Architecture-M.O.

@ Sébastien Weil :

L'illustration que vous venez de me transmettre par courriel est très intéressante et constitue, à ce jour, la seule représentation antérieure à l'incendie de 1884 que je connaisse.
Elle montre à quel point les anciens épis de faîtage du logis et des tours rondes étaient volumineux ; de la sorte, elle constitue une remarquable confirmation des déductions et choix (audacieux) que Dominique RONSSERAY, A.C.M.H., et moi-même avions faits lors de la restauration de ces éléments décoratifs typiques du Domfrontais.
Par ailleurs, elle donne une idée précieuse du caractère massif des combles d'origine du logis ; on y voit que la cheminée centrale, que l'on connaît aujourd'hui dégagée de la toiture, était à l'époque engoncée dans celle-ci ; ainsi, la "lecture" que nous avions faite des deux jets d'eau (voir le laïus du site) est pleinement confirmée.
Enfin, elle montre à quoi pouvait ressembler l'une des lucarnes à mi-hauteur de la couverture du logis, ce qui est pour moi une information inédite et très précieuse pour la suite des travaux.

En revanche, le plan que vous m'avez communiqué n'apporte pas d'information supplémentaire par rapport à ce que nous savions grâce aux vieux plans cadastraux déposés aux Archives de l'Orne : forme des douves y compris à gauche de l'allée principale en arrivant sur place, position du ruisseau amont, du ruisseau aval, division du "Pournouët" en deux parcelles.

Quoi qu'il en soit, merci pour cet envoi, très remarquable et qui fournit un très bel exemple de l'utilité d'un tel livre d'or.

Je veillerai à mettre une reproduction du dessin en ligne. Pour cela, il serait cependant préférable, pour la précision de l'image, que je puisse scanner votre document. Soyez gentil de me prêter l'original, si vous le pouvez.

Et encore mille fois merci !
Reçu ce matin, par la poste, la photo d'un article transmise par Sébastien WEIL que j'en remercie.

Il s'agit de "Notes recueillies sur l'arrondissement de Domfront, au mois d'avril 1852, par M. BLANCHETIERE, Membre de la Société Française", article publié en 1853 dans le "bulletin monumental ou collection de mémoires et de renseignements sur la statistique monumentale de la France ; 2è série, tome 9è, 19è vol. de la collection, par les Membres de la Société Française pour la Conservation des Monuments, publié par M. de CAUMONT" à Paris.

Louis BLANCHETIERE relate dans ces notes une excursion qu'il a faite dans l'arrondissement de Domfront en avril 1852. D'emblée, ces notes témoignent des préoccupations et des compétences géologiques de leur auteur, ainsi que de son intérêt pour les routes ; on peut donc se demander si ce n'était pas une sorte d'ingénieur des Ponts ou des T.P.E., comme l'on dit aujourd'hui.

Les notes relatives à la "Châlerie" occupent 10 pages du document et sont agrémentées de la reproduction de deux croquis qui doivent être de la main de Louis BLANCHETIERE. J'ai déjà commenté ces croquis hier, notamment l'un des deux, fort instructif quant à l'état du logis avant l'incendie de 1884.

Quant au texte lui-même, il est également riche d'enseignements, même si j'y relève une erreur de date, Louis BLANCHETIERE ayant cru que le logis datait de 1558, alors qu'il date de l'année de l'édit de Nantes.

On y apprend que les épis du logis étaient en terre cuite, ce que ne permettait pas de comprendre le croquis. A cet égard, la prudence manifestée par M. RONSSERAY dans son article annexé à ce site internet ne peut qu'être louée ; il a en effet pris ses distances avec les affirmations de VIOLLET-LE-DUC pour qui une couverture en ardoise devait s'accompagner d'épis en métal. C'est sans doute la proximité géographique de GER, lieu où étaient modelés ces épis, d'ailleurs avec une argile de LA HAUTE CHAPELLE, qui a permis à M. RONSSERAY de comprendre que cette industrie locale ne pouvait qu'inonder le pays de ses productions, poussant ainsi à une sorte de sur-consommation locale de ses "grès".

Louis BLANCHETIERE donne d'utiles informations sur l'occupation des bâtiments. Le "château" est "inhabité depuis la Révolution", servant "à peine à déposer des fourrages et bois" (pas étonnant que la foudre ait pu y mettre le feu en 1884...). En revanche, l'"aile gauche est aujourd'hui à peu près toute occupée par des fermiers", écrit-il.
"Presque tout le château" est recouvert d'ardoises, ce qui confirme qu'il y avait aussi de la tuile sur certains bâtiments sur cour (on le sait aussi grâce à une photo ancienne des écuries et du colombier).
Le logis comporte une "cuisine à très-grandes dimensions", sans doute la salle-à-manger actuelle puisqu'un four est toujours visible dans sa cheminée.
Le rez-de-chaussée et le "premier étage" (il y en avait donc un second, ce qui confirme la présence de grandes lucarnes) du logis sont "pavés en briques carrées", revêtement qui a aujourd'hui totalement disparu (sauf dans un coin de la cage d'escalier).

Louis BLANCHETIERE s'est beaucoup intéressé à la chapelle et à son décor intérieur. Il écrit en particulier : "Sur les murs se trouvent des fragments de peintures à fresque" (erreur, ce ne sont pas des fresques mais des peintures murales, obéissant à une autre technique ; les fresques sont peintes quand l'enduit n'est pas encore sec, contrairement aux peintures murales) "d'un fort bon style ; mais dont il est impossible de reconnaître les sujets, tant elles ont été détériorées par le temps et par le choc des fagots que les fermiers y déposent" (comme si le logis ne leur avait pas suffi, hélas !). S'ensuit une description de ces décors qui montre que, durant le siècle et demi suivant, les dégradations se sont poursuivies, Louis BLANCHETIERE ayant d'ailleurs compris que "Ce qui a malheureusement hâté la destruction de ces intéressantes décorations, c'est le peu de solidité de l'enduit qui les supporte. En effet, il n'est formé que d'une mince couche d'argile recouverte d'une pellicule de chaux, le tout cédant au moindre choc. Il est probable que cet enduit n'avait pas été fait en vue d'y appliquer des peintures, mais que l'artiste officieux, hôte du châtelain, aura, sans préparation, jeté à l'improviste ses heureuses conceptions sur les murs tels qu'il les a trouvés" (ici, je précise que cet artiste était en fait tombé amoureux de la servante du manoir qu'il a fini par épouser, un LEDIN lui servant même de témoin).
A la fin de ses notes sur la chapelle, Louis BLANCHETIERE s'intéresse aux noms peints sur les sablières intérieures de la chapelle, notamment ACHARD, LEVERRIER, FORTIN et de COURCELLES, CORMIER, COUPEL, ainsi qu'à Pierre IV LEDIN (à qui, s'étant trompé de dates comme on l'a dit, il attribue à tort la reconstruction du logis), Charles-Claude LEDIN et Pierre-François LEDIN.

En fin d'article, Louis BLANCHETIERE complète sa description du site de la Chaslerie et précise que les douves avaient "au moins 10 mètres de largeur et 2 mètres de profondeur" (il négligeait leur envasement, voir photothèque jointe), que "les fermes" (sans doute la ferme et la cave, pour reprendre ma terminologie) voisinaient un verger, et que des "charmilles alignées ombrageaient le jardin" (ce sont ces dernières remarques, que j'avais déjà lues, rapportées par un autre érudit local, qui m'avaient conduit à faire replanter un verger et des charmilles alignées à la Chaslerie).
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mardi 8 Septembre 2009
Journal du chantier - Architecture-M.O. - Maçonnerie-carrelage - Sculpture - Charretterie
0
Pascal MAIZERAY travaille depuis trois semaines sur la charretterie (ancien pressoir) dont il remonte les murs sur la base des plans établis par M. Nicolas GAUTIER, A.B.F., et du permis correspondant.

Le chantier avait dû être interrompu il y a une dizaine d'années. L'arrivée sur le manoir était gâchée, depuis plus longtemps encore, par cette plaie.

Le projet consiste à redonner au bâtiment ses dimensions d'autrefois, ce qui permettra, d'une part, d'abriter un ou deux tracteurs et, d'autre part, de pouvoir servir au garage de trois véhicules.

Il est probable que Pascal POIRIER sculptera une ou deux pierres pour agrémenter ce bâtiment dont Roland BOUSSIN sera chargé de la charpente et de la couverture en tuiles. Ces points sont encore à définir.

Beaucoup de nouvelles depuis une semaine.

1 - L'effet est saississant dès qu'on descend vers la Chaslerie : la nouvelle peinture rouge sang de boeuf est - du moins d'après moi - du meilleur effet. Elle tend à donner à la cour un aspect plus intime, je ressens physiquement à quel point cette couleur est celle qu'appelaient et attendaient ces bâtiments. Il ne fait pas de doute, toujours selon moi, que le blanc précédent, s'il était digne de la revue "Maisons et Jardins" des années 50, était tout simplement une aberration.

Plutôt qu'un rouge quasi vermillon comme lors du premier essai sur la lucarne du logis, j'ai choisi cette fois-ci un ton sombre (rouge Baïgorry, teinte 7822 en peinture micro-poreuse de Levis, Duol Satin), et je pense que j'ai eu raison. Attendons cependant les réactions de ma famille, du public...

