliqué, dans un brillant discours au français parfait, l'importance d'entretenir des relations de très long terme avec le voisinage : ainsi, son fils, un play-boy paraît-il très célèbre au Portugal et dont ce père élégant est à l'évidence assez fier, a commencé ses études à l'école du village ; notre hôte, dont les parents reposent dans une pièce voûtée attenante à la chapelle de son palais (nous ne serons donc pas les seuls à procéder de la sorte, le plus tard possible, à la Chaslerie), s'amuse d'avoir récemment été porté à la tête d'une association de chasseurs qui opèrent sur les vastes terres alentours dont sa famille fut spoliée il n'y a pas si longtemps.

Salon pour les hôtes de passage au Paço de Calheiros.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 8 Juin 2013
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Nous voici bientôt rendus au terme de notre promenade au Portugal (du moins des souvenirs photographiques que j'en ai gardés). Notre dernière visite ici sera pour les jardins du Solar de Mateus :

19 mai 2013, au Solar de Mateus.

19 mai 2013, au Solar de Mateus.

19 mai 2013, au Solar de Mateus.

19 mai 2013, au Solar de Mateus.

19 mai 2013, au Solar de Mateus.

19 mai 2013, au Solar de Mateus.

19 mai 2013, au Solar de Mateus.

19 mai 2013, au Solar de Mateus.

19 mai 2013, au Solar de Mateus.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Samedi 8 Juin 2013
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(début de citation)

"Le tsar légitime étant mort, le trône resta vide et les troubles commencèrent."
Auteur de ce propos lapidaire, le grand historien Kostomarov situe fort justement en 1584, à la mort d'Ivan le Terrible, le début d'une des périodes les plus tragiques de l'hisoire russe : le Temps des troubles - 'smutnoe vremia'.
Cette période va couvrir trois décennies pour s'achever en 1613 avec l'avènement d'une nouvelle dynastie, celle des Romanov.

(fin de citation)

Ainsi débute "Les Romanov" d'Hélène CARRERE d'ENCAUSSE, à l'époque où, au fin fond du bocage normand, la Chaslerie était reconstruite.

Les armes des ROMANOV.

P.S. du 9 juin 2013 : Hier soir, l'ouvrage m'est vite tombé des mains. Je n'arrive pas à entrer dans cette histoire et préfère 100 fois le travail de son fiston.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Dimanche 9 Juin 2013
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(début de citation)

Au capitaine Butler

Hauteville House, 25 novembre 1861

Vous me demandez mon avis, Monsieur, sur l'expédition de Chine. Vous trouvez cette expédition honorable et belle, et vous êtes assez bon pour attacher quelque prix à mon sentiment ; selon vous, l'expédition de Chine, faite sous le double pavillon de la reine Victoria et de l'empereur Napoléon, est une gloire à partager entre la France et l'Angleterre, et vous désirez savoir quelle est la quantité d'approbation que je crois pouvoir donner à cette victoire anglaise et française.
Puisque vous voulez connaître mon avis, le voici :
Il y avait, dans un coin du monde, une merveille du monde ; cette merveille s'appelait le Palais d'été. L'art a deux principes, l'Idée, qui produit l'art européen, et la Chimère, qui produit l'art oriental. Le Palais d'été était à l'art chimérique ce que le Parthénon est à l'art idéal. Tout ce que peut enfanter l'imagination d'un peuple presque extra-humain était là. Ce n'était pas, comme le Parthénon, une œuvre une et unique ; c'était une sorte d'énorme modèle de la chimère, si la chimère peut avoir un modèle. Imaginez on ne sait quelle construction inexprimable, quelque chose comme un édifice lunaire, et vous aurez le Palais d'été. Bâtissez un songe avec du marbre, du jade, du bronze et de la porcelaine, charpentez-le en bois de cèdre, couvrez-le de pierreries, drapez-le de soie, faites-le ici sanctuaire, là harem, là citadelle, mettez-y des dieux, mettez-y des monstres, vernissez-le, dorez-le, fardez-le, faites construire par des architectes qui soient des poètes les mille et un rêves des mille et une nuits, ajoutez des jardins, des bassins, des jaillissements d'eau et d'écume, des cygnes, des ibis, des paons, supposez en un mot une sorte d'éblouissante caverne de la fantaisie humaine ayant une figure de temple et de palais, c'était là ce monument. Il avait fallu, pour le créer, le lent travail des générations. Cet édifice, qui avait l'énormité d'une ville, avait été bâti par les siècles, pour qui ? Pour les peuples. Car ce que fait le temps appartient à l'homme. Les artistes, les poètes, les philosophes, connaissaient le Palais d'été ; Voltaire en parle. On disait : le Parthénon en Grèce, les pyramides en Egypte, le Colisée à Rome, le Palais d'été en Orient. Si on ne le voyait pas, on le rêvait. C'était une sorte d'effrayant chef-d'oeuvre inconnu entrevu au loin dans on ne sait quel crépuscule, comme une silhouette de la civilisation d'Asie sur l'horizon de la civilisation d'Europe.
Cette merveille a disparu.
Un jour, deux bandits sont entrés dans le Palais d'été. L'un a pillé, l'autre a incendié. La victoire peut être une voleuse, à ce qu'il paraît. Une dévastation en grand du Palais d'été s'est faite de compte à demi entre les deux vainqueurs. On voit mêlé à tout cela le nom d'Elgin, qui a la propriété fatale de rappeler le Parthénon. Ce qu'on avait fait au Parthénon, on l'a fait au Palais d'été, plus complètement et mieux, de manière à ne rien laisser. Tous les trésors de toutes nos cathédrales réunies n'égaleraient pas ce formidable et splendide musée de l'Orient. Il n'y avait pas seulement là des chefs-d'oeuvre d'art, il y avait des entassements d'orfèvreries. Grand exploit, bonne aubaine. L'un des deux vainqueurs a empli ses poches, ce que voyant, l'autre a empli ses coffres ; et l'on est revenu en Europe, bras dessus, bras dessous, en riant. Telle est l'histoire des deux bandits.
Nous européens, nous sommes les civilisés, et pour nous les Chinois sont les barbares. Voilà ce que la civilisation a fait à la barbarie.
Devant l'histoire, l'un des deux bandits s'appellera la France, l'autre s'appellera l'Angleterre. Mais je proteste, et je vous remercie de m'en donner l'occasion ! Les crimes de ceux qui mènent ne sont pas la faute de ceux qui sont menés ; les gouvernements sont quelquefois des bandits, les peuples jamais.
L'empire français a empoché la moitié de cette victoire, et il étale aujourd'hui, avec une sorte de naïveté de propriétaire le splendide bric-à-brac du Palais d'été. J'espère qu'un jour viendra où la France, délivrée et nettoyée, renverra ce butin à la Chine spoliée.
En attendant, il y a un vol et deux voleurs.
Je le constate.
Telle est, Monsieur, la quantité d'approbation que je donne à l'expédition de Chine.

