(Début de citation)
De : Pierre-Paul Fourcade <penadomf@msn.com>
Envoyé : jeudi 29 juin 2023 15:40
À : Isabelle d'HARCOURT
Cc : Membres du bureau de "La SVAADE"
Objet : RE: Table ronde Fontaine Henry lundi 3 juillet : Vos retours, vos idées
Chère Isabelle,
A votre invitation, je ne voudrais pas être trop long dans mon propos. Mais, parce que je me considère comme un acteur très engagé sur le terrain, je voudrais souligner à votre intention quelques traits du panorama administrativo-politique que nous avons sous les yeux, ceci au-delà des grands-messes toujours très bien organisées comme on ne doute pas que le sera la prochaine, à laquelle je n'ai pas manqué de m'inscrire. Ces traits de ce panorama ne sont pas toujours source de la plus grande simplicité opérationnelle.
Depuis plus de deux ans par exemple, j'essaye, en liaison étroite avec une association dotée d'un très brillant et très actif bureau, "La SVAADE", et en concertation étroite avec les services de la Région, de mettre en place "l'usine à gaz" permettant d'obtenir enfin des subventions pour les travaux de restauration de la Chaslerie, notamment en vue d'y organiser des résidences d'artistes. Certes, je ne suis pas très doué pour cela puisqu'en 32 ans de travaux continus, alors que j'ai "mis au pot" une moyenne de 150 000 €/an, mon taux de subvention moyen - tous contributeurs confondus - est de l'ordre de 11 %, ce qui paraît peu pour un monument largement classé et, pour le reste, totalement inscrit, de surcroît ouvert au public tout au long de l'année et désormais cadre très fréquent d'animations culturelles de qualité et à bas prix pour le public. Mais, comme j'arrive, sinon à la fin de ma carrière de restaurateur de vieilles pierres, du moins aux dernières munitions de mon auto-financement, je me trouve être particulièrement vigilant sur les réalités au-delà des discours.
Ainsi, pour la période récente, "La SVAADE" et moi avons rencontré trois difficultés principales dont le résumé vous sera peut-être utile :
1 -
la propension de chaque strate du mille-feuilles administratif à édicter ses propres normes sans que la cohérence de l'ensemble ne saute aux yeux. Ceci aboutit par exemple, dans notre cas, à ce que, pour amorcer enfin un programme de restauration des menuiseries extérieures de la Chaslerie (programme en débat depuis dix ans avec tous les représentants dudit mille-feuilles, sans compter les bénéficiaires d'un monopole légal que sont certains intervenants obligés), nous avons dû tronçonner ce chantier en tranches qui ne peuvent, vues de nos fenêtres, que sembler quelque peu bancales. Ainsi, si les travaux pouvaient enfin commencer, il y aurait, dans la configuration présente, une tranche A suivie, on l'espère, d'une tranche B pour la D.R.A.C., mais aussi une tranche unique pour la Région et encore quatre tranches au moins, sinon cinq, pour le CD61. Et je redis que je ne parle ici que des menuiseries extérieures de ce logis. Car la restauration, ultérieure et indispensable, des menuiseries extérieures de l'autre aile du manoir permet d'espérer des joies analogues. Bien entendu, après ces menuiseries extérieures, tout l'intérieur devra être traité, si du moins l'on souhaite que les importants efforts d'animation culturelle entrepris sur place puissent continuer avec le succès, incontestable et notoire dans un rayon de 40 km, qui est le leur au terme de cette quatrième saison ;
2 -
les conséquences contre-productives d'une trop grande complexité des procédures ou d'une multiplication d'intervenants qui peut sembler incontrôlée. Alors que, pendant près de deux ans, nous avons dialogué avec la Région pour monter notre dossier dans le cadre de la réglementation régionale votée en 2018 et non abrogée (du moins à ma connaissance), on nous a expliqué qu'il fallait attendre la nouvelle réglementation (celle dont il sera question la semaine prochaine) pour valider notre dossier déposé complet depuis un nombre de mois égal à celui d'une gestation humaine. Le problème est que, selon l'artisan qui a fourni le principal devis dudit dossier, le coût des matières premières pertinentes a explosé de 30 % depuis la préparation de ce devis et celui de la main-d'œuvre, de 10 %. Durant cette période, il est probable que les six niveaux hiérarchiques en charge des problématiques du patrimoine que j'ai cru pouvoir recenser au sein de l'administration de la Région auront eu de l'occupation pour changer la réglementation régionale, même si celle de 2018 était parfaitement suffisante pour traiter notre cas, ainsi que cela nous avait été confirmé il y a deux ans ;
3 -
l'opacité frappante de certains circuits de décision et l'inquiétante perte de sens de la parole publique qui peut en résulter. La Chaslerie se trouve sur le territoire d'une commune, Domfront-en-Poiraie, à qui le président de Région a promis, voici cinq ans, 20 M€ de fonds (soit, en moyenne, 5 000 €/habitant) pour "développer le tourisme médiéval domfrontais". Il peut ainsi sembler qu'il y ait là des perspectives attractives pour poursuivre la restauration d'un monument comme celui-ci, ce d'autant plus qu'il est loué à une association d'intérêt général qui est titrée pour pouvoir être le maître d'ouvrage de ces travaux. Malheureusement, depuis cinq ans, les acteurs de terrain que nous sommes éprouvons de vives difficultés pour savoir qui est chargé de l'instruction dudit "projet MORIN", qui fait quoi, ou comment, ou même avec quelles compétences. Nous en serions arrivés, me dit-on, à un stade où nombre d'observateurs locaux se demanderaient si ce "projet MORIN" (qui a d'ailleurs changé récemment de dénomination officielle, pour en ôter ce nom propre) est voué à disparaître sans réalisations crédibles ni même concrètes. Tout ceci apparaît pour le moins étonnant, si toutefois les mots conservent un sens. "La SVAADE" et moi considérons néanmoins que "le pire n'est jamais sûr" : un architecte du patrimoine a donc été mandaté afin que la candidature de la Chaslerie et/ou de l'association "La SVAADE" à une relativement modeste partie de cette manne exceptionnelle puisse faire l'objet d'un examen technique parfaitement et professionnellement éclairé. Nous nous trouvons nombreux à espérer que ces efforts inédits par leur ampleur produisent enfin des effets favorables sur le financement du programme de travaux ainsi défini.
Amicalement,
PPF
P.S. : J'ai évidemment mis en copie les membres du bureau de "La SVAADE" qui pourraient, le cas échéant, compléter mes propos à votre intention.
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De : Isabelle d'HARCOURT
Envoyé : jeudi 29 juin 2023 13:04
À : (...)
Objet : Table ronde Fontaine Henry lundi 3 juillet : Vos retours, vos idées
Chers amis,
Vous avez participé aux consultations concernant l'édification d'une nouvelle politique de la Région Normandie en faveur du Patrimoine normand.
Les services de la Région m'ont demandé de participer à la table ronde qui aura lieu lundi matin à Fontaine Henry lors de la présentation de cette nouvelle politique. Vous serez peut être présent.
Après une courte présentation de la DH et des autres intervenants, les sujets abordés seront:
- la démarche de concertation avec le terrain pour la mise en œuvre de cette nouvelle politique
- les propositions et souhaits auprès de la Région exprimés en concertation par la DH et les propriétaires privés.
- l'évolution de la discussion, les apports d'idées et résultats.
Poursuivant mon action de concertation avec les propriétaires privés, tout particulièrement ceux actifs sur le terrain, je serais heureuse de vos retours et témoignages sur le sujet:
- votre "vécu" au fil de cette concertation,
- vos contacts et apports d'idées,
- votre retour sur l'évolution de la discussion et vos suggestions pour l'avenir.
Comme tout le monde vous n'avez pas le temps d'écrire un roman mais quelques mots essentiels seront bien venus car c'est pour vous que j'agis et au nom de vous que je prends lundi la parole lors de cette table ronde.
Bien cordialement,
Isabelle d'Harcourt
Administrateur
Déléguée régionale Normandie
La Demeure Historique
(Fin de citation)