2 - Afin de m'aider à opérer de bons choix en matière de chauffage à la Chaslerie, j'ai chargé M. Thierry BURIN des ROZIERS, d'I3E France, de me faire rapport sur ses diagnostics et préconisations. J'ai rencontré ce spécialiste grâce à "La Demeure Historique", fin août lors de la réunion régionale annuelle. Nous avons d'ores et déjà pris contact de concert avec le Conseil régional de Basse Normandie et il semble que notre dossier pourrait jouer un rôle pilote dans le contexte des réflexions des pouvoirs publics quant au chauffage et à l'isolation thermique des monuments historiques.

3 - Après-demain, devant Me GOUBEAUX, notaire à Domfront, je signerai la cession par Carole et moi de la nue-propriété de la cave de la Chaslerie à une S.C.I. détenue en quasi-totalité par notre fils aîné, Thibaud. Il s'agit de la "S.C.I. 4 de la cave de la Chaslerie". Je cite ici ce fait car il ne devrait pas être sans effet sur le rythme des travaux à la Chaslerie.

L'idée est pour Carole et moi de commencer à préparer notre succession tout en renforçant l'attrait immédiat de la Chaslerie pour nos fils (un schéma parallèle est encore à l'étude à propos de la ferme de la Chaslerie et de notre cadet, Walter).

Ainsi, Thibaud pourra dès les prochains jours prendre en charge la poursuite de la restauration de la cave où tout reste d'ailleurs à faire à l'intérieur et aux abords. Compte tenu de ma disponibilité, c'est moi qui continuerai à gérer le chantier, en parallèle à celui du manoir, et en ayant recours à des artisans éprouvés.

Sur ces bases, on peut estimer que le chantier de la cave durera encore une dizaine d'années (dans l'hypothèse où son travail n'entraînera pas Thibaud à l'étranger), en suivant les plans établis il y a une dizaine d'années par M. Nicolas GAUTIER, A.B.F. Ces plans n'avaient bien entendu pas manqué de donner lieu à un permis de construire.

L'acte de propriété présentera deux caractéristiques destinées à préserver malgré tout l'unité de la Chaslerie :
- d'une part l'allée qui relie le manoir à la D22 sera désormais placée en indivision entre les propriétaires du manoir, de la cave et de la ferme ;
- d'autre part, j'ai prévu que les propriétaires du manoir et de la ferme auront un droit de préemption sur la cave au cas où elle serait revendue.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Dimanche 7 Mars 2010
Journal du chantier - Architecture-M.O. - Ferronnerie - Logis
0
"Le despotisme éclairé est une doctrine politique issue des idées des philosophes du siècle des Lumières. Variante du despotisme, le pouvoir y est attribué à un homme dont les décisions sont guidées par la Raison. Les principaux despotes éclairés ont ainsi entretenu une correspondance suivie avec les philosophes des Lumières, et certains d'entre eux les ont même soutenu financièrement. On trouve parmi eux: Charles III d'Espagne, Marie-Thérèse et Joseph II d'Autriche, Frédéric II de Prusse, Catherine II de Russie, Gustave III de Suède ; de plus, Voltaire en parle dans son livre Candide avec le passage de l'El Dorado. Le roi possède le pouvoir qui suit une raison qui dépasse les limites réelles. Il y règne sans problèmes financiers, ni politiques, ni culturels, c'est un tout. On appelle despotisme éclairé une forme de gouvernement imaginée par les philosophes relative à une monarchie constitutionnelle; il s'agit d'un gouvernement idéal illustrant une utopie."

Cette définition, trouvée sur Wikipedia, correspond assez bien à ma conception de la gouvernance nécessaire pour restaurer la Chaslerie. Et je ne me prends nullement pour la Grande Catherine, qu'on se le dise ! Il y aurait juste l'absence de problèmes financiers qui ne me soit pas applicable ; ce n'est pas rien.

J'écris cela pour signaler que Carole, alertée à l'évidence par un visiteur virtuel, a enfin regardé cette rubrique "Journal du chantier" du site. Donc elle m'a fait part de ses réticences à l'idée que je fasse reposer des grilles aux deux fenêtres Est du salon du manoir, celles qui donnent sur la terrasse. Elle craint une sensation d'enfermement dans cette pièce, agréable en été.

Or je sais d'expérience que mes efforts de restauration commencent souvent par inquiéter mon épouse lorsque je lui en fais part. Mais, quand elle voit le résultat, elle est séduite. Je pourrais en donner maints exemples. Car ses idées ne sont pas bornées ; elle sait reconnaître, le cas échéant, ses (rares) erreurs d'anticipation.

N'est-ce pas là une grande chance ?

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mercredi 12 Mai 2010
Journal du chantier - Architecture-M.O. - Transmission du patrimoine - Désultoirement vôtre !
0
Le jeune Louis-Marie S., venu servir la messe en latin à la chapelle de la Chaslerie selon le rite tridentin, m'a posé une très bonne question. Si je résume, il m'a demandé pourquoi je restaurais autant de bâtiments qui, malgré d'importants travaux, restaient vides ou, pire, inachevés. Manifestement, il trouvait mon attitude quelque peu compulsive et ne comprenait pas que j'ouvre autant de chantiers en même temps.

Pour faire simple, j'ai répondu à cet enfant d'une famille nombreuse que je destinais la cave à mon fils aîné et la ferme à mon cadet. Je ne suis pas sûr de l'avoir convaincu. A son âge, les problèmes de transmission de patrimoine lui sont assurément étrangers.

J'aurais aussi pu invoquer le temps nécessaire pour mener à bien un programme de travaux aussi vaste. Du haut de sa dizaine d'années, je ne suis pas persuadé qu'il aurait mieux compris. Pourtant, la Terre a près de 5 milliards d'années, les arbres les plus vieux peuvent avoir 5000 ans, le logis de la Chaslerie a été construit il y a 412 ans et je ne m'en occupe que depuis 20.

En fait, par quelque bout que je retourne le problème, c'est ce que j'appelle, faute de mieux, la "logique du chantier" qui résume le moins mal mon attitude. C'est d'ailleurs l'argument que je mets en avant lorsque des adultes me posent la même question que le jeune Louis-Marie.

Est-ce que je les convaincs davantage ? A dire vrai, je n'en suis pas sûr.

A propos de ma façon de diriger les travaux, j'ai déjà parlé ici de "despotisme éclairé". On ne voudrait quand même pas que j'avoue me fier beaucoup à "mon bon plaisir" ? On sait que, par cette formule de lettres de chancellerie, le roi marquait sa volonté dans les édits. Donc problème : après Catherine II et, ici, François 1er, ne vais-je pas finir par me prendre pour Napoléon ?

Mr T. (voir le P.S. ci-après), mon fils aîné, est arrivé hier à la Chaslerie pour passer quelques jours de congés. Le voici en pleine décontraction ce soir :

Nous n'avons pas tardé à évoquer le sujet qui fâche : la poursuite de la restauration de la cave. Souhaitant sans doute mettre d'emblée les choses au point, Mr T. m'a confirmé qu'il refuserait de financer de quelconques travaux sur ce bâtiment tant que je maintiendrais mon opposition à ce qu'il y fasse percer deux nouvelles fenêtres.

Pour éclairer le débat, voici d'abord dans quel état se trouvait la cave de la Chaslerie durant l'été 1991, peu après notre achat.[img:500]1991_07 cave[/img] Il avait en effet fallu faire intervenir des engins de terrassement pendant deux mois pour dégager les abords de tous les arbres morts, clôtures à l'abandon et ronces qui les encombraient. Comme on le voit, sur la façade Nord de la cave, il n'y avait qu'une lucarne, d'ailleurs en état pitoyable.

Sur la façade Sud, il n'y en avait aucune et le lierre avait, là aussi, commencé son travail de sape :[img:500]photo (252)[/img]Lors de la restauration de la couverture de la cave, dès 1992, le nombre des lucarnes est passé de 1 à 4, comme le montre la photo suivante de la façade Sud en 1997.[img:500]1997_11_16 27[/img]Voici les travaux que j'ai fait réaliser en 1998 (il y avait encore un hideux fil électrique que j'ai fait enfouir depuis), à savoir le percement de deux ouvertures sur le pignon Est et d'une troisième sur la façade Sud (ces ouvertures correspondent les deux premières à la future chambre du rez-de-chaussée, la troisième à son futur cabinet de toilettes)[img:500]1998_03_14 5[/img]et l'agrandissement de la fenêtre de la future cuisine[img:500]1998_04_21 7[/img]Voici l'état du chantier en 2009. On voit sur la photo suivante que les murs ont été rejointoyés et que j'ai aussi commencé à faire restaurer l'appentis sur le pignon Ouest, de manière à pouvoir y abriter à terme la chaufferie de la cave ainsi que le matériel électro-ménager bruyant ou trop encombrant :[img:500]2009_06_14 3 bis[/img]Et enfin, voici une photo prise ce matin, par temps de pluie (où l'on voit que j'ai récemment fait ajouter une ouverture supplémentaire sur le pignon et au niveau du grenier ; accessoirement, on peut noter qu'au printemps dernier, les rosiers ont été enlevés afin de permettre les prochains travaux de drainage extérieur de la cave) :

Tous ces travaux ont été effectués en plein accord avec l'administration des affaires culturelles et, au moins à mon sens, en veillant scrupuleusement à ne pas dénaturer l'esprit des lieux, cave et manoir obligent.

Pour en revenir à notre débat actuel, Mr T. souhaite que, sur la façade Sud, il y ait, à gauche de la porte d'entrée dans le bâtiment, deux fenêtres au lieu d'une (ceci correspondrait au living) et qu'à droite de cette même porte, il y en ait une à la place d'une toute petite, d'origine (ceci correspondrait à une chambre).

J'ai fait valoir à Mr T. qu'en retardant les travaux, il perdrait sans doute toute possibilité de tirer parti d'un régime fiscal qui pourrait bien ne pas durer. J'ai rappelé que le permis de construire obtenu pour cette cave, sur les plans d'un architecte des bâtiments de France, ne prévoyait qu'une fenêtre supplémentaire par rapport à l'état présent, pour la future chambre du rez-de-chaussée. J'ai indiqué qu'après avoir chaulé les murs comme il convient à l'intérieur du bâtiment, Mr T. pourrait fort bien en éclairer les pièces comme il l'entendrait, y compris avec des lampes halogènes, très efficaces. J'ai ajouté que, dans d'autres bâtiments de la Chaslerie, mes prédécesseurs avaient déjà percé de multiples ouvertures et que le résultat en était, chaque fois, laid extérieurement et pratiquement irréversible, de sorte qu'il paraissait urgent de ne rien faire de plus en ce domaine.

Mr T. a maintenu sa position. Il souligne que ce qu'il souhaite correspond ni plus ni moins à ce que l'architecte des bâtiments de France en question avait prévu sur son avant-projet. Il prétend que c'est en toute bonne foi et sur la base de cet avant-projet qu'il a accepté d'acheter le cave en vue d'en poursuivre la restauration à ses frais. Sachant ma hâte de connaître ma descendance, il insiste enfin sur le fait que, sans ces ouvertures, jamais une jeune fille n'accepterait de le suivre dans cette cave. Sa mère et sa grand-mère maternelle lui donnent raison.

On voit qu'il y a là deux conceptions qui peinent à s'accorder.

J'ai donc reconsidéré le problème et voici le fruit de mes réflexions : je suis, moi aussi, tout-à-fait d'accord avec le point de vue de Mr T. et de ses alliées pour la circonstance ; il ne faut surtout forcer personne à restaurer un monument historique et j'avais à l'évidence été trop pressant, tant est grand mon désir d'organiser un relais rapide.

Je prends donc acte de la position de Mr T. : puisque c'est ainsi et au moins de mon vivant, il n'y aura sans doute pas de travaux supplémentaires à la cave. Je mets toutefois de côté le drainage extérieur, de manière à ce que ne se gâtent pas davantage les vieux papiers et matériaux divers que, pour l'heure, je stocke là, ainsi que la finition des colombages de l'appentis et de la "maison de Toutou", afin d'éviter la détérioration de leur bois. Ces deux opérations se feront le plus vite possible désormais, bien entendu à mes seuls frais.

Mr T. m'invite à ne pas refermer déjà le dossier. Il entend déposer prochainement une demande de permis de construire modificatif. Il sait que je ne coopérerais pas et qu'en particulier, je ne mettrais pas mes employés ni mon expérience de maître d'œuvre à sa disposition pour réaliser des travaux que je n'approuverais pas.

Les visiteurs du site auraient-ils un avis ?

P.S. du 12 décembre 2013 : La censure veille. J'ai dû, ce jour, faire disparaître le prénom de mon aîné pour y substituer ce "Mr T.". Il paraît que ces choses-là "doivent rester dans un domaine strictement privé (souligné)". Inutile que j'indique ce que je pense de cette pusillanimité.

Avant-hier, j'avais souhaité que le beau temps se maintienne suffisamment longtemps pour permettre à Pascal de trier des pierres sans creuser d'ornières avec les engins. Eh bien, c'est raté : Pascal n'a guère pu travailler hier, tant il pleuvait !

Je lui ai donc demandé de revenir restaurer la ferme, ce qui le mettra plus commodément à l'abri des intempéries, dès lors qu'il aura pris le soin de confectionner un parapluie :

Samedi 2 octobre 2010, la ferme vue du Sud-Est.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, la ferme en question a été inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques dès 1926 avec le reste du "village de la Chaslerie". A l'époque, l'administration ne faisait pas de détail et protégeait en outre sans barguiner les intérieurs autant que les extérieurs. C'est là un fait, corroboré notamment par les pièces préparatoires de l'arrêté de 1926 puis par l'attribution, voici douze ans, de subventions de l'Etat lors de la restauration de l'essentiel des couvertures de ce bâtiment. En 1794, cette ferme avait été vendue comme Bien National à une autre main que le manoir. J'ai eu l'opportunité de corriger cet état de fait, lourd de risques de problèmes de mitoyenneté, en achetant cette dépendance deux ans après le manoir.

Mais, depuis 1993 donc, je suis assez mal à l'aise avec ce bâtiment construit en trois phases (la partie la plus ancienne au milieu, avec de simples linteaux de chêne), tant j'en trouve ratée l'adjonction Sud, telle que bricolée au XXème siècle par des prédécesseurs, qu'on la regarde de l'Est comme sur la photo précédente, ou du Sud-Ouest comme sur la suivante :

Samedi 2 octobre 2010, la ferme vue du Sud-Ouest.

Vraiment, quelle idée saugrenue d'avoir conservé la même ligne de faîtage alors pourtant que l'on voulait, dans l'adjonction récente, un premier étage plus spacieux ! Depuis une cinquantaine d'années au moins, le rez-de-chaussée de cette adjonction était un salon, comportant une porte vers l'Est, et l'étage était occupé par deux chambres, l'une donnant à l'Est, l'autre à l'Ouest.

A ce stade de nos réflexions, trois solutions sont envisageables pour remédier à ce qui apparaît comme un hiatus :

- la première, correspondant à mes intuitions de départ, a été retenue par l'architecte Lucyna GAUTIER ; c'est donc celle qui a fait l'objet d'un permis de construire ; selon cette solution, on se contenterait de relever la ligne faîtière au niveau de cette seule adjonction. Cela imposerait des travaux assez lourds, puisqu'ils concerneraient deux murs pignons. Et, dans ce cas, la silhouette d'ensemble ne serait toujours pas, je le crains, très harmonieuse ;

- la deuxième consisterait à relever cette ligne faîtière également au-dessus des deux lucarnes qui donnent actuellement vers l'Est, c'est-à-dire sur près de la moitié de la longueur du bâtiment. Là, ce serait beaucoup plus coûteux, dans la mesure où les travaux affecteraient également une partie de la couverture encore en excellent état ; il faudrait alors retirer les tuiles correspondantes, scier la charpente, remonter deux murs pignon et un mur de refend, replacer enfin la charpente et la couverture. D'un point de vue esthétique, ce serait une solution convenable ; son principal avantage serait d'autoriser un volume confortablement habitable à la place du comble et de ses lucarnes, volume dans lequel on pourrait aménager deux belles salles d'eau et un dressing ;

- la troisième possibilité, qu'à la réflexion recommande Pascal, serait de conserver la ligne de faîtage telle qu'elle est, mais d'abaisser les sablières de l'adjonction Sud de manière à uniformiser la toiture d'un bout à l'autre du bâtiment, lui redonnant ainsi son aspect initial de longère ; outre qu'elle serait la moins coûteuse, cette solution serait esthétiquement inattaquable, mais l'habitabilité de la future "chambre des parents" (qui remplaçerait les deux chambres précédentes) serait sensiblement réduite. Il resterait cependant à décider alors le type d'ouvertures à substituer aux fenêtres du premier étage, mais c'est là un problème relativement secondaire.

Donc j'hésite toujours sur le parti à retenir. Aux dernières nouvelles, Walter, qui devrait être le principal concerné, pencherait pour la troisième solution, celle de Pascal.

Avant de prendre la décision finale, on peut toujours améliorer la situation du rez-de-chaussée, tant cette ferme appelle encore, à l'évidence, de travaux extérieurs. Nous allons donc commencer par restaurer les ouvertures du rez-de-chaussée de l'adjonction Sud :

Samedi 2 octobre 2010, un chantier, ça, Monsieur ? Non, Madame, une pataugeoire !

Il faut d'abord que Pascal bouche provisoirement en parpaings la porte de séparation entre la future cuisine (ancien salon) et le futur salon (ancienne pièce à vivre et cuisine). De la sorte, l'accès à ses outils sera protégé. Ensuite, il pourra intervenir sur les ouvertures de cette adjonction de la ferme qui ont été entourées, voici moins d'un siècle, de briques blanches de mauvaise qualité, de sorte que l'érosion y a déjà fait son œuvre. Il convient, à l'évidence, d'échanger ces briques contre des pierres d'angle en bon grès d'ici.

La photo suivante montre l'état actuel du pignon Sud de la ferme, volets arrachés et couverture soulevée par la tempête de 1999, fils téléphoniques posés dans d'horribles gaines de P.V.C. à même le mur, etc... Il est grand temps de reprendre les choses en main !

Samedi 2 octobre 2010,Le pignon Sud de la ferme avant travaux.

Nous allons donc commencer par remplacer la fenêtre Sud de la future cuisine (ancien salon) par une porte, selon les plans de Lucyna GAUTIER. Quant à la porte Sud-Est, nous lui substituerons une fenêtre qu'il conviendra de positionner en fonction de la longueur d'un ancien banc d'angle normand dont j'ai fait l'acquisition auprès de la maison LEMARIE et qui y est toujours en dépôt.

De la sorte, il y aura un accès direct à la cuisine lorsqu'on garera les véhicules le long de la façade Ouest de la ferme (c'est-à-dire hors du champ de vision du manoir). Et il sera plus commode, de la cuisine, de se rendre au fournil de la ferme qui pourra servir à terme de chambre d'amis ou de salle de jeux pour les futurs enfants de Walter.
Il serait temps, sans doute, que j'explique mes projets relatifs à la ferme.

Il me faudrait, pour bien faire, scanner les plans de Lucyna GAUTIER. Mais je ne les retrouve plus à la Chaslerie. Je crois me souvenir que Walter les a emportés à Paris après son récent séjour au manoir, afin de les y étudier tranquillement.

Je vais donc me contenter d'expliquer ici, par des textes et des photos, où nous en sommes à ce jour des travaux sur ce bâtiment et, surtout, comment nous en sommes arrivés là.

J'ai écrit ici, hier, que j'allais substituer à une porte (la porte Sud-Est de la ferme) une fenêtre, et que je conditionnais le positionnement de cette dernière aux dimensions d'un meuble. J'imagine sans peine que quelques visiteurs du site ont dû se demander quelle mouche m'avait piqué, et pourquoi je ne préférais pas adapter mon meuble aux ouvertures existantes, voire l'échanger contre des sièges moins contraignants à placer autour d'une table.

Voici donc l'objet du débat, un banc d'angle originaire du Coutançais, dans la Manche, et datant du début du XIXème siècle. Il est actuellement en dépôt chez Jean LEMARIE, démonté en trois morceaux (y compris la pièce d'angle) et j'en ai pris les dimensions ce matin afin de les communiquer à Pascal. Il mesure environ 3,20 mètres de long et le retour 2,20 mètres et l'on voit, au premier plan de la photo suivante, l'emplacement évident de la future fenêtre :

Dimanche 3 octobre 2010, le banc d'angle en attente à la maison LEMARIE.

Tel qu'il se présente, ce banc ne peut guère être modifié, sauf à faire apparaître les retouches, ce qui me semblerait regrettable.

Pour autant, il peut sembler bizarre aux visiteurs du site, ceux du moins qui ne sont pas entrés dans la ferme ces derniers temps, que je n'hésite pas à modifier ainsi les ouvertures. Voici donc, à titre d'exemple, une vue de l'intérieur de la future cuisine qui les convaincra peut-être qu'en l'état du chantier, on peut se permettre quelques modifications de ce type. C'est justement la porte vitrée que l'on voit sur cette photo que je veux remplacer par une fenêtre afin de pouvoir loger le banc d'angle :

Dimanche 3 octobre 2010,Intérieur de la future cuisine, le mur Est.

Cette photo vous fait un choc, et vous vous demandez sans doute où est passé le plafond de cette future cuisine (ou, si vous préférez, le plancher de la chambre prévue à l'étage).

La réponse tient en un mot : mérule ! Voici en effet dans quel état se trouvait ledit plafond lorsqu'en 2005, nous avons récupéré la ferme qui venait d'être occupée par des locataires indélicats...

10 avril 2006, le plafond de la future cuisine de la ferme, attaqué par la mérule.

Il n'y avait qu'une solution : brûler le plafond en question, ce qui fut fait.

A ce stade de mon exposé, vous admettez sans doute que j'aie eu quelques raisons de nettoyer ainsi, par le vide, la partie Sud de la ferme. Mais vous imaginez que le reste du bâtiment est en meilleur état. Voici, pour vous en dissuader, une vue, prise ce matin, du volume où Pascal range ses outils :

Dimanche 3 octobre 2010, vue intérieure de la partie principale de la ferme.

Or il est vrai que, lorsque j'en ai fait l'acquisition il y a 17 ans, la ferme paraissait bien entretenue, qu'on la considère de l'Est, c'est-à-dire du manoir...

Août 1993,la ferme vue du manoir, avec Ercule, mon bouledogue français, en chien de garde.

... ou du Sud-Ouest, avec en premier plan, des dépendances en colombage, aujourd'hui démontées car elles étaient en réalité en piteux état :

Août 1993, la ferme vue du Sud-Ouest.

Mais, selon la méthode qui est la mienne, j'ai découvert petit à petit l'ampleur des problèmes que j'avais à résoudre.

Premièrement, la présence d'un garage formant verrue à l'arrière du bâtiment, d'autant plus disgracieux qu'il était monté en parpaings non crépis :

Octobre 1992, le garage en parpaings à l'arrière de la ferme.

Deuxièmement, le fait que la couverture de ce garage, comme d'ailleurs de la plus grande part de la façade Ouest de la ferme (tout sauf la partie Sud) avait été réalisée en schingle, un matériau bas de gamme, "à l'américaine", posé de surcroît au crochet. Dès 1998, l'entreprise BOUSSIN a donc, à ma demande, restauré la charpente et recouvert de bonnes tuiles du modèle habituel 80 % environ de la ferme. Quant à la partie Sud, surélevée comme l'on sait, j'y repoussais les travaux à une époque où j'aurais décidé comment corriger l'erreur de conception, manifeste à mes yeux, de cette dernière (et l'on a vu hier qu'à ce jour, j'hésite encore).

Voici ce travail en cours, et l'on voit sur cette photo qu'en faisant alors disparaître le garage, j'ai découvert l'aspect très laid de la façade Ouest, avec en particulier un linteau de porte vermoulu et à restaurer, une porte à remplacer, pensais-je alors, par une petite fenêtre et, courant partout sur les murs, des fils électriques mal bricolés et dangereux :

10 mai 1998, les tuiles en cours de pose sur la façade Ouest de la ferme.

Mais avant que le maçon ne puisse intervenir, j'avais entrepris de remédier à un troisième problème évident à mes yeux : l'erreur de coloris des peintures extérieures, erreur habituelle certes, mais témoignant selon moi de l'impact négatif sur nos campagnes de revues dites de décoration :

6 juin 1998, les peintures extérieures blanches, comme si on était à Paris...

Sur les conseils éclairés de Jean-Jacques ROUCHERAY, le propriétaire du château de Pont-Rilly près de Valognes, dans la Manche, j'optais pour un "bleu charron" authentique et à l'ancienne, c'est-à-dire dont le ton finisse par s'assagir suite à l'exposition aux ultra-violets :

15 septembre 1998, la nouvelle livrée de la ferme, toiture rouge et huisseries bleues.

Dès que le maçon que j'employais à l'époque fut enfin disponible, nous réparâmes les défauts les plus flagrants de la façade Ouest. En regardant la photo suivante, vous comprendrez que, lorsque j'évoquais plus haut des bricolages dangereux, je n'exagérais pas :

23 janvier 1999, aperçu d'une partie de la façade Ouest de la ferme juste avant que le maçon ne la retouche.

Petit à petit, les choses s'amélioraient donc :

23 janvier 1999, le maçon vient de remédier aux défauts les plus flagrants d'une autre partie de la façade Ouest de la ferme.

Nous progressions ainsi à un rythme régulier lorsque, le 26 décembre 1999, une tempête exceptionnelle traversa la France, frappant très durement la Chaslerie. Voici ce qu'il advint alors de la ferme, sur sa façade Ouest...[img:500]1999-12-27-48-1.jpg tempête,27 décembre 1999, lendemain de tempête, la façade Ouest de la ferme.[/img]... et sur sa façade Est : tuiles envolées un peu partout, couverture de la partie Sud soulevée et retombée sur le produit d'isolation arraché, un vrai spectale de désolation:[img:500]1999-12-27-51.jpg tempête,27 décembre 1999, lendemain de tempête, la façade Est de la ferme.[/img]Pendant plusieurs années, les travaux marquèrent le pas (mais il y avait bien sûr à cela quelques raisons extérieures au chantier).

A suivre, car il me reste à expliquer pourquoi l'intérieur de la ferme paraît aujourd'hui si dévasté (mise à part l'attaque de mérule, dans un coin de la partie Sud, comme rappelée ci-dessus).

Bien que la réalisation des travaux sur la ferme soit un projet à long terme, je vais le commenter ici.

Dans un premier temps, voyons en quel état se trouvait la ferme en 2006, au début de l'intervention musclée de Claude MARTIN explicitée par les précédentes photos.

Les plans suivants ont été dressés par Lucyna GAUTIER, l'épouse de l'architecte des bâtiments de France alors en poste dans l'Orne.