Victor Hugo

(fin de citation)

N.D.L.R. : Un donneur médiatique de leçons a perdu une autre occasion de se taire. Mais, cette fois-ci, les choses ont pu rentrer dans l'ordre assez facilement.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Lundi 10 Juin 2013
Désultoirement vôtre ! - Archives, histoire, documentation
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Afin de montrer ici ce qu'est, selon moi, une restauration d'ouvertures ratée, je recherchais, via Google, ce château féodal dont j'avais oublié le nom et qui est repassé plusieurs fois dans le marché depuis 25 ans.

Je l'ai retrouvé : il s'agit de Montbrun...

Le château de Montbrun.

Rigolo de voir qui cela attire et à quel prix !

P.S. : En surfant un peu plus, je découvre ceci, je me suis donc bien fait prendre ! Mais, à un prix pareil, il ne doit en effet rester que des zlataneurs parmi les prospects.

En donnant à Igor et Jonathan mes instructions pour les prochains jours, je viens d'avoir une révélation...

14 juin 2013, l'installation du chantier de l'"ouverture 0".

C'est à propos de la différence de couleurs entre le bas et le haut du mur de la façade Ouest des écuries.

Jusqu'à présent, je pensais que la partie basse était plus ancienne et que la partie haute avait été construite avec un lot de pierres plus conforme à ce qui se voit ailleurs à la Chaslerie. Cette théorie ne me plaisait pas trop. En particulier, elle n'expliquait pourquoi les pierres blanches montaient, à gauche de l'horrible porte, plus haut qu'à droite. En outre, j'avais vaguement l'idée que les pierres blanches venaient de Domfront alors que les rousses sont plus locales ; dès lors, il paraissait curieux qu'un ancien approvisionnement du chantier ait fait appel là, et nulle part ailleurs, à des pierres d'une nature différente, venant de plus loin à une époque où les transports étaient plus difficiles.

J'ai demandé à Igor et Jonathan de faire tomber le parement intérieur des écuries, du côté Nord, c'est-à-dire près de la tour Louis XIII (à gauche des écuries sur la photo précédente). La raison en est que, en observant des photos prises à la saison des pluies (hum), j'ai remarqué que le mur paraissait beaucoup plus mouillé à cet endroit qu'ailleurs, comme s'il y avait des infiltrations à la jonction entre la tour Louis XIII et les écuries, et surtout du côté des écuries. On va donc faire tomber ce parement intérieur à cet endroit pour le remonter à la chaux et non à la terre, comme il l'avait été par nos lointains prédécesseurs. Ce sera nettement plus costaud, je pense, et résistant à la flotte.

Donc j'ai inspecté, comme je ne l'avais jamais fait, le parement intérieur correspondant et là, j'ai constaté qu'il avait été monté entièrement en pierres rousses et qu'on n'y voyait pas l'ombre d'une pierre blanche.

D'où ma nouvelle théorie : l'emploi des pierres blanches serait postérieur à celui des rousses ; les prédécesseurs auraient fait tomber le bas du parement extérieur, sans doute trop détérioré, pour le remplacer par des pierres blanches, plus solides. Ils auraient pu procéder de la sorte au moment du percement d'une première porte qui se serait trouvée à l'emplacement de l'actuelle.

Pourquoi cette idée de deux portes successives ? Parce que l'actuelle, particulièrement moche, tant en raison de ses proportions que de ses matériaux, comme du béton des années 1950 à son linteau, a été mal montée (ce qui signe la contribution de la "grande âme du Domfrontais", j'ai nommé l'illustrissime Tonton que l'on sait), de sorte qu'on voit de nombreuses marques de reprise ratée de maçonnerie à son pourtour.

Tout cela me paraît coller nickel chrome.

Pas con, le mec, hein ?

P.S. (du 9 octobre 2021) : Les hypothèses émises dans ce message me paraissent toujours des plus pertinentes.

A la dernière près, peut-être (le "Pas con, le mec")...