Aile "de la belle-mère"

Quand le chat est parti... Il aura suffi que je m'absente trois jours pour que le chantier du puits de la ferme dérape.

En trois jours en effet, la construction a continué de s'élever sans que son diamètre ne soit réduit, ce qui commence à donner à l'ensemble une allure de conduit de cheminée. En outre, l'ouverture pour la manivelle est mal positionnée puisque sa hauteur rendrait impossible l'usage du puits à quiconque ne se jucherait pas sur un escabeau pour actionner le mécanisme ; l'axe de la manivelle n'est pas dans un plan parallèle à l'ouvertute, ce qui me paraît réduire l'accès utile au puits et entraver la manoeuvre d'un seau ; enfin, cet axe n'est pas horizontal, de sorte que la manivelle, en tournant, buterait sur la maçonnerie. Le soin mis par ailleurs dans l'assemblage des pierres ne rend que plus décevant le résultat de ces trois jours de travail.

A l'évidence, Pascal n'a pas tenu compte de ma demande qu'il copie le puits de voisins. Je vais en parler avec lui, mais je ne vois pas comment il pourrait éviter de démonter et de recommencer ce travail non conforme.

Toujours sans nouvelles de Roland FORNARI, je lui ai téléphoné ce matin. Il m'a expliqué que sa petite équipe avait eu plusieurs accidents de travail. Et, comme si cette justification à ses retards ne me suffirait pas, il a ajouté qu'il manquait de fer et devrait se réapprovisionner, désormais en Allemagne. Tout ceci pour avouer qu'il ne pourra livrer, pour les prochaines Journées du Patrimoine, que deux grilles, celles du rez-de-chaussée de la tout Nord-Est du manoir, au lieu des six commandées. Il ne me donne pas de date pour les trois grandes prévues pour le rez-de-chaussée de la façade Est. Et il me dit que son plan de celle prévue pour le mur entre la chapelle et le manoir n'est pas prêt mais qu'il y réfléchit toujours. Je conclus donc qu'il ne faut pas être pressé, ni même espérer qu'il respecte les calendriers qu'il avait lui-même établis de longue date et confirmés partiellement il y a à peine six semaines.

Pour terminer ce tour d'horizon, Roland BOUSSIN m'a enfin rappelé. Son devis pour le fournil de la ferme n'est toujours pas prêt. Je l'ai donc prévenu qu'il devrait me parvenir avant sa facture pour le solde de son travail sur la charretterie. En fait, Roland BOUSSIN voulait me parler de la poutre du rez-de-chaussée du colombier, celle qui a été attaquée par la mérule, comme relaté ici les 6 et 12 juillet derniers, et que l'expert HUMIDITEC a énergiquement soignée le 23 août en imbibant de fongicides l'extrêmité atteinte et les murs avoisinants. Roland viendra la semaine prochaine à la Chaslerie constater l'état de cette poutre et préparer sa préconisation. Je pense qu'il sera inutile de changer la poutre ni même de la translater pour compenser la perte d'une partie d'un de ses extrêmités. En raison de la relativement faible hauteur sous poutre et par souci esthétique, j'exclus l'ajout d'un corbeau. En revanche, il sera sans doute nécessaire de renforcer l'extrêmité en cause d'une greffe de résine. La question sera vraisemblablement de savoir s'il y a lieu ou non d'ouvrir le plancher de la pièce du 1er étage pour accéder au dessus de la poutre.

Je viens d'appeler Roland BOUSSIN et lui ai demandé : "Diagnostic, Docteur ?"

La poutre atteinte par la mérule, photo prise juste avant le traitement du 23 août 2010 par HUMIDITEC (on voit la partie atteinte, à gauche de la poutre, dans le mur dont le parement intérieur avait été préalablement démonté).

Pour la poutre du rez-de-chaussée du colombier, il recommande de la translater légèrement en la complétant marginalement (à l'intérieur de la maçonnerie) par de la résine.

La poutre atteinte par la mérule, photo prise juste après le traitement (la partie de la poutre atteinte a été enlevée ; en outre la poutre et le mur ont été imbibés de fongicides introduits par les petits trous visibles notamment sur la poutre).

Il me fait observer que les solives de cette pièce, rectangulaires, ne sont pas très anciennes et que l'aspect de ce plafond serait plus beau si on les remplaçait pas des solives carrées. Cela nécessiterait de démolir le plancher de béton dont mes prédécesseurs avaient affublé le sol de la chambre du 1er étage du colombier.

Je donne mon accord. Cela réduira encore la trace de ces prédécesseurs à la Chaslerie.

A la réflexion, je me dis qu'on pourrait profiter de ces travaux pour donner un peu de hauteur sous plafond à ce rez-de-chaussée. Bien entendu, cela réduirait d'autant le 1er étage. Il faudrait voir si la hauteur des fenêtres du 1er par rapport au plancher le permet. Et bien sûr, cela condamnerait, dans sa forme actuelle, l'escalier intérieur de "l'aile de la belle-mère". De toutes façons, cet escalier, mis en place par mes prédécesseurs dans les années 1950, m'a toujours paru complètement raté, inutilement biscornu et fondamentalement moche. Donc j'aurais plaisir à lui faire rejoindre son homologue du bâtiment Nord, commandé par les mêmes. C'est-à-dire à la poubelle.

Bien entendu, ne nous leurrons pas, la "logique du chantier" imposerait alors de décider le devenir du système de chauffage de cette aile, ainsi que la répartition des salles d'eau. Autant dire que c'est la restauration de toute l'"aile de la belle-mère" qui serait alors lancée.

Il me faudrait donc décider rapidement si je ne préfère pas laisser ce travail à mes successeurs. Choix délicat. A suivre...