A part la transformation en cours d'une fenêtre du mur pignon Sud en porte, ces plans sont conformes à la réalité d'aujourd'hui, du moins pour l'aspect extérieur du bâtiment.

Le premier dessin représente la façade Ouest de la ferme :

Façade Ouest de la ferme, avant travaux.

On observe que, sur cette façade exposée aux intempéries, les ouvertures sont rares. Dans les combles, c'est moi qui avais fait remplacer les vélux par des houteaux. Au rez-de-chaussée, de gauche à droite sur le dessin précédent :
- la première ouverture, montée en briques rouges, date du XIXème siècle ;
- la porte suivante existait lorsqu'un garage en parpaings était accolé au bâtiment ; j'en ai déjà fait restaurer le linteau ;
- du temps du garage, suivait une porte donnant sur un coin buanderie qui jouxtait le garage au Sud ; c'est moi qui ai fait supprimer cette buanderie en même temps que le garage et remplacer la porte en question par une ouverture imitée de la première, en briques rouges ;
- c'est au niveau de la fenêtre carrée suivante que le parement extérieur de pierres s'était écroulé lors des travaux confiés à Claude MARTIN ; ce parement a été remonté mais, à cette occasion, la grille de cette fenêtre, qui était également tombée, n'a pas été remise en place ;
- la porte suivante donnait sur l'ancienne cuisine-living ; comme le montre le dessin, elle était entourée de briques, en l'occurence blanches et très dégradées ;
- la dernière ouverture du rez-de-chaussée est la fenêtre, entourée de briques blanches, donnant sur l'ancien salon.

A l'étage, une fenêtre entourée de briques blanches éclairait une chambre comportant, dans un angle, une cheminée ; c'est par cette cheminée qu'avait pénétré l'humidité à l'origine de l'attaque de mérule dans cette partie du bâtiment ; comme le rappelle ce dessin, la tempête de 1999 avait arraché les deux persiennes de cette fenêtre.

Le dessin suivant représente la façade Est de la ferme, celle qui donne vers le manoir.

Façade Est de la ferme, avant travaux.

C'est sur ce dessin que l'on comprend à quel point le bâtiment est disparate.

L'extension Sud, de 6 m 40 de long, soit moins du quart de l'ensemble, se distingue par sa toiture mal assortie au reste du bâtiment puisque le parti retenu par le constructeur avait été d'ajouter cette extension R+1 en conservant la même ligne faîtière. D'où ce hiatus des pentes des couvertures qui m'a toujours heurté. Comme côté Ouest, les deux ouvertures de cette façade de cette extension sont bordées de briques blanches très abîmées ; comme sur l'ensemble de cette extension, les linteaux extérieurs sont en granite taillé de façon sèche. La tempête de 1999 a arraché une persienne de la fenêtre à l'étage, qui donnait sur une seconde chambre.

La partie centrale de la ferme, d'environ 9 m 50 de long, est la plus ancienne, comme le montre son appareil de pierres. Les linteaux y sont en bois, relativement récent pour la fenêtre et la porte de l'ancienne cuisine-pièce à vivre, mais fatigué et même vermoulu pour la fenêtre et la porte suivante qui desservaient une chambre.

La partie Nord de la ferme, d'environ 12 m 50 de long, soit près de la moitié de l'ensemble, est restée, encore aujourd'hui, sinon dans son jus, du moins telle qu'elle avait été aménagée, à des fins agricoles, par de lointains prédécesseurs. Compte tenu de la forme cintrée des fenêtres et, surtout, de leur montage en briques rouges, on peut penser que cette partie du bâtiment a été modifiée, sinon bâtie, au XIXème siècle.

Sur cette façade Est, mon intervention s'est bornée à ce jour à remplacer trois portes vermoulues, celles de la partie agricole et, à l'étage, à faire habiller les lucarnes de bardeaux de châtaignier.

A noter, sur cette façade, la présence de portes de pas moins de 4 styles différents, années 1930 à gauche vers l'ancien salon, début des années 1990 (juste avant que je n'achète la ferme) vers l'ancienne cuisine-pièce à vivre, date indéterminée mais relativement récente pour la suivante vers l'ancienne chambre du rez-de-chaussée, enfin style agricole pour les dernières. C'est d'ailleurs pour tâcher d'atténuer ces disparités que j'avais fait peindre toutes les huisseries extérieures, à l'époque en "bleu charron" qui s'est beaucoup adouci depuis.

A noter aussi le mic-mac des linteaux. J'ai déjà signalé les différences de matériaux, granite moderne, chêne récent ou chêne très ancien. Mais ce qui frappe aussi, c'est l'absence d'unité au niveau des hauteurs des linteaux, donnant à penser que tout cela a été monté à la "va-comme-je-te-pousse", sans aucune idée d'ensemble.

Cet état de fait me pose problème. Je me demande quel parti retenir pour la restauration de cette façade. Sauf à démonter et remonter l'ensemble du parement extérieur, ce qui serait évidemment coûteux, on verra toujours la différence entre les trois appareils de pierres, c'est-à-dire le fait que le bâtiment résulte de trois phases constructives mal coordonnées à l'évidence. On peut se dire qu'un rejointoiement homogène apporterait enfin un peu d'unité et que, au pire, on pourrait toujours faire pousser des plantes grimpantes pour masquer, autant que faire se peut, les cicatrices aujourd'hui trop visibles (il faudrait alors veiller à ce que les racines correspondantes ne bouchent les drainages, si nécessaires ici).

Il conviendra, à tout le moins, d'introduire un peu d'unité dans les styles des portes, d'ordre dans les hauteurs des linteaux et d'homogénéïté dans leur matériau. En l'état de mes réflexions, j'incline pour cette façade vers des linteaux en vieux chêne mais en bon état ; je ne vois guère comment on pourrait éviter de changer tous les linteaux et pratiquement toutes les huisseries de cette façade...

Le pignon Nord appelle peu de commentaires :

Pignon Nord de la ferme, avant travaux.

Le pignon Sud fait apparaître, à l'étage, une fenêtre condamnée depuis longtemps. Un conduit de cheminée montait dans le coin Sud-Ouest et sortait par la superstructure décentrée que l'on aperçoit sur ce dessin. Dans la pièce du rez-de-chaussée, le niveau du sol était sensiblement inférieur à celui du terrain avoisinant, ce qui ne pouvait qu'exacerber les problèmes de remontée d'humidité.

Pignon Sud de la ferme, avant travaux.

Le plan du rez-de-chaussée confirme que celui-ci n'était habitable que sur la moitié de sa surface. L'escalier desservant l'étage avait été installé dans un coin de la cuisine-salle à vivre. Cette pièce comportait deux murs de refend, mais j'ai fait abattre celui la séparant de la chambre du rez-de-chaussée.

Plan du rez-de-chaussée de la ferme avant travaux.

Le plan du comble montre que seuls 40 % en étaient aménagés, la moitié de ce volume étant d'ailleurs réduite par la pente du toit.

Plan du comble avant travaux.

La "coupe AA" apporte trois informations supplémentaires :

Coupe longitudinale de la ferme avant travaux.

- la disparité des niveaux du sol selon les pièces, l'ancien salon se trouvant ainsi, en particulier, abaissé de 31 cm par rapport à la cuisine-salle à vivre voisine ;
- la faible hauteur des plafonds dans toutes les pièces (2 m 35, dont 2 m 22 sous poutre), sauf dans l'ancien salon grâce, en particulier, à cet artifice (2 m 67) ;
- l'absence de plancher intermédiaire au niveau de la porte charretière, de manière à pouvoir garer un tracteur.

Enfin, la "coupe BB" confirme la faible hauteur des plafonds, notamment à l'étage :

Coupe transversale de la ferme avant travaux.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Dimanche 17 Octobre 2010
Journal du chantier - Architecture-M.O. - Administration - Plomberie-chauffage - Ferme et son fournil
0
Examinons maintenant le projet pour lequel Lucyna GAUTIER a obtenu un permis de construire (par arrêté du 7 juillet 2006 du maire de La Haute Chapelle).

C'est l'ordre dans lequel Lucyna et moi avons mené nos réflexions qui commandera, ci-après, l'ordre de passage des différents dessins, et non plus l'ordre dans lequel on découvre le bâtiment quand on ne le connaît pas, ordre qui avait été retenu lors du message précédent.

Notre principal souci au départ était en effet d'obtenir l'habitabilité la plus plaisante à vivre. C'est ainsi qu'un rôle important a été dévolu d'entrée de jeu à la future cuisine-salle à manger, installée sur 35 m2 au Sud du bâtiment, dans l'ancien salon :

Plan du rez-de-chaussée de la ferme après travaux prévus au permis.

De même, le confort des chambres a été privilégié, avec l'idée de ne pas lésiner sur leurs dimensions (car c'est selon moi un charme important de la campagne que d'y disposer de grandes chambres) et de les doter chacune d'un cabinet de toilettes et d'un dressing ; les rythmes de la charpente ont évidemment joué un rôle dans leurs positionnements respectifs ; la chambre Sud, au plafond d'autant plus élevé qu'on y faisait disparaître le grenier, devait devenir celle "des parents" et les deux autres à l'étage, sous comble, celles "des enfants" (ou "des amis") ;

Plan de l'étage de la ferme après les travaux prévus au permis.

Les autres volumes ont été affectés comme conséquence de ces choix initiaux :
- afin d'assurer un chauffage bon marché des pièces d'habitation, nous avons maintenu au rez-de-chaussée un salon de taille raisonnable, 5 m 13 sur 6 m 48, ce qui fait quand même plus de 31 m2 de surface ;
- l'entrée principale du bâtiment a été imaginée près du chemin d'arrivée et dotée d'une pièce annexe de débotté ;
- derrière cette entrée ont été reléguées la lingerie et une pièce destinée à recevoir tous les matériels d'électro-ménager bruyants et volumineux dont nous encombre la vie moderne.

Restait donc à affecter un volume de plus de 53 m2 au rez-de-chaussée pour lequel nous avons imaginé un statut principal de salle de jeux pour les enfants (donc à l'abri des intempéries et sous la surveillance facile des parents).

La question de la desserte de l'étage par des escaliers a été difficile à résoudre ; nous n'avons pas trouvé de meilleure solution que d'imaginer deux escaliers, l'un à la place de celui que nous connaissions, l'autre, en bout de la grande salle du rez-de-chaussée ; le premier desservirait ainsi l'appartement des parents, le second, le volume des enfants, avec bien sûr une interconnexion à l'étage entre ces deux espaces.

Dans ce projet, les hauteurs sous plafond restaient néanmoins limitées puisque nous ne modifions pas les niveaux du sol ni ne relevions les poutres du plafond du rez-de-chaussée :

Coupe longitudinale de la ferme après les travaux prévus au permis.

La hauteur sous plafond demeurait ainsi à 2 m 51 dans le nouveau salon et stagnait à 2 m 22 sous poutres dans la nouvelle salle de jeux :

Au final, ce sont ces choix d'aménagements intérieurs qui impliquaient les changements à apporter aux façades.

D'abord, la façade Ouest, avec sa nouvelle entrée près du chemin et, toujours, une certaine retenue dans le percement d'ouvertures nouvelles :

Façade Ouest de la ferme après travaux selon permis.

Ensuite, la façade Est, remise en ordre sans faire disparaître sa fonction initiale de bâtiment à usage partiellement agricole :

Façade Est après travaux selon permis.

A noter que la porte Nord de la façade Est (celle à droite) correspond à la nouvelle chaufferie que nous avons voulu établir près du chemin, afin de faciliter les livraisons de carburant.

On pourra observer, à l'étage, que nous n'avons pas souhaité percer de lucarnes trop volumineuses, de manière à ne pas porter atteinte au charme (à retrouver) du bâtiment.

Sur le pignon Nord, apparaissent tois ouvertures minimalistes, destinées à donner du jour dans le cabinet de toilettes et le dressing de la chambre à l'étage et, le cas échéant, dans la chaufferie au rez-de-chaussée :

Pignon Nord de la ferme après travaux selon permis.

Enfin, sur le pignon Sud, une porte remplace la fenêtre du rez-de-chaussée et la fenêtre de l'étage disparaît :

Pignon Sud de la ferme après travaux selon permis.

C'est compte tenu de ces réflexions préalables et de ce permis qu'il convient désormais de se demander quelles améliorations on pourrait apporter à ces plans et, aussi, comment phaser les travaux. C'est à ce stade que j'attends dorénavant les suggestions de Walter...

Marie FRULEUX est l'adjointe d'Anne CHEVILLON, l'architecte des bâtiments de France en charge du service départemental d'architecture à Alençon.

J'ai reçu hier, de Marie FRULEUX, le courriel suivant :

"Suite à notre conversation téléphonique, je vous précise les points suivants :

-pour le mur des douves Nord, immeuble classé au titre des Monuments Historiques, en application de l'article 2 du décret 09-749 du 22 juin 2009, la maitrise d'Âœœuvre sera assurée par un architecte du patrimoine (architecte titulaire du diplôme de spécialisation et d'approfondissement en architecture, mention "architecture et patrimoine"). Ces travaux sont soumis à une demande d'autorisation sur monument classé au titre des Monuments Historiques (article l 621-9 du code du patrimoine et articles 19,20 et 21 du décret du 30 mars 2007).

-pour l'allée, les travaux seront soumis à déclaration préalable au titre du code du patrimoine (L621-27 du code du patrimoine) ; la déclaration prévue est souscrite quatre mois au moins avant la date de leur réalisation. (...)"

En d'autres termes :

- pour la restauration des douves de la Chaslerie, je suis dispensé de faire intervenir un architecte en chef des monuments historiques ; j'en suis heureux car je n'avais pas gardé un bon souvenir des deux A.C.M.H. à qui j'avais dû m'en remettre au cours des dernières années, à savoir Mme SCHMUCKLE-MOLLARD et M. RONSSERAY ; je ne suis cependant pas dispensé de confier la maîtrise d'oeuvre à un "architecte du patrimoine", ce qui est une qualification moins pompeuse, amplement suffisante ici à mon avis ; mon intention est donc de charger Lucyna GAUTIER, qui connaît bien la Chaslerie, de préparer le dossier à soumettre à l'administration pour obtenir des subventions qui seront fort bienvenues, tant pour le mur Nord des douves que pour leur mur d'escarpe (voir photos de l'état actuel de ces murs sur deux messages de ce blog, en date des 27 et 31 août derniers) ; pour la réalisation, je n'ai aucun doute que Pascal, assisté si nécessaire d'hommes toutes mains, saura faire et qu'il sera inutile de mandater une des ces très coûteuses entreprises agréées pour la restauration des monuments historiques ;

- pour l'allée principale du manoir, je prends acte du fait que les travaux d'entretien que j'entends y mener ne seront pas subventionnés ; le bon côté de la chose est que je suis dispensé de préparer tout dossier compliqué ainsi que de faire intervenir quiconque autre que mes employés ; nous pourrons donc avancer à notre seul rythme, en tenant compte seulement de la météo et de ce que nous découvrirons sur place, au fur et à mesure de ce chantier.

Je suis donc très satisfait des positions ainsi exprimées par l'administration. Elles sont claires, aussi simples à mettre en œuvre que possible et tout à fait adaptées, à mon avis, aux deux cas d'espèce.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mardi 2 Novembre 2010
Journal du chantier - Architecture-M.O. - Administration - Abords, Avenue, terrasse - Murs divers
0
Projets relatifs aux douves (1/10) :

Je viens de prier Lucyna GAUTIER de préparer le dossier de demande d'autorisation de la restauration des douves de la Chaslerie. Je rappelle que ces douves sont classées au titre des monuments historiques, de sorte que l'on doit respecter un certain nombre de procédures ; en contrepartie, on peut solliciter des subventions.

Je ne sais, à ce jour, si ces travaux pourront être menés à bien de mon vivant. Ils seront en effet très lourds, en tout cas à mon échelle. A titre d'exemple, il a fallu trois ans de travail aux maçons, de septembre 2006 à juillet 2009, pour restaurer le mur de terrasse dont le cubage est de 120 m3. Avec les douves, et pour s'en tenir au seul mur d'escarpe, nous parlons d'un cubage de 500 m3 de maçonnerie.

Disons que ce serait pour moi une très grande satisfaction de pouvoir mener à bien ce projet et redonner ainsi à la Chaslerie tout son ancrage dans le paysage du bocage domfrontais. Je vais donc faire de mon mieux mais je ne maîtrise pas tous les éléments du dossier, notamment en termes de financements ainsi que de disponibilité pour surveiller le chantier.

La restauration des douves serait bien entendu réalisée en plusieurs tranches. Toutes n'ont certainement pas le même degré d'urgence.

Il paraît d'ores et déjà inévitable de lancer rapidement la restauration du mur Ouest de la douve Nord. Les travaux devraient y être en tout point analogues à ceux effectués sur le mur Ouest de la douve Sud, de novembre 2007 à mars 2008.

Je préciserai, dans de prochains messages ici, ce qui a déjà été fait sur les douves depuis 1991 et ce qui reste à y entreprendre.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Vendredi 5 Novembre 2010
Journal du chantier - Architecture-M.O. - Administration - Maçonnerie-carrelage - Terrassement - Fournil du manoir - Murs divers
0
Projets relatifs aux douves (7/10) :

Cinquièmement, le mur Ouest de la douve Nord. C'est un mur analogue à son pendant de la douve Sud. A ceci près qu'en 1991, il était encore en bien pire état. A tel point que, dès les terrassements de cet été-là, nous avons dû mettre de côté quasiment toutes les pierres qui en provenaient.

Je n'ai pas de photo antérieure à ces terrassements. En revanche, voici la pelleteuse à l'oeuvre à cet endroit cet été-là :

Août 1991, la pelleteuse en action pour curer la douve Nord.

Comme on le voit au premier plan de cette photo, un éboulis de pierres témoigne de la ruine avancée, à cette époque, de ce fameux mur.

Voici une autre photo qui montre, quelques jours plus tard, la douve Nord entièrement curée. On aperçoit, au fond de la douve, près de son bord, le tas des pierres ainsi récupérées sur ce mur (pour bien le voir, il faut cliquer sur la photo afin de l'agrandir) :

Août 1991, la douve Nord après son curage.

Dès janvier 1992, le géomètre-expert n'avait pas manqué de consigner l'état des lieux, aux alentours du fournil du manoir :

Janvier 1992, l'Ouest de la douve Nord.

Ici aussi, l'érosion ne nous laisse pas tranquilles. Voici une photo qui montre, à la longueur du drain qui pendouille (le tuyau blanc) de combien a reculé la douve en 6 ans :

5 juillet 1997, le recul de la douve Nord est illustré par la longueur du drain désormais déterré (les traces blanches sont de la chaux versée là par le maçon qui restaurait alors le mur allant du manoir à son fournil).

La situation paraît désormais critique, comme le prouve la photo suivante, prise l'an dernier :

13 octobre 2009, effet de l'érosion sur l'Ouest de la douve Nord.

Si on ne réagit pas rapidement, c'est le fournil du manoir qui risque, bel et bien, de se retrouver assez vite au fond de la douve.

Il y a donc urgence à restaurer le mur en question. Ce point n'est pas contesté et je viens même d'obtenir un accord de principe de l'administration des affaires culturelles pour subventionner ces travaux dès 2011, ce dont je suis, bien entendu, très reconnaissant à mes interlocuteurs.

Dès que le dossier de demande formelle d'autorisation de cette tranche de travaux aura été officiellement approuvé, le chantier pourra donc débuter.

Deux questions pratiques sont cependant à régler au préalable, qui ne devraient pas être trop délicates :

- la hauteur du mur ; je souhaiterais qu'elle soit plus importante que pour le mur analogue de la douve Sud ; en effet, en raison de la topographie, la profondeur de la douve Nord est, selon les mesures du géomètre-expert, de 4 mètres, à comparer à 3 pour la douve Sud ;

- l'alignement à retenir pour le mur à restaurer : doit-il être dans le prolongement du mur qui va du manoir au fournil ou bien dans celui du mur de terrasse ? Le mur Ouest de la douve Sud est, quant à lui, dans le prolongement, de l'équivalent du premier ; mais, ici aussi, la topographie (ainsi que les vestiges qui demeurent, me semble-t-il) peut conduire à retenir une solution qui ne soit pas strictement conforme.

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Vendredi 5 Novembre 2010
Journal du chantier - Architecture-M.O. - Maçonnerie-carrelage - Terrassement - Abords, Avenue, terrasse - Murs divers
0
Projets relatifs aux douves (8/10) :

Sixième étape : le bief aval.

Il s'agit d'une construction, située à l'angle Nord-Est des douves, destinée à permettre, en barrant la sortie, de laisser monter l'eau dans les douves.

Voici son état en 1992, envahi par le lierre :

Janvier 1992, le lierre n'a pas encore été arraché du bief aval.

Et voici le plan de ce bief aval dressé en janvier 1992 par le géomètre-expert :

Janvier 1992, le plan du bief aval.

A ce jour, il n'y a pas encore eu de travaux de restauration à cet endroit :

13 octobre 2009, le bief aval.

Il y aurait pourtant fort à faire, que l'on considère ce bief à partir de l'intérieur des douves...

13 octobre 2009, la sortie du bief aval.

... ou à partir de l'extérieur :

4 novembre 2010, le bief aval vu du canal d'évacuation.

Sur le plan technique, les travaux à mener sur ce bief aval sont très classiques.

Il y a cependant une difficulté pratique à régler : trouver un bon système de fermeture et de réouverture de ce bief. Le modèle d'origine consistait à immobiliser des planches de chêne entre deux rainures taillées dans le granite.

Quant à l'ordre de passage de cette restauration dans le calendrier relatif aux douves, le bon sens permet de comprendre qu'il n'est pas indispensable de remédier immédiatement aux désordres constatés. En revanche, il sera indispensable que le bief aval fonctionne bien lorsque, après la restauration du mur d'escarpe, nous désirerons remettre les douves en eau.

Projets relatifs aux douves (10/10) - Ferme (/) - Humidité (1/2) :

Comme vous l'avez compris, jai été très absorbé par la préparation de mes messages relatifs aux douves. Je les ai encore complétés ce matin de quelques photos prises hier, en profitant d'un rayon de soleil. J'ai voulu être exhaustif pour deux raisons principales. C'était d'abord le moyen pour moi de rassembler, à propos de cet important chantier, la documentation disponible, d'étudier les plans du géomètre en détail et de réfléchir aux priorités et au phasage des travaux. C'était aussi ma façon de communiquer avec Lucyna GAUTIER, l'architecte, avant qu'elle ne vienne sur place pour préciser les données qui lui manqueraient.

Je change donc de sujet. Cela fait pratiquement une semaine que je n'ai guère évoqué ce que fait Pascal. Je n'ai pas non plus parlé de la récente visite de l'expert HUMIDITEC à propos d'une question nouvelle.

Donc, à tout seigneur, tout honneur, d'abord Pascal. Il a été gêné dans le tri des pierres par la pluie de ces derniers jours. Vendredi, il arrivait dans le secteur 5 du plan mis en ligne ici le 27 octobre dernier, et les tas de pierres triées selon la taille commencent à être chacun volumineux :

7 novembre 2010, aperçu des pierres triées.

Mais il a également avancé un peu sur la ferme. Il a coulé le socle en béton pour la dalle de granite :

3 novembre 2010, prêt à recevoir la dalle de granite.

Surtout, il a élargi le trou dans le mur de manière à pouvoir monter simultanément les nouvelles pierres d'angle en grès de ce pignon et les pierres sciées le 2 novembre, prévues pour la face intérieure de la porte :

7 novembre 2010, le pignon Sud de la ferme.

Je constate, avec satisfaction et sans surprise, que son chantier est maintenu propre, interdit au public et qu'il a fait le nécessaire pour étayer convenablement le mur.

Quant à l'expert HUMIDITEC, il m'avait envoyé une publicité qui m'avait intrigué, à propos de diverses façons de combattre l'humidité dans les murs. Or, j'ai un problème de salpêtre à divers endroits à l'intérieur de la chapelle et cela ne me plaît pas. Je l'ai donc fait revenir, afin qu'il m'explique son procédé sur place.

En fait, d'après ce que je comprends, l'eau qui remonte par capillarité dans les murs y engendre, du fait du simple frottement en cause, un champ magnétique faible qu'il s'agit de contre-balancer par un champ magnétique opposé. Une "boîte grise" (?) serait donc placée dans le bâtiment, ici la chapelle, à une certaine hauteur et orientée d'une certaine façon. Nous avons beaucoup parlé avec mon interlocuteur de la meilleure façon de la dissimuler ; finalement, nous la placerions sous l'autel.

A moins que je ne m'abuse, le procédé breveté en question reviendrait ni plus ni moins qu'à me vendre un aimant approprié. Cela paraît astucieux et je n'y aurais certes pas pensé tout seul. Reste à savoir combien cela me coûterait. J'attends donc le devis avec curiosité...

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Mercredi 10 Novembre 2010
Journal du chantier - Architecture-M.O. - Maçonnerie-carrelage - Menuiserie - Bâtiment Nord - Ferme et son fournil
0
Pour la porte de la ferme comme pour la porte du bâtiment Nord, je suis en plein doute : quelle largeur (maximum ou minimum) devraient avoir les ouvertures dans la maçonnerie si on prévoit 1 ou 2 battants et si ce ou ces battants sont vitrés (comme c'est le cas pour la porte du fournil du manoir, qui est à un seul battant et dont les proportions me conviennent tout à fait).

Je serais prêt à rétrécir la largeur de ces ouvertures si l'esthétique était meilleure. En l'état du chantier, la largeur du trou prévu pour la ferme est de 1,2 m et celle du trou qui existe pour le bâtiment Nord est de 1,3 m.

Or, pour le bâtiment Nord, M. DUVEAU envisage un battant central et, de part et d'autre de celui-ci, des dormants de bois. De mon côté, je suis dubitatif devant l'idée de conserver une large ouverture dans la maçonnerie si, comme dans le projet de M. DUVEAU, l'huisserie "ne suit pas". Je suis cependant conscient que le fait de vouloir des portes vitrées complique le problème : tout n'est pas possible et je manque d'expérience et de repères, à part sur le fournil du manoir pour lequel Nicolas GAUTIER avait conçu des menuiseries qui me conviennent parfaitement :

12 novembre 2010, le fournil du manoir, façade Sud.

Dans l'immédiat et en attendant d'y voir plus clair, j'ai donc interrompu Pascal dans sa tâche sur la maçonnerie de la porte de la ferme. Je lui ai demandé d'aller mettre de l'ordre dans l'écurie où nombre d'outils étaient entreposés sans soin. Voici ce soir une photo qui donne une idée de l'ordre avec lequel Pascal sait travailler :

10 novembre 2010, les outils rangés par Pascal.

Selon le résultat de mes réflexions en cours, il faudra peut-être que Pascal reprenne à zéro la maçonnerie qu'il a commencé à remonter pour la porte de la ferme. Le cas échéant, il faudra peut-être aussi réduire la largeur du trou existant pour la porte du bâtiment Nord.

Roland BOUSSIN est revenu aujourd'hui à la Chaslerie pour compléter les échafaudages du fournil de la ferme, en compagnie de son gendre et bras droit, Franck LIEGEAS :

26 novembre 2010, pose des échafaudages sur le fournil de la ferme.

Nous avons discuté du calendrier de ses futures interventions. Son équipe devrait restaurer à l'atelier la charpente du fournil pendant les prochaines semaines. Il faudra qu'au préalable, il aille récupérer des poutres qui m'ont été vendues sur les conseils de Jean LEMARIE, mon ami antiquaire-brocanteur.

Roland me promet son retour à la Chaslerie pour la fin janvier, afin de commencer sur place les travaux de charpente et de couverture de ce fournil. Je lui ai demandé qu'à cette occasion, il découvre l'extension Sud de la ferme, afin que Pascal puisse ensuite restituer son aspect de longère. Dans cette perspective, il serait souhaitable que Lucyna GAUTIER, l'architecte, puisse dessiner les lucarnes destinées à remplacer les fenêtres du 1er étage de cette extension ; Roland BOUSSIN m'indique toutefois qu'elle a dû repartir en Pologne, pour y être au chevet de sa mère.

En discutant avec Roland, je me suis aperçu que la charpente du corps de la ferme avait bougé. Cela m'est apparu au niveau de la sablière Ouest :

26 novembre 2010, vue des sablières Ouest de la ferme.

Roland m'a expliqué que ce désordre était dû aux travaux réalisés à l'intérieur du bâtiment. Nous y avons en effet retiré des sommiers et deux cloisons intérieures, de sorte que le poids de la couverture a tendance à faire s'écarter les murs. En raison des délais courus entre cette modification, il y a quatre ans déjà (comme le temps passe vite, à la Chaslerie !), et la reprise qui n'est toujours pas intervenue, le désordre risquerait de se développer si nous n'y parions vite. Il va donc falloir remonter prioritairement l'une des cloisons intérieures. Voici donc une mauvaise nouvelle mais, heureusement, nous nous sommes aperçus du problème à temps.

Avec Roland, nous avons également programmé ses travaux sur les écuries du manoir avant la fin de 2011. A défaut de respecter cette échéance, je risquerais en effet de perdre le reliquat de la subvention accordée par le conseil général de l'Orne et ce serait stupide. Je vais cependant tâcher d'obtenir du conseil général qu'il relâche cette contrainte, assez gênante en l'état de mes autres priorités.

De son côté, Pascal a fini de remonter le jambage droit de la porte extérieure du bâtiment Nord :

26 novembre 2010 à 16 heures.

La photo suivante permet de mieux voir en quoi a consisté son intervention :

26 novembre 2010, vue de la porte extérieure du bâtiment Nord en cours de remontage, prise de l'intérieur du bâtiment.

L'embrasure de la porte a été nettement ouverte et ... nous avons pensé en temps utile à l'électricité !

Quant à Bernard, il a achevé de couper l'herbe devant le manoir :

26 novembre 2010, Bernard à la débroussailleuse et en tenue de combat !

Tout est donc en ordre pour dimanche prochain (après-demain) à 11 h 30 : il y aura alors messe en latin à la chapelle de la Chaslerie, qu'on se le dise !

Il fallait apparemment qu'Henri LEVEQUE soulignât, sur ses plans et sur sa correspondance, qu'il était conseiller général de l'Orne pour que ses projets abracadabrantesques de percement des façades de la Chaslerie eussent une chance de recevoir l'agrément de l'administration des affaires culturelles (ou de ce qui en tenait lieu, à l'époque). Mais qui oserait certifier que les passe-droits n'existent plus de nos jours ?

En tout cas, le "chef d'orchestre" savait mettre le paquet quand un projet lui tenait à cœur comme celui-ci. Voici le courrier qu'il adressa au président du conseil général de l'époque pour le convier à des agapes en vue de fêter le succès de son lobbying :

Lettre du 4 novembre 1952 d'Henri LEVEQUE au président du conseil général de l'époque.

Certes, sur le papier, son projet paraissait raisonnable. Cela prouve seulement que rien ne vaut un bon plan pour comprendre un "projet architectural".

14 octobre 1952, descriptif des travaux envisagés par Henri LEVEQUE sur le colombier et l'écurie de la Chaslerie, page 1.

14 octobre 1952, descriptif des travaux envisagés par Henri LEVEQUE sur le colombier et l'écurie de la Chaslerie, page 2.

14 octobre 1952, descriptif des travaux envisagés par Henri LEVEQUE sur le colombier et l'écurie de la Chaslerie, page 2.

Sur les plans, hélas, le projet se révélait plus problématique.

Les façades se retrouvaient percées de multiples ouvertures nouvelles, souvent mal dessinées ou mal positionnées :

- 2 au niveau du 1er étage de la façade Est du colombier, particulièrement ratées selon moi car trop proches des sablières et déséquilibrant cette façade :

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (le colombier percé de deux nouvelles fenêtres au 1er étage sur sa façade Est).

- 5 (excusez du peu !) sur la façade Est de l'écurie (au niveau du rez-de-chaussée) :

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (l'écurie percé de deux nouvelles portes et de trois nouvelles fenêtres sur sa façade Est).

- et encore 5 autres sur la façade Ouest :

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (le colombier percé de quatre nouvelles fenêtres et l'écurie d'une nouvelle sur leur façade Ouest).

Donc, au total, c'était rien de moins que 12 nouvelles ouvertures dont Henri LEVEQUE entendait affliger quelques mètres de façade de ces malheureux bâtiments !

Le projet était particulièrement bancal, ainsi que le démontrent, à elles seules, les implantations prévues pour les escaliers : un véritable plat de spaghettis, ça sort de partout, ça va n'importe où :

- dans la "salle à manger", un bizarre effet de seuil avec deux marches arrondies pour descendre et un escalier droit pour monter

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (le rez-de-chaussée).

- au niveau du 1er étage, un véritable dédale, absolument sans queue ni tête :

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (le 1er étage).

- au 2ème étage, un nouvel escalier coincé sous le brisis, donc peu praticable :

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (le 2ème étage).

Bref, ces plans étaient nullissimes, de quelque point de vue que l'on se place, celui du style comme celui du confort.

La réalité des travaux n'a pas tout à fait correspondu au projet... elle l'a encore dégradé. Ainsi :
- dans la salle à manger, les dalles de pierre prévues au sol ont été remplacées par des tomettes riquiquis, de surcroît jointoyées au ciment ; un mur prévu en pierres a été remplacé par une cloison de parpaings ;
- les fameux escaliers du genre spaghetti ont été fabriqués sur un modèle bas de gamme ;
- les salles d'eaux ont toutes été ratées, etc...

Mon problème est que tout cela semble tellement foireux qu'au bout de 20 ans de chantier à la Chaslerie, je ne sais toujours pas par quoi remplacer ces trucs, notamment pour ce qui concerne les escaliers. Pour les ouvertures, j'en ai pris mon parti ; ce serait d'ailleurs très difficile d'en reboucher car les cicatrices se verraient comme le nez au milieu de la figure.

Rappelez-moi ce qu'écrivait M. Jacques BROCHARD à propos de son illustre (?) parent ! Ah, oui, il vantait "son goût et son intelligence des choses du passé" !

Qui donc, dans les parages, savait que nous avions un voisin doté d'un tel sens de l'"understatement" ?

P.S. (du 26 juin 2020) : Lorsque j'ai rédigé ce message, il y a déjà 10 ans, j'avais omis de relever que tous les enduits intérieurs, qui devaient être réalisés en plâtre, l'avait été en ciment. Un ciment très dur, d'ailleurs.

Depuis lors, je me suis évertué à faire disparaître un maximum des traces du passage sur terre du père de mon vendeur. Par exception, j'ai conservé dans le colombier les quatre ouvertures percées au niveau du 2ème étage ; ce n'est pas la difficulté de dissimuler la cicatrice qui m'a finalement retenu, mais la prise en compte de la lumière qu'apportent ces percements audit étage (ma future "chambre des tourtereaux"). Il n'empêche que jamais je ne me serais permis des percements de cette taille et si carrés au ras des sablières. Et jamais, si j'avais été fonctionnaire de la D.R.A.C. (ou de ce qui en tenait lieu à l'époque), je n'aurais autorisé de telles incongruités.
Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Jeudi 30 Décembre 2010
Journal du chantier - Architecture-M.O. - Administration - Abords, Avenue, terrasse - Ferme et son fournil - Murs divers
0
Lucyna GAUTIER, "architecte du patrimoine", est venue dans l'après-midi à la Chaslerie et je lui ai passé commande des plans et dossiers d'autorisation pour les travaux de restauration suivants :

- mur Ouest de la douve Nord ;
- ferme, en lui redonnant son aspect de longère ;
- grange à proximité de la ferme, pour y loger les tracteurs ;
- avenue du manoir ;
- circuit des douves (mur d'escarpe, bief amont, bief aval et pont).

Mon souhait est de disposer de plusieurs fers au feu, et aussi de n'avoir plus de préalable administratif (autorisation ou subvention) à régler le jour où je déciderais d'engager telle ou telle tranche de travaux.