Pierre-Paul FOURCADE
rédigé le Dimanche 14 Novembre 2010
Journal du chantier - Plomberie-chauffage - Logis - Bâtiment Nord - Aile "de la belle-mère"
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Je trouve ce soir dans ma boîte aux lettres le message suivant de M. BURIN des ROZIERS que j'avais contacté l'an dernier pour une étude thermique de la Chaslerie. Comme il me l'avait annoncé (voir message du 14 octobre 2009 sous cet onglet), il n'avait pu y consacrer le temps nécessaire car il avait donné, et c'était bien compréhensible, la priorité à un dossier de croissance externe, beaucoup plus important pour lui :

"Bonjour Monsieur Fourcade,

Je reviens vers vous concernant votre beau projet du château de la Chaslerie et notre fameuse étude énergétique ...

Régulièrement je repense à votre projet et je me suis donc décidé à vous faire une proposition.

Je ne suis toujours pas bien disponible avec mes fonctions actuelles de Président de Binaud Thermique Electricité mais je peux vous proposer de faire un break et consacrer un week-end à convenir (par exemple en janvier 2011) au cours duquel je pourrais visiter votre château et rédiger dans le week-end un rapport de bilan (mission courte mais dense).

Pour les tarifs, partons sur l'idée d'une prise en charge de mes frais de transport (km véhicule depuis Cognac). Pour le reste, on verra bien en fonction de la valeur ajoutée que vous considérerez que j'aurais apportée ou non dans le résultat mais je ne compte sur rien en base.

Il se peut très bien aussi que vous soyez parti sur d'autres voies mais je voulais au moins faire cette proposition car je n'aime guère rester au milieu d'un gué.

J'espère aussi que votre santé a évolué favorablement.

Bien à vous

Thierry Burin des Roziers"

Je trouve que, dans ce courriel que je n'attendais nullement, M. BURIN des ROZIERS fait preuve d'une très remarquable conscience professionnelle.

Sa proposition m'intéresse bien sûr. En plus, j'éprouverai un vif plaisir à revoir et recevoir ce parfait gentleman.

Roland BOUSSIN est revenu aujourd'hui à la Chaslerie pour compléter les échafaudages du fournil de la ferme, en compagnie de son gendre et bras droit, Franck LIEGEAS :

26 novembre 2010, pose des échafaudages sur le fournil de la ferme.

Nous avons discuté du calendrier de ses futures interventions. Son équipe devrait restaurer à l'atelier la charpente du fournil pendant les prochaines semaines. Il faudra qu'au préalable, il aille récupérer des poutres qui m'ont été vendues sur les conseils de Jean LEMARIE, mon ami antiquaire-brocanteur.

Roland me promet son retour à la Chaslerie pour la fin janvier, afin de commencer sur place les travaux de charpente et de couverture de ce fournil. Je lui ai demandé qu'à cette occasion, il découvre l'extension Sud de la ferme, afin que Pascal puisse ensuite restituer son aspect de longère. Dans cette perspective, il serait souhaitable que Lucyna GAUTIER, l'architecte, puisse dessiner les lucarnes destinées à remplacer les fenêtres du 1er étage de cette extension ; Roland BOUSSIN m'indique toutefois qu'elle a dû repartir en Pologne, pour y être au chevet de sa mère.

En discutant avec Roland, je me suis aperçu que la charpente du corps de la ferme avait bougé. Cela m'est apparu au niveau de la sablière Ouest :

26 novembre 2010, vue des sablières Ouest de la ferme.

Roland m'a expliqué que ce désordre était dû aux travaux réalisés à l'intérieur du bâtiment. Nous y avons en effet retiré des sommiers et deux cloisons intérieures, de sorte que le poids de la couverture a tendance à faire s'écarter les murs. En raison des délais courus entre cette modification, il y a quatre ans déjà (comme le temps passe vite, à la Chaslerie !), et la reprise qui n'est toujours pas intervenue, le désordre risquerait de se développer si nous n'y parions vite. Il va donc falloir remonter prioritairement l'une des cloisons intérieures. Voici donc une mauvaise nouvelle mais, heureusement, nous nous sommes aperçus du problème à temps.

Avec Roland, nous avons également programmé ses travaux sur les écuries du manoir avant la fin de 2011. A défaut de respecter cette échéance, je risquerais en effet de perdre le reliquat de la subvention accordée par le conseil général de l'Orne et ce serait stupide. Je vais cependant tâcher d'obtenir du conseil général qu'il relâche cette contrainte, assez gênante en l'état de mes autres priorités.

De son côté, Pascal a fini de remonter le jambage droit de la porte extérieure du bâtiment Nord :

26 novembre 2010 à 16 heures.

La photo suivante permet de mieux voir en quoi a consisté son intervention :

26 novembre 2010, vue de la porte extérieure du bâtiment Nord en cours de remontage, prise de l'intérieur du bâtiment.

L'embrasure de la porte a été nettement ouverte et ... nous avons pensé en temps utile à l'électricité !

Quant à Bernard, il a achevé de couper l'herbe devant le manoir :

26 novembre 2010, Bernard à la débroussailleuse et en tenue de combat !

Tout est donc en ordre pour dimanche prochain (après-demain) à 11 h 30 : il y aura alors messe en latin à la chapelle de la Chaslerie, qu'on se le dise !

A la suite de mon achat de la pierre de seuil de la mairie de Saint-Bômer, l'information semble s'être répandue dans le pays qu'il y avait, à la Chaslerie, un bon acheteur de matériaux anciens.

Le fait est qu'un agriculteur distant de 5 bons kilomètres du manoir m'a proposé, il y a une dizaine de jours, de lui acheter un important lot de pierres (plus de 200 m3) et la charpente correspondante. M'étant rendu sur place et fort de mon récent savoir en géologie, j'ai pu lui déclarer immédiatement que ses pierres ne m'intéresseraient pas, car ce sont des pierres de grain et non du grès comme celles que je recherche. En revanche, j'ai souhaité recueillir l'avis d'un professionnel à propos des poutres, solives et arbalétriers. A première vue, il me semblait toutefois que le lot serait bon à prendre, notamment dans la perspective de mes travaux sur la ferme.

Roland BOUSSIN et son gendre sont donc venus ce matin expertiser ce lot. Hélas, il s'agit, non de chêne comme je le croyais mais, pour l'essentiel, de châtaignier, gélif de surcroît. En outre, le coût du démontage rendrait mon achat prohibitif. Donc j'ai décliné la proposition, un peu déçu je dois le reconnaître.

Roland, son gendre et moi nous sommes ensuite restaurés de concert chez Eric ANDRE, au "routiers" de Domfront :

7 décembre 2010, au

Puis, nous sommes allés jeter un coup d'oeil sur un lot de poutres que j'ai achetées à 20 km de la Chaslerie. La facture fait état de poutres en chêne mais, là encore, c'est du châtaignier. J'aurai donc une explication avec la vendeuse.

De retour à la Chaslerie, Roland et son gendre ont pris des mesures de l'écurie du manoir. La restauration de sa charpente et de sa couverture est en effet programmée pour l'été prochain et il sera bientôt temps de préparer à l'atelier les pièces de bois destinées à remplacer celles qui sont trop abîmées, nombreuses sur ce bâtiment.

7 décembre 2011, Roland BOUSSIN et son gendre mesurent l'écurie.

Pendant ce temps, Pascal a terminé son travail sur la porte extérieure du bâtiment Nord :

7 décembre 2010 à 16 h 30, mission accomplie pour Pascal !

A droite du linteau, il y a toutefois deux ou trois pierres que je n'aime pas, je trouve que leur couleur jure avec le reste. Pascal m'assure cependant qu'une fois les joints restaurés, la différence ne sera plus notable.

Guy HEDOUIN
rédigé le Mercredi 8 Décembre 2010
Journal du chantier - Maçonnerie-carrelage - Bâtiment Nord - Aile "de la belle-mère"
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Bonjour,

Je vous remercie pour toutes vos explications, je vais essayer d'être un peu plus clair.

Comme un dessin vos mieux qu'un long discours, je trouve qu'il eut mieux valu des pierres plus petites au dessus du linteau :

Un arc de décharge eut été bien également, comme sur la photo ci-dessous :

La façade Ouest de la cour photographiée par Guy HEDOUIN lors des

Je vous répondrai un peu plus longuement dans la journée.

Bonne matinée.

Voici dans quel état Henri LEVEQUE, avocat parisien et conseiller général de l'Orne, dut trouver la Chaslerie lorsqu'à peu près à l'époque où je naissais, il hérita de sa tante Marie :

La Chaslerie à la fin de la première moitié du siècle dernier.

A l'évidence, cette propriété était alors "dans son jus" et il y avait un gros travail de remise en ordre à entreprendre.

Certainement, si l'électrification des campagnes avait déjà atteint la Chaslerie, de bonnes évacuations des eaux usées étaient à prévoir. On peut imaginer que le confort intérieur était des plus spartiates. Le colombier était encore, à la couverture récemment refaite près, dans son état du XVIIIème siècle, avec un logement sur les deux premiers niveaux et les trous de boulins dans les murs au-dessus de ce logement. L'écurie était encore utilisée comme telle. La tour Louis XIII venait de s'écrouler à la suite de trop longues négligences des propriétaires. Les portes de la cour étaient, l'une disparue, l'autre mal en point. L'enduit des murs du logis finissait de se décomposer par manque total de soins. Il y avait encore une mare dans l'avant-cour du manoir où plongeaient les canards, et un bâtiment en colombages, à côté de cette mare, où ferrer les chevaux. L'avenue arrivant du Tertre Linot s'incurvait devant la chapelle pour contourner la mare, ainsi que le pressoir.

Bref, un siècle et demi à peine après la vente de la Chaslerie comme Bien National, les nouveaux propriétaires n'avaient, à l'évidence, pas su se montrer à la hauteur de leur facile acquisition.

Le logis ayant brûlé une soixantaine d'années plus tôt, on peut comprendre qu'Henri LEVEQUE et son épouse jetèrent leur dévolu sur le colombier et l'écurie afin d'y implanter leur nouvelle résidence secondaire. Mais c'est la façon dont ce "chef d'orchestre" (comme il décrivait son rôle) conçut ce chantier et le mena à bien (si l'on peut dire...) qui pose encore problème. C'est ce que nous allons maintenant étudier, bien entendu pièces en mains.
Il fallait apparemment qu'Henri LEVEQUE soulignât, sur ses plans et sur sa correspondance, qu'il était conseiller général de l'Orne pour que ses projets abracadabrantesques de percement des façades de la Chaslerie eussent une chance de recevoir l'agrément de l'administration des affaires culturelles (ou de ce qui en tenait lieu, à l'époque). Mais qui oserait certifier que les passe-droits n'existent plus de nos jours ?

En tout cas, le "chef d'orchestre" savait mettre le paquet quand un projet lui tenait à cœur comme celui-ci. Voici le courrier qu'il adressa au président du conseil général de l'époque pour le convier à des agapes en vue de fêter le succès de son lobbying :

Lettre du 4 novembre 1952 d'Henri LEVEQUE au président du conseil général de l'époque.

Certes, sur le papier, son projet paraissait raisonnable. Cela prouve seulement que rien ne vaut un bon plan pour comprendre un "projet architectural".

14 octobre 1952, descriptif des travaux envisagés par Henri LEVEQUE sur le colombier et l'écurie de la Chaslerie, page 1.

14 octobre 1952, descriptif des travaux envisagés par Henri LEVEQUE sur le colombier et l'écurie de la Chaslerie, page 2.

14 octobre 1952, descriptif des travaux envisagés par Henri LEVEQUE sur le colombier et l'écurie de la Chaslerie, page 2.

Sur les plans, hélas, le projet se révélait plus problématique.

Les façades se retrouvaient percées de multiples ouvertures nouvelles, souvent mal dessinées ou mal positionnées :

- 2 au niveau du 1er étage de la façade Est du colombier, particulièrement ratées selon moi car trop proches des sablières et déséquilibrant cette façade :

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (le colombier percé de deux nouvelles fenêtres au 1er étage sur sa façade Est).

- 5 (excusez du peu !) sur la façade Est de l'écurie (au niveau du rez-de-chaussée) :

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (l'écurie percé de deux nouvelles portes et de trois nouvelles fenêtres sur sa façade Est).

- et encore 5 autres sur la façade Ouest :

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (le colombier percé de quatre nouvelles fenêtres et l'écurie d'une nouvelle sur leur façade Ouest).

Donc, au total, c'était rien de moins que 12 nouvelles ouvertures dont Henri LEVEQUE entendait affliger quelques mètres de façade de ces malheureux bâtiments !

Le projet était particulièrement bancal, ainsi que le démontrent, à elles seules, les implantations prévues pour les escaliers : un véritable plat de spaghettis, ça sort de partout, ça va n'importe où :

- dans la "salle à manger", un bizarre effet de seuil avec deux marches arrondies pour descendre et un escalier droit pour monter

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (le rez-de-chaussée).

- au niveau du 1er étage, un véritable dédale, absolument sans queue ni tête :

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (le 1er étage).

- au 2ème étage, un nouvel escalier coincé sous le brisis, donc peu praticable :

Les plans, approuvés par Lucien PRIEUR, A.C.M.H., le 14 octobre 1952 (le 2ème étage).

Bref, ces plans étaient nullissimes, de quelque point de vue que l'on se place, celui du style comme celui du confort.

La réalité des travaux n'a pas tout à fait correspondu au projet... elle l'a encore dégradé. Ainsi :
- dans la salle à manger, les dalles de pierre prévues au sol ont été remplacées par des tomettes riquiquis, de surcroît jointoyées au ciment ; un mur prévu en pierres a été remplacé par une cloison de parpaings ;
- les fameux escaliers du genre spaghetti ont été fabriqués sur un modèle bas de gamme ;
- les salles d'eaux ont toutes été ratées, etc...

Mon problème est que tout cela semble tellement foireux qu'au bout de 20 ans de chantier à la Chaslerie, je ne sais toujours pas par quoi remplacer ces trucs, notamment pour ce qui concerne les escaliers. Pour les ouvertures, j'en ai pris mon parti ; ce serait d'ailleurs très difficile d'en reboucher car les cicatrices se verraient comme le nez au milieu de la figure.

Rappelez-moi ce qu'écrivait M. Jacques BROCHARD à propos de son illustre (?) parent ! Ah, oui, il vantait "son goût et son intelligence des choses du passé" !

Qui donc, dans les parages, savait que nous avions un voisin doté d'un tel sens de l'"understatement" ?

P.S. (du 26 juin 2020) : Lorsque j'ai rédigé ce message, il y a déjà 10 ans, j'avais omis de relever que tous les enduits intérieurs, qui devaient être réalisés en plâtre, l'avait été en ciment. Un ciment très dur, d'ailleurs.

Depuis lors, je me suis évertué à faire disparaître un maximum des traces du passage sur terre du père de mon vendeur. Par exception, j'ai conservé dans le colombier les quatre ouvertures percées au niveau du 2ème étage ; ce n'est pas la difficulté de dissimuler la cicatrice qui m'a finalement retenu, mais la prise en compte de la lumière qu'apportent ces percements audit étage (ma future "chambre des tourtereaux"). Il n'empêche que jamais je ne me serais permis des percements de cette taille et si carrés au ras des sablières. Et jamais, si j'avais été fonctionnaire de la D.R.A.C. (ou de ce qui en tenait lieu à l'époque), je n'aurais autorisé de telles incongruités.
L'idée de restaurer une seconde fois la grange de la ferme est nouvelle. Je ne l'ai eue qu'hier matin, en attendant la visite de Lucyna GAUTIER.

Plusieurs facteurs ont déclenché cette idée :

- d'abord, Pascal, toujours soucieux que je lui maintienne son plan de charge, m'en avait parlé ;

- deuxièmement, il vient de me signaler que son ami Hervé BESNIER est désormais au chômage, l'entreprise de charpente qui l'employait étant en faillite ; il y a peut-être là moyen d'abaisser le coût de restauration de ce bâtiment détruit par la tempête de 1999 ;

- troisièmement, la charretterie récemment restaurée n'est pas assez large pour abriter le tracteur Valtra dont la pelle dépasse comme les pinces d'un bernard-l'hermite ;

- quatrièmement, le tracteur Ford ne pourra plus rester sous la ferme si Walter entreprend de restaurer ce bâtiment ;

- cinquièmement, la mini-pelle et le John Deere sont actuellement garés sous l'écurie et cet encombrement n'est pas idéal même si la sécurité de cet abri est bonne ;

- sixièmement, la question du garage des voitures particulières des occupants de la ferme est à résoudre.

Bref, j'ai demandé à Lucyna de préparer un dossier à toutes fins utiles. A la différence de la grange précédente, ouverte vers le Nord, celle-ci donnerait vers le Sud. J'espère donc que les prochaines tempêtes l'épargneraient.

J'ai pu me rendre compte ce matin de la bonne progression du chantier.

Pascal avance dans la restauration du mur de refend de la ferme. Il m'a par ailleurs trouvé, dans le secteur, un second lot de grès à acheter, plus important que le précédent ; je lui ai donné mon accord de principe ; il semble que le fait que j'achète de tels lots commence à être connu par ici, sans doute grâce à ce site internet, et c'est une très bonne chose.

12 janvier 2011, le mur de refend de la ferme.

Marc CHALUFOUR, que je souhaiterais voir nous enseigner comment fabriquer et poser le torchis des colombages, est toujours très occupé à ses propres travaux. La vente de son logis de Ste-Marie-la-Robert a été réalisée ; il restaure désormais les bâtiments du "demi-acre" à Chênedouit.

Par ailleurs, j'ai constaté que la condensation avait disparu de la cage d'escalier du logis de la Chaslerie ; mais l'électricité n'est pas revenue pour autant ; E.J.S. doit donc me changer un interrupteur au moins.

Roland BOUSSIN m'a confirmé son retour pour la fin janvier ; il commencera alors à poser la charpente restaurée du fournil de la ferme.

M. DELTA, le plombier, désire m'entretenir d'un problème d'isolation pour le chauffage par le sol du rez-de-chaussée du bâtiment Nord. On se rencontrera donc sur place samedi prochain.

De son côté, Roland FORNARI me dit avoir bientôt terminé les trois grandes grilles de la façade Est du logis. Chacune pèse 280 kg. Pour la pose, il souhaiterait que Pascal, Bernard et peut-être Claude puissent donner un coup de main à sa propre équipe ; j'ai bien sûr donné mon accord. La grille du puits est prête à poser, de même que le lustre de la charretterie. Il reste encore à adapter le système de manivelle du puits. En revanche, il ne m'a toujours pas transmis les dessins de ses projets de lanternes pour la cour ni de la grande grille du mur entre la chapelle et le manoir.

Thierry BURIN des ROZIERS viendra, le 5 février prochain, examiner la question du chauffage sur place, de manière à formuler ses recommandations quant au combustible à privilégier. Vaste problème...

Sur un plan plus administratif, je viens d'appeler l'architecte des bâtiments de France pour solliciter une subvention de l'Etat pour l'"étude préalable" que j'ai confiée à Lucyna GAUTIER en vue de la restauration des douves du manoir.

Enfin, il me reste à demander au conseil général de l'Orne de m'autoriser à reporter la restauration de la couverture de l'écurie du manoir. Je ne voudrais pas perdre leur subvention ; or, il semble qu'en l'état de la doctrine du conseil général, ces travaux devraient être engagés d'ici la fin de 2011. Sur cette question, d'apparence secondaire mais critique en pratique, le département serait ainsi beaucoup plus exigeant que l'Etat. Cette position ne me semble pas sérieusement fondée, donc me paraitrait mériter d'être significativement assouplie, sans que cela ne gêne personne, ainsi qu'il paraît possible.

Les services des affaires culturelles ont accepté, cette semaine, le principe d'une subvention de l'Etat, au taux de 40 %, destinée à financer l'"étude préalable" que je vais confier à Lucyna GAUTIER.

Les "études préalables" sont un travail d'architecte qui vise à éclairer les réflexions des différents intervenants décisionnels en matière de restauration d'un monument historique. Ces intervenants sont notamment le propriétaire et les fonctionnaires de la D.R.A.C.

Une fois qu'une "étude préalable" a défini l'ampleur des travaux à programmer, il est plus facile pour les différents intervenants de faire avancer les chantiers, tant en ce qui concerne les permis de construire que la recherche de financements.

Je dispose depuis quelques années d'une étude préalable à la restauration des charpentes et des couvertures du colombier et de l'écurie du manoir. Elle avait été effectuée par Dominique RONSSERAY, A.C.M.H.

Grâce à l'étude qui va être menée par Lucyna GAUTIER, nous pourrons bientôt replacer dans une bonne perpective pour y réfléchir les derniers travaux de gros-oeuvre à mener à bien sur le manoir de la Chaslerie, ses dépendances et ses abords (travaux que j'avais évoqués ici, pour l'essentiel, dans un message sous cet onglet, en date du 30 décembre dernier).

J'observe la poursuite d'un phénomène qui me déplaît : l'avancement du mur de refend ne témoigne pas, à mes yeux, de plus de trois demi-journées de travail de Pascal au cours de la dernière semaine.

5 février 2011, course de lenteur dans la ferme.

Par ailleurs, si E.J.S. a bien rétabli l'électricité dans la cage d'escalier du logis, ils ont omis de remédier à un problème au rez-de-chaussée du colombier.

Le plombier M. DELTA n'a pas encore installé le circuit de chauffage prévu dans le bâtiment Nord.

Et si Roland FORNARI prétend toujours qu'"il n'y a pas de lézard", je ne vois rien venir de son côté.

Bref, quand le chat n'est pas là, les souris dansent. Je vais devoir y mettre bon ordre rapidement.

Seule note positive de la semaine, Thierry BURIN des ROZIERS est venu visiter la Chaslerie en vue de préparer son rapport sur les combustibles à privilégier pour le chauffage des différents corps de bâtiment. Il me fera des recommandations sur 4 lots indépendants, les bâtiments sur cour, la cave, la ferme et le fournil de la ferme.

5 février 2011, Thierry BURIN des ROZIERS à la Chaslerie (ici entre la ferme et son fournil).

Arrivé sans prévenir à la Chaslerie, je constate que le chantier n'avance pas bien.

Pascal a pris la mauvaise initiative de déposer derrière le fournil de la ferme les premières bennes de pierres récupérées chez le frère d'Hubert GAHERY, à Saint-Gilles-des-Marais et Saint-Mars-d'Egrenne.

7 février 2011, le lot de pierres achetées à Saint-Gilles-des-Marais nous attend sous ce tas.

Il s'agit de pierres trop grosses pour être maçonnées à la ferme. Donc, à l'évidence, elles n'ont rien à faire à cet endroit. De plus, elles ne sont pas triées. Cela permettra à Pascal de me facturer de nouvelles heures de travail pour convoyer ces pierres soit à l'ancienne carrière de la Chaslerie, soit le long de la départementale, et pour les y trier enfin. Bernard devait l'aider ce matin pour conduire le tracteur et la benne à remplir mais il est absent.

Dans le bâtiment Nord, le plombier, M. DELTA, s'est borné à ce stade à sceller le dispositif d'accrochage du futur w.-c. du rez-de-chaussée. Il me semble que, compte tenu de la taille exigüe de la pièce, il a, malgré ma demande, implanté ce socle trop loin du mur, de sorte que l'espace devant le lavabo sera très réduit.

9 février 2011, dans le futur cabinet de toilettes du rez-de-chaussée du bâtiment Nord.

Roland BOUSSIN m'a téléphoné dimanche pour me communiquer son estimation du coût de restauration de la charpente du fournil de la ferme. Heureusement, j'étais assis. Après m'être concerté avec Carole, j'ai rappelé Roland BOUSSIN ce matin pour lui déclarer que je ne pouvais bien entendu donner suite à des propositions qui me paraissaient délirantes. Cela n'a pas eu l'air de l'émouvoir ; en tout cas, il m'a indiqué que ses prix unitaires étaient les mêmes que ceux appliqués l'an dernier pour la charretterie ainsi que, par ailleurs, pour l'écurie (qui n'en est qu'au début de sa restauration). J'attends de recevoir enfin le devis du fournil de Roland BOUSSIN pour l'étudier point par point. Le fait que ni Mr T., ni W.F. ne manifestent de hâte pour prendre mon relais rend moins urgente la mise à leur disposition d'un local confortable destiné à les abriter les week-ends où ils seraient venus contrôler l'avancement de leurs propres travaux. Quant au fournil, il a déjà passé un hiver sans couverture ; mais il faudra que j'avise, au moins pour assurer la protection du cul du four.

Thierry BURIN des ROZIERS m'a transmis, dès lundi, le résultat de son étude. Il distingue, comme demandé, selon les bâtiments ainsi qu'entre dépenses d'investissement et coûts de fonctionnement. Les montants sont croquignolets. J'ai communiqué ce travail à Carole, Mr T. et W.F. afin qu'ils me fassent part de leurs remarques. Je reprendrai ensuite l'attache de Thierry BURIN des ROZIERS pour me faire expliquer ce que je ne comprendrais pas. Pour le manoir, il envisage un mode de chauffage qui nécessite en tout état de cause une étude complémentaire, afin de déterminer si le débit d'eau dans le puits est suffisant.

L'entreprise S.O.S. Sécurité, filiale de Groupama, est venue ce matin changer le système d'alarme du manoir. Le précédent, pourtant récent, avait déjà des défaillances. J'espère que celui-ci sera de meilleure qualité. J'en ai profité pour le renforcer.

Dans l'après-midi, un maçon recommandé par Lucyna GAUTIER doit venir constater les conséquences du dégât des eaux de cet hiver dans la cage d'escalier du logis. Son devis sera, entre autres, transmis à Groupama aux fins d'indemnisation.

Difficile de rêver, comme pourtant j'en ai besoin, face à de tels projets et devant de telles difficultés pratiques de suivi du chantier.

Heureusement, ce matin, je trouve dans la boîte aux lettres les dessins tant attendus de Roland FORNARI, pour la grille du mur entre la chapelle et le manoir, ainsi que pour les deux lanternes destinées à flanquer l'entrée principale du logis, dans la cour. Les voici ; d'abord la grille :

9 février 2011, le projet de grille de Roland FORNARI.

9 février 2011, le couronnement du projet de grille de Roland FORNARI.

... puis les lanternes :

9 février 2011, le projet de Roland FORNARI pour la paire de grandes lanternes.

J'aime beaucoup la taille prévue (1,20 m, c'est un sacré morceau !) ainsi que cette idée de corde pour soutenir la lanterne mais j'opterais plutôt pour un éclairage électrique (concession vulgaire à la mollesse de notre époque, je le reconnais bien volontiers !).

9 février 2011, détail des lanternes de Roland FORNARI.

Tout ceci me paraît témoigner d'une "manorialitude" de bon aloi. Reste à se procurer le devis avant de décider...

P.S. 1 : Dès ce matin, j'ai téléphoné à Roland FORNARI et lui ai donné mon accord pour la réalisation immédiate de la grille et des deux lanternes. Je lui ai juste demandé de prévoir une protection de la corde (ou plutôt du fil électrique) contre la chute d'eau puisque les bâtiments de la Chaslerie (tous, sauf la ferme) sont dépourvus de gouttières. Roland FORNARI m'a précisé à quel type de verres il pensait ; il choisira des verres à l'ancienne bien entendu. Nous avons également évoqué d'autres aspects pratiques : l'aération pour que la chaleur de l'ampoule n'amollisse pas le plomb et l'accès à l'ampoule pour pouvoir en changer.

P.S. 2 : Puisque Bernard ne peut venir aider Pascal à déménager les pierres du frère d'Hubert GAHERY, j'ai demandé à Pascal de se remettre à remonter le mur de refend de la ferme. Le plombier a, pour sa part, installé la tuyauterie requise pour les pièces d'eau prévues, sur son permis, par Lucyna GAUTIER.

9 février 2011, les réservations sont faites au niveau du 1er étage du mur de refend de la ferme.

Comme W.F. n'a toujours pas émis d'observation à propos de la restauration de la ferme, je poursuis la mise en œuvre du projet de Lucyna. Ajouterai-je que j'apprécierais toutefois que ce ne soit pas un autre "one man show" de ma part, la profondeur de mes poches n'étant hélas pas infinie ?
Carole est d'une grande égalité d'humeur, ce n'est pas la moindre de ses qualités.

Lorsqu'elle est arrivée hier en fin d'après-midi à la Chaslerie, elle s'est d'abord dirigée vers la pièce qui sert de cuisine où elle a constaté que ses camélias en pots faisaient peine à voir. Elle les avait achetés à Saint-Jean-de-Beauregard à l'automne mais n'avait donné aucune instruction à Bernard pour les soigner en son absence. De mon côté, je n'avais rien fait non plus. Au bout d'un moment dans cette pièce, elle m'a dit : "Et ces grilles ?"

Nous avons traversé la cour en silence. J'avais un peu d'appréhension parce qu'avant que le soir ne tombe, les grilles sont particulièrement visibles de l'intérieur des pièces, sur fond de verdure éclairée par le soleil couchant.

Dans la salle-à-manger, elle m'a dit : "C'est ce à quoi je m'attendais."

6 mars 2011, la grille vue de la salle-à-manger.

Dans le salon, elle a ajouté, d'un ton dépité : "Ah là, là !" puis, résignée en quittant la pièce : "De toutes façons, maintenant, ce qui est fait est fait !"

6 mars 2011, les grilles vues du salon.

Nous sommes allés faire un tour sur la terrasse. Là, elle a reconnu : "Vu d'ici, ça a de l'allure, et ça complète bien la façade."

11 mars 2011, les grilles vues du Nord-Est.

Elle a ensuite examiné le détail des grilles du salon et commenté : "Il n'y a pas à dire, c'est du beau travail !"

11 mars 2011, les grilles du salon, vues de la terrasse.

Devant le mur qui relie la chapelle au manoir, elle m'a demandé : "Et le portail, où en es-tu ?" J'ai grommelé qu'on y pensait. La "bataille" semblait gagnée.

Enfin, le soir, après être montée à l'étage en passant devant le grand-oncle Paul, peu avant de s'endormir du sommeil du juste, elle a conclu ces découvertes d'un sobre : "On se sent bien en sécurité !"

11 mars 2011, la grille du grand escalier.

Par exception, Mr T. est venu passer le week-end à la Chaslerie. Il est accompagnée de son amie qui, hier soir, se montrait sensible à la qualité du site, qu'elle découvrait.

En début d'après-midi, je leur ai fait visiter la chapelle et montré l'état du chantier dans la cave ainsi que dans les fournils, celui du manoir et celui de la ferme. Au fil de cette promenade, j'ai compris que nous n'arriverions pas à trouver d'accord sur le style à donner à ces travaux.

Mr T. me paraît en effet obsédé par l'idée de percer de grandes ouvertures et de "moderniser" les lieux. J'estime qu'il cherche à m'imposer ses vues d'une façon qui me semble inappropriée aussi bien qu'inopportune. Il me reproche bien entendu l'attitude inverse.

J'en prends acte. Tant pis. Je continuerai donc à financer seul, tant que je le pourrai, tous les travaux que j'estimerai nécessaires. Par conséquent, à en décider seul.

Le dossier est refermé pour moi.

Sauf à ce que Mr T. se décide enfin à prendre rapidement en charge "l'aile de la belle-mère", c'est-à-dire les volumes qui, il y a une cinquantaine d'années, ont été tellement massacrés par Henri LEVEQUE - grand perceur d'ouvertures surabondantes et mal dessinées devant l'Eternel - que je me sens désarmé pour y prendre son relais.

Dès ce matin à 9 heures, Mr T. et moi avons parcouru l'"aile de la belle-mère" (c'est-à-dire le colombier ainsi que la partie des écuries où Henri LEVEQUE avait entrepris des travaux il y a une cinquantaine d'années) en échangeant nos idées.

Nous sommes facilement tombés d'accord sur les principes suivants :

1 - Il n'y a pas lieu de modifier les maçonneries extérieures qui garderaient donc leurs ouvertures telles qu'elles sont, modulo, éventuellement, des adaptations de second ordre.

2 - Le parti à retenir pour la restauration intérieure sera la conséquence de choix sur le type de chambres et de salles d'eau dont on souhaite disposer. Au 1er étage du colombier, on peut conserver le cloisonnement actuel, avec une chambre donnant vers le Sud et un petit cabinet de toilettes ouvrant sur la cour. En revanche, tout ce qui se situe au-dessus ou à côté de cette chambre doit être repensé.

3 - L'escalier, avec ses invraisemblables contorsions actuelles, devra être remplacé par un escalier intelligemment conçu.

Nous voici soulagés, nous pouvons donc chanter de nouveau !

Avant-hier matin, lorsque Mr T. et moi avons visité l'"aile de la belle-mère", je lui ai fait part de mes rares idées pour la restauration de ce volume.

Dans la chambre du 2ème étage du colombier, je lui ai indiqué que je ferais sauter le plafond, donc disparaître la chambre du 3ème étage avec la travée d'escalier incommode qui la dessert, de manière à disposer d'une pièce à double hauteur de plafond et vue sur la charpente. A cet endroit, cette dernière est en effet très belle. Cela permettrait de supprimer les deux lucarnes donnant sur la cour et de transformer celle donnant au Sud pour lui redonner un aspect d'entrée du colombier pour les pigeons (étant entendu que les trous de boulin sont nombreux sur deux des quatre murs de la chambre du 2ème étage). Je ferais de même disparaître le cabinet de toilettes exigu donnant sur la cour, ainsi que le petit vestibule contenant la travée d'escalier montant au 3ème, afin de disposer, au second, d'une grande pièce éclairée par 4 fenêtres.

Mr T. a tordu le nez devant ces suggestions et déclaré qu'il préfèrerait conserver les trois lucarnes et transformer ladite chambre du 3ème étage en bureau-bibliothèque pour lui.

Toutefois, dimanche soir, avant de rentrer à Paris, il m'a signalé que son amie trouvait très bonne mon idée. A mes yeux, il ne fait guère de doute que cette demoiselle a bon goût et une influence bienvenue sur mon aîné...

Mais hier soir, lorsque, téléphonant à Mr T., je l'ai informé que j'avais pris rendez-vous chez un notaire pour examiner comment organiser sa prise de relais sur cette "aile de la belle-mère", il m'a recommandé de ne pas trop me presser. Il souhaite réfléchir d'abord à la forme que pourrait avoir le nouvel escalier qui remplacerait l'actuel, raté comme l'on sait.

J'ai proposé à Mr T. de demander à Lucyna GAUTIER de réfléchir à ce problème. Il semblerait d'accord pour financer cette étude, ce qui me paraîtrait une bonne façon d'avancer.

@ Mr T. :

Puisque tu m'as fait part de ton souhait d'accroître la hauteur sous poutre au rez-de-chaussée du colombier, j'ai étudié la question ce matin avec Pascal.

Pascal nous dissuade d'abaisser le niveau du sol au rez-de-chaussée de cette pièce. Il y voit deux inconvénients :
- d'une part, cela obligerait à casser les tomettes posées dans la pièce voisine par Henri LEVEQUE ; or tu sais que je considère que ces tomettes ont été très mal posées, avec des joints de ciment beaucoup trop moches ; donc ce premier argument n'est pas dirimant selon moi ;
- d'autre part, cela accroîtrait le risque d'humidité dans la pièce ; on peut certes drainer mieux l'extérieur du bâtiment, ou même l'intérieur ; mais les drains peuvent se boucher, de sorte que cet argument me paraît plus valable que le premier.

J'ajoute un troisième argument : abaisser le sol du rez-de-chaussée de l'"aile de la belle-mère" obligerait à franchir un obstacle élevé, donc incongru, au seuil entre la cour et la pièce qui nous sert actuellement de cuisine.

Comme j'ai le souci de conserver le style du plafond actuel, avec poutres et solives visibles, il semble préférable d'examiner comment relever le plafond, c'est-à-dire la hauteur sous poutre. Mais avant de t'expliquer mes idées, je te laisse apprendre quelques termes de charpente...

Selon moi, le problème tient, une fois encore, à la très mauvaise qualité du travail réalisé par Henri LEVÊQUE, toujours aussi stupide dans la conception que bâclé dans la réalisation. Je m'explique :

- il a utilisé deux poutres de dimensions différentes ; celle qui est la plus proche de la porte fait 38 cm de côté, la seconde 32 ; à part la flemme et la mesquinerie, rien ne justifie ce hiatus ;
- la première poutre quand on entre dans la pièce est à 197 cm du sol, ce qui est gênant pour ton 1 m 95 et le sera encore plus pour tes descendants, au rythme où les FOURCADE "dégénèrent" (je rappelle que nous "prenons" environ 8 cm à chaque génération depuis mon arrière-grand-père...) ;
- les solives que "la grande âme" a utilisées, outre qu'elle sont en bois de basse qualité (cf son souci bien connu du tape-à-l'oeil), ont une forme débile : 16 cm de hauteur et 6,5 de largeur ; normalement, les solives sont en chêne, carrées et d'environ 10 cm de section ;
- il a fait poser les solives sur le haut des poutres, ce qui est absurde et d'autant plus laid qu'il n'a pas comblé les espaces entre solives ; normalement, les solives doivent être posées sur des lambourdes fixées à mi-hauteur de la poutre.

Un petit reportage photographique te permettra de constater ces faits.

Voici la première poutre visible en entrant au rez-de-chaussée du colombier :

27 avril 2011, la première poutre en entrant au rez-de-chaussée du colombier.

Et voici la seconde, significativement plus petite mais sur laquelle les solives sont aussi mal déposées :

27 avril 2011, la seconde poutre au rez-de-chaussée du colombier.

Maintenant, voici à quoi doit ressembler un bon assemblage, avec lambourdes, selon la tradition :

27 avril 2011, la poutre du futur salon de la ferme.

Sur ces bases, je récapitule mes premières réflexions :

1 - Ne pas modifier le niveau du sol, ni au rez-de-chaussée du colombier, ni à son premier étage (ici en raison de la hauteur des appuis de fenêtre).

2 - Le cas échéant, harmoniser les dimensions des poutres. L'opération étant délicate, je proposerais plutôt de ne pas chercher à modifier la forme du bois, mais de déplacer vers le haut la première poutre plus que la seconde, disons d'environ 3 cm. De la sorte, la différence de hauteur des poutres deviendrait pratiquement imperceptible.

3 - Relever, le cas échéant, les deux poutres de 5 bons centimètres ; ceux-ci peuvent "se gagner" sur l'épaisseur du plancher du 1er, supérieure à 15 cm ; il faudra alors casser ce magnifique sol de ciment (on dit encore bravo à "la grande âme" !).

4 - Surtout, changer toutes les solives (veiller soigneusement à l'aspect du bois anciennement travaillé).

5 - Surtout, également, disposer les solives sur des lambourdes.

Au total, il y aurait là de quoi "gratter" 25 bons centimètres au bénéfice de ta voûte cranienne d'ores et déjà allégée de la généreuse toison dont tes géniteurs n'avaient pas manqué de te doter !

Qu'en dis-tu, Môssieu Bibo ?

@ Mr T. :

Je reviens sur mon message du 27 avril dernier (sous cet onglet) à propos du mauvais assemblage des poutres et solives au rez-de-chaussée du colombier.

Aurais-je été injuste avec le combattant suprême des prairies, cher à notre neveu favori ?

Le fait est que je trouve dans "La maison ancienne, construction, diagnostic, interventions" par Jean et Laurent COIGNET chez Eyrolles de quoi préciser mes appréciations sur les "plafonds à la française" :

Extrait de la page 61 de l'ouvrage en question.

On voit ainsi qu'au rez-de-chaussée du colombier, nous avons une mauvaise "juxtaposition des solives en appui direct" (schéma 1 D) là où je recommanderais plutôt un "appui sur des lambourdes en moises liaisonnées à la poutre" (schéma 2 B), voire encore mieux, un "appui par tenons et mortaises sur des lambourdes liaisonnées à la poutre" (schéma 2 A).

Qu'en dis-tu, Môssieu Bibo ? (bis